Un recueil d'Armand Segura

En quatrième de couverture des indications (éditeur) pourraient faire voir en Armand Segura un poète émotiviste : « Des réflexions douces, quelquefois âpres, la sensualité, l’amour fou, la nature, sont autant de thèmes reliés par les émotions ». Et c’est bien ce qu’on trouve en lisant. Un autre recueil de lui (même édition) était titré Le pouls du corail. Intéressante direction, aussi, la nature telle que vivante.

Cet ouvrage est un livre structuré. Sept chapitres, qui ont eux aussi des titres révélateurs, dont le choix n’a rien laissé au hasard. Comme « Les champs d’émeraudes », « Cosmos », « Le promontoire des sens ».

Exergues. Citations de Blaise Cendrars, Philippe Jaccottet, Anna de Noailles, Joë Bousquet. Ou la saisie de différents mystères, d’univers différents, et l’éloge de la poésie (« ce qu’il y a de plus perdu au monde », selon Joë Bousquet). Un aveu, ce choix, car si la poésie est ce lieu de perte, de fragilité, on sait que l’écriture pourra aborder des douleurs. Mais aussi la « grâce », comme explicité dans le prologue : « La grâce, passant par une fenêtre dérobée à l’entre-temps ou bien conviée par l’artiste, peut surgir d’un nuancier fertile exprimant les demi-teintes, de la douleur à la joie ». Ce texte donnait d’abord quelques clés pour entrer dans les différents chapitres annoncés. Ainsi pour « Cosmos » : « Des frissons de panoramas et des présages de laves, brumes de bonté. »

Les sens sont très présents. Tous. Le regard domine, je crois : des scènes peintes en quelques mots, certaines intimes mais pudiques. Les couleurs, la lumière. Le corps et l’âme... Mais aussi les parfums (« fragrances fragiles » autour d’une robe, « ambre » imprégnant le livre de celle qui l’a posé). Parfois on ne sait pas si c’est méditation ou déclaration amoureuse, si la beauté affirmée dans le poème est le reflet d’un être perçu « un jour de métaphysique ». Les sentiments alternent : goût de la douceur, joie, mais peine et même « douleur de ma rage ». Contre le désespoir qui peut surgir, évoquer le « flacon du bonheur ». Hésitation entre le « détachement » et la conscience des « énigmes » qui retiennent.  Souci des autres, des « compagnons ouvriers ». Et qu’est-ce que « La citadelle de l’âme » ? Peut-être la possibilité de ce qu’on nomme « espérance ». « Bois de rose », j’aime ce titre de chapitre, pour des poèmes d’éloge. Ainsi « Rose et toi », où tout se mêle, des roses et des « arcs-en-ciel rosés » du corps « sous la clarté scrutatrice ». Plus loin c’est, pour clore, « Le pèlerinage de la beauté », qui donne la conclusion du chemin tracé de texte en texte, pour la beauté.

MC San Juan

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LIENS :

Armand Segura, page éditeur https://www.jacquesflamenteditions.com/armand-segura/

Le Belvédère des temps, éd. Jacques Flament, 2022. Page librairie : https://www.librairie-compagnie.fr/livre/9782363365262-le...

Poèmes en ligne (Le pouls du corail, éd. Jacques Flament, 2019), blog Vericuetos (dont textes bilingues espagnol-français, traduction selon l’axe de ce blog, clin d’œil pour ce natif du Maroc aux origines espagnoles) : https://www.vericuetos.fr/poemes-tous-azimuts-du-poete-fr...

Page sur l’éditeur Jacques Flament, décédé en août 2024 (des auteurs maintiennent l’édition en association) : https://www.jacquesflamenteditions.com/jfae/