Deuil de blogs... Certains s'arrêtent et c'est annoncé, certains disparaissent en silence. Et parfois c'est la mort....
07/06/2016
MUSIQUE, Andalousie, fraternité. Il y avait un blog au nom héritier de l’Andalousie et de la pensée de Lorca. Une page sur "El Gusto", et le mot qui rejoint, en sens algérois, la signification du duende andalou. La musique, et Enrico Macias, plus comme musicien que chanteur (chanteur aussi mais importance donnée à sa musique, à son orchestre andalou).
Mais elduende.musicblog.fr ne peut plus être trouvé. La blogueuse l'avait écrit, disant qu'elle pensait arrêter, sans cesser d'aimer ce qu'elle aimait, fidèle à ses passions. Lassitude. Impression d'écrire dans le vent, dans la solitude, sans vraiment beaucoup de retour. Pourtant son blog était consulté. Moi je l'aimais particulièrement. Mais c'est vrai qu'on peut apprécier sans forcément commenter et contacter... Les notes sont des bouteilles à la mer, qui trouvent des échos inconnus souvent. Et puis, le temps… Elle tenait ce blog depuis longtemps, je crois, et voulait passer à autre chose. Mais c'est dur de découvrir que, voilà, c'est fait, le blog n'apparaît plus que par traces où plus rien ne peut se lire, mais où on voit qu'il y eut là des signes, du langage, des émotions, de l'amour...
Le BLOG El Duende, était sous-titré « Enrico et nos Andalousies ». Mais malheureusement les liens renvoient maintenant à un blog musical qui n'a rien à voir...
On y trouvait beaucoup de références, de vidéos (souvenirs et actualités). Ainsi « Joselito chante toujours », (celui qu’on nommait autrefois « l’enfant à la voix d’or »). Dans la riche rubrique « Andalousie », il y avait un montage sur la ville de Grenade, en vidéo, avec, en fond musical, « Granada », avc la voix de la blogueuse, musicienne. Pour comprendre cette notion de « duende » il faut se référer à ce qu'en dit Lorca (un feu créatif intérieur, qui est, ou pas : s'il est il y a art, et sinon, rien). Les thèmes du blog étaient : l’Andalousie, et Enrico Macias (passion qu’on retrouve souvent chez des blogueurs soucieux de culture andalouse et d'humanisme). Parmi ses catégories (nombreuses) : chanteurs, musique maghrébine arabo-andalouse, chanteurs pieds-noirs, Enrico Macias et l'Andalousie (bien sûr). Mais aussi sa région en France (la Charente) et divers coups de coeur et coups de colère, comme celui-ci, notamment, qui va si bien avec les valeurs andalouses, affirmées dans une note ("Nous sommes tous des terriens"), et sur le profil.
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BLOG Kdi.musicblog (« Enrico et moi »). Ce blog aussi a disparu (cela tient peut-être à l'hébergeur, le même que celui d'el duende...).
Le blogueur « kdi » (Khadi), lui aussi, s'intéressait, dans son blog, à la culture plurielle d'une Algérie fraternelle, diasporique ou pas. (Une vidéo présentait un moment d’interview où est évoquée la ville d’Enrico Macias : Smaïn sur Constantine et Enrico Macias - interviewé par « kdi »). Chez lui aussi beaucoup de notes sur Enrico Macias, dont les dernières informations. Dans ses derniers posts, des infos sur les albums de Macias, et une photographie de la maison d'Enrico Macias à Constantine (lui, Khadi, devant la maison d'Enrico Macias à Constantine). Sur son blog, se mêlent Algériens natifs de diverses origines (Algériens et Pieds-Noirs), mais aussi (êtres et visages, peu importe d'où), d'autres artistes, dont Pierre Perret. Parmi les rubriques, l'Algérie, et sa ville de naissance en France, Thionville (plusieurs notes pour ces deux références). Fraternité... Et, pour des amis, il chante Enrico Macias.
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Autre disparition (mais apparemment programmée dès le début...), celle d'un blog littéraire très fourni. "La ruelle bleue". On ne trouve plus que quelques notes sur un blog miroir, trace hébergée par Médiapart... Et pour l'ancienne adresse, toujours apparente sur Google, on tombe sur "erreur 404"... Donc anciennes traces.. https://blogs.mediapart.fr/nathalie-goldgrab/blog
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Et cette fois c'est un blog hébergé par hautetfort. qui s'est arrêté.. Dont je voyais l'annonce de ses mises à jour passer parfois...
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D'ailleurs cela pose un vrai problème de la mémoire (de la trace) de ces oeuvres qui ont accumulé des connaissances, des références, des pensées... Et qui disparaissent complètement. Deuil à faire d'un lien et de tout un tissu de pages croisées.
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Emotion triste aussi - c’est autre chose - quand des sites ou blogs sont arrêtés par la mort du blogueur (forcément cela arrive : ainsi « Pataouète », arrêté tout d’un coup).
Et tristesse autrement, quand des blogs perdurent, mais silencieux depuis... un an, deux ans, ou plus. Et on ne sait pas pourquoi ce silence : lassitude, maladie, dépression, ou mort ? Et même si en fait c'est le contraire, une vie passée à autre chose, qui prend le temps de s'échapper autrement... même cela est en rapport avec la mort, la fin, la disparition, l'éphémère... J’en connais un, de blog, entre vent et poème, ainsi silencieux. Quand je le consulte (archives riches) je parle en moi à la blogueuse (« Où es-tu, toi? », « Et qui maintient ce blog alors que tu ne parles plus? »), comme à une amie qui manquerait, une inconnue familière qu’on aurait aimé rencontrer…
Leçons de sagesse. Oui, rien n'est éternel, et encore moins dans cet espace virtuel. Et nous, pas plus. Car dans le miroir c'est notre propre finitude qu'on voit, et la sagesse n'est pas toujours au bord des yeux. Cependant il y a un autre questionnement, qui n'est pas personnel, pas pour une peine individuelle. La toile tissée est une oeuvre collective. Pourquoi perdre ces fragments? Pire quand ces fragments sont la seule mémoire de lieux, le seul témoignage de certains vécus collectifs, de certains exils. Le témoin meurt avec sa mémoire, et personne ne pourra tracer à sa place l’identique... Il manque quelque chose dans ce domaine.
Brisure, brisures. Justement, le traduire avec cette photographie, née de la trace d’une violence de rue. Vitre brisée, mais qui tenait encore. Cependant, en me déplaçant, le regard sur un éclat agressif s’est métamorphosé en vision de mandala, rayonnement partant d’un centre pour créer une étoile, métaphore d’un cosmos lumineux… accidenté par les consciences en recherche de sens. Même le hasard des signes nous enseigne.
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