08/12/2024
Boualem SANSAL. Arrestation, questions, soutien...
Ma conviction est que nous devrons toujours refuser de nous incliner devant les événements, les faits, les circonstances, la richesse et le pouvoir, l’histoire comme elle procède, le monde comme il va.
Albert Camus, La crise de l’homme, Conférence, 1946, Columbia Université, NRF, 1996, p. 25. Conférences et discours 1936-1958, Folio, 2017.
J'ai un goût très vif pour la liberté. Et pour tout intellectuel, la liberté finit par se confondre avec la liberté d’expression.
Albert Camus, Carnets II, Gallimard, 1964, pp. 141-142
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SOIRÉE du 16-12, 20h. Comité de soutien de Boualem Sansal. Inscription par mail : comite.soutien.boualem.sansal@gmail.com
Initiative de la Revue politique et parlementaire. Comité présidé par Catherine Camus.
Théâtre libre, 4 bd de Strasbourg, Paris.
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Solène Vary, Privé de visa à 48 heures d’une audience cruciale, l’avocat de Boualem Sansal se voit interdit d’entrée en Algérie, Le Figaro, 09-12-2024. https://www.lefigaro.fr/international/l-avocat-de-boualem-sansal-se-voit-interdit-d-entree-en-algerie-20241209
La demande de libération, faite par les avocats algériens de Boualem Sansal, a été refusée le 11-12. La nouvelle demande devrait être possible dans un mois, ce qui est inquiétant.
Pour « une solidarité sans faille » ...
Kamel Bencheikh, Boualem Sansal : un ami, un esprit des Lumières, un homme en danger, Le Matin d’Algérie, 22-11-2024.
Citations : « Boualem Sansal est bien plus qu’un écrivain franco-algérien d’exception. Sa plume, empreinte de laïcité, d’universalité et d’un profond humanisme, incarne l’héritage des Lumières. / Boualem Sansal est, à mes yeux, une figure lumineuse de notre époque, portant haut les valeurs de liberté, de vérité et de justice, même dans un contexte qui les étouffe. » (...) « C’est pourquoi son sort actuel m’alarme profondément. » (...) « Cette arrestation, qui ne peut être vue que comme une tentative de museler sa voix libre et critique, me bouleverse et m’indigne. » (...) « ...Cette fois-ci, c’est à nous de répondre à son courage par une solidarité sans faille. »… https://lematindalgerie.com/boualem-sansal-un-ami-un-esprit-des-lumieres-un-homme-en-danger/
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Sommaire de la note, après ces exergues et mises à jour : Point de vue introductif, mon ANALYSE en six points, plus le bilan sur la solidarité) / REVUE de textes, selon ces thèmes, cinq rubriques / LIENS vers les différents soutiens et communiqués.
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.1. L’amour du pays, nié par des contradicteurs...
Contre l’accusation qui fait de Boualem Sansal un traître à son pays (qu’il n’aimerait pas...), opposer ce qu’est (l’immense) amour de son pays, pour l’écrivain. Certains s’expriment sur les réseaux sociaux en reprenant cette accusation jusqu’à mettre en doute, parfois, sa nationalité et son lieu de naissance. Soupçons effarants. Croient-ils que celui qui formule des critiques le fait contre le pays, le peuple ? Croient-ils que celui qui combat l’islamisme (qui a fait 200 000 morts pendant la décennie noire) le fait contre la culture algérienne authentique ? C’est le contraire, justement. Aimer son pays, pour un être conscient, pour l’intellectuel qu’il est, c’est vouloir pour lui le meilleur des conditions de la liberté, c’est désirer aider à l’affranchir des pièges de l’idéologie et de l’obscurantisme, qui sert l’oppression. Son amour du pays, ses lecteurs le constatent dans ses livres. Comme Camus il en a la rage amoureuse. Et comme Camus, cet amour lui donne le courage de se mettre en danger, plutôt que trahir la vérité de cet amour. Et c’est une écrivaine tunisienne, Hélé Béji, qui l’affirme avec force dans une tribune de soutien, dans le Nouvel Obs, définissant son « étoffe », comme celle de « l’exquise lumière d’un cœur conscient », elle qui voit dans son arrestation « l’arrêt du cœur pensant et souffrant de sa patrie ». Ce qu’elle a compris de lui, et de son « amour infini pour l’Algérie » est une réponse au terrible contresens de ceux qui pensent de Boualem Sansal l’exact contraire de ce qu’il est, confondant critique du régime et regard sur le peuple. Elle écrit ceci : « Il suffit de lire n’importe quel texte de Boualem pour éprouver au fond de notre gorge cet amour infini pour l’Algérie, qui traverse sa prose où frémit le passé, le présent, le futur d’une vie, la sienne, dans une fêlure bouleversante entre son être et son pays natal ». De même, Bernadette Rey Mimoso-Ruiz, recensant Poste restante : Alger (sous-titré Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes), dans Horizons maghrébins, notait ceci, en 2006 : « Boualem Sansal délaisse les chemins de la fiction et prend sa plume pour une longue lettre à ses compatriotes où il crie sa colère mais aussi son amour infini de l’Algérie ». (Citations et liens vers ces chroniques, partie Revue de textes, en 1.)
.2. Sa liberté d’expression serait excessive, selon ceux qu’elle dérange...
Boualem Sansal affronte ce qui provoque la peur, ce qui fait se museler les esprits. Il dérange en refusant les injonctions contraires à la liberté de conscience et d’expression. Il ne peut renoncer à l’intelligence de la pensée, et penser est incompatible avec l’autoritarisme qui définit les cadres d’une normalité conforme. Anne Rosencher, dans un article de L’Express, du 21-11-2024 (qui fait l’éloge de ceux qui disent « non ») dit de Boualem Sansal qu’il est de ceux « qui défendent avec un courage inouï la liberté ». Elle cite André Malraux qui en 1970 mettait au-dessus de tout le fait d’être parmi ceux « capables de dire 'non' ». Et elle ajoute : « Depuis des années Boualem Sansal est de ceux qui disent non. ». (Non à ce qui opprime, limite). Dans le même sens Libération, le 21-11-2024, renvoie à un article de Virginie Bloch-Lainé, du 6 juillet 2023, Le portrait, titré Boualem Sansal, esprit de lumière. Christophe Ono-dit-Biot, dans l’éditorial du Point culture, du 27-11-2024, écrit ceci : « Il n’y aura pas trop de voix pour se lever contre le fait qu’on réduise celle-ci au silence ». Et Éric Fottorino, dans le numéro du 1 hebdo du 4 décembre 2024, titré Qui veut faire taire les écrivains, insiste, en évoquant l’arrestation de Boualem Sansal, sur l’aberration de cette arrestation et du contenu des accusations : « Une décision arbitraire et hors de proportion ». L'emprisonnement d'un écrivain connu ne peut que provoquer la peur chez les consciences dissidentes...
.3. L’affaire des frontières...
L’accusation au sujet de déclarations de Boualem Sansal sur les frontières algéro-marocaines, justifierait donc, selon Algérie Presse Service la mention d‘« atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du pays » et de « complot contre la sûreté de l’État ».. Or constater des faits historiques, des réalités du passé ne signifie pas vouloir modifier le présent. Dans le constat que fait l’écrivain (qui a donc consulté les cartographies et textes) il y a aussi une critique de la France coloniale (ce qui échappe à ses accusateurs, qui ne voient pas non plus que son regard de lucidité critique porte aussi sur la société française actuelle et ses failles, dans divers textes ou entretiens). Or l’atteinte constituée (par cette histoire de frontières) ne l’est par rien d’autre que l’expression d’idées et le rappel de faits anciens, très antérieurs à la convention signée à Rabat en 1972. Et l’utilisation de l’article 87 bis semble bien être un contresens. Qui transforme l’écrivain en otage de conflits qui ne sont pas les siens. Enfin le média dans lequel il s’est exprimé diffuse des entretiens de personnalités qui ne correspondent pas à ses orientations. Boualem Sansal, qui parle avec tout le monde, ne se compromet pas pour autant, trop indépendant pour cela. Il donne là, à tous, une leçon d’éthique et de démocratie. Au pire on pourra regretter l’imprudence qui lui fait oublier la perversité de ceux qui instrumentalisent tout. Comme ils le font en repérant des soutiens autoproclamés qui ne font, à l’extrême droite, que récupérer une cause qui n’est pas la leur, le soutien d’un écrivain que le plus souvent ils n’ont même pas lu.
.4. Religion, islam, islamisme...
D’où viennent certains refus de soutenir Boualem Sansal, autour de ce qui concerne la religion (droit d’être croyant et laïque, agnostique ou athée, et critique de l’islamisme) ? Pourquoi l'extrême gauche et ses alliés ne soutiennent-ils pas Boualem Sansal, et pourquoi une partie d'un public de culture musulmane les suit-elle, en France, comme certains Algériens, adoptant la croyance en un auteur qui serait l’ennemi des siens, reniant son pays et son peuple. (Pour critiquer l’islamisme et ce qui, dans l’islam, peut le légitimer ?). La réponse est dans ce qu’analyse Sylvain Cypel (Orient XXI, 12-02-2018) dans sa note de lecture du livre de l'écrivaine libanaise Dominique Eddé, Edward Saïd, Le roman de sa pensée. Il reprend, la citant, la critique personnelle qu’elle fait, en conclusion, prolongeant celle de Saïd, d’une forme néfaste d’orientalisme. « Celle », écrit-elle, « qui consiste non seulement à renvoyer les musulmans en masse à l’identité d’un islam intangible et figé, mais, plus méprisant encore, à baisser le niveau d’exigence morale dès lors qu’il s’agit de cette religion. Autrement dit : accordons-leur d’être différents, en leur accordant une part de barbarie qui répond à leur héritage culturel ». En fait, la faillite de l’extrême gauche française, et de certains intellectuels voulant faire preuve d’esprit solidaire (et se croyant ainsi opposés à l’ostracisme qui viserait les musulmans), est due à ce qui cause la complicité de ces courants idéologiques avec l’islamisme et leur dénonciation de ceux qui le critiquent, jusqu’à cibler les intellectuels critiques des pays du monde dit arabe. Cette faillite est une sorte de racisme qui ne sait pas l’être. Ils ne croient pas les êtres de culture musulmane capables d’être laïques tout en restant musulmans, ou capables, comme des êtres nés chrétiens ou juifs, de décider d’être agnostiques ou même athées, et de s’engager contre toutes les rigidités des dogmes, comme l’ont fait les penseurs des Lumières. L’extrême gauche qui se tait pour refuser de soutenir Boualem Sansal est fondamentalement archaïque, et elle fait de son archaïsme un fanatisme obscurantiste. En plus de la mener à la lâcheté. Ces idéologues ne sont pas capables d’entendre les voix qui se dressent, de ceux qui refusent d’être assignés à la soumission. Pourtant il y en a. Boualem Sansal est une de ces voix, majeure. (Autres analyses, citations et liens, en Revue de textes).
.5. Israël, et le conflit israélo-palestinien...
Un autre reproche est fait à Boualem Sansal, qui concerne le conflit israélo-palestinien et le supposé rapport de l’écrivain avec Israël. Et c’est encore un contresens, par méconnaissance de la complexité lucide de sa pensée. (Contresens que peuvent faire, dans un sens ou un autre, ceux qui veulent l’assigner à un choix qui leur convient). Il n’est pas de ceux qui sont d’un 'camp' contre l’autre. Il avait accepté une invitation à une rencontre littéraire en Israël, refusant d’obéir à l’injonction d’interdit du pouvoir algérien (qui mêle ainsi peuple et pouvoir, droite et gauche, extrémistes favorables aux colonisations illégales et militants acteurs de paix partageant des initiatives avec des Palestiniens). D’abord, rejetant l’antisémitisme, accepter l’invitation d’auteurs juifs était une affirmation en acte. Et les auteurs qu’il allait rencontrer n’étaient pas de ceux qui pouvaient justifier un refus. (D’ailleurs il parle avec toutes sortes de gens, en France aussi, aimant écouter des voix plurielles, trop intelligent pour que cela l’empêche de penser par lui-même : il est irrécupérable.) Croire que sa sympathie pour des écrivains d’un autre pays, d’une autre langue, et peut-être son intérêt pour ce pays 'interdit', cela puisse se confondre avec une absence de possibilité critique, c’est une erreur regrettable. Mais son regard critique, contrairement aux soutiens français des Palestiniens les plus médiatiques (sur la line des LFI), il le porte aussi sur le Hamas et le Hezbollah, mouvements terroristes islamistes, sachant bien ce que leur idéologie porte de malheur, pour les Palestiniens aussi. Mais ceux qui voient en lui un soutien de Netanyahu, et une position contre les Palestiniens, feraient bien de lire sa tribune du 16-10-2023, publiée dans Marianne... Son regard critique sur Israël est sans indulgence, malgré la sidération devant les horreurs du 7 octobre et leur suite. Il regrette qu’Israël se dirige, selon lui, « à vive allure vers une république théocratique ultraorthodoxe, sur le modèle iranien ou saoudien ». Des Israéliens expriment aussi de vives critiques inquiètes, similaires,au sujet de leur pays, sans être considérés comme des citoyens méritant d’être poursuivis pour « atteinte à la sécurité de l’État »... (Citations et lien vers son texte intégral sur ce conflit, et les points de vue, sur ce sujet, d’Omar Youssef Souleimane et Boris Cyrulnik, en Revue de textes.).
.6. L’idéologie supposée de Boualem Sansal...
Le reproche de flirt avec l’extrême droite, noté ici ou là (pour justifier méfiance et silence) doit être analysé, et il faut y répondre. L’écarte l’auteur franco-marocain Youssef Jebri, en quelques mots, dans son adresse au gouvernement algérien titrée Tonton Boualem, et demandant en conclusion la libération de l'écrivain. Et ne le mentionnent même pas d’autres auteurs réagissant à l’arrestation, comme l’écrivain d’origine syrienne Omar Youssef Souleimane ou l’écrivaine tunisienne Hélé Béji, ou les rédacteurs du Matin d’Algérie dans leurs chroniques de soutien... Car les lecteurs vraiment connaisseurs de l’œuvre de Boualem Sansal savent que rien de ce qu’il écrit ne peut correspondre ou nourrir une quelconque parenté avec les idéologies d’extrême droite. Mais ont accepté de s’y exprimer des personnes qui ne sont pas sur ces lignes. Pourquoi ? Parce que sur le sujet de l’islamisme ils y trouvent un espace où c’est possible de le dénoncer. Choix de lassitude, de désespoir. Comme pour l’anthropologue Florence Bergeaud Blackler qui a rencontré bien des obstacles dans son travail sur le frérisme, et a été menacée gravement. Ou l’ancien ambassadeur en Algérie, Xavier Driencourt, désolé de parler dans le désert quand il tente de faire passer des messages de lucidité que, semble-t-il, les autorités, en France, n’entendent guère. Ceux qui sont à blâmer ce sont ceux qui laissent à l’extrême droite des combats qu’ils refusent de mener, faisant même des choix inverses, en collaborant avec l'extrême droite qu’ils ne qualifient pas ainsi, celle des islamistes. Boualem Sansal, lui, se comporte comme un être libre de toute appartenance, qui parle avec tous, sans que cela soit compromission, car gardant sa liberté de conscience critique. Pour Boualem Sansal, le seul problème, là, est que son désir de communiquer et transmettre, de dire (son éthique, en fait), l’a mis en danger, pour ne pas s’être assez protégé des instrumentalisations haineuses prêtes à tout utiliser pour nuire. L’imprudence n’est pas un crime. Et la haine aurait utilisé n’importe quoi.
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....La solidarité.....
Les soutiens sont nombreux. Pétitions diverses... Communiqués : Gallimard, Pen Club, CLR (Comité Laïcité République), Académie française... Appels, celui de Kamel Daoud, soutenu par des auteurs et Prix Nobel, et ceux des associations internationales d’écrivains : Le CPE (Conseil Permanent des Écrivains) et l’EWC (European Writers' Council). Tribunes de collectifs d’auteurs... Création d’un Comité de soutien présidé par Catherine Camus (initiative de la Revue politique et parlementaire). Articles dans la presse, dont les chroniques du Matin d’Algérie... Etc.
Gêne la solidarité authentique ce qui procède de récupérations par des soutiens autoproclamés, qui ne semblent pas être des lecteurs de l’écrivain. Et, autre bord, l’agressivité haineuse d’ignorants sûrs de leur mépris, comme la honteuse charge de la députée S. Rousseau, au sommet de la bêtise idéologique.
Mais des points de vue s’opposent. Faut-il beaucoup intervenir, ou l’excès de « bruit » en France nuirait-il (selon un proche du dossier, comme c’est mentionné dans certains journaux) ? Faut-il critiquer durement le pouvoir algérien qui a arrêté Boualem Sansal, ou certaines critiques ne risquent-elles pas d’attiser les tensions ? L’avocat français de l’écrivain vient de faire un appel aux intellectuels du monde entier dans la conférence de presse organisée par Gallimard, car il considère qu’il faut un soutien universel qui ne soit pas limité à la France (et à ses difficultés relationnelles avec l’Algérie). Il a dit penser à saisir le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
MC San Juan
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REVUE de TEXTES (avec certains liens)
.1. ......amour du pays......
Ample tribune, La patrie perdue de Boualem Sansal, Nouvel Obs, Hélé Béji, écrivaine tunisienne, 23-11-2024, mise à jour le 29-11-2024 :
« L’écrivain, arrêté à son retour à Alger le 16 novembre, fait les frais d’un contresens fâcheux. Les polémiques dérisoires n’ont rien à voir avec son œuvre qui n’appartient ni à l’Orient ni à l’Occident. (...) Boualem n’écrit ni comme un Algérien, ni comme un Français, ni comme un Arabe, ni comme un musulman, ni comme un anti-musulman, ni comme un Oriental, ni comme un Occidental. Il écrit comme un poète dont l’immensité passe toutes les frontières des préjugés, des hypocrisies, des mensonges. (...) Boualem écrit la musique déchirée de ceux que l’histoire a écrasés, que ce soit la tragédie coloniale ou les dérèglements postcoloniaux. (...) La musique de Boualem n’est ni celle de l’Orient ni celle de l’Occident. Elle est celle de l’échec humain de l’émancipation que l’on avait crue si proche pourtant dans l’épopée des peuples décolonisés. Toute sa prose est ciselée dans cette souffrance. (...) Il suffit de lire n’importe quel texte de Boualem pour éprouver au fond de notre gorge cet amour infini pour l’Algérie, qui traverse sa prose où frémit le passé, le présent, le futur d’une vie, la sienne, dans une fêlure bouleversante entre son être et son pays natal. (...) En fait sa puissance littéraire est faite de cette vénération pour une patrie perdue, abandonnée des siens, avec un chagrin mêlé du sens de sa beauté profonde et limpide, sans pouvoir en faire le deuil. (...) La satire de Boualem est la forme irrésistible de sa bonté. (...) L’obscurantisme le hante. Mais c’est l’obscurantisme de l’oppression, quel que soit l’argument qu’elle avance. »
Texte intégral : https://www.nouvelobs.com/bibliobs/20241123.OBS96840/la-patrie-perdue-de-boualem-sansal-par-hele-beji.html
Et...
Lecture de Poste restante : Alger (2006, Folio, 2008), par Bernadette Rey Mimoso-Ruiz, dans Horizons maghrébins, 2006.
Citations : «..il crie sa colère mais aussi son amour infini de l’Algérie. » (...) « Significativement dédiée au Président Mohamed Boudiaf, assassiné avant d’avoir pu rendre sa dignité à la nation, la lettre de Sansal a pour destinataires tous ceux qui n’osent plus parler. » Plus loin elle analyse : « L’acte libératoire se veut aussi libérateur : dire le vrai pour redonner à ses amis, ses sœurs, ses frères, une liberté de pensée. »
À lire sur Persée, en ligne : https://www.persee.fr/doc/horma_0984-2616_2006_num_55_1_2398
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.2. ......Liberté d’expression.......
SILA, Salon du Livre, dérive de ce rendez-vous normalement incontournable. Le chroniqueur, Adlène Meddi, fait un bilan, et note les divers couacs, les formes accentuées de la censure. Le Point, 10-11-2024. Signe du durcissement des limitations, cela situe le contexte de l’arrestation de Boualem Sansal… https://www.lepoint.fr/monde/salon-international-du-livre-d-alger-2024-a-la-recherche-du-prix-goncourt-kamel-daoud-10-11-2024-2574928_24.php
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Anne Rosencher, De Boualem Sansal à Kamel Daoud, ceux qui disent 'non' pour nous tous (et qu’on devrait soutenir davantage), L’Express, 21-11-2024.
Entrée : « L’écrivain Boualem Sansal... Avec le prix Goncourt Kamel Daoud il fait partie de ceux qui défendent avec un courage inouï la liberté. »
Donnant l’exemple terrible du blogueur iranien, Hossein Ronaghi, arrêté pour la force de son 'non', elle cite André Malraux qui en 1970 mettait au-dessus de tout le fait d’être parmi ceux « capables de dire 'non' ». Après avoir rappelé sa lutte constante contre l’islamisme elle dit ce rapport avec le 'non' : « Depuis des années Boualem Sansal est de ceux qui disent non. » https://www.lexpress.fr/societe/de-boualem-sansal-a-kamel-daoud-ceux-qui-disent-non-pour-nous-tous-et-quon-devrait-soutenir-KRESN2P2ZJF2ZA5W7Y6C42IUG4/
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« Il est censuré en Algérie du fait de son travail très critique du pouvoir en place. ». Inquiétudes autour de l’écrivain algérien Boualem Sansal... Libération, 21-11-2024.
La page renvoie à un article de Virginie Bloch-Lainé, du 6 juillet 2023, Le portrait, titré Boualem Sansal, esprit de lumière.
En entrée : « L’écrivain algérien, ancien ingénieur et haut fonctionnaire, poursuit inlassablement sa lutte solitaire contre l’islamisme et un pouvoir compromis. »
Citations : « Athée opposé aux islamistes aussi bien qu’au gouvernement algérien, Sansal a les islamistes et le gouvernement algérien contre lui et l’on se demande en effet comment il passe entre les gouttes. « Il est très seul », dit Jean-Marie Laclavetine, son éditeur. » (...) « Cheveux gris et longs attachés, il ressemble à un Apache. Il décrit l’islamisme contemporain et son horreur en faisant un pas de côté, vers la science-fiction ou l’humour noir. »
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Richard Malka (avocat), Marianne, 25-11-2024.
« Boualem Sansal est victime d’un régime obscurantiste et corrompu jusqu’à la moelle, qui n’hésite pas à emprisonner un écrivain sans motif, sans procès, sans durée. (...) C’est une atteinte grave, non seulement à la liberté d’expression, mais aussi au plus élémentaire droit de l’homme : ne pas être emprisonné par le fait d’un autocrate ou le bon vouloir d’un tyran. (...) Sansal est emprisonné pour ses opinions, rien d’autre. Il n’a agressé, tué, ou blessé personne. Mais ses idées dérangent un pouvoir totalitaire. C’est le propre des régimes les plus abjects. (...) Nous voyons un régime dictatorial, en plein déclin, auquel il ne reste que l’arme de la peur pour tenir son peuple. (...) C’est une démonstration ultime de faiblesse et d’arbitraire. »
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Pierre Vermeren (historien, co-auteur du livre Dissidents du Maghreb depuis les Indépendances), Marianne, 27-11-2024.
« L’arrestation de Boualem Sansal montre qu’aucun Algérien n’est à l’abri des foudres du régime. »
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Christophe Ono-dit-Biot, éditorial, Le Point culture, 27-11-2024.
« Un écrivain de 75 ans bien connu des lecteurs français est emprisonné pour ses idées et rien que ses idées. Il s’appelle Boualem Sansal (...) et il est aujourd’hui accusé d’acte ‘terroriste ou subversif’ par le gouvernement algérien. Son tort ? S’être exprimé contre l’islamisme et l’autoritarisme du pouvoir dans son pays. (...) Il n’y aura pas trop de voix pour se lever contre le fait qu’on réduise celle-ci au silence ».
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Xavier Driencourt (ancien ambassadeur en Algérie), FigaroVox, 30-11-2024.
« Un scénario pitoyable mais implacable concocté (...) par un pouvoir hostile visant de manière méthodique, systématique et quasi scientifique à faire taire ses opposants. Après la presse muselée depuis plusieurs années, après les attaques contre Kamel Daoud et son prix Goncourt, après les éructations du régime contre la France, c’est au tour de la liberté de pensée d’être mise en cause. »
[Il écrit ceci, autre article : Critiquer Kamel Daoud et arrêter Boualem Sansal c’est tirer à vue sur le pouvoir français, Le Figaro, 30-11-2024.]
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Yacine K., Affaire Boualem Sansal : la première réponse officielle algérienne, Le Matin d'Algérie, 02-12-2024
(En dehors de la décision de placer l’écrivain en détention provisoire les premières déclarations ont été des menaces pour ceux qui voudraient le soutenir, ce que dit cet article.)
« Le président de la chambre basse du parlement s’est fait menaçant en agitant l’imminence d’une sentence judiciaire envers tous ceux qui pourraient soutenir Boualem Sansal. ‘La main de la loi s’étendra à quiconque oserait tenter de porter atteinte à la sécurité et à la stabilité de l’Algérie’. » https://lematindalgerie.com/affaire-boualem-sansal-la-premiere-reponse-officielle-algerienne/
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Éric Fottorino, Boualem Sansal est en prison (dans le numéro titré Qui veut faire taire les écrivains), Le 1 hebdo, 04-12-2024.
L’éditorial, lisible en ligne, insiste sur l’aberration de cette arrestation et du contenu des accusations (« Une décision arbitraire et hors de proportion – le contraire de la justice – qui rappelle les lettres de cachet de l’Ancien Régime. »)
Ce qui est en jeu, écrit-il, c’est la liberté (qui marque la frontière entre « démocratie » ou « dictature »). Les questions évoquées portent sur les raisons de cette arrestation, le contexte, et sur le soutien (ce qu’il faut faire ou éviter) mais aussi sur les deux marges autour du soutien réel : silences ou tiédeurs de certains, récupération d’autres. (Dans le même numéro l’historien Laurent Martin considère que cette arrestation révèle la vraie nature du régime algérien.) https://le1hebdo.fr/journal/qui-veut-faire-taire-les-ecrivains/524/article/boualem-sansal-est-en-prison-6930.html
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Mais déjà, en 2023, le pessimisme (ou la lucidité) de Xavier Driencourt, ancien ambassadeur en Algérie... Tribune, Le Figaro, 08-01-2023
Entrée : « La répression qui s’est abattue sur le pays, répression élaborée et mise en œuvre par une armée qui ne cesse de glorifier les combats contre la France, « ennemi éternel », a fini par avoir raison des espoirs mis un temps dans le Hirak pour une démocratisation du pays. »
Intention : « Cela fait maintenant trois ans qu’en Algérie Abdelmadjid Tebboune a été élu président de la République. Trois ans et, à Alger, on pose la question d’un deuxième mandat. Quel bilan de cette présidence, quelles leçons en tirer pour la France ? Mon amitié pour l’Algérie comme mon respect pour le peuple algérien m’obligent à rappeler quelques évidences sur la réalité politique, les illusions françaises et les conséquences de celles-ci. S’il fallait résumer brièvement et brutalement la situation, je dirais que ‘l’Algérie nouvelle’, selon la formule en vogue à Alger, est en train de s’effondrer sous nos yeux. » https://www.lefigaro.fr/vox/societe/xavier-driencourt-l-algerie-s-effondre-entrainera-t-elle-la-france-dans-sa-chute-20230108
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Et en 2015, cette analyse de Dominique Eddé, dans L’Orient littéraire, sur la barbarie qui peut être celle d’un djihadiste ou celle d’un dictateur. Écrit que le Courrier international publiait et situait dans la ligne de son appel à dissidence s’adressant « aux intellectuels du monde arabe » : « Nous savons qu’il suffit d’un rien pour qu’un être ordinaire dégénère en barbare, un drapeau en étendard de haine. Et ce rien reste impossible à cerner. Archaïque, indomptable, à la racine de l’être, cette chose n’est pas seulement ce que la raison ne peut pas dire, c’est ce qui l’attaque. Plus s’accroît notre absence de visibilité, plus s’accroît la tentation de la nier, de lui opposer un masque ou un double chargé de se retourner contre elle. (...) Ce masque est une aubaine pour qui veut en finir avec le visage inquiet de la vie. Il couvre aussi bien le dessein d’un dictateur sanguinaire que celui d’un djihadiste islamiste. »
Dominique Eddé, Le Courrier international HS (L’islam en débat. Sortir du rang pour s’opposer à la haine), 12-03-2015. [Le journal introduisait cet article en notant ceci : « Comment résister à la barbarie ? En refusant de choisir un mal contre un autre, répond l’écrivaine libanaise Dominique Eddé, qui lance aux intellectuels du monde arabe un appel à la dissidence. »]
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.3. ......frontières.......frontière algéro-marocaine......
Lire ceci, sur les frontières algéro-marocaines. Synthèse des informations, dont sources de la presse du temps, par Karim Serraj, Les frontières évoquées par Boualem Sansal telles que documentées par les archives coloniales, Le 360, 01-12-2024.
Citation (l’entrée de l’article) : « En tant qu’intellectuel, Boualem Sansal a été amené à explorer la littérature coloniale du 19ème siècle sur son pays, qui révèle la question des frontières maroco-algériennes dans des cartographies et des récits qui heurtent aujourd’hui le régime d’Alger. Son crime ? Avoir évoqué en tant qu’écrivain des cartes et des livres historiques, dont nous présentons quelques exemples, qui parlent du passé où Oran, Tlemcen, Mascara étaient des villes marocaines. L’Histoire est l’Histoire, mais le régime d’Alger ne veut entendre que le récit national factice qu’il sert dans ses outils de propagande. »
Article en ligne : https://fr.le360.ma/culture/les-frontieres-evoquees-par-boualem-sansal-telles-que-documentees-par-les-archives-coloniales_2TUFOQMKFFH7ZLZVNQMX6AWSIY/
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Le journal marocain (qui avait le premier évoqué la question des frontières au sujet de l’arrestation de Boualem Sansal) constatait, dans une chronique précédente, en pointant le régime algérien, que l’arrestation de Boualem Sansal était aussi un geste contre le Maroc comme il l’est contre la France, les deux « ennemis » que la propagande du pouvoir se construit. L’article intégrait plusieurs liens vers d’autres titres traitant de cette arrestation.
Très vive émotion en France après l’arrestation de Boualem Sansal... par Zineb Ibnouzahir, Le 360, 2-11-2024 : https://fr.le360.ma/monde/tres-vive-emotion-en-france-apres-larrestation-de-boualem-sansal-le-regime-algerien-en-faillite_VEQ6GXAYMZED5MFTATWA6ALMEE/
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.4. ......religion, islam, islamisme......
Omar Youssef Souleimane, auteur d’origine syrienne, tribune, Le Figaro, 27-11-2024.
Citations : « En avril dernier, à l’Escale du Livre de Bordeaux, j’ai discuté ... avec Boualem Sansal. (...) Il m’a confirmé que l’incompréhension que nous ressentons de la part de la gauche est due soit à leur peur d’affronter l’islam, soit à leur méconnaissance du danger que représentent les islamistes en Europe. (...) Aujourd’hui, Boualem Sansal, rassemblant les exilés, est derrière les barreaux. C’est notre voix qui est emprisonnée. Cette voix, qui appartient à la démocratie, fatiguée d’une mémoire blessée, ne doit pas être écrasée à nouveau, mais bien écoutée. Pas seulement pour la soutenir, mais parce qu’elle nous alerte sur le risque que le danger qui étouffe notre pays natal envahisse aussi notre pays d’adoption. » https://www.lefigaro.fr/international/affaire-boualem-sansal-quand-la-gauche-francaise-s-aligne-sur-le-pouvoir-algerien-20241127?sfnsn=scwspmo
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Autre éclairage, concernant la position de Boualem Sansal sur l’islamisme, le texte de Youssef Jebri, auteur franco-marocain. Il a réagi à l’arrestation de Boualem Sansal en publiant sur son site une adresse au pouvoir algérien, Tonton Boualem, et en diffusant cela largement sur Facebook. Voici, citations : « Le serment des barbares était dans toutes les librairies. Je me souviens avoir dévoré l’ouvrage. Je pris une claque. Une claque, non de celles qui vous assomment, vous couchent au sol. Non, une de celles qui vous réveillent, vous bougent, vous mettent en action. (...) « Le rôle de l’écrivain […] ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut pas se mettre aujourd’hui au service de ceux qui font l’histoire : il est au service de ceux qui la subissent. », déclara Albert Camus en recevant, en 1957, le prix Nobel de littérature. Définitivement le plus camusien des écrivains algériens, Boualem Sansal a depuis fort longtemps fait sienne cette définition du rôle de l’écrivain, et de l’artiste plus généralement. (...) Pour ma génération d’écrivains nés en Afrique du Nord et exerçant leur art dans la langue française, Boualem Sansal (...) est notre grand-oncle. Notre « Khali », notre tonton. (...) / Selon certains, Boualem Sansal flirterait avec l’extrême-droite et serait islamophobe. Si dire que l’islam politique, donc l’islamisme, est incompatible avec la démocratie fait de vous un islamophobe ; alors à la suite de Boualem Sansal, je suis islamophobe. / Boualem Sansal (...) c’est un libre-penseur. Point. (...) Et seuls les régimes autoritaires emprisonnent les libres-penseurs.» / « Conclusion, une adresse au pouvoir algérien : « Telkou Khali Boualem », « Libérez tonton Boualem ». https://youssef-jebri.fr/
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Cet article peut aider à comprendre le contexte de ce que Boualem Sansal décrit et étudie dans ses livres et articles, lui qui, comme ce chercheur, veut analyser et questionner, sans « jeter l’opprobre sur les croyants » : Said Oukaci, chercheur, La surveillance en islam, une servitude volontaire, Le Matin d’Algérie, 07-12-2024. Le propos « n’est ni de blâmer les pratiques religieuses inhérentes à l’islam, ni de jeter l’opprobre sur les croyants ». C’est la proposition d’une analyse « du phénomène de surveillance en islam », d’une étude du processus de « la construction méthodique d’un horizon anxiogène ». Ample chronique et bibliographie associée. À lire en ligne : https://lematindalgerie.com/la-surveillance-en-islam-une-servitude-volontaire/
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Et Maïssa Bey, qui, comme Boualem Sansal, est une lectrice d’Albert Camus, aborde cette question dans son livre sur Camus (L’ombre d’un homme qui marche au soleil). Après avoir mentionné L’Étranger et la question du « refus du mensonge », elle note un constat : « Qui pourra s’étonner que l’on retrouve parfois dans la société algérienne, encore intactes aujourd’hui, les mêmes sentences, encore plus définitives si cela était possible, puisqu’à présent elles s’appuient sur d’irréfutables certitudes érigées en dogmes, celles de la religion, avec les mêmes intransigeances et les mêmes obsessions de pureté dangereuse ? / Car il y a loin de la Vérité collective des fanatiques de tous bords au désir d’authenticité et de fidélité à des convictions d’un individu. ». Cela situe le contexte des questionnements et analyses de Boualem Sansal. (Maïssa Bey, L’ombre d’un homme qui marche au soleil, Réflexions sur Albert Camus, rééd. augmentée, pp. 30-31, Chèvre-feuille étoilée, 2019).
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.5. .......Israël, Gaza, conflit israélo-palestinien......
TRIBUNE de BOUALEM SANSAL, citations et lien vers le texte intégral.
Boualem Sansal : « Mes quatre questions après l’attaque du Hamas contre Israël. », tribune, Marianne, 16-10-2023.
Boualem Sansal pose quatre questions, concernant : (1) le chef de l’Autorité palestinienne, (2) les Palestiniens, surtout Gazaouis sous le pouvoir du Hamas, (3) l’Iran, (4) Israël, son évolution idéologico-politique. Ce qu’il voit (que laisse faire ou encourage le Premier ministre israélien) ne lui fait guère exprimer que vive critique. Et quand il introduit sa réflexion vers ses quatre questions, il nomme bien Israël ET Gaza, vers qui, depuis le 7 octobre, tous les regards du monde (les cœurs aussi ?) sont tournés. Son constat porte la condamnation des horreurs de manière élargie (pas les morts des uns dans l’oubli des morts des autres). Et quand il pose sa question 4, sur Israël, ce n’est pas pour un éloge aveugle mais une critique inquiète, voyant une évolution se faire, selon lui, vers une république théocratique ultraorthodoxe, sur le modèle iranien ou saoudien.
Citations : Toutes les guerres sont barbares pour les victimes et toutes sont légitimes pour ceux qui les font. Qui accuser, qui innocenter ? On remonte jusqu’où, aux Otttomans, à l’Antiquité, au néolithique ? / Où est le mystère alors ? Il serait dans la guerre elle-même, cette banalité consubstantielle de l’ordre mondial que l’humanité a édifié autour d’elle pour assurer sa pérennité. (...) / Une guerre de plus, de la barbarie à profusion, des morts en nombre, des questions en rafales, des non-dits, des préjugés, des a-priori, des fake news. (...) / Question 4 : La grande et belle démocratie qu’est Israël est en train de se transformer à vive allure en une république théocratique ultraorthodoxe, sur le modèle iranien ou saoudien. Bientôt la caste des barbus à grands chapeaux en arrivera à se doter de sa propre armée, genre pasdarans ou d’un parti-État-armée genre Hezbollah. Les Israéliens ont-ils, comme les Arabes, été pris dans la soumission fatale de l’ordre religieux ?
Texte intégral : https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/boualem-sansal-mes-quatre-questions-apres-lattaque-du-hamas-contre-israel
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Omar Youssef Souleimane, tribune, Le Figaro, 27-11-2024. Le passage qui concerne ce sujet...
Entrée : « L’écrivain et journaliste exilé d’origine syrienne Omar Youssef Souleimane dénonce la manière dont une partie de la gauche française traite l’auteur franco-algérien emprisonné. »
Citations : « Le courage de Boualem Sansal ne se résume pas seulement à ce qu’il dit mais aussi à ce qu’il fait. En 2012, il s’est rendu en Israël (...) pour participer à un festival littéraire. (...) Il a été accusé, dans les milieux intellectuels arabes, d’être « un agent du sionisme », de « vouloir plaire aux Occidentaux pour obtenir des prix littéraires », d’être « un Arabe de service ». (...) Ce qui est étonnant, c’est qu’aujourd’hui, en France, les mêmes accusations se répètent, cette fois venant de l’extrême gauche française, contre les Français d’origine arabe. (...) À travers cette mentalité totalitaire, et au nom de la défense de la décolonisation, ils pratiquent en réalité un pur colonialisme. » https://www.lefigaro.fr/international/affaire-boualem-sansal-quand-la-gauche-francaise-s-aligne-sur-le-pouvoir-algerien-20241127?sfnsn=scwspmo
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Un article avec ses liens intégrés... Entretien avec Boris Cyrulnik : « Boualem Sansal est toujours prêt à mettre en doute ses propres croyances », Le Point (journal d’où est parti l’appel de Kamel Daoud) , 22-11-2024.
[Boris Cyrulnik a coécrit deux livres de dialogue avec Boualem Sansal, sur La Méditerranée et ses conflits, et les relations France Algérie. Refus de se plier à la radicalisation du monde, radicalisation qui empêche de penser. Volonté de penser ensemble. Contre l’obligation de choisir son camp. Car choisir son camp, c’est entrer dans un monde de guerre. Proximité avec Boualem Sansal, toujours prêt à mettre en doute ses propres croyances. Or notre monde meurt de ces croyances, de ces guerres qui ne sont que des guerres de croyances, Poutine, le Hamas, le Hezbollah, Netanyahou.] https://www.lepoint.fr/culture/boris-cyrulnik-boualem-sansal-est-toujours-pret-a-mettre-en-doute-ses-propres-croyances-22-11-2024-2576009_3.php
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LES SOUTIENS (sélection dont 2 PÉTITIONS à signer en ligne) :
Pétition de Viv(r)e la Rep : https://www.change.org/p/lib%C3%A9rez-boualem-sansal
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Pétition lancée par un ami écrivain de Boualem Sansal, Shmuel Thierry Meyer : https://www.change.org/p/exigez-la-lib%C3%A9ration-imm%C3%A9diate-de-l-%C3%A9crivain-franco-alg%C3%A9rien-boualem-sansal
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Cyberaction, 11-12-2024. Soutien à Boualem Sansal… https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/soutienyaboualemsansal-7252.html
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Pour la libération de Boualem Sansal. Communiqué des Éditions Gallimard, 22 novembre 2024.
« Les Éditions Gallimard, éditeur de l’œuvre littéraire de Boualem Sansal depuis la parution du Serment des barbares il y a vingt-cinq ans, expriment leur très vive inquiétude à la suite de l’arrestation de l’écrivain par les services de sécurité algériens et appellent à la libération immédiate de l’écrivain. / Ses romans, ses essais, ses écris de paix et de tolérance ont mis au jour les obscurantismes de tous ordres qui affectent tragiquement la marche du monde, la conduite des peuples et la vie des individus. Plus que jamais nous saisissons aujourd’hui la très grande portée de cette œuvre et le courage exemplaire des positions de son auteur. (...) Voilà que la littérature se trouve être à nouveau la victime toute désignée des régimes autoritaires, qui font toujours du mensonge et de l’oubli un instrument d’oppression. (...) Boualem Sansal et Kamel Daoud paient aujourd’hui très cher leur liberté d’écrivains. » https://www.gallimard.fr/actualites-entretiens/pour-la-liberation-de-boualem-sansal-communique-des-editions-gallimard-22
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L'appel de Kamel Daoud rejoint par auteurs et Prix Nobel, Le Point, 23-11-2024
« ...L’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal suscite une mobilisation internationale. Annie Ernaux, Jean-Marie Gustave Le Clezio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, Prix Nobel de littérature, ainsi que Salman Rushdie, Peter Sloterdijk, Andreï Kourkov, Roberto Saviano, Giuliano da Empoli et Alaa el Aswany s’associent à notre appel à la solidarité, lancé par le Prix Goncourt Kamel Daoud, et demandent sa libération immédiate. » https://www.lepoint.fr/societe/des-prix-nobel-de-litterature-se-mobilisent-pour-boualem-sansal-23-11-2024-2576089_23.php
[Précision, page France Info, au 23-11-2024 :
Parmi les signataires se trouvent aussi Sylvain Tesson, Leïla Slimani, Élisabeth Badinter, Bernard-Henri Levy, Jean-Baptiste Andrea, Émilie Frèche, Caroline Fourest, Benjamin Stora, Boris Cyrulnik ou encore Joan Sfar, Yasmina Khadra... et bien d'autres.]
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Le Comité de soutien, créé à l’initiative de la Revue politique et parlementaire, présidé par Catherine Camus, fille d’Albert Camus, demande aux autorités françaises de tout mettre en œuvre pour que Boualem Sansal soit libéré le plus rapidement.
Appel signé notamment par Kamel Daoud, Kamel Bencheikh, Yasmina Khadra, Hamid Arab, directeur du journal exilé (car interdit en Algérie), Le Matin d'Algérie (ex-papier en Algérie, en ligne en France, mais lu sur les deux rives...) https://www.revuepolitique.fr/comite-de-soutien-a-boualem-sansal/
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CLR. Communiqué, 21-11-2024.
« Le Comité Laïcité République dénonce l’arrestation arbitraire de Boualem Sansal par le régime algérien. / Boualem Sansal, qui fut lauréat du Prix de la laïcité en 2018, est un militant infatigable de la défense des droits humains. (...). Boualem Sansal a eu tôt le courage de prendre position contre l’islamisme dont il a dénoncé l’horreur. / Nous demandons la libération immédiate. » : https://www.laicite-republique.org/liberez-boualem-sansal-clr-21-nov-24.html
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L’appel (lancé au président algérien Tebboune), de trente lauréats du grand prix de l’Académie française pour Boualem Sansal, (lauréat de ce prix en 2015) : « Nous ne pouvons concevoir qu’un écrivain soit arrêté », FigaroVox, 24-11-2024, mis à jour le 26-11-24. https://www.lefigaro.fr/vox/culture/nous-ne-pouvons-concevoir-qu-un-ecrivain-soit-arrete-l-appel-de-30-laureats-du-grand-prix-de-l-academie-francaise-pour-boualem-sansal-20241124
Et...
Communiqué de l’Académie française, 25-11-2024.
Soutien à M. Boualem Sansal : https://www.academie-francaise.fr/actualites/soutien-m-boualem-sansal
[Jean-Christophe Rufin avait souhaité une nomination d’urgence de Boualem Sansal, mais malgré une majorité pour (pas suffisante cependant) cela n’a pu se faire, certains des contre craignant que cela ne l’aide pas.]
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Le Conseil Permanent des Écrivains (CPE) et l'European Writers' Council (EWC) ont lancé un appel https://actualitte.com/article/120607/auteurs/soutien-a-boualem-sansal-une-mobilisation-internationale
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Communiqué du Pen Club français : https://www.penclub.fr/communiques/boualem-sansal-emprisonne-par-le-regime-algerien/
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Le Ministre délégué chargé de l'Europe Benjamin Haddad, Public Sénat, 27-11-24
"Détention sans fondement"... "tout simplement inacceptable", gouvernement "pleinement mobilisé" https://www.publicsenat.fr/actualites/international/algerie-la-detention-sans-fondement-de-lecrivain-boualem-sansal-est-tout-simplement-inacceptable-denonce-ministre-benjamin-haddad
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Appel aux bibliothécaires, par Patrick Bazin, pour Livres Hebdo, 29-11-2024.
« Le rôle des bibliothèques consiste précisément à défendre (...) le principe même de pouvoir s’exprimer, sans risquer la prison. » https://www.livreshebdo.fr/article/liberte-pour-boualem-sansal
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Tribune. « Dans une lettre adressée au président de l’Algérie, 64 personnalités demandent la libération de l’écrivain Boualem Sansal. ». Marianne, 09-12-2024... https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/lettre-a-abdelmadjid-tebboune-liberez-notre-ami-boualem-sansal-au-nom-de-lhumanite
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SOUTIEN, par Le Matin d’Algérie, journal exilé, interdit en Algérie. Nombreuses chroniques sur Boualem Sansal, en plus de celles notées plus haut...
Kacem Madani, L'affaire Boualem Sansal vue sous l'angle de l'article 87 bis, Le Matin d'Algérie, 03-12-2024
« Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal algérien, qui punit 'les actes qui menacent la sécurité de l’État’' et les considère comme des 'actes de terrorisme'. Remarquez bien le vocabulaire utilisé dans l’article, lequel mentionne bien 'actes de terrorisme'... à quels actes de terrorisme s’est donc adonné notre Boualem national (...) ? Comment peut-on ainsi confondre des déclarations verbales avec des actes ? / Décidément, quel que soit l’angle d’analyse sous lequel on entrevoit les choses, force est de constater que le pouvoir d’Alger ne comprend même pas ses propres lois ! Les vrais terroristes, il faut aller les chercher sur les hauteurs de Kouba et des Tagarins... Boualem Sansal n’est ni plus ni moins qu’un détenu d’opinion qui rejoint les centaines d’autres qui croupissent dans les geôles d’Alger et d’ailleurs. (...)... »
Conclusion, démonstration de : « l’acharnement du pouvoir d’Alger à museler tout discours contradictoire à la cacophonie qui règne en haut lieu. » https://lematindalgerie.com/affaire-boualem-sansal-vue-sous-langle-de-larticle-87-bis/#goog_rewarded
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En commentaire quelqu’un écrit ceci (extrait) : « Concrètement, c’est l’article 87 bis qui est un acte de terrorisme judiciaire, promulgué dans la nuit au moyen d’un décret par un président illégitime, désigné par une bande de généraux, de voyous et d’affairistes véreux... voilà l’essence même de la ‘justice’ algérienne. »
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Koceila Aït-Muhand, Pour l’honneur de l’Algérie : libérez Boualem Sansal et tous les détenus d’opinion, Le Matin d'Algérie, 05-12-2024
[Cet article intègre des liens vers plusieurs autres sur Boualem Sansal, même journal.]
« L’incarcération de Boualem Sansal prouve, pour ceux qui en douteraient encore, que le régime de 'l’Algérie nouvelle' c’est le champ clos d’un pays qui se referme sur lui-même ressemblant étrangement à la Corée du Nord de l’Afrique du Nord où des similitudes sont frappantes. (...). / « Boualem Sansal : le Spinoza de notre époque. » / « Oui, le journaliste, l’artiste, l’écrivain, le penseur ont le droit et même le devoir d’explorer les labyrinthes d’une société, d’un pays, d’un système politique, de le penser, l‘analyser, le critiquer, de douter ou l’approuver, c’est leur rôle, et c’est même leur vocation. » https://lematindalgerie.com/pour-lhonneur-de-lalgerie-liberez-boualem-sansal-et-tous-les-detenus-dopinion/
............................MAIS. ceux qui sont absents du soutien............................................
Critique des silencieux par Michel Revol, Arrestation de Boualem Sansal : la faillite d’une gauche, Le Point, 30-11-2024.
« Seules quelques voix de la gauche ainsi que la Gauche républicaine et socialiste ont dénoncé l’arrestation de Boualem Sansal. LFistes et écolos se sont, eux, distingués par leur silence. » https://www.lepoint.fr/culture/arrestation-de-boualem-sansal-la-faillite-d-une-gauche-30-11-2024-2576750_3.php
(Occupés à voir comment extraire du Code pénal l’apologie du terrorisme (...), et pas un mot pour soutenir Boualem Sansal. Évidemment ils soutiennent l’islamisme et sont complices du terrorisme ou aveugles à son sujet.)
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Un SILENCE à peine excusé... AMNESTY... !!!
Amnesty International France justifie son silence..., Le Point, 06-12-2024.
(Il a fallu qu’un internaute les interpelle pour qu’ils fassent une réponse, assez alambiquée, comme s’ils n’avaient pas lu la déclaration de l’Agence de presse algérienne, indiquant les motifs du pouvoir..) : https://www.lepoint.fr/societe/amnesty-international-france-justifie-son-silence-sur-l-affaire-boualem-sansal-06-12-2024-2577267_23.php
Le 06-12, aussi, dans Le Figaro, Paul Sugy, rappelle, à propos de cette désolante argumentation d’Amnesty, qu’Algérie Presse Service « a confirmé en effet le 22 novembre l’arrestation de Boualem Sansal » et que son avocat français (c’est François Zimeray) a déclaré ceci : « il est poursuivi sur le fondement de l’article 87 bis du Code pénal algérien pour, entre autres, ‘atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du pays » et « complot contre la sûreté de l’État’ ». Paul Sugy conclut donc : « Le seul lien fait entre ces accusations et l’écrivain repose seulement sur des propos, écrits ou oraux, de Boualem Sansal. (...) Ni l’absence de communication du régime algérien ni le silence du parquet d’Alger ne suffisent donc à dissimuler la seule conclusion qui s’impose : c’est bien pour l’exercice de sa liberté d’expression que Boualem Sansal a été interpellé et placé en détention.» https://www.lefigaro.fr/international/amnesty-international-refuse-de-soutenir-boualem-sansal-faute-de-preuves-de-sa-detention-arbitraire-20241206
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Note © Trames nomades
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2 NOTES associées :
LIRE Boualem Sansal, parcours de ses livres. 05-12-2024 : Lire et relire, pour mesurer l'importance de l'œuvre et des questionnements http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2024/12/05/bo...
Boualem Sansal et Camus, proximité. Relire Camus... Pour soi, pour autrui, 03-12-2024 http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2024/12/03/re...
17:23 Publié dans Boualem SANSAL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : boualem sansal, sansal, écriture, solidarité, soutien, libération, liberté, valeurs, courage, liberté d’expression, algérie, humanisme
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