CITATIONS. L'intellectuel et l'actualité...
10/02/2019
Des CITATIONS (de MILNER, CAMUS, DE LUCA, SÉNAC, CYRULNIK, ZAMBRANO, plus une phrase de l'éditorial de CHARLIE HEBDO, daté 20-02-19, texte intégral lisible en ligne, lien ci-dessous), citations que j'associe à l'actualité (complotisme, marges factieuses des GJ, recrudescence d'un antisémitisme assumé et affiché - souvent déguisé, d'ailleurs, en antisionisme...). Et (mise à jour du 1er mars 19), Romain GOUPIL, citation d'une tribune sur fascisme et anti-fascisme (alliance jaune-rouge-brun...).
... "La fonction politique de l'intellectuel c'est d'aller où la société ne veut pas ; c'est d'être impopulaire." Jean-Claude Milner (entretien avec Philippe Lançon, Libération, 20-21 juillet 2002...)
... "Il est donc nécessaire d'éclairer les définitions pour désintoxiquer les esprits et apaiser les fanatismes, même à contre-courant."
Albert Camus (Avant-propos, Chroniques algériennes)
… "Quand le ressentiment supplante la révolte, alors l’on voit se lever partout la cohorte ricanante de ces petits rebelles, graines d'esclaves, qui finissent par s'offrir, aujourd'hui, sur tous les marchés d'Europe, à n'importe quelle servitude."
Albert Camus, L'Homme révolté
... "Le 28 janvier 2015, dans la salle du tribunal de Turin, ce n'est pas de la liberté de parole qu'on débattra. Celle qui est obséquieuse est toujours libre et appréciée. C'est de la liberté de parole contraire, inculpée pour cette raison, qu'on débattra."
Erri de Luca (La parole contraire)
... "Je suis du XXème siècle… Un siècle qui m’a formé, déterminé. Un siècle cyclope, gigantesque et aveugle. Qui ne permettait pas de tourner le dos."
Erri De Luca, entretien, Le Monde des livres, 15-02-19
(mise à jour de la note, le 23-02-19, car le XXI ème siècle, aussi, ne permet pas de « tourner le dos »…).
… "Une vraie culture ose et risque."
Jean Sénac (Lettre à A.Taleb, citée dans « Assassinat d’un poète » de J.P. Peroncel-Hugoz
... "Je m’indigne qu'on nous demande de nous indigner parce que l’indignation est le premier temps de l’engagement aveugle. Il faut nous demander de raisonner et non de nous indigner."
Boris Cyrulnik, neuropsychiatre (en réponse à une demande du Monde, interrogeant diverses personnalités au sujet de leurs indignations, suite au livre de Stéphane Hessel, dont le titre était une injonction (« Indignez-vous ! »…). Le Monde, 03-01-2011
... FASCISME…
« Le fascisme prétend être un commencement, mais en réalité il n’est que la rage impuissante à retrouver l’issue d’une situation insoutenable ; rage qui s’accroche à ses propres limites. Ce qui est grave dans le fascisme, ce qui le conduit au crime, c’est qu’il se cramponne à des limites, qu’il est rébellion et violence dans son refus d’abandonner une position par ailleurs insoutenable.
Le fascisme se produit dans une situation sociale et économique déterminée, sans doute. Mais le fascisme, ce sont les fascistes qui le font, et il y a un 'homme fasciste’, avec ses caractéristiques, que nous pourrions reconnaître même si nous le trouvions sur une île déserte ; il y a un fonctionnement fasciste des sentiments, et surtout des sentiments ‘reconnus’ ou traditionnels ; il y a un fonctionnement fasciste de l’intelligence ; une utilisation du pouvoir de l’intelligence et surtout le pouvoir de masquer, de falsifier, que possède l’intelligence. »
(…) « La conscience historique...» (...) « Le fascisme apparaît sur cette conscience de l’historique et il l’utilise tout en la masquant.»
(…) « Il y a une écorce dans le fascisme, il y a un noeud étranglé dans l’âme du fasciste qui le ferme à la vie. » (…) « Le fascisme a élevé un culte aux ‘faits’ mais il commence par éluder tout fait, le créant par sa violence ; nous pourrions dire qu’à l’exemple du criminel il ne croit qu’au fait qu’il accomplit. C’est le même mépris de l’ordre des choses et des choses mêmes. Et c’est ce qui fait que le fascisme non pas commette des crimes, mais soit lui-même un crime : parce qu’il oeuvre sans reconnaître d’autre réalité que la sienne, parce qu’il fonde la réalité sur son acte de violence destructrice. »
(…) « Le fascisme » (…) « sort comme une aveugle explosion de vitalité qui jaillit du désespoir profond, irrémédiable, de la méfiance totale et absolue avec laquelle l’homme regarde l’univers. »
(…) « L’intelligence fasciste » (…) « Il s’agit d’une superposition élémentaire de pensées faciles, ayant un certain éclat, sur des problème et des angoisses authentiques. » (…) « Et l’éviction suprême qui consiste à faire mention de choses vraies qui étaient (…) d’énormes mensonges. »
María Zambrano (1904-1991), philosophe et essayiste espagnole, disciple de José Ortega y Gasset.
"Les intellectuels dans le drame espagnol" / "Sentiers", éd. Des femmes, 1992
(réflexion valable dans tous les cas, donc ici et maintenant)
Page de l'édition, Des Femmes... https://www.desfemmes.fr/essai/sentiers/
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... (Mise à jour, 23-02-19). Le numéro de Charlie Hebdo du 20 février contient plusieurs articles importants.
ÉDITORIAL… « Antisémites à tous les étages ».
(Lire la fin de l’éditorial à la lumière de l’analyse de María Zambrano. Je relève ceci : "Certains dans la rue semblent ne plus avoir de limites éthiques à l'expression de leur rage."). Le numéro du 6 février mettait notamment l'accent sur la critique de RT (Russia Today), la (complotiste) "voix du Kremlin", et sur AJ+, la voix du Qatar (Focus du mois, en ligne)... Sites de propagande (considérés par certains comme "alternatives" pour s'informer...).
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... (Mise à jour, 1er mars 19). Le Monde, Romain Goupil (cinéaste), journal papier daté 1er mars 19 (web daté 28-02-19), "L’alliance jaune-rouge-brun menace la démocratie" (titre journal papier)...Tribune, pages Idées.
"Si vous placez sur un pied d’égalité Emmanuel Macron et Marine Le Pen, alors vous êtes un ex-antifasciste. De même si vous entretenez le flou autour des travailleurs étrangers qui viendraient manger le pain des Français. Si vous éructez des diatribes nationalistes anti-allemandes, anti Merkel. Si vous avez de la complaisance pour Poutine et des doutes sur l’utilisation de l’arme chimique par Bachar Al-Assad. Si vous êtes contre les ‘médias pourris’, les journalistes 'vendus aux milliardaires’. Si vous approuvez des messages de haine comme ceux de François Ruffin contre Emmanuel Macron, si vous vous délectez de ce langage d’insultes et de mensonges, c’est que vous êtes un ex-antifasciste.
Et si vous balancez un cocktail Molotov dans une voiture de police, si comme à Puy-en-Velay (Haute-Loire) le 1er décembre, vous bloquez les pompiers pendant que les fonctionnaires sont coincés dans l’incendie de la préfecture et que vous leur criez ‘vous allez griller comme des porcs’, c’est que vous êtes de la graine de fascistes."
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