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15/08/2023

Traversées, revue. Parcours des numéros 103 et 104

traversees-103-recto.jpegtraversees-nc2b0104.jpegJe relis, numéro par numéro.

Traversées n° 103

D’abord je reviens parcourir l’éditorial, même s’il est volontairement décalé à la fin, choix de structure sans doute pour laisser ouverte la compréhension des axes de ces pages. Oui, d’évidence, la traduction, l’ouverture à des poètes du monde. Et c’est le sujet du texte de Patrice. (Sans plus de précision : Patrice Breno, l’éditeur, ou Patrice Reytier, qui fait la composition, la mise en pages et des créations sous forme de petites vignettes qui marquent les espaces entre les rubriques ?  – À vous de deviner, on peut...). Traduction, donc, l’entreprise ardue qu’est rendre le style et le sens dans une langue autre : transmutation, en quelque sorte. Mais entreprise nécessaire au plus haut point, pour dépasser les frontières de notre tour de Babel. Les textes sont offerts dans la langue d’origine et en français. Des textes en langues qu’on connaît on lit doublement, des autres on regarde, même sans comprendre : c’est déjà un voyage culturel que la perception des graphies différentes.

Parcours, une sélection subjective, citations (poèmes), sans commenter les fragments cités, mais parfois un peu les présentations, après avoir consulté celles qui sont en dernières pages et donnent des clés (indications partielles notées ici entre parenthèses, sous le nom de l'auteur).

…………….

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07/12/2022

REVUE L'Intranquille n°23, automne 2022...

l’intranquille,revue,atelier de l’agneau,françoise favretto,traductions,poésie,chine,argentine,colombie,enfance,claire dumay,carole darricarrère,citationsLe numéro 23 de la revue L’Intranquille (automne 2022) était présent lors du Salon de la revue, puis pour celui de L’Autre livre (éditeurs indépendants). Riche numéro, de nouveau.

Comme toujours, des traductions à l’honneur, rituellement un dossier thématique (Jeux d’enfant cette fois), plus un ample essai que j’évoquerai brièvement, et enfin, poèmes et critiques (recensions, dont une de mon dernier recueil, par Françoise Favretto, et la mienne, d’un livre de Raymond Farina)…

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06/04/2015

Ecriture... A L’INDEX N° 28, revue littéraire

Comme je parle beaucoup des autres avec lesquels je partage cet espace de la revue (et notamment beaucoup d'Anne Sexton), je vais commencer par noter ce qui concerne mes poèmes, pour introduire brièvement ma longue recension. 

Pages 65 à 69, mon texte, poème, vers libres et prose. Une et toutes douleurs. Exergues (bien sûr...) : Anna Akhmatova, Monique Rosenberg, Lyonel Trouillot, Geneviève Clancy. Je ne peux que tisser lecture et écriture. Je ne citerai qu’un fragment, tout au début. Il donne une des clés, en posant une question : "Le lieu est-il l’exil de la pensée ?". Exils, conscience : méditation... La traversée des frontières est au centre de mon identité, de tous mes questionnements. Pluriel interne, valises "arrachées", et chiffre de l'éthique nomade. Regard autre. Je signe d'un S, mémoire du soleil-signature de Jean Sénac, et de l'initiale en commun, S solaire, oui, et S des pluriels, qui ouvre le multiple en soi et dehors (MC San Juan...).

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23/12/2014

« A L’INDEX » N° 27, revue, « espace d’écrits » (poésie, fiction, écritures de soi, voix d’ailleurs, notes de lecture...)

INDEX 27.jpg

« Ce matin j’ai écrit deux poèmes. / Je ne me demande pas pour l’instant quel sens / possède ou non ce travail obscur. / Simplement c’est une autre façon, possible, d’être vivant. » («... No me pregunto ya por el sentido / que tiene o no tiene este oficio oscuro...”) 

Luis Benitez, poète argentin (A L’Index n° 27, traduction de Françoise Laly), pp. 114 à 123.

 Ce choix en exergue : hommage, pour des textes (il y en a plusieurs dans la revue 27) que j’apprécie particulièrement...  

En quatrième de couverture je remarque une définition de la poésie (ou plutôt une conception de la poésie...) qui me convient assez, moi qui ai le goût du monde ouvert, du regard sur les pays proches ou lointains, intérieurs-extérieurs. D’ailleurs ce fragment pourrait sans doute atterrir dans la liste de mes exergues de blog (mon manifeste, ici)... C’est un paragraphe de Jean-Pierre Chérès, dont je relève ce passage: « Etre poète, c’est se donner corps et esprit à la présence du monde, c’est être possédé par le monde, c’est ouvrir en permanence ses antennes sensibles à l’univers... ». Mais si ce texte se trouve en « quatrième », mis ainsi en évidence, c’est bien aussi parce qu’il correspond à l’esprit de la revue, tel que veut l’impulser Jean-Claude Tardif, l’écrivain-éditeur. Les gens qui se retrouvent à publier là des textes (poèmes – vers ou prose – ou récits) semblent avoir en commun un sens d’âme nomade. Certains parce qu’ils ont traversé des frontières, d’autres parce que les frontières traversées sont plutôt des origines et des langues tissées en eux, d’autres encore parce que leur regard est hanté par l’horizon d’un ailleurs réel ou imaginaire.

Et cela s’inscrit dans les mots. Pas seulement pour les « Voix d’ailleurs », comme les pages bilingues de Luis Benitez, poète argentin, ou l’étude de Claire Lajus sur la poésie turque contemporaine (« poésie méconnue », note-t-elle avec raison en sous-titre). Non, pas seulement. Claire Sicard-Dumay, elle, interroge ses voyages intimes, « morceau d’Espagne » ou « bout de la jetée à Zurich ». En écho, malgré la différence de démarche et d’écriture, la « mémoire lavée au vitriol » de Jacques Nunes-Teodoro, dans « Saudade », poème qui interroge un « siècle furieux » et « l’ambition de nos ombres » (ambition perdue ?). Un autre de ses textes rend un hommage croisé à Primo Levi et Giacometti, un autre encore à son père, immigré et ouvrier. Et ses pages vont vers un océan qui n’est pas de rêve mais de réel, dur...  Gérard Lemaire, lui, cherche en creusant le centre d’un or solaire : « or de l’esprit », « lueur », « incendie » éventuel, possible, pas sûr : souffle, en humilité.

Je n’ai pas encore lu le dossier sur l’œuvre d’Yves Martin (à plusieurs mains). Je le ferai plus tard...  D’ailleurs je n’ai pas tout lu. Mais comment est-ce que je lis une telle revue ? Comme je lis toujours n’importe quel regroupement de textes (et même les recueils d’auteurs), exactement comme je commence à lire debout en librairie ou bibliothèque (pour voir si cela vaut le coup soit d’acheter soit d’emprunter). Cela ferait peut-être hurler des puristes (ou des hypocrites qui ne mesurent pas le temps de leurs lectures et font semblant de tout vouloir..) ou ceux qui pensent qu’il faut chercher la valeur d’un écrit avec lente attention. Pas moi... La lenteur je la garde pour les relectures (et je relis beaucoup, une fois que le test premier a fait garder l’ouvrage). Ma méthode est la lecture transversale (en bibliothèque, debout, pages tournant à toute vitesse : cela accroche ou pas – et si ce n’est pas le cas aucune lenteur ne me fera aimer ce que l’œil rapide n’a pas capté. Après tout, pour moi (en ce même domaine : la poésie) la méthode est le ciseau d’exigence : pourquoi n’aurais-je pas la même rigueur pour autrui ?

Eh bien, là, beaucoup de textes ont déjà passé le cap du rayon transversal... et donc mérité la relecture lente. Les pages ne s’ouvrent pas par hasard, elles viennent chercher l’œil. Si je n’aime pas tout de suite je n’aimerai pas plus tard. Et si j’aime vite des vers, j’aimerai en lenteur. (Je cherche d’abord la poésie, vers ou prose).

La préface (de Jean-Claude Tardif) interroge la discrétion qu’on reproche parfois à la revue. C’est vrai qu’une telle qualité mériterait plus d’envergure... avec ces pages qui font vivre du  contemporain.

J’ai parcouru aussi des notes de lecture. Ces regards qui vont donner l’envie d’aller vers un ouvrage, un auteur. Et j’ai lu avec attention, particulièrement, les deux textes qui parlent d’auteurs que je connais (pour ce que je ne connais pas je reviendrai...). Etonnée de voir Omar Khayyâm, comme si souvent (malgré l’intérêt qu’il suscite, et l’hommage authentique qui est rendu à son art), victime d’un malentendu répétitif : le vin, l’ivresse : portrait d’un épicurien qui deviendrait presque une sorte de matérialiste, athée militant (j’exagère...). Or Khayyâm doit, je pense, être lu à la lumière du contexte de son temps (codes d’écriture et de vie comme portes de liberté, provocations aussi, pour sauver sa solitude intérieure). Mais surtout à l’aide des clés que la symbolique soufie donne pour entrer autrement dans cette œuvre, et la déchiffrer....   Mais ce lecteur aime l’auteur qu’il évoque et le fréquente, preuve que les œuvres riches se donnent diversement à qui veut faire le pas vers elles. Ma lecture sera différente, avec ce vin où les soufis, qui savent une autre dimension du poète, voient la traduction d’une saveur (important cette notion de saveur dans cette voie) qui révèle une aventure, une expérience difficilement traduisible autrement. Le portrait de Shams de Tabriz que fait Elif Shafak dans le roman « Soufi, mon amour » (10/18) croise la figure de Khayyâm, d’une certaine manière. Personnages qui échappent à tous les cadres. Vin réel et vin symbolique ont droit de cité, et rôle... pour eux. Lire, ainsi, une autre introduction à l’œuvre, pourra prolonger la découverte qui est proposée dans la revue « A L’Index » (par quelqu’un qui fréquente son œuvre depuis longtemps). Autre lecture : http://kulturica.com/k/litterature/les-quatrains-d-omar-khayyam/ (Citation : « De ce fait, pendant des siècles, Omar Khayyam est passé pour un païen qui s’adonnait à la boisson et à d’autres jouissances diverses, un "libre penseur" proche de l’hérétisme aux yeux des religieux, des occidentaux et… du reste du monde. Il a échappé aux yeux des profanes que les termes de "vin", "taverne" ou "ivresse" pouvaient avoir un sens mystique très éloigné du sens premier. Mais, pour les esprits sensibilisés à la mystique soufie, Khayyam a toujours été un maître. »)

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Une autre note de lecture concerne Jean Sénac, œuvre de mon panthéon personnel (et bien plus, œuvre d’ancrage, d’identité). Poète frère (« frère(s) de terre » comme la page d’un site algérien nomme les natifs du pays de toutes communautés – de terre et d’esprit). Native hispanité algérienne...  (Dans mon poème « 36 choses à faire avant de mourir », chez pré#carré, je choisissais de terminer ainsi : « 36. Envoyer un télégramme à Jean Sénac, pour qu’il me tende la main, juste à la fin. »). J’apprécie qu’on le propose aux lecteurs : c’est un immense auteur (lui qui « signe d’un  soleil »). Mais, non, Sénac n’était pas « amoureux des » Algériens : il était, il est, un Algérien majeur. La formule en fait un étranger et cela me déconcerte, me blesse. Sans carte nationale, oui, ce du fait des règles ethniques et religieuses, choix d’un régime politique à vision univoque, et de la démarche qu'il aurait dû faire de demande de la nationalité algérienne pour l'obtenir. Or il considérait qu'il n'avait pas à la "demander", que c'était un droit de naissance et d'engagement. Sur l'assassinat de Sénac, il faut lire "Assassinat d'un poète" de Jean-Pierre Péroncel-Hugoz... et on apprend alors beaucoup sur la fin de la vie de Sénac, en éclairant la vie entière. Et sur toute la souffrance de l’indépendantiste voyant son pays se perdre... 

Mais l’essentiel est de donner à lire (ou envie de relire encore) et Khayyâm et Sénac, ce qui fut le but des contributeurs... et qu’ils ont, dans le fond, réussi, je crois...

MC San Juan

Pour en savoir plus, A L’INDEX : http://lelivreadire.blogspot.fr/