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01/04/2024

Poésie. Revue DIÉRÈSE n° 89

diérèse,lesdeux-siciles,daniel martinez,poésie,livres,citations,lecture d’images,hommagesL’éditorial de Gilles Lades met, dès l’exergue (citation d’Antoine Emaz) et sa première phrase, l’accent sur l’émotion : « le cœur et la chair de notre existence ». Il montre comment l’émotion émerge de l’intime, avec sa part inconsciente et son rapport avec l’imaginaire. Donc, écrit-il, elle ne peut être écartée de la pensée du poétique. Mentionnant Valéry, Goethe, et plusieurs autres auteurs dont René-Guy Cadou et Yves Bonnefoy, il considère que « seul le verbe poétique » a la force, « en unissant auteur et lecteur », de relier « l’intime » au « cosmique ».

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Ouverture… En page-titre intérieure, une citation…

La Poésie est une présence infiniment légère et infiniment comblante.

                                     Nicolas Dieterlé (1963-2000)

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[SOMMAIRE de la note : Illustrations / Poésie du monde / Études / Citations (poèmes) / Quelques recensions]

Regard sur quelques ILLUSTRATIONS  

Les couvertures sont de nouveau des œuvres très colorées de Pacôme Yerma. Géométries qui laissent l’imagination rêver des formes et des sens. Couverture, je vois peut-être un sablier posé sur un appui circulaire, ou sur une représentation du cosmos (comme un écho au dernier paragraphe de l’éditorial). Le temps et l’espace, matière et dimension de la pensée poétique… Quatrième de couverture, ce serait un sol, ou des terrains, avec deux surfaces séparées par un espace, les formes circulaires comme suspendues, figures du voyage de planètes. Même écho.

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Les peintures de Franck Bertran (pp. 27, 29, 31, 33) offrent des taches de couleurs liquides qui créent des propositions de lectures d’univers. Celui ou celle qui regarde est libre d’y percevoir ce que le plasticien a créé, sans toujours le savoir consciemment (mais l’inconscient créateur, lui, sait). Un peu comme dans ce processus du regard qui cadre en photographiant des affiches déchirées et en produisant ainsi ce que l’image ne montrait pourtant pas (mais que le photographe avait en lui, qui ne cherchait qu’un support pour aller au jour). Ici l’abstraction permet d’interpréter. Ainsi rien n’interdit de voir, page 27, un personnage fantomatique en bas à droite, enraciné dans des ombres (avec ses deux yeux figurés par des points noirs, un trait épais pour la bouche). Rien n’empêche d’imaginer un soleil blanc qui tente de percer les nuages en haut à gauche. Et, page 33, le point focal serait un œil, en haut à gauche, entouré de rouge, œil qu’une ligne invisible relie à un centre noir. Dans ces peintures on peut hésiter entre des traces qui pourraient être celles de matières biologiques ou d’un lointain espace stellaire (sachant que les deux se ressemblent, cellules ou galaxies, sang ou feux cosmiques).

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De nouveau, page 177, une mystérieuse image de Daniel Abel, assez proche de celle du numéro 88 de Diérèse. Comme une dentelle qui sculpterait un meuble autour de deux fleurs. Une structure qui aurait sa place dans un temple zen, peut-être. Si on veut y deviner la représentation d’un corps énergétique avec l’efflorescence circulaire de la couronne crânienne du méditant. Et si on accepte d’imaginer que les fleurs, légères comme des oiseaux, sont d’autres représentations de centres énergétiques. Ce pourrait être aussi une ode à la danse, par cet envol des fleurs. Ou… un tableau dans une maison andalouse.

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Page 251 on retrouve le graphisme de Jean-Claude Pirotte (commenté dans la note précédente), son paysage avec ses arbres-mains.

De lui, page 301, c’est une petite vignette en bas de page. Traits traçant collines et maison miniature, le goût du paysage en espace intime.

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Page 261, une création de Daniel Martinez. Nuages graphiques comme une pelote de laine (ou une galaxie) qui traverse une lumière verticale ancrée sur une base élargie autant que la robe d’un derviche tourneur. Un petit cercle blanc ouvre l’espace et fait changer de dimension. Celui qui dessine le veut-il ?

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POÉSIES DU MONDE

Trois domaines (tibétain, allemand, américain).

Le traducteur, Philippe Raynaud, présente la poésie tibétaine, issue « d’une longue tradition », mais qui ne peut se séparer de la tragédie de l’invasion chinoise et de la répression. Il nous est dit que le tibétain n’est plus la seule langue littéraire, mais qu’il y en a trois (tibétain, chinois, anglais). Et que de plus en plus de femmes s’y expriment.

CITATIONS

Sonam Tsomo (Chashutsang)

Cuisine

Quand mes cousins lointains, des moines

venaient nous rendre visite le samedi

mes sœurs se serraient

dans notre cuisine de quatre mètres carrés

……

Chime Lama

Une dette remboursée

Alors que tu es assis ici, tu me décris chacune des villes de tes voyages

Celle surmontée d’un croissant de lune suspendu à une chaîne de papillons

de nuit

battant des ailes, ensorcelée à la vue d’enfants devenus aveugles

……

Chen Metak

Fermez la gueule de votre chien

Un lion est né d’un chien

Ce matin

De terreur

Mes cheveux sont tombés mèche à mèche

J’ai mis sur ma tête un chapeau de paille en lambeaux

……

Tsering Wangmo Dhompa (trad. Gérard Augustin et Philippe Raynaud)

Comment Thupten chanta

Tu connais le discours du silence, parle, dit-il, parle.

D’incessants bavardages traînaient dans le quartier alors que le monde s’ouvrait avec fracas. Les langues vides sont si lourdes. Que sais-tu de la vie toi qui vis dans une grotte ?

……

Kaysang

Sans titre (2020)

je préfère toujours

qu’on avale les trois quarts de mon nom

si cela veut dire que je demeure

un visage dans une mer de noms

……

Gyalpo Tsering

Première chute de neige

Le corbeau croasse

haut perché

(…)

Et les drapeaux de prière

s’affaissent d’un air maussade

……

Da Tsempo

Griffonnages entre Shanghai et Hangzhou

une danse des masques et

une illusion de conversation et

(…)

étrangers et touristes et moi et

un train à grande vitesse et

ce poème

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Domaine allemand

Renate Schön, traduite par Joël Vincent

Débarquer, à portée de vue

L’éveil de la curiosité fait s’ensabler le sommeil.

Presque le paradis

Le temps ouvert à tous fait oublier les jours,

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Domaine américain

Kenneth Koch, traduit par Jean-Yves Cadoret

Les saisons

Hiver

Et alors quel plaisir quand apparaît le premier indice

Que le règne de l’hiver se termine ! Il avait semblé

Qu’il ferait froid pour toujours, mais non.

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ÉTUDES… (Les citations des poèmes les précèdent dans la revue. Ici j’inverse… Mais les recensions suivent les poèmes, en fin de note : ouverture sur des livres…)

Tentative d’épuisement d’une case de bande dessinée

Fin de l’analyse de la case du Lotus bleu d’Hergé, par Vincent Courtois (pp. 240-249), celle où il déchiffre l’équivalence d’un hexagramme du Yi King. Il s’appuie cette fois sur Kandinsky, pour ce qu’il dit, dans Point Ligne Plan, des formes simples. Et cela convient à son commentaire du « peu de traits » du dessin d’Hergé ici (le tracé du visage, les deux points pour les yeux…). Il mentionne aussi Mondrian, rapprochant « les lignes en noir et blanc » de la case des « trames des damiers de ses œuvres », Tintin est inscrit, ainsi, « dans une modernité esthétique ». Il regarde la posture verticale du corps de Tintin en pensant à ce que dit Gaston Bachelard dans L’Air et les songes, qui « rappelle que, du point de vue de l’imaginaire, la verticalisation est une valorisation ». La pensée chinoise est présente dans la représentation que fait Hergé de Tintin. Vincent Courtois fait remarquer à la fois « l’invisibilité du bassin », marquant la place dominante de la « cérébralité » mais aussi, en observant « le mimétisme entre la tête de Tintin et la théière », l’influence de « l’idée taoïste de se défaire de l’intellect ». D’autres cases, reproduites (trois), confirment l’analyse. En conclusion il note : « Cette case d’Hergé, telle une estampe, me fait rêver tant elle exprime des situations complexes de la vie avec une économie de moyens ».

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À l’impossible le poème est tenu. Quelques notes sur la poésie de Roland Gaspar 

François Migeot saisit ce qu’est pour lui l'écriture de Roland Gaspar (médecin et poète). Il le fait en reprenant les réflexions du poète lui-même, parsemées dans son œuvre. Poème ni « symbole » ni « traduction » : « Il opère par les mots et non par les idées », écrit-il. Il renvoie aussi à l’essai Approche de la parole, où le poète dit comment le langage inscrit « le rapport à l’humain et au monde ».

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Les herbes vertes s’étendent jusqu’à l’horizon. Anthologie de la poésie chinoise (1912-1949)

Traduite et présentée par Guomei Chen, Les Deux-Siciles.

Pierre Dhainaut a lu l’anthologie et il dit son enthousiasme pour la poésie de Shi Pingmei, dont les textes peuvent se situer dans la qualité de la lignée des Anciens, même si sa vie est toute dans le présent. Cette anthologie succède à la première, Si profonde est la forêt, même édition, pour la poésie des Tang . Et Pierre Dhainaut rappelle que nous connaissons moins, peu, la période présentée là. Dix poètes, dont un devenu moine, Li Shutong (le titre de l’anthologie reprend un de ses vers), et neuf engagés dans le « monde contemporain, dans une période particulière : « Comment auraient-ils pu échapper aux bouleversements de l’Histoire ? ». Parmi eux, Mu Dan (présent dans le numéro 88 de la revue). Lui qui dut renoncer à l’écriture pendant des années. En conclusion il est rappelé ce qui caractérise la poésie chinoise : « son refus de l’abstraction comme son refus de la rhétorique ».

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HOMMAGES

Daniel Giraud, voyageur, poète et buveur

Par Bruno Sourdin

Qui rappelle la proximité de Daniel Giraud avec Li Po, « son modèle absolu ».

En quelques mots voici déjà un portrait assez juste du lecteur et traducteur des auteurs du Tao : « Poète réfractaire et libertaire, Daniel Giraud avait l’âme buissonnière ». Le Tao était la philosophie qui correspondait profondément à ce qu’il était, lui, « un érudit sauvage » pour qui l’essentiel était « la quête de l’absolu et le souffle sauvage de la liberté ». Bruno Sourdin mentionne la publication dans Diérèse, en 2005, d’un entretien avec Daniel Giraud, associé à la publication d’un extrait de sa traduction du Sin Ming, texte « rare » sur « cet enseignement muet et paradoxal qu’est le chan ». Message de grande estime pour un poète déchiré entre une aspiration présente dans toute sa vie et une souffrance tant sociale qu’intérieure.

(Sur Daniel Giraud voir aussi ma note.)

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Le troubadour en allé

Autre hommage qui m’a émue, celui rendu à Michel Cosem, le poète et éditeur d’Encres vives (publication qui continue, avec Éric Chassefière). Sa mort m’a peinée, mais heureusement j’avais eu le temps de lui consacrer une note (pour laquelle il m’avait dit sa joie d’être ainsi compris).  Jean-Louis Bernard trouve les mots qui traduisent précisément l’art de cet auteur : « La poésie de Michel Cosem est consolation, car elle permet d’envisager mort et beauté sous le même angle, celui de l’infinitude ».

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Pierre Perrin, rend hommage à Jean-François Mathé, avec émotion. Il parle du poète, mais beaucoup, aussi, de l’ami (avec lequel il a correspondu intensément), de son propre deuil : « L’ami disparu imprime en moi une plaie qui ne cicatrise pas ». Il dénonce aussi la critique injuste d’un auteur de pamphlet (de ces gens qui ont besoin de nuire à ceux qu’ils n’aiment pas, ou ne comprennent pas, ou qu’ils ont peu lus). On sent une blessure pour la tristesse sans doute infligée à l’ami.

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CITATIONS (poèmes)

Laurent Faugeras

J’ai trouvé la place d’eau

qui diffracte les instants

le temps que s’écrive une rivière

(…)

J’ai trouvé le poème

qui déplace le non-lieu d’être

le temps de retenir l’eau

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Evelyne Morin

Dans la pensée de la terre

Errante de ton errance

Tu cherches la lumière perdue

Une trace dans la poussière des voix

La pierre demeure

voyante

intemporelle

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Pierre Dhainaut (écriture croisée avec Isabelle Lévesque)

Ritournelle

Quelle est entre deux passages des sons

la durée du silence, quelle est alors la couleur

de ce monde ?

Une chanson d’enfant nous porte

la vie entière, mais en elle un mot nous échappe,

c’est lui que nous essayons de comprendre,

l’écriture en écho le fait renaître :

quand nous l’oublierons, ce sera mourir.

…………

Isabelle Lévesque

Si tu veilles, les réponses frôlent la ritournelle, un mot :

Je le répète, tu l’extrais du passé, sur ce quai de gare.

Mourir s’est perdu dans le nom interminable,

Il est sonore et cru, plus long que notre histoire.

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Jacques Robinet

L’herbe entre les pierres. Quatrains (extraits)

 L’autre parfois survient

porteur de rose ou d’épée

 pour combler l’absence

      ou la taillader

        L’ultime étape

n’est pas la plus pénible

Le vieux mur ensoleillé

 savoure la fin du jour

     Lieu très désert

   irradié de présence

     Manteau de soleil

 sur une dune solitaire

     Prises à la gorge

les années fourvoyées

  implorent le présent

     de les absoudre

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Gérard Le Gouic

Journal de rien et au-delà (début)

C’était en quelle année déjà ?

(…)

C’était à l’occasion de ma décision

de me déclarer de nulle part,

mon pays de prédilection

(…)

Entouré de quelles frontières

étrangères, lointaines et incertaines

(…) que mon destin s’est révélé

à la cécité qui me dirige ?

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Line Szöllösi

Quelque chose de l’infini

Nudités qui cachent une autre nudité

à l’intérieur de la nudité

une peau qui n’est pas que la peau

(…)

Quand le corps est plus que le corps

et qu’on n’a pas fini de comprendre

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Jean-Pierre Chambon

Corneilles et freux

ce sont des signes dans l’air

tracés très vite à l’encre noire

une écriture de fumée

 

mais pour exprimer quoi

que la lumière nous déchire

que l’ombre nous étouffe

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Jacques Merceron

Les rythmes de vie dans les échelles du monde

L’impassible et le très lent

Les rythmes de vie dans les échelles du monde

(…)

L’impassible et le très lent défilent

Ce sont les rythmes du monde dans les échelles de vie

(…)

Joie joie dans le cœur

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Daniel Martinez

« Aum mani padme hum » (mantra tibétain)

Matin gris d’astres projetés

sur la pierre gravée d’un mantra

ainsi nos mains soufflent-elles

à la moindre faille du songe

l’esquisse d’une esquive

La jeune Grecque d’après une sculpture de David d’Angers

Elle pense que le palier de la mémoire

est une phrase indécise

colportée par les vents d’est

propices à de petites cruautés

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Yves Leclair

Carpe lucem. L’entretien de la muse

Vous écrivez toujours ?

- Non, je n’écris plus.

        Je désécris.

Errer est humain

         Chacun s’en va

         comme il pleut,

les pieds attachés dans ses ruines.

 

J’aimerais m’envoler dans quelque chose

        qui m’ouvre plus grand les yeux.

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Silvaine Arabo

Nul proscrit dans les vertiges du temps

Un peu de cet autrefois

À écouter la sève et le bruit doux des oiseaux

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Max Alhau

Exil. Pour Gérard Bayo, i.m.

Tu t’évades à force de rêves, de mots affranchis, mais les lieux n’ont pas déserté la mémoire. Ils sont le dernier port après lequel s’ouvre l’inconnu. Autant dire l’absence qui pèse lourd dans l’éternité.

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Pierre Schroven

Ici

Le bonheur respire sans effort

ralentit sa marche

Ne croit en aucune manière

Que le réel devrait être différent de ce qu’il est à cet instant précis

Et charge de fruits nouveaux les blanches collines d’une pensée

Détruisant sans colère sans haine l’idée de soi

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Gabriel Zimmermann

Pour Mahsa Amini

Aujourd’hui on me parle d’un monde meilleur,

Les guerres seraient moins nombreuses, nos cœurs iraient à la paix

Bientôt ravager finira, la tolérance sera une terre féconde

Mais à quelques pays d’ici une femme montre ses cheveux dans la rue

Et un homme la pousse dans une pièce sans fenêtre

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Richard Roos-Weil

Sans suite

L’impossible demeure

Ces sons

Dans le halo de la pensée

Sous la langue

(…)

D’où vient ce chant

Embrouillé en toi ?

De quel pays

Quelle langue ?

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Marie-Noëlle Agniau (classée dans les « Proses », poésie fragmentaire)

Le rangement des choses

Le temps avance sur lui-même

(…)

Nul ne peut se résoudre à quitter les choses – même cassées.

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QUELQUES mentions de RECENSIONS (une sélection pour donner envie d’aller lire, celles-ci et les autres)…

Nature morte avec page blanche, de Christian Viguié, éd. L’Ail des ours.

Sabine Dewulf remarque que le titre pourrait être celui d’un tableau, ce qui correspond à l’importance que le peintre accorde à la peinture : « Christian Viguié aime écrire avec les peintres ». Je retiens surtout deux notations qui caractérisent le texte. Celle qui qualifie l’ouvrage comme proche d’une « méditation métaphysique », et celle qui voit en cette écriture un « poème visuel ».

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L’Attente, de Jacques Robinet, éd. La Coopérative.

Bernard Pignero voit dans ce livre « un des plus précieux cadeaux que la littérature nous ait offert cette année ». Il rappelle le contexte de cette écriture, le confinement pendant la pandémie, qui aboutit, pour l’auteur, à un renoncement à la pratique de son métier de psychanalyste et au départ de Paris, double douleur. Bouleversant commentaire, pour un livre « somptueux dans sa langue », qui serait « un adieu ». « À la fois bilan et testament d’une intelligence ouverte à l’invisible et à l’ineffable ». Dans les « fragments » de ce « long poème en prose » Bernard Pignero repère des aphorismes qu’il hésite à « extraire de leur contexte ». Livre important, « à relire », dit-il, d’un auteur dont il a rappelé la foi non dogmatique.

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Retour sur écoute, de Pierre Dhainaut, éd. Le Bateau Fantôme

Michel Diaz insiste d’abord sur la structure de l’ouvrage, « comme un triptyque, au sens pictural du terme ». Trois étapes, « sans aucune connotation religieuse », mais vers « l’invitation à un effort de démarche ‘spirituelle’ ». Récit d’une « épreuve physique autant que morale », mais « méditation sur la précarité existentielle ». Et c’est la poésie qui est le « fervent moyen de réappropriation du sentiment de vivre parmi les choses animées ou non qui nous entourent, dont les plus ordinaires et les plus humbles ». La citation de ce qui est dit en quatrième de couverture donne tout son sens à la notion « d’impossible inachèvement » de la lecture : « le seul signe de ponctuation qui convienne ce sont les deux points : ».

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Sa recension du livre de Jacques Robinet, Clartés du soir, éd. Unicité (n°88), a été reprise dans ce numéro.

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Palermo, d’Éric Chassefière, éd. Rafael de Surtis

Récit de voyage. Je relève des extraits de cette recension. Impression que Michel Diaz fait intérieurement le même voyage, et la manière dont il le déchiffre devient méditation.

« Tout ce qui apparaît dans le monde se porte aux signes »

« Mais l’émotion, telle qu’elle saisit Éric Chassefière tout au long de ses déambulations dans Palerme et des pages qu’il y écrit, au fil de ses découvertes et de ses émerveillements, est détachement d’une réalité du monde qui n’est que la réalité de notre moi illusoire transporté dans les choses. »

« Ainsi, le poète nous invite-t-il dans ces pages à retrouver nos yeux d’avant le savoir, c’est-à-dire à voir. »

L’Empreinte Matala, de Teo Libardo, éd. Rosa Canina

Livre à « l’écriture incandescente », « carnet de voyage » et « surtout long poème ». Michel Diaz cite une notation posée en quatrième de couverture, pour définir ce livre comme « l’archéologie d’une éclipse intérieure ». Pour traduire le rapport que l’auteur entretient avec la nature et la conscience qu’il a des « valeurs essentielles », en « libertaire » assumé, il mentionne Thoreau et Giono, mais aussi Jean-Pierre Otte. Questionnement assez grave, à travers cet ouvrage, inquiétude sans désespoir.

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Martine-Gabrielle Konorski, Anthologie, éd. Le Nouvel Athanor

Gabriel Zimmermann caractérise l’écriture de la poète comme « dépouillée », signifiant par cela « exigence de décantation ». L’univers serait celui d’une « ontologie élégiaque », rendant compte du tragique humain, mais sans romantisme et retour sur soi, le « nous », dit-il, étant plus présent que le « je ».

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Le bleu selon C. Klein, de Colette Klein (poèmes) et Wanda Mihuelac (peintures), éd. Transignum

Jean-Louis Bernard évoque la couleur, bien sûr, et le mystère de son absence dans sa paradoxale présence (le ciel). Il rend compte d’un processus proposé, pour voir autrement. Et mentionner, pour l’écriture de Colette Klein, « sa conscience de l’infini (galaxies et abysses)  ouvre à une perception différente ».

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Trouée, de Maud Thiria, éd. Lanskine

Nathalie de Courson a choisi de citer, surtout. Cependant elle propose une interprétation du titre qui éclaire le sens du livre. D’abord la déchirure des violences subies, le sujet de l’ouvrage. Et elle relève une série sémantique qui inscrit cela tant dans la peau que dans le langage. Mais elle donne ensuite au mot, trouée, une autre signification finale, celle de l’ouverture (espoir, guérison, dépassement), la «trouée » dans l’espace devenant la porte libératrice dans le psychisme et le corps.

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Note de lecture © MC San Juan

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Diérèse et Les Deux-Siciles : http://revuepoesie.hautetfort.com/

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