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La moindre mesure du monde... Livre de Jean-Pierre Otte, L'Étoile des limites

Couverture-La-moindre-mesure-du-monde.jpg-nggid0295-ngg0dyn-640x426x100-00f0w010c010r110f110r010t010.jpgLa moindre mesure du monde, L’Étoile des limites, coll. Le lieu et la formule, 2023.

Le titre de cet ouvrage d’une quarantaine de pages correspond bien à l’intitulé de la collection, qui pose en exergue une citation de Rimbaud, « …pressé de trouver le lieu et la formule ».  Ainsi « Le lieu et la formule » inviterait des auteurs cherchant à se penser eux-mêmes à travers un espace, et tentant de définir une sorte de géométrie intérieure en questionnant une géographie extérieure. Le mot le plus important serait la « formule », car arpenter un lieu pour le décrire seulement, cela ne présente qu’un intérêt très relatif, s’il n’y a pas une démarche interrogeant le JE dans sa profondeur inconsciente, d’une part, et sa place dans une démarche de conscience d’être, la dimension ontologique, d’autre part. C’est en tout cas ma conception de l’écriture, et comme le poète Daniel Giraud le disait pour lui-même, je ne sépare pas la poésie (vers ou prose fragmentaire) de la philosophie. C'est la seule poésie qui m’intéresse vraiment (à lire ou à écrire), celle qui rejoint le domaine métaphysique, et plus, selon la conception de Jean Rouaud, « l’ambition mystique de la poésie » (je le citais dans ma première note sur la triste polémique autour du Printemps des Poètes).

Il me semblait, avant de lire son texte, que le titre de Jean-Pierre Otte indiquait qu’il allait au-delà de tout parcours de sentier ou de marche dans du « local ». Même s’il parle bien d’un lieu il le dilue dans une sorte d’anonymat qui crée une abstraction propre à faire penser. Il va vers la mer, dont les rives sont une frontière d’univers, finalement, où qu’elle soit, et les oiseaux qu’il mentionne relient terre et ciel (sable et cosmos) comme le feraient les traits d’une gravure.

Je me demandais si je trouverais un lien, dans ces pages, avec ses vers, ceux que j’ai cités dans ma recension de Diérèse (n° 88) : « ...se fabriquer / une âme pour échapper au piège du néant. ». Ou si ce que dit à son sujet le poète Michel Diaz, en recensant un livre de Teo Libardo, me fournirait une clé. J’avais relevé cela, dans ma lecture de Diérèse aussi (mais le n°89). Il notait que Teo Libardo (comme Thoreau et Giono, mais aussi, donc, Jean-Pierre Otte) traçait une voie de conscience pour l’horizon de notre rapport à la nature. Il écrivait ceci :         « Nous sommes ici dans les parages de Thoreau, de Giono, de quelques autres aussi conscients de ce qu’il nous aurait fallu préserver, et tout à fait dans l’esprit de ce que le poète-peintre Jean-Pierre Otte ne cesse de nous dire de livre en livre », le citant ensuite, pour un fragment d’un ouvrage parlant d’enracinement et de détachement, de présence dans une sorte de solitude choisie. Peut-être que ce que je retiendrai surtout, de cette mention, en dehors de la question d’une éthique à la manière de Thoreau, ce sera le paradoxe apparent qui fait s’enraciner et se détacher à la fois. Car cela rejoint ce que j’ai vu dans les pages de La moindre mesure du monde, en accord avec ma citation ci-dessus. L’âme contre le néant. Âme à « se fabriquer ». Albert Camus a dit cela aussi, que l’âme se crée petit à petit, dans un devenir construit consciemment. Il l’a écrit en agnostique éclairé.

J’avais une crainte, cependant, ayant remarqué, en consultant les titres de la collection, la rareté des prénoms féminins. Même si, dans mes lectures et affinités (moi qui préfère écrire auteur, pour le neutre de la fonction…) ce n’est pas du tout un critère. Tsvetaïeva, Dickinson, Yourcenar, Pedaya, oui, mais Blake, Rilke, Celan, Lorca, Jabès, Amichaï, Cheng…  Quelle était donc ma crainte (teintée d’agacement) ? C’est difficile à définir.  Peut-être que le lieu s’ancre trop différemment. Ou qu’il y ait trop d’ego. Peut-être. Mais je n’ai pas ressenti de gêne de cet ordre en lisant.

Dès la première page l’auteur indique avoir besoin de s’éloigner de sa table de travail, pour aller « marcher sans pensées le long d’un rivage » et vivre « la présence au réel du monde ».

Il va donc « vers la mer ».

Avant, dans le train, il n’a pas cru nécessaire de « vérifier » sa « présence » en contemplant son « reflet sur la vitre », rejetant cette « complaisance romantique». Mais, arrivé sur la rive, ce qu’il écrit accentue la portée de cette notation. De son visage il dit que « sous le vent mouillé » il « n’était plus qu’une parenthèse transparente ». Cela m’a fait penser à la « vision sans tête » de Douglas Harding (ou « voie sans tête »), à la démarche d’éveil de ce penseur mystique, qui voulait aider à prendre conscience de la vacuité intérieure, notre essence véritable. (J’ai lu quelques pages de lui et sur lui…).

Je ne sais pas si Jean-Pierre Otte connaît cette pensée. Peu importe, car elle s’inspire des philosophies (ou sagesses) de la non-dualité, pensées communes au bouddhisme, au soufisme, et à d’autres traditions. Et l’expérience qu’il relate ensuite prolonge cette perception, quand il évoque son ombre et le sentiment de sa propre présence à travers cette ombre, vécue comme possible                     « prolongement qui échappe au piège du dedans pour se manifester dans le champ extérieur ». C’est une présence-absence, que deux pages interrogent, ou « l’aimantation d’un mystère » qui s’inscrit.

Le lieu servirait donc ici à fuir ce qui serait limite d’une conscience enfermée dans l’intériorité.

Dans le même sens, quand il s’attable à une terrasse et note la présence d’une femme, il utilise le mot « vacuité » pour qualifier l’espace commun et son propre effacement, par un geste mental volontaire.

Et, marchant au bord de la mer, ce qu’il remarque c’est la trace des « pas mouillés que l’eau noyait ». Encore l’effacement…

Il y a constat et volonté mêlés. C’est un choix, celui de percevoir « un réel qui ne soit pas englué en nous-mêmes ».

L’aboutissement logique de ces effacements voulus et perçus c’est la perte « d’identité », mais pas comme appauvrissement et fermeture. Il ose même parler d’une « sorte de déité » ressentie en lui, « décalquée de la nuit intérieure », avec de nouveau la notion de transparence. D’autres diraient capter leur Soi (le tenter...), ce centre présent en tous, qui dépasse et annule le petit moi. Cela le relie « aux milliards d’êtres orientés en des espaces et des temps différents », conscience d’être lié au Tout de ces multiples vies. Mais pourtant refus de se laisser imprégner par ce qui fait la vie mentale d’autrui, dans un « concert mimétique ». Ce sont deux niveaux de pensée différents. Je reviens au premier en notant ce qu’il écrit, plus loin, du désir de « rêver un mot » pour signifier trois réalités, « l’ombre, l’âme, l’image », dans le but de rédiger un « traité », une « étude » qui « s’efforcerait à la perte de toute dualité ».

Il rêve ce mot qui peut-être n’existe pas. Ou qui existe. Je pense au texte du poète Éric Desordre, Métagraphies (lien en marge gauche, liste Rebelles), qui reprend ce concept d’Isidore Isou pour parler de photographie et de métaphysique. Démarche proche de celle de Jean-Pierre Otte, quand Éric Desordre se demande s’il faut « faire disparaître la dimension initiale des choses et en révéler l’appartenance à un autre univers, infime ou cosmique ».

Le traité rêvé (avec le mot) par Jean-Pierre Otte, en fait il l’a déjà écrit, c’est cet ouvrage en ses quarante pages. Quand il repart c’est en se « délestant de tout au fur et à mesure ». Effacement, le dernier paragraphe confirme ma lecture. Il est repris en quatrième de couverture, ce qui n’est pas par hasard. J’en copie le début : « Ce n’est que dans l’effacement de soi que la réalité de l’Ailleurs ou de l’Autre nous devient sensible ».

Livre bref, donc. Et cela est une qualité supplémentaire. Car avec trop de livres, trop de pages, on est noyé dans un brouillard quantitatif inutile. Quand tout Rilke entre dans deux volumes du Seuil, et que de grands noms se résument finalement à deux ou trois titres (Baudelaire, Rimbaud…).

Mais pourquoi la « moindre mesure » du monde ? Ce n’est pas réduire le réel à un espace minimal, mais, respectant le vaste, dans l’intention du regard, refuser de le charger de projections mentales, de lourdeurs de contenus. Donc trouver ainsi la « formule », en étant « sans aucune idée préconçue et sans intrications inutiles ».

Ce livre est le récit d’une entreprise. Comment, dans un cheminement solitaire, chercher à rejoindre le bord d’une certaine frontière mentale, dont on sait qu’elle pourrait être franchie, et se donner pour mission, personnelle, de traduire cela avec des mots. L’enjeu de l’écriture dépasse le désir de produire un texte. C’est existentiel.

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Recension © Marie-Claude San Juan

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LIENS :

La page du livre sur le site de L’Étoile des limiteshttp://www.letoiledeslimites.com/la-moindre-mesure-du-mon...

L’explication du nom de l’édition. Lieu imaginaire figurant « la croisée des hauts sentiers de l’écriture », emprunt du symbole au premier ouvrage publié... http://www.letoiledeslimites.com/qui-sommes-nous/

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07/04/2024 | Lien permanent

Poésie. Richard Brautigan, Journal japonais. Ou un voyage initiatique...

1 JOURNAL.gif
 
 
Sayonara
 
Décollant de la nuit japonaise
nous avons quitté l’aéroport Haneda de Tokyo
il y a quatre heures, à 21h30
           le 30 juin
(…) 
Lever de soleil du 1er juillet, 
pour mes amis japonais, je te salue
(…)
                                 
 
 
 
                                  Le 30 juin encore
                                  au-dessus du Pacifique
                                  à cheval sur la ligne
                                  de changement de date
                                   je rentre à la maison en
                                   Amérique, mais mon 
                                   cœur reste en partie 
                                   au Japon.
                                              Richard Brautigan
                              Journal japonais (excipit), trad. Nicolas Richard
 
Quand on lit ce texte, on pense à ce qu’il a dit, dans ce journal-poème, sur le décalage horaire, constatant que de toute façon, insomniaque, il est toujours en décalage horaire… On ne sait pas si c’est vraiment de l’insomnie ou un goût de la nuit, quand il raconte, par exemple, avoir passé la nuit dans un bar à parler sans le pouvoir (obstacle de la langue) et être rentré dormir au petit matin.
Ce Journal de Richard Brautigan (qui se déroule du 13 mai au 30 juin 1976) est dédié à une amie, Shiina Takakao, "ma sœur japonaise". Mais l’introduction, écrite ensuite (août 1976) se termine par la dédicace des poèmes à son oncle Edward, mort à vingt-six ans, en 1942 ("Indirectement, c’est le peuple japonais qui l’a tué"), et à tous les oncles japonais morts de même… Il fait volontairement abstraction des raisons de cette guerre (ne parle pas de l’alliance du Japon avec l’Allemagne nazie). Car justement ce livre est l’aboutissement du dépassement de la haine, il ne veut plus parler que de l’horreur de la guerre, y voyant surtout "une ère d’irrationalité et de folie". Quand son oncle est mort, il n’avait que sept ans. Et pendant toute la guerre il a détesté le Japon et les Japonais. Après la guerre il a lu des poèmes que cet oncle avait écrits. 
Ce n’est que vers dix-sept ans qu’il s’est mis à lire de la poésie japonaise (Basho, Issa), découvrant un autre Japon. De la poésie il est passé à l’art, aux romans. Puis il a rencontré des amis imprégnés de bouddhisme zen. Les observant il a rencontré le bouddhisme "par osmose". Il résume ainsi : "J’ai appris le bouddhisme en regardant". Son chemin vers le Japon...
 
Son premier séjour au Japon est de plusieurs mois, même si le Journal date des poèmes de mai à juin (les derniers mois). Et il y reviendra régulièrement.
Traduit déjà au Japon, il avait senti l’appel de ce pays, malgré son aversion pour les voyages. L’attrait était de l’ordre de la nécessité intérieure. Quelque chose à vivre était là-bas.
"Mais je savais bien qu’il faudrait que j’y aille. Le Japon était comme un aimant qui exerçait son pouvoir sur mon âme pour l’attirer là où jamais elle n’avait été."
Dès son arrivée il se mit à écrire des poèmes qui constituent donc une sorte de journal. Des notes, descriptions, observations, ressentis, anecdotes. Des portraits, visages, corps, caractères, scènes de vie, objets, aliments. Il regarde les gens dans la rue, au café. Et suit des émissions à la télévision (dont celles pour enfants), sans comprendre mais attiré. Il joue au Pachinko, flipper où il gagne des bricoles (boîtes de crabes et jouet).
 
Dans l’introduction il précise n’être "pas un penseur religieux didactique", n’avoir "pas beaucoup étudié la philosophie". Et effectivement ses textes ne sont en rien didactiques. C’est très concret, de simples notations du quotidien, comme des photographies sans interprétation. 
Il regarde, observe, décrit. Raconte un peu. Avec, légèrement, l’humour et l’autodérision qui distancie, évacue ce qui serait peinture d’exotique. Une distance avec l’étranger en lui, pour entrer en Japon… Même s’il s’étonne devant certains  comportements, ou plutôt les goûte comme un mets nouveau.
 
Le lecteur d’Issa n’est pas loin. Ainsi, le 16 mai. Dans ce poème on 'voit' les mots absents, les connecteurs écartés, ce qu’il a refusé d’écrire, ce qu’il a rayé. Pour obtenir un texte nu. Notations brèves séparées par des virgules, pour les trois premiers vers. Le jour, le temps, la pluie, l’heure. Puis deux comparaisons (les enseignes comme des cerfs-volants, les ruelles comme de la ficelle enroulée). Sans fioritures. Et à la fin de ce court poème, une sorte de haïku :
    quiet                                calme
    only a few people              juste quelques passants
    no wind                            pas de vent.
Je dis une sorte de haïku, car il n’y a rien de comparable à la prosodie japonaise (l’anglais comme le français ne s’y prêtent pas, mais au dépouillement oui, donc à l’essentiel de l’esprit de ce type de poème fragmentaire qui peint et fait ressentir). 
On sent l’imprégnation culturelle, commencée avant le départ mais accentuée par la présence dans le pays même. 
Il le constate dans son introduction. Ce qui est écrit là est différent de ce qu’il écrivait avant. 
La forme a un intérêt particulier. C’est l’effet de contagion du regard qu’elle produit sur le lecteur. On regarde avec lui, comme lui. Et comme il a été traversé par cette culture on est traversé aussi (ou retraversé si déjà on connaissait). On entre dans le voyage, on pense Japon…
 
Ivresse dans un bar. Un vers et trois mots verticaux. En hommage à Issa… ("bar/I’m/OK…..bar/ça/va"). 
 
Un poème, le 26 mai, pour lister les objets indispensables qu’emporte l’étranger qui sort.  
Et le dernier vers :
"Quant au reste de la vie, c’est une complète énigme".
Car les mêmes questions existentielles demeurent, même parti loin. 
Et, même jour, autre texte : cafard, à 1h du matin.
Et encore un autre. La chambre d’hôtel, la pluie dehors, le regard sur des passants.
 
Le 28 mai, solitude : "Tout seul dans un bar à Tokyo"
(...)
"Et j’aimerais bien avoir quelqu’un à qui
          parler."
Pourtant le poème commence par ces deux vers :
"Tout ce qu’on peut réaliser en une vie,
  toutes les routes, m’ont conduit ici."
Paradoxe et mélancolie ("finalement, tout ça, voilà où ça mène"). Mais même les moments d’un peu de tristesse n’annulent cependant ni sa créativité ni sa certitude japonaise.
Toujours le 28, ce quatrain, simple et beau :
                  "Le sable est cristal
                   comme l’âme.
                   Le vent l’emporte
                         au loin."
Encore le 28, un texte sur la séduction des femmes japonaises.                                                         
                  
Paradoxe, un autre moment. D’un côté ses livres sont traduits en de nombreuses langues. De l’autre il est là, seul dans une chambre. 
Parfois il parle de moments d’ennui, à errer inutilement dans les escaliers d’un hôtel.
 
Juin. Pourtant il cite aussi des noms, évoque des rencontres, des présences (sans dire les circonstances - mais peu importe).
 
Le 11 juin, notant (en titre) qu’il écrit des poèmes au café, il se trouve un peu 'bizarre' pour cela, évoquant l’écriture comme le chant de "soliste / d’un chœur céleste"… Et ce même jour il note que les poèmes et le passeport, "c’est la même chose". La poésie, qui fait traverser les frontières, est l’identité fondamentale aussi.
Encore des rencontres, des vécus divers (comme un film effrayant, du "gothique décadent", pire que ce qu’il peut en dire…).
Et finalement le jour du départ, le 30 juin.
 
Sans prétention, ces textes (mais des fragments polis comme des pierres, de belles réussite). Et qui font un ouvrage qu’on aime relire. Relisant on déchiffre une profondeur inquiète, un humour un peu triste qui libère de tout esprit de sérieux... 
 
recension © MC San Juan
 
LIENS...
 
Fiche wikipedia, Richard Brautigan. Éclairant pour sa biographie. On y voit une enfance douloureuse et des moments difficiles. Absence du père  (qui n’a peut-être pas su son existence), misère, violence de beaux-pères, dureté de la mère. On y retrouve l’importance pour lui de l’écriture, et la douleur d’être renvoyé à l’oubli. Désespoir qui le mène au suicide.
 
Une bonne chronique, ou comment lire Brautigan. Par Simon-Pierre Beaudet
 
Et un parcours intéressant, aussi. De Phil Fax
 
Des citations (certaines de ce livre, et d’autres ouvrages de lui) sur Babelio

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05/07/2020 | Lien permanent

”Énigmes du seuil”. Ou ”prendre place dans une part d'infini”...

      rio di maria,l’arbre à paroles,poésie,citations,infini,métaphysique,le capital des mots,patrick lowie,portrait onirique,énigmes du seuilje dessine mon ombre 
     à l’encre de mon corps
chargé de pages d’incertitudes
     à incendier le futur
                    Rio Di Maria
         Énigmes du seuil, L’Arbre à paroles, 2018
(Dans ses dessins, nombreux, un théâtre magique, quelque chose qui fait penser au métissage culturel du continent sud-américain, une hispanité indienne. Mais il vit depuis presque toujours en Belgique, et ses origines sont italiennes, de Sicile. J’ai trouvé, pourtant, une parenté, dans ces dessins, avec la psychomagie d’Alejandro Jodorowsky, éblouissant artiste franco-chilien).  
 
L’épitaphe est une dédicace offerte à ses proches, en forme de message sur la conscience d’être. « Nous ne serons jamais que poèmes inachevés ». C’est très beau. Poèmes inachevés, au pluriel, mais aussi au singulier, donc lui. Éthique de vie. Se construire comme une œuvre d’art en inachèvement perpétuel, comme un corps-conscience imprégné de mots en gestation. « Que » poèmes… Mais écrire cela n’est pas réducteur, c’est mettre l’accent sur la nécessité de savoir ce qui en nous doit se vivre comme présence en devenir. Mise en garde. Ne pas se laisser perdre au mirage, social ou autre, d’une réalisation dont il faudrait se contenter. Et plus loin dans le recueil il écrit que « La vie s’accomplit en multiples métamorphoses. » 
Le poème qui donne son titre au recueil de Rio Di Maria, Énigmes du seuil, superbe, est très mystérieux. De quoi proposer de nombreuses interprétations possibles. J’y lis une interrogation métaphysique. Qu’y a-t-il à la source originelle de tout, dans « l’antarctique du premier langage » ? N’est-ce que « grand sommeil », « néant » ? Et la « maison vide » invoquée, est-ce l’univers sans l’évidence d’un Dieu qui réponde ? Le seuil est-il passage vers l’absence de tout sens ? Ou porte à ouvrir en nous pour accéder à ce premier langage et le déchiffrer ? « Énigmes ». Donc possibles sens offerts. Savoir qu’on ne sait pas et chercher. Savoir qu’on peut saisir des parts de signification. Il semble que tout le livre soit une tentative de déchiffrement de l’énigme plurielle d’un seuil métaphysique, porte ouvrant autant en soi qu’au-dehors. De ce monde intérieur et extérieur (et de la connexion entre les deux) les oiseaux seraient les alchimistes. « Comment dire l’explosion de prévisions des oiseaux ? » 
 
La clé serait la capacité « d’être ailleurs ». Mais quel est cet ailleurs ? Cela veut-il signifier la difficulté de se libérer de soi-même, du moi apparent qui n’est pas l’âme haute, du corps prisonnier de la matière ? Ou est-ce dire la nécessité de savoir être les autres, en empathie avec l’étranger pareil à soi, mais qui se situe dans un « ailleurs » à traduire ? L’autre espace est-il « un pays d’oracles fantômes », un « pays déchiré ». Ou au contraire un lointain qui s’en échappe ? Car il évoque de texte en texte un monde de « hurlements », dans des « orages de neige », un monde entre violence et beauté, le réel mêlé à un univers de « songes ». Comme si affronter la cassure entre le réel et ses ombres, d’un côté, et un rêve de lumière, de l’autre, était l’enjeu de l’écriture.  
 
Alors, pour le réussir, vivre d’abord en soi la genèse du processus en œuvre. « Chaque jour / faire table rase de tout et renaître autre ». Il faut se délivrer des mémoires qui encombrent, pour arriver neuf à la page. Et se délivrer aussi des silences qui ne sont pas encore l’accès au silence fondateur d’écriture. « Oublier le passé / et ses rubis de silence ». Le poète, homme, cherche en lui, par l’oubli, l’éclosion de la part féminine qui se posera dans le « Contre à la mort ». Présence du réel du monde autant que des paraboles de l’imaginaire. Il parle de « Devenir / celui qui oscille dans l’urgente image / floue et inguérissable ». Osciller. Assumer l’aller-retour entre des réels qui s’opposent, et les dire. Car « il fait noir », dans ce réel, par « l’ombre guerrière ». Parce que dans vivre et écrire, d’un côté il y a le mot « guerre », synthèse de tout, et de l’autre le mot « infini ». Car le « Je » du poète, qui se parle à lui-même, est « À l’écoute / derrière la porte des doutes », s’imprégnant des « sanglots des comètes ». Comme si l'univers se pensait à travers lui, souffrant de l’état du monde. Dimension cosmique de l’humain, présente dans tout le livre. Les messagers en sont le soleil, les oiseaux, les galaxies. Pour un dialogue avec le « silence de l’immensité ». Énigmes, mais présence. Malgré l’incertitude.
 
Et « Basta ! ». Le cri est assumé, contre ce qui anéantit, met l’humain sous tutelle. Mais il envoie sa « lettre-bouteille à la mer-éternité ». Et... « l’accident c’est survivre », dit un poème dédié à Bernard Noël. Paradoxe. On écrit face à la mort, de soi, des autres. Et face à un « labyrinthe intérieur ». Celui de soi, de l’autre, cet « apatride » intime autant qu’errant étranger. Métaphore des exils terrestres et des exils de l'être, « la mer émigre en sa préface »… Il mentionne au moins deux fois la « terreur » de notre nature éphémère. Et pourtant, derniers vers du dernier poème, magnifique fin ouverte à l’espoir… On a la réponse métaphysique…
«  … l’impalpable cosmos
 Dans une goutte d’eau intemporelle
toutes ses créations finissent par devenir UN ». 
Rio Di Maria, Énigmes du seuil, page 148
recension © MC San Juan
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LIENS...
PAGE de la Maison de la Poésie d’Amay, Belgique. Énigmes du seuil…  
 
CARTE D'IDENTITÉ LITTÉRAIRE. Sa page sur Le Capital des mots, revue de poésie...
 
Portrait onirique, par Patrick Lowie (plus un lien)... 

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18/07/2019 | Lien permanent

Des faits... Céline ou l’abjection.

céline,louis-ferdinand céline,abjection,antisémitisme,nazisme,fascisme,extrême droiteAbjection, la sienne, évidemment. Mais abjection, celle de ceux qui peuvent écrire une défense (éloge) des Pamphlets scélérats de Céline, sous le masque d’une fausse science critique. Et cela a été fait, j'ai pu lire la prose d'une femme (écrivain, paraît-il), assumant assez l'immonde complicité pour la diffuser dans des groupes littéraires sur Facebook. Autre  abjection, celle de ceux qui applaudissent à cela, et de ceux qui passent, complaisants. Ou comment des masques tombent. Décidément la lutte contre les esprits fascistes (déguisés en auteurs de fiction ou même en poètes, sur Facebook) est toujours d'actualité. 
 
Comment peuvent-ils cautionner l’admiration pour une écriture fasciste, dans ce qu’elle utilise des émotions et des miasmes idéologiques, dans les passions qu’elle met en scène et inocule ? Passions de rancoeur et haine obsessionnelle. C’est être un bien médiocre lecteur que ne pas sentir que le fascisme du personnage Céline est présent partout, Pamphlets et Voyage… (On ne découpe pas les individus en rondelles de saucisson, toxiques là, digestes là, ou succulentes même ailleurs.) L’élan d’écriture vient de la même source. Saine ou pourrie. On a là une pathologie de l’esprit. Et c’est terrifiant de voir qu’elle est encore contagieuse. 
 
Sur une autre chronique (rendant compte d'une publication chez Tinbad (...) j’ai pu lire que Céline éprouve une ''pitié universelle'' pour tous (!!!). C’était au sujet d’un texte d’un Céline présenté comme critique du régime russe, critique faite par l’anticommuniste Céline préférant Hitler (ce Destouches qui écoutait passionnément Doriot sur ce thème). 
Sur celle que je mentionnais d'abord, d'une bêtise confondante (et de tant d'ignorance tant littéraire qu'historique qu'on en reste KO…) une volonté de minimiser l’antisémitisme, et les implications dans l'horreur. Sauf que l’antisémite extrême qu’est Céline (ce qui est déjà beaucoup, car les idées sont porteuses des crimes) est un collaborateur actif, les faits sont maintenant avérés. Dénonciation (dans un article où il le signale, et par une lettre), du poète Robert Desnos (qui mourra en camp, déportation accélérée aussi par l'intervention d'un journaliste collaborateur) et d’autres, par conviction, par intérêt, pour régler des comptes. Participation à des meetings. Lettres et interventions pour accélérer l'élimination des Juifs (Céline veut une épuration plus radicale, tuer, vite). Pressions pour que s’intensifie l’épuration ethnique par le massacre. Les documents existent, les traces sont là. Ce n’est pas de la fiction. Ce sont des faits. Et ces faits condamnent sans retour possible Céline. C’est à cela que sert aussi l’histoire. Et l’authentique critique littéraire. 
Mais comment peut-on se compromettre avec le pire (cet antisémitisme putride dont certains traînent de sales relents dans le fond de leur cerveau et de leurs tripes) ? Antisémitisme qui se prolongea dans la haine de l’étranger, de l’autre, chez Céline, en nazi accompli.
 
Je ne citerai pas le nom de la chroniqueuse. Mais en ligne, sur Google, ce nom fait illusion : on croirait voir un auteur de livres (qui a ses lecteurs fascinés, ses "amis" conquis). Ce sont ces lectures (chroniques et réactions) qui ont déclenché la nécessité de cette note et de la suivante.
 
Donc, Céline, des rappels sont nécessaires, ils suivent. Venant de ceux qui ont fait un considérable travail de recherche… Pour que ce qui mérite la poubelle retourne à la poubelle…   Quoi lire sur cela ? Voir, note suivante, les preuves de l'abjection, liens.
 
MC San Juan
 
Mais déjà, ici, un questionnement, une tribune, un manifeste antifasciste, et une chronique sur un philosophe dont la pensée est à l'opposé du nazisme, Nietzsche... 
 
Le questionnement... 
ENTRETIEN. (05-02- 2018) avec Johann Chapoutot. L’ombre du nazisme plane-t-elle sur l’Europe ? Document audio et texte, plus bibliographie, France Culture.
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La tribune... Le nazisme des intellectuels, par J-P Faye. Sur C.Schmitt, Jünger, Heidegger...
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Le manifeste... "Une vie non fasciste", par Pierre Zaoui et un collectif d'auteurs, revue Vacarme...
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La chronique d'IPhilo sur l'incompatibilité de Nietzsche et des nazis. Le texte aide à définir, par opposition, ce qui constitue le nazisme... Par Philippe Granarolo, qui publie ces jours-ci un livre sur Nietzsche (chez L'Harmattan)... 

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23/07/2019 | Lien permanent

Andalousie… Rêve, mémoire… Illusion ? Utopie ?

Je viens de lire une réflexion de  Jean Daniel, titrée « L'illusion andalouse », et publiée le 09-10-2013 dans le Nouvel Obs… Questionnement percutant. Andalousie, plurielle…  réelle, ou fantasmée. Oui, l’ombre est présente autant que la lumière. Mais beauté du rêve, quand même, d’une sagesse possible, d’une fraternité cependant tissée, et de proximités reconstruites…

Beau texte, à lire lentement et relire. Exercice de lucidité, non pour nier la possibilité de la fraternité, mais pour insister sur les pièges de ce qui l’entrave, sur ce qui fait de la haine entre les communautés une fatalité transmise par enfermement identitaire sur soi. Ignorance et mépris de l’autre, fiction de sa supériorité comme individu d’appartenance… La rencontre, souvent, se ferait par l’art, les créations croisées… et la possibilité offerte de rejoindre l’universel.

La chronique est à lire là : http://tempsreel.nouvelobs.com/jean-daniel/20131009.OBS0285/l-illusion-andalouse.html

De ce lieu, de son histoire complexe, on peut garder, je pense, ce qui effectivement demeure en héritage, si souvent, dans la culture de ceux qui ont une ascendance issue de ce rivage (ou de ceux qui, pour une raison ou une autre, sont attirés par ce qui n’est pas qu’un mirage). Le goût du partage en création (musique andalouse qui, de l’Espagne au Maghreb, et, en écho de présences, en France - Marseille, Paris - marque des identités croisées, des consciences traversées par des appartenances frontières où l’autre est aussi l’étranger que l’on porte en soi). Goût du son des langues… Parentés philosophiques : sagesses. Mystiques en miroir.

………….  

Dans le prolongement de cette lecture on pourra aborder (ou retrouver) deux ouvrages essentiels. 

De Jean Daniel, « La prison juive. Humeurs et méditations d’un témoin », poches, Odile Jacob (Autre regard sur le rapport à l’identité, une ouverture, le témoignage d’une sagesse vécue…).  Christian Makarian écrit ceci sur ce livre, dans L’Express du 27-11-2003 « Fort d'une puissante culture juive, en admiration devant l'édifice du christianisme, empathique envers l'islam, le directeur-fondateur du Nouvel Observateur propose sa propre clef, son passe personnel: pour échapper à la prison qu'il décrit, il n'y a que l'universalisme. ». La prison juive, humeurs et méditations d’un témoin,sur Decitre : http://www.decitre.fr/livres/la-prison-juive-978273811564... 

D’Amin Maalouf, « Les identités meurtrières », Livre de poche. « Ce qui fait que je suis moi-même et pas un autre, c'est que je suis ainsi à la lisière de deux pays de deux ou trois langues, de plusieurs traditions culturelles. C'est cela mon identité... ». Page éditeur, Grassethttp://www.grasset.fr/les-identites-meurtrieres-978224654... ... Decitre : http://www.decitre.fr/livres/les-identites-meurtrieres-97... .....Citations du livre sur evene.fr : http://www.evene.fr/livres/livre/amin-maalouf-les-identit... 

Pour changer de regard il faut donc développer une éthique personnelle, faite de liberté intérieure, de refus des cadres formels rigides, de recherche de la sagesse. Cela passe par la traversée des frontières mentales et des réelles frontières culturelles. Nécessité du voyage, sous une forme ou une autre, ne serait-ce que par les livres…

Clin d’œil musical à l'éthique méditerranéenne questionnant l'identité singulière pour l'ouvrir à la pluralité, cet orchestre regroupant seize pays du pourtour méditerranéen, Mediterranean Charlie OrchestraLaurent Dussutour, JournalVentilo, résume ainsi l’orientation méditerranéenne de l’orchestre, inspiré aussi par Conrad : « Le véritable sens musical proposé par le MCO est loin du sens commun, proposant un objet jazzistique non identifié, ce qui est le propre de l’esprit du genre ! Au-delà d’un « troisième courant » du jazz qui consisterait à rapprocher classique et notes bleues, c’est plus à une odyssée méditerranéenne rompant avec le tropisme transatlantique du genre que convie ce projet. » : http://www.journalventilo.fr/mediterranean-charlie-orches... 

L’orchestre a une page Facebook : https://www.facebook.com/179835852047859/videos/596901680...

...........

...Jean Daniel... Fiche wikipedia  https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Daniel 

Jean Daniel, observateur du XXème siècle, sur culture-libre  http://www.culture-libre.org/wiki/Jean_Daniel_:_Observate...

Chroniques, Jean Daniel, Obs : http://tempsreel.nouvelobs.com/journaliste/16443/jean-dan... 

...Amin Maalouf... Fiche wikipedia  https://fr.wikipedia.org/wiki/Amin_Maalouf

................... MISE à JOUR...  LIVRE... Identité et violence, d’Amartya Sen, éd. Odile Jacob : http://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences-humaines/reli...

.................. Voir aussi, Méditerranées, film d'Olivier PY, commentaires croisés (identité, Méditerranée...)... http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2013/07/24/me... 

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18/10/2013 | Lien permanent

ECRIVAINS libyens, de Sifaw El Mahroug à Kamal Ben Hameda. Parcours…

libye,littérature,culture,poésie,citations,dictature,exil,amazighité,livres« Ne ressent la brûlure du feu que celui qui marche dessus. » Kamal Ben Hameda, écrivain (texte, Le Monde, 25-2-11).

Connaît-on la littérature libyenne ? (Quand on ne savait rien sur la société même…).

Nous étions tellement obnubilés (à juste titre, mais pas de la même manière que certains dirigeants) par le dictateur à la tête de ce pays (les attentats, les mensonges, la haine, et les menaces), que cela a fait écran. Et notre perception de la réalité sociale de la Libye en a été déformée. On pense « terrorisme » (et c’est), et on n’a plus la place mentale pour penser que, là, des gens écrivent, malgré tout. Certains en meurent, d’autres s’exilent ou sont emprisonnés, d’autres, encore, tentent de créer des bribes de société civile, pour plus de droits (voir, ci-dessous, 2009 : des écrivains sont impliqués).

Dans un entretien du JDD, où une question est posée à Luis Martinez sur l’existence d’une opposition en Libye (pas seulement les révoltes de rue et les manifestations et combats, mais des organisations préparées à une relève) le chercheur (Sciences-Po), avant de répondre, évoque d’abord l’alphabétisation, la culture (puis les études à l’étranger) : « On a très mal pris en compte la société libyenne ces dernières années. Le taux d’alphabétisation est de 90% et celui d’urbanisation de 80%. Bien que ce soit interdit, toutes les familles ont des paraboles et savent très bien ce qui se passe à l’extérieur. » (Journal du Dimanche, 27-2-11).

Donc notre ignorance était grande.

...................................................
Traces de ces écritures, de ces résistances, des informations quilaissent leurs petits cailloux de sens, montrant la genèse des évolutions. Je les ai notées chronologiquement.
De 1994 à 2011, on meurt, on écrit, on part, on écrit… Parcours de dates, de noms, et de faits.
Sifaw El Mahroug est un poète berbère libyen, né en 1946, dissident et harcelé, mort en1994 des suites d’un accident douteux, d’après l'ancien site berberoscope :  
CITATION :
«Tant de gens
Ont oublié leurs noms
Après avoir oublié
Leur accent.»
(Ce fragment de poème, peut symboliser aussi, je trouve, des annéesaprès,
la situation des Libyens dans un pays au système dictatorial
plus qu’étouffant,
et celle des exilés. L’accent sera à
comprendre, non plus comme le seul signe
perdu
de l’ « amazighité »,
signe qu’il est mais comme la marque d’une perte
d’identité
plus générale : perte d’être dans un monde brutal qui écrase,
perte des racines pour celui qui doit s’éloigner. Formes diverses de l’exil.)
...
SurSifaw El Mahroug, et de lui, lire cette page, dans le supplément littéraire mensuel de 
L'Orient Le Jour (Liban) : http://www.lorientlitteraire.com/article_details.php?cid=... 
....

 libye,littérature,culture,poésie,citations,dictature,exil,amazighité,livresKamal Ben Hameda (cité en exergue), libyen de Tripoli, est exilé aux Pays-Bas. Et le texte de lui que je viens de lire, dans Le Monde du 24-2-11, est loin d’être juste un article, mais vraiment la page forte d’un écrivain. Ce texte peut servir d’introduction à la pensée, à l’écriture, de ce poète. Un cri, le souffle de la colère et de la douleur : celle de celui qui n’a pas revu sa mère, morte seule, elle aussi exilée, mais là où elle fut toujours («… cette jeune vieille dame que j'appelais jadis maman »), et qui sait que nombreuses sont les mères en deuil de leurs enfants, fils forcés de partir à la mort. « Elles resteront tapies dans la brûlure du manque, ces mères-là, car le grand désert a englouti les leurs dans ses replis ». Il nous parle de la marche des « folles » de Benghazi (écho aux célèbres mères de disparus), qui les premières « ont ouvert un champ à l'espoir » et de ce « Bédouin autiste aux mille visages, golem du désert » que l’Occident semble découvrir après l’avoir accueilli… En humaniste, il poursuit : « Ma parole ne saura qu'ourler nos ruptures et tisser nos distances si le sentiment de l'humain n'est pas en notre partage. » Et il conclut par une anecdote. (Un passant lui ayant demandé d’où il venait, donc qui il était, «… au regard de mon faciès basané », il répondit par un mot latin: « Mens », esprit, «un être humain ») . http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/02/24/qu-il-part...

Commencer par lire, ou relire, et faire lire, un auteur libyen, c’est commencer à entrer dans l’apprentissage de cette culture trop méconnue.

Cinq titres chez L’Harmattan : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=auteurs&obj=artiste&no=3003 

Présentation du livre « Le Saint Je » (poème monosyllabique), 2003 : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=15844

Et du recueil de poèmes  « La tentation de la lumière », 2002 :  http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=5047  (« Deuil du moi pour l'ouvrir à toutes les contrées des fonds de l'invisible… ")

« Plis de lumière », 2007 : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=23992

Texte à lire sur le site africultures.com, Aube... http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&...

EXTRAITS :

« Poésie, acte de connaissance.
Connaissance dans l'acception primaire, matérielle et sensuelle de naissance à l'autre, avec l'autre, aux mondes. Une naissance comme toute autre, réelle et palpable qui élit une nudité, nomme une transparence. » 
(…) « La poésie, cet instant-là, devient le chemin qui mène de soi vers le Soi, un voyage initiatique, initiation à sa propre parole. »

Dernier livre paru : La compagnie des Tripolitaines, éd. Elyzad, 2011. http://www.babelio.com/livres/Ben-Hameda-La-compagnie-des...

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28/02/2011 | Lien permanent

Revue À L'Index n°48

Index.jpgDans l’éditorial, Jean-Claude Tardif aborde le problème de l’édition, dominée par des groupes de maisons puissantes qui "marchandisent", écrit-il, la production des livres. Et cela encombre la distribution de médiocrités. Il craint d’observer « la fin d’un monde, celui du livre et plus encore de la Littérature ». Se demandant si des auteurs des temps précédents pourraient être édités s’ils vivaient maintenant. Ils le pourraient difficilement, contre « ces livres de consommation rapide » qui « n’ont rien de rimbaldien ». Il conseille aux lecteurs, à la fin, d’aller « fouiller »… « la deuxième étagère ». Mais je crois que même cela ne suffit pas car là aussi il y a barrage, les petites éditions de poésie ayant des distributeurs qui placent peu ou pas les livres en librairie. Les livres sont dans certaines librairies quand il y a des lectures, et passent dans les autres le temps d’une commande. Heureusement qu’il y a des salons… Je me souviens de ce qu’a dit le poète Paul Valet sur sa fidélité à ces éditions moins en vue, son choix de ne pas s’adresser aux grandes, pour continuer à soutenir celles qui lui avaient permis de publier au début.

Dans la revue, des nouvelles, des poèmes (surtout), une recension, des traductions. Deux auteurs de Bahia, Brésil (traduits par Dominique Stoenesco)  et deux poètes catalans (traduits par Pierre Mironer).

 

………………………………………………………………………………

Je commence par les poètes brésiliens.

Poètes de Bahia (pp. 117-125 et pp. 133-147). Textes bilingues.

(Traduits du portugais et présentés par Dominique Stoenesco. Poèmes inédits en français, extraits de recueils publiés au Brésil)

CITATIONS

Cleberton Santos (né en 1979)

[Textes avec la « présence d’un substrat oral »]

Le caruru des sept poètes (le caruru est un plat brésilien, nous est-il dit)

Les poètes revivent la fête de la brousse africaine

De leurs lèvres résonnent les rythmes ancestraux

……
Premier paysage

Allongé sur une terre sèche et lunaire

le poète repose ses os et ses remords.

……

Scorpions nocturnes

Incendiaires de la folie et de la démence,

Cinq scorpions nocturnes guettent ma solitude.

……

Inspiration

sans la force des abîmes

ne resterait que la tragédie de la raison

un charabia de sons familiers

des cris infinis dans les rues

……

Traversée

Tout ce que j’offre 

sur cet autel de mystifications

est une abondance d’erreurs

peut-être une extravagance de mythes

…………………………

Vladimir Queiroz  (né en 1952)

[Poèmes, nous dit-on,  sous le « double signe du local et de l’universel », selon la formule du poète portugais Miguel Torga (1907-1995) qui disait que « l’universel, c’est le local moins les murs »]

Global

Il y a un monde global qui m’appelle,

mais ma peau est encore locale,

elle se niche dans un arbre que je connais

où la mousse pousse après la pluie.

……
Sable

Sable

             chargé

                   de poussière et de lumière :

 

un dialogue

                   avec les étoiles.

………………………………………………………………………………

Poètes catalans (traduits par Pierre Mironer). Textes bilingues (pp. 61-68 et 81-93).

Joan Vinyoli

El Vent d’Aram / Vent d’Aram

(Aram est une localité, personnage, parfois, dans l’imaginaire, rappelle le traducteur)

Temps perdus

                                     Je prends peur.

                                                              Je chemine par une forêt

qui a brûlé, il n’y a plus un arbre, et je peux en voir

ressurgir les racines.

……

Le grenier bleuté

Le vent d’Aram s’engouffre entre les montagnes.

Les forêts en terrasses se couvrent de la buée du dehors.

 

Enferme-toi dans le grenier

bleuï de la tristesse.

…………………………

Salvador Espriu  (1910-1985)

Les heures – Me souvenant toujours de ma mère

Retour au port

Comment croire dans les abysses

à une mort sans grâce ?

Dès la tombée de la nuit je me défends

contre la solitude qui gagne du terrain

sur la victoire illusoire

de l’or et des statues.

……

Chérubin

Air vaporeux, devenu cendres

en dehors du Temps, tu seras le chant de victoire

de l’orbe funéraire tant négligée

par les étoiles.

………………………………………………………………………………

Autres poètes, CITATIONS

Parviz KhazraÏ (né à Téhéran, 1941, mort en France, 2023)

Depuis la fenêtre des cauchemars et autres poèmes

Quand je suis enfermé,

                                    Ici,

dans cette chambre d’hôtel

(…)

où êtes-vous,

vous, les somnambules,

épanouis dans la boue de la lâcheté ;

vous,

vers quel paradisiaque oubli

êtes-vous en marche ?

……
Avec le rouge, le noir s’effondra

Résiste,

             résiste toujours !

Le monde n’est pas encore

désespérément fané

(…)

Et la couleur du deuil

n’est pas encore la couleur du monde ;

…………………………

Iren Mihaylova

Oubli

Mes mains sont pleines des mains

qui ne serrent plus les miennes

depuis l’éternité ;

 

Mes doigts remplis de ruines

que je n’habite qu’en mémoire

de mes ancêtres reniés ;

…………………………

Jacques Nuñes Teodoro

L’écorché dans la vitrine

Il y a la vie

qui a mis le pied dans la porte

afin que se faufile le temps assassin

……

Ad te clamavi

Sais-tu que mourir 

est la pire trahison

que l’Homme ait inventé ?

…………………………

Line Szöllözi

Quand tu chanteras plus fort que le vent

(proverbe gitan)

Quand tu chanteras plus fort que le vent

entre les ruines du fort et le ruisseau

sous le rempart qui domine la mer

……

L’étranger

est-il étranger ou étrange ou même familier

semblable et différent l’étranger qui ouvre la porte

…………………………

Anne Barbusse

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11/04/2024 | Lien permanent

ANTISÉMITISME. Des clés (savoir, dénoncer). Revue de textes... et SITES.

On rend hommage à Ilan Halimi, on a marqué en janvier la mémoire d’attentats (et d’attentats antisémites), avec le souvenir d’autres assassinats, une enquête vient de montrer la permanence de clichés, signe de grande ignorance, et, enfin, des rumeurs envahissent la Toile en diffusant des théories du complot nourrissant la haine des Juifs… notamment en liaison avec le fondamentalisme islamiste, idéologie politique, et en liaison avec les réseaux négationnistes liés à l'extrême droite... Il est donc important de revenir encore sur la nécessité de refuser tout ce qui attise la haine. Mensonges, désinformations, ignorance. D’où cette revue de liens qui proposent des éléments de compréhension de ce qu’est l’antisémitisme et des moyens de lutter contre, par l'information, la connaissance. Ce qui ne peut se séparer, malgré la spécificité de chaque racisme, d'une lutte contre toutes les formes de racisme (haine des Musulmans, des Noirs, des Roms, peur des étrangers, des réfugiés, etc.). 

LIENS. Textes et sites... 

Rapports sur l’antisémitisme en Francehttp://www.antisemitisme.fr 

De l’antijudaïsme à l’antisémitisme, dossier Hérodote  http://www.herodote.net/610_a_1492-synthese-24.php 

Fiche-dossier wikipedia (avec bibliographie et liens) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antisémitisme 

Antisémitisme, ushmm.orghttp://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=32  

« L’antisémitisme qu’on ne veut pas voir », Libération, 23-01-15  http://www.liberation.fr/societe/2015/01/23/l-antisemitis... 

Antisémitisme. France Culture. Dominique Schnapper : http://www.franceculture.fr/emissions/hors-champs/dominiq...

La haine des Juifs scandée dans des rues parisiennes (manifestation ‘Jour de colère’, intégristes et extrême droite, 26 janvier 14) : http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/video-... 

et la réaction de Robert Badinter : http://www.francetvinfo.fr/politique/robert-badinter-deno... 

Slogans antisémites dans des manifestations pro-palestiniennes, comme en juillet 2014 : http://www.huffingtonpost.fr/marc-knobel/violence-manifes... 

Islamisme et antisémitisme, article de 2012  http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/10/08/islamisme-... 

Antisémitisme et fondamentalisme islamiste, article de 2015  http://www.liberation.fr/debats/2015/02/15/antisemitisme-... 

Entretien avec Samir Amghar, spécialiste du salafisme, sur l'antisémitisme associé à l'idéologie de l'islam radical : http://www.cclj.be/actu/politique-societe/radicalisme-mus... 

Antisémitisme d’extrême droite. Par Jean-Yves Camus, conférence, vidéo, Akademhttp://www.akadem.org/sommaire/cours/les-filiations-ideol... 

Informations diverses sur l’extrême droite antisémite et négationniste. Cercle Jean Moulin : http://cercle.jean.moulin.over-blog.com/tag/extreme%20dro... 

Extrême droite et négationnisme : http://the-dissident.eu/6260/valerie-igounet-lextreme-dro...

Michel Wieviorka, un livre (« L’antisémitisme expliqué aux jeunes », éd. du seuil) et des textes http://wieviorka.hypotheses.org/tag/antisemitisme?lang=pt... 

TAGS Antisémitisme, articles… L’Express : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/regain-d-antisem... 

Le Figaro : http://plus.lefigaro.fr/tag/antisemitisme 

Antisémitisme. Textes, CRIF : http://www.crif.org/fr/blogs/categorie/antisémitisme 

CICAD, association suisse contre l'antisémitisme...
 
"Qui si je criais ?" (Veille : antisémitisme, génocides)... http://www.scoop.it/t/qui-si-je-criais
 
Le CCLJ belge, Juifs laïques contre le racisme et l'antisémitisme... https://www.cclj-60ans.be

Lutte contre l’antisémitisme et le racisme : LICRA, SOS-racisme, MRAP.

Citation de Martin Luther King, sur le lien entre antisémitisme et antisionisme : « Qu'est-ce-que l'antisionisme ? » dans une revue en anglais (Saturday Review, août 1967, p. 45,  texte cité dans  wikiquote de wikipedia (antisémitisme) : « L'antisémitisme, la haine envers le peuple juif, a été et reste une tache sur l'âme de l'humanité. Nous sommes pleinement d'accord sur ce point. Alors sache aussi cela : antisioniste signifie de manière inhérente antisémite, et il en sera toujours ainsi. Pourquoi en est-il ainsi ? Tu sais que le Sionisme n'est rien de moins que le rêve et l'idéal du peuple juif de retourner vivre sur sa propre terre. Le peuple juif, nous disent les Ecritures, vécut en union florissante sur la Terre Sainte, sa patrie. Ils en furent expulsés par le tyran de Rome, les mêmes Romains qui assassinèrent si cruellement Notre Seigneur. Chassé de sa patrie, sa nation en cendres, le peuple juif fut forcé d'errer sur le globe. Encore et encore, le peuple juif souffrit aux mains de chaque tyran qui vint à régner sur lui. (...) Pour quiconque chérit ce droit inaliénable de toute l'humanité, il devrait être si facile de comprendre, de soutenir le droit du peuple juif à vivre sur l'antique Terre d'Israël. Tous les hommes de bonne volonté se réjouiront de la réalisation de la promesse de Dieu, que son peuple retourne dans la joie sur la terre qui lui a été volée. C'est cela le Sionisme, rien de plus, rien de moins. »

Mais reconnaître le droit d'existence pour un peuple et un pays n'interdit pas le regard critique sur des positionnements politiques. Cependant, pour Israël, comme pour tout autre pays, pas plus... L'antisémitisme commence quand la critique est extrême et obsessionnelle, diabolisant ce pays, démocratique, et ignorant, ailleurs, des dictatures (dans l'indifférence d'un non-engagement complice), ou ne portant aucun regard critique sur les autres forces en jeu dans le conflit israélo-palestinien (idéologie, terrorisme, etc.). 

BDS et l’affaire des feuilles de bricks produites en région parisienne, CRIF : http://www.crif.org/fr/blog/que-se-cache-t-il-vraiment-de...

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Mise à jour 28-02-16... 

…. Comment Dieudonné a sombré dans l’antisémitisme… (L’article ne rappelle pas les liens de Dieudonné avec Jean-Marie Le Pen et le FN, et toutes les dérives complotistes : ce n’est pas le sujet, il note juste le rôle du complotisme dans un moment de basculement. Mais il mentionne le soutien donné au négationnisme) https://fr.news.yahoo.com/président-licra-raconte-lancien... 

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... LIRE ou RELIRE. ÉDITORIAL, de Jean-Pierre Denis, La Vie, "Dire l'antisémitisme avec des mots fermes", 17-02-2015  http://www.lavie.fr/debats/edito/dire-l-antisemitisme-ave... 

ENTRETIEN. Pierre-André Taguieff, « Les mots qui tuent », Marianne, 2015 (Propos recueillis par Alexis Lacroixhttp://www.marianne.net/pierre-andre-taguieff-les-mots-qu...  Et, 2011 (propos recueillis par Christophe Ono-Dit-Biot), "P-A Taguieff décode la théorie du complot", Le Point http://www.lepoint.fr/societe/taguieff-decode-la-theorie-...

Elie Barnavi, entretien, L’Express, 2014. « L’antisémitisme n’est pas le problème des seuls Juifs. il est toujours le signe d’une pathologie sociale plus profonde. » : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/elie-barnavi-l-a... 

SOMME. « Dictionnaire historique et critique du racisme ». Dir. Pierre-André Taguieff, 250 contributeurs, 540 articles. PUF, 2013... https://www.puf.com/content/Dictionnaire_historique_et_cr...

Ce qui fut dit sur Hitler (ou l’aveuglement, encore et encore). Slate : http://www.slate.fr/story/114945/permier-article-new-york...

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Pour compléter cette page, lecture possible des précédentes notes :  voir « antisémitisme » dans la liste des catégories (marge gauche, descendre un peu…). De même recherche possible avec le tag « antisémitisme ». ........................................................................................................................................................

Mais... Lutter contre l’antisémitisme c’est connaître l’histoire, la culture juive… LIENS :

Culture juive, jalons, INAhttp://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu04582/la-...

Akadem, conférences (vidéos) : http://www.akadem.org

Musée d’art et histoire du judaïsmehttp://www.mahj.org/fr/index.php 

Portail, culture juive, wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Judaïsme

Judaïsme laïque (voir à « documents » pour trouver certains textes annoncés en sommaire…) : http://www.ajhl.org 

AGIR contre l'antisémitisme  (et signaler), voir les sites des associations antiracistes : Licra, SOS-racisme, Mrap… (liste Agir, ici)

SIGNALER (Internet) : https://www.internet-signalement.gouv.fr/PortailWeb/plane...

Théories du complot (associées souvent à l’antisémitisme)... Décryptage sur ConspiracyWatch (Observatoire du conspirationnisme) : http://www.conspiracywatch.info

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15/02/2016 | Lien permanent

« Petit-fils d’Algérie », BD, avril 2015

La BD peut être aussi un art de la mémoire et de la transmission. Celle-ci correspond à cette recherche d'identité et de compréhension du rapport complexe avec l'histoire. Exil sur exil... Il y a de quoi perdre le sens des racines, et de quoi, chez ceux qui suivent, de tenter de le retrouver... Quand on lit cet album, on sait qu’on peut remplacer « Italiens » par « Espagnols », « Maltais », « Gitans », « Arméniens », etc. et repérer les mêmes schémas. Ainsi les BD des fils et petit-fils de Pieds-Noirs tiendront le rôle d’une salle de Musée de l’immigration... ! (Inexistante... elle). Migrations, errances... exils. Est-ce drame ou chance ? Un sens est à déchiffrer, à mon avis. Le résultat, aussi : métissage d’âme, qui peut ouvrir - et ouvre - les lignées à une acceptation de l’Autre, au goût des langues, au refus du racisme. "Terrien, n’est-ce pas suffisant ?" (Remarque récente d’un Pieds- Noirs arrivé en France très jeune adolescent – je mets PN avec ‘s’ car il y a deux pieds, même si on est "un", et même en recherche de non-dualité...).

BD Petit-fils d'Algérie.jpg

 

 

 

 

Album de Joël Alessandra (scénario, dessin, couleurs), éd. Casterman, coll. Univers d’auteurs.

 

 

 

 

 

 

 

Critique, par David Taugis, sur actuabd.com. Intéressante, parce qu’elle met l’accent sur le premier exil de ces Italiens. Immigrés. Français... après. Exil racine, dans l’origine de cette famille, dont l’histoire est comptée par le « petit-fils », dessinateur bédéiste.

...Rappel important du fait migratoire dans la constitution de ce « peuple » de Pieds-Noirs, communauté majoritairement issue de l’immigration méditerranéenne. (Et qu’on a tendance à transformer en  « colons » venus de France, à les assimiler à eux, ou aux descendants des soldats colonisateurs... Non. Ils n’étaient même pas des Français, alors, eux. Ensuite, ils ont eu le tort de se laisser piéger par un mélange entre l’ancrage algérien - l’amour de cette terre - et la construction mensongère - élaborée par le pouvoir français, sa propagande - d’une identité qui devait se confondre avec l’acceptation d’un statut et d’une citoyenneté inégalitaires. Tous n’étaient pas dupes, mais beaucoup, car un système dans lequel on baigne nous imprègne. Et que la population, en France métropolitaine, globalement, l’appuyait). Citations : « Découverte poignante de Constantine par ce fils de Pieds-noirs italiens qu’est Joël Alessandra. Où il reconstruit son passé autant que des morceaux d’histoire d’Algérie. » (...) « Il se penche non seulement sur l’histoire de tous les Pieds-noirs, mais aussi sur l’évolution de l’Algérie, sa mémoire, ses blessures dues aux années terribles des attentats durant les années 1990. » / « Dans ’Petit-fils d’Algérie’, le sentiment de réconciliation et d’apaisement nous ramène au ‘Portugal’de Pedrosa. Une porte à nouveau ouverte vers le passé, et un chemin de mémoire éclairé pour les générations suivantes. ».

....Oui, il fallait insister aussi sur cet aspect : « réconciliation et apaisement ». Les générations qui suivent les temps des conflits et des violences peuvent avoir, réciproquement, un regard qui se défait des ombres et des peurs, mais garde les proximités. Dans la guerre d’Algérie (guerre d’indépendance), il y avait, d’une part, un peuple qui voulait ne plus dépendre d’une identité captive et se libérer de ce joug, et, d’autre part, un pouvoir colonisateur, avec son armée et ses fantasmes de puissance, en France métropolitaine. Au milieu, les Pieds-Noirs qui n’étaient ni l’un ni l’autre (mais dont certains choisirent d’être acteurs de cette libération nationale, et d’autres de tout faire pour ne pas perdre ce qu’ils considéraient comme leur patrie, mais française, notamment en se faisant manipuler par des stratèges suicidaires, cf. oas métro – comme on dit). Il est temps de mettre de côté les jugements (sur les uns et les autres) et de prendre en compte, surtout, ce sentiment, non-dit, pour des Pieds-Noirs, de se retrouver dans l’horreur d’une sorte de guerre civile, et de voir mourir les uns et les autres, voisins et lointains (au sens littéral et au sens métaphorique).  Lire l’article intégral de David Taugis, actuabd.com: http://www.actuabd.com/Petit-fils-d-Algerie-Par-Joel 

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Critique sur 9èmeart.fr. Par Alfro ... Moins bonne  critique, car partiale, et peu cohérente. Bizarrement, déjà, le site (dédié à la BD...) reproche à l’auteur son expression par la... BD (car, dit l’auteur de la page, c’est ainsi moins convaincant qu’un reportage... !). Ce qui est ignorer tout le courant de la BD qui crée en ayant comme supports des autobiographies, biographies, enquêtes, reportages,  voyages, récits historiques. Ensuite, le parti pris est flagrant. Alfro (pseudo…) sur 9emart.fr, donc, continue en exprimant son malaise. Comme le retour de ce petit-fils de Pieds-Noirs se fait dans l’harmonie, que ce qu’il apprend de la vie de sa famille en Algérie ne peut être que créateur de lien (au singulier, sens fort) avec les Algériens qu’il rencontre, la ville, la mémoire familiale, un ancrage dans cette part de son identité hérité. Comment... ???!!! Des Pieds-Noirs qui ne correspondent pas aux clichés construits par la métropole, une parole paisible avec les Algériens, du dialogue ??? Non, Alfro ne supporte pas ça. Donc il déclare que c’est « bâtard » comme point de vue. Il soupçonne de « l’angélisation », trouve que la violence de l’OAS et du FLN n’est pas assez présente... Sauf que l’auteur n’est pas venu pour ressasser la guerre et se vautrer dans les émotions négatives : il est venu (par accident au départ, une invitation qui se transforme) avec l’intention de profiter de ce voyage pour faire un pont entre lui et ceux dont il descend, un pont entre celui qui méconnaissait sa part algérienne et cette part enfouie, un pont entre lui et les êtres de l’Algérie vivante actuelle. Pour comprendre d’où il vient en partie. C’est juste... ce qu’il fallait faire. Et tant mieux si c’est de la BD. Cela complète une « collection » d’œuvres qui finissent par réaliser un portrait nuancé d’une communauté. (Les Pieds-Noirs et leur « algérianité » complexe, triste et joyeuse à la fois : triste par l’exil, joyeuse par la conscience d’une culture qui ne peut se perdre complètement, car elle se glisse dans les interstices de la mémoire transmise, même insuffisamment.  Et que, si la métropole a tendance à la jeter aux orties, cette mémoire, il y a aussi, justement, des consciences qui portent un autre regard, comme des éditeurs de BD...  Et il y a, c’est essentiel, une proximité avec les natifs de l’autre rive, par cette algérianité commune que même les descendants retrouvent quand ils franchissent la mer, ou sans la franchir encore, dans leurs rencontres d’autres exilés, sur cette rive.).   Ce texte critique décevant, par ces deux faiblesses importantes, donc, est à lire ici (il a quand même le mérite d’en parler, ce qui est déjà beaucoup). LIEN, 9emeart.fr : http://www.9emeart.fr/post/critique/franco-belge/petit-fils-d-algerie-la-critique-3882

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Hommage sur Femmes en action (forum). Sid Ali Melouah... http://femmesenaction.forumactif.fr/t644-deces-du-dessina...

Zoom sur la BD algérienne, sur ToutenBD, 2004...http://www.toutenbd.com/dossiers/article/zoom-sur-la-bd-a...  

La BD algérienne à travers une expo (avril 2016) : http://www.lecourrierdelatlas.com/1115006042016-Caractere... 

...... BIBLIOGRAPHIE thématique, ALGÉRIE, guerre d’Algérie. Sélection de BD... http://www.bdfugue.com/bd/selections/independance-algerie

...... Voir aussi… Algérie, guerre d’Algérie, mémoire, livres Jeunesse… note. Un livre, et une bibliographie : http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2016/02/29/un...

et

Pages tissées, des blogs, des sites. Mémoires, exils...

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30/04/2015 | Lien permanent

Deuil de blogs... Certains s'arrêtent et c'est annoncé, certains disparaissent en silence. Et parfois c'est la mort....

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MUSIQUE, Andalousie, fraternité. Il y avait un blog au nom héritier de l’Andalousie et de la pensée de Lorca. Une page sur "El Gusto", et le mot qui rejoint, en sens algérois, la signification  du duende andalou. La musique, et Enrico Macias, plus comme musicien que chanteur (chanteur aussi mais importance donnée à sa musique, à son orchestre andalou). 

Mais elduende.musicblog.fr ne peut plus être trouvé. La blogueuse l'avait écrit, disant qu'elle pensait arrêter, sans cesser d'aimer ce qu'elle aimait, fidèle à ses passions. Lassitude. Impression d'écrire dans le vent, dans la solitude, sans vraiment beaucoup de retour. Pourtant son blog était consulté. Moi je l'aimais particulièrement. Mais c'est vrai qu'on peut apprécier sans forcément commenter et contacter... Les notes sont des bouteilles à la mer, qui trouvent des échos inconnus souvent. Et puis, le temps… Elle tenait ce blog depuis longtemps, je crois, et voulait passer à autre chose. Mais c'est dur de découvrir que, voilà, c'est fait, le blog n'apparaît plus que par traces où plus rien ne peut se lire, mais où on voit qu'il y eut là des signes, du langage, des émotions, de l'amour... 

Le BLOG El Duende, était sous-titré « Enrico et nos Andalousies ». Mais malheureusement les liens renvoient maintenant à un blog musical qui n'a rien à voir... 

On y trouvait beaucoup de références, de vidéos (souvenirs et actualités). Ainsi « Joselito chante toujours », (celui qu’on nommait autrefois « l’enfant à la voix d’or »). Dans la riche rubrique « Andalousie », il y avait un montage sur la ville de Grenade, en vidéo, avec, en fond musical, « Granada », avc la voix de la blogueuse, musicienne. Pour comprendre cette notion de « duende »  il faut se référer à ce qu'en dit Lorca (un feu créatif intérieur, qui est, ou pas : s'il est il y a art, et sinon, rien). Les thèmes  du blog étaient : l’Andalousie, et Enrico Macias  (passion qu’on retrouve souvent chez des blogueurs soucieux de culture andalouse et d'humanisme). Parmi ses catégories  (nombreuses) : chanteurs, musique maghrébine arabo-andalouse, chanteurs pieds-noirs, Enrico Macias et l'Andalousie (bien sûr). Mais aussi sa région en France (la Charente) et divers coups de coeur et coups de colère, comme celui-ci, notamment, qui va si bien avec les valeurs andalouses, affirmées dans une note ("Nous sommes tous des terriens"), et sur le profil.

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BLOG Kdi.musicblog  (« Enrico et moi »). Ce blog aussi a disparu (cela tient peut-être à l'hébergeur, le même que celui d'el duende...). 

Le blogueur « kdi » (Khadi), lui aussi, s'intéressait, dans son blog, à la culture plurielle d'une Algérie fraternelle, diasporique ou pas. (Une vidéo présentait un moment d’interview où est évoquée la ville d’Enrico Macias : Smaïn sur Constantine et Enrico Macias - interviewé par « kdi »). Chez lui aussi beaucoup de notes sur Enrico Macias, dont les dernières informations. Dans ses derniers posts, des infos sur les albums de Macias, et une photographie de la maison d'Enrico Macias à Constantine (lui, Khadi, devant la maison d'Enrico Macias à Constantine). Sur son blog, se mêlent Algériens natifs de diverses origines (Algériens et Pieds-Noirs), mais aussi (êtres et visages, peu importe d'où), d'autres artistes, dont Pierre Perret. Parmi les rubriques, l'Algérie, et sa ville de naissance en France, Thionville (plusieurs notes pour ces deux références). Fraternité... Et, pour des amis, il chante Enrico Macias.

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Autre disparition (mais apparemment programmée dès le début...), celle d'un blog littéraire très fourni. "La ruelle bleue". On ne trouve plus que quelques notes sur un blog miroir, trace hébergée par Médiapart... Et pour l'ancienne adresse, toujours apparente sur Google, on tombe sur "erreur 404"... Donc anciennes traces.. https://blogs.mediapart.fr/nathalie-goldgrab/blog

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Et cette fois c'est un blog hébergé par hautetfort. qui s'est arrêté.. Dont je voyais l'annonce de ses mises à jour passer parfois...

Les SONGES d'une NUIT. Blog de Pôl Kraly (son pseudo de blogueur). Des notes jusqu’en novembre 2016. Il y a une démarche très personnelle, une recherche. Pages méditées qui cherchent une cohérence entre exigence spirituelle et éthique laïque. Beaucoup de citations, poésie très présente, et des notes sur la spiritualité, ou même l’ésotérisme (ou des approches moins conventionnelles). Puis une
dernière note qui est un adieu, pour dire l’interruption du blog, qui reste cependant disponible, avec toutes ses notes déposées régulièrement, longtemps. Donc, le 29-11-2016, "Clap de fin", pour dire qu’il n’y aura plus de signes : "Une nouvelle aube se lève… et je dis adieu à ce blog tant aimé", car "je dois aller vers d’autres chemins’". C’est signé Franck, qui  ajoute "À bientôt sur d’autres chemins"… Il nous laisse toutes les notes à consulter, les poèmes à lire, les livres mentionnés, et des liens (sites et blogs, où Trames nomades est dans son choix)…  http://lessongesdunenuit.hautetfort.com/archive/2013/12/1...

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D'ailleurs cela pose un vrai problème de la mémoire (de la trace) de ces oeuvres qui ont accumulé des connaissances, des références, des pensées... Et qui disparaissent complètement. Deuil à faire d'un lien et de tout un tissu de pages croisées.

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Emotion triste aussi - c’est autre chose - quand des sites ou blogs sont arrêtés par la mort du blogueur (forcément cela arrive : ainsi « Pataouète », arrêté tout d’un coup). 

Deuil, en 2011, de Pataouète, le blog de Bab-El-Oued, "patawet", celui d’Yves, natif d’Algérie, qui dit l’exil et la fraternité. Blog d’humaniste. Blog de quelqu'un ayant mémoire du passé réel, et coeur ouvert. 
En septembre 2011, le blog s’est tu. Puis des proches ont dit le décès. Et posés des messages. Même au moment de l’assassinat des journalistes de Charlie, pour dire qu’il aurait été Charlie, lui, comme les siens.
Page 1. L’expression du souvenir, 2018, 7 ans déjà… Quelques notes.
Page 2, Plusieurs notes des proches endeuillés, dont une de son frère, brève, pour remercier ceux qui visitent encore le blog, une d’un ami aimant le sport (souvenirs partagés), Claude, et un poème de Daniel Ruig, sur un rêve où il planerait au-dessus d’Alger, dans leur terre natale, une lettre d’une amie peintre, et une de ses neveux… Des adieux. Et le blog est une mémoire..
Page 3. Message de sa femme, et d'elle et sa fille,en commentaires.
Page 4. Ses dernières notes, juillet-août, peu. Émouvantes, l'hôpital.
Pour lire les hommages, il y a une catégorie (liste en marge : "A YVES Hommages’" 
...J’ai regardé les tags (les mots clés, qui disent l’univers d’un blog, ce qui revient le plus. Les siens sont : Algérie, pataouète (la langue),Alger. Et je trouve aussi : hand, Berbères, Camus, Chaouis… Parmi les listes (catégorie, liens), une est consacrée à l’Algérie.
 
...Et la note que j’avais faite, plus tard, ayant su la mort  du blogueur (des silences m’avaient inquiétée) : je ne le connaissais pas, mais son univers m’était familier, et je l’avais découvert par le mot "pataouète", sans doute en faisant des recherches sur ce sujet de la langue populaire de l’autre rive… http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2012/03/18/pataouete-sur-hautetfort-com-le-blogueur-n-est-plus-la.html
 
...J’espère qu’hautetfort va le maintenir en ligne. Car les notes nombreuses peuvent être consultées. Et c’est un espace de cet univers collectif, divers, qui est encore enrichi par les pages qui sont là… 
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Et tristesse autrement, quand des blogs perdurent, mais silencieux depuis... un an, deux ans, ou plus. Et on ne sait pas pourquoi ce silence : lassitude, maladie, dépression, ou mort ? Et même si en fait c'est le contraire, une vie passée à autre chose, qui prend le temps de s'échapper autrement... même cela est en rapport avec la mort, la fin, la disparition, l'éphémère... J’en connais un, de blog, entre vent et poème, ainsi silencieux. Quand je le consulte (archives riches) je parle en moi à la blogueuse (« Où es-tu, toi? », « Et qui maintient ce blog alors que tu ne parles plus? »), comme à une amie qui manquerait, une inconnue familière qu’on aurait aimé rencontrer…

Leçons de sagesse. Oui, rien n'est éternel, et encore moins dans cet espace virtuel. Et nous, pas plus. Car dans le miroir c'est notre propre finitude qu'on voit, et la sagesse n'est pas toujours au bord des yeux. Cependant il y a un autre questionnement, qui n'est pas personnel, pas pour une peine individuelle. La toile tissée est une oeuvre collective. Pourquoi perdre ces fragments? Pire quand ces fragments sont la seule mémoire de lieux, le seul témoignage de certains vécus collectifs, de certains exils. Le témoin meurt avec sa mémoire, et personne ne pourra tracer à sa place l’identique... Il manque quelque chose dans ce domaine.

Brisure, brisures. Justement, le traduire avec cette photographie, née de la trace d’une violence de rue. Vitre brisée, mais qui tenait encore. Cependant, en me déplaçant, le regard sur un éclat agressif s’est métamorphosé en vision de mandala, rayonnement partant d’un centre pour créer une étoile, métaphore d’un cosmos lumineux… accidenté par les consciences en recherche de sens. Même le hasard des signes nous enseigne. 

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07/06/2016 | Lien permanent

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