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30/03/2023

Le monolinguisme de l'autre, de Jacques Derrida

Mono JD.jpgJacques Derrida (1930, El-Biar, Algérie - 2004, Paris) fut le co-fondateur du Groupe de recherches sur l’enseignement philosophique (Greph) et du Collège international de philosophie. Œuvre abondante (livres publiés par Galilée, Le Seuil, Minuit, des femmes…).

Pour commencer, trois exergues, citations de Jacques Derrida qui éclairent le contenu du livre commenté ici, Le monolinguisme de l’autre. [Sommaire de la note : exergues, commentaire, citations, bibliographie (livres de Jacques Derrida, livres sur lui), 3 articles et 2 textes (résumés + citations), sites....]

Néanmoins, dans la culture des Français d'Algérie et de la communauté juive des Français d'Algérie, une chose faisait que, malgré tout, la France n'était pas l'Algérie ; la langue française avait sa source, sa norme, son autorité ailleurs. Et, d'une certaine manière, on apprenait confusément, je l'apprenais confusément, comme la langue de l’autre.                                                                    Jacques Derrida, entretien avec Didier Cahen, diffusé sur France-Culture, le 22 mars 1986, publié sous le titre Entretien avec Jacques Derrida dans la revue Digraphe N°42, décembre 1987. Repris dans le livre Points de suspension. Entretiens (pp. 209-228, et p. 217, pour cette citation), Galilée, 1992.

Cette parole à circoncire, à circoncire pour quelqu'un, à quelqu'un, cette parole qu'il faut donc donner, et donner une fois circoncise, entendons-la comme une parole ouverte.
Comme une blessure, direz-vous. Oui et non. Ouverte d'abord comme une porte, ouverte à l'étranger, à l'autre, au prochain, à l'hôte ou à quiconque.          Jacques Derrida, Schibboleth pour Paul Celan (p. 103), Galilée, 1986.

Il me faut essayer d'écrire de telle sorte que la langue de l'autre ne souffre pas de la mienne, me souffre sans en souffrir, reçoive l'hospitalité de la mienne sans s'y perdre ou intégrer. Et réciproquement, mais la réciprocité n'est pas la symétrie […].  Cela doit s'inventer à chaque instant, à chaque phrase, sans assurance, sans garde-fou absolu. Autant dire que la folie, une certaine « folie », doit guetter chaque pas, et au fond veiller sur la pensée, comme le fait aussi la raison.                                                                                               Jacques Derrida, entretien avec François Ewald, Le Magazine Littéraire, numéro spécial Derrida, N°286, mars 1991. Repris dans Points de suspension. Entretiens (pp. 349-375, et p. 374, pour cette citation), Galilée, 1992.


Celan JD.jpgLe monolinguisme de l’autre (Galilée, 1996), est central. Il fait écho à Schibboleth, pour Paul Celan (1986, Galilée), répond à Feu la cendre (Éditions des Femmes, 1987, 1998), se médite et se prolonge dans le double Séminaire « Hospitalité » (cours 1995-1996 et 1996-1997, Seuil, 2021 et 2022). Tout est tissé, par ces titres et les autres…

En sous-titre de ce livre, page intérieure : ou la prothèse d’origine.

C’est un ivre sur la déchirure linguistique vécue par lui, enfance en Algérie, avant 62, famille juive autochtone, et réflexion sur les effets psychologiques, identitaires, et philosophiques de la complexe et paradoxale étrangeté du rapport à la langue non maternelle qui est cependant la seule maîtrisée, le français.

Jacques Derrida aborde le sujet de la langue d’une manière qui éclaire le paysage global de la vie en Algérie avant 62.

C’est une parole qui s’adresserait à quelqu’un pour lui faire comprendre son expérience avec la langue française (et ce fut d’ailleurs le premier état du texte, communication dans un colloque, ensuite remanié). Ou un dialogue entre soi et soi, car il n’est pas simple de déchiffrer et mettre au jour des réalités contradictoires (ce terme est employé pour insister sur la complexité, le paradoxe, du vécu, pour un autochtone juif d’Algérie (comme Jacques Derrida), qu’est ne penser et écrire que dans la langue qui est, en fait, la langue de l’autre : cela provoque une sorte de déplacement intérieur. Cette expérience concerne beaucoup de natifs d’Algérie, et pas seulement les Arabes, Berbères, Juifs, présents depuis des siècles. Car la majorité des Pieds-Noirs étaient issus des migrations méditerranéennes, ayant donc une langue racine qui n’était pas le français. (Et c’est peut-être aussi pour cela que le pataouète a pris pour eux une telle importance de substitution, ou de captation contre, mention personnelle, ce n'est pas un sujet dans cet ouvrage, mais c'est lié...). Contre l’arrachement linguistique augmentant l’exil, une volonté plus ou moins inconsciente de garder sa part étrangère, de ne pas être complètement assimilé, pas vraiment noyé dans le bain officiel. Le bilinguisme, ou trilinguisme étant une autre forme de résistance intérieure. L’expérience de ceux qui héritent de plusieurs langues, et vivent un plurilinguisme intime sous un monolinguisme de fait, est d’être traversé par un processus de traduction permanente. Et que les langues familiales soient perdues ou pas cela se fait autrement, le rapport à la culture linguistique n’étant pas, paradoxalement, limité aux mots : il concerne le corps, la perception du paysage, la gestuelle. Ainsi, même ceux qui n’ont pas appris l’arabe ont été imprégnés (le sachant ou pas) par l’esthétique du visuel de la langue. Écrire en ayant dans la main des cercles qui ne sont pas ceux de l’alphabet français. Lire avec une gymnastique intellectuelle qui trouve logique de regarder de droite à gauche. Donc ce que dit Jacques Derrida sur cette fracture de langue dans la langue qu’il utilise, cela peut parler à beaucoup. C’est une analyse sur les effets du processus colonial. Sur ce que cela fait psychologiquement, psychanalytiquement, intellectuellement. La langue capture. (Mais elle est aussi capturée, comme l’a dit Kateb Yacine, en voyant le français comme un butin de guerre). L’exil linguistique (c’est un peu de cet ordre) déstructure, mais il structure. Et Derrida, lui, interroge la contradiction performative apparente de ce qu’il énonce (avoir et ne pas avoir une langue sienne, non sienne mais pas pensée comme étrangère, précise-t-il). Il relie, dans ce livre, cette question de la langue à celle de l’identité, au trouble de l’identité (en n’y mettant rien de pathologique), en relation avec le souvenir de la privation de la citoyenneté française (la période de Vichy). Et, évidemment la langue et l’identité parlent, pour lui, de la nature de la colonisation. Notamment en évoquant (pp. 56-60) le double interdit de l’accès à autre chose qu’au français, et, aussi mais autrement, au français (cela ne concernant pas la maîtrise des langues, mais l’expérience complexe d’identification – tout étant légalement permis mais échappant de manière souterraine). Au-delà des interrogations subjectives, autobiographiques, l’écart linguistique rend possible le questionnement politique, autour de cette question de la langue maternelle des autres (pp.60-67). Intéressant aussi, ce qu’il dit (page 71) de sa trouble proximité avec la langue arabe (ce que j’ai évoqué ci-dessus pour le penser, pas de la même manière : pas du même lieu intérieur). S’il interroge l’identité et la mémoire, il ne veut pas (comme il l’explique pp.76-82) que dans la langue littéraire ou philosophique on puisse déceler son identité de « Français d’Algérie » (p.77), de « pied-noir » (p.80). Car la littérature découverte par l’enseignement reçu était sans continuité avec la vie algérienne. Une sorte de distance, de pureté (p.80), qu’il considère constitutive de la production intellectuelle et même artistique. S’il n’a pas perdu vraiment son accent c’est la part privée (et entendre René Char lire des aphorismes avec l’accent du midi l’a détourné des textes admirés plus tôt, même si l’accent n’était qu’à l’oral : l’exigence vaut pour autrui). Sa « nostalgérie » (p.86), il la traduit en fantasme d’une langue métamorphosée, ramenée dans cet ici de l’exil. Évocation (en note) du tatouage, sujet d’un film japonais : mot fort. Quatre belles pages (84-87), pour dire que ce tatouage-déplacement de la langue serait « son » indépendance de l’Algérie (p. 87) : notion intéressante, beau paradoxe, encore. Langue qui dit plus que langue, ce qui suit le montre, abordant la culture juive algérienne, contaminée par les rites chrétiens. Ramener la langue ici ce pourrait être y faire entrer les noms perdus. Et refus de mots et concepts transmettant une certaine métaphysique héritée de cette langue de l’autre (tant aimée, aussi). La référence à Celan (pp. 129-130) est une réponse méthodologique et philosophique : mettre Babel dans ce qui est écrit (et pensé). Car, écrit Jacques Derrida, il revient toujours à une langue d'appeler l'ouverture hétérologique (p.129). Donc d'aller vers ce qui lui est étranger, autre.

Ouvrir. (On retrouve cette idée dans le séminaire sur l’hospitalité). Et, finalement, la démarche, là et dans d’autres textes, a un but qui se dit un peu (p. 135) : finir par « voir » l’envers caché des ombres, des images, des images d’images, des phantasmes […] ou la vérité de ce qui fut vécu.

Présentation de ce livre par Jacques Derrida lui-même, page éditeur. Lienhttp://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=2784

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Le monolinguisme de l’autreCITATIONS.

pp.13-14 : …quelqu’un qui cultiverait le français.

      Ce qui s’appelle le français.

      Et que le français cultiverait.

[…] …un sujet, comme on dit, de culture française.

[…] « Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne. » […] « Je suis monolingue. Mon monolinguisme demeure, et je l’appelle ma demeure, et je le ressens comme tel, j’y reste et je l’habite. Il m’habite. […] C’est moi. Ce monolinguisme, pour moi, c’est moi. »

p. 47 : Si bien que le « colonialisme » et la « colonisation » ne sont que des reliefs, traumatisme sur traumatisme, surenchère de violence, emportement jaloux d'une colonialité essentielle, comme les deux noms l'indiquent, de la culture.

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BIBLIOGRAPHIE et LIENS… Quelques LIVRES... DE Jacques DERRIDA (ordre chronologique).  Titres classés par éditions.

                             La Dispute

Déclaration  [Colloque. « 17 et 18 octobre 1961 : massacres d’Algériens sur ordonnance ? », (octobre 2000), texte in Le 17 octobre 1961, un crime d’État à Paris (dir. Olivier Le Cour Grandmaison)], La Dispute, 2001. Lisible en ligne, sur le site redAprenderYCambiar, riche espace bilingue espagnol-français, Derrida en castellano.] Lienhttps://redaprenderycambiar.com.ar/derrida/frances/declaration-derrida.htm

                               Minuit    (M.)

--- De la grammatologie,  M., 1967. [Lecture par François Wahl, La Quinzaine littéraire, 1967 (fragment, citation) : « Par une série de secousses de proche en proche, Derrida ébranle ainsi, sous le couvert d’une réhabilitation de l’écriture, pas seulement notre linguistique, mais tout le système d’opposés sur quoi repose notre pensée. »]

                              des femmes   (F.)

--- Feu la cendre, F., 1987, 1998. [Sur ce livre, ci-dessous, dans Textes, une lecture de l’ouvrage.]

                             Calmann-Lévy   (C.-L.)

--- De l’hospitalité précédé d’Invitation, avec Anne Dufourmantelle, C.-L., 1997. [Hospitalité, hostilité, frontières, altérité, étrangers, exil, conflits…]

                             Galilée (G.)

--- Glas, 1974, G., rééd. 2004.

--- Schibboleth : pour Paul Celan, G., 1986, 2003.

--- De l’esprit. Heidegger et la question, G., 1987. [Extrait de la présentation, par Jacques Derrida lui-même explicitant sa démarche : Il s’agit encore du nazisme – de ce qui reste à penser du nazisme en général et du nazisme de Heidegger. Mais aussi des “politiques de l’esprit”, des déclarations sur la “crise de l’esprit” et sur la “liberté de l’esprit” qu’on prétendait alors, qu’on veut aujourd’hui encore opposer à l’inhumain (nazisme, fascisme, totalitarisme, matérialisme, nihilisme, etc.).]

--- Points de suspension. Entretiens, G., 1992.

--- Résistances de la psychanalyse, G., 1996. [Présentation : Partant des résistances sociales et institutionnelles « à » la psychanalyse, se développe une réflexion sur un processus autre, celui « de » la psychanalyse à elle-même, inventant une réponse à ce qui la nie ou rejette.]

--- Apories, G., 1996. [Passage, frontière. Penser la mort, l’aporie.]

--- Le monolinguisme de l’autre, G. 1996.

--- Adieu à Emmanuel Lévinas, G., 1997. [Deux textes. Allocution de 1995 et conférence de 1996. Hommages.]

--- Cosmopolites de tous les pays, encore un effort, G., 1997.[Suite aux assassinats d’intellectuels et écrivains en Algérie (décennie noire), le Parlement international des écrivains avait été créé pour organiser les soutiens et accueils. Jacques Derrida en était un des vice-présidents. Cet ouvrage de 64 pages est le texte qu’il lut, en mars 1996, au premier congrès des villes-refuges, constituées suite à l’appel de ce Parlement des écrivains, lancé le 6 novembre 1995.]

--- Voiles (avec Hélène Cixous), G., 1998 [La voile (bateau, voyage) et le voile (ce qui voile). Citation de la 4ème de couverture : Ce serait aussi bien un sous-titre pour "Savoir" d’Hélène Cixous et "Un ver à soie", de Jacques Derrida – qui paraissent ici sous la même reliure.]

--- De quoi demain… Dialogue (avec Elisabeth Roudinesco), Fayard/Galilée, 2001. [Sept sujets, dont différence et universalité, avenir de la famille, liberté et contraintes, souffrance des animaux, révolution et échec du communisme, peine de mort, antisémitisme et haine de l’autre. Et en conclusion, éloge de la psychanalyse.]

--- H.C. pour la vie, c’est à dire, G., 2002. [Souvenirs, amitié, lecture, hommage, et analyse du parti « pour la vie » d’Hélène Cixous.]

--- Pardonner. L’impardonnable et l’imprescriptible, G., 2012.

--- Séminaire. La peine de mort. Volume I (1999-2000), G., 2012. Volume II (2000-2001), G., 2015.

--- Le dernier des Juifs, G., 2014. [Reprise de deux textes, dont Abraham, l’autre. Écrire son appartenance sans appartenance à la judéité et au judaïsme.]

      PAGE éditeur, Galilée. Jacques Derrida. Biographie et bibliographie (titres-liens renvoyant à la page de présentation des livres). Lienhttp://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=livAut&auteur_id=1902 

                             Seuil (S.) et S., coll. Bibliothèque Derrida (édition posthume, archives, séminaires)

--- L’Écriture et la différence, S., 1967 [En exergue, citation de Stéphane Mallarmé, fragment de la préface à Un coup de dés jamais n’abolira le hasard : « le tout sans nouveauté qu'un espacement de la lecture ». Exergue du premier chapitre, Flaubert. Puis, 2ème chapitre, Kierkegaard et Joyce. Et essais sur Jabès, Levinas, Artaud, Freud…]

--- Circonfession, S., 1991. [Titre formé du début de circoncision et de la fin de confession, en référence à Saint-Augustin (ses Confessions), auteur évoqué dans l’ouvrage…]

--- Le parjure et le pardon. Volume I. Séminaire (1997-1998), S., 2019. Volume II. Séminaire (1998-1999), 2020.

--- Hospitalité. Volume I. Séminaire (1995-1996), 2021.Volume II. Séminaire (1996-1997), S.., 2022.

--- Penser, c'est dire non, S., 2022. [Cours de Jacques Derrida de 1960 à 1961. Penser ce qu’est dire non et oui, développement à partir de la phrase d’Alain, Penser c’est dire non. Écrit dans le contexte de la guerre d’Algérie.

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PUBLICATIONS… SUR Jacques DERRIDA

                Un portrait de Jacques Derrida en UNE PHRASE :

Explorateur des marges, il fait vaciller dans son œuvre multiforme les limites de la philosophie, de la psychanalyse, de la littérature… [Extrait de la notice introduisant l’entretien titré Derrida l’insoumis, par Catherine David, Le Nouvel Observateur, 9-15 sept. 2015. Article repris dans Points de suspension. Entretiens (pp.123-140), Galilée, 1992.]

                LIVRES… SUR Jacques Derrida (sélection de 6 titres) :

--- Portrait de Jacques Derrida en Jeune Saint Juif, par Hélène Cixous, Galilée, 2001.

--- Judéités. Questions pour Jacques Derrida, op. cit., 2003. [Dans ce volume, sa propre contribution, Abraham, l’autre. Et celles d’auteurs, sur lui, dont Hélène Cixous, Ce corps étranjuif ; Moshé Idel, Jacques Derrida et les sources kabbalistiques ; Gil Anidjar, Derrida, le Juif, l’Arabe./// Le texte de Jacques Derrida, lisible en ligneAbraham, l’autre. Lienhttps://redaprenderycambiar.com.ar/derrida/frances/derrida_abraham.htm ]

--- À plus d’un titre, Jacques Derrida, de Jean-Luc Nancy, op. cit. , 2007.

--- Derrida (biographie), de Benoît Peeters, éd. Flammarion, 2010, rééd. 2022  [Extrait de la 4ème de couverture : Écrire la vie de Jacques Derrida (1930-2004), c'est raconter l'histoire d'un petit Juif d'Alger, exclu de l'école à douze ans, qui devint le philosophe français le plus traduit dans le monde, l'histoire d'un homme fragile et tourmenté qui, jusqu'au bout, continua de se percevoir comme un " mal aimé " de l'université française, c'est faire revivre des mondes aussi différents que l'Algérie d'avant l'Indépendance, le microcosme de l'Ecole normale supérieure, la nébuleuse structuraliste, les turbulences de l'après-68.]

--- Trois ans avec Derrida. Les carnets d'un biographe, de Benoît Peeters, op. cit., 2010.

--- Le concept d’œuvre de Jacques Derrida. Un vaccin contre la loi du pire, de Pierre Delain, éds. Guilgal, 2017.[Présentation éditeur, extraits : Dans le présent ouvrage, Pierre Delain s'interroge sur ce que l'œuvre de Jacques Derrida fait au concept d'œuvre. […] L'analyse conduit à dégager cinq principes inconditionnels : - laisser l'avenir ouvert - s'adresser à l'autre comme tel, au tout autre - s'aventurer pour plus que la vie - garder le secret - répondre de ces principes, en ce moment même. Précisions. Lire :  Paragraphe de résumé de la thèse source, et les mots clés (Derrida / Déconstruction / Œuvre / Inconditionnalités / Mal radical / Principes / Derrida, Jacques, 1930-2004) : https://www.theses.fr/2017PSLEE002 ]

                    Trois ARTICLES

--- Derrida dérouille Augustin. Quand le philosophe méditait le sens de la confession, par Jean Montenot, Lire, 01-02-2007, en ligne sur le site de L’Express. [Chronique, très abordable, au sujet du livre de Jacques Derrida, Circonfession (titre composé de cironcision et confession (comme les Confessions d’Augustin, Saint-Augustin, natif d’Algérie lui aussi).] Lienhttps://www.lexpress.fr/culture/livre/des-confessions-jacques-derrida-saint-augustin_811960.html

--- Jacques Derrida, « déconstructeur » de la pensée, par Catherine Halpern, Télérama,12-11-2010. [La notice introductive résume en quelques mots l’essentiel de la notion de déconstruction (contre les interprétations erronées) : La déconstruction, cette théorie qui consiste à faire surgir le non-dit sous les textes. Dans l’article qui suit, des phrases explicitent simplement la démarche de Jacques Derrida : Derrida aime à montrer les zones d'ombre et ne craint pas les méandres. Et Déconstruire, ce n'est pas détruire, c'est d'abord démonter les rouages du texte, mettre à jour l'implicite, l'inaperçu pour réinterroger les présupposés et ouvrir de nouvelles perspectives. Là est sa charge subversive.Lienhttps://www.telerama.fr/idees/derrida-le-deconstructeur,62287.php

--- Que reste-t-il de Jacques Derrida ?, par Michael Behrent et Héloïse Lhérété, revue Sciences humaines N°263, 2014.[Citations (pour situer ce qui est dit de la genèse d’une pensée) : … Le mûrissement philosophique de Derrida passera par une révolte œdipienne contre la phénoménologie. Dès ses premiers travaux, il s'en prend aux principales notions husserliennes : le sens, la présence, l'essence... […] L'écriture, quant à elle, est tenue en mépris par les philosophes : par rapport à la parole, elle n'est que secondaire, dérivée, morte, artificielle. Derrida veut renverser cette équation : montrer que le sens est fondamentalement une affaire d'écriture. […] L'écriture n'est pas simple graphie ; elle articule des « traces » entre elles ; elle est « architrace » (cette définition permet d'inclure dans la notion d'écriture l'ensemble du langage). […] Avec Derrida, le problème n'est plus de savoir si le monde est absurde (existentialisme) ou s'il a un sens (phénoménologie), mais de comprendre pourquoi le sens nous échappe toujours. Son problème pourrait se formuler ainsi : comment saisir l'insaisissabilité du sens ?Lienhttps://www.cairn.info/magazine-sciences-humaines-2014-10-page-29.htm

                            DEUX TEXTES

 (dont un, bref paragraphe sur le livre Feu la cendre, est développé dans une introduction puis un mémoire universitaire – tout étant lisible en ligne, le bref et le long…)

--- Commentaire du texte Télépathie de Jacques Derrida - paru in Cahiers confrontation N° 10, 1983 (psychanalyse, philosophie analytique), in 100 mots pour comprendre la voyance, de Bertrand Meheus, éd. Empêcheurs de penser en rond, 2005. [Page troublante, sur un texte de Jacques Derrida qui est singulier aussi – à rattacher à la place de la psychanalyse dans sa vie et sa pensée, car elle lui permet la liberté de savoir la complexité et les marges de la rationalité dans l’expérience subjective de la raison : et on ne risque pas de voir en lui la moindre trace d’irrationalité. L’auteur du commentaire, de formation philosophique, et docteur en sociologie, est gêné par le fait que Derrida ne précise pas suffisamment ce qu’il en pense, laisse un flou. Mais la démarche de Derrida est justement de laisser l’espace de l’ouvert, des portes, de l’autre, dont l'autre du sens.] Lienhttps://www.metapsychique.org/derrida-et-la-telepathie/

--- Relire « Feu la cendre » de Jacques Derrida, ou De l’interprétation comme brûlure inextinguible, par Olivier Parent-Thivierge (texte pdf en ligne), Littérature, Université de Montréal, 2019. [Le texte, très bref, qui résume la thèse (on peut lire ensuite la table et les 159 pages) répond indirectement aux objections nuancées du commentaire précédent. Car il rappelle la conception derridienne de la « dissémination » du sens, la question de l’illisibilité. Et le refus derridien d’une interprétation refermée sur un « sens » univoque. Démarche de Derrida conforme aussi à ce qu’enseigne la psychanalyse, de la polyphonie des significations (des textes, de soi, des expériences, du réel). Et qui est aussi une marque de ce qui vient de l’enfance, de la trace algérienne, pour la polyphonie des lectures du monde dans laquelle il a baigné, malgré la pression monolinguistique. (Le sens de la complexité qui marque d'ailleurs aussi Camus). Lienhttps://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/22495/Parent-Thivierge_Olivier_2019_m%C3%A9moire.pdf?sequence=3&isAllowed=y

                                 SITES

SITE-ressource. IDIXA (Derridex - indexation des mots dans l’œuvre de Derrida - et infini parcours de lecture). Site qui permet d’appliquer la démarche proposée à d’autres œuvres. Lien... https://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0506091008.html

Et liste de propositions de lecture de Derrida (brefs énoncés d’une ligne ou deux) de Pierre Delain (Pour une œuvrance à venir) : https://www.idixa.net/Pixa/pagixa-1303281918.html

SITE documentaire (Argentine), Red aprender y cambiar. Espace Derrida en castellano, bilingue espagnol-français (cliquer sur « en  francés » pour accéder aux sources en français). Objectif du site : disséminer les traces de l’œuvre de Derrida : https://redaprenderycambiar.com.ar/derrida/

Jacques Derrida sur PhiloMag : https://www.philomag.com/philosophes/jacques-derrida-0

Fiche Wikipédia (dont articles en ligne) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Derrida

Éditions Galilée (biographie et bibliographie : les titres-liens renvoient aux présentations des livres) : http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=livAut&auteur_id=1902

Seuil. Bio et titres (coll. Bibliothèque Derrida) : https://www.seuil.com/auteur/jacques-derrida/1771

Galilée-Seuil, les raisons d’un transfert, par Nicolas Weill, Le Monde, 07-07-2019. [Transfert très relatif... car il y a bien des ouvrages de Jacques Derrida publiés par Galilée après 2004, dont le Séminaire sur la peine de mort.]  https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/07/07/derrida-de-galilee-au-seuil-les-raisons-d-un-transfert_5486439_3260.html

Commentaires

C'est une position qu'il m'a semblé difficile à assumer n'étant pas Juif,ou alors de manière lointaine. De mon point de vue un Juif peut toujours imaginer avoir une langue mère, l'hébreu, mais un Pied-noir ? Certains ont gardé l'italien, le maltais ou l'espagnol, de leurs ancêtres et même le français. Mais est-ce une langue-mère alors que nous avons été éduqué dans un français qui s'avérait ne pas exister en Métropole. Derrida a choisi une soumission à un français supposé technique, refaisant à l'envi,ce que la plupart des étrangers venus en France ont fait. Pourquoi, alors que certains des thèmes de ses travaux apparaissent comme "pieds-noirs", par exemple le thème de la décontraction qui est pour moi le moteur de notre ironie.

Écrit par : Michel Filippi | 10/04/2023

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