30/11/2025
Diérèse n°93
Parcours non exhaustif et un peu en désordre... jusqu’aux notes de lecture.
En exergue, page titre, une citation de Claude Michel Cluny :
« Tout est rencontre ». Pensée que le texte qui suit ne fait que soutenir...
L’éditorial, titré « L’adresse du poème » (pp.7-8), est d’Alain Fabre-Catalan. Lisant le titre une question s’est imposée : adresse, quel sens ? L’adresse du lieu du poème (et lieu à mille significations), destination à définir... ? Où est-il, dans quel lieu du langage et de la pensée ? de quel lieu vient-il : territoire, langue, corps, temps, inconscient ? Où va-t-il ? Mais adresse ce pourrait être aussi l’habileté, la maîtrise du langage, un pouvoir du savoir (et non-savoir). Ce que peut le poème (prose ou vers) que nulle autre écriture ne saurait signifier ? Justement le premier paragraphe évoque la polyphonie des mots, et j’y trouve la question du lieu : le poème « dans son hésitation entre une langue et une autre, animé du désir de rejoindre d’autres rives ». Parce que, est-il écrit, le poème ausculte « ignorance » et « silence » ; il ne se crée, peut-on comprendre, que dans un dépassement vers « l’inconnu » d’au-delà de tout territoire intérieur. Errance entre les moments et entre différents espaces du réel, le visible de nos vies, le caché que peut révéler le poème. L’expérience que dévoile ce texte, cernant des contours, est une tentative de « saisir le temps », et en même temps le choix d’écarter cette « illusion » pour mener une autre entreprise de pensée et d’écriture : « traduire ce qu’on ne sait pas encore ». L’écriture est « transgression », doublement, car elle doit franchir des frontières, celles du langage et de sa traversée, celle de la conscience de qui écrit, « mémoire et oubli ». Car l’écriture « donne à penser l’autre versant de la parole, à savoir ce qu’un corps est à même de faire au langage [...] ». Le poète est un passeur « de passage ».
Et... une fois le poème écrit reste le hasard de la rencontre qui fera d’un lecteur celui qui saura « déchiffrer » et reconnaître le sens, ce co-créateur, « tel l’interlocuteur inconnu si cher à Mandelstam ».
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26/11/2025
L'Intranquille n°29

https://atelierdelagneau.com/de/accueil/305-l-intranquill...
Entretien... pp. 5-10. L’écrivain Jean Daive répond aux questions de Françoise Favretto, qui dit être « impressionnée » par son « érudition ».
Première question, comment « articuler » les « cordes » de son « arc », radio et poésie ? Plutôt qu’articuler il note laisser en quelque sorte s’établir le rapport entre la pensée et la parole, à partir de la « faculté naturelle de [se] questionner devant l’inconnu ». Il parle des lettres, le rond des a, c, d... et des sons écoutés enfant, la genèse d’une attention aux « empreintes sonores ». Et il mentionne sa faim, à 17 ans, d’une culture encyclopédique : tout lire, tout voir.
Comme Françoise Favretto s’intéresse aux pratiques plurielles d’auteurs-artistes, elle lui demande ce qu’il fait de ses « passages » entre écriture et art. Écrivain, non, il ne reprend pas ce terme pour identité, préfère interroger sa mémoire de « l’équivoque » de la vie perçue très jeune et se souvenir des difficultés de l’enfant qu’il fut, de « l’intolérable » à les vivre, du choix de résister, en étant « être imperceptible ». Il mentionne rencontres, découvertes, et passion pour Kafka, s’étant identifié à l’Arpenteur, celui qui, donc, arpente et enquête (Auschwitz, Assise, Cnossos, Birkenau...). Mais, ajoute-t-il, « C’est aussi ma propre vie que j’arpente, car le corps des autres c’est aussi le mien ».
Est-il critique d’art ? Il répond en évoquant les mots, une « immersion » dans l’étymologie, et la « contemplation des étoiles ». L’essentiel est ce pouvoir, contemplation et « distanciation ». Il se souvient, œuvres nombreuses...
Question 4, la parole... Dans sa manière de faire de la radio il pose ceci : « une équation simple : micro + oreille = sens ». Mais, poursuit-il, « quel sens à donner au sens ? ». Revenant sur un sujet traité en émission, l’égarement, il donne alors peut-être une clé, s’égarer, lâcher, libère une autre attention, un espace de sens dans une autre écoute.
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23:52 Publié dans Recensions.REVUES.poésie.citations.©MC San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l’intranquille 29, atelier de l’agneau, françoise favretto, capsule temporelle, temps, poésie, livres, citations
21/11/2025
L'Intranquille n°28

https://atelierdelagneau.com/fr/accueil/300-l-intranquill...
Un entretien, pour commencer... Catherine Belkhodja, « jongleuse en arts divers », comme la définit Françoise Favretto dans son titre, avant de la questionner. Effectivement son itinéraire créatif est pluriel. Conservatoire à Alger puis à Paris. (Diplômée en philosophie et architecture, ce qui lui a donné des métiers à exercer, la rendant libre pour ses choix de rôles au cinéma.) Première expérience cinématographique dans Zone interdite de Lallem à Alger. En 1973 rencontre de Chris Marker, retrouvé des années après, pour une collaboration cinématographique importante (Silent movie, 1995, Level five, 1996). Autres de ses arts, la peinture et l’écriture (haïkus et nouvelles). Un riche itinéraire à découvrir dans ce numéro pp. 3-9).
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19/11/2025
À L'Index, revue, n°52

L’éditorial de Jean-Claude Tardif (pp. 5-8) alerte, questionnant le délitement de l’humanité piégée par l’univers des algorithmes, des QR codes et de l’IA, dans la mesure où le risque est une perte de langage, vers une uniformisation appauvrissante. Que devient « l’intelligence collective » ? Constats inquiétants, comme l’emprisonnement d’écrivains dans de nombreux pays, atteintes graves à la liberté, évolutions nationalistes et illibérales... Donc « parler d’autres choses », non, il ne peut pas. Plutôt choisir la vigilance, celle que doivent avoir les poètes. Il appuie sa réflexion sur plusieurs citations de Guillaume Apollinaire, extraites de son « Introduction à l’Œuvre poétique de Charles Baudelaire ». J’associe certaines de ses interrogations à celles d’Éric Sadin, qui dans ses livres s’inquiète d’un effet IA (quels que soient ses intérêts techniques et scientifiques), d’une perte de contact avec le réel, et interroge la « rupture anthropologique à l’œuvre ». (Parmi ses titres : Le Désert de nous-mêmes, et L’Intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle. Anatomie d’un antihumanisme radical). Inquiétudes qui rejoignent celles de Jean-Claude Guillebaud (prix Albert Londres, décédé début novembre) exposées dans ses écrits, particulièrement dans Le principe d’humanité. Lui craignait l’obscurcissement de la conception de ce qu’est l’humain.
Citation
Sommes-nous à ce point mentalement « castrés » que notre avenir se circonscrive à quatre initiales et quelques algorithmes qu’agitent une poignée de ploutocrates aux ego tridimensionnels ?
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01:30 Publié dans Recensions.REVUES.poésie.citations.©MC San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : à l’index, jean-claude tardif, écriture, pensée, citations, poésie, poésie ukrainienne
18/11/2025
Possibles n°37, Les Carnets III

De nouveau des notes, journaux, carnets.
Pour rendre compte de l’ensemble je sélectionne la lecture de quelques textes, privilégiant surtout le fragmentaire (mais pas toujours).
http://possibles3.free.fr/num37.php
Les pages de Roger Judrin (1909-2000),
titrées « Ricochets », sont des extraits d’un ouvrage publié en 2023, Cercles d’onde. La note explicative cite Jacques Message, qui, dans sa postface, écrit ceci : « Les pensées détachées sont le contraire de pensées dispersées ». Voilà qui peut caractériser aussi une intention commune à d’autres auteurs de fragments. Et, autre mention, celle de la présentation de ce livre posthume évoquant l’image d’un caillou jeté dans l’eau et créant autour de lui ce phénomène d’onde, comme, est-il noté, fait « la densité d’une pensée ramassée » dans l’esprit du lecteur. Roger Judrin oppose l’écriture fragmentaire à « l’autorité absolue de la rhétorique », qui méprise « les pensées détachées ». Mais il rappelle le nom d’Héraclite qui surnage, puis de Pascal et Joubert, reconnus dans la forme revendiquée de leurs textes fragmentaires. Il mentionne ensuite Valéry, qui invite ses lecteurs à « perdre le fil » et ne bouche pas « les trous de la trame ». Héraclite, Pascal, Joubert, Valéry, hautes références et sens de la démarche, une conception de l’écriture, un mouvement intérieur de pensée, centre dense et onde. Dans ces pages quelques paragraphes de plusieurs lignes, mais souvent une ligne seule, parfois deux. Alternent des réflexions sur l’écriture, la manière de penser, de vivre...
00:27 Publié dans Recensions.REVUES.poésie.citations.©MC San Juan | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : possibles n°37, carnets, écriture, citations, pierre perrin
13/11/2025
Boualem Sansal enfin libre
Enfin libre... Joie pour Boualem Sansal. En attente de nouvelles plus précises.
Tristesse pour Christophe Gleizes, toujours prisonnier, otage...
Désolation pour le jeune poète Mohamed Tadjadit condamné mardi à cinq ans de prison, lui qui ne cesse d'être arrêté. Un des nombreux prisonniers d'opinion en Algérie.
Une porte s’est enfin ouverte, et plus de conscience pour tous dans la réalité. L’écrivain est libre, sortant d’une dure épreuve. Mais prolonger cette ouverture sera le retour aux textes et le partage de parole, car les mensonges ont laissé des traces, grande est la méconnaissance de ceux qui ont cru aux accusations. La propagande est un poison, les textes et la communication sont l’antidote.
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10:06 Publié dans Boualem SANSAL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : boualem sansal, karim akouche, kamel bencheikh, comité international de soutien, liberté, liberté d’expression, valeurs, pensée




















