Gérard Dubois, "regard artistique sur la peine de mort"
26/01/2019
Le titre peut surprendre quand on sait de quoi on parle. D'horreur, de terreur, de haine, de barbarie.
La peine de mort.
Mais justement, cette persistance archaïque des modalités de traitement des crimes, concerne par son horreur même les artistes, et eux en premier lieu.
Car comment pouvoir créer de la beauté par les mots, la musique, ou les images, si on reste indifférent au sort d'humains qui, pendant qu'on écrit, pendant qu'on crée, souffrent la torture dans un couloir de la mort ? Car cette attente de la mort ou de la grâce est une torture, un martyre.
Aucun crime ne justifie que nous devenions collectivement nous aussi, par délégation, criminels. Car si on accepte cela on partage la condamnation et la mise à mort.
Et, drame supplémentaire, des innocents vivent cette terreur, anéantis par cette injustice.
La vivent aussi des poètes, des blogueurs, des artistes, des militants des droits humains, des dissidents refusant des dictatures. Condamnés pour avoir dérangé un régime d'oppression ou des intérêts.
Dans des poèmes on peut crier contre cela.
Sur des blogs on peut, en marge de son art si son art ne sait comment traiter ce sujet, dire. Informer.
Penser à la question de la peine de mort quand on suit la défense de personnes précises, ce n'est plus abstrait, on y met des visages, comme celui de Serge Atlaoui, innocent prisonnier du couloir de la mort depuis dix ans en Indonésie, ou celui de condamnés sauvés du pire mais encore prisonniers, comme le poète palestinien Ahsraf Fayad (prisonnier en Arabie saoudite, pour des poèmes) ou le blogueur mauritanien Mohamed Mkhaïtir (qui devrait être libéré depuis plus d'un an et ne l'est toujours pas...), ou Asia Bibi (Pakistanaise chrétienne condamnée à mort pour un "blasphème" - avoir bu de l'eau, souillée par elle d'après les intégristes - puis acquittée après des années de prison, mais son sort est remis en question, par la protestation des islamistes et la cour qui accepte un appel contre son jugement d'acquittement). Sur ces personnes, voir les liens dans les marges de ce blog, listes à leur nom.
Gérard Dubois, illustrateur français qui vit au Canada, a créé un visuel pour le 7ème congrès mondial contre la peine de mort.
Il a cherché à faire passer un message. Sur ce que devient l'être qui se sait condamné, comme s'il portait la mort en lui, comme s'il perdait son visage de chair.
Dans un entretien il explique sa démarche. (Et c'est sur la page d'ECPM - Ensemble Contre la Peine de Mort - qui donne le programme du congrès et des infos diverses).
Voici...
Citation : " Il me paraissait important de mettre l’humain en avant, la personne humaine, celle qui est derrière la condamnation. /
Lorsque j’ai esquissé cette superposition des deux visages, l’un mort, l’autre vivant, tout m’est apparu en place, tant sur le fond que la forme."
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