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PAGES TISSEES, des blogs. Sites, et lecture infinie. Autour de mémoires recherchées, exils...

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Maïtena Biraben , citée par Marie-Laure Delorme, JDD, Regards/Portraits, 05-04-15

Hasard des lectures du jour, exergue trouvé sans le chercher, dans la presse. Citation qui dit exactement certaines choses essentielles. Que ce qui doit être pour donner sens complètement à notre vie ait lieu. Qu’on pose le non qu’il faut poser, comme le font les auteurs de pages qui suivent... Et que des mots cassent les murs intérieurs.

Pages tissées... Des blogs, des sites. Pages personnelles ou simples lectures, colères, engagements, humanisme, poésie, revues et éditions, parfois.

L'image est empruntée au site Vive à Belcourt. La maison représente bien le lieu personnel qu'est aussi un site ou blog...

Murmures et cris. Plus on lit de pages sur papier et plus on lit de pages sur la Toile, et inversement.

 J’aime les blogs de netwriters, de gens qui écrivent vraiment, pas ceux où l’on se contente de faire copie de textes lus... Sauf quand, c’est rare, le montage des choix est une création, un collage qui fait sens. Ici, j’ai choisi des blogueurs que je connais, au moins un peu.  Je ne mets pas toujours  le lien vers l’accueil des sites, mais je choisis souvent une page particulière, que je voudrais faire découvrir.  On peut ensuite voyager dans les pages ouvertes... Tisser ainsi des fils entre les pages des uns et des autres, connus et inconnus, c’est, presque, aussi, tracer un autoportrait, ou portrait en projet, en advenir.

Pour commencer.... Je pose donc des pages précises. Mais ensuite on peut aller découvrir tout ce qui peut être lu d'autre en allant voir l'accueil, les sommaires... Lecture infinie, donc...   

Je regroupe là des blogs qui ont tous en commun de poser une mémoire d'exil, la nostalgie d'une enfance ailleurs, un "Là-bas"...

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Vivre à BELCOURT, site de Luc Demarchi. Petit à petit le site accumule des pages autobiographiques, classées dans les portfolios, et on voit une écriture se définir, s’affirmer. Certains textes offrent des fulgurances. Deux autres pages à lire dans la liste en marge, deux pages que j’aime particulièrement. Parole d’exil, de tendresse, réflexion sur la mémoire, sur le lieu d’ancrage, l’enfance, autrui. Le retour sur soi rejoint l’universalité des émotions. Le lisant on se demande quelle est l’influence des paysages (nature et ville) sur notre formation, quels sont les liens entre les gens d’un même quartier, la fraternité des appartenances, non communautaires, mais d’ancrage dans un espace voisin. Et le passage dans l’imaginaire de l’autre rive (imaginaire car le réel se recrée, et la vision traverse le temps) offre une méditation sur le regard, les perceptions. Je rêve d’un recueil qui regrouperait ces pages en ouvrage à feuilleter. En voilà une, Le rendez-vous manqué (Camus !)... http://belcourtois.com/index.php/projet/le-rendez-vous-ma...

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ARMENIANtrends/Mes Arménies. Voilà ce qu’il donne en accueil comme autoportrait et programmation : « Arménies - traversées de soi, de l'autre - flux et reflux informulés - quête d'Eden - les saisons d'ordalie - accéder aux métamorphoses - scander les gouffres et les cimes - multiple, errant, total ». Oui, traversées de soi, de l'autre : Arménie en thème majeur, mais aussi des poèmes personnels, dispersés ça et là, des pages (et poèmes, aussi), sur les créations d’une plasticienne qui vit entre Allemagne et France, Nicole Guiraud (présente aussi sur mon blog, note et album, listes, etc.), des réflexions que l’histoire ou l’actualité impose, des traductions. Humanisme engagé, fraternité. Là j’ai choisi un poème, L’œil : http://armeniantrends.blogspot.fr/2013/10/loeil.html

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MEMOIRE de Là-bas. Blog d'Hubert Ripoll. LIVRE, liens, commentaires, contributions. Une très belle écriture tente une cartographie identitaire loin de tout enfermement : http://memoiredelabas.blogspot.fr/2009/08/alimentez-vous-meme-memoire-de-la-bas.html

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MEMOBLOG, de Paul Souleyre. Mémoire, encore, mais la recherche de fils et filles de Pieds-Noirs. Questions sur la transmission, l’identité, le rapport avec l’autre rive. Avec la perception d’une deuxième génération d’exil et mémoire (ou oubli : l’amnésie doit parfois être interrogée quand on fait ce chemin vers une vérité de la transmission). Désir de lucidité, même si cela peut déranger des regards venant d’une autre génération, d’une autre approche idéologique (là l’idéologie est évacuée, volonté d’une démarche rigoureuse, plongée en soi, archéologie des passages de témoins des anciens aux plus jeunes, par les mots et par les silences). Un peu d'ordre dans Mémoblog, en accueil : http://www.memoblog.fr/ 

Mais...

Transmission Pieds-Noirs (de Paul Souleyre) succède à Mémoblog, le complète…  http://www.transmission-pieds-noirs.fr/   Dès l'accueil, des visages dans des cercles, visages de ceux qui ont "reçu" ce qui... n'a pas été transmis, ou difficilement, ou raté (comme le dit un père pied-noir, cité dans la page de présentation). Mais la génération des enfants, des jeunes ados, a tout intégré de l'exil et des souffrances. C'est l'inconscient qui trahit, les hasards, les ratages aussi (comme l'explique une des jeunes femmes). Paul Souleyre explore de manière passionnante les signes étranges que tissent le hasard et l'inconscient. Et il sait dire comment on peut flotter dans un vide identitaire (est-ce "identitaire"? je mets ce mot pour traduire) quand l'espace n'a pas accueilli. A travers sa recherche d'Oran (Oran, pas la mémoire de la guerre, pas les histoires de famille : le lieu) il retrouve sa part d'algérianité et aide aussi ceux de sa génération à la retrouver (pour choisir de la savoir, de l'assumer ou de s'en éloigner : l'essentiel étant la prise de conscience de ces dimensions...). La transmission, si elle a sauté une génération, peut se rétablir ensuite. Car le temps est long...

Donc, déjà, lire la page de présentation de sa démarche  http://www.transmission-pieds-noirs.fr/about/

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et...

Les SONGES d'une NUIT. Blog de Pôl Kraly (son pseudo de blogueur). Des notes jusqu’en novembre 2016. Il y a une démarche très personnelle, une recherche. Pages méditées qui cherchent une cohérence entre exigence spirituelle et éthique laïque. Beaucoup de citations, poésie très présente, et des notes sur la spiritualité, ou même l’ésotérisme (ou des approches moins conventionnelles). Puis une
dernière note qui est un adieu, pour dire l’interruption du blog, qui reste cependant disponible, avec toutes ses notes déposées régulièrement, longtemps. Donc, le 29-11-2016, 'Clap de fin’, pour dire qu’il n’y aura plus de signes : 'Une nouvelle aube se lève… et je dis adieu à ce blog tant aimé’ car ‘je dois aller vers d’autres chemins’. C’est signé Franck, qui  ajoute "À bientôt sur d’autres chemins"… Il nous laisse toutes les notes à consulter, les poèmes à lire, les livres mentionnés, et des liens (sites et blogs, où Trames nomades est dans son choix)…  http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/archive/2013/12/1...

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ILAN HALIMI, mémoire et hommage...

ilan halimi,juifs,antisémitisme,racisme,haine,clichés,barbarie,gang des barbares,torture,séquestration,assassinat,idéologie,hommages,humanisme,solidarité,mémoire,conscience,24 joursDix ans. Et, depuis, d‘autres agressions antisémites (doublées en un an d’après les dernières statistiques), et d’autres assassinats, des attentats, plus des constats inquiétants sur le maintien des clichés, la circulation de désinformations issues des théories du complot. La mémoire de ce drame atroce rend palpable la nécessité de lutter contre les idéologies de haine. Ci-dessous des articles pour vérifier nos informations, et d’autres pour y réfléchir…

Ilan Halimi, dix ans après, Le Monde, 13-02-16 : http://bit.ly/1ozvrBM 

Le calvaire d’Ilan Halimi, L’Obs, 21-01-16 : http://bit.ly/1OIA0A6 

Paris XIIème, Le Parisien, Vibrant hommage, 11-02-16 : http://bit.ly/1Tg7FWT 

Hommage, à Bagneux, le 13, ville où Ilan Halimi fut séquestré et torturé, victime de l’antisémitisme abject, des clichés sur les Juifs que le racisme diffuse, HuffingtonPost, 13-02-16 : http://huff.to/1TZXs1m 

INFOS, rappel
 
Le LIVRE témoignage. 24 jours, la vérité sur la mort d’Ilan Halimi. De Ruth Halimi et Émilie Frèche, Seuil, 2009.
Page de l’édition, Seuil… Présentation...
CITATION... "Le vendredi 20 janvier 2006, Ilan Halimi, choisi par le gang des Barbares parce qu'il était juif, est enlevé et conduit dans un appartement de Bagneux. Il y sera séquestré et torturé pendant trois semaines avant d'être jeté dans un bois par ses bourreaux. Retrouvé gisant nu le long d'une voie de chemin de fer à Sainte-Geneviève-des-Bois, il ne survivra pas à son calvaire. /
Dans ce récit poignant, Ruth Halimi revient sur ces 24 jours de cauchemar. 24 jours au cours desquels elle aura reçu plus de six cents appels, des demandes de rançon dont le montant ne cessera de changer, des insultes, des menaces, des photos de son fils supplicié…"
 
Article du Monde sur le livre, 14-04-2009. La mère d’un supplicié témoigne.…
 
ilan halimi,juifs,antisémitisme,racisme,haine,clichés,barbarie,gang des barbares,torture,séquestration,assassinat,idéologie,hommages,humanisme,solidarité,mémoire,conscience,24 joursLe FILM d’Alexandre Arcady, avril 2014. 24 jours, la vérité sur la mort d’Ilan Halimi.
À partir du témoignage de Ruth Halimi…
Fiche wikipedia… 
 
ilan halimi,juifs,antisémitisme,racisme,haine,clichés,barbarie,gang des barbares,torture,séquestration,assassinat,idéologie,hommages,humanisme,solidarité,mémoire,conscience,24 joursAutre LIVRE. Tout, tout de suite, de Morgan Sportès, 2011..
Présentation, à partir de la page de Decitre… (Livre disponible aussi en livre de poche).
CITATIONS… "Vous qui entrez ici, laissez toute espérance. Ce livre est une autopsie: celle de nos sociétés saisies par la barbarie. En 2006, après des mois de coups tordus et d’opérations avortées, une petite bande de banlieue enlève un jeune homme." (…) "Séquestré vingt quatre jours, soumis à des brutalités, il est finalement assassiné."... 
 
Entretien avec Morgan Sportès, le Point, 19-08-2011…
CITATIONS… "Tout, tout de suite, un roman-enquête sur l'effrayant crime du Gang des barbares, est aussi un pamphlet politique, explique l'écrivain français."...

LIENS, fiches et articles... 

DOSSIER sur wikipediaL’affaire du gang des barbares : https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_gang_des_barbares 

Et en anglais une note titrée Ilan Halimi : https://en.wikipedia.org/wiki/Ilan_Halimi 

Entretien avec Emilie Frèche, (co-auteur du livre sur le calvaire d'Ilam Halimi et co-scénariste du film sur ce drame), CCLJ. "L'antisémitisme, notre problème à tous"... http://bit.ly/1XqRAxZ  

Un texte de Jean-Yves Camus, en 2006, CCLJ, "Un antisémitisme sans idéologie ou la banalité absolue du mal"... http://bit.ly/1R27CMr

Article, Le Figaro, 02-04-2009, sur le livre "24 jours", par Ruth Halimi et Émilie Frèche...  http://bit.ly/1i3wnZm 

……………...Mise à jour, 2016 + 2018………………
 
Tout, tout de suite. Le FILM de Richard Berry (mai 2016)
Fiche wikipedia…
 
Article du Figaro, 10-05-2016, sur le film de Richard Berry. Créé à partir du livre de Morgan Sportès. ‘Tout, tout de suite : autopsie du mal’...
 
Entretien avec Morgan Sportès au sujet de son livre. Le Figaro, 09-02-2018 (pour les formules du début, le reste n’étant pas lisible en ligne). "Les ingrédients sont là pour saper ce qui reste de nos civilisations."...
CITATION… "… l’explosion de la violence dans certains quartiers, fruit de la rencontre entre l’islamisme et l’ère du vide."…

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14/02/2016 | Lien permanent

Fraternité et résistance... Penser la tension en soi, choisir la vie, la « spiritualisation de nos vies »...

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Teilhard de Chardin, cité par Abdennour Bidar

Mon cœur est devenu capable / d’accueillir toute forme.

(...) Car l’amour est ma religion et ma foi.

Ibn Arabi, cité par Abdennour Bidar 

Deux livres, dont l’un précède l’autre de plusieurs années, trois auteurs, et des expressions récentes répondant à l’actualité (entretiens, articles, tribunes, éditoriaux, émissions). Ce qui est proposé c’est de faire l’effort de penser la réalité en prenant du recul par rapport aux émotions d’abord traversées, en se remettant dans la rationalité de l’exigence fraternelle. Il y a le NON du refus du terrorisme. Mais il y a le OUI de l’engagement qui concerne chacun. Abdennour Bidar nous dit (Albin Michel, 2015) qu’il faut passer des luttes CONTRE aux actions POUR. Sortir du négatif. C’est au citoyen en chacun qu’il s’adresse dans son Plaidoyer, texte indispensable qui répond à l’urgence d’agir (la nôtre, implication concrète, individuelle).
 
Ghaleb Bencheikh et Antoine Sfeir s’adressaient  (en 2008, éd. Bayard) aux islamistes, pour une parole autre, pour dénoncer les pièges. En 2015 le message est toujours valable, mais il est complété, enrichi par leur expression récente : textes divers éclairants.

ibn arabi,abdennour bidar,ghaleb bencheik,antoine sfeir,fraternité,islam,société,idéologie,religions,spiritualité,mystique,amour,culture,ignorance,islamisme,livres,citations,engagement,humanisme,interculturel,interreligieuxNous avons aujourd’hui l’occasion historique de changer d’ère en changeant de vision de l’homme. En échangeant cette mesure de l’homme à partir de son inhumanité contre sa mesure à partir de son humanité. / Le sacré de la fraternité n’impose rien. Il laisse être. 

Abdennour Bidar, Plaidoyer pour la fraternité, Albin Michel Spiritualités, 2015 

Savoir endiguer la déferlante extrémiste, ravaler le délabrement moral, guérir du malaise existentiel, en finir avec l’indigence intellectuelle et la déshérence culturelle. Telle est la vision programmatique pour sortir de l’ornière dans laquelle nous nous débattons. L’extrémisme est le culte sans la culture ; le fondamentalisme est la croyance sans la connaissance ; l’intégrisme est la religiosité sans la spiritualité. 

Ghaleb Bencheikh, Éditorial, site Religions pour la paix, 10-01-15... http://bit.ly/1BDoYcc

Appartenir à deux cultures, loin de créer un choc de civilisations, est au contraire une richesse ; mais s’en tenir exclusivement à une soi-disant "culture d’origine", qui renie l’Autre dans son essence, risque pourtant d’engendrer un choc de cultures.

Antoine Sfeir, Éditorial, Cahiers de l’Orient N° 118, note de son blog, 05-02-15 : http://bit.ly/1FkLAQn

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Ni déni ni haine chez Abdennour Bidar. Au contraire. Nuances dans le regard porté sur l’islam : distinction claire entre ce qui est  spiritualité fondée sur la culture, sur une perception historique, sur le questionnement philosophique, et ce qui n’est que dévoiements de l’ignorance, de la perte de liberté de conscience, et, pire, l'oppression ou la terreur qui veulent faire croire qu’elle sont légitimes.

J’ai noté "Penser la tension", car c’est un fil tendu entre des voies qui semblent parfois, ou semblent à certains, antinomiques. Deux sacralisations s’affrontent, nous dit Abdennour Bidar (liberté et spiritualité). Peut-être, justement, parce que, dans nos sociétés nous avons "évacué la dimension du sacré" et qu’il faut retrouver "un sacré partageable". Les idéologies ne répondent plus aux questions actuelles, et nous n’avons pas encore réinvesti la valeur de la fraternité. Et ce qui oppose (nos "démons" réciproques souterrains) ce n’est que le miroir tendu qu’on refuse de voir. D’où cet examen de conscience double dont il parle. Son livre nous propose une éthique de la fraternité, pour laquelle un "travail sur soi" est nécessaire. En exergue, Régis Debray. Au cours des pages, des références, des citations : Pierre Rabhi pour "l’insurrection des consciences", Albert Camus, Mohammed Arkoun, Emmanuel Lévinas, Kant... Et, bien sûr, des versets du Coran. La philosophie n’interdit pas l’expérience mystique, au contraire, elle en fait une richesse intérieure enracinée dans le savoir : "Je suis croyant" / "Je crois en philosophe et en mystique".  

Comment aimer une spiritualité et devoir poser un regard critique... Certains, qui essentialisent les croyants, portent un regard de suspicion sur l’effort de refondation que tentent de plus en plus d’intellectuels, et, ce faisant, ils se laissent atteindre par une dangereuse porosité avec les courants fondamentalistes. Aveuglement ou hypocrisie idéologique. Compromission, dans tous les cas.

Et comment, quand on mesure les dangers qui guettent, être cependant capable d’interroger ce qui fait obstacle à la fraternité, contrôler les pulsions de haine, prendre conscience de la nécessité de faire, sur soi, ce travail « d’intégration » dont parle pour chacun Abdennour Bidar (pour chacun, ,dit-il, pas à projeter sur autrui)... Alors qu’on croit que cela ne concerne que celui qui fait figure d’étranger (à sa foi, son origine, à son imaginaire identité fermée) alors que notre réalité plurielle nous demande de savoir entrer en elle et la faire entrer en nous... Plaidoyer pour la fraternité... http://www.albin-michel.fr/Plaidoyer-pour-la-fraternite-E... 

Chez Ghaleb Bencheikh, comme chez Abdennour Bidar, il y a la puissance d’un regard, intérieur à une spiritualité qu’ils veulent sauver des pièges, en croyants qui refusent les fausses lucidités, celles qui sont revendiquées notamment par des non croyants étrangers à l’islam, forts de leur ignorance et qui, pensant être solidaires, sont seulement cyniques par incompétence, et même, dit Abdennour Bidar, méprisants. Antoine Sfeir, lui, parle de l’intérieur d’un Orient originel fraternel, en connaisseur de réalités géopolitiques qui aident aussi à penser les faits religieux. Trois voix précieuses, qui aimeraient qu’on donne plus de place à toutes les autres, celles qui, intellectuelles et/ou mystiques, ouvrent le chemin d’une opportunité, pour la France, de faire un grand pas vers elle-même, pour s’accepter dans sa riche pluralité et barrer la route aux deux dangers complices : l’obscurantisme de la terreur (et ses penseurs voisins), d’une part, l’extrémisme haineux des droites identitaires (et ses idéologues voisins, politiciens ou pas), d'autre part. Porosités dont il faut se méfier... Lettre ouverte aux islamistes... http://www.decitre.fr/livres/lettre-ouverte-aux-islamiste... 

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14/03/2015 | Lien permanent

Coronavirus. En pleine épidémie, que penser, que faire ?

n'ayez pas peur,opinion internationale,serge letang,françois scarbonchi,peur,coronavirus,covid-19,confinement,gestes-barrières,épidémie,pandémie,prévention,le grand continent,courrier international,lecture,livres,jdd"N'ayez pas peur !
Nous deux qui sommes au soir de nos vies, nous voudrions vous adresser un message./ Nous avions respectivement 24 et 21 ans, en 1944, à Cassino, en Italie ; une des plus terribles batailles, avec Stalingrad, de la deuxième guerre mondiale. Dans cette montagne, dans la boue, le bruit des canons, les éclats de mines et de mortiers, les rafales de mitrailleuses, nous montions à l’assaut./ 180 000 hommes-français, marocains, algériens, sénégalais, américains, anglais, polonais- furent tués, blessés, mutilés dans ces combats./ Nous avons survécu à cette abominable tuerie qui permit de vaincre la peste brune du nazisme pour instaurer en Europe, au nom des valeurs chères à notre République, une paix et une prospérité qui dure depuis 75 années./ Cela nous autorise à vous lancer cet appel de deux frères de guerre à des frères de contamination : N’AYEZ PAS PEUR !/ Si vous respectez les directives qui vous sont données et si vous restez solidaires, vous vaincrez le Covid-19 !"

Serge Letang, 100 ans et François Scarbonchi, 97 ans

"N'ayez pas peur ! L'Appel aux Français de deux grands aînés"… SUITE sur le site du journal… https://www.opinion-internationale.com/2020/03/31/nayez-p...
n'ayez pas peur,opinion internationale,serge letang,françois scarbonchi,peur,coronavirus,covid-19,confinement,gestes-barrières,épidémie,pandémie,prévention,le grand continent,courrier international,lecture,livres,jddDans une situation où on lutte sans tout savoir, 
contre un virus inconnu, Covid-19, on a
commencé à se protéger(et à protéger autrui)
en respectant des contraintes précises,
distanciation et gestes-barrières
(gestes "barrière"). Puis une étape a été franchie,
avec le confinement, qui met le pays et une
partie de nos vies à l’arrêt, mais qu’il est
absolument nécessaire de suivre, pour l’instant.
En écartant la peur, toxique.
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n'ayez pas peur,opinion internationale,serge letang,françois scarbonchi,peur,coronavirus,covid-19,confinement,gestes-barrières,épidémie,pandémie,prévention,le grand continent,courrier international,lecture,livres,jdd,la peur en occident,jean delumeau,indécence"Notre tâche d'homme est de trouver les quelques formules qui apaiseront l'angoisse infinie des âmes libres. Nous avons à recoudre ce qui est déchiré, à rendre la justice imaginable dans un monde si évidemment injuste, le bonheur significatif pour des peuples empoisonnés par le malheur du siècle. Naturellement, c'est une tâche surhumaine. Mais on appelle surhumaines les tâches que les hommes mettent longtemps à accomplir, voilà tout" .
 Albert Camus, Les Amandiers / L’Été
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Mais on pense au-delà de soi et de l’intime, les informations le permettent (radio, télévision, presse, sites). La situation est inégalitaire, évident constat. Confinement confortable (ou pas),  ou travail et risques, ou précarité accentuée, ou solitude de la rue, sdf et migrants. Des vécus très divers (l’argent, le lieu, l’âge, les relations harmonieuses ou violentes ou absentes). Nos applaudissements, d’ailleurs, peuvent s’adresser, en plus des soignants, aux travailleurs de l’alimentaire et des supermarchés, aux agriculteurs, aux chauffeurs routiers, aux policiers et militaires, aux éboueurs…  La situation est pire encore dans d’autres pays (guerre, misère). 
Les temps immédiats qui viennent ? Le confinement ne peut être arrêté sans tester et sans exiger le port du masque. (Celui contre lequel la LDH a porté plainte : 
plainte contre le maire de Sceaux qui veut l’imposer pour protéger les citoyens de sa ville. La LDH a plaidé pour la liberté individuelle de contaminer autrui, car c’est bien le sens réel, le résultat…). La poursuite du confinement, nécessaire, sera dure, la sortie aussi. Et la crise économique peut être à l’horizon du pays et du monde. Mais la résilience collective peut être aussi. 
Nous n’en savons rien, nous savons seulement les inégales souffrances, et quant à faire des suppositions prospectives (économiques, sociales, environnementales), il vaut mieux se dispenser d’étaler des certitudes sur un futur (national, européen, méditerranéen, planétaire) difficilement prévisible.
Doute raisonnable et refus des projections idéologiques
que certains assènent.
Deux chroniques nous induisent à la prudence…
"De la prudence aux temps du coronavirus", par Nicolas Tenzer, Le Grand Continent (Rubrique
"Cartographier le coronavirus / L’Observatoire Géopolitique du Covid-19"). Prudence prospective (se méfier des certitudes au sujet du futur, se méfier des biais perceptifs)...
et
"Pandémies historiques et idéologiques / De la pandémie des postures idéologiques", par Thierry Guinhut...
Je ne suis pas d'accord avec tout, non. (Même pas du tout au sujet de Trump, notamment...).
Mais l'essentiel est ce portrait lucide des divers courants idéologiques.
Je lis… "Nous sentions bien que plus rien ne serait plus comme avant, que le confinement allait nous obliger à repenser nos vies dans des proportions qu’on n’aurait jamais imaginées jusque-là". L’éditorial du Courrier international du 25 mars ("Repenser le monde") emploie une formule que rejetterait sans doute Thierry Guinhut ("que plus rien ne serait plus comme avant"). Voilà deux vérités qui se heurtent, et nous pourrons penser en les affrontant en nous… Car nos quotidiens sont aussi le temps de l’agir, sans certitudes figées, et agir force à penser dans un temps non arrêté.
Le JDD analyse un dilemme, qui est le choix entre vies et économie…
Les choix des gouvernants...
https://www.lejdd.fr/Societe/en-temps-de-pandemie-les-eta...
L'indécence...
Alors les "journaux de confinement" égocentrés... NON, pas référencés ici… Indécence analysée par Diacritik. (Lien dans la liste "Lecture confinée" (marge gauche), riche, aussi, de beaucoup de pages à ouvrir, en ligne, surtout, vers livres à toucher, plus tard). Textes à lire et méditer...
Il n'y a pas que certains écrivains ne s'occupant que de leur nombril qui sont indécents (journaux de confinement des uns, auto-promotion poétique des autres - ces poèmes du jour partagés trop vite, sans épreuve du tiroir). Il y a aussi des intellectuels, comme André Comte-Sponville (poussant son coup d'humeur, justifié cependant sur un point - qui serait le refus de l'atteinte aux libertés des 'seniors', menacés un moment d'être confinés plus longtemps). Il trouve qu'on en fait trop, qu'après tout... les morts du Covid-19, pourquoi on les pleure plus que d'autres (etc.), et il fait des comparaisons hasardeuses en épidémiologue qu'il n'est pas.
Oui, l'éthique a été plus forte que les motivations économiques (qui ne sont pas oubliées, mais décalées), tant mieux. Parfois ceux qui veulent prendre de la hauteur, en montrant un "détachement" par rapport aux émotions de la masse, aboutissent au contraire... (ll aurait dû lire Nicolas Tenzer.). D'autres déclarations m'ont choquée, ici ou là, frôlant l'eugénisme qui ne dit pas son nom (rêvant d'un non-confinement sacrifiant les 'vieux' et les 'fragiles'). Le confinement doit être arrêté, pour ne pas devenir plus dangereux que la crise sanitaire, mais pas sur des bases faussées.
Et, mise à jour, 08-05-20, voici une réflexion décapante.
"Péchés de vieillesse", par Farouk Mardam Bey, L'Orient le jour, 07-05-20...

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13/04/2020 | Lien permanent

Poésie. Deux recueils de François Mocaër. ”On écrit avec le corps dès le signe d'un basculement vers la douleur”. Et ”Le

F Mocaër On écrit.jpgJ’ai inventé la nuit
qui gênait nos rumeurs
La fragilité d’un arbre
me donne espoir
p. 23. François Mocaër, On écrit avec le corps dès le signe d’un basculement vers la douleur, L’Harmattan, 2003
 
Dans une poussière
il y a le monde
p. 16 
Nous sommes pauvres
près de cette folie qui fait de nous
ces hommes débarquant
au cœur du dernier sursaut
p. 17
avant que nous disions oui
à l’immense
dont chacun de nous porte le mystère
p. 43
F. M., Le don du silence est le diamant du vide, Unicité 2020 
 
Essaie de répondre à la question  
qui suis-je
sans te référer à ton moi
qui se projette constamment dans le futur
François Mocaër, S’abandonner à la plénitude, Accarias l’Originel, 2010
p. 65, rééd. Unicité, Définitions de Dieu/Le chant de l'éveil, 2020 (2ème partie du volume Le don du silence…)
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Deux volumes, trois recueils (dont une réédition). Le livre de 2020 est suivi de la reprise d’un ouvrage publié en 2010, et qui est tout à fait dans le même esprit. L’un éclaire l’autre. Mais lire l’ouvrage de 2003 fait de l’itinéraire une évidence, tant pour la dimension personnelle des vécus tels qu’ils sont partagés (vécus émotionnels, interrogations métaphysiques, questions éthiques) que pour la démarche d’écriture. Rien d’ancien, qui serait dépassé, dans la publication de 2003. Les textes demeurent, évidemment, avec toute leur force. Mais on suit, en poésie, dix-sept ans de maturation (2003-2020), avec une étape, donc, en 2010. Cela pour les publications. Car la poésie, elle, est présence permanente, et c’est de ce lieu qui demeure qu'elle provient. Peu de livres dans une vie de poète. Et quelques romans, peu nombreux, qui ne sont pas étrangers au domaine poétique. Ainsi À l’aube d’un dimanche raconte l’histoire d’une femme qui fait dire ses poèmes, pour la voix, par un homme qui va découvrir ainsi le pouvoir de la poésie. Le poème est rare quand il est méditation. En 2020 on retrouve des thématiques présentes en 2003, mais avec le détachement de qui a pris la mesure de l’essentiel, sachant lâcher l’inessentiel. 
 
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F Mocaër On écrit.jpgOn écrit avec le corps dès le signe d'un basculement vers la douleur
 
Ce recueil a été publié en 2003. Chez l’éditeur, L’Harmattan, la version papier est épuisée. Mais on peut télécharger la version numérique. Je n’ai découvert ce livre qu’en consultant la liste des publications antérieures de François Mocaër, page Du même auteur, dans le dernier recueil, 2020.  
Déjà, le titre. Il ouvre au questionnement, tant sur l’écriture que sur les conditions de l’écriture, dans les moments divers de nos vies, bascule entre plénitude et souffrance. On ne sait pas de quelle douleur il s’agit. Physique ? Émotionnelle ? Deuils ? Corps source de difficultés ou corps refuge contre les difficultés ? Et c’est bien qu’on ne sache pas. Le titre est fait pour nous offrir de pénétrer dans un univers, son mystère. En comprenant, avant d’ouvrir les pages, que la conscience de ce qu’est écrire sera un enjeu de la lecture.
Puis on a la quatrième de couverture, lisible aussi sur le site de l’édition : 
"La vocation du poète est d’exprimer ce qui est au-delà du sens, c’est-à-dire de notre conditionnement. Le poème convie alors l’être à rentrer dans son intime. Dans ces textes, la folie devient sagesse mais l’inverse est aussi possible. Quête de Dieu ou soumission à la vie dans sa transcendance, l’écriture ose ici un saut dans le vide où l’aventure s’accomplit à travers tous les possibles."
Conception de la poésie qui va avec la rareté, car "exprimer ce qui est au-delà du sens" et sortir pour cela "de notre conditionnement" ce n’est pas une démarche qui ferait noter trop facilement un flux poétique narrant et décrivant les petites choses du quotidien (qui peuvent certes avoir leur charme) et glissant facilement de la main au papier. L’exigence est autre. Oser, est-il écrit, "un saut dans le vide". 
C’est un autre basculement dont il s’agit là. Et ce sont les dédicaces qui donnent une autre clé.
Le livre est dédié à Michel Camus et Swami Prajnanpad. Pour lui, des passeurs, ceux qui "ont ouvert la porte". Pourquoi Michel Camus ? Laissons notre intuition le deviner en consultant, notamment, les titres de la fiche wikipedia (voir liens ci-dessous).
Swami Prajnanpad ? De même, si on ne sait pas qui il est (était) des pages permettent de s’informer. Comme les sites qui lui sont dédiés (liens). Un maître spirituel contemporain, à la sagesse parfois déroutante, qui contredit des croyances, défait des clichés. 
 
Les deux premiers vers peuvent être compris comme prémices du saut dans le vide mentionné. Car y a-t-il plus extrême saut que l’affrontement de la pensée de la mort, de soi, d’autrui ? Non, si c’est cette abrupte évocation. "Tu descends vers le froid / que hante la mort". Et l’aube est alors "clarté écorchée vive". Le deuxième poème situe ce que fait l’écriture de cet affrontement. "Mon langage refait les toiles / d’une araignée crépusculaire". Voyage intérieur dans l’ombre. Mais parallèlement présence de la "lumière", nommée, et de "l’or". La vie est double, et l’écrire, aussi.
Poèmes courts. Strophes brèves. Vers seuls, et distiques ou tercets, fréquents, quelques vers au plus. Des espaces pour le silence, la respiration, et l’arrêt du lecteur sur les mots. Pas de ponctuation.
Poursuite de l’interrogation. Poser le regard sur nos "certitudes" et sur "la mort qui nous ronge". Les poèmes disent souvent "tu", laissant un peu de mystère sur le visage qui est derrière ce tu. On peut interpréter (le lecteur co-crée…) et voir en ce "tu" plusieurs réalités. Quelqu’un, intime parole (c’est plus évident encore dans certains poèmes au cours du recueil, avec des inquiétudes - masculines - au sujet de l’amour et du désir). Soi, car l’écriture installe une distance entre celui qui ressent et celui qui trace. Et une transcendance supposée. Mais les trois peuvent se fondre en Un. Celui qui écrit est Un avec le visage du dialogue, et avec ce qu’il cherche à dévoiler en lui, cette part sacrée qu’un maître (Prajnanpad, par exemple) peut aider à extirper de l’inconscient, et qui rencontre alors le troisième "tu". Oui. "Alors est apparue / une autre essence". Mystère du corps, de tout le corps, "énigme". 
Celui qui plonge dans les différentes énigmes de l’humain est-il irrationnel ("Maintenant une parole irrationnelle / écrase aussi nos rites"), fou, ou passé du côté de la rationalité des anges ? 
"On dit que je suis fou / on dit ça des anges / échappés de nos mystères"
Traverser la "solitude", le "silence". Et découvrir la raison concrète de la matière. "Je ne crois qu’en l’idéologie / de la pierre qui se consume". Est dit un cheminement ouvert ("un rêve est entré en moi") qui élabore un autre rapport au langage. 
"J’accède peu à peu à la vie 
 comme à des mots souterrains
 que je sais pouvoir
 comprendre"
C’est comme un retour. Car "J’ai été très loin / dans mes transfuges". Écrire… Ou faire "de la lumière / des mots un antre sonore". Sont-ils "un seul naufrage", les humains ? Mais Prajnanpad dirait peut-être qu’il n’y a de naufrage qu’illusoire. L’auteur le pressent déjà, qui écrit, page 23… 
 
"Nous signons à perpétuité
 les raisons qui nous enlisent
 dans la douleur
 
 Nous inventons des tragédies
 et des hommes partout se battent
 dans les théâtres"
 
Et…
"Je suis sur un non-retour
 de la tragédie
 
 J’essaie de surprendre 
  la lumière dans chaque acte"
 
(Et plus tard lui aussi dira, page 50 "l’illusion que tous les hommes / sont un seul naufrage" - et je reviens le noter après ma relecture de la page 50...).
Même si des remous demeurent qui secouent la conscience. Vacillement entre "ombre" (même révélée en lumière) et "magnificence" (que pourtant "l’échafaud du regard /ébranle").
 
Peu importe. Car "Je ne suis que gestes fluides / vers la liberté". Et "tout renaît en moi". Acceptation, aussi des paradoxes, de ce partage entre un vertige vers "la mort" et en soi "la joie fulgurante", même si elle est des "nerfs".
 
Peu importe. On sent l’ébauche intérieure (ou plus) d’un savoir de cette possibilité de bascule "hors du temps". Délivrance possible de notre enfermement dans ce temps qui nous englue dans une fausse perception de qui on est. Même si de nouveau ce sont des inquiétudes et des souffrances qui reviennent, ces "dunes de la douleur", cette "discordance avec le réel", ces "larmes brisées", ce "précipice" en soi, le "silence". Matière humaine des doutes alternant avec leur contraire. Oui, "je me contredis"…
 
Pourtant le silence n’est pas que d’angoisse et de solitude. Il est aussi le moment d’une rencontre de ce qui est vaste, positivement vaste.
 
"Ici loin des arbres
 Présence d’une fleur que contemple
 le souffle vivant d’une étoile
 
 Un homme s’agenouille en lui-même
 son cœur bat pour ne pas rompre
 pour vivre de la beauté d’un pétale
 qui au printemps éclatera 
 dans l’acte d’une parole méditative"
 
Promesse. 
"Que mes doigts jaillissent du flot
 et la source pure
 sera infinie"
 
Dernier vers.
"Le sang est prodigieux dans le silence"
 
L’écriture aussi, quand elle choisit d’être rare et de toucher ce silence.
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F Mocaër Le don.jpgLe don du silence est le diamant du vide
 
La dédicace, cette fois, est offerte "à tous les êtres". Le titre du recueil aide à comprendre dans quel sens. Car il nous invite à entrer dans un itinéraire d’ordre spirituel. Spirituel, le mot n’est peut-être pas tout à fait adéquat, s’il risque de faire croire à un parcours religieux alors que c’est tout à fait autre chose, mais il est juste si on l’utilise en le comprenant comme indication d’une démarche mystique. Et la dédicace dit aussi le désir du partage d’un message qui ne doit pas se confondre avec celui des prophètes des Églises (quelles qu’elles soient). L’idée centrale est simple. Tout humain porte en lui la capacité de trouver ce "diamant du vide", un centre où il rejoint son essence. Et tout humain en a le moyen. Le silence. Se poser, être à l’écoute de ce qui, en soi, est hors du temps, loin des bruits du mental et des agitations sociales. Enfin, la poésie est capable de rejoindre ce silence, de le traduire, si elle sait effacer les mots en trop… Dédicace à tous, car "l’amour est non-peur".
 
La brève préface de Philippe Tancelin est superbe, d’une subtile densité. Tout de suite ce dont il parle, c’est d'un défi. Celui de la poésie quand elle aborde de tels sujets. "Comment sauver quelque respiration, laisser pénétrer la lumière au lieu-dit d’une parole qui si souvent en tisse ses habits de trahison ?" (…) "Pour cela François Mocaër n’appelle pas au poème, il l’offre en méditation (…) sur le long chemin de quête d’un au-delà du sens enfin détaché, libéré du vacarme des nominations qui voudraient le former, le formuler et aussitôt le clore. / Grâce au poème (…)". Et il nomme Maître Eckhart, situant la poésie de François Mocaër dans le même registre de hauteur, mettant une majuscule à Écriture, pour ces poèmes qu’il introduit. Ce texte est d’un lecteur qui est entré dans la compréhension du livre, et de la démarche, de telle manière qu’on sait, le lisant, qu’il parle en familier de "l’informulé des profondeurs" (les derniers mots de sa préface…). Cela donne envie de le relire, lui aussi. je pose donc un lien vers un de ses recueils… Philippe Tancelin, je l’avais découvert à partir de la lecture de sa sœur, Geneviève Clancy, dont j’aime particulièrement un recueil, Aphorismes. J’ajoute donc un lien vers ce livre. Sur le site de l’édition L’Harmattan on trouvera d’autres publications, (d’elle, avec elle, et sur elle).
 
Dès le premier vers du recueil de François Mocaër, distance prise avec le piège (commun à tous) de la souffrance. "Pourquoi toujours sombrer". Pas de point d’interrogation, puisque la ponctuation est absente, mais la question nous est posée, ouvrant l’hypothèse du choix que nous faisons peut-être de sombrer, quand nous entrons en douleur. Dans cette page, ce poème, le regard traverse les écrans des formes, des éléments. L’énigme n’est plus celle d’une sourde inquiétude sur le mystère de nos propres ombres mais plutôt de ce que les yeux perçoivent quand ils savent ne pas être prisonniers des apparences. 
"L’énigmatique océan 
 est une forme pure" 
Le silence, de nouveau. Mais peut-être un autre. Celui qui est vraiment "au-delà du sens", comme le dit Philippe Tancelin dans sa préface. 
Y a-t-il "peur du vide", "du silence", à "conjurer", comme c’est écrit au début de la préface ? Je ne sais pas s’il faut le formuler ainsi, je ne crois pas. C’était présent dans le recueil de 2003 peut-être, c’est différent dans celui-ci. Le silence est accepté comme une dimension de l’être et du monde. ("Le silence est aussi / en dehors de l’homme"). Et il nous délivre de l’excès mental, de l’agitation conceptuelle, des limites du temps. 
"Parce que sans le silence
 nous ne serions
 que des érudits contradictoires"
 
Si la perception du temps est autre on peut aborder "l’instant pur". Détachement fait d’acceptation de ce qui est. Cela passe aussi par l’écriture, si elle se libère d’une dépendance "des formes", si le poème "cherche la vérité / au-delà des formes", pour donner sens. Alors cela équivaut à cette prise de distance avec ce qu’on apprend et désapprend de soi. 
"Alors que c’est soi-même 
 qu’il faut comprendre
 avant que tout ne s’achève".
Et ce n’est pas pour se complaire dans une attention à soi, mais au contraire pour lâcher ce qui encombre.
 
Océan, poussière, étoiles, dans tout "il y a le monde". Et "la beauté", aussi, dans tout. Dans le vivant, humain ("une bouche"), ou animal ("l’oiseau").
Alors le silence signifie ce que cette perception révèle, "ce deuxième silence / qui est l’œil de

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01/05/2021 | Lien permanent

Trames nomades... EXERGUES. ”Vent tissé”, seuils et pas...

Comme manifeste personnel... ces citations...
 
EXERGUES...
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La seconde métaphore est la trame.                       
                                                                                 
  Jorge Luis Borges,
  Treize poèmes.
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Notre vie est du vent tissé.   
 
  Joseph Joubert,
   Pensées.   
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Cela qui fait de nous l’humanité

Tissage et métissage

Salah STETIE, Le Bleu de la question (ds A poèmes ouverts, Anthologie, choix de JP Siméon, éd. Points)

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-- Et cela pourriez-vous le décrire?
Et je répondis :
-- Oui, je le peux.


        Anna Akhmatova
          Requiem
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Dans de la colle durcie,
Ce pas. Oh, que d'efforts
Pour repousser pour rebrousser la route
De l'opinion commune!
 
      Marina Tsvétaeva
        Le Poème de l'air
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 Je suis seuil et je suis chemin.
 Je suis pierre qui dit l'horizon.
 Je suis l'enclos des pas nomades.
 Je suis paume où se lisent les lignes de l'ailleurs.
  Jacques Lacarrière
    A l'Orée du pays fertile
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Ce qu'il faudrait, c'est toujours concéder à son prochain qu'il a une parcelle de vérité et non pas de dire que toute la vérité est à moi,          à mon pays, à ma race, à ma religion.  

  Amadou Hampâté Bâ

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Trame parmi les incidents / Peut lui être augure

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L'arbre (...) ses trames sans trames d'excitation / Lettres   oiseaux    mendiants   livres

Ted Berrigan

Les sonnets 

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Mon pays, / C'est toutes parts où des hommes. / Mon pays? / Toutes parts où des soleils.

Gabriel Audisio, poème

Hommes au soleil, 1923

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Seul un esprit socratique d'indulgence envers les autres et de rigueur envers nous-mêmes peut constituer une réelle menace pour une civilisation fondée sur le meurtre.       

Albert Camus                                                                                                                                           Conférence, 1946, Columbia University, USA. NRF, janvier 1996, n° 516.

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Prends et lis! Prends et lis!

Augustin (de Thagaste, 654-430)

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Si l'homme nouveau n'invente pas un vocabulaire à la mesure de sa conscience / Que s'écroule l'homme nouveau.

Jean Sénac
Citoyens de beauté 

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 - exils : et si l'exil avait été de tout temps là, consubstantiel, prégnant, nourricier, impossible à justifier, lourd de silence, de sang, incontournable, aux mille visages

Harwan, mon prochain

Georges Festa

ArmenianTrends

http://armeniantrends.blogspot.fr/2013/03/wajdi-mouawad-s...

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Lorsqu'il s'agit d'événements passés, il est vain de louer ou de blâmer; il s'agit de comprendre.

Gandhi, cité par Marc Faigre ( en exergue à un texte consacré à Gabriel Audisio dans un volume de Sud, 1978 ).

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On se croit libre de vivre sa vie d’être humain et d’écrivain, ne se reconnaissant d’autres obligations que celles que vous dicte votre conscience d’être humain ordinaire, semblable — et singulier pourtant — à des milliards d’autres êtres humains.

Et on se retrouve face à une foultitude d’individus et d’institutions qui ne rêvent que de vous inclure de gré ou de force dans une division du monde en troupeaux ethniques, évidemment hiérarchisés les uns par rapport aux autres.

 

Anouar Benmalek

De la malédiction d’être arabe

et de quelques moyens, pour un écrivain arabe, d’y échapper

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Vivre ailleurs que là a changé pour moi le sens du mot vivre. Vivre ailleurs est devenu synonyme de besogner ma vie, organiser ma vie, structurer ma vie, prévoir ma vie. Là-bas, vivre c'était vivre, c'était se livrer aux mouvements coutumiers de l'humanité sans en souffrir ; s'en plaindre ou s'en réjouir, mais les acceptant tels qu'ils sont. Depuis que je ne vis plus en Algérie, il n'y a pour moi que labeur, vacances, luttes. Il n'y a plus d'instants où, sans restriction, je suis en parfaite harmonie avec le monde.

Marie Cardinal

Au pays de mes racines

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Nous marchons tous désespérément dans un tunnel, vers la lumière...

Jean Brune

Cette haine qui ressemble à l'amour

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Dans cette eau mouvante et trouble, il faut retirer la vermine politique. Dépolitiser, cela veut dire décrasser. Au début, j’étais perdu dans mon chagrin, maintenant mon chagrin m’a donné une leçon d’ordre moral. (p.29)

Parlant des Pieds-Noirs, les métropolitains se trompaient de portes, de noms, de dates, de lois et, disons-le, d’Histoire de France. (p.43)

Qu’avons-nous appris ? A vivre sans sombrer dans la haine. (p.49)

 

Nous Pieds-Noirs, nous avons toujours le sentiment d’être pris en otage mais une âme commune nous rassemble comme un manteau de lumière. (p.49)

Pour chaque être, dans la distance, se réconcilier avec ce qui l’a fait souffrir à un moment de sa vie est la vraie porte de la Connaissance, la seule voie pareille à un acte de vertu juste et bon. (p53)

René-Jean Clot

Une Patrie de Sel

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Au départ, comme en toute vie, mes premiers enseign

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04/12/2010 | Lien permanent

Notes voyageuses, Méditerranée et lointains… PAGES TISSEES.

Voyageuses, ces pages, car métisses. Ancrées ici, héritières, parfois, de divers ailleurs. Ou ancrées ailleurs, et lançant des fils de mots vers nous. Ou, aussi, ayant simplement le goût du lointain, de la traversée nécessaire des frontières, réelles ou imaginaires. Proximité, par ces écritures sur la Toile, immédiateté du partage. Mais la lecture patiente des livres peut suivre l’approche instantanée. On sort de notre quartier mental, et ces mots modifient notre identité, pour l’enrichir de conscience.

 

Goût du lointain. Recherche de ce qui pourrait nous échapper. Regard porté sur les marges au-delà des terres et des océans, puisque, dans une perception de l’humain universel, nous sommes tous traversés par nos marges. Et nous-mêmes sommes marges d’autres centres apparents. Apparents, car il n’y a pas de centre, en fait. Il n’y a qu’un tissu d’interférences croisées. 

Goût des îles, de périphéries (« ultrapériphéries », même, chez Christian Tortel). Essentiel… d’associer ce blog à cette note, au moins en le mentionnant (mais sa présentation plus ample interviendra dans la note suivante…). C’est « Papalagi », blog Le Monde ("littératures éparses et ultrapériphériques"). Passionnantes lectures (et poésie) http://papalagi.blog.lemonde.fr 

Anouar Benmalek. Entretien, « Écrire ici ou là-bas, le plus important reste d’écrire ! » : https://www.facebook.com/notes/anouar-benmalek/vous-qui-a... 

... Et, autre entretien, à propos de son livre où il traite de la Shoah (et d’un génocide antérieur en Afrique), août 2015 : http://geopolis.francetvinfo.fr/anouar-benmalek-la-shoah-... 

... Complément, biographie (partielle) sur un site d’éditeur, Calmann-Levy, qui mentionne notamment qu’il est l’un des fondateurs du Comité algérien contre la torture : http://calmann-levy.fr/auteurs/anouar-benmalek/  A compléter par la fiche wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anouar_Benmalek 

... Et par la lecture du site officiel de l'écrivain (livres et articles) : http://anouarbenmalek.free.fr 

Joha, blog d’Abdelmadjid Kaouah. Latinité ou universalisme aux racines méditerranéennes et africaines. Pensée de Camus, lecture de JC Xuereb. Lire, réflexion d’Abd. Kaouah, "Un rêve méditerranéen" : http://wwwjohablogspotcom-kaouah.blogspot.fr/2015/05/un-r... 

BabelMéd, site : culture, littérature. Comme cette note sur François Cheng (livre d’entretiens) http://www.babelmed.net/letteratura/241-francia/13855-201...

Sur un livre de Mohammed Assaoui, critique et auteur, la recension de Laurent David Samama, sur son blog. « Comment dit-on humour en arabe? » : http://laregledujeu.org/2015/12/08/26696/de-lhumour-arabe...

Ibn Arabi ou l’Unité de l’existence, par Mohammed Taleb, avril 2015, blog Le Monde des Religions http://www.lemondedesreligions.fr/sso/blogs/post.php?id_b... 

...Et sa note sur l’écologie (racines, le passé et le futur), "Quelle mémoire pour le futur?" http://www.lemondedesreligions.fr/sso/blogs/post.php?id_b... 

Vision d’encre, blog de Raynaldo Pierre-Louis. "Un crime d’être insulaire?"...  http://raynaldopierrelouis.over-blog.com/2014/04/quand-il... 

Sur Passion gitane, un hommage à Martin Gray...  http://fleurdecorailpassiongitane.blogspot.fr/2016/05/1-l... 

...Mise en ligne, sur le même blog, d’une vidéo (Youtube), « Vertiges, du flamenco à la transe », spectacle musical de Tony Gatlif (cinéaste, gitan, natif d’Algérie). Magnifique (et sur youtube, plusieurs autres titres en marge, flamenco) : https://www.youtube.com/watch?v=M3pQiwrYNyg  Pour lire son commentaire, voir la note intégrale - avec un texte double, et deux vidéos, après les voeux de janvier 2016, sur la musique, dimension mystique et cosmique, et sur le lien avec la nature, par une citation d’un responsable de l’association Four Winds, Christian Larqué. (On arrive en bas de la page : glisser pour remonter au début)  : http://fleurdecorailpassiongitane.blogspot.fr/2016/01/1-b... 

Sur Epistrophe, "Les Confins", poème de Cléanthe : http://epistrop.blogspot.fr/2015/03/les-confins-1.html 

... Et « Aux Seuils d’absence » http://epistrop.blogspot.fr/2016/06/aux-seuils-dabsence-9... 

Regards croisés, par Charlotte. Journal de création. Ainsi, Rêveries chamanes, avril 2016, sur une oeuvre en chantier, sa matérialité : http://regardscroises.blog.tdg.ch/archive/2016/04/02/reve... 

... Et, note ancienne, de 2009, la philosophie et la générosité, plus un rituel potlach : http://regardscroises.blog.tdg.ch/archive/2009/06/20/ces-...  

Mbougar Sarr, sur son blog Choses revues (sous-titre : La littérature au lieu de la Vie) pose textes et réflexions sur l’écriture, la littérature. Ainsi, page de 2013, texte sur la lecture. « Relire ». Elle ne pouvait que m’intéresser, moi qui ai pour devise (pour pratique, et, même, méthode) que « lire, c’est relire » : http://chosesrevues.over-blog.com/tag/solipsismes/

Blog de Patricia Grange, Papillons de mots. « L’arbre et la pirogue », métaphore du métissage, de l’hésitation entre ancrage et errance nomade. Poésie :  http://www.papillonsdemots.fr/2015/03/30/larbre-et-la-pir... 

Entre deux rives, blog littéraire (Pages de Jearthwood, pseudo). Paris plage… http://lespagesdejearthwood.blogs.courrierinternational.c...   

Sur le blog de Léon Mazzella, Sally Vasco (entre littérature et connaissances vinicoles et autres), une recension qui pose des questions théoriques sur la manière de concevoir l’écriture, relayant la réflexion un peu désabusée d’un auteur. (La poésie n’est pas le sujet, cependant…) : http://leonmazzella.hautetfort.com/archive/2016/06/22/la-... 

Guérir à Oran, texte de Paul Souleyre (site Mémoblog, voir liste Pages tissées) https://www.facebook.com/notes/paul-souleyre/guérir-à-ora... 

Vivre à Belcourt. Luc Demarchi. La terrasse...  http://belcourtois.com/index.php/projet/la-terrasse/  

Mariem Mint Derwich. Le blog, Mille et un Je (poèmes, fragments) : http://milleetunje.blogspot.fr 

... Un portrait d'elle: http://www.noorinfo.com/Mariem-Mint-Derwich-chroniqueuse-... 

Page à part… Saïd el-Mahroug, dit Sifaw, hommage sur L’Orient littéraire, presse (Liban) : http://www.lorientlitteraire.com/article_details.php?cid=...

Les songes d’une nuit. Texte, "Euphonie et conscience"... http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/archive/2015/04/0...

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27/06/2016 | Lien permanent

Mémoire de l'horreur concentrationnaire... Lire, savoir.

1 TERMINUS_AUSCHWITZ_poster.pngNote référençant plus de vingt livres, trois films sur les victimes de déportation et de génocide : Juifs, Gitans... Plus des pages d'histoire (dont une sur la Shoah par balles et une sur la déportation d’homosexuels), des émissions de France Culture, des poèmes, des dessins-témoignages, une citation... D'abord, livre, le témoignage de Félix Spitz, survivant de 91 ans. (Descendre sur la page pour lire la présentation). Cet ouvrage fait partie aussi de la sélection parue dans Le Monde des livres. Importance de ces paroles de survivants alors que l'antisémitisme sévit (augmentation de 74% en un an, la moitié des actes racistes alors que le pourcentage des Juifs est de 1% en France, et que seuls des Juifs ont été tués parce que Juifs dans notre pays). Importance, aussi, des témoignages, car le négationnisme du génocide existe encore (voir notamment le dernier lien de la note). Et il y a eu aussi des signes inquiétants de racisme visant les Gitans, les Roms, à partir de rumeurs, et malgré les démentis. 

(Mise à jour, le 29-01-20. Additif. Notes, articles et dossiers :
les commémorations, des témoignages, info sur la soirée 
de la 2 sur l’antisémitisme - documentaire et débat, 
un entretien avec Simon Epstein, 
une réflexion de David Gakunzi, un dossier sur le négationnisme…
plus liens ajoutés dans la rubrique "Histoire").  
 
Infos complémentaires, voir notes des catégories
"Antisémitisme", "Complotisme/Négationnisme"
et "Culture gitane" (liste des catégories, marge gauche, descendre un peu)... 
 
mémoire,histoire,déportation,génocide,shoah,samudaripen,juifs,gitans,tsiganes,bibliographie,filmographie,déni
LIENS
 
QUELQUES LIVRES...
 
Personne ne me croira, de Félix Spitz, éd. Fayard...
leslibraires.fr…  https://cutt.ly/6rRg0bE
 
Mauthausen, page Cercle.jean.moulin... https://cutt.ly/WrRg29o
 
Terminus Auschwitz, page éd. Michel Lafon... https://cutt.ly/2rRg9Jg
 
Bibliographie Babelio. Un (très bon) choix de 17 LIVRES sur les camps... https://cutt.ly/5rRg3vw
 
Samudaripen, le génocide des Tsiganes. LIVRE de Claire Auzias, page Librairie Gallimard... https://cutt.ly/ErRg70W
Destins gitans : des origines à la solution finale, 
éd. Gallimard… résumé
(et sur le site de Decitre voir le sommaire…).
Page éditeur… https://cutt.ly/2rTnXgq

Les Derniers, le LIVRE de Sophie Nahum. Éd. Alisio, janvier 2020. 
Portraits de survivants, qui s’expriment sur le passé et le présent… 
https://cutt.ly/RrUsOEw
Sortir de l’ère victimaire, de Iannis Rodier, éds. Odile Jacob, 2020. Page éditeur… 
L’émotion n’est pas l’approche qui fonctionne pour enseigner la Shoah. L’auteur fait le point sur ce qui ne marche pas pour proposer d’aller au-delà du compassionnel et d’aborder le sujet en faisant de l’histoire et en analysant l’idéologie, la politique.
 
-------------------------
FILMS (une sélection)... 
 
Shoah, le documentaire de Claude Lanzmann... Page de France24... https://cutt.ly/crRg6Or
 
Liberté, film de Tony Gatlif (né en Algérie) sur le génocide des Gitans... Page Allociné... https://cutt.ly/lrRhwky
 
MISE À JOUR, 28-01-20. ARTE a eu la bonne idée de rediffuser le film de Pepe Danquart, Cours sans te retourner, récit adapté d’une histoire vécue, la fuite pour survivre d’un enfant polonais juif… Rediffusé aussi le 5 février à 13h35.
Disponible en DVD. Lien, Arte… https://cutt.ly/krRM5re
 
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RADIOFrance Culture, émissions. "Quatorze récits d'Auschwitz, la force du témoignage"… https://cutt.ly/vrRM6Ky
-------------------------
 
HISTOIRE...
 
"Qu’est-ce que la Shoah ?". Mémorial de la Shoah...
https://urlz.fr/bGQv
Histoire de la Shoah… Dossier, clips, AKADEM... 
https://cutt.ly/wrTnZyl
La Shoah. Aux origines du génocide. 
(page et DOSSIER, par André Larané).
HERODOTEhttps://cutt.ly/yrTnZKV
Auschwitz, le nom du mal absolu.
Par Annette Wieviorka, historienne (CNRS)… 
 
Le génocide tsigane.. NOTE, sur Mémoires tsiganes...https://cutt.ly/brRg4rg
PORAJMOS. Le génocide des Gitans et Tsiganes…
NOTE historique… https://cutt.ly/rrTnKaO
Porajmos (l’engloutissement). 
Les persécutions des Tsiganes
(page, chronologie et carte). 
AKADEM… https://cutt.ly/ZrTnZmC 
Tsiganes, de la stigmatisation au génocide… 
Page et DOSSIER, HERODOTE
https://cutt.ly/nrTnXqe
Tsiganes entre persécution et génocide... NOTE. cercleshoah.org...https://cutt.ly/1rRg4Jr
La Shoah par balles. "Les fusillades massives des Juifs en Ukraine, 
1941-1944
"…
Cette mémoire doit être associée aux commémorations
des camps de l’horreur
nazie…
Mémorial de la Shoah
https://cutt.ly/orR1tVY
La déportation d'homosexuels (ou supposés tels). Pas massive, mais réelle... (Le Triangle rose). Sur herodote.net... https://cutt.ly/srRheHC
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POÈMES pour mémoire…Cercleshoah.org...
 
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DESSINS pour témoignerLéon Delarbre a réussi à dessiner ce qu’il 
voyait et vivait à Buchenwald, et à conserver ses dessins pour
témoigner de ces réalités.
PAGE qui présente la biographie de Léon Delarbre,
contient un diaporama de ses oeuvres,
et donne le titre d’un livre,
Buchenwald par ses
témoins, éd. Belin, 2004…
ASSO-Buchenwald-dora…
https://cutt.ly/wrR1egN
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Réfléchir sur l'aveuglement. Là c'est celui sur la Shoah et Samudaripen, le génocide, l'horreur programmée du nazisme. (Mais il y eut le même pour le stalinisme - sauf Camus et quelques rares. Et il y a le même, idéologique, sur l'islamisme, pour beaucoup. Comme si le déni était un choix ordinaire.).
CITATION (et livre, recension sur le site du CCLJ)...
"L’abomination était en marche. Ils le savaient. Ils se sont tus. Ceux qui parlaient, on ne les a pas écoutés. En quoi les cécités d’hier peuvent-elles aider à comprendre celles d’aujourd’hui ? Si elles le peuvent." Daniel Scheidermann – Berlin, 1933 – La presse internationale face à Hitler – Seuil – 2018. http://www.cclj.be/node/12767
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MISE À JOUR… 29-01-20
COMMÉMORATIONS… Les leaders mondiaux rendent hommage aux victimes 
de la Shoah. Note CCLJ…  http://www.cclj.be/node/13157
Mise en garde des derniers survivants d’Auschwitz… (Et rappel des torts
des Alliés, l’inaction au sujet des camps de la mort)…
Times of Israëlhttps://urlz.fr/bHue
DOCUMENTAIRE et DÉBAT… Sur la 2, . Soirée sur l’antisémitisme. 
Documentaire qui analyse les sources, de la dramatique Affaire Dreyfus,
en passant par le faux des Protocoles des Sages de Sion, jusqu’aux
attentats et assassinats ciblant des Juifs parce que Juifs.
L’antisémitisme historique et l’antisémitisme actuel (extrême droite
et néonazis, extrême gauche obsédée par le conflit Israël-Palestine,
islamistes et leurs complices). Visages des victimes, rappel des faits.
Témoignages de vécus quotidiens, agressions et menaces. /Et débat,
avec des interlocuteurs de qualité. Réflexion sur le long déni malgré
les morts qui se succèdent. Réflexion sur ce racisme qui concerne
(comme le dit le rabbin Delphine Horvilleur) l’autre trop semblable à soi.
Et rappel du fait que l’antisémitisme est le premier marqueur de
basculements qui concerneront ensuite tout le monde.
Article d’Ouest-France, précis et renvoyant à des pages en relation
avec les faits évoqués… https://urlz.fr/bHuf
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27/01/2020 | Lien permanent

Silvaine Arabo, dossier de lectures (489 ème Encres vives,  2019)

Arabo.pngLa poésie laisse Être
Silvaine Arabo, Palimpsestes de la mémoire, Encres vives 297  (S.A. citée par Michel Host)
 
Le poème dit toujours plus. Il déborde son objet.
Silvaine Arabo, Sang d’âme, Editinter, 1999 (S.A. citée par Laurence Chaudouet)
 
Seigneur de la plus haute branche
Seigneur du sel et de la mer(e)
Seigneur du plus grand songe
que hante l’essentiel
Redis-leur la musique juste
Silvaine Arabo, Le dit des elfes, sylphes, ondins, et autres créatures… Encres vives, 2011 (S.A. citée par Claude Luezior, qui introduit ici un univers qu’il définit comme "monde onirique et sacré").

 
C’est un bouquet de lectures, qui, toutes, expriment une profonde admiration pour l’œuvre. Mais on sent que cet élan d’estime concerne plus que l’œuvre, la personne entière. Parcours qui, à travers les pages lues, poèmes de plusieurs recueils, mesure une amplitude qui n’est pas que d’écriture mais trace un portrait. Comme si ceux qui commentent captaient la réalité incontournable d’un itinéraire vital autant que scriptural et graphique. 
Les mots d’un poète viennent d’un centre charnel et immatériel. Avec des phrases différentes les auteurs des textes se rejoignent pour comprendre et faire comprendre une force terrienne, présente dans la conscience des instants démultipliés plutôt que dans une vaine fiction temporelle. 
Auteur, peintre, dont les encres subjuguent, éditrice éthique et chaleureuse, femme s’exprimant en tant que femme entière, aimante, voilà le portrait que réalisent ces voix différentes et concordantes. 
J’ai rédigé plusieurs recensions de certains de ses recueils (recherche, tag au nom), et je retrouve là celle que j’ai lue. Mais je vois aussi, plusieurs fois mentionnée, une autre part de son écriture, que je connais moins. J’ai lu certains de ses aphorismes et aimé leur densité, qui surgit d’une conscience de méditante. Cependant je connais peu ses haïkus, de cette expression très condensée qui nous vient du Japon. De Basho, Issa, et quelques autres grands. Pratique qui est, comme le rappelle Franck Médioni dans sa remarquable introduction à une anthologie (Le goût des haïkus, Mercure de France), une voie qui rejoint le zen, et il se réfère à Issa, qui insista sur cela, le citant. 

Justement Jacqueline Saint-Jean s’intéresse à l’art du bref ("haïku, poème très court, aphorisme"), où, dit-elle, "Silvaine Arabo excelle aussi". De son analyse je retiens une phrase où le mot "cristalliser" me semble caractériser parfaitement ce que le bref cherche à créer, par la densité. "Elle sait cristalliser les éclats du monde et du temps, percevoir et faire sentir l’aura de l’éphémère, l’éblouissement de la beauté, l’éclair de conscience, la vibration intérieure." Et elle cite l’auteur. "Au bord de la révélation / la ligne pure du haïku / me restitue à moi-même."

Mais il y a une perception qui approfondit le sens de cette pratique du haïku, évoquée aussi par Claude Mourthé, qui utilise, pour ces textes brefs, aphorismes ou haïkus, l’image du "caillou planté au milieu du fleuve". Belle métaphore, associée, dans ce texte à la dimension métaphysique de l’écriture, l’intérêt pour Lao-Tseu (affinité) et la proximité de démarche avec William Blake, par la création liant écriture, œuvre graphique et métaphysique. 

Pour Silvaine Arabo on pourrait dire que toute écriture est voie. Ce qu’il y a dans le très bref c’est l’épure dont parle Serge Duret, dans sa préface (citée partiellement dans ce numéro) à un recueil d’aphorismes et poèmes, qu’elle publia en 1998, Prière muette. Poésie, dit-il, qui participe "de l’ascèse mystique". "Épure et silence."

Voie. Mais autant dans ce qu’interroge Laurence Chaudouet, la capacité qu’a le poème d’invoquer l’intime. Tout en étant "exploration de l’âme et du monde, l’âme et le monde mêlés, jamais séparés, intimes aussi".

D’autres commentateurs ont exploré l’écriture non brève. Les poèmes des recueils, parfois amples, même. Et leur lecture confirme les intuitions concernant ce rapport au bref. Car l’essentiel est le sens. 

Paul Sanda caractérise ainsi son écriture comme poésie "rare", "aérienne", et il met l’accent sur "l’inscription du poète lui-même dans le monde sensible". Voyant aussi en elle "la volonté de fournir un sens profond à la vie, de préparer une réplique spirituelle à ses questionnements sans fin". Et c’est le recueil Alchimie du désir qui est pour lui "fondateur". 

Michel Host, refusant de faire l’exégèse des recueils dont il veut parler, mais choisissant d’en présenter simplement sa "lecture", parle d’une poésie dont le mode d’élaboration est "ancré dans le vivant". La citant il relève notamment deux phrases brèves. "Ne pas déserter le sens. Ne pas douter des signes."

André Sagne a relu une publication du Club des poètes, livre préfacé par Jean-Pierre Rosnay et contenant deux recueils et le texte de la conférence-essai, Poésie et transcendance. Texte où sont exposés, dit-il, "les principes de son art poétique". S’il voit, dans le poème, un processus alchimique, c’est celui de "l’œuvre au blanc", qui ouvre "une illumination intérieure".

Michel Camus, préfaçant Regards crépusculaires, déchiffre, dans cette écriture, un univers qui est "interface". Écrire "entre" des opposés, comme "le langage et le silence, le plein et le vide". Et il caractérise la démarche, doublement. "Silvaine Arabo nous ouvre les portes d’un autre niveau de réalité." Et… "Silvaine Arabo subvertit sereinement la rationalité conventionnelle."

Jean-Louis Bernard voit, dans Triptyque, l’utilisation qu’elle fait des mots "comme instruments de forage d’un inconnu pressenti mais si vaste". Et dans Arcanes majeurs, il parle du "Vide", en la citant. Précisant que, chez Silvaine Arabo, il "n’est pas l’inverse du Plein". Plutôt la source dense du sens, permettant "une symbiose aussi parfaite que possible entre le Vide et les mots". Ainsi l’art du bref est présent autrement, même dans des écritures non aphoristiques, par la démarche qui laisse entrer le silence dans l’écrit. Il voit aussi, dans le lien de Silvaine Arabo avec les éléments, "les forces telluriques et cosmiques", une parenté avec la perception bachelardienne. 
 
"La pensée du Chef indien" (dont  Claude Luezior rappelle l’importance pour l’auteur), voilà ce qui complète l’univers tracé ici. (Là, pour moi - qui sait cet intérêt qu’elle exprime souvent et que je partage - c’est un écho envoyé à ma note récente sur la planète, où la sagesse et le chamanisme des peuples premlers sont très présents.) Car la conscience vive d’une dimension spirituelle qui pense soi et le monde, le présent et le futur de la terre, cela ne peut que faire retrouver la source d’une connaissance ancestrale que la poésie saisit en rejoignant les savoirs d’un au-delà du poème (ou de ses racines). 
 
Georges de Rivas mentionne l'essai de Silvaine Arabo, Poésie et transcendance (que je ne connais pas encore). Je pense alors à celui de Marina Tsvetaïeva, L’Art à la lumière de la conscience. Même critères d’exigence. Marina Tsvetaïeva reprend des expressions ("l’art - c’est sacré", "sainteté de l’art") pour affirmer leur vérité. "Si communes que soient ces formules elles ont bien un sens". Précisant qu’elle s’adresse à ceux pour qui cela a réellement un sens, qu’elle suggère spirituel. Mais elle ajoute qu’elle s’adresserait "en partie" aussi à qui parlerait "d’art sublime" sans croire aux mêmes réalités. 
Autre proximité que permet de voir le mot "transcendance". Avec María Zambrano. Philosophe espagnole, dont certains fragments dispersés dans son œuvre ont la force de poèmes en prose. Conscience mystique, qui assume la pensée de la transcendance et voit dans l’art un chemin sacré aussi. 

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Recension © MC San Juan / Trames nomades

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LIENS…

Silvaine Arabo poète. Page sur Le Printemps des Poètes…  https://www.printempsdespoetes.com/Silvaine-Arabo

Page auteur, Alcyone… https://www.editionsalcyone.fr/435026972

Une page, sur Recours au poème. Poèmes et présentation… https://www.recoursaupoeme.fr/silvaine-arabo-marines-resi...

Silvaine Arabo, éditrice. Éditions Alcyonehttps://www.editionsalcyone.fr/425184962

Encres vives, Michel Cosem… https://encresvives.wixsite.com/michelcosem/edition

Un site créé par Silvaine Arabo. Animaux : les longs calvaires… (Avec un beau texte introductif)… Site mentionné aussi dans ma note récente sur la planète (dans la partie sur les animaux)... https://mirra.pagesperso-orange.fr

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Merci pour ce retour, Silvaine. Courriel suit.

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Michel Lamart, Carnet d'Eire, Encres vives

Lamart.jpgJe commence, avec ce volume, une série de recensions d’Encres vives…  Poésie.
 
Michel Lamart, Carnet d'Eire, 371ème lieu : Irlande, Encres vives, 2018
 
Eire, Irlande… Ou lecture d’un "vert écrin", ses routes 
"Comme autant de possibles
  Inexplorés"
Lisant, avec l’impression de pénétrer dans un univers que je ressens comme exotique, si étranger à mes lieux… 
Et de page en page je découvre deux recueils en surimpression. Il y a d’abord  le voyage dans ce territoire dont je ne sais rien, la description des lieux de ce… lieu (comme indiqué pour cette série de lieux d’Encres vives). 
Monde d’eau.
Pluie, mer, brume, brouillard, lacs, onde, lames, vagues, quais. Évidente série sémantique qui peint un univers. 
Les couleurs sont d’eau et de feuillage. Les "eaux turquoises" de l’océan, le "vert écrin" fait de forêts. 
On voyage, on regarde, à travers l’œil de l’auteur. 
Mais on est ailleurs autrement. 
Dans la pensée qui cherche un espace épargné par les pièges de nos territoires, la beauté contre l’argent... 
"Du vieux monde
 Dont l’épave
 Gangrenée par l’argent
 Fait eau
 De toutes parts"
Pas la même eau, là…
 
On est ailleurs, aussi, dans le parcours où les écrivains et penseurs sont présents, le passé de leur passage encore perceptible. 
Wittgenstein "relisant / Saint Jean de la Croix". Et, bien sûr, à Dublin, "Wilde / Beckett et Joyce / À nos trousses". 
 
Mais, autre écriture, le poème évoque, toujours à Dublin, 
"Le  Livre de Kells"
 qui 
"Brûle de tous ses feux
 Enluminés"
Ce manuscrit extraordinaire, conservé depuis sa création (vers 800, croit-on), déplacé pour être sauvé, d’abord d’Écosse en Irlande, à Kells, d’où son nom, puis à Dublin. 
Pour comprendre ce que le poème nous dit, il faut rechercher ce qu’on sait de ce livre fabuleux et de ses extraordinaires enluminures. (On peut en trouver des reproductions en ligne, c’est magnifique).
Immédiatement je pense à Jean-Luc Leguay, à son livre, Le Maître de lumière. Fascinant récit d’initiation d’un danseur chorégraphe devenu enlumineur, pour avoir, comme Michel Lamart, été contempler d’anciennes enluminures. Cela éclaire le poème qui mentionne Kells. 
Car transparaît la fascination troublée de l’auteur devant ce manuscrit dont il a saisi plus que la beauté.
"Il creuse un sillon de lumière
 Dans la cendre polyglotte
 D’une nuit éclairée au latin
 Phare du bout du Temps"
Temps avec majuscule… éternité.
Lisant ce poème sur cette lumière venue, en voyage, d’un livre remarquable, j’évoque Albert Camus. Voici ce qu’il écrit (Carnets III), c’est proche, d’un séjour à Mycènes. 
"Le plus beau soir du monde se couche peu à peu sur les lions mycéniens." (…) "Il valait la peine de venir de si loin pour recevoir ce grand morceau d’éternité. Après cela le reste n’a plus d’importance."
 
Dans ce Livre de Kells les images agissent sur la conscience de qui regarde, par cette lumière qui put provoquer l’effet de secousse énergétique dont parle Jean-Luc Leguay. Quelque chose de similaire semble se ressentir dans les poèmes qui suivent, comme le regret du retour au commun. 
Ce poème de Kells éclaire aussi l’ouvrage de Michel Lamart dont j’avais d’abord deviné le sens en étudiant le titre… Ritournelle Pour un jardin de pierre… (note précédente).
 
Ce voyage en Eire était plus qu’il ne semblait. 
Et quand je lis, revenant au début, une strophe sur les routes d’Irlande, "Ces routes de nulle part
                 Ne vont que de soi à soi"
je peux y voir la métaphore d’un parcours qui est aussi intérieur, "de soi à soi" (comme font les voies d’Eire). Dans cet espace de légendes, de paysages heurtant du "vide" à "l’horizon". 
Et quand, dans un poème, l’auteur cherche à retrouver en lui ce qu’il regarda, les questions sont plus amples qu’un tri pour des "images mentales" à saisir encore. 
Un lieu n’est jamais anodin, on ne le choisit pas par hasard. 
Les eaux d’Irlande apportent leurs vrais "vertiges" sur une route côtière. Mais…
"Pour quels vertiges 
 Visibles
 Et
 Invisibles ?"
 
Autre éclairage porté sur des écritures de Michel Lamart. Cette fois des recueils de quelques pages publiés par La Porte (2011 et 2014). L’espace du dehors en écho aux questionnements du dedans. 
D’évidence interroge la réalité matérielle et symbolique d’un mur. Les espaces devant et derrière, la matière "Pierre après pierre", les enfermements et les promesses de liberté, "l’horizon", "le vide de l’espace"… 
Dit Hiémal, se divise en cinq Hivers… 
Gris, froidure, cendre et cristal (glace peut-être, sur les arbres). "Paroles gelées", "Vent du nord". Monde silencieux, "Voie du Vide"… 
Dimanches de pluie. Poèmes qui pourraient plaire à l’univers de l’Eire… Pluie, Eau en gouttes fines, qu’il voit larmes ou perles. Mais cette beauté pluvieuse est liée à l’ennui… On sent l’auteur entre goût et déplaisir, hésitant entre les deux. Comme regrettant la perte d’un espace volé par la pluie. 
 
Et j’ai lu un livre d’artiste, qu’il a créé avec Régis Lacomblez, plasticien. 
Citation...
Po&sie
           Quels secrets
           Délivres-tu
           Sur nous-mêmes            
                                         Quand ta langue
                                         Nous recrée ? 

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Recension © MC San Juan / Trames nomades

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LIENS...

Page Michel Lamart. Le Printemps des Poètes…  https://www.printempsdespoetes.com/Michel-Lamart

Michel Lamart. Page sur Les Hommes sans Épaules (fiche bibliographique et revues où il est présent)… http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Michel_LAMART-...

Encres vives, Michel Cosem... https://encresvives.wixsite.com/michelcosem/edition

Recension Trames nomades. Le Maître de lumière, de Jean-Luc Leguay, enlumineur… http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2019/04/20/le...

Livre de Kells. Fiche wikipedia (et quelques reproductions d’enluminures)… https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_Kells

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Merci pour ce retour, Michel. Courriel suit.

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