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Jean-Michel Beaujon, itinéraire solidaire d’un natif d’Alger : l’art des sports extrêmes, le courage pour aider autrui…
Jean-Michel Beaujon, natif d'Algérie, association Les Intrépides. Actions solidaires financées par le courage physique comme art extrême. Un bel itinéraire... accompagné par une association de Pieds-Noirs de sa région. Lu sur le blog de Claude Rivière (en 2008, lien inactif maintenant), page sur JM Beaujon (itinéraire, action), lien 2008 : (« Jean-Michel Beaujon défend depuis 30 ans la cause de l'enfance handicapée, via son association Les Intrépides. Pour attirer l'attention du monde sur ce problème, il a conçu le projet Espoir Himalaya consistant à escalader le toit du monde pour y planter le drapeau de l'enfance inadaptée. » (…) « Jean-Michel Beaujon devant rééditer son exploit (de 2001) en 2009, Racine pieds-noirs se mobilise à nouveau à ses côtés : "Cette soirée est pour nous une belle occasion de l'aider à nouveau en nous associant à sa démarche humanitaire. Il fera flotter le drapeau de l'association aux côtés de celui de l'enfance inadaptée. Jean-Michel Beaujon est une personnalité hors-normes, une sorte de Jean Valjean d'aujourd'hui. Comme lui, il a connu des débuts chaotiques… ») |
2013 : http://claude2k6.jeblog.fr/cassis-avec-jean-michel-beaujon-les-intrepides-hissent-les-voiles-a45837782 |
Article de La Montagne, 26-06-2013 (itinéraire, rencontre, évolution...) http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/departement/a... |
21/03/2013 | Lien permanent
”Le verger abandonné”, de Michel Diaz. Ulysse errant choisissant le non-retour, ou l’ascèse d’écriture et d’être, en réc
14/12/2021 | Lien permanent
2. À L’Index n°37. Parcourir des pages. Donc lire dans le miroir des autres...
04/05/2019 | Lien permanent
POÉSIE. À L'INDEX, N° 41...
De l’éditorial de Jean-Claude Tardif je retiens notamment la distinction qu’il fait entre les auteurs qui ne sont attentifs qu’à leurs publications, ne montrant pas d’intérêt pour les autres, pas vraiment lecteurs, et ceux qui lisent, curieux d’autrui. Cela rejoint le malaise que je ressens devant des conduites d’autopromotion exclusive.
10/12/2020 | Lien permanent
Les Plaquettes À L’Index. Des livres où la poésie dialogue avec l’art visuel... Lire Pierre Rosin, Werner Lambersy, Jean
19/05/2021 | Lien permanent
À L'Index n°42. Dossier Jean-Claude Pirotte...
ma vie est dans le livre / que je n’écrirai pas J-C. Pirotte, À Joie (citation choisie comme exergue à sa chronique, par Michel Lamart)
ce ne sont que poèmes / qui ont l’air de poèmes / et qui n’ont l’air de rien / car ils ne valent rien J-C.P., Je me transporte partout (exergue choisi par Christian Travaux pour son texte, L’A-poésie de Jean-Claude Pirotte dans Je me transporte partout)
Et c’est vrai que je suis moins attentif au sens qu’à la mélodie feutrée, aux articulations obscures du ton, aux assonances, aux dissonances du timbre. Souvent je pense qu’il suffirait de me laisser pénétrer ainsi pour qu’éclose en moi comme une réponse, un répons plutôt, et qu’enfin ma propre voix délivrée aille se mêler au chœur composé de toutes les voix qui m’enchantent. J-C.P. Rue des Remberges (fragment cité par James Sacré)
le saurons-nous jamais / nous n'apprenons à vivre // qu'avec le murmure et l’éclat / des pluies sur les toits à lucarnes J-C.P. Passage des ombres (mon choix, cette dernière citation en exergue...)
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La raison de cette note ? Faire lire la revue, ce numéro d'À L'Index, dédié au poète Jean-Claude Pirotte (décédé en 2014). Et donner envie d’aller ouvrir, ensuite, le volume de la collection Poésie/Gallimard ou le recueil final, Je me transporte partout (Le Cherche Midi).
J’ai donc lu la revue. Un poète lu par des poètes… Mais, aussi… Un homme lu par des hommes. Effectivement, à la lecture de ce beau numéro d’hommage (beau et très riche, par la qualité des commentateurs), impression d’entrer dans un univers très masculin, de manquer de certaines clés (de ce fait). Sans doute eux ne le voient pas ainsi. J'ai su que Sylvie Doizelet, qui fut sa compagne, n'avait pu répondre à l'invitation à participer au numéro d'hommage. Pour compenser je renvoie vers elle par deux liens en fin de note (elle a préfacé le recueil de Poésie/Gallimard). Les clés qui manquaient, j'ai fini quand même par les avoir, grâce à la complexité des regards, et aux nombreuses citations.
La deuxième impression vient du visage de Jean-Claude Pirotte. D’abord la photographie au chapeau, prise par Jean Pol Stercq. On voit surtout le sourire de la bouche et des yeux, de quelqu’un qui a dû inspirer amitiés et tendresses (ce que les chroniqueurs expriment souvent dans leurs hommages). Deux autres photographies (archives privées) témoignent de moments simples - partages, convivialité. Les portraits dessinés (d’Henri Cachau et Jean-Michel Marchetti) capturent autre chose. Un peu les yeux, mais une attitude du corps, une expression, comme de retrait en soi, une tristesse peut-être, un déchirement. Et, toujours, la cigarette, ou le verre de vin. La cigarette qui a fini par le tuer, et le vin qui rendit difficiles parfois la rencontre (comme c’est dit par certains, qui préfèrent témoigner autant de la vérité complexe et des fragilités d’un être que de l’admiration qu’ils éprouvent pour le même être, homme et poète).
Mais l’essentiel revient donc au poète et à ses paradoxes, dans son rapport à l’écriture et à la poésie. Des textes en font la racine de sa force d’écrivain, ces paradoxes. Parcours…
Jean-Claude Tardif voit en lui un Don Quichotte. Dans une réception, rencontre poétique, il le voit comme "un Don Quichotte égaré dans une salle des mariages". D’autres le voient ainsi. Henri Cachau aime "son côté Don Quichotte", et ajoute qu’il aurait "aimé l’accompagner dans ses errances rabelaisiennes ou franciscaines, partager avec lui le pain et le vin, plus encore ce ciel étoilé de la poésie qu’il traversa tel une comète à la trajectoire incertaine, dont demeurent, brillant de mille feux, ses incandescents débris…". Quant à Gilles Grosrey il écrit que "Parler de Jean-Claude, c’est parler / de Don Quichotte et des cathédrales / cristallnes, des moulins d’une Flandre / imaginaire (…)".
Pour Jean-Claude Tardif, du vagabond "en cavale" il pense que sa fuite était plutôt une recherche. "… s’il fuyait, c’était me semble-t-il non pas qu’il cherchait à s’échapper mais plutôt qu’il essayait de retrouver une part de lui-même. Part de rêve laissée ça et là au fil des renoncements, des échecs qui touchent chacun de nous." Complétant son portrait par une qualité, la fidélité aux amitiés, et une mention qu’on retrouve diversement dans les autres textes, "Ce désespoir qui a le tact de se conjuguer avec l’élégance de la langue, sa seule beauté ! (…) Le spleen a des arômes (…) Ils font les mots longs en bouche, longs en cœur et de livre en livre nous disent l’amour, la perte, la nostalgie ; toutes ces choses qui nous font au final si tragiquement et intensément vivants".
Werner Lambersy nomme en lui un "délivreur" (on pense aussi à l’avocat qu’il fut, soupçonné même d’avoir aidé une tentative d’évasion, ce qu’il nia, injustice douloureuse mais qu’il trouva finalement fondatrice car elle le fit se vouer tout entier, ensuite, à l'écriture), mais c’est de l’écrivain dont il parle, le styliste rigoureux. Et il mentionne lui aussi "son inexpugnable mélancolie pour un passé (une jeunesse) dont il a toujours parlé comme d’un Vieux Présent !".
Carl Norac voit en lui "un passeur d’ombres", se référant au livre Passage des ombres, mais pas seulement, à des moments de nuit, partagés, pour exprimer la perception d’une part lumineuse. "Et là je vis que cet homme de la nuit, / en ses méandres, en ses détours, / ne m’avait parlé que de l’éclat des jours."
Lumière, aussi, dans un poème de Jean-Claude Tardif dédié à Jean-Claude Pirotte. "la lumière n’est peut-être qu’une figure de style / dont nous ignorons tout."
Michel Lamart interroge l’identité littéraire de J-C. Pirotte, dont il dit qu’elle "demeure ouverte. Perpétuellement en quête d’elle-même". Il interroge aussi son paradoxal rapport au lieu, son hésitation entre errance et sédentarité. Questions sur le temps, la chronologie repensée. "Espace/temps. S’affranchir du temps pour mieux s’inscrire dans le lieu."
Dans certains textes s’exprime une reconnaissance pour l’aide reçue aux abords d’un commencement d’écriture ou dans une période de doute. Ainsi Claude Andrzejewski exprime une ambivalence. D’une part, l’expression d’une dette sue. "Pirotte a été mon sauveur, m’a extirpé du caniveau, m’a projeté dans les sphères célestes parmi les grands auteurs ; il m’a permis de croire assez en moi pour m’enfuir de la vie banale qu’on m’avait tracée au cordeau et au ras des pâquerettes, et alors j’ai pu vivre la mienne (…)." Mais d’autre part il témoigne de la nécessité de s’abstraire de cette relation, de s’éloigner, pour éviter des partages toxiques (l’alcool destructeur). Nécessité vitale d’être infidèle, en quelque sorte, et douleur de l’avoir dû. D’où "un vent de tempête sous mon crâne".
Christian Travaux, relisant Je me transporte partout, cherche, lui, surtout, à définir ce qu’est la poésie de J-C. Pirotte, ce poète refusant la "modernité" et préférant des formes qu’il dit lui-même "désuètes", insistant sur ses paradoxales détestations et revendications. Octosyllabes, sonnets, rimes. Rimes utilisées et détestées à la fois. Christian Travaux rappelle que Pirotte dénigre aussi sa propre poésie, parlant, lui-même, à son propos de "débris de cantine". Et plus. "pour sûr rien de moins poétique / que ces sonnets à coups de trique". Donc plutôt que poète, pour Christian Travaux, Pirotte est (se veut) "un artificier de la langue, au sens où il montre, où il révèle cet artifice qu’est la pratique poétique dans son ensemble" (…) et "brûle" (…) "cet attirail".
Poèmes-hommages, encore, avec Michaël Glück. Trois poèmes, portraits qui disent je pour Pirotte. Trois exergues. De J-C. Pirotte : "le soleil s’est levé sans moi", puis "allons les mots sont à tout le monde", et "ici-bas me fait envie". Fragments de Michaël Gluck : "stèle parmi les stèles / je suis stèle mouvante (…) la nuit n’a pas encore / cousu mes paupières". Puis "j’ai mis / le verbier commun sur la table". Et "à quoi bon l’outre-monde /ici-bas me fait envie"…
Philippe Claudel, aussi, comme Claude Andrzejewski, exprime de la reconnaissance, pour celui qui fut, pour lui, "une sorte de parrain en littérature", favorisant des publications en revues, et une édition de livre. Mais son estime ne l’empêche pas de parler aussi de la "face sombre" de J-C. Pirotte. Disant qu’un mort n’a pas à être doté "de qualités indiscutables", juste parce qu’il est mort. Alors qu’il fait partie, tout simplement, comme tous, "des êtres avec leur lot de défauts". Donc il se souvient que Pirotte "aimait le désastre et l’a semé", rendant sa fréquentation directe difficile, le faisant se réfugier dans la communication par correspondance. Mais que ses ouvrages, eux, n’ont pas cette "face sombre". "Ils exhibent leur haute tenue. Voilà bien de la littérature, exigeante, bâtie sur des riens (…) et qui s’inscrit avec une évidence fraternelle dans la chair et l’âme de celui qui la parcourt." Et Philippe Claudel souhaite à d’autres la joie de découvrir "son univers et son inimitable phrasé".
James Sacré, lui, regrette que J-C. Pirotte ne soit que dans trois anthologies (celles de J-B. Para, J. Orizet, J-J. Juland), même s’il est présent dans la collection Poésie/Gallimard. Il se demande ce qui a freiné ces reconnaissances. Et lui aussi parle du rapport paradoxal de Pirotte à la rime, et le fait qu’il mélange prose et vers. Des auteurs d’anthologies qui ne l’ont pas publié il dit qu’ils "n’ont pas su voir… que Pirotte ouvrait à la poésie un champ bien plus vaste que ce que proposent les formalistes et autres 'modernes' du moment (lesquels enferment le plus souvent la poésie en des carcans prétentieusement intolérants)".
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LIENS
À l’Index Aujourd'hui. Le livre à dire… http://lelivreadire.blogspot.com
Jean-Claude Pirotte, fiche wikipedia… https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Claude_Pirotte
350 citations de Jean-Claude Pirotte, sur Babelio… https://www.babelio.com/auteur/Jean-Claude-Pirotte/46715/...
Début d’un article du Monde, 04-11-2020, sur le recueil Je me transporte partout, 5000 poèmes publiés par Le Cherche-Midi… Xavier Houssin écrit : « Du très grand Pirotte ». Et... Citation : "« Nulla dies sine linea » : pas un jour sans une ligne. Le gamin a fermement tracé la petite devise latine sur la première page de son carnet. Il n’a pas 12 ans. Jean-Claude Pirotte (1939-2014) n’oubliera jamais ce serment décidé, qu’il s’était fait enfant. « Je me l’étais promis », se souviendra-t-il dans Autres arpents (La Table ronde, 2000). Cette promesse, il l’a tenue, tout au long d’une vie qui s’est très souvent montrée hostile."... https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2020/1...
Sur Lisez.com, au sujet de Je me transporte partout, voici ce qu’écrit Sylvie Doizelet, qui fut sa compagne… "Ce livre est fait pour durer toute une vie. Dès l’instant où vous l’ouvrirez, vous ne pourrez plus vous en séparer. Vous le lirez d’une traite – une histoire en 5 000 poèmes, une « série » en 40 épisodes (40 recueils) –, ou bien vous prendrez l’habitude de l’ouvrir au hasard, et vous tomberez sur un poème destiné spécialement à cet instant de votre vie. /// Si vous lisez un poème par jour, il vous faudra plus de treize ans. Mais vous ne lirez pas un poème par jour, vous tournerez page après page pour vite découvrir la suite, vous serez envoûté, troublé, bouleversé souvent, empli d’un indicible bonheur d’accompagner Jean-Claude Pirotte pendant les deux dernières années de sa vie." … https://www.lisez.com/auteur/jean-claude-pirotte/85805
Le recueil de la collection Poésie/Gallimard, préfacé par Sylvie Doizelet… http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Poesie-Gallim...
Recension © MC San Juan
28/04/2021 | Lien permanent
À L’Index N°44, revue, poésie…
Ce numéro est dédié par Jean-Claude Tardif à l’ami Werner Lambersy (1921-2021), décédé en octobre dernier (mais présent dans le numéro 43, cité dans ma note précédente). Il lui consacre d’abord un texte poétique sur la mort et la poésie, mort qui arrête son souffle avec celui qui part, et crée une perte (sue ou pas) pour chacun. Mais, dit-il... « Un poète a rejoint ses poèmes jusqu’à ne faire qu’un avec eux, n’être plus que son verbe et le grandir encore. » Et il cite un fragment du poète, comme un testament murmuré…
« Quand je serai mort, je serai un poème et vous n’en saurez rien. »
Et de nouveau il parle de lui, dans le texte introductif de ce numéro. Une page sur Werner Lambersy poète. Un hommage à l’écrivain, pour son exigence. Et un éclairage qui met l’accent sur l’éthique et le rapport au monde qu’avait celui qui écrivait, comme en rend compte Jean-Claude Tardif : "Résister par les mots, les actes ; faire de l’anarchie une bonté.". Créer des livres qui sont « des actes de résistance où la beauté le dispute au sens et à sa profondeur ». Mais, comme il a noté que les écrits de Werner Lambersy étaient pour lui « des textes d’initiation, de fortification » il aborde ensuite l’écriture telle qu’il la vit, prolongement logique de ce qui est dit de l’amitié vécue avec le poète, un processus de rencontre. « On ne peut pas écrire sans l’autre. » C’est donc un partage qui demande un double mouvement, intérieur et d’ouverture vers autrui.
Je vais suivre l’ordre des pages, cette fois. Je lis des poèmes ou essais, en lecture subjective, gardant mon axe... (toujours peu lectrice de nouvelles…).
Un long poème de Catherine Baptiste, Hamlet ou ne pas être, interroge la poésie (et sans doute la vie) à partir de la question d’Hamlet. « La question du sens ». Et en face l’ombre d’Ophélie. Sans vouloir de réponses et de certitudes….
« et si c’était dans l’entre-deux, dans l’entre-temps
qu’il faisait bon se tenir »
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Sous le titre Légers Ressacs, plusieurs poèmes de Myette Ronday, onze précisément. Fusion entre la matière du monde et la conscience de l’être humain, soi. Monde reflet en cet "étang" que peut être l’esprit « ainsi qu’un miroir ». Fusion, au point de se faire « N’ÊTRE qu’une vague comme les autres / venue s’échouer sur le rivage »
Mais avec un désir, « être réelle ». Force de la présence lumineuse du monde, paysage et éléments. Et aussi intuition d’un pouvoir des mots pour dire « l’inexprimé » de la réalité, « de l’éternellement vivant ». Approche de la part de mystère que la nature révèle à partir du quotidien, et des signes que les objets peuvent transmettre, objets réels ou rêvés peut-être, « perles roses et bleues » et crayon, « un oracle dans la mine du crayon ». Une robe devient l’objet transférentiel d’un dépouillement de mémoire. Et la nage dans la mer, réelle ou pas peu importe, est la plongée, au moins symbolique, dans « son espace intérieur ». Encore cette identification entre le dehors et le dedans. La nature comme deuxième corps et deuxième conscience, proximité presque chamanique. « Seule et pourtant sans solitude », dehors le vent et les arbres, à l’intérieur l’écriture qui invente ses langues. L’aube est un moment de métamorphose, de traversée vers autre chose…
« juste avec l’immuable nécessaire certitude
de ne plus faire partie d’un seul et même monde. »
D’un poème à l’autre il y a comme l’histoire d’un itinéraire d’éveil à une autre réalité, une perception qui révèle, en défaisant l’identité apparente.
« DEVIENT-ON visionnaire ? N’est-ce pas
plutôt que jusque-là on était aveugle ? »
Cet itinéraire c’est l’abandon de l’ego comme seul repère (enfermant) et le chemin vers la force du vide, ou pour le vide. (Peut-être celui que François Cheng expliquerait, ce vide médian dont il nous dit être la clé pour comprendre la philosophie du Yin et du Yang, fausse dualité que le vide tisse en vérité ternaire.) Or c’est cela qu’on peut lire dans un poème. Perception de la peur devant le vide, et transformation…
« Jusqu’à avoir la force délibérée
et l’envergure nécessaire pour que
ce grand vide emplisse notre être entier,
comme la matrice de l’espace où la lumière
se meut éternellement sans jamais s’éteindre. »
Et, en conclusion, dernière page, dernier poème…
« Il est préférable de se conjuguer au présent. »
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Mystérieux texte que celui d’Emma Hourcade, Le premier rêve. Texte en prose donné comme un rêve intiatique, ou cauchemar, regard acide sur les femmes et les hommes, peinture de rapports de pouvoir et de soumission, et la peur qui régit la perversité de liens. On peut lire cela comme un poème.
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De nouveau un long poème, Le chant/champ de la danse, d’Omer Massem. Le Congo vivant et l’histoire des hommes, force et tragédie. Un peuple qui danse.
« Nous sommes une danse. »
Mais la parole est d’abord chant, « le chant de l’homme en marche ».
Et ce que le poète affirme c’est justement la présence absolue du poème, inscrite dans la culture et l’identité, moyen privilégié d’atteindre le sens par le langage.
« Nous sommes cet espace de corps sans paroles
prolongé par la seule parole de poésie. »
La mort, le malheur, la peur, le mal. Et « le cœur des veilleurs » (et des poètes, veilleurs par choix… ?).
Si la mémoire est « entre la pierre et la terre », la poésie combat le silence qui tait.
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Plusieurs poèmes dans l’anthologie du Jeu de paumes. Et de nouveau Claire Légat, quatre textes inédits en quatre pages. Lecture et CITATIONS…
Des touches subtiles, légères, des vers brefs, parfois un seul mot mis ainsi en relief, appuyant le rythme, la syntaxe. Murmure qui frôle les abords du silence pour entrer intimement dans une recherche de vérité intérieure, comme s’il fallait aborder le centre silencieux de l’être, des mémoires archaïques revenant de loin, en soi.
« j’ai charge
de
commencements »
(….)
« dans la filiation
des
silences «
Qui est la part de soi qui choisit ce qui doit être fait et inscrit ? Se transforme-t-elle en visage inconnaissable ? Ou transforme-t-elle le réel au point de devenir difficile à saisir en identité connue ?
« me reconnaîtrez-vous
quand j’orchestrerai la poussière
et
les
transes
jusqu’à la tendresse
infinitésimale »
C’est une part présente assez pour pouvoir trouver son centre dans le temps présent…
« rien
qui ne soit l’éloge de l’instant »
(…)
« nous étançonnons
les
falaises
de
l’éphémère »
Et même s’il y a « piège » ou « cri » il y a le mot « réconciliations ».
Réconcilier les forces apparemment contraires, intérieures et relationnelles, ou terriennes (« l’arbre / le rocher »)…
« comme pour ceindre malgré elles
les constellations
rebelles »
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Plusieurs poèmes de Christine Busta (Vienne, 1915-1987)
Bilingues allemand-français.
Extraits d’un recueil, Der Regenbaum / L’arbre à pluie
CITATIONS….
Der Wanderer / L’Errance d’un homme
« und alle Dinge sind
so heilig und uralt. »
« et toutes chose me sont
tout aussi sacrées et hors d’âge. »
April / Avril
« Von Regen rauscht und rinnt die Nacht »
« Bruissante de pluie coule la nuit »
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Suit un texte très érudit de Michel Lamart, sur Jean de Sponde.
Petit itinéraire spondien / en forme d’hommage baroque Synthèse de l’étude…
Généalogie pour tracer le chemin linguistique. Le français n’est pas la langue maternelle, apprise ensuite. Religion, marques des tensions du siècle (XVIème) entre catholicisme et calvinisme. Formation universitaire poussée, culture et hellénisme.
Grande précocité, qui fait de Jean de Sponde, très jeune (il a une vingtaine d’années) le maître d’œuvre de l’édition d’Homère, L’Iliade et L’Odyssée. Texte grec (d’Henri Estienne) et traduction latine (d’Andreas Divus). Mais surtout il commente, en privilégiant les interprétations théologiques. Lisant Homère il relie poésie et célébration de la divinité. Il écrit cependant des poèmes, Amours, qui mêlent flamme amoureuse (« désincarnée ») et élan spirituel. Plus graves textes, Stances de la Mort, avec une sagesse qui peut emprunter à celle de Montaigne.
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Deux poèmes bilingues de Dylan Thomas (1914-1953) sont traduits par Philippe Pasquet Radenez, qui ajoute un précieux commentaire au sujet du deuxième poème, pour conseiller d’être attentifs à ce qu’il désigne par mots « à double fond ». Un autre sens est derrière le premier, permettant une lecture plus profonde, voyant une richesse symbolique à dévoiler.
CITATIONS…
I dreamed my genesis / Ma genèse, je l’ai rêvée…
« I dreamed my genesis in sweat of sleep, breaking
Through the rotating shell, strong »
« En eaux, en mon sommeil, j’ai rêvé ma genèse, perçant
La vrille démente de l’obus, puissant »
...
The force that through the green fuse drives the flower
La force qui pousse la fleur à travers verte tige
« And I am dumb to tell a weather’s wind
How time has ticked a heaven round the stars. »
« Et je suis une tombe pour dire au vent changeant
Comment, en s’écoulant, le temps a tendu cieux
Tout autour des étoiles. »
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Dans les poèmes de Roxana Artal (traduits de l’espagnol, Argentine, par elle) j’ai aimé trouver une dimension particulère où se mêlent des thématiques sociales, philosophiques et peut-être psychanalytiques (intentionnelles ou pas).
CITATIONS…
En cage
« La mienne est voix sans
14/05/2022 | Lien permanent
POÉSIE. À L'INDEX - espace d'écrits, N° 40...
Cette vignette est une absolue réussite, car elle donne matière à interprétation et vaut manifeste. Dans un rectangle, qui peut figurer une page, une silhouette androgyne pousse une spirale, en dansant, ou la suit en courant, à moins qu’elle ne lui résiste, reculant. Spirale monde ou temps, centre d’écriture déroulé ou centre en construction, perspective cosmique, si je veux le voir ainsi, et c’est ainsi que je le lis. Il ne pourrait y avoir meilleure traduction de ce qui est offert en poésie. Une part de jeu et de danse avec les mots, mais dans un contexte d’ancrage réel dans le monde tel qu’il est. J’y vois le poète qui trace ses signes, en alphabet archaïque, originel, et qui les déchiffre (ou déchiffre en lui ce qui émerge de lettres et de mots). Signe spirale ou Terre, lien avec le monde, cette planète ronde et son feu central, et nous dans ce circulaire cosmos des galaxies, dont Hubert Reeves dit que nous sommes "poussières d’étoiles". La main touche la surface. La silhouette danse un peu, le cercle est peut-être aussi un cerceau, celui du jeu, pour garder l’esprit d’enfance et faire de la poésie une divinité intérieure "qui saurait danser" (Friedrich Nietzsche…). Ou c’est un fil lancé comme un lasso pour attraper mots et sens, ou s’attraper soi-même, et faire naître la possibilité d’accepter ce qui peut advenir, secousses de conscience. Je vois aussi une surimpression de O, cercle symbole de ce qui fait chercher et créer un centre (de soi, d’un texte, d’une oeuvre visuelle)... Mais aussi l’immense et lourde pierre que Sisyphe pousse jusqu’au sommet qu’il doit atteindre, et inlassablement recommence encore à gravir, encore et encore. Car si l’élan est là, qui fait créer, si la page est tracée, encore faut-il qu’elle sorte du rectangle. Et si la "présence au monde" (Jean-Pierre Chérès) fait s’impliquer celui ou celle qui écrit, et se sait "embarqué" (Albert Camus), il peut désespérer devant son impuissance. Désespoir, quand l’obscurantisme et la violence règnent, qu'on sent que ce qui ressemble au fascisme guette, et que cela menace toute possibilité d’entrer dans le silence de l’intériorité. On tend d’aller vers le sommet de soi-même, et tout bouscule et ramène aux réalités triviales. Redescendre, reprendre l’ascension.
25/08/2020 | Lien permanent | Commentaires (2)
Je regrette que des gens bruyants…
« Je regrette que des gens bruyants stigmatisent une communauté à des fins électoralistes. J’avais écrit Musulmanes pour rendre hommage à une civilisation, une culture déjà montrée du doigt à l’époque. Mais là, ça devient dément. »
Michel Sardou, JDD, 25-11-12
Entretien à lire sur le Journal du Dimanche. Michel Sardou : « Je suis un anarchiste qui paye ses impôts », 25-11-12 : http://www.lejdd.fr/Culture/Musique/Actualite/Michel-Sardou-Je-suis-un-anarchiste-qui-paye-ses-impots-577564
"Musulmanes", la vidéo (Bercy) : https://www.youtube.com/watch?v=J15L8KhqCvs&list=RDJ1...
27/11/2012 | Lien permanent
”Paroles de sagesse juive”...”Que l'homme ait toujours deux poches”. Citation... et citations.
Que l’homme ait toujours deux poches.
25/04/2019 | Lien permanent