Coronavirus. En pleine épidémie, que penser, que faire ?
13/04/2020
Nous deux qui sommes au soir de nos vies, nous voudrions vous adresser un message./ Nous avions respectivement 24 et 21 ans, en 1944, à Cassino, en Italie ; une des plus terribles batailles, avec Stalingrad, de la deuxième guerre mondiale. Dans cette montagne, dans la boue, le bruit des canons, les éclats de mines et de mortiers, les rafales de mitrailleuses, nous montions à l’assaut./ 180 000 hommes-français, marocains, algériens, sénégalais, américains, anglais, polonais- furent tués, blessés, mutilés dans ces combats./ Nous avons survécu à cette abominable tuerie qui permit de vaincre la peste brune du nazisme pour instaurer en Europe, au nom des valeurs chères à notre République, une paix et une prospérité qui dure depuis 75 années./ Cela nous autorise à vous lancer cet appel de deux frères de guerre à des frères de contamination : N’AYEZ PAS PEUR !/ Si vous respectez les directives qui vous sont données et si vous restez solidaires, vous vaincrez le Covid-19 !"
Serge Letang, 100 ans et François Scarbonchi, 97 ans
"N'ayez pas peur ! L'Appel aux Français de deux grands aînés"… SUITE sur le site du journal… https://www.opinion-internationale.com/2020/03/31/nayez-p...
Dans une situation où on lutte sans tout savoir,
contre un virus inconnu, Covid-19, on a
commencé à se protéger(et à protéger autrui)
en respectant des contraintes précises,
distanciation et gestes-barrières
(gestes "barrière"). Puis une étape a été franchie,
avec le confinement, qui met le pays et une
partie de nos vies à l’arrêt, mais qu’il est
absolument nécessaire de suivre, pour l’instant.
En écartant la peur, toxique.
.............."Notre tâche d'homme est de trouver les quelques formules qui apaiseront l'angoisse infinie des âmes libres. Nous avons à recoudre ce qui est déchiré, à rendre la justice imaginable dans un monde si évidemment injuste, le bonheur significatif pour des peuples empoisonnés par le malheur du siècle. Naturellement, c'est une tâche surhumaine. Mais on appelle surhumaines les tâches que les hommes mettent longtemps à accomplir, voilà tout" .Albert Camus, Les Amandiers / L’Été
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Mais on pense au-delà de soi et de l’intime, les informations le permettent (radio, télévision, presse, sites). La situation est inégalitaire, évident constat. Confinement confortable (ou pas), ou travail et risques, ou précarité accentuée, ou solitude de la rue, sdf et migrants. Des vécus très divers (l’argent, le lieu, l’âge, les relations harmonieuses ou violentes ou absentes). Nos applaudissements, d’ailleurs, peuvent s’adresser, en plus des soignants, aux travailleurs de l’alimentaire et des supermarchés, aux agriculteurs, aux chauffeurs routiers, aux policiers et militaires, aux éboueurs… La situation est pire encore dans d’autres pays (guerre, misère).
Les temps immédiats qui viennent ? Le confinement ne peut être arrêté sans tester et sans exiger le port du masque. (Celui contre lequel la LDH a porté plainte :
plainte contre le maire de Sceaux qui veut l’imposer pour protéger les citoyens de sa ville. La LDH a plaidé pour la liberté individuelle de contaminer autrui, car c’est bien le sens réel, le résultat…). La poursuite du confinement, nécessaire, sera dure, la sortie aussi. Et la crise économique peut être à l’horizon du pays et du monde. Mais la résilience collective peut être aussi.
Nous n’en savons rien, nous savons seulement les inégales souffrances, et quant à faire des suppositions prospectives (économiques, sociales, environnementales), il vaut mieux se dispenser d’étaler des certitudes sur un futur (national, européen, méditerranéen, planétaire) difficilement prévisible.
Doute raisonnable et refus des projections idéologiques
que certains assènent.
Deux chroniques nous induisent à la prudence…
"De la prudence aux temps du coronavirus", par Nicolas Tenzer, Le Grand Continent (Rubrique
"Cartographier le coronavirus / L’Observatoire Géopolitique du Covid-19"). Prudence prospective (se méfier des certitudes au sujet du futur, se méfier des biais perceptifs)...
et
"Pandémies historiques et idéologiques / De la pandémie des postures idéologiques", par Thierry Guinhut...
Je ne suis pas d'accord avec tout, non. (Même pas du tout au sujet de Trump, notamment...).
Mais l'essentiel est ce portrait lucide des divers courants idéologiques.
Je lis… "Nous sentions bien que plus rien ne serait plus comme avant, que le confinement allait nous obliger à repenser nos vies dans des proportions qu’on n’aurait jamais imaginées jusque-là". L’éditorial du Courrier international du 25 mars ("Repenser le monde") emploie une formule que rejetterait sans doute Thierry Guinhut ("que plus rien ne serait plus comme avant"). Voilà deux vérités qui se heurtent, et nous pourrons penser en les affrontant en nous… Car nos quotidiens sont aussi le temps de l’agir, sans certitudes figées, et agir force à penser dans un temps non arrêté.
Le JDD analyse un dilemme, qui est le choix entre vies et économie…
Les choix des gouvernants...
https://www.lejdd.fr/Societe/en-temps-de-pandemie-les-eta...
L'indécence...
Alors les "journaux de confinement" égocentrés... NON, pas référencés ici… Indécence analysée par Diacritik. (Lien dans la liste "Lecture confinée" (marge gauche), riche, aussi, de beaucoup de pages à ouvrir, en ligne, surtout, vers livres à toucher, plus tard). Textes à lire et méditer...
L'analyse de Diacritik... https://diacritik.com/2020/03/19/le-journal-de-confinement-de-leila-slimani-est-un-conte-cruel/
Il n'y a pas que certains écrivains ne s'occupant que de leur nombril qui sont indécents (journaux de confinement des uns, auto-promotion poétique des autres - ces poèmes du jour partagés trop vite, sans épreuve du tiroir). Il y a aussi des intellectuels, comme André Comte-Sponville (poussant son coup d'humeur, justifié cependant sur un point - qui serait le refus de l'atteinte aux libertés des 'seniors', menacés un moment d'être confinés plus longtemps). Il trouve qu'on en fait trop, qu'après tout... les morts du Covid-19, pourquoi on les pleure plus que d'autres (etc.), et il fait des comparaisons hasardeuses en épidémiologue qu'il n'est pas.
Oui, l'éthique a été plus forte que les motivations économiques (qui ne sont pas oubliées, mais décalées), tant mieux. Parfois ceux qui veulent prendre de la hauteur, en montrant un "détachement" par rapport aux émotions de la masse, aboutissent au contraire... (ll aurait dû lire Nicolas Tenzer.). D'autres déclarations m'ont choquée, ici ou là, frôlant l'eugénisme qui ne dit pas son nom (rêvant d'un non-confinement sacrifiant les 'vieux' et les 'fragiles'). Le confinement doit être arrêté, pour ne pas devenir plus dangereux que la crise sanitaire, mais pas sur des bases faussées.
Et, mise à jour, 08-05-20, voici une réflexion décapante.
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