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05/12/2024

Boualem SANSAL. Lire et relire, pour mesurer l'importance de l'œuvre et des questionnements

boualem sansal,sansal,livres,écriture,éthique,liberté,valeurs,lucidité,complexité,algérie,mondeIl est des lieux qui font du temps un chemin de calvaire sans retour. (...) La nuit est une prison dans la prison.

Boualem Sansal, incipit, L’enfant fou de l’arbre creux

Au tout début de cet ouvrage on est déjà dans l’univers de la prison, au moment, fin du jour où l’ombre avance et où brusquement le cri du muezzin étreint la ville... Ces pages sont révélatrices du lieu et de ce qui dépasse aussi ce lieu, métaphoriquement, dans la force de l’écriture de l’auteur. De même, autre métaphore, l’enfant fou qui donne son titre à l’ouvrage, habitant d’un arbre creux (qu’un hibou maléfique a quitté). Mystère, l'inexplicable, qui est en soi un rejet de la raison. Relisant ce passage, et pensant à Boualem Sansal prisonnier, c’est comme la représentation symbolique de la solitude des consciences libres que j’y vois aujourd’hui, quand la raison ne permet plus de saisir le sens de faits irrationnels, comme l’arrestation de l’écrivain. Et, dans l’anxiété de penser à cette situation si injuste, pour celui qui est entouré des murs qui enferment et des murs des mensonges projetés par ceux qui veulent faire de lui un portrait destructeur, j’ai une phrase (de 2084. La fin du monde) qui revient et tourne en moi, comme une question sourde : Pour des gens qui ne sont jamais sortis de leur peur, l’ailleurs est un abîme. Or celui qui pense en lucidité et amour mêlés, comme il fait, est un ailleurs et un abîme à la fois pour ces gens dont la peur, le ressentiment, l’idéologie, mettent des masques qui voilent le sens des paroles, des pages, des livres de Boualem Sansal. Lui dont toute l'œuvre est une lettre d'amitié envoyée à l'Algérie (d'amour alors plutôt), et au monde (de désir de paix, donc). Comme le dit un de ses titres... Le soutenir c’est aussi le faire lire. Que tous puissent reconnaître la puissance de l’œuvre d’un humaniste à dimension universelle.

MC San Juan

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Donc lire, relire, proposer de lire.

Tous ses livres sont publiés par Gallimard, et beaucoup repris en Folio.

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Serment.jpegLe serment des barbares, 1999, Folio, 2001.

C’est l’ouvrage qui permet de prendre conscience des réalités de l’islamisme et des errements sociaux et idéologiques qui ont causé les horreurs de la décennie noire, et d’en mesurer justement l’horreur.

Compte-rendu de Mustapha Harzoune, Hommes & migrations, 2000, en ligne sur Persée :

L’auteur commence par présenter Boualem Sansal en disant que l’ouvrage est « le premier roman d’un haut fonctionnaire algérien qui en sait et en dit long sur son pays ». Pour mentionner, plus loin, que « l’Algérie est 'au cœur du récit' », notamment « par l’investigation des méandres d’une société à travers les recherches de l’inspecteur Larbi ». Le chroniqueur relève ce qu’écrit Boualem Sansal pour dénoncer le statut des femmes, et la citation est d’une force particulière. Après avoir rapproché la critique des failles de l’Éducation de ce que pensait Tahar Djaout, il poursuit ainsi : « Dans ce roman point de thèse, mais la terrible mise à nu d‘une société, de ses rouages les plus obscurs et de ses acteurs, bourreaux ou victimes. Les vérités consignées ici ne sont pas faciles à lire, pas faciles à entendre. ». Et il cite, en conclusion, l’adresse de Boualem Sansal aux lecteurs, notamment à ceux qui ne sauraient se brûler le cœur (en « lisant » ce réel historique à l’encre « fabriquée » par les criminels) et à ceux qui ne voudraient pas être de faux témoins.

À noter, peu après ce livre, en 2003, l’auteur sera limogé de son poste pour sa critique des choix gouvernementaux, comme l’arabisation excessive (qui a d’ailleurs mis de plus en plus l’école dans les mains de ceux qui ont favorisé une vision rigide de la religion...).

Compte-rendu en ligne, deuxième note, dès la première page, Persée :https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_2000_num_1223_1...3

Fiche Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Serment_des_barbares

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Fou.jpegL’enfant fou de l’arbre creux, 2000, Folio, 2002.

Présentation, extrait : « À la fois réquisitoire et satire, le roman étonne et réjouit par sa truculence, sa verve iconoclaste et sa profondeur, loin des clichés larmoyants et des plaidoyers emphatiques sur les droits de l’homme et l’Algérie contemporaine. »

Page éditeur : https://www.gallimard.fr/catalogue/l-enfant-fou-de-l-arbr...

Page Babelio, l’enthousiasme d’un lecteur. Lire ce que dit la personne qui signe Tagrawla, le 7 juin 2020, deuxième note sur la page (lisant cet ouvrage paru en 2000, car on peut lire les livres dans le désordre). D’abord, évoquant les livres déjà lus : « ...je n'ai encore rien trouvé qui ne soit pas terriblement bien écrit et en plus d'une grande profondeur ».                          Pour terminer ainsi : « Je n'en démordrai pas : M. Sansal est un des plus grands auteurs de notre époque, et sans doute le plus grand auteur francophone vivant. »  https://www.babelio.com/livres/Sansal-Lenfant-fou-de-larb...

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boualem sansal,sansal,livres,écriture,éthique,liberté,valeurs,lucidité,complexité,algérie,monde,paix,respectDis-moi le paradis, 2003.

Présentation, extrait : « Un personnage mystérieux incarne le désarroi du peuple algérien : c’est un enfant mutique recueilli en route par Tarik, qui garde les yeux grands ouverts sur un passé indicible. » https://www.gallimard.fr/catalogue/dis-moi-le-paradis/9782070767724

 

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Harraga.jpegHarraga, 2005, Folio, 2007.

Présentation éditeur, extrait : « Une ville erratique qui se déglingue par ennui, par laisser-aller, par peur de la vie. Un quartier, Rampe Valée, qui semble ne plus avoir de raison d’être. Et partout dans les rues houleuses d’Alger des islamistes, des gouvernants prêts à tout, et des lâches qui les soutiennent au péril de leur âme. »

 

Page éditeur : https://www.gallimard.fr/catalogue/harraga/9782070343294

Et...

Ample analyse, très approfondie, de l’apport du livre dans la compréhension du phénomène de harraga, à partir de ce qui est montré, dans ce livre, de la vie et des ressentis des deux personnages étudiés, Lamia et Chérifa. Par Julie Lemoux, publication e-Migrinter (étude des migrations), en ligne sur Open Édition :

Citations (au tout début et en conclusion) : « Le cœur du roman de Boualem Sansal est contenu dans le titre, Harraga. Le terme harraga (pluriel de harrag) désigne en arabe littéraire ‘ceux qui brûlent’, autrement dit, de manière figurée, ‘ceux qui brûlent les frontières’. » (...) « La harga apparaît comme un phénomène multidimensionnel, où s’articulent et se rejoignent les domaines politique, familial, social, économique, etc. Finalement l’écrivain brosse un portrait de la société algérienne, et ainsi positionne la harga comme un phénomène qui cristallise tous ses symptômes. »

Texte intégral de la note de lecture, en ligne : https://journals.openedition.org/e-migrinter/541

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images Alger poste.jpegPoste restante : Alger, 2006, Folio, 2008.

Boualem Sansal sous-titre ce livre ainsi : Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes.

Compte-rendu de Bernadette Rey Mimoso-Ruiz, Horizons maghrébins, 2006 :

Elle écrit d’abord ceci : « Boualem Sansal délaisse les chemins de la fiction et prend sa plume pour une longue lettre à ses compatriotes où il crie sa colère mais aussi son amour infini de l’Algérie. / Significativement dédiée au Président Mohamed Boudiaf, assassiné avant d’avoir pu rendre sa dignité à la nation, la lettre de Sansal a pour destinataires tous ceux qui n’osent plus parler. » Plus loin elle analyse : « L’acte libératoire se veut aussi libérateur : dire le vrai pour redonner à ses amis, ses sœurs, ses frères, une liberté de pensée. » Elle explique comment Sansal commence par « abattre les idées reçues » sur ce qu’est le peuple algérien, par « simplification mensongère et réductrice » contre laquelle il « s’insurge » (peuple arabe, musulman, de langue arabe et rien d’autre...). Boualem Sansal, dit-elle, « rappelle combien l’Algérie est multiple. Il souligne tous les dangers de l’absolue pureté, cette sœur jumelle du fanatisme. » Et, ajoute-t-elle, « il condamne de la même manière la berbérité excessive ». Et lutte contre le « ressentiment » et la « soumission », pour que « se réveillent les consciences politiques ». Pour que « le peuple algérien » puisse « reconquérir sa dignité envers lui-même et aux yeux du monde ».

Lecture sur Persée, en ligne : https://www.persee.fr/doc/horma_0984-2616_2006_num_55_1_2...

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Village.jpegLe village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller, 2008, Folio, 2009.

C’est une histoire qui est fondée sur des faits réels, dérangeants mais réels (et les archives allemandes les confirment). L’auteur choisit comme narrateurs les fils d’un couple algéro-allemand, victime du massacre de 1994 dans leur village. Choc de la découverte de l’identité réelle du père d’origine allemande et de son histoire criminelle, lors des horreurs du nazisme (alors qu’il est connu comme moudjahid, héros de la lutte pour l’Indépendance. Se mêlent trois thèmes : Shoah, décennie noire, banlieues françaises délaissées.

Présentation, extrait : « Basé sur une histoire authentique, le roman propose une réflexion véhémente et profonde, nourrie par la pensée de Primo Levi. »

Page éditeur : https://www.gallimard.fr/catalogue/le-village-de-l-allemand-ou-le-journal-des-freres-schiller/9782070396993

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Rue Darwin.jpegRue Darwin, 2011, Folio, 2013.

Le personnage, Yazid, a reçu une supplique de sa mère mourante : Va, retourne à la rue Darwin. Cette rue est celle de leur vie familiale, de l’enfance, du passé. Elle a changé de nom, s’appelle rue Benzined Mohamed. Mais c’est toujours le quartier de Belcourt, y errer fait remonter des souvenirs, recréer son itinéraire de vie, tenter de se comprendre soi-même. Car Le seul véritable inconnu, c’est soi-même

Présentation, extrait : « Il parvient à introduire tendresse et humour jusque dans la description de la corruption, du grouillement de la misère, de la tristesse qui s’étend. »

Page éditeur : https://www.gallimard.fr/catalogue/rue-darwin/9782070450503

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Gouverner Allah.jpegGouverner au nom d’Allah. Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe, 2013, Folio, 2016.

Présentation, citations : « Boualem Sansal, l’une des grandes voix de la littérature algérienne, s’interroge sur les acteurs de la propagation de l’islamisme : les États prosélytes, les élites opportunistes, les intellectuels silencieux, les médias, la « rue arabe ». (...) Une synthèse engagée, documentée, des prises de position humanistes qui dénoncent à la fois le pouvoir militaire algérien et le totalitarisme islamiste. »

Page éditeur : https://www.gallimard.fr/catalogue/gouverner-au-nom-d-allah/9782072697005

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2084.jpeg2084. La fin du monde, 2015, Folio, 2017.

Présentation, citations : « Boualem Sansal s’est imposé comme une des voix majeures de la littérature contemporaine. » (...) « Il s’inscrit dans la filiation d’Orwell pour brocarder les dérives et l’hypocrisie du radicalisme religieux qui menace les démocraties. »

Page éditeur : https://www.gallimard.fr/catalogue/2084/9782070149933

 

 

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Lettre d'amitié.jpegLettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la terre, 2021.

Présentation, extrait : « Boualem Sansal adresse aux peuples et aux nations de la terre un manifeste athée, plein d’un humour féroce et rageur, pour les appeler à sortir de l’âge des dieux et à entrer dans celui des hommes. L’humanité doit trouver le moyen de résister aux forces qui la détruisent : les religions et leurs sempiternelles pénitences, l’argent tout-puissant, les passions guerrières (...). »

Page éditeur : https://www.gallimard.fr/catalogue/lettre-d-amitie-de-respect-et-de-mise-en-garde-aux-peuples-et-aux-nations-de-la-terre

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Vivre.jpegVivre. Le compte à rebours, 2024.

Livre d’anticipation, comme 2084.

Recension de Gilles Banderier, La Cause littéraire.

Citations (extraites de la dernière partie de la chronique) : « Vivre est en premier lieu un roman de science-fiction d’excellente facture. Boualem Sansal s’élève sans difficulté au niveau des grands maîtres du genre » (...) « ...contrairement aux écrivains de science-fiction, y compris les plus grands, Boualem Sansal ne cherche jamais à faire croire entièrement à l’histoire qu’il raconte. » (...) « ...le pamphlet affleure » (...) « ...de même la critique des religions établies et des institutions politiques » (...) « ...reprenant ce qu’il écrivait dans sa Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la terre. Cette cohérence profonde est la marque des grandes œuvres et des grands écrivains. »

La chronique, en ligne : https://www.lacauselitteraire.fr/vivre-le-compte-a-rebour...

Et...

Lire : Portrait. Boualem Sansal, un écrivain libre qui ne craint pas d’être « blacklisté »

Lire, publication sur Ouest France, chronique du 11-91-2024, modifiée le 26-11-2024, du fait de l’arrestation de l’écrivain le 16 novembre 2024.

Pourquoi lire 'Vivre', le brillant récit catastrophe de l’Algérien Boualem Sansal : https://www.ouest-france.fr/culture/livres/lire-magazine/...

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Tous ses livres (une trentaine) :

https://www.gallimard.fr/auteurs/boualem-sansal

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Parcours des livres de Boualem Sansal, par Lisa Romain, Du 'Serment des barbares' à 'Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la terre' : Boualem Sansal ou la fabrique du lecteur engagé, revue Arborescences n° 12, 2022. En ligne, Érudit, juin 2023.

Résumé, extrait : « Il expérimente dès son premier roman l’hybridation de deux logiques apparemment antagonistes : celle du roman à thèse et celle de la métafiction postmoderne. De la fusion de ces deux ennemies naturelles naît l’idée de l’espace romanesque comme champ d’entraînement à la pratique démocratique, à travers une série de stratégies d’implication du lecteur » (…). https://www.erudit.org/fr/revues/arbo/2022-n12-arbo08128/1100850ar/

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Quelques citations de Boualem Sansal (articles ou livres), Wikiquote : https://fr.wikiquote.org/wiki/Boualem_Sansal

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Note © Trames nomades

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2 notes associées :

Boualem Sansal. Arrestation, questions, soutien, 08-12-2024 http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2024/12/08/bo...

Boualem Sansal et Camus, proximité. Relire Camus... Pour soi, pour autrui, 03-12-2024 http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2024/12/03/re...

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