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18/06/2025

Traversées n°109, revue

nc2b0109-2025-i-recto.jpegParcours de la revue Traversées, n°109 (éditeur Patrice Breno). Page 30 je lis un poème de François Teyssandier qui évoque naissance et mort, puisque la renaissance évoquée, imaginaire d’autre identité, rejoint peut-être l’idée orientale du retour, même si ce n’est que métaphore pour traduire un désir d’accord avec le monde de la nature, des réalités sans mental.

« Tu espères renaître un jour feuille

   Ou fruit mûr dans ce jardin abandonné »

 [...]

« Naître est un cri rêvé »


Les poèmes de lui qui précèdent annoncent ces interrogations, par « l’absence de ces voix que tu as aimées jadis » et le regard sur son visage « qui s’absente jour après jour ». Le monde, lui, est pensé comme un jardin du « tout début », une genèse réinventée. Mais il y a les arbres et la lumière, pour affronter ce qui est triste. Cependant, plus fort que tout, dans le poème de la naissance, le regard, qui transfigure la nature en lui donnant la capacité transformatrice des coquillages en poèmes « ... déposés / Sur le sable par l’onde et le temps ». L’essentiel étant alors « l’œil ébloui » de celui qui écrit.

Plus loin c’est la naissance encore, dans un poème en prose de Béatrice Pailler, texte titré « de Grâce et de Temps. Renaître ». Elle aussi fait donc intervenir le temps. Double. Celui qui détruit même les saisons, portant sa négativité et celle des réalités des êtres. Et celui, espéré, « où l’humain réinvente son destin ». Constat triste des ratages sociaux mais espoir de renaissance pour le « Retour du Vivant ».

Dans « Désordres, gravitations », Olivier Lechat interroge des paysages qui s’opposent. Celui des « entre-villes » et celui des « cavernes urbaines ». Se heurtent le bruit des « foules » hostiles, et  « les harmonies du silence ». Poème inquiet, avec, en horizon, « des incertitudes ».

Gwenaël Laurent, dans « L’Éveil Paradoxal », fait le récit d’un itinéraire, commencé par la tentative de conformité, dans le malaise, puis se prolongeant par le constat du refus de codes faux : « j’ai senti le déni s’ouvrir sous mes pieds ». Il est alors temps de « retourner la table », et de « [s’enfuir] par les sentines du rêve ». Les larmes, dans ce retour à soi, lavant corps et conscience : « C’est mon âme diluée qui reprenait, enfin, la place que la nature lui avait attribuée » . Conclusion : « ... je n’ai pas cessé de rêver », et (c’est répété) : « Le monde n’a pas voulu être comme moi ».

Les constats de Xavier Bordes sont douloureux, car « les étoiles sont fatiguées ». La ville a « ses rêves », inquiétants : « un crime est en embuscade ». Contre cela, pas de foi dans la justice et vision d’un futur des humains qui « se seront anéantis ». Dans le présent, des victimes, comme « la jeune morte », assassinée, à laquelle est dédié un poème. Mais retour, cependant, à « La face du monde illuminée » (« la seule dont tu aies envie de parler »). Penser que « La parole » [...] « se doit de perpétuer le peu de lumière ». Vouloir « que le mot porte l’invraisemblable et légère / auréole de cette chose amorale : le b o n h e u r ». 

Avec Patrice Blanc on voyage dans un train fanstasmatique, image d’un enfermement dans la nuit, que seule libère l’écriture. « Et, creusant au fond de mon être monte l’angoisse de vivre / et l’angoisse de mourir. »

J’ai lu avec attention la « Carte blanche » offerte à Claude Donnay, sur sa création de revue, avec Bleu d’encre, et la transformation aboutissant en 2013 à l’édition. C’est toujours passionnant, cette parole sur une passion, ce goût du partage.  

Recension, MC San Juan

SITE. Revue Traversées : https://revue-traversees.com/

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