Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/01/2023

Entretien. Parole de poète, Éric Dubois

éric dubois,poésie,poètes,écriture,implication,témoignage,éditions,unicité,françois mocaër,entretienL’écriture de poésie est ce qui émerge de l’itinéraire d’un auteur et devient trace de son cheminement intérieur, le produit d’une maturation. Ce qu’il fait de ses épreuves et de ses joies, dans un travail sur le langage. Bien sûr cela commence par des lectures, des affinités et des admirations.  Mais cela peut se prolonger aussi en partage de plus que sa propre écriture, quand celui qui écrit est aussi attentif aux autres et au monde.


éric dubois,poésie,poètes,écriture,implication,témoignage,éditions,unicité,françois mocaër,entretienQuestions-réponses…

.1. Quand as-tu commencé à écrire de la poésie ? Et quand as-tu pris conscience que tu voudrais être réellement écrivain ?      J’ai commencé à écrire au collège vers 14/15 ans. De la poésie mais aussi des récits et des tentatives de romans. Je pense que c’est il y a une vingtaine d’années, après mon internement en HP, que j’ai pris conscience de ma vocation d’écrivain, ayant la certitude que je n’arriverais jamais à imposer une quelconque ambition dans le monde de l’entreprise, n’ayant pour bagage qu’une première partie de bac validée (et ayant raté à l’oral la seconde, deux fois ).

.2. Quels sont les auteurs qui sont tes références majeures ?  En quoi t’ont-ils nourri et peut-être changé, ou au contraire confirmé dans tes options ?                                                      Ce sont les Surréalistes qui m’ont poussé à écrire, à éprouver la liberté d’écrire. Breton, Artaud, Aragon, Éluard, pour ces deux derniers avant qu’ils n’écrivent une poésie engagée, mais aussi Char et Bonnefoy, qui ne sont pas surréalistes mais qui les ont fréquentés. Il y a aussi Guillevic et du Bouchet, comme aussi Emaz et Bernard Noël. Sans compter les écrivains de la Beat Generation et les écrivains américains comme Henry Miller, John Fante ou Charles Bukowski. J’aime aussi, pour les femmes, Duras, Sagan et Despentes.

.3. Comment s’est faite la rencontre avec ton premier éditeur ? Hasard ? Contact provoqué par quelqu’un ? Envoi d’un manuscrit comme on lance une bouteille à la mer ? Qu’as-tu à dire de ton expérience avec l’édition, pour tes livres ?                J’ai commencé par l’édition en ligne avec les éditions Le Manuscrit/ Manuscrit.com, mais ce fut un échec critique et commercial. Ce fut avec la revue Encres Vives, dirigée par Michel Cosem, qui publie des plaquettes format A4, et l’association Hélices, créée et dirigée par Emmanuel Berland, que j’ai vraiment eu la sensation de publier quelque chose de sérieux, avec des auteurs/éditeurs qui savent sélectionner les textes en fonction de la qualité de la forme et du fond. Cela a été pareil avec publie.net, créé par l’écrivain François Bon, et avec les éditions Unicité de François Mocaër, lui-même aussi auteur. Je crois à la vertu des auteurs/éditeurs.

.4. Tu as créé une revue en ligne, Le Capital des mots (arrêté maintenant, plus d’ajouts, mais toujours en ligne) et tu continues depuis avec Poésie-Mag, blog qui ouvre ses pages à celles d’auteurs divers. Qu’est-ce qui t’a donné le désir de publier les autres de cette manière ? Quel est ton objectif dans les deux cas ?                                                                        Je pense qu’en étant auteur, il faut aussi être « passeur », comme l’a été mon ami feu  Charles Dobzynski , poète et critique,  directeur de la revue Europe et du prix Apollinaire, et Christophe Marchand-Kiss lui-aussi disparu, poète et directeur de collection «  L’œil du poète »  chez Textuel. Comme aussi maintenant Pierre Kobel, poète et blogueur, «  La pierre et le sel »,  et concepteur d’anthologies chez Bruno Doucey. Mais aussi François Bon, écrivain et donc passeur par son site tierslivre.net et sa chaîne Youtube. Tous ont voulu et veulent promouvoir l’écriture contemporaine, exigeante et en dehors des canons commerciaux. C’est ce que j’essaie de faire avec mes blogs et mes revues.

.5. Peux-tu présenter l’association que tu as créée, pour promouvoir la poésie, provoquer rencontres et événements divers ?                                                                                  L’association Le Capital des Mots prolonge en quelque sorte ma revue/blog éponyme, qui n’est plus active depuis septembre 2020. Elle organise des lectures publiques avec des intermèdes musicaux et des chansons, avec ses cotisants et des invités surprise et elle publie aussi des recueils de poèmes de ses membres.

.6. Développant encore ta démarche, pour être partie prenante dans la vie éditoriale, tu as créé récemment une édition. Quel est son axe ? Les critères de choix des auteurs ? Et comment réussir à faire vivre un tel projet, matériellement, financièrement, quand la situation des éditions est si difficile souvent ?                                                                                L’association Le Capital des Mots touche depuis 2017 des subventions locales, et peut donc publier des livres qui sont auto-distribués par le site lecapitaldesmots.fr et les récitals de poésie qu’elle organise. Nous faisons faire des tirages de 200 exemplaires pour chaque livre, par un imprimeur du sud-ouest, nous faisons les choses correctement, nous avons acheté des ISBN et nous faisons le dépôt légal à la BNF ainsi qu’un contrat à compte d’éditeur, avec, pour l’auteur, la possibilité d’avoir 30 exemplaires gratuits qu’il peut revendre pour avoir ses droits. Mais c’est difficile actuellement de bien vendre des livres de poésie, surtout depuis ces dernières années avec la crise du Covid et le prix du papier qui augmente.

.7. Revenons à ton œuvre personnelle. Tu as beaucoup publié. Quels sont, parmi tes livres, ceux qui ont pour toi le plus d’importance ? As-tu l’impression d’avoir trouvé tes lecteurs, et d’être compris vraiment ?                                                        Je dirais « Mais qui lira le dernier poème ? », publié autrefois chez publie.net, et mes ouvrages  de poésie chez Unicité. Je dirais que comptent pour moi mes derniers livres de la décennie 2010 et début 2020. J’ai des lecteurs, d’abord ceux de mes livres et des revues où je suis publié, mais aussi ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux et les blogs. Suis-je compris ? Je ne sais pas. Je sais que je ne suscite pas l’indifférence, j’ai des fans et des détracteurs.

éric dubois,poésie,poètes,écriture,implication,témoignage,éditions,unicité,françois mocaër,entretien.8. En dehors de la poésie, tu as abordé le récit (L’homme qui entendait des voix), témoignage important qui correspond à une nécessité intérieure – dire et se dire, casser des tabous – mais livre qui est certainement précieux pour beaucoup d’autres. Qu’est-ce que cette publication a changé dans ta vie ?                                               « L’homme qui entendait des voix » (éditions Unicité, 2019) est un témoignage et peut-être faut-il commencer par ce livre pour aborder mon « œuvre ». C’est le livre que je vends le plus, sujet oblige, la schizophrénie. Je pense que c’est grâce à lui que mon public m’a vraiment découvert.

.9. Mais, sortant du témoignage tu t’es mis à écrire des romans. Peux-tu rappeler lesquels, leur thématique, ce qui pouvait passer par eux et pas par les poèmes ? Que signifie-pour toi ce passage de la poésie au roman ? Et en quoi cela peut-il gêner ou enrichir ta pratique de poète ?                                          Mon premier roman « Lunatic «  (éditions Le Lys Bleu, 2021 ) a été écrit quand j’avais 27/28 ans , c’est donc un roman de jeunesse, mais il a été remanié en 2012. C’est un livre d’amour, une romance trash, sur ma génération, celle née dans les années 60/70, la génération X, post-soixante-huitarde, avec ses addictions alcool et drogues. Mes nouvelles, « Paris est une histoire d’amour » et « Le complexe de l’écrivain », qui ont été publiées dans un seul volume aux éditions Unicité à la fin de l’année 2022, sont des textes sur la maladie mentale mais aussi sur Paris et la vocation d’écrivain à travers des histoires d’amour atypiques.

.10. Que penses-tu de la presse littéraire (suppléments des quotidiens, revues de poésie, magazines) ? C'est important, pour toi, de publier dans des revues ? Y a-t-il des émissions (radio ou télévision) que tu voudrais signaler ? Toi-même, es-tu intervenu dans l’une ou l’autre ? De quelle manière ?                  Les revues papier et internet m’ont fait indéniablement connaître, comme des émissions de télévision. Ainsi, sur France 2 , le reportage de Télématin, «  Vivre avec la schizophrénie »  en mars 2021, mais aussi l’interview que j’ai accordée,  «  1 jour avec 1 schizo », à la journaliste  Marie-Léty Burny de BDMT.TV, une chaîne télé web en ligne sur la santé mentale en mars 2022, ou bien plus avant, à la radio, l’interview accordée à Carole Clémence sur Vivre.fm en  avril 2019 pour l’émission «  Bien dans sa tête » . N’oublions pas qu’entre 2010 et 2018 j’ai interviewé des auteurs avec Jean-Claude Caillette dans l’émission « Le lire et le dire » sur Fréquence Paris Plurielle. Cela fait plus de vingt ans que j’interviens dans des radios libres. Enfin n’oublions pas mon interview avec Carole Carcillo Mesrobian dans le premier volet de son émission « L’ire du dire », « Entre les mots, les murs, écrire avec la schizophrénie » en septembre 2021, sur Fréquence Paris Plurielle, et celle avec Christian Saint Paul de Radio Occitanie dans son émission «  Les poètes » au printemps 2022.

.11. Qu’aurais-tu à dire au sujet des événements littéraires qui rythment l’année (Marché de la Poésie, Salons divers – comme celui de L’Autre livre ou celui de la revue, rencontre de Sète, etc.) ?                                                                                  Je trouve cela bien. Et ces événements m’ont fait connaître et continuent à le faire. Je trouve cela excellent pour la poésie.

.12. Enfin comment verrais-tu une évolution culturelle et sociale qui aide la diffusion de la poésie, mais développe aussi l’exigence, contre la médiocrité ?                                              Je pense que le Net et les récitals de poésie sont les meilleurs moyens de faire connaître le genre.

.13. Poètes et implications diverses. On voit des poètes réagir à des tragédies, comme la guerre en Ukraine ou le soutien porté aux poètes subissant la répression dans des pays totalitaires, en publiant des poèmes pour marquer leur solidarité (Ukraine), en signant des appels, en écrivant des lettres (comme pour Ahsraf Fayad, quand il était prisonnier en Arabie saoudite), et certains autres être indifférents à tout ce qui n’est pas leur autopromotion infiniment répétée… Que penses-tu de cela ?      J’ai participé à de nombreuses anthologies thématiques engagées, comme par exemple « Passagers d’exil » aux éditions Bruno Doucey, sur les migrants. Je pense que le poète doit coller à son époque et fuir toute tour d’ivoire. L’histoire de la poésie mondiale le montre depuis Homère.

LIENS

Note Trames nomades sur deux de ses recueils, 28-05-2019http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2019/05/28/ch...

Note Trames sur son livre témoignage, 17-07-2019http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2019/07/17/l-...

Le livre Langage(s), page de l’édition Unicité (avec présentation de l’auteur)https://www.editions-unicite.fr/auteurs/DUBOIS-Eric/langa...

É. Dubois, Maison des Écrivainshttp://www.m-e-l.fr/eric-dubois,ec,1140

Page sur Printemps des Poèteshttps://www.printempsdespoetes.com/Eric-Dubois

Le Capital des motshttp://lecapitaldesmots.fr

PoésieMaghttp://poesiemag.fr

Commentaires

Une interview marquée de sincérité, j'aime !
Et la passion de l'écriture en filigrane. C'est beau !

Écrit par : Hélène Suzzoni | 06/02/2023

Les commentaires sont fermés.