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02/08/2023

À L'Index n° 46 (2). Poésie et prose...

20230606_180949.jpgDans l’introduction de Jean-Claude Tardif, deux sujets. La conception de la poésie, d’abord, définie comme acte collectif, création qui se construit, se travaille, dans le temps long. Et, littérature de passage, de transmission […] d’abord enracinée dans les revues. Mais ensuite c’est une parole douloureuse, de deuil, car des êtres qui comptaient sont devenus des absents, que la mort a emportés (âge ou maladie). Expression de désespoir et de doute sur ce qui peut se faire alors, sans les Pirotte, Emaz, Noël et quelques autres, dont, notamment, l’ami cher, Werner Lambersy. Suivent, dispersés dans les pages, sept poèmes dits halieutiques, comme une litanie de signes, univers de pêche, pas métaphorique (ou peu) mais réel : l’eau et des animaux dans leur monde, avec des notes d’humour.

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12/12/2022

À L’Index n°45. Une revue de littérature, poésie et prose

à l’index,le livre à dire,poésie,récits,jean-claude tardif,revues,citations,recensionsVoilà une lecture faite dans un contexte problématique, de faits qui pourraient détourner du temps des poèmes, cette actualité désespérante et les souffrances de tant de gens… Je lis et j’écris, avec en moi l’image des villes détruites d’Ukraine, et dans l’oreille le cri d’atroce douleur de la mère dont le fils vient d’être pendu par volonté du pouvoir dictatorial, Iran. En surimpression, des visages de femmes rejetant leurs voiles et dansant au péril de leur vie, et d’autres, ailleurs, Afghanistan notamment, ne pouvant même plus marcher dans les jardins (même enfermées sous leurs voiles cela leur a été interdit) et enseigner à leurs filles les met en situation de subversion méritant prison ou mort.

On critique souvent Facebook… Et pourtant, alors que nous nous sentons tellement impuissants (à part le geste virtuel de signer des pétitions, ou le choix de marcher dans les rues en soutien) cet outil nous permet d’être en contact avec des êtres qui sont, certains et certaines, dans ces lieux de désespérance, et ont besoin de trouver des interlocuteurs pour… dire. Pour eux ce réseau est une porte (pratiquée avec prudence). De même ceux qui, réfugiés à peu près en sécurité, veulent informer. Et la traduction automatique (même quand elle n’est pas très bonne) permet de dialoguer avec des locuteurs de langues dont on ignore tout… 

Quel rapport avec la lecture de la revue ? Tout. Car dans ces échanges la poésie est présente. Dans le pire du dénuement (au sens de la privation de liberté ou de sécurité) des poèmes sont écrits. Et, quand une politique génocidaire veut détruire la culture autant que les vies, soutenir la culture et offrir le miroir de l’espoir en continuant, ici, de croire en la force du poème, de l’écrit, c’est une réponse. Or lisant les autres on renforce cette force et cet espoir.

Et d’ailleurs, dans ce numéro d’À L’Index, un poète ukrainien est présenté et donné à lire.

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21/05/2020

Origine Horizon. Superbe recueil de Stanislas Cazeneuve

1 Origine Horizon.pngautour
avide
un vase
pour les rêves
.
Je suis un cantique plus qu’un visage.
 
Stanislas Cazeneuve, Origine Horizon, La Crypte, 2019
...
Deux parties, dans ce livre. Et deux exergues.
Un vers de Jacques Dupin pour la première, "Visage sans figure", sur le visage absent, l’obscurité née de cela, en soi.
Un fragment d’Héraclite, pour la deuxième, qui lui emprunte son titre, "L’homme dans la nuit se prépare une lampe".
Tout est déjà là. 
Visage insaisissable de la mère, présence abandonnante, dans l’effacement d’elle. 
Puis celui qui écrit, fouillant dans la nuit des douleurs intimes et des questions, mais sachant dans quel processus de mise à jour il est entré. La vraie lampe dans la maison éclaire aussi le lieu de l’écriture "confidence" (il le dit, et ce mot prend une dimension particulière - c’est comme Montaigne nous parlant). La lampe symbolique, elle, s’élabore en écrivant. (On regarde autrement sa lampe, chez soi, en sortant de ce livre…).
Enfin, il y a la lumière, dans les deux exergues. 
La lampe d’Héraclite, donc, polysémique. (Magnifique fragment "recomposé" par Marcel Conche, et noté intégralement, pour introduire la partie où l'auteur se dira "outre-naissant", regardant ses mains comme "deux idéogrammes" à déchiffrer).
Pour Jacques Dupin c’est le titre du recueil qui rejoint le message d’Héraclite et la lumière; "Le corps clairvoyant" de Dupin rencontre cet "éveillé" du matin qui "touche la mort en dormant", et "éveillé"… "touche le dormant". Rimbaud, Voyant, n’est pas loin.

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18/05/2020

POÉSIE. Un recueil de Silvaine ARABO... Arcanes majeurs (sommet abouti)

2 Arabo.jpgSeconde lecture…
 
Arcanes majeurs, éd. Alcyone, 2018
 
La poésie est une mathématique mystique et voluptueuse du feu.
Carl Sandburg, Aphorismes (trad. de l’anglais américain par Alain Bosquet)
Cette définition de la poésie me paraît l’idéale entrée pour la recension d’un livre où le dragon mythique a son blason, et la poésie, par lui, son feu affirmé...
 
Dans le Tarot  de Marseille les vingt-deux arcanes sont des cartes qui représentent des réalités archétypales, personnages ou processus ou parts de l’univers (lune, soleil). Elles renvoient à des réalités intérieures de la psyché, et à des étapes dans un chemin initiatique. Riches de symbolisme, fortes d’une dynamique énergétique, c’est un univers infiniment commenté, dont les figures stylisées offrent un miroir à qui veut s’y interroger. 
Mais Silvaine Arabo a créé son propre référentiel d’arcanes (que la plasticienne Claudine Goux a mis en images).
Ici il n’y a pas vingt-deux arcanes mais quinze. Peu de personnages, trois - le roi, la reine (la mère), le mage. Un animal (l’oiseau). Tous les autres sont des éléments de la nature (vents, forêt, ozone…). C’est un tarot chamanique, commençant et finissant par un Chant.

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03/07/2016

"Sous la cendre"... la lumière du regard. Un itinéraire d'écriture...

recensions,livres,citations,écriture,création,regard,roland chopard,sous la cendre,écripeindre,lettres vives,claude louis-combet,feu,cendreElle avait tant désiré vouloir être haute et intelligible. Autre que sous-entendue, en suspens, voire insoupçonnable. 

Roland Chopard, La voix du silence / Sous la cendre (incipit)

Je porte le temps brûlé dans mes yeux et je voyage vers vous 

Nizar Kabbani, Femmes (Arfuyen)

Après le feu, le bois devient cendre; le bois ne peut contempler les cendres, et les cendres ne peuvent voir le bois. 

Tozan (Hokyo Zan Mai), cité par Taisen Deshimaru, La Pratique du zen (Albin Michel)

Les êtres sont en attente, ils l’étaient avant l’incendie, ils l’étaient sous la cendre, ils le sont, plus que jamais, en ce livre né du feu et en réponse au désastre. 

Claude Louis-Combet, Postface / Sous la cendre

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