CAMUS, lire et relire ses « Carnets »…
16/02/2017
Carnets, journal de pensée, journal d’écriture… Livre de chevet, comme le Journal de Kafka. De ces livres lus et relus...
Mais là je reprends (et commente) deux citations posées sur des pages Facebook dédiées à Camus, ces pages littéraires qui font relire des fragments au hasard. Parfois c’est « Albert Camus », parfois « Albert Camus, pensée du jour ». Et j’en ajoute, en feuilletant l'ouvrage…
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"Pourquoi suis-je un artiste et non un philosophe ? C'est que je pense selon les mots et non selon les idées".
Artiste, oui. Poète (lisez Noces...!). ET philosophe. Un des seuls à avoir su penser les totalitarismes sans se laisser fasciner par eux. Et, lui, était en résistance quand il le fallait, quand un Sartre posait des textes dans des feuilles collaborationnistes et signait (comme Beauvoir) l'engagement qui les faisait affirmer (sur l’honneur?!) qu'ils n'étaient ni Juifs ni francs-maçons, pour pouvoir rester dans l'Éducation nationale pendant l'Occupation...! Un philosophe n'est pas un constructeur de systèmes. C'est un penseur qui donne de quoi élaborer une conscience, individuellement et collectivement. Lisez ses "Écrits libertaires", regroupés par Lou Marin, ce chercheur allemand qui a retrouvé tant de textes dispersés dans des revues libertaires du monde entier...
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"Paris ou le décor de la sensibilité"... (La page Facebook "Albert Camus, pensée du jour" avait associé cette citation à une photographie de Paris vu de l'espace...).
Paris pensé par Camus… Pensée de metteur en scène, qu'on peut interpréter diversement : force du lieu, richesse sensible possible, ou mirage qui cache les froideurs, ou tout cela en même temps... De Paris, Camus percevait des aspects plus angoissants (autres textes...). L'espace gris, la pluie, qui, malgré la beauté, réveillaient la nostalgie d'un univers méditerranéen solaire (Algérie, Espagne, mais aussi un certain sud en France, celui de son ami si cher, René Char... ou des paysages italiens). Et puis Paris, ce fut pour lui des vécus très divers, entre l'amitié des Gallimard, d'un côté, et l'hostilité d'un certain milieu d'une bourgeoisie intellectuelle rejetant le fils de pauvres et (comme il le dit) l'Algérien en lui (et sans doute l'Espagnol - par sa mère et ses liens vitaux - l'Espagnol libertaire, surtout…).
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Et j’ajoute ceci (Carnets 1945-48) : « Il n’y a pas de justice, il n’y a que des limites. »
J’associe cette pensée à l’éthique du père de Camus « Un homme, ça s’empêche ». On pose des freins à la violence des êtres, des mots contre les masques du langage. Sans illusion, on résiste à l’injuste.
LIENS…
Gallimard, Folio : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/C...
Fabula, un appel en 2010 pour un colloque (et quelques pistes de lecture)... http://www.fabula.org/actualites/article35111.php
Fiche wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Carnets_(Albert_Camus)
Nombreuses citations, dont fragments des Carnets… http://www.laculturegenerale.com/citations-albert-camus/
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