Nous devrions nous taire
Si fiers de nos histoires, si fiers de nos mémoires
Si macabres et sans gloire…
Nous devrions nous taire
Se parler pour dire quoi ?
Qui comprend qui ? Qui comprend quoi ?
(…)
Les mots sourds… Les mots sont trop courts...
(…)
Depuis qu’il pleut ces mots,
n’y a-t-il plus de frontières ?
(…)
Et ces milliards d’écrits,
et ces milliards de cris
qui fondent dans l’oubli…
(…)
On nous dit que les mots,
que les mots sont des armes,
que les guerres ils désarment...
(…)
Mais
combien de fois le mot 'haine'
a vaincu les mots 'j’aime'
(…)
Les mots sourds… des comptes à rebours.
Nicolas Granier, chanson (paroles et musique). Les mots sourds…
… Cet exergue s’est imposé, à l’issue du long travail de réflexion sur ce sujet, déchiré entre différentes mémoires, dont certaines trahies par les mensonges de pouvoirs ou d’auteurs influencés par leur idéologie. Je ne sais pas à quoi pensait l’auteur exactement en écrivant cela. Sans doute pas à mon sujet, mais peut-être réfléchissait-il en fonction de ses lectures de la presse sur différents thèmes d’actualité (tant d’avis divers, tant de contradictions). Le poète-chanteur écrit, imprégné des douleurs qu’on entend ou lit, qui se mêlent à ses propres blessures, à cette difficulté de dire la complexité du réel, où le vrai se mêle au faux, où l’individu souffre de ce qui le nie, mais aussi de sa difficulté à ne pas se trahir lui-même, en choisissant les mots …
Mais je l’associe à ceux qui suivent, dans l’axe du sujet traité… Poème d’un auteur algérien, penseur en lucidité et humanisme, Ahmed Azeggah, citations de René-Jean Clot et Khrishnamurti...
Arrêtez de célébrer les massacres
Arrêtez de célébrer des noms
Arrêtez de célébrer les fantômes
Arrêtez de célébrer des dates
Arrêtez de célébrer l'Histoire
(…)
Ce sang coagulé
Venin de la haine
Levain du racisme
(…)
On en a marre de vos histoires et vos Idées
Elles rebuteraient tous les rats écumeurs de poubelles
(…)
Laissez-noius laissez-les vivre
En paix
Sur cet îlot de l’univers
L’univers seule patrie
Ahmed Azeggah, Arrêtez. Anthologie de la poésie algérienne, Quand la nuit se brise, Points.
Qu’avons-nous appris ? À vivre sans sombrer dans la haine.
René-Jean Clot, Une Patrie de Sel ou Le Souvenir d’Alger
Pour instaurer la paix dans le monde, pour mettre fin à toutes les guerres. (…) Il faut une révolution dans l'individu, en vous et moi. (...) Ce qui nous apportera la paix ce sera une transformation intérieure qui nous conduira à une action extérieure. (...) Il n'y a pas de pensée claire sans connaissance de soi. Sans connaissance de soi, il n'y a pas de paix. Khrishnamurti (La Première et Dernière liberté)
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SOMMAIRE de la note (repérer les titres en majuscules) :
. Le rapport Stora dans l'actualité. Et Benjamin Stora, à travers son estime d'Albert Camus.
. Mémoires à guérir et mémoires ostracisées encore. Mémoire et traces. Histoire du rabbin de Vienne. Le concept d’hantologie (Jacques Derrida). Albert Camus, d’avance…
. Le rapport Stora (dont lien pour lecture, pdf en ligne, et livre éd. Albin Michel)
. Les enjeux du rapport Stora. (Deux regards, deux rives : affronter une parole authentique, et le futur en France et en Algérie)
. Albert Camus, au cœur d’affrontements. Lectures sur les deux rives, et rejets pour stratégies de pouvoir
. Analyse critique d’historiens (JJ Jordi, Guy Pervillé et signataires)
. Synthèse critique, par Mohand Hamoumou, spécialiste de l’histoire des harkis. Et synthèse pour lectorat jeune, presse.
. Synthèse des réactions diverses, vues à l’étranger
. Réactions des communautés concernées (Pieds-Noirs, Harkis, anciens combattants). Différentes associations, textes et liens
. Réactions algériennes (et réponse de Benjamin Stora)
. Mémoires, blessures, traumatismes, textes et témoignages
. Mémoire, histoire, terrorisme. Citations (deux rives)
. Histoire, guerre, colonisation et décolonisation
. Articuler mémoire et histoire, analyses
. Le présent algérien (regard de J. Ferrandez, bédéiste + la presse algérienne, titres à lire en ligne)
. Le futur de l’Algérie
. Le futur des relations France-Algérie (textes, liens) dont documentaire à deux voix (fille de Pieds-Noirs, et Algérien). Et éclairage tunisien...
. BIBLIOGRAPHIE. Dont LISTES et citations (liens)
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LE RAPPORT STORA DANS L’ACTUALITÉ...
Depuis des semaines, et plus, les discussions sur le rapport de Benjamin Stora, au lieu d’apaiser les esprits et d’aider le dialogue entre les rives (d’une part) et, en France, entre les communautés humaines concernées (d’autre part), n’ont fait qu’accentuer les tensions et remettre dans l’actualité des blessures que seuls l’Histoire et le temps peuvent calmer. J’ai l’impression qu’il y a des paris faits sur la disparition des générations directement impliquées (Algériens d’avant 62, indépendantistes engagés, Pieds-Noirs exilés, Harkis trahis, Franco-Algériens et Français d’origine algérienne par les parents, appelés traumatisés, etc.). Mais cela c’est oublier la transmission trans-générationnelle directe ou inconsciente. Les refoulés des traumatismes sortent plus violemment.
De plus ces mémoires complexes (colonisation, décolonisation, guerre, terrorisme, massacres, exils) sont traitées très diversement par des courants politiques qui s’en saisissent. Soit pour attiser les douleurs en les manipulant idéologiquement et politiquement. Soit pour instrumentaliser la mémoire du passé pour des intérêts de pouvoir, des stratégies électoralistes, ou simplement se servir des émotions qu’on actualise pour créer des tensions et des haines. Diviser, certains partis extrémistes le cherchent. Il y a encore une extrême droite, en France, qui reste nostalgique d’une Algérie d’avant 62 dont le statut français serait inchangé. Posture a-historique que le FN/RN encourage. Mais il y a aussi les anciens porteurs de valises (favorables au FLN créateur d’un système que l’Algérie refuse et à ses méthodes, dont le terrorisme contre les civils). On les voit s’exprimer là et là, n’hésitant pas à mentir pour tordre les faits à leur manière (occultant, déformant). On pourrait croire que le débat Sartre contre Camus continue… On trouve cela, cette fois, plutôt au PCF, chez Médiapart, et diverses extrêmes gauches…
Le président Emmanuel Macron, qui cherche à clore des rapports faussés par des choix du passé (Afrique, Algérie, etc.), parfois très justement (Rwanda), parfois maladroitement (certaines déclarations sur la colonisation), le président, donc, a demandé à un historien, spécialiste de l’Histoire de la guerre d’Algérie, Benjamin Stora, de rédiger un rapport qui servirait de base à un nouveau dialogue avec l’Algérie , pouvoir et peuple. (En fait avec le pouvoir algérien actuel, qui utilise la colonisation pour masquer tous les manques de sa politique).
Première erreur. Car (même en relation avec un historien algérien) un historien est un individu qui pense aussi en fonction de sa vision, de son positionnement idéologique (racines d’extrême gauche dans ce cas). Erreur, d’autant plus que des historiens spécialistes de cette histoire de l’Algérie avant 62 il y en a plusieurs de grande qualité. Dont certains sont pieds-noirs, une fille de harki, d’autres simplement des Français intéressés par cette période historique, du fait des drames qui y sont associés et des conséquences dans la société française.
Il n’est pas question de faire un procès d’intention à Benjamin Stora, natif d’Algérie, certainement sincèrement passionné par le sujet et les enjeux. Mais limité par l’immensité d’un matériel dont il ne domine pas tout (on le voit dans des erreurs pointées par les uns ou les autres, lisibles dans des réponses qui ont été rédigées). Et limité aussi par ses options idéologiques, un manque de recul critique au sujet du pouvoir algérien, des projections sur des réalités par méconnaissance du sujet (voir, encore, des textes en réponse critique).
D’autant plus que Benjamin Stora (je l’ai écrit dans la note sur l’École d’Alger) montrait son attention aux mémoires partagées, en mentionnant la connivence qu’il avait notée entre les nombreux écrits de récits de femmes, algériennes et pieds-noirs (article de lui dans la revue Expressions maghrébines). Et en relisant plusieurs de ses déclarations au sujet d'Albert Camus on voit qu’on ne peut le considérer de manière manichéiste. Dans un entretien publié dans un hors-série de Philosophie magazine (avril-mai 2013) il rappelait l’évolution des positions de Camus, appelant à la trêve avec Ferhat Abbas, puis se rapprochant ensuite de Messali Hadj, du MNA (qui avait des affinités d’analyse avec Camus : "pour la pluralité politique, antistalinienne, antitotalitaire". C’est le massacre de Melouza (par le FLN, pour sanctionner leur choix du MNA) qui rapproche Camus de Messali Hadj. Or c’est sur Messali Hadj que Stora a fait sa thèse (on peut lire aussi le livre de la fille de cet homme sacrifié par le FLN, et exilé définitivement, désespéré). De Camus Stora dit qu’il est "homme de passerelles, pas un éradicateur", "attaché à une histoire méditerranéenne commune, faite de strates mêlées d’influences européennes et algériennes". Pour Stora, Le Premier Homme est le plus grand livre de Camus.
Dans un autre entretien, Le Figaro du 24-10-2013. Benjamin Stora dit voir en Camus la possibilité de construire, à travers lui, "une passerelle entre les deux rives". Et il ajoute "d’autant plus que les extrémismes existent des deux côtés de la Méditerranée", et dit regretter que rien n’ait été fait à Alger pour signaler la maison où Camus a grandi.
C’est pourquoi c’est dommage que Stora n’ait pas travaillé avec d’autres historiens pour ce rapport. La complexité aurait été mieux respectée (y compris la sienne…) et il y aurait eu moins de polémiques, plus de vérités abordées.
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MÉMOIRES à GUÉRIR… et MÉMOIRES OSTRACISÉES ENCORE
Même si, pour les historiens, comme c’est clairement dit dans le texte de Jean-Jacques Jordi, Guy Pervillé et des historiens associés à leur analyse du rapport, il faut passer "des mémoires à l’histoire". Oui, c’est très juste. Mais les mémoires sont matière, aussi, pour les historiens. Et les opinions des groupes influencent les décisions politiques (ou servent des manipulations partisanes par des leaders extrémistes parfois - dont des nostalgiques de divers groupes criminels). Et même, c’est ce qui est reproché au rapport Stora, l’opinion peut interférer dans les travaux de l’historien, entraînant occultations ou erreurs.
Car les remontées de mémoire, associées à la réactivation des débats sur l’Histoire, cela se heurte aussi à des réactivations de déclarations ostracisantes et diffamantes. Ainsi le journaliste politique Jean-Michel Aphatie a tenu, sur France 5, le 23 janvier (C L’Hebdo) des propos méprisants de rejet des Pieds-Noirs, ces "étrangers" présents en Algérie. Y voyant une raison d’ironiser sur l’Algérie "française" habitée par des "étrangers". Pas gêné par sa xénophobie affichée. Pourtant, s’il avait lu Camus, il saurait que ces gens-là n’étaient pas les riches colons "français", et qu’ils étaient bien plus proches de la mère de Camus. C’est l’anticolonialisme de salon, qui se trompe de cible pour flatter des égos. De ceux qui pourtant, en tant que Français, descendent de ceux qui décidèrent - ou laissèrent décider - de coloniser. Ce que ne firent pas ces "étrangers’" justement parce qu’ils n’étaient pas Français… Oubli, souvent, que la colonisation fut le choix d’une gauche qui se déculpabilise en projetant sur une communauté déjà traumatisée la responsabilité de ses actes.
Au lieu d’avoir une réflexion sur les réalités de l’immigration (espagnole, italienne, maltaise…) et sur le métissage méditerranéen qui en résultait. (Ce qu’a fait très bien, au contraire, l’universitaire algérien Mourad Yelles dans son ouvrage sur les cultures et métissages en Algérie. Il consacre un chapitre aux "Algériens de l’entre-deux / Les identités orphelines".). Mais cette immigration n’est pas présente en tant que telle au Musée de l’immigration, et pas plus dans l’imaginaire si souvent faussé de la métropole. Ainsi les Espagnols venus en France métropolitaine, oui. Mais les Espagnols andalous partis en Algérie voisine, non. Pas de reconnaissance de leur histoire.
Oubli, aussi, des Français dont les ancêtres furent des orphelins que l’État français fit partir en Algérie. Oubli des Communards exilés de force. Et des Alsaciens fuyant pour rester Français.
C’est un exemple de cet ostracisme. On pourrait en citer bien d’autres. De quoi faire une anthologie…
Un, tout récent, une tribune dont l’auteur confond les disparus (pieds-noirs et militaires français) dont les noms sont sur le Quai Branly, avec des engagés à l’OAS… et donc il parle d’hommage scandaleux.
Tragédie des Harkis, sacrifiés, écartés, pas protégés, voués à l’horreur de camps de rétention. Une mémoire occultée, reconnaissance toujours reportée, réparations oubliées. Les témoignages s’accumulent, qui sont la parole de descendants exprimant la douleur de traumatismes et d’injustices impossibles à comprendre. Métropole coupable, et déni injustifiable.
Mémoires algériennes, à guérir aussi. Cela passera par l’Histoire sur les deux rives, pas l’officielle. D’un coté cesser de gonfler des chiffres ou de déformer ou occulter des faits (en oubliant les Accords d'Évian, avec amnistie réciproque), de l’autre affronter des réalités insupportables tant de la guerre de colonisation que de celle de décolonisation, dont l’abandon des harkis et un traitement scandaleux, dont l’ostracisme imposé à tous les exilés, sans oublier les effets désastreux des expériences nucléaires (victimes civiles en Algérie, sur plusieurs générations, et victimes militaires, côté français).
Au sujet de la mémoire, avant d’aller plus loin, il est utile de méditer à partir de cette histoire du rabbin Charter, de Vienne, racontée (traces orales) par Christiane Singer, et citée dans le magazine trimestriel 3ème millénaire de septembre 2020. Très vieux, ce rabbin exilé pour avoir fui le nazisme, revient à Vienne, où enfant il avait été agressé par des nazis et laissé pour mort sur un pont. Lors d’une conférence on lui demande pourquoi il est revenu à Vienne si tard dans sa vie. Sa réponse est que se sachant à la fin de sa vie, pas loin de la mort, il voulait faire quelque chose "pour aider le monde" avant de mourir. Et ce fut évident pour lui, il fallait qu’il revienne et retourne sur ce pont chercher l’enfant qu’il fut et qui y était encore (la mémoire, sa mémoire, la trace en lui du traumatisme). Donc il est venu enlever l’enfant qu’il fut de ce lieu, ce pont du traumatisme. Ainsi, dit-il "N’y a-t-il plus aucune trace de la souffrance du Rabbi Charter dans la ville de Vienne". Sagesse profonde et difficile. Lien fait entre la mémoire et l’oubli. Une fois que les témoignages sont portés, que les historiens travaillent, l’individu, lui, doit se libérer des traces mémorielles des traumatismes, et en libérer les espaces mentaux et collectifs. L’individu et les groupes. Nous ne sommes plus l’autre du passé, il faut s’en débarrasser. Démarche psychanalytique et spirituelle. Rien de facile. Le sage Rabbi de Vienne a pris sa vie entière pour pouvoir trouver la force de venir effacer la trace de l’enfant traumatisé. Geste symbolique fort, que venir là. Mais l’imaginaire peut libérer aussi à distance les lieux, et soi des lieux. Il demeurera dans les vies les effets des catastrophes, irréversiblement. Cependant un processus d’individuation, de liberté, peut se produire. À un autre niveau de l’être. Conscience du personnage qui sert de masque, malgré soi, à l’être. En parlant le rabbin a transmis un message à sa communauté, au peuple de Vienne, et au monde. Si la démarche n’est qu’individuelle elle est insuffisante, mais la connexion (même inconsciente) avec autrui étant centrale dans la dynamique collective, si chacun fait un pas il y a des effets sur tous.
Mémoire… Jacques Derrida, natif d’Algérie, a créé un concept, hantologie, pour dire ces traces du passé qui agissent dans le présent des êtres.
Albert Camus a, d’avance, avec Le premier homme (et toute son œuvre, l’universalité de ses écrits) fait un retour libérateur à la manière du rabbin de Vienne. Lecture guérisseuse. Sur les deux rives.
Et beaucoup le lisent ainsi. Algériens et Pieds-Noirs. (Qui se retrouvent, par exemple, lecteurs fraternels, dans un groupe très métissé des "Amis d’Albert Camus" sur Facebook. C’est révélateur.)
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Le RAPPORT STORA
Le TEXTE en ligne, pdf. elysee.fr
En exergue Albert Camus et Mouloud Feraoun, ce qui est plutôt bien choisi...
France-Algérie, Les passions douloureuses. Le livre issu du rapport de Benjamin Stora. Présentation par l’édition. Albin Michel…
Benjamin Stora remet le 20 janvier son rapport sur les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Par Michel Lachkar, FranceTvInfo, 19-01-21...
Guerre d’Algérie, France info. Les choix de l’Élysée...
Morceaux choisis du rapport. Le Monde, 20-01-21 (début de l’article)… Citations...
Benjamin Stora, sur la repentance "piège politique". Vidéo.
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LES ENJEUX… DU RAPPORT STORA
"IL FAUT AFFRONTER UNE PAROLE AUTHENTIQUE"
Les enjeux vus par Georges-Marc Benamou, auteur d’Un mensonge français. Retours sur la guerre d’Algérie, éd. Robert Laffont.
Entretien, Sur l’Algérie, Macron prend un risque, Paris-Match, 30-01-21.
Il note l’effet toxique des heurts des mémoires traitées comme adversaires ou refoulées. Pour sortir des fractures de la société nourries de ce passé, par ce qui n’est pas dit ou mal dit, il faut affronter une parole authentique.
LES ENJEUX. LE FUTUR pour la FRANCE et L’ALGÉRIE
Le regard de Kamel Daoud.
"Primauté de la République" (pour la France), "démocratie" (pour l’Algérie)
Kamel Daoud, dans Le Point, engage à sortir des ressentiments (des uns et des autres) pour faire un retour sur le réel des vécus. Se libérer des mythes du passé permettant d’ouvrir le possible du présent. Ce rapport, dit-il, a le mérite de rendre possible une avancée pour sortir des ressassements émotionnels et des récupérations idéologiques ou politiques toxiques. Avancer… "Mais en se préservant des pentes faciles des repentances démagogiques."
Kamel Daoud rappelle les instrumentalisations de ces questions (colonisation, islam) par les identitaires mais aussi par des États étrangers, comme la Turquie d’Erdogan. L’avantage de ce rapport est de "mettre des mots sur ce qui est possible". Ce rapport est, pense-t-il, "une thérapie française". Car trop est dit et trop est tu. "Un trop-plein de mémoires 'communautarisées' en France, face à un trop-plein d’histoire officielle des apparatchiks en Algérie.’"Et d’autre part, l’Algérie, "le pays décolonisé qui adore identifier des traîtres".
Suit une réflexion sur les réactions étrangères. Pointe bienvenue concernant les médias anglosaxons, "si curieux des colonisations quand elles sont commises par d’autres".
En Algérie comme en France, dit-il, il faut se libérer des mythologies et faire le "deuil des narcissimes collectifs". Et pour l’Algérie "la fin du mythe" est la condition de la démocratie, comme en France lutter contre le "repli" est "une question de primauté de la République".
Il analyse aussi le lien entre la parole sur l’histoire et l’islam à vivre en France, libéré des investissements identitaires victimaires que produit le manque d’histoire, insistant sur l’importance de la parole de vérité sur l’histoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie (parole de vérité sur les deux rives) et les questions relatives au problème du séparatisme. Enjeu essentiel pour la "primauté de la République".
Kamel Daoud - France-Algérie : que faire si on arrête la guerre ? Le Point, 23-01-21
MAIS l’analyse de Kamel Daoud, si elle insiste sur la nécessité de se détacher des ressentiments identitaires qui piègent, ne prend pas en compte le problème des failles de la démarche de Stora (dénis et silences). C’est un signe qu’on puisse lire et entendre mentionner partout le "rapport Stora", réalisation captée par l’historien, qui peut donner l’impression d'avoir souvent l’œil du FLN, ce FLN pourtant mis en question par de nombreux algériens. Mais des réactions, en Algérie, lui reprochent un point de vue inverse.
Des personnalités (historiens, chercheurs), qui auraient beaucoup à dire n’ont pas été impliquées. Ainsi J-J Jordi, historien pied-noir (qui donne plus d'importance à l'histoire qu'au mémoriel), ou Fatima Besnaci Lancou, fille de harkis, créatrice de l’association Harkis et droits de l’homme (avec l’appui de la LDH), chercheuse ayant accompli un travail considérable.
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Albert Camus, au cœur d’affrontements. Lectures sur les deux rives, et rejets pour stratégies de pouvoir
Aziz Chouaki, dans son très beau livre Les oranges, tisse autour de Camus l’histoire d’Algérie racontée par un personnage qui traverse les années. Et le portrait qu’il fait de Camus, presque mythique, et pourtant réel, est très émouvant. Faisant ainsi il tisse Camus dans l’algérianité dont celui-ci se réclamait.
Kamel Daoud se réfère souvent à son admiration pour Camus. Même s’il a réécrit à sa façon L’Étranger (en faisant peut-être l’erreur commune du contresens au sujet de l’absence de nom du personnage tué par Meursault, procédé qui au contraire était nécessaire pour dire l’invisibilité…).
Yasmina Khadra aussi est très touché par Camus, même si, suivant les espaces d’expression où il en parle, il exprime des contradictions, alternant adhésion admirative et critiques.
Boualem Sansal, dans le hors-série Camus du Point (oct-nov. 2013), dit (entretien) que "Camus est au centre de la littérature algérienne" et que, pour lui, il est "le héros absolu" qui aide à penser et se battre "contre l’injustice, la plaie du monde". Et il parle, pour la France, de la spéculation financière contre l’égalité et, pour l’autre rive, il dit qu’en Algérie "le complexe militaro-religieux est le mal absolu". Ajoutant… "Camus est de ces Algériens qui me réconcilient avec mon algérianité". Regrettant que l’Algérie officielle ne le reconnaisse pas (pas même par un nom de rue).
Salim Bachi, lui, dans Le Point aussi, a même fait de Camus adolescent un personnage d’un de ses livres, Le Dernier Été d’un jeune homme… Il rappelle que, sur Camus, il y a, en Algérie, "un discours officiel, tendance FLN, très rétrograde" ("Camus traître"), "C’est de l’instrumentalisation politique. Mais je suis convaincu que Camus fascine les Algériens". (…) "L’avenir de Camus est en Algérie". Il ajoute qu’il apprécie qu’il soit enterré à Lourmarin, "un beau symbole : il est à mi-distance". (Entre Algérie et France, deux rives... entre soleil d'Algérie et soleil du midi).
Au sujet de cet attrait des Algériens pour Camus dont il parle on trouve un témoignage bouleversant dans le documentaire d’Arte Vivre avec Camus (DVD disponible). Deux jeunes étudiants algériens s’y exprimaient pour dire, l’un, que la lecture de Camus l’avait sauvé du suicide, et l’autre, que Camus avait déclenché ses engagements contre la misère.
Benjamin Stora, dans l’entretien du Figaro du 24-10-13 (déjà mentionné plus haut) résume la situation de Camus en Algérie. "En privé, beaucoup d’Algériens sont fiers de camus. Ils savent que Camus appartient à cette terre algérienne. À l’inverse, d’autres entretiennent la polémique contre Camus parce que c’est un facteur de légitimation du pouvoir politique en place."
De même on pouvait lire un extrait d’une lettre de Jacques Derrida à Pierre Nora, dans le hors-série Camus de Philosophie magazine (avril-mai 2013). Lettre où il répond à Pierre Nora au sujet de Camus, en démontant les polémiques que Nora reprend à son compte. Derrida considérant, lui, que L’Étranger est un livre algérien, à valeur historique (non comprise par Sartre). Au sujet du nationalisme algérien et ce qu’en pensait Camus (alors que la critique de tout nationalisme, y compris français, est légitime, comme "valeur réactionnaire") il rappelle que Camus avait raison d’y voir "une formule passionnelle". Derrida critiquait ensuite la thèse de Nora sur la reprise de certains éléments par des "ultras" (ce qui, pour Nora, invaliderait donc tout argument ainsi repris). Derrida refuse cette conception des tabous et cette notion de "complicité objective" employée là, qui a voulu réduire Camus au silence. Ces rejets de ce qui serait aussi argument récupéré par des extrémistes sont à l’origine de toutes les dérives idéologiques, dit-il. "Tous les dogmatismes et tous les sectarismes commencent là, les révolutionnaires et les autres…". (…) "Tels actes, attitudes ou omissions du FLN ou de la gauche française ont probablement plus fait pour l’ultraracisme que les silences tourmentés de Camus."
Jean Daniel, natif de Blida, dans le hors-série du Monde (sept-nov 2013), après avoir évoqué la magnifique correspondance de Camus et Char, dit qu’il n’est "pas facile de parler de Camus sans évoquer l’antienne de son algérianité".
Et Si José Lenzini a écrit sur Albert Camus et Mouloud Feraoun, c’est justement, explique-t-il (Le Point hors-série), parce qu’ils représentent "deux Algéries qui se déchirent, mais se complètent".
Dans le "Dossier Camus" du magazine en ligne The Dissident, il y a eu de beaux textes d’auteurs algériens, comme ceux, par exemple, de Khalil Hebib et Tawfiq Belfadel… Pas loin des mémoires ou réflexions de Marie-Paule Farina, Luc Demarchi, Hubert Ripoll, ou moi. Et d’autres…
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ANALYSE CRITIQUE D’HISTORIENS
Par Jean-Jacques Jordi et Guy Pervillé. Rédigé "avec la coopération de plusieurs historiens", dont Gérard Crespo.
Leur critique est cosignée par d’autres historiens, et soutenu par plusieurs universitaires, dont Jacques Frémeaux, historien.
Ils disent leur déception.
"Après l’avoir lu, nous l’avons longuement étudié et nous en avons débattu, sans doute parce que nous en attendions beaucoup. Mais au final, nous sommes restés sur notre faim."
Pour eux, les préconisations qui suivent l’analyse générale sont "relativement décevantes". Car en historiens ils attendaient des propositions permettant de penser la réconciliation (mémoire et histoire) entre les pays, non limitée à celle qui concerne surtout les groupes concernés en France, et à des initiatives d’apaisement ne concernant que la France vers l’Algérie. Le rapport leur semble correspondre plus à un texte découlant d’un point de vue d’opinion, plus que d’Histoire.
Limites encore, soulignent-ils, du fait de l’attitude du gouvernement algérien, qui n’a jamais répondu aux propositions de présidents précédents et ne tient pas à répondre à celles qui viennent de celui-ci. Ils rappellent pourquoi. Histoire officielle, surévaluation du nombre de morts, archives fermées, vocabulaire excessif.
Si les groupes concernés sont pris en compte par Benjamin Stora, c’est de manière orientée, notent-ils, tenant compte surtout de certaines mémoires conformes à ses orientations, et moins des autres.
Ils enregistrent le fait qu’il écarte la notion de repentance, ce qu’il faut, mais pas assez nettement, alors que les Accords d’Evidant, d’amnistie, ne sont pas compatibles avec excuses et repentance. Ils rejettent l’aberrante proposition de panthonéisation de Gisèle Halimi, en expliquant pourquoi, et proposent plutôt William Lévy, SFIO d’Alger, assassiné par l’OAS (son fils, rappellent-ils, le fut par le FLN…). De même ils dénoncent les reconnaissances de personnages héros de l’indépendance (que l’Algérie reconnaît, ou pas, mais c’est son affaire, la France ayant d’autres personnes qui mériteraient amplement d’être reconnus. Autres propositions critiquées, celles qui semblent vouloir donner 'des gages au FLN’.
Les historiens signataires critiquent des erreurs et manques, concernant notamment la question des disparus (natifs européens d'Algérie et militaires français). Les massacres des harkis en Algérie sont peu traités dans le rapport, et minorés.
Ils notent encore des propositions malheureuses et proposent d’autres moyens d’avancer en faisant un travail d’histoire.
Ils retiennent cependant l’idée émise par Benjamin Stora d’une commission "vérité et réconciliation", pour passer "des mémoires à l’histoire". Si l’impartialité est respectée.
Pour les précisions lire leur communiqué (suivi des signatures).
Texte lisible sur le site de Guy Pervillé...
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Dans la même direction critique le cinéaste Jean-Pierre Lledo (pas historien mais très connaissseur de l'histoire de son pays natal, et de nationalité, et qui, de plus, a mené des enquêtes en documentariste, notamment sur le 5 juillet) voici un échange révélateur...
Ces articles montrent les failles de la posture historique de Benjamin Stora, et d’avance portent des éléments critiques au sujet du rapport, forcément atteint par les occultations présentes dans la vision de B. Stora, trop freinée par idéologie.
De Jean-Pierre Lledo, cinéaste algérien, sur le 5 juillet 1962, massacre à Oran… Huffingtonpost, 05-11-2013… https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/algerie-...
Suite, JP Lledo, 06-11-2013... https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/algerie-...
Réaction de Benjamin Stora et Gilles Manceron… https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/ne-pas-i...
Réponse de JP Lledo, 28-11-2013... https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/qui-parl...
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SYNTHÈSE CRITIQUE, par Mohand Hamoumou (spécialiste de l'histoire des Harkis).
Accent mis sur les manques concernant Harkis, Pieds-Noirs, militaires et Algériens. Décryptage des failles du rapport, dans La Croix.
… Il considère que les faiblesses du rapport sont causées par des insuffisances graves qui ne peuvent pas aider à apaiser les tensions. Il réagit notamment aux occultations concernant l'histoire des Harkis et des Pieds-Noirs (mais aussi des militaires et des Algériens), et il met en question la proposition de panthéonisation de Gisèle Halimi, proposant d'autres noms, comme hommage à des personnalités…
...CITATIONS... "Côté apaisement en France des différents groupes aux mémoires blessées, le rapport est décevant. Pieds-Noirs et Harkis ne tarderont pas à le faire savoir. Non pour ressasser un passé ou pour s’enfermer dans des postures d’opposition politicienne mais simplement parce que le sujet est évacué comme si Benjamin Stora ne voulait pas gêner le pouvoir algérien ou ne parvenait pas à dépasser certains préjugés. Car ce n’est pas par méconnaissance, tant est connue l’érudition de Benjamin Stora sur la guerre d’Algérie.(…) Son rapport recommande d’accueillir au Panthéon Gisèle Halimi avocate ayant défendu, comme Jacques Vergès, les nationalistes algériens, mais aucune proposition de personnalité Pieds Noirs, ou militaire ou « harki » comme le Bachagha Boualem, vice-président de l’Assemblée nationale, dont plusieurs fils sont morts pour la France, ou le capitaine Rabah Khellif, qui eut le courage de désobéir pour sauver des Pieds Noirs le 5 juillet 1962 à Oran. (...) Parce que c’est le regard d’une seule personne, il comporte de nombreux « trous de mémoire » sur l’histoire des Harkis, Pieds Noirs, militaires et Algériens, avec le risque de raviver des tensions alors qu’il cherchait à les apaiser." Rapport Stora : qu’en fera le Président ? La Croix, 27-01-21… https://www.la-croix.com/Debats/Rapport-Stora-quen-fera-P...
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Synthèse simple pour lectorat de 10-15 ans. Le rapport et ses limites... Rappel du fait que la guerre d'Algérie est un sujet assez tabou, du fait des mémoires différentes, en France même. Et constats (position de l'Algérie, et faiblesses du rapport au sujet des Harkis et des Pieds-Noirs)… https://www.actuailes.fr/page/2219/le-rapport-stora
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SYNTHÈSE des RÉACTIONS… vues à l’étranger
Regard étranger, USA, magazine Foreign Policy, 13-02-21 qui rend compte de plusieurs réactions… EXTRAIT…
"Stora estime qu’environ 7 millions de personnes vivant actuellement en France ont des liens avec le passé algérien du pays — et peu d’entre elles, ou celles vivant en Algérie, semblent satisfaites de son rapport final.
Christian Fenech, président de l’association Racine Pieds-Noirs, note que « la France est tombée dans un piège tendu par les autorités algériennes », qu’il affirme que Stora cherche à apaiser par des mesures symboliques qui « vont essentiellement dans le sens du repentir et des excuses ». À cet homme de 58 ans, dont les parents ont quitté l’Algérie pour le continent juste avant sa naissance en 1962, l’État français évite des débats plus significatifs, comme la gestion « désastreuse » du conflit par de Gaulle.
Une organisation de premier plan représentant les harkis a également critiqué les recommandations de Stora pour avoir ignoré leurs… revendications permanentes, comme la pleine reconnaissance de la responsabilité de la France de désarmer et d’abandonner ces troupes à la merci du Front de libération nationale à la fin de la guerre, et de détenir ceux qui ont traversé la Méditerranée dans des camps sordides.
En Algérie aussi, la plupart des réactions ont été loin d’être enthousiastes. Bien qu’il n’ait pas mentionné explicitement le rapport, un porte-parole du gouvernement a récemment demandé à la France de reconnaître ses « crimes coloniaux »." …………… L’article originel, en anglais… https://foreignpolicy.com/2021/02/13/france-algerian-war-...
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RÉACTIONS des communautés particulièrement concernées, France. Pieds-Noirs, Harkis, anciens combattants…
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PIEDS-NOIRS
Pour les Pieds-Noirs, plaies ravivées... La Provence, 31-01-21.
Communiqué de l’association Racine Pieds-Noirs…
Une critique argumentée…
"Disproportion des gestes symboliques proposés… Des enjeux géopolitiques qui ne tiennent pas compte des aspirations de la population.… Une méthodologie non adaptée qui pose sur des faits historiques un regard sans contextualisation. (Citation : 'Les conclusions s’en trouvent de notre point de vue faussées tandis que l’éclairage des conditions de l’époque permettrait de repositionner et d’appréhender, sans pour autant cautionner, les faits advenus.En d’autres termes,nous ne défendons pas ici, ni ne pourfendons la colonisation. C’est un fait historique qui caractérise toute l’Histoire de l’humanité depuis sans doute sa préhistoire. Cette autre méthodologie permettrait simplement d’aborder tous les points de façon apaisée en les expliquant précisément et ainsi comprendre, sans chercher à approuver ou à réprouver, les réelles motivations de cette conquête française et les soubresauts qui suivront.
La France est elle-même le fruit de la conquête et de la colonisation romaine, comme l’Algérie s’est construite et dénommée par rapport à la conquête française. Comme toute épopée humaine, cette période connut de belles rencontres, réalisations et réussites mais aussi de lourds travers qui pèsent encore de nos jours et qui ne sauraient être levés par un simple acte de contrition unilatérale.’) … Les débats nécessaires évacués.… Les revendications mémorielles occultées…" http://www.racine-pieds-noirs.org/index.php?id=9
Sur le site du Cercle algérianiste d'Aix, sous le titre Rapport Stora : Pieds-Noirs les oubliés, les éléments critiques sont posés à travers l'analyse d'un historien, Pierre Vermeren, qui, sur France Culture, Pour répondre à la question de la "réconciliation des mémoires française et algérienne" exprime de sérieuses réserves. Il fait remarquer que le partenaire algérien qui devait travailler avec Benjamin Stora (archiviste, pas historien - "l'historiographe officiel"...) n'a pas participé, l'Algérie restant en retrait. Ensuite il rappelle la réaction algérienne, réclamant excuses et repentance. Ce qui est résumé là, justement, par "l'instrumentalisation de la guerre d'Algérie par le pouvoir algérien". Rappel ensuite de la concurrence mémorielle. Donc problème de date de fin de la guerre ("la pire des violences" ensuite). Et non reconnaissance des crimes de la France dont les Harkis sont victimes. L'historien suggère qu'une reconnaissance (pour les Pieds-Noirs) commencerait par le rappel de leur participation au débarquement de Provence. Et en conclusion l'historien considère que les Pieds-Noirs sont oubliés dans ce rapport...
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HARKIS.
France Culture, 26-01-21. "Le rapport de Benjamin Stora sur 'les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie' fait bondir les harkis et leurs descendants. Le Comité National de Liaison des Harkis (CNLH) reproche à l’historien de ne pas avoir été consulté pour sa rédaction. Un sujet toujours douloureux."
Position du CNLH (Harkis).
Il dénonce le minimalisme du rapport, et l’absence de débat préalable....
Communiqué du CNLH (du 16-11-21). Déjà très éclairant…
Initiative du CNLH, une TRIBUNE de filles et femmes de harkis met en question le rapport Stora. Examen précis de points problématiques…
CITATION.
"Le rapport Stora sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie » obéit à des considérations politiques et non historiques, au préjudice de la vérité sur les harkis, se scandalisent Fatima Besnaci-Lancou et Dalila Kerchouche et leurs 49 cosignataires**, toutes douloureusement concernées par cette tragédie.
Héritières de la mémoire meurtrie des Harkis, ces anciens soldats recrutés par l’armée française durant la guerre d’Algérie, nous ne pouvons nous taire après avoir lu le rapport de l’historien Benjamin Stora, à propos des «questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie», remis au président de la République le 20 janvier 2021. Si l’on peut saluer certains de ses aspects, ce travail nous surprend et nous heurte, tant les Harkis se retrouvent, dans ce document, réduits à la portion congrue, et, surtout, évoqués d’une façon tendancieuse accompagnée d’omissions significatives.".. https://www.lefigaro.fr/vox/societe/nous-filles-et-femmes...
Les signataires expriment aussi leur désaccord avec la panthéonisation de Gisèle Halimi… Citation. "D'après les signataires de la tribune, Gisèle Halimi a «affiché en plusieurs occasions son mépris pour les harkis», notamment sur la radio France Inter, le 3 mai 2010, quand elle avait expliqué qu'elle appelait «femmes harkis» les femmes qu'elle considérait comme «ennemies de la femme»."... https://www.20minutes.fr/societe/2964251-20210128-rapport...
Denis Peschanski, président du Conseil scientifique du Mémorial du camp de Rivesaltes (dont fait partie Fatima Besnaci-Lancou), a réagi (échanges publics sur Facebook) aux manques du rapport de Benjamin Stora, qui a diffamé Fatima Besnaci-Lancou et les Harkis, qu’il situe à l’extrême droite, signe d’ignorance - tant de l’itinéraire de la chercheuse qui a travaillé avec la LDH (d’où le nom de l’association "Harkis et droits de l’homme") que de la population des Harkis et de leurs familles, dont beaucoup ont des engagements qui se situent plutôt dans les courants centristes ou de gauche. Ignorance liée notamment à l’oubli du statut de beaucoup de harkis, assimilés à tort uniquement à des combattants quand ils étaient souvent des fonctionnaires d’État.
Répondant à cela Denis Peschanki mentionne les graves lacunes et les erreurs du rapport Stora, faiblesses dues à l’absence de travail collectif.
Association Harkis et droits de l’homme. Critique du rapport Stora, première partie…
Harkis : les provocations du rapport Stora.
Texte complet de la tribune parue dans Le Figaro (texte enrichi de nombreuses signatures).
Provocations, pourquoi ?
Car rapport "truffé d’approximation, de raccourcis…"
Texte qui "loin d’apaiser ravive les plaies".
Donc "Des héritiers et héritières de la mémoire des harkis s’insurgent contre cette lecture erronée, biaisée et ho,nettes de l’Histoire."
Expression d’une "stupeur" devant la réduction de la place des harkis. Et "tant ce rapport comporte d’erreurs, d’oublis et d’approximations, avec une proposition inacceptable et, au moins, une falsification". Examen du texte (Ce qui suit… ). Critique du vocabulaire choisi (révélateur des biais de lecture de l’Histoire), des "idées reçues" et des "faits tronqués". Plus des propositions inadéquates et oublis… Dont une proposition choque particulièrement, celle de la panthéonisation de Gisèle Halimi. Au Panthéon, alors, plutôt Henri Alleg (auteur de La Question). À Gisèle Halimi , qui méprisa les Harkis, la tribune-communiqué oppose des femmes réellement humanistes, comme Simone Veil et Germaine Tillion, qui méritent amplement l’honnneur rendu…
Association Harkis et droits de l’homme. Critique du rapport Stora, deuxième partie…
Les harkis un détail de l’histoire ?
Dans cette partie les disparus sont évoqués. Notables algériens assassinés, harkis massacrés - après la fin officielle de la guerre. Donc problème de date à propos de la fin de la guerre.
Enfin le texte dénonce le fait que Stora assimile à l’extrême droite toute critique des actes du gouvernement de De gaulle, reprenant là les idées reçues et déformations idéologiques de la réalité. Mention de l’oubli du Mémorial du camp de Rivesaltes (c’est choquant). Démonstration faite avec humour des "sophismes" de Stora (à lire dans le texte). Rappel, dans cette partie, du fait que le président de l’association des Pieds-Noirs progressistes a été interviewé par Stora. Évidemment : idéologie conforme et dénis similaires...
L’AHDH, Association Harkis et Droits de l’Homme (fondée par Fatima Besnaci-Lancou) souhaite que l’on cesse, “par des simplifications, d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée, de cultiver les haines pour s’en servir”. Cairn info/Après demain. https://www.cairn.info/revue-apres-demain-2008-3-page-47....
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ANCIENS COMBATTANTS
L'UNC, Union Nationale des Combattants, qui regroupe anciens combattants et veuves de guerre ou orphelins, a réagi de manière mesurée et serait prête à coopérer dans un travail à venir. Se félicitant de l'absence de mention de repentance, elle récuse la date de fin de guerre (19 mars) qui occulte des massacres et s'oppose à des panthéonisations de personnalités qui ont pu légitimer des crimes. Mais l'association n'a pas repéré certaines erreurs ou occultations.
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RÉACTIONS algériennes et internationales
Dans Courrier international, revue de presse de réactions algériennes et internationales. Scepticisme car l’Algérie (la guerre, la décolonisation) est une tragédie difficile à traiter en France. Mais rappel d'une des propositions (une commission qui aurait pour ambition d'aller au-delà dans la recherche de vérité)…
Aux réactions algériennes critiques. Benjamin Stora a répondu dans Le Quotidien d'Oran...
L'Algérie voulait qu'il reprenne sa demande de formulation "d'excuses" par la France, ce qui n'est pas adéquat pour le rédacteur du rapport. À lire sur Bfmtv, 25-01-21 (Dans un entretien avec un historien algérien, L’Express du 22-01-21, on voit que certains vont très loin dans l’escalade du langage revendicatif. Mais cette réponse suffit à situer le sens de ces positionnements)… https://www.bfmtv.com/societe/france-algerie-benjamin-sto...
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MÉMOIRES, BLESSURES, TRAUMATISMES… TEXTES et TÉMOIGNAGES
Un spectacle pour la mémoire…
'Aucun n’a jamais pu comprendre
Ce qu’il te restait à attendre
Sur les routes de sable et de sel
Entre le Coran, le Missel.'
Harki mon père (extrait)
Les Enfants du soleil (spectacle musical mis en scène par Alexandre Arcady - histoire de trois familles exilées, origines diverses)
DOSSIER
"Sept millions de personnes auraient, en France, un lien avec l’Algérie." Le Nouvel Obs a demandé à 27 personnalités algériennes, franco-algériennes, ou françaises, de témoigner. Je relève quelques noms (dont quelques pieds-noirs)…Un article par personne, donc un grand dossier (des vécus et des regards très divers).
Boualem Sansal, écrivain
Nicole Garcia, actrice et cinéaste
Alice Zeniter, écrivaine et dramaturge
Magyd Cherfi, chanteur et écrivain
Cédric Villani, mathématicien et député
Jacques Ferrandez, bédéiste
Nina Bouraoui, écrivaine
Laurent Beccaria, éditeur (Les Arènes)
Julien Dray, ancien député, cofondateur de SOS racisme
Kahina Bahloul, imane
Philippe Labro, journaliste et écrivain
Michèle Audin, fille de Maurice Audin
Bachir Hadjadj, écrivain
Françoise Fabian, comédienne
Nos mémoires d’Algérie, Nouvel Obs, 27-01-21
LIVRE
Mémoire, exil…
Mon Algérie. 65 personnalités témoignent.
de Monique AYOUN et Jean-Pierre STORA (et auteurs de témoignages), préface d’Alain Virccndelet.
Éds. Acropole, 1989. Rééd. Hugo & Cie éds., 2012.
(Sur la page de Decitre, sommaire et résumé donnant les noms d’auteurs de textes. Comme Roland Bacri, Marie Cardinal, Edmond Charlot, Jean Daniel, Nicole Garcia, Jules Roy. Et Patrick Bruel, Robert Castel, Enrico Macias, Marthe Villalonga… etc.
ARTICLE. En France, le drame des harkis, trahis à la fin de la guerre d'Algérie, marginalisés puis effacés de notre mémoire collective, constitue le plus grand scandale politique, social et humain de ces quarante-cinq dernières années. / Pourtant, aucun gouvernement n'a reconnu la responsabilité de l'Etat français dans cette tragédie. Aujourd'hui encore, les politiques de tous bords restent obstinément mutiques. Ce silence, véritable déni de justice mais aussi négation de la souffrance des harkis et de leurs enfants, est une plaie béante dans notre histoire commune. Dalla Kerchouche, tribune, Harkis, l’histoire d’un déni, Le Monde, 06-10-06... https://www.lemonde.fr/idees/article/2006/10/06/harkis-l-...
ENTRETIEN. "Je suis fille d'anciens harkis et donc personnellement concernée par ce combat que je mène. Mais c'est aussi celui de près d'un million de personnes, toutes générations confondues. Nous luttons depuis des années pour que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans les massacres perpétrés à la fin de la Guerre d'Algérie. Ne serait-ce que quelques mots, de quoi « soulager » ceux qui en ont souffert et qui en souffrent encore aujourd'hui. L'armée a laissé ces hommes à l'abandon, sur place, avec des conséquences désastreuses pour eux et leurs proches. Autre scandale : les harkis rescapés, qui ont pu quitter l'Algérie à ce moment-là et rejoindre la France, se sont ensuite retrouvés dans des camps, faute - soi-disant - de travail et de logement. Nous étions pourtant en pleine période des trente glorieuses... Et pour avoir grandi dans ces camps, de 8 à 23 ans, je sais que la vie n'y était pas facile". Fatima Besnaci-Lancou, entretien, L’hebdo du vendredi, 21-11-11 (suite à une expo réalisée avec la Licra)… http://www.lhebdoduvendredi.com/article/5092/fatima-besna...
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MÉMOIRE, HISTOIRE. TERRORISME. CITATIONS
"À Alger, c’est la terreur. Les gens circulent tout de même et ceux qui doivent gagner leur vie ou simplement faire leurs commissions sont obligés de sortir et sortent sans trop savoir s’ils vont revenir ou tomber dans la rue."
Mouloud Feraoun, Journal 1955-1962 (14 mars 62, dernière page avant son assassinat par l’OAS).
"Je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques, stratégiques. Il y a eu envers les Pieds-Noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont l’Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens."
Hocine Aït Ahmed (1926-2015) ancien chef historique du FLN, indépendantiste engagé, juin 2005, lettre à la revue Ensemble, n°248.
"Je pense qu’il existe des situations où tous les hommes médiocres deviennent criminels. La guerre d’Algérie est une de ces situations. Seuls des chefs de grande valeur morale et intellectuelle auraient pu prendre conscience du glissement et, par des ordres stricts, l’enrayer."
(…)
"Dire le vrai ne suffit pas, il faut dire le juste."
Germaine Tillion, À la recherche du vrai et du juste.
"Le terrorisme est la justification des tortures aux yeux d'une certaine opinion. Aux yeux d'une autre opinion, les tortures et les exécutions sont la justification du terrorisme."Germaine Tillion, Les ennemis complémentaires
Albert Camus, ce qu’il a vraiment dit à Stockholm : "Je dois condamner aussi un terrorisme qui s'exerce aveuglément dans les rues d'Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice."
"On peut continuer comme depuis 1962 à ne faire entendre que les vainqueurs et à faire de la violence le seul moyen de légitimation et la seule valeur qui vaille la peine d’être considérée. Mais ce n’est pas une façon responsable d’aborder notre histoire et ses conséquences sur le présent."
Anouar Benmalek, Algérie News, 01-11-2009
et...
"Je soutiens, quant à moi, que la guerre de libération était indispensable, mais que les crimes commis en son nom ne l’étaient pas… Le FLN n’a jamais condamné les crimes de guerre d’Amirouche et de (…) Mohammed Saïd… Il les a de facto cautionnés et repris à son compte."
Anouar Benmalek, El Watan, 28-05-2010 (et site de l’auteur)
Mémoires blessées, sur les deux rives…
"Qui dira l’ébranlement, jusque dans les profondeurs de la psyché collective des deux communautés, de deux peuples si longtemps et si subtilement liés, en dépit des apparences, par une réelle familiarité allant parfois jusqu’à la connivence, provoqué par ce divorce cruel qui aurait pu avoir lieu, à l’amiable ? Une génération ne sera pas de trop pour panser les plaies ouvertes par ce conflit entre Méditerranéens, entre nations riveraines d’une même mer, dont les cicatrices seront peut-être indélébiles.
Il est vrai que la structure religieuse de l’Islam ne laissait guère entrevoir la possibilité d’un brassage ethnique."Marc Faigre, dans le supplément consacré à Gabriel Audisio par la revue Sud, 1978
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HISTOIRE, guerre (colonisation et décolonisation)
Harkis et Pieds-Noirs. Des mémoires douloureuses. Hérodote...
Les harkis, une mémoire enfouie. LIVRE de Jean-Jacques Jordi, 1999…
Un silence d’État, les disparus civils européens de la guerre d’Algérie. LIVRE de Jean-Jacques Jordi, historien, 2011. Decitre (résumé et sommaire..).
Colonisation et décolonisation. Injustices et répression (et mémoires algériennes)…
Attentats pendant la guerre d’Algérie… FLN et OAS
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ARTICULER MÉMOIRE et HISTOIRE… Analyses.
ARTICLE. Paul Ricoeur, sur mémoire histoire oubli...
LIVRE. La concurrence mémorielle, de Jérôme Jamin
ARTICLE. Algérie, la mémoire blessée. Nouvel Obs, 27-01-21
Par Cécile Prieur
Comment réconcilier les mémoires française et algérienne ? France Culture, 25-01-21...
"Dans les histoires mêlées de la France et de l’Algérie, il y a la mémoire des harkis, celle des pieds-noirs, des appelés, des indépendantistes, des immigrés puis celle de leurs enfants."
Précieuse FICHE du Figaro sur mémoire et histoire (pour le bac, mais très utile rappel au-delà...).
Claire distinction en début et fin de fiche.
Les traumatismes de la guerre d’Algérie y sont un exemple, suivi d'autres.
D’abord, les définitions…
Se référant notamment à la distinction que fait Pierre Nora ("la mémoire sourd d’un groupe qu’elle soude" - donc risque de "communautarisation des mémoires" comme il y a un risque d’Histoire officielle) la fiche clarifie ainsi les notions : "La mémoire renvoie aux souvenirs (d’une personne, d’une communauté) et l’Histoire au récit des événements passés." (…) "L’Histoire appartient à tous et à personne, ce qui lui donne une vocation à l’universel. Seule l’Histoire est analyse critique."
La mémoire est "ressource" et "matière historique". Mais objectivité et subjectivité se croisent. Et les "enjeux mémoriels" interfèrent avec l’Histoire, autant que les enjeux ou implications "politiques et idéologiques" ou les "tentatives d’instrumentalisation".
Relire cette fiche est un bon préalable à toute réflexion sur les questions que peut poser le rapport Stora et l’intérêt qu’il peut présenter, ou les critiques qu’il peut provoquer…
(Pas sûr que le lien s’ouvre toujours. J’ai pu lire, pas relire…)
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Le PRÉSENT algérien, vu par Jacques Ferrandez, bédéiste pied-noir qui a créé toute une série d’ouvrages sur la guerre (Carnets d’Orient, jusqu’à Terre fatale), l’identité (Fils du Sud), les ouvrages de Camus, et continue son parcours dans et sur l’Algérie actuelle… Fraternel et fidèle à lui-même, son regard est juste, fait d’empathie et lucidité.
Le présent algérien est aussi dans la presse algérienne et les chroniques libres (blogs, posts Facebook, etc.). Lire Liberté, El Watan, Le Matin d’Algérie…
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LE FUTUR de L’ALGÉRIE ? Pas séparable de la France, quoi qu’on dise sur une rive et l’autre, ne serait-ce que par le nombre de Français liés originellement à ce pays.
Le futur algérien, aussi, a besoin de la guérison des mémoires. Et si certains considèrent que le rapport Stora est une affaire franco-française qui ne les concerne pas, d’autres s’y intéressent et le commentent sur les réseaux sociaux, conscients que l’enjeu est double, algérien et français Puisque le rapport en question, malgré ses limites et failles, est un pas, un commencement de parole : bien des textes et livres ont été publiés déjà mais leur statut était autre. Ce rapport, par les réactions qu’il déclenche peut amorcer un processus de retour au réel. MAIS SI les critiques sont aussi prises en compte. Comme la France l’Algérie a besoin de faire retour lucide sur l’histoire et la manière de penser l’histoire, pour se libérer des instrumentalisations de l’histoire officielle.
Intervention de l'historien Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb, sur les défis de l'Algérie. En 2018 (mais questionnements toujours actuels), Institut Diderot...
Un rêve qui trouve ses mots.
Dans un ouvrage collectif, par exemple.
J’ai rêvé l’Algérie.
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Le FUTUR des relations France-Algérie ?
Excuses ? Retours sur l'histoire ? (Qui est concerné ?)
Voir les citations sur la page de France Culture, 23-01-21.
Dont celle-ci (qui mentionne différentes identités algériennes de natifs ou descendants en les distinguant des identités et mémoires métropolitaines) :
"À qui s’adressent les excuses ? Je ne suis pas sûre que ça s’adresse à l’Algérie. (…). La colonisation ne concerne pas uniquement les Algériens (les Algériens en Algérie, les immigrés, les harkis, les pieds-noirs) ??? C’est un débat autour de la responsabilité dans cette histoire : comment assume-t-on une responsabilité face à cet épisode dramatique de l’histoire et pour qui l’assume-t-on ?"
Karima Lazali
Complément très intéressant, cet éclairage tunisien analysant la différence entre le regard porté par l’Algérie et la Tunisie sur la période coloniale. Comment les choix des pouvoirs et le rapport à la culture peuvent changer le rapport qu’on a avec son histoire, et donc libérer des ressentiments stériles…
Par Rachid Barnat, chronique… Regard tunisien.
Le colonialisme, ce fonds de commerce du FLN.
En 2016 Karim Akouche interrogeait la notion de colonisation en questionnant l’Histoire algérienne. Chronique qui reste d’un intérêt très actuel, au moment où des excuses ou repentances sont demandées par ceux qui demeurent sur la ligne du FLN, pour qui la colonisation sert de thématique manipulatrice.
L’auteur remonte dans le temps de l’Histoire des Berbères, qui furent conquis, arabisés et islamisés . Citations. "Qui a colonisé qui ? Qui a dépossédé qui ? Qui est venu chez qui, qui est arrivé plus tard et qui était là avant tous ? (…) Tous les colonialismes sont décriés sauf le colonialisme arabo-islamique. Pire, celui-ci est nié. Pourquoi la majorité des intellectuels, du Sud comme du Nord, pratiquent-ils la dénonciation sélective ? (…) La diversité des langues et des identités est une richesse pour l’humanité. L’uniformisation est une sorte de fascisme."… https://blocs.mesvilaweb.cat/jrenyer/karim-akouche-schizo...
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Deux notes antérieures complètent le sujet. Littéraires (Audisio, L'École d'Alger littéraire) mais traitant aussi de mémoire, histoire, identité(s) et réel - à travers les parcours d'écrits d'auteurs autour des groupes d'Alger (Alger, Algérie...), et par des analyses en marge des écrits...
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BIBLIOGRAPHIE (et liens vers listes de livres et citations)
Collectif, Ces jours que nous avons tissés (éd. M.A.N, Mémoire d’Afrique du Nord). Par Geneviève Baïlac, Evelyne Caduc, Anne Cazal, René-Jean Clot, Gérard Crespo, Guy Dugas, Jeanine de la Hogue, Jean Pélégri, Jean-Pierre Stora, Geneviève de Ternant, Marion Vidal-Bué, Aline Vignes-Cespédes, Jean-Claude Xuereb, et bien d’autres…
Germaine Tillion. Les Ennemis complémentaires, Minuit éd. 1958.
Mouloud Feraoun, Journal
Jean Pélégri, Ma mère, l’Algérie
René-Jean Clot, Une Patrie de Sel, ou Le Souvenir d'Alger
Coll. Omnibus, Algérie, Les romans de la guerre
Albert Camus, Le Premier homme
Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit…
Kamel Daoud, Mes indépendances, chroniques 2010-2016 (dont certaines rejoignent ce sujet, et une sur l'exil des Pieds-Noirs : Nous n'avons pas eu de Mandela en 62)
Dalila Kerchouche, Mon père, ce harki
Fatima Besnaci-Lancou et Abderahmen Moumen, Les Harkis : idées reçues sur les Harkis Cavalier bleu éds.)
Fatima Besnaci-Lancou. Fille de harki
Fatima Besnaci-Lancou. Harkis au camp de Rivesaltes, La relégation des familles.
Boussad Azni. Harkis, crime d’État : généalogie d’un abandon.
Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou. Les harkis, une mémoire enfouie (Autrement éd.)
Jean-Jacques Jordi, Les Pieds-Noirs : idées reçues sur les Pieds-Noirs (Cavalier bleu éds).
Gérard Crespo et Jean-Jacques Jordi. Les Espagnols dans l’Algérois, Histoire d’une migration
Joëlle Hureau. La mémoire des Pieds-Noirs
Daniel Leconte. Les Pieds-Noirs, Histoire et portrait d’une communauté
Marie Cardinal, Les Pieds-Noirs
Marie Cardinal, Au pays de mes racines (et autres récits, rééd. Grasset)
MC San Juan (et témoignages), Pieds-Noirs, identité et culture (Pemf éds + diffusion J. Gandini).
Jeannine Verdès-Leroux. Les Français d’Algérie, Une page d’histoire déchirée
Mehdi Charef. 1962, le dernier voyage (L’avant-scène théâtre, 2005). (Et M. Charef… Cartouches gauloises, film)
Akli Tadjer. Le porteur de cartable (rencontre d’exil entre deux enfants, un fils de Pieds-Noirs et un fils d’Algériens).
Aziz Chouaki, Les oranges (l'histoire de l'Algérie, à travers un récit, une parole, et l'éloge de Camus...)
Azouz Begag. Le gone du Chaaba (rencontre émouvante entre un instituteur pied-noir et un fils d’Algériens).
Mourad Yelles. Cultures et métissages en Algérie/La racine et la trace (dont chapitre sur les Pieds-Noirs, dans la partie sur les "identités orphelines".
Collectif. J’ai rêvé l’Algérie. Barzakh éd.
Jacques Ferrandez. BD. Les fils du Sud (Carnets d’Orient, Casterman), Terre fatale, Suites algériennes 1962-2019...
Tronchet-Sibran. BD. Là-bas (ou l’histoire du père d’Anne Sibran. Dupuis éd).
Daniel Saint-Hamont. Le coup de sirocco (dont un film a été tiré)
Nicole Guiraud. Survivre (catalogue d’exposition)
Nicole Guiraud et Gérard Crespo. Deux enfants dans la guerre (textes et peintures)
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Anthologies… études… dictionnaire.
Albert Memmmi. Écrivains francophones du Maghreb, Anthologie (Seghers).
Anthologie de la poésie algérienne, Quand la nuit se brise, dirigée Par Abdelmadjid Kaouah
Lucienne Martini. Racines de papier, Essai sur l’expression littéraire de l’identité pieds-noirs
Abderahmen Moumen. Entre Histoire et Mémoire, Les rapatriés d’Algérie, Dictionnaire bibliographique (éds. Jacques Gandini)
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Guerre d’Algérie. Plus de 600 références sur Decitre (avec des résumés)…
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Nombreux titres :
Guerre d’Algérie. Près de 500 titres...
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Harkis. Une vingtaine de livres...
2 commentaires
Marie-Claude tu as fait un travail exceptionnel et je t'en remercie !!
Bonjour, Marie-Claude,
Travail exceptionnel, utile à toutes les formes de pensée.
Je fais suivre à l'ensemble des miens.
Hommages respectueux.
Jacques Villard
Président de la Fédération des Deux Rives
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