Diérèse, revue, et Les Deux-Siciles, parcours de lecture
13/08/2023
Parcours des trois derniers numéros de la revue Diérèse, n° 85-86-87 (et une échappée vers un plus ancien, 82, pour deux réflexions importantes, et des poèmes). Mais plutôt que prendre numéro par numéro je vais regrouper par rubriques (éditoriaux, études / poèmes / recensions, notes de lecture).
J’apprécie que les éditoriaux soient rédigés par des auteurs différents, qui présentent ce qu’est l’écriture pour eux, ce que signifie profondément cette entreprise de création. Tous ceux que j’ai lus, ne se limitant pas à une réflexion formelle ou à des questions de pure esthétique littéraire, développent plutôt une analyse de ce que signifie l’expérience d’écrire, son enjeu vital. Écrire fait intervenir des parts de sa vie différentes, dimensions qui s’imbriquent en strates complexes, et chacun peut mettre l’accent sur tel ou tel aspect : psychologie, corps, société, théorie, métaphysique… Lisant ces textes on peut avoir envie de découvrir certains auteurs qu’on ne connaissait pas, quand on sent que la démarche correspond à ce qu’est, pour soi, juste exigence.
Couverture de la revue, maquette de Xavier Makowski.
Cependant, avant ce parcours j’ai envie de mentionner trois livres rapportés du Marché de la Poésie de juin, stand des Deux-Siciles. Ils feront l’objet d’une vraie lecture en automne…
… Fragments & cætera. Une anthologie de poésie brève.
Établie et présentée par Jacques Coly.
… Si profonde est la forêt. Anthologie de la poésie des Tang.
Traduite et présentée par Guomei Chen. Préface de Pierre Dhainaut.
… D’Ores et Déjà (poésie), de Daniel Martinez.
ÉDITORIAUX…
Ainsi, reprenant l’éditorial du numéro 82, L’écriture au présent, j’ai cherché ensuite dans la revue des textes de son auteur, Mathias Lair. Je retrouve mes mots : « juste » et « exigence », dans sa définition de ce qu’il se demande à lui-même, lui qui interroge les fictions de notre existence, pour retrouver le lieu du commencement que l’on avait oublié.
Je relève encore une phrase et un fragment :
Si je reconnais que je ne suis pas étranger à l’étrangeté qui me saisit, alors l’écriture devient une danse. […] L’expérience est ineffable. Hors-sens. Voilà pourquoi il faut l’écrire. Yves Bonnefoy l’appelle l’arrière-pays.
Plus loin, une chronique de Joël Vincent, Profondeurs et chaos intérieurs, traite aussi de cette dimension particulière de l’écriture, quand on accepte d’aller chercher en soi jusqu’au désordre mouvant qui fait sens. Ce qui m’a d’abord retenue ce sont les exergues : Nelly Sachs, Büchner, Cioran, Nietzsche, Adorno. Parce que j’aime qu’il y en ait, qu’on tisse des liens avec les phrases d‘autrui, offrant à lire autre chose que soi. (J’ai parfois tendance à en mettre trop en tête de mes textes, mais je préfère l’excès au manque.) Ensuite, dans ces pages Joël Vincent cite de nombreux auteurs, en ayant la référence d’Elias Canetti (La conscience des mots) comme un fil qui structure la pensée. Lisant Anaïs Escot, Georges Valiadis ou Silvia Baron Supervielle il interroge la notion de « béance », le « vide » approché, l’identité non sue, la création de soi dans l’acceptation de ce qui n’est pas « balisé ». Écritures qui appartiennent à l’espace de ceux, poètes, que Canetti, qu’il cite, nomme gardiens des métamorphoses . Beaucoup d’autres noms viennent appuyer la réflexion : René Char, Benjamin Fondane, Novalis, Pessoa, Merleau-Ponty, Philippe Jaccottet, Beckett, Celan, Ponge, Nietzsche, Rimbaud, Baudelaire, Michaux… Tous ayant su regarder leurs gouffres intérieurs et pu forger les mots. Et de nouveau, Canetti : Hors de l’actualité, hors de tout, parfois aussi hors de soi-même, si nous écrivons c’est avec une part de nous-même que nous ne connaissons pas entièrement, qui est nôtre et ne l’est pas, qui jaillit d’une ZONE OBSCURE et SECRÈTE même pour nous. Secrète et parfois bouleversante.
Et pour conclure il écrit ceci : Ce qui parle souvent dans un poème n’est pas ce qui est, mais ce qui devient, c’est ce « désordre sacré » ou sacré désordre dont parle Rimbaud.
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Avec l’éditorial du numéro 85, Arcanes du poème, je retrouve une écriture que je connais bien, puisque c’est Michel Diaz qui écrit.
En exergue, Henri Thomas (Le besoin d’écrire est premier). L’expression, ensuite, résultant aussi du hasard, d’après l’auteur cité.
Michel Diaz ne nous invite pas à nous interroger sur la source de ce besoin d’écrire, recherche, dit-il, qui serait illusoire. Car… Il est, ou il n’est pas.
Par contre il relie la démarche d’écriture (et d’existence) au désir archaïque de fissurer ce qu’on nous a appris à concevoir de la réalité du monde. Opposant regarder (qui ne suffit plus) à voir (qui ne se fait qu’avec nos yeux de l’intérieur), il rejoint ce que Michaux nomme, rappelle-t-il, espace du dedans, ou ce lieu où Werner Lambersy voit la possibilité de l’immensité. Je comprends ce qu’il met dans cette opposition entre regarder et voir. Une exigence de profondeur, possible selon la part de soi qui s’offre à la perception visuelle, volonté de nommer pour distinguer et dire une bascule de conscience, en quelque sorte. (Et c’est vrai que voir est étymologiquement de la nature de ce que Rimbaud cherche, se faire « voyant »). Même si, pensant à la photographie (qui capte, ou qui reste un geste mental) je mets, pour ma part, dans le verbe "regarder" une force de présence qui fusionne avec ce qui est de l’ordre de la captation par ces yeux de l’intérieur. Mais ce sens n’est pas toujours dans les emplois du mot, c’est vrai.
Ce qui intéresse Michel Diaz c’est une ouverture, un élargissement permettant à l’esprit d’accueillir le hasard, et (cette fois c’est une autre écoute dont il s’agit) il évoque l’équivalent des yeux de l’intérieur, ce qui serait l’oreille intérieure, capable de laisser surgir ce qui émane du silence d’avant la parole.
Pour faire comprendre exactement la dimension qui est en jeu, là, il reprend l’expression de Reverdy, état poétique. Et cite Jacques Ancet, qui ne séparait pas intensité de langage et intensité de vie.
Forger le poème, écrit-il, c’est aller nécessairement de l’obscur vers le sens. Là je retourne en arrière dans son texte. Forger, je pense au feu. Or il a utilisé l’expression matière-lave pour qualifier la substance insaisissable de cette opération de soi créant. Je traduis : alchimie. Et une transformation alchimique échappe au sujet, refuse les normes, accepte le désordre : Le sens, en fait, vient déranger un ordre qui échappe à toute raison. Ce qui compte, comme le dit Marina Tsvetaïeva, citée, c’est la résonance. Et comme, le rappelle-t-il, c’est inscrit dans les Illuminations de Rimbaud.
Pour Michel Diaz le poème est affaire d’âme.
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Dans le même numéro un entretien :
Pierre Schroven interroge Éric Brogniet
Interrogation au sujet du monde des machines et du virtuel. Reconnaissant l’intérêt de certaines découvertes (dispositifs de l’ordre de la machine) le poète dit que cela pose aussi la question de la conscience et de la liberté de penser. Autre univers la poésie : La parole poétique interroge un indicible quand l’homme prend conscience de son destin, de sa finitude, de sa solitude. […] Et… Dès l’origine, le poétique dit que l’imaginaire est la seule réponse à notre condition.
Mentionnant l’essai qu’Éric Brogniet a écrit sur Jacques Crickillon Pierre Schroven rappelle ce que cet auteur dit du poème et demande si celui-ci peut donc être le langage du cinquième monde (celui de la privation d’espace spirituel). Éric Brogniet, après avoir cité Jacques Crickillon, dit que le poème est un voyage vers un Orient comme figure à la fois du Tout et du Rien, une anabase du fond et de la hauteur, une voix dans le Vide, un voyage sur nul chemin, une question sans réponse.
Dans la réponse suivante il définit le poète comme artisan, chercheur, expérimentateur.
Et, pour conclure, il inscrit sa philosophie de vie : toujours chercher à établir ma demeure dans la métamorphose.
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Numéro 86, dans Le soulèvement poétique, Pierre Dhainaut commence par affirmer la nécessité de dire non. Et pour cela trouver aussi les mots qui ont le souci de la justesse. Expression, d’abord, de la colère, du dégoût. Dire non aux fauteurs de guerre, et aux décideurs de néant. Dire non aux idéologies religieuses et politiques qui justifient le besoin de terroriser, de tuer.
Il rappelle qu’il avait quatre ans en 1940. Et pour la poésie il veut que ce soit un soulèvement qui concerne tout l’être, une insurrection. Cependant ce n’est pas une poésie engagée qu’il propose, car il la pense limitée dans ses perspectives, contraire à l’esprit même d’une activité vraiment créatrice. L’écriture, alors, ne peut se contenter du non : Non est un terme qui se clôt sur lui-même. Et la poésie dépasse les antagonismes, elle engendre ce oui qui intègre le non et l’accroît.
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Et dans ce numéro un dossier de contributions sur son œuvre, issues d‘une Journée d’étude.
En présence de Pierre Dhainaut
Incessante l’approche
Textes d’Anita Lavernhe-Grosset, Jean Attali, Sabine Dewulf, Patricia Castex-Menier, suivis d’un poème de Pierre Dhainaut, Un fil nous guide, fac-similé du manuscrit. J’en cite un extrait ici :
Un fil nous guide, d’une substance inconnue,
innocente, de la soie comme un son
Suit la reproduction d’une peinture de l’auteur, Mon sommeil est un verger d’embruns.
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Mais j’ai lu aussi avec intérêt les pages de Michel Diaz sur Jean-Paul Bota. Ce qui l’interpelle dans l’écriture de ce poète c’est qu’elle le mette en face de ce surgissement énigmatique, de cet impondérable qu’est la poésie, parce qu’il ne veut pas faire poésie. Au début de sa réflexion Michel Diaz a cité Henri Michaux, qui ne trouve pas particulièrement de la poésie dans les poèmes, mais dans n’importe quel genre, soudain élargissement du monde. Et Michel Diaz est plutôt d’accord avec cette affirmation. Moi aussi, pour une raison. Qui est que trop de textes ne correspondent pas à une nécessité, et je serais tentée d’ajouter, nécessité métaphysique. Ou, autre souffle incontournable, à une évidence d’ordre presque physique. Cri ou chant des viscères. Poursuivant ma lecture je trouve dans ce texte une mention de Thelonius Monk qui rejoint ce que je viens d’écrire : une force qui le guide, qu’il exsude chaque fois qu’il se met au piano. Puis il cite Keith Jarret, pour rapprocher la création de Jean-Paul Bota du même processus d’improvisation. Peut-être que ce qui peut me déplaire (et déplaire à Michel Diaz) dans certaines œuvres, en poésie, c’est qu’elles mentent. Or la musique ne le peut pas, ni la danse, comme c’est possible avec les mots qui peuvent masquer l’absence de source authentique, de nécessité.
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Et enfin, éditorial du numéro 87, par Nicolas Rouzet. Sans titre.
Reprenant la formule d’Alberti au sujet de la peinture, une fenêtre ouverte sur le monde, il propose de l’appliquer à la poésie. L’ouverture il la définit par un élargissement là où on ne l’attend pas, à des formes plus populaires. Il cite le slam, le rap, le street-art…
Après avoir évoqué le jardin de Christian Bobin il déplace cette notion de fenêtre vers une autre forme d’ouverture, celle de notre paysage intérieur, celui de ce lieu où l’âme pourra enfin résonner avec l’instant présent que nous fuyons sans cesse, lieu de l’Éternité, finalement.
Le poème comme chemin vers l’Ouvert (rilkéen, donc).
Enfin il cite Philippe Jaccottet, pour ce moment de vrai oubli qui fasse cesser l’attachement à soi et donc l’opacité de la vie. Et termine sur l’image des pas du poète (ou un symbole de liberté créatrice).
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Pensée de la création. Justement, ce qui advient alors, les poèmes.
Autre parcours, donner à lire, sans commenter.
CITATIONS…
Numéro 82
Daniel Martinez
Présence de Pieter Bruegel l’Ancien :
Nuit de lune noire sur La Chute des anges rebelles (1562)
Précipités hors du Paradis, peinte par Pieter Bruegel l’Ancien
[…]
Depuis le fond de l’œil une jetée d’abeilles
ouvertes aux grandes heures de l’Alchimie,
au glauque voluptueux.
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Jacques Robinet
(quatrains sans titres)
Je délaisse oiseaux
rives étoiles et songes
Pour tisser un poème
Ce rayon de soleil suffit
[…]
Folle de se croire immortelle
la chair meurt avec ses rêves
sans rien avoir appris du feu
des cendres de la poussière
………………………………………..
Numéro 85
Paul Celan
(Poèmes bilingues. Présentation et traduction par Joël Vincent,
en face de superbes créations de Franck Bertran)
Si je partais maintenant,
j’arriverais, une paupière en aveugle
capable de discerner
[…]
Fermez le poème, ouvrez le poème
Ici lévite
celui qui est lourdement accablé.
Ici, c’est moi.
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Pierre Dhainaut
Dunkerque, avril 22
Au-dessus de la dune, tu feras face
à tous les horizons, tu seras disponible,
les mots t’imprègneront de leur substance
et tu incarneras le « oui » de l’origine,
tu n’auras pas même à le dire.
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Isabelle Lévesque
Premières fleurs
L’empreinte telle une enclume
enfonce dans ma mémoire
l’essence des arbres et je crie des mots qui s’éloignent.
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Daniel Martinez
Là même
L’arbre en son éternité
fait de l’âme le miroir d’autres yeux
.
Gabriel Zimmermann
(dix poèmes) X:
Face au miroir je trouve une réponse
Par le pli sous l’œil que nous appelons le temps
Cet arc qui n’est pas une blessure de la peau
Remplit d’une paix qui s’en dégoûte
.
Guy Cabanel
La joueuse de Kou-tcheng
Dans l’œil les reflets du vent
sur la lune,
dans l’oreille le chant
des oiseaux blancs
[…]
Exigence
Donnez-moi la chaleur
qui gît en votre cœur
avant que je ne meure.
.
Pierre Sladden
Poursuis cet instant décisif
Où te seront donnés des mondes inconnus
Par le dépli d’une immanente utopie
[…]
Soit cet inconnu : à venir et devenir
Homme, s’il reste un démon
En toi qui le veuille
.
Jean-Paul Bota
Airaines
Notes du 03-08-21
Oui de dessous la lumière jaune et la pluie peut-être avec ça de Llamazares, les odeurs emportées de terre (le L d’un jardinet) aux plis de la veste, quel passé revenant là cascade Airaines et cela dedans ma tête un lieu inhabité et mousses herbes au trottoir un noisetier grand témoin ou…songeant ces lieux prospectivement à changer de visage ? et Gracq, ça par ex un entrepôt autrefois à masquer un gui qu’enserre le regard ? Et ça de P et B où je reviens j’imagine au crépuscule d’une existence et les lieux inreconnus ou la rivière un soir et la pluie où je deviens rivière ou le déclin du jour et le chant des oiseaux
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Michel Diaz
Pierre du vent (en exergue, Jean-Louis Bernard et Jacques Dupin)
ainsi, dit-il […]
comme l’on marche vers le sacrifice, [ ]
de cette marche qui défie le vide, et dans le secret de sa nuit où la voix de celui qui consent à s’y perdre se donne puisque rien, il le sait, ne lui sera donné qu’il ne devra, de ses lisières, ramener par fragments,
[…]
la parole perdue, peut-être retrouvée,
incendiée dans sa lampe d’ombre, la flamme obscure des confins
[…]
écrire contre soi, un canif enfoncé dans le cœur, le sien, celui de l’autre, pour perforer l’oreille du silence, brûler l’oracle de la voix, fissurer le massif de la langue […]
.
Éric Brogniet
Nuit de l’encre Lumière du livre
(quatrains)
Pins noirs ou mélèzes
Futaies sur ciel blanc
Dans ce silence
Lao-Tseu a parlé
[…]
Nous écoutons le sang pulser
Avec la grande déshérence
Où se fracassent nos certitudes
D’être quoi que ce soit
.
Werner Lambersy
(inédits qui précèdent deux hommages, de Jacques Bouret et Tahar Bekri)
Mes poèmes ont pris le pas
De ma vie je les entends
[…]
La voix
Du vent qui porte la réponse [ ]
À ce morceau de nuit que j’ai
En moi
Comme l’oiseau dans l’arbre
………………………………………..
Numéro 86
Gérard Bocholier
Jours (II)
Un instant puis tout retourne
À la partition secrète
Que patiemment je déchiffre
.
Guy Cabanel
(des poèmes associés à de magnifiques reproductions de peintures
de Mi Fou, Kuo Hi, Mou K’i, Zao Wou-Ki, Ni Tsan, et de nouveau Mi Fou, une encre)
Mi Fou dans la montagne
Le lettré va se retirer sous un toit léger
face au miroir resplendissant
qui ne revoie aucune image.
[…]
L’éveil
Un pli mouvant sur le fleuve,
ride fugitive au fond du ciel diffus,
un dieu s’abîme
dans la ténèbre latente.
.
Muriel Carminati
Choix de tankas sur la vieillesse
Je ferme les yeux
dans la brise de l’été
je ferme les yeux
et me consacrant au vent
j’oublie mes rêves brisés
.
Martine-Gabrielle Konorski
Extraits de Éclarissences
Dialogue poétique avec Clarice Lispector
État des choses
Regarder le trouble du monde
À travers la poussière
Un grain de sable dans l’œil
.
Pradip Chouduri
(poète du Bengale, présenté et traduit par Bruno Sourdin)
Rimbaud, 2
Et ils m’appellent fou
parce que je vois
& le dis.
[…]
Une main noire est entrée dans mon sang
J’entends le rire nerveux de quelqu’un
dans ma veine.
C’est moi.
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Numéro 87
(Je ne cite pas de nouveau des auteurs déjà mentionnés ci-dessus pour des poèmes)
Bruno Sourdin
Confluence
nous glissons d’un monde à l’autre
je ne crains rien
je suis libre
l’harmonie des sphères est immense
[…]
que je vive ou que je meure
je suis à jamais
.
Alain Duault
Un ukraine de l’espoir
Ce son qui verse sa poix dans les veines mille mouettes
Engluées c’est moi C’est moi la guerre le grand trou d’or
Des bombes quand elles explosent dans les yeux ouverts
Comme une bouche qui cherche ses derniers mots c’est
Moi les épaules chargées de haine et d’ombres déchirées
[…]
Toutes leurs maisons en feu toute l’eau du Dniepr avalée
Et la beauté de Lessia Oukraïnka son poème d’espérance :
Je n’ai plus ni bonheur ni liberté
Une seule espérance m’est restée,
Revenir un jour dans ma belle Ukraine […]
Je n’aurai de cesse de revenir dans ce pays où j’ai des amis
.
Xavier Makowski
Chasse-ténèbres. Carnet été 2022
La nature a décidé de
rompre le silence
et si le ciel bleu se brisait
maintenant d’un coup
comme une vitre
[…]
des millions d’existences qui circulent et qui
regardent mourir des millions d’existences
.
Éric Chassefière
Chaque instant
Se laisser porter par cette image, sentir comme ombre et lumière dans ce tissage des langues du jardin ne sont que mouvement de l’une en l’autre, comme elles naissent du même désir de partage, même caresse du lointain au proche, de l’absence à la présence. Se laisser rêver dans cette résonance, de ce repliement de la fleur faire pensée du poème.
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Ara Alexandre Shishmanian
(poèmes traduits du roumain par Dana Shishmanian)
rêve sans trêve
quand on entre vraiment dans le soi de l’instant
on sort du temps
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RECENSIONS, NOTES DE LECTURE
Impossible de tout reprendre… Non, ce que je veux faire, c’est uniquement en noter l’intérêt et noter quelques traces. J’ai retrouvé des titres que je connais, découvert des livres jamais repérés (j’ai établi un programme de lectures futures…). Appréciant, aussi, de lire des notes de poètes dont je connais certains textes ou livres. Je relève quelques noms d’auteurs de ces notes et quelques titres (entre parenthèses les livres commentés)
N° 82… Pierre Dhainaut (a lu Gérard Pfister, Hautes Huttes), Michel Diaz (Bernard Pignero, Conversations dans un jardin - Léon Bralda, Le Bruit des nuits), Bruno Sourdin (Zéno Bianu, Petit éloge du bleu), Olivier Massé (Sabine Dewulf et Florence Saint-Roch, Tu dis délivrer la lumière - Étienne Ruhaud, Animaux – Odile Cohen-Abbas, Le Canon Sanda, Les débauches de la connaissance), Sabine Dewulf (Isabelle Lévesque, En découdre), Pierre Tanguy (Bernard Grasset, Ainsi parlait Blaise Pascal).
N° 85… Pierre Dhainaut (Isabelle Lévesque, Je souffle, et rien.), Jean-Louis Bernard (Évelyne Morin, Une lumière incertaine – Léon Bralda, Sous l’écorce du jour – Daniel Martinez, D’Ores et Déjà – Luc-André Sagne, Écrit sur le sable), Gérard Bocholier (Paul de Roux, Les Pas), Pierre Schroven (Michel Lamart, Avec ou sans les mains, avec des gravures de Marie Alloy), Pierre Tanguy (Rachel, Sur les rives de Tibériade), Bruno Sourdin (Zéno Bianu, Pierrot solaire – Roberto Juarroz, Poésies verticales I, II, III, IV, XI), Éric Barbier (Mathias Lair, Proèmes indiens).
N° 86… Éric Chassefière (Pierre Dhainaut, peintures de Ramzi Ghotbaldin, Le messager des arbres), Éric Barbier (Angèle Paoli, Marcher dans l’éphémère), Michel Diaz (Teo LIbardo, Tu viens de là), Jean-Louis Bernard (Claude Luezior, Sur les franges de l’essentiel, suivi de Écritures).
N° 87… Pierre Dhainaut (Gérard Pfister, Le livre, suivi de L’expérience des mots– Max Alhau, Entretenir le feu), Éric Barbier (Christian Bobin, Le plâtrier siffleur), Michel Diaz (Florence Saint-Roch, Persévérance des brumes – Colette Daviles-Estinès, La mesure des murs – Raymond Farina, Un printemps sans fenêtre, suivi de Réminiscences), Pierre Tanguy (Tao Yuanming, Œuvres complètes), Nicolas Rouzet (Jacques Lèbre, Le poète est sous l’escalier), Jean Ayache (Colette Klein, JE est un monstre), Bruno Sourdin (Aotearoa, anthologie de la poésie maori contemporaine – Urabe Kenkô et Kamo no Chômei, Cahiers de l’ermitage, Folio sagesses).
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La revue, Diérèse : http://revuepoesie.hautetfort.com
L’édition, Les Deux-Siciles : http://revuepoesie.hautetfort.com/editions-les-deux-siciles/
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