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Un poème ouvre un monde et des mondes… Lire Messaour Boulanouar , « semeur de conscience ». Lire l’anthologie « Quand l

ECRIS DE SOUR.pngPOESIE.pngANTHO 2004.png

Voici un  texte qui introduit un livre, devient la clé pour un autre (l’anthologie), et pourrait être le manifeste de ceux qui signent d’autres pages du même ensemble, pages vers des pages...  

« J’écris pour que la vie soit respectée par tous / je donne ma lumière à ceux que l’ombre étouffe / ceux qui vaincront la honte et la vermine //

j’écris pour l’homme en peine l’homme aveugl e /  l’homme fermé par la tristesse /  l’homme fermé à la splendeur du jour //

(…)

j’écris pour tous ceux qui ont pu sauver / de l’ombre et du commun naufrage /  un coin secret pour leur étoile / un clair hublot dans leurs nuages / j’écris pour la lumière qui s’impose / pour le bonheur qui se révèle / j’écris pour accomplir / pour m’accomplir au cœur de mes semblables / pour que fleurisse en nous le désert froid du mal //

 (…)

j’écris pour apaiser mon sang / mon sang violent et dur et lourd de siècles tristes /j’écris pour partager ma joie /  avec ceux qui m’écoutent //

j’écris pour être heureux pour être libre / pour tous les hommes vrais  / qui comprennent mes cris ma peine et mon espoir / J’écris pour éveiller l’azur / au fond  des yeux malades / au fond des vieux étangs de honte //

j’écris pour qu’on défende / pour qu’on respecte /  l’arbre qui monte /  le blé qui pousse / l’herbe au désert  / l’espoir des hommes »

Messaour Boulanouar ,  La meilleure force   

…………………

Que ce poème donne déjà envie de lire l’anthologie, et le poète, puis petit à petit les œuvres disponibles des auteurs cités… Un texte, un livre, et des livres dans un autre livre (extraits et titres qui vont s’ouvrir : des pages vers des pages…).

Il peut suffire d’un texte pour entrer dans une œuvre, en saisir la force, la nécessité, l’évidence. Par ce texte lu, on entre dans l'univers poétique de Messaoud Boulanouar, et le poète entre dans le monde intérieur de ceux qui le découvrent, alchimie transformatrice.

Donc ce texte est la clé d’un livre, celui de son auteur, mais aussi de tout un ouvrage, cette "Anthologie de la poésie algérienne" dirigée par Abdelmajid Kaouah. Ensemble au titre d'espoir au titre d’espoir et désespoir en même temps, superbe titre, « Quand la nuit se brise », POINTS, 2012.

Sur l’auteur de l’anthologie, qui est aussi poète, voir la fiche wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelmadjid_Kaouah  (Avec une biographie, une bibliographie, et une citation de Tahar Djaout  (Les Mots migrateurs, anthologie, Alger, 1984). Extrait : « L'écriture d'Abdelmadjid Kaouah possède un souffle indéniablement épique, quelque chose comme le rythme d'une marche vers une destination où l'homme demeure la préoccupation essentielle. ». Consulter aussi l'article de LIMAG : http://www.limag.refer.org/Volumes/Kaouah.htm

......

Autre page que je retiendrai, une note sur le site Texture (Michel Baglin), qui cite Serge Pey faisant l’éloge de l’écrivain (« Abdelmajid Kaouah, du journalisme à la poésie »), et donne à lire quelques textes du poète, dont je reprends un fragment : http://baglinmichel.over-blog.com/article-30951492.html ( Serge Pey : « La poésie d'Abdelmadjid Kaouah se fait avec les os et le sang de l'air, les yeux de l'eau, les mains du feu. Partout où il y a de l'amour et de la lutte pour l'amour. La poésie de Kaouah est un chemin vers la liberté. Elle nous rappelle qu'il faut arriver au plus profond de soi, dans son lointain territoire intime pour soudain trouver l'autre et sa langue. » // Abdelmajid Kaouah  : « oui il faut se lever chaque matin / à une heure humaine / mais à quelle halante horloge / expier les pétales calcinés  »)

…………………….

BLOG de l’auteur de l’anthologie, johablogspotcom-kaouah : http://wwwjohablogspotcom-kaouah.blogspot.fr

Sur ce blog, une très belle page d’Abdelmajid KAOUAH analyse la poésie de Messaour BOULANOUAR. L’auteur en cite quelques fragments, rappelant une publication trop ancienne, 1963, aux Editions du Scorpion, et la nécessité d’une lecture intégrale (à rendre de nouveau possible…), pour que les citations brèves ne nous fassent pas comprendre cette œuvre de manière réductrice, ne nous amènent pas à la trahir, quand sa dimension transcende toute lecture : http://wwwjohablogspotcom-kaouah.blogspot.fr/search?q=Messaour+Boulanouar  (« Dans les poèmes gorgés de réel circule aussi un flot spirituel charriant foi et sueur humaines. Un lieu fertile (où l’épi lourd et plein à la tête pesante / remplace l’épi vide et triste). / Mais comment résumer un poème de deux cents pages fournies, une prise de parole agitée par une famine de silence séculaire ? » (…) « Il n’y d’autre issue, d’autre justice que de l’entendre intégralement. L’ironie, si un jour l’édition se piquait au jeu, voudrait que l’on remonte à La meilleure force, enfantée avant Serkadji. Si justice se pouvait pour le poète. / Entre l’oued et les remparts El Kheïr demeure.» )

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Fiche wikipedia sur le poète MESSAOUR Boulanouar. (Avec des avis de poètes : citations de Jean Sénac, Tahar Djaout, Arezki Metref ; des citations du poète, sur sa conception de l’écriture, de la poésie ; des références bibliographiques – dont le rappel de titres d’anthologies, mais un seul lien externe) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Messaour_Boulanouar  (« Messaour Boulanouar, né le 11 février 1933 à Sour El-Ghozlane (Bouira), est un poète algérien de langue française, compagnon d'écriture de ses amis Kateb Yacine et Jean Sénac. Dans la littérature algérienne, il appartient à la génération qui a vécu sous le colonialisme et accompagné la guerre de libération menant à l'indépendance de l'Algérie. Comme Kateb Yacine, il signe ses recueils de son nom, Messaour, puis de son prénom, Boulanouar. ») CITATION : « Je n'écris pas pour me distraire ni pour distraire les autres. je reste semeur de conscience. ». ENTRETIEN avec Tahar Djaout, Algérie-Actualité.

………………

EVEILLEURS.  Danielle CATALA et Abdelmajid KAOUAH lisent le très beau poème « Arrêtez », d’Ahmed AZEGGAH, et d’autres textes (R.Boudjedra,  A. Djebar...) :  http://l.apres.over-blog.com/article-danielle-catala-et-abdelmadjid-kaouah-du-coeur-et-de-l-ame-106461251.html 

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06/12/2012 | Lien permanent

CITATIONS sur le thème de la mort... (et ce n'est pas triste...).

SOURCE.jpgSur la mort (réponse à un appel à partages de références sur ce thème). Prétexte trouvé pour fouiner dans mes livres… 

Relire des pages de livres où je sais retrouver des passages sur la mort, c’est faire un parcours qui traite, beaucoup, de sujets métaphysiques, mais aussi d’histoire (Shoah), d’éthique (la question de l’abolition de la peine de mort) et d’actualité (terrorisme, drames des migrants…). C’est infini, ce voyage dans sa bibliothèque… Et ce n’est absolument pas triste. Toute pensée profonde aborde la mort. On se sait d’autant plus vivant, même si c’est pour un passage éphémère. 

TITRES et CITATIONS de… 

… Des fragments dispersés dans l’oeuvre de la philosophe-poète espagnole María Zambrano, recueillis sous le titre Apophtegmes (Corti). Dont celui-ci : « L’horreur de la mort est le parallèle nécessaire à l’horreur de la naissance. » ou (même page, 73, « Si ‘la mort silencieuse’ a été l’idéal des stoïciens, la mort tranquille peut être celle des philosophes de la vie contemplative. »
… Plusieurs textes chez Albert Camus, et notamment dans Le Premier homme et dans ses Carnets. Dernières pages des Carnets je relève deux fragments : « Je souhaitais parfois la mort violente — comme une mort où l’on soit excusé de crier contre l’arrachement de l’âme… « (le fragment se prolonge, p. 344, éd. Gallimard). Pages 344-345, ceci « Si je devais mourir ignoré du monde,dans le fond d’une prison froide, la mer, au dernier moment, emplirait ma cellule, viendrait me soulever au-dessus de moi-même et m’aider à mourir sans haine. ». Et, évidemment, Camus abolitionniste… « Réflexions sur la guillotine ». Citation : « Ni dans le coeur des individus ni dans les moeurs des sociétés, il n’y aura de paix durable tant que la mort ne sera pas mise hors la loi. » 

Guy Lévis Mano (éditeur-poète). Volume coll. Seghers Poètes d’aujourdhui, p. 106 : « La mort n’a rien d’illimité. / Le hasard est toujours pour nous — / Ce sont toujours les autres qui meurent. » Et, p. 117 (poème,« La nuit du prisonnier »), « J’ai vu la mort et j’ai manié des outils de mort / Et me voici aujourd’hui sans mort et sans vie avec mes tribulations sans grandeur » (etc.).
Anise Koltz, « Je renaîtrai », éd. Arfuyen (multiples passages)… 
Emily Dickinson, Poèmes (éd. Belin). « Si je ne suis plus en vie / Quand viendront les Grives », p. 31. Et fragment de poème, dans « Ainsi parlait Emily Dickinson », recueil de citations. Ainsi « Mourir — ne prend qu’un court moment », p. 39 (…). Et Le pire — j’aime la Cause qui M’a tuée — / Souvent quand je meurs » (…). 
Marina Tsvetaeva, « Le Poème de la fin ». Rupture, blessure, mort en soi. 
« — Partons. — Et moi qui espérais : / Mourons. C’est tellement plus simple. »  
Etty Hillesum, « Une vie bouleversée ». Dernières lettres, du 3 et 10 juillet 43 et trois lettres d’août 43. Certains passages, et le tout.
Ingeborg Bachmann, « Toute personne qui tombe a des ailes », Poèmes 1942-1967, Poésie/Gallimard. Le poème « Cimetière juif », p. 509. « Forêt de pierres, sans tombes remarquables, rien pour s’agenouiller, / et pour les fleurs rien » (…) « Qui atteint la sortie n’a pas la mort, / mais le jour au coeur. » 
Gérard de nerval, « Aurélia » . Il y fait le récit d’un voyage intérieur et évoque une traversée vers un monde de supra-conscience, une possible « rencontre » d’êtres d’un mystérieux au-delà, des souvenirs de vies antérieures, un questionnement métaphysique… 
René Char, « Sur la poésie ». Dans le volume « En trente-trois morceaux » (Poésie/Gallimard). P. 53-54. Citations, trois fragments : « La poésie me volera ma mort. »… « Les poèmes sont des bouts d’existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort, mais assez haut pour que, ricochant sur elle, ils tombent dans le monde nominateur de l’unité. » … « Faire un poème, c’est prendre possession d’un au-delà nuptial qui se trouve bien dans cette vie, très rattaché à elle, et cependant à proximité des urnes de la mort. » 
Bossuet, « Oraisons funèbres » .
… Margherita Guidacci, « L’Horloge de Bologne » (Arfuyen). Le poème « Inventaire du massacre », p. 19 (le livre porte sur l’attentat terroriste du 2 août 1980 à la gare de Bologne). Et, poème en fragments, « Ultimes échos », p. 43. J’en relève un : « Les décombres des corps parmi les décombres des murs ». 
Henry Bauchau, « Nous ne sommes pas séparés » (Actes Sud), « Le monologue d’Antigone », long poème, pages 53 à 59. En 4ème de couverture, un texte d’Henry Bauchau explique le titre : « Nous ne sommes pas séparés de la Terre, de la vie et de la mort. Nous ne sommes pas non plus séparés de l’histoire ». Il évoque le retentissement en nous du crime du 11 septembre 2001. Puis le lien que nous avons, devant la beauté d’un jardin, avec le tout.  
Georges Didi-Huberman, « Écorces » (Éds de Minuit). « Récit-photo d’une déambulation à Auschwitz-Birkenau ». Retour sur un terrible lieu de mort, et réflexion sur le regard, sur les « décisions de regard ». 
Michel Houellebecq, « Non réconcilié » (Anthologie, Poésie/Gallimard). Poème, p. 105. « Par la mort du plus pur / Toute joie est invalidée / La poitrine est comme évidée, / Et l’oeil en tout connaît l’obscur. /// Il faut quelques secondes / pour effacer un monde. » Et, volume « Poésies » (J’ai lu), « Rester vivant », partie « Survivre » : « Un poète mort n’écrit plus. D’où l’importance de rester vivant. » 
Erri de Luca, « Oeuvre sur l’eau » (Seghers). Un poème, « Noël » est dédié à un enfant de migrants, naissant et mourant en mer, p. 93-95. « Il naît dans les soutes des clandestins » (…) / « Il va avec ceux qui durent une heure ». 
... Federico García Lorca (« A las cinco de la tarde », et autres poèmes...).
... Antonio Machado. « Champs de Castille », et « Solitudes ». (Poésie/Gallimard). Citation :  
« Et quand viendra le jour du dernier voyage, 
Quand partira la nef qui jamais ne revient, 
Vous me verrez à bord, et mon maigre bagage, 
Quasiment nu, comme les enfants de la mer. »

… Et, évidemment, la série des « 36 choses à faire avant de mourir », éd. pré#carré 2018 (Hervé Bougel éditeur), recueils miniaturisés de fragments poétiques d’une vingtaine d’auteurs. (Et réédition de nos textes plus anciens). Pour ma contribution en 2018 j’ai ajouté un sous-titre (« 36 traversées d’aubes crépusculaires »), un exergue (citation de Jean-Claude Tardif, poète et éditeur) et un épitaphe intégré au dernier fragment (citation de Benjamin Fondane).
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J’ajoute (non littéraire)
Et… « La source noire » de Patrice Van Eersel, Livre de poche. (Enquête journalistique. « Révélations aux portes de la mort »). 
Trois dossiers (revues). Et bibliographies intégrées… 
… « Aux frontières de la conscience » , Le Monde des religions, mars-avril. Avec des bibliographies qui concernent l’approche de la mort (p. 35, et dernières pages). 
… « Mourir ? », revue 3ème millénaire, Automne 2016 (boutique du site…).
… « Si la mort… » , Inexploré, automne 2018, dernier trimestre 2018

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20/03/2019 | Lien permanent

Notre-Dame qui brûle… Choc.

ND DRAME.jpgJ’ai d’abord traduit cela ainsi :
Sidération et bouleversement. On se rend compte, dans l'émotion, de l'importance de ces lieux dans notre univers. Et du sens du mot "patrimoine". Un lieu sacré. (Pompiers admirables, qui ont sauvé l'essentiel.)
 
ND LARMES.jpgAlors, après les images et les mots, besoin d’autres mots, réparateurs. Reprendre racine dans le sens profond, qui console de l’ignorance, de la peur de voir détruites des traces de culture et de spiritualité (murs et symboles). Notre tristesse dit l’attachement à un lieu qui fait partie de nous, et auquel nous appartenons aussi, en partage avec tant d’autres. (Exception ND CENDRES.jpgfaite de ceux qui, il y en a et il y en a eu, ont besoin de ruminer de la haine : j’ai vu cela aussi, mais ce sont des marges ND DESASTRE.pngpathologiques, des névroses identitaires qui suent des phrases malodorantes et dysorthographiques - comme ces racialistes qui traînent à l’Unef et ailleurs...). Et, signes fraternels, des messages venus de partout, officiels et anonymes. J’ai été touchée de voir sur les pages Facebook algériennes ou marocaines (par exemple) des textes disant l’essentiel, des reproductions d’oeuvres d’art figurant la cathédrale, ou des citations de Victor Hugo. Émue par le beau message de Kamel Daoud sur ce que représente Notre-Dame (lieu d'art et de mémoire), et par les phrases des commentateurs algériens de sa page, exprimant leur émotion (sauf quelques grincheux, vite remis en place par les autres).
"L'art est la seule éternité qu'on a pu prouver et fabriquer. Et le feu qui a emporté, presque, la Cathédrale de Paris rend triste, inquiète, car il porte atteinte à cette part en nous. Touriste, français, croyant, visiteur, passant, artiste et enfant. La destruction d'un monument nous inquiète toujours profondément, nous attriste, nous blesse. Courage aux français: ils rebâtiront."
Kamel Daoud, post Facebook, 15-04
 
PAROLES s éternelle.jpgLectures, donc… L'universel.
J’ai ouvert un recueil d’aphorismes et citations des 
Carnets de sagesse d’Albin Michel,
"Paroles de sagesse éternelle".
Et j’ai picoré, dans le désordre des pages,
mais l’ordre de ma réflexion
 
Il y a un moment pour chaque chose sous les cieux.
Il y a un temps pour naître et un temps pour mourir,
Un temps pour planter et un temps pour arracher ce qui a été planté,
(…)
Un temps pour démolir et un temps pour bâtir.
L’Écclésiaste
 
Ne laisse pas la tristesse t’étreindre
(…)
Suppose que tu n’existes pas, et sois libre.
Omar Khayyâm
 
Le désespoir est une défaite anticipée.
Karl Jaspers
 
Car… 
 
Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre
que ne peut en inventer votre philosophie.
William Shakespeare
 
Et…
 
Le chemin mystérieux 
va vers l’intérieur.
Novalis
……………………………………..
notre-dame,paris,cathédrale,incendie,spiritualité,citations,sagesse,universelUne "vision" de Victor Hugo, dans "Notre-Dame de Paris" (Feu créé par Quasimodo pour faire fuir les truands).
"Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église. Ce qu’ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée. Au-dessous de cette flamme, au-dessous de la sombre balustrade à trèfles de braise, deux gouttières en gueules de monstres vomissaient sans relâche cette pluie ardente qui détachait son ruissellement argenté sur les ténèbres de la façade inférieure."
..................................
Gérard de Nerval, dans son poème "Notre-Dame de Paris" (Odelettes)
évoque un futur très lointain où des hommes "de tous les pays de la terre"…  "Viendront pour contempler cette ruine austère,  / Rêveurs, et relisant le livre de Victor". Le présent heurte encore la vision d’un poète. Car "tous les pays de la terre" ont regardé les images de la cathédrale en souffrance, et beaucoup de Français, mais certainement beaucoup d’étrangers aussi, se sont mis à relire Victor Hugo… 
  Voici… 

"Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être 
Enterrer cependant Paris qu'elle a vu naître ; 
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher 
Comme un loup fait un boeuf, cette carcasse lourde, 
Tordra ses nerfs de fer, et puis d'une dent sourde 
Rongera tristement ses vieux os de rocher !

Bien des hommes, de tous les pays de la terre  
Viendront, pour contempler cette ruine austère,  
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :  
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,  
Toute ainsi qu'elle était, puissante et magnifique,  
Se lever devant eux comme l'ombre d'un mort !"

Mise à jour 20-04-19... Vidéo, lecture du poème de Gérard de Nerval et suite de l'émission... (La Grande librairie, Spéciale Notre-Dame, avec les interventions, intéressantes, de plusieurs auteurs, dont Alain Finkielkraut et François Cheng)... https://www.youtube.com/watch?v=s49jQRLDFn4 

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Mise à jour 20-04-19. Une analyse très subtile, par Jean-Noël Kapferer (The Conversation, 18-04-19) des motivations profondes des dons venant du luxe. Il relie cela au sacré. "Pourquoi le luxe vole au secours de Notre-Dame"... https://theconversation.com/pourquoi-le-luxe-vole-au-secours-de-notre-dame-115692?utm
 
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Les Unes de la presse, 16-04.
Et (les mêmes et d’autres) sur le site de BfmTV… https://www.bfmtv.com/societe/incendie-a-notre-dame-de-pa... 
Diaporama du désastre, avec de nombreuses Unes. Mystérieusement la beauté de Notre-Dame passe à travers la vision des flammes, même si cela serre le coeur… Et on voit que le choc est international… Ozap.com…  https://www.ozap.com/photos-images/photo--notre-drame-en-une-de-liberation-4615085.html

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Raif Badawi, Arabie saoudite. Informations et pétitions (plus intro...)

raif badawi,badawi,ensaf haidar,arabie saoudite,prison,torture,exécutions,décapitation,apostasie,liberté d’expression,liberté de conscience,blogs,blogueurs,droits humainsDes gens sont privés de soleil et d’espoir pour avoir osé penser, et, pire, avoir osé l’écrire, revendiquant ainsi la liberté d'expression, la liberté de conscience... C’est le cas de Raif Badawi, blogueur, écrivain (prison, torture, menace d’un procès d’apostasie – dans son pays, l’Arabie saoudite, on en meurt). Lui vit ce martyre. Ses trois enfants et sa femme, réfugiés au Canada, vivent son absence et l’angoisse permanente.

L’Arabie saoudite enferme et exécute, et donne ainsi l’exemple à ceux qui en font leurs spectacles de terreur. Elle le fait notamment pour défendre un islam de terreur, car non critiquable, et croyance obligatoire sous peine de mort... Mais ce pays est lié au nôtre par des alliances commerciales et un aveuglement idéologique (le silence sur ce qui devrait être condamné et devrait justifier des ruptures) aveuglement commandé par les lois du marché, une raison d’Etat mal pensée...

Raif Badawi, blogueur emprisonné, torturé, est menacé d’un procès pour apostasie. Page d’Amnesty international, 06-03-15 (mise à jour des informations). Déclaration d'Amnesty : "La justice saoudienne pourrait rejuger Raif Badawi pour apostasie. Il encourrait alors la peine de mort.  /  Le crime d’apostasie est un crime reproché à une personne qui aurait renoncé à sa religion. En Arabie Saoudite, ce crime est puni par la décapitation en public."  Incertitude : "Pour l’heure, nous ne sommes pas en mesure de confirmer les recommandations faites par la Cour Suprême, qui pourraient également être en faveur de Raif."

raif badawi,badawi,ensaf haidar,arabie saoudite,prison,torture,exécutions,décapitation,apostasie,liberté d’expression,liberté de conscience,blogs,blogueurs,droits humainsMise à jour 2020. Cyberaction à signer pour Raif Badawi et Waleed Abu al Khair, son avocat. Pétition mise en ligne en janvier 2020. Informations et rappels d'actions précédentes de Cyberacteurs sur la page... https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/faiteslibynrerr...

Jeune Afrique, entretien avec sa femme, Ensaf Haidar, 04-03-15. Par Sabrina Myre :  http://bit.ly/1GaZYZs  (« Ce sont des informations très crédibles et surtout très alarmantes qui me proviennent directement d’Arabie Saoudite. Nous avons appris que le juge qui a déjà condamné mon mari à 1000 coups de fouet a demandé à la Cour d’appel de juger à nouveau Raif... mais cette fois-ci pour apostasie ! C’est très inquiétant… Il risque désormais la peine de mort. Je souhaite vivement que la communauté internationale fasse pression sur l’Arabie Saoudite. Il faut qu'il soit libéré. »)

Le Figaro, informations, et citation de la femme de Raif Badawi, 02-03-15. Par William Plimmer : http://bit.ly/1HcmRN0  («Nous avons des raisons de croire que le même juge a de nouveau demandé au chef de la Cour d'appel de juger Raif Badawi pour apostasie. Nous appelons les citoyens du monde et les gouvernements à ne pas laisser Raif Badawi se faire trainer à mort par ces fanatiques. Et nous renouvelons nos appels à sa Majesté le Roi Salman de pardonner Raif Badawi et lui permettre de quitter le pays», a déclaré Ensaf Haidar, qui vit désormais au Canada avec ses trois enfants. »)

Paris-Match,  26-03-15, « Sa femme raconte son calvaire ». Par Anthony Verdot-Belaval : http://bit.ly/1D2o6vD  

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ACAT, fiche Arabie saoudite (Monde tortionnaire : répression et torture). Elle date de 2013, mais c'est l'info générale, inchangée... http://www.acatfrance.fr/un-monde-tortionnaire/Arabie-Saoudite

La peine de mort en pleine progression en Arabie Saoudite.  Par Pierre Magnan, France Info, 04-03-15 : http://bit.ly/17ZP65v

Fiche Wikipedia, Raif Badawi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Raif_Badawi

BLOG : https://raifbadawi.wordpress.com/  (Traduction automatique, donc mauvaise, mais pratique, en cherchant le blog sur google et en cliquant sur traduire... : http://bit.ly/1BhOYZa )

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Et pendant ce temps-là, la France s’occupe d’avoir d’excellentes relations diplomatiques, politiques, commerciales, économiques, avec ce pays... (Raison d’Etat et marché... Sans qu’on entende de déclaration sur les droits humains, l’horreur des exécutions, l’emprisonnement de ceux qui veulent simplement penser librement.) Lire, diplomatie .gouv.fr : http://bit.ly/18q6ss0

« Terrorisme : l’Arabie saoudite coupable », Le Point, par Michel Colomès, 26-08-14. Sur l’éditorial d’Ed Husain, chercheur qui avait été influencé par l’islamisme et a réussi à s’en délivrer (maintenant il lutte contre l’extrémisme). L’éditorial avait été publié par Le New York Times : http://bit.ly/1FpViP2  (« Ed Husain, un chercheur de confession musulmane, membre du Council on Foreign Relations américain et associé de la Fondation pour la foi de Tony Blair. Il désigne le responsable, selon lui, de tous les excès dont se rendent coupables non seulement l'État islamique e Irak et en Syrie mais aussi al-Qaida en Afghanistan, au Pakistan et au Mali ou encore Boko Haram au Nigeria. / Tous, écrit Ed Husain, s'inspirent de l'enseignement, des pratiques et du prosélytisme de l'Arabie saoudite. Ou du moins de l'islam salafiste. »  (...) « Le paradoxe est que l'Arabie saoudite, dans une attitude ambivalente (schizophrénie ou comble de l'hypocrisie), vient la semaine dernière encore de doter de 100 millions de dollars l'agence créée par les Nations unies... pour lutter contre le terrorisme. »)

Après Charlie... / « Arrêtons le commerce avec les pays qui financent le terrorisme », Corriere della Sera/Courrier international, par Franco Venturini , 22-01-15 :http://bit.ly/1zZWiVy  (« Si les pays européens veulent lutter efficacement contre le terrorisme, il est essentiel qu'ils repensent leurs relations commerciales avec les pays du Golfe qui financent le terrorisme, prévient cet éditorialiste italien. » (... « Nos alliés commerciaux financent nos ennemis » / « Tout le monde, à commencer par les services de renseignements, sait bien qu'à côté de ces flots d'argent les caisses des différentes formations terroristes sont renflouées par des Etats arabes qui adorent jouer sur plusieurs tableaux, pour des motifs intérieurs ou régionaux : l'Arabie Saoudite, le Qatar, le Koweït, et peut-être d'autres encore. Ces Etats s'avèrent être nos amis, nos alliés, nos fournisseurs, nos partenaires commerciaux. Nous ne voulons pas, pour une question d'intérêts, en faire des ennemis. Mais ne devrions-nous pas réclamer un peu plus de cohérence ? »)

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07/03/2015 | Lien permanent

Mon AGENDA en poésie... Juin 2022, Marché de la Poésie, Place St-Sulpice, après Quartier du livre, Paris 5ème

Logo_VivreLIRE.jpgProgramme chargé. 

On commence le 31, Mairie du 5ème, pour fêter le soir le lancement du Quartier du livre (1er au 8 juin), avant l'ouverture du lendemain, pour cette "librairie éphémère" qui réunit plusieurs éditions...

1.OMBRES - copie.jpgDont Unicité... (Mes Ombres géométriques frôlées par le vent, ce livre créé à deux, avec Roland Chopard, et qui a l'importance, pour moi, d'une mise en mots de ce qu'est ma démarche photographique - donc une écriture sur le regard, surtout, posée en avant-propos (que je titrais La photographie, expérience initiatique...). Le livre suivant je le mentionne plus bas, car il devrait sortir de l'atelier de l'imprimeur pour le Marché de la poésie - j'ai le volume du bon à tirer et je pose ci-dessous copie de la couverture : il sera inscrit sur le site de l'édition avec un petit décalage...). Il y a donc Unicité (François Mocaër éditeur) et plusieurs éditions...  Dont L'Atelier de l'agneau de Françoise Favretto, avec ses livres et sa revue, L'Intranquille (trace ici, recensions, livres et revue, dont celle sur les animaux, avec mon poème Je me souviens du mystère. Tags). Livres Unicité, tags aussi, pour des recensions. 

Quartier du livre, Festival Vivre-Lire de Paris 5ème. Voir, haut de la marge droite du blog, liste Agenda, le lien, en 1. Informations précises...

Ombres géométriques frôlées par le vent, en marge gauche du blog, deux liens, tout en haut. Un lien vers l'édition Unicité (une vignette qui s'ouvre vers des informations en cliquant sur image ou légende-titre). Un lien vers une note de présentation que j'avais faite pour dire la genèse du livre...

Et, marge droite du blog, 3ème liste, Pages données au vent, lien 1, la superbe recension de Michel Diaz, qui a perçu totalement ce qui était en jeu. Bienfaitrice page de poète magicien, posée sur son site.

(D'autres lectures reçues ou publiées ne sont pas lisibles en ligne. Coup de cœur de Silvaine Arabo dans Saraswati, note de Jean-Claude Bourdet dans À L'Index, lettres en affinité de certains auteurs, dont la belle rencontre - par le hasard de lectures croisées, de Claire Légat, poète belge...). Les livres sont des lettres - bouteilles à la mer - et qu'elles soient reçues, c'est un cadeau pluriel.

Je serai présente au Quartier du livre, table Unicité le vendredi 3 juin (17h-18h). Et je passerai à divers autres moments... 

Ombres... Je vais me citer, pour un paragraphe de la quatrième de couverture, approche du regard. Une clé... "Ainsi est dit le mystère de l'ombre, ce tableau d'immédiateté, cette éphémère sculpture de surface. Traduction du fugace passage d'un sens capté dans l'instant, fugace et léger comme le vent. Mais aussi correspondance précise avec le geste mental de la création, où se forge dans la conscience un espace vide de concepts, une présence de regard intense qui voit mais ne pense pas. Seul le corps énergétique sait. Concentration extrême et retrait mental : la meilleure métaphore de cet état intérieur serait le vent qui frôle. La photographie est une métaphysique sans mots. Photographier ainsi est une expérience aporétique : totalement là, et pas du tout. Saisie ontologique du réel, du Tout, mais à travers le "presque rien"." (Le "presque rien" renvoyait à une citation de Gilbert Lascault, posée en exergue). En relisant ce passage je prends conscience, encore plus que je ne croyais, du lien entre ce premier livre et le suivant. Prolongement de la réflexion-méditation sur ce qu'est regarder, et créer. Questionnement du rapport au réel. Et je remarque que le mot "métaphysique", présent là, est revenu s'imposer dans le vers d'un poème que j'ai voulu pour titre... (Le réel est un poème métaphysique). Sur le site, ce livre est classé dans Actualité, juin 2022, et à mon nom, rubrique Auteurs. 

Marché.jpegMarché de la poésie, cette fois (lien 2, marge droite, liste Agenda). Pour les Ombres et le livre suivant... Les liens, la citation, et les couvertures posées ici (dont la quatrième avec ses extraits de textes) sont déjà un message assez dense... 

couv Réel.jpgLe réel est un poème métaphysique. Photographies, de nouveau. Eau, flaques, traces... et ombres (un peu, dont la mienne). Encore un avant-propos. Et des parcours, prose, sur le regard (et ce qui est regardé). Encore un manifeste en citations.

 

         

 

 

 

 

 

 

(Mais cette fois en guise de postface...). Regarder... Créer...

4ecouv.jpgLa deuxième grande partie, la plus ample, est celle des poèmes. Pour ce livre (et l'autre) je serai au Marché, stand Unicité (706, au fond, parvis de l'église) le vendredi 10 juin de 18h à 19h30. Et sans doute un moment le samedi 11.

Jeudi-des-mots   logo.jpgMais l'après-midi du 11 il y a une rencontre où je serai présente (15h, café de la Mairie, place St-Sulpice) pour les lectures des poèmes de l'anthologie du Jeudi des mots (l'initiative de Marilyne Bertoncini, vers un livre publié par Oxybia, éd. de Carole Carcillo Mesrobian - qui est aussi auteur Unicité : voir les notes précédentes sur Jeudi des mots et les Initiatives solidaires). Mots de Paix et d'Espérance, pour l'Ukraine. 

Marché de la Poésie, je ferai un tour pour visiter des éditions amies... 

Et je suis présente, aussi, par mes poèmes dans des revues, sur les stands de deux éditions. Les Cahiers du sens, éd. Le Nouvel Athanor (derniers numéros, 27, 28, 29, 30). Et L'Intranquille n°19, éd. L'Atelier de l'agneau (mon poème chamanique sur les animaux, "Je me souviens du mystère").

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Un recueil de Mohamed Kertach...

Herbe bleue.jpgVoici un livre arrivé du Maroc. Recueil de poèmes. 
L'herbe bleue, de Mohamed Kertach, éd. FCLM, Maroc, mars 2022.
En exergue, un poème de Sylvie Méheut, Et tout disparaîtra, dont je cite les trois derniers vers...
Et tout disparaîtra
La mort aux lèvres fines
Et le casaquin d'or aux fièvres abyssines 
Elle est aussi l'auteur de la préface, mission, dit-elle, pour traduire ce qui fait l'ancrage du poète dans sa tradition, en tenant compte des questionnements.

Comme enseignant de français (qui avait surtout produit des dossiers universitaires et des monographies), l'auteur a participé à des initiatives de promotion de la lecture et de la création (ateliers d'écriture), dont un échange avec la région du sud de la France (voir un lien en bas de note). Sa conception de la littérature lui fait utiliser le concept de bibliothérapie, pour exprimer la foi dans le pouvoir des textes. Je suis l'être de mes lectures, dit-il de lui. Il est aussi celui de plusieurs langues (arabe, français, tamazight et anglais), et on sait comment cela peut interférer sur la manière de penser l'écriture, et d'entendre les sons de la langue. Mais une autre dimension compte, le visuel dans l'écriture (et c'est cela sans doute qui l'a fait s'intéresser notamment à Marguerite Duras, elle qui fut entre écriture et création cinématographique). Dans le recueil un poème sur les yeux, et, en phrase de bas de page le mot aveugle associé à la perception visuelle. Aveugle par excès de perception, ou pour savoir une autre dimension du regard... Parmi ses références, Claude Simon et René Barjavel (l'imaginaire...).

L'avant-dire du poète consacre deux pages denses et profondes au sens du titre du recueil et à ses prolongements. Car il nous renvoie à un conte (que je connaissais pour l'avoir souvent rencontré dans des ouvrages sur le soufisme). Un récit de sagesse dont l'auteur laisse la morale, pour le dépasser autrement, esthétiquement, musicalement. Mais je fais ce rappel cependant. 

L'herbe est-elle verte ou bleue ? Dispute entre l'âne (elle est bleue) et le tigre (non, verte). Arbitrage du roi lion, qui punit finalement le tigre, pour avoir perdu du temps dans une discussion stérile avec celui qui refuse la réalité.
Le poète, lui, voit et rêve, comme Éluard (La terre est bleue comme une orange...), sans qu'il s'y réfère. (Plutôt qu'Éluard ses références sont le poète libanais Jabrane Khalil, pour son ciel bleu, et Barthes, pour dire la fonction de relais de son image). L'herbe reste une perception rationnelle, car c'est la mer, le vrai bleu de la mer, et c'est une image qui fait regarder autrement la mer. Mais ce qui l'intéresse surtout dans ces mots, ce sont les sons, l'allitération inversée lb et bl. Et la note de couleur qui sert de tremplin au déploiement de tout un arc-en-ciel dans les pages qui suivent. 
 
Couleurs, et éléments. Car la poésie est vision et contemplation. La terre et la galaxie, les étoiles et un au-delà lointain dans l'espace.
Poésie qui questionne, aussi. La mémoire, les racines de soi, le temps, les liens, la perte.
Il y a de la joie dans ces pages, dans l'éloge de la beauté, dans la force des tendresses, de l'amour (la femme, l'enfant). Et de la douleur. Tristesse des nostalgies d'enfance, lieu et univers perdus (jusqu'aux mots du tamazight dans ces lieux). Souffrance de la perte.
 
L'auteur aime citer. Plutôt que des exergues il met des phrases en bas des textes, en gras. J'aime cela. Ses poèmes habités par la fréquentation des poèmes des autres. On va de Dalal Brakez à Chakib Tazi Massanou. En passant notamment par Lamartine, Baudelaire et Rimbaud. Ou Hachem Lamrani (qu'il traduit de l'arabe) et Yamina Mansour. Et d'autres...
En gras aussi il met en valeur des vers de lui, comme des synthèses (goût de l'excipit qui prolonge le son et la pensée). 
Ainsi, sur la pierre.
La pierre est la mémoire de l'univers.
Contempler une pierre, comme le fait le philosophe Michel Eltchaninoff, qui, dans un entretien de PhiloMag, explique garder précieusement sur son bureau une pierre qu'il contemple, part de ce qui est, comme le vivant, mais dans l'immobilité...
 
En annexe, une lettre de Bruno Goloubieff, commentant le poème À une absente. Celui de l'amour au-delà du deuil. Présence dans l'absence.
Excipit, encore (structure du recueil porteuse de sens...), un poème de Thierry Demercastel, Dans les steppes mortifères (sur les émotions contraires, dans la vie, rires et chagrins...).
Et pour finir, une lettre de transmission de l'auteur à son fils Mouad (ode à la liberté). Comme si les poèmes devaient aboutir à produire du sens pour ce qui peut être donné...
 
Dans la postface, Abderrahim Kamal insiste sur la profondeur méditative de cet ensemble de textes, où il voit aussi un long poème lyrique, une riche intériorité.
 
LIEN...
Trace d'une initiative culturelle de l'auteur-enseignant... 
 
Recension © MC San Juan
.
Merci à Mohamed Kertach pour son message en commentaire.
 

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”Le Maître de lumière”, un voyage dans le silence ”qui n’a pas de fin” et ”redevient Parole primordiale”

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Sur son site, Illuminator (Enlumineur), en légende d’une enluminure de l’exposition Eleven Beatus (Rockefeller Center, New York), dédiée aux victimes du 11 septembre 2001, il est noté ceci : "La structure géométrique ouvre un espace sacré".

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Au début, c’est la danse, le corps, son monde pendant près de vingt ans, "mon unique horizon". Cet univers, dont il dit l’avoir "cru vaste". Car quand il commence à transcrire son extraordinaire itinéraire, il sait que, malgré la beauté créée, malgré la transfiguration du geste, le danseur-chorégraphe qu’il fut (passionné, réputé) n’a pas vraiment idée, alors, de ce que "vaste" veut dire. Parce qu’il n’est pas dans sa voie.
Pourtant c’était une vie où tout était art. Et cela le menait inexorablement vers ce qu’il vivra ensuite. Par ce travail sur le corps : le sien (danseur), celui des autres (chorégraphe). Le corps, l’énergie du corps, préparait le processus d’alchimie intérieure de sa future métamorphose, celle qui transcende la biologie. D’ailleurs le maître futur lui fera plus tard adopter une discipline gestuelle, mais autre, et secrète, propre à sa lignée d’enlumineurs traditionnels. 
C’est autre, mais finalement familier.
 
Une phrase révèle que, longtemps avant cette rencontre, en lui se préparait une conscience de ce vaste qui n’était pas encore là. Il écrit : "Pour moi, un corps qui danse et qui sue était une torche de feu". Magnifique traduction d’un mystère, et prescience troublante. Torche de feu, il le sera, en quelque sorte, plus tard, autrement. D’abord brûlé et affamé, par des travaux matériels exténuants, pour un apprentissage commencé qui est aussi une mise à l’épreuve, physique et psychologique. 
 
Dans cet ouvrage Jean-Luc Leguay n’occulte pas toute une période de vie intense, dans le bruit des rencontres, des amours, des aventures sexuelles, des voyages, des fêtes.
Mais c’est dans un instant de silence foudroyant que tout  commence vraiment pour lui.
Il est un jour à Turin, pour des représentations. C’est une période où il sent le besoin de renouveler ses chorégraphies, et il est attiré par les danses sacrées. Cherchant des documents, il va dans la Bibliothèque royale, consulte des manuscrits précieux. Le lieu est presque désert, il est concentré, intensément présent. Devant une lumineuse page de parchemin, une enluminure, se produit un phénomène extraordinaire, un "séisme". Il est littéralement foudroyé. Ce qui émane de ce parchemin, tant par le léger contact du toucher que par la vue, le bouleverse. C’est un éblouissement radical, une révélation. Pas de mots, une "onde". Seul, dans le silence du lieu, il est brûlé intérieurement par quelque chose "qui n’était pas de l’ordre du profane". Il dira de ce moment qu’il fut "ouvert par le Haut".
 
Évidence. L’enluminure sera sa voie, est sa voie. Mais il lui faudra trouver un maître artisan. Une transcendance l’a habité, l’a guidé jusque-là, l’a traversé, et lui a indirectement parlé (sans rien dire…). Foudre. Il a été illuminé par l’oeuvre d’un ancien enlumineur. Et ce n’est pas traduisible, c’est de l’ordre de l’indicible.
 
Mais si des hasards et des synchronicités ouvrent le chemin, l’épreuve est ensuite le silence des signes. C’est une longue errance avant de trouver le maître. Personne ne connaît d’enlumineurs, beaucoup pensent qu’il n’y en a plus. Mais un ermite orthodoxe italien finira par lui parler d’un moine enlumineur, ermite lui aussi, vivant seul dans une maison isolée, en pleine campagne du sud, mais peu loin d’un monastère. 
La première rencontre est extraordinaire. Après un parcours de centaines de kilomètres en voiture, il marche vers la vieille demeure indiquée, écoute  les vibrations du lieu. Ce moment est aussi important que celui de la révélation de Turin. Le vieux moine est assis, et le regarde de loin, comme attendant ce qu’il sait venir vers lui. Lui marche, "et tout est silencieux". "Comme si une main supérieure, surnaturelle, avait coupé le son". Trois mots résument cette bascule de destin : lumière, silence, lenteur. Tout passe par le regard du moine, qui semble savoir tout de lui et de sa venue. Une heure de présence, peu de mots, presque rien. "Je ne dis rien". Et... "Il ne parle pas non plus". C’est le premier jour d’un lent commencement. Le moine ne semble pas soucieux d’accélérer quoi que ce soit, comme s’il savait, malgré son âge très avancé, disposer encore des années nécessaires pour cette transmission qu’il doit à son art sacré. 
Ce qui commence est l’histoire de l’apprentissage du métier d’enlumineur, pendant dix ans. Dans un silence qui fera partie de l’initiation. Apprendre en se taisant, en regardant, en observant. Accepter que le maître, qui deviendra pour lui le Maître, ne dise rien, n’explique rien, impose son silence comme une discipline. (Même s’il y a quelques rares paroles). 
Double vie, entre danse continuée, et fuites de plus en plus longues vers ce lieu de lumière. Avec des déchirements dans la vie privée (femme, fils), que provoque son propre silence sur ce qu’il vit de si particulier.
Frustrations.
Même la faim du corps est une souffrance, dans une demeure de totale frugalité.  Mais cela fait partie de l’enseignement. Son Maître (il emploie toujours la majuscule pour le désigner) sait où il le mène et comment. Il finira par savoir comment se nourrir autrement, capter l’énergie forte d’aliments rares. Et cela aussi est en relation avec une sorte de silence. Savoir calmer le bruit intérieur des pulsions de faim, pour une attention silencieuse, calme, à la réalité vibratoire de ce qui peut nourrir le corps affamé (et qui le sera de moins en moins). Jusqu’à, dans la dernière année de son initiation, être capable de jeûner quarante jours, et d’y trouver une force autre. 
 
Le maître veut le mener au "geste sacré". Et pour cela l’initiation finale passera aussi par des gestes rituels, secrets, destinés aux seuls initiés.
Comme le maître parle très peu, ses phrases sont comme des clés ouvrant des seuils, des sortes de mantras, de koans du zen. Ce moine chrétien est capable de citer aussi le Coran, tout autant que la Bible. Mais "pas de questions-réponses". Rien de didactique. 
 
Le sommeil, aussi, intéresse le vieux moine. Car on peut être happé par "les ténèbres de la nuit", c’est-à-dire par l’agitation des rêves, des cauchemars, le bruit de l'inconscient et des miasmes du mental. L’enseignement sera de savoir remplacer l’ordinaire sommeil par une présence ouverte à la lumière. "Dors comme un éveillé". Et plutôt que par des discours le changement passe par des rituels. Le maître pose des "sceaux" sur le corps de son disciple. Marques symboliques ou gestes tracés, on n’en saura pas plus, puisque le silence est aussi celui du secret. La pratique symbolique des sceaux se réfère aux bâtisseurs de cathédrales qui marquaient les pierres en y cachant des signes.     
Silence de leur partage. Silence pour nous qui ne sommes pas disciples enlumineurs. Et silence, ensuite, pour lui, l’initié qui ne doit rien révéler de certains savoirs transmis, dont le secret est sans doute aussi la puissance. "Tu es un artisan de lumière qui travaille dans l’ombre. Ce secret est ta force", dit le vieux moine en l’initiant.
Apprendre en se taisant, être privé de mots, mais initié par qui ne dit rien ou peu, et se taire.
Le processus et les rites doivent mener l’initié "de notre nature limitée à notre nature illimitée".
Les mots clés du parcours seraient : sens, signes, rites, symboles, lumière.
Le danseur est passé d’une ascèse à une autre. Il est la matière même de sa création. Et longtemps il ne crée rien d’autre que son dévoilement intérieur. Pas la moindre enluminure. Il fait des travaux préparatoires et se transforme lui-même. 
Ce n’est pas un enseignement oral, donc, mais un dur rapport charnel avec les éléments (terre, eau, feu…).
Matière, silence, immobilité. "L’immobilité qui sous-tend la danse".
 
Le premier dessin, fait au bout de trois ans, lui vaut d’entendre que c’est "un mort dessiné par un mort". Bien plus tard, vers la fin, créer le chef d’œuvre  de sa maîtrise achevée se fera dans un dialogue intérieur intuitif avec la géométrie sacrée, sans calculs. Avec les couleurs, magnifiées, et avec la lumière de l’or, dont il trouve seul comment illuminer sa splendeur. Sans les mots du maître. Toujours ce silence qui initie. 
 
La géométrie de l’enluminure est le miroir d’une structure intérieure à épurer, pour trouver le point qui révèle la forme. 
La place du secret (le silence des signes) est telle que dans l’œuvre même s’inscrit l’invisible point qui porte le visible, et que nul ne doit savoir. C’est la "main de lumière" de l’enlumineur authentique qui guide cette trace. Car pour avoir traversé cette lente épuration l’initié s’est défait de son "labyrinthe intérieur", afin de ne pas être un "enténébreur" qui nous entraînerait vers ses propres ombres, au lieu d’être l’artiste qui donne à l’âme d’autrui un miroir de lumière. 
 
Au bout du chemin, Jean-Luc Leguay devient Heraclius A, nom d’initié transmis par son Maître, avec lequel il devra signer ses enluminures. Il s’inscrit ainsi dans une lignée. Passé de la danse à la Danse intérieure. Car, dit-il, "le moindre geste du début contenait déjà tout". Le très vieux moine meurt peu de temps après l’initiation finale. C’était comme s’il l’avait attendu, dans sa solitude de créateur méditant, ne signant rien, et qu’il s’était donné encore dix ans de vie pour tout transmettre au disciple qui lui était destiné.
Cette mort est un fracas pour celui qui est maintenant Heraclius A. Et une initiation supplémentaire. 
Il sait alors qu’il devra transmettre, et comprend qu’il faudra publier. Puisqu’il connaît le moyen de "sacraliser le temps et l’espace", de "ne pas agir", et de "baigner le travail de transcendance". 
A la fin du livre, dans les deux dernières phrases, est résumé l’aboutissement du processus d’initiation, son sens profond.
L’artisan, l’artiste (le poète, s’il sait) est une part de la Cathédrale planétaire, cosmique (il met alors une majuscule). Réalité de l’hologramme. Il écrit : "Je suis une pierre marquée à la main, une pierre parmi les autres, signée et cachée dans les murs de la grande Cathédrale. D’autres viendront après moi achever la construction".
Voilà la leçon de ce long voyage dans le silence.
J'avais lu ce livre magnifique il y a longtemps. Le relisant je l'ai compris plus profondément. 
Nous, lecteurs de ce récit, on en sort comme d’un voyage semblable presque partagé. 
On a envie de prolonger l’effet en relisant des pages, en ouvrant les autres ouvrages, en regardant les enluminures. 
Et sur le site, "Illuminator", nous lisons cette phrase de lui, à propos de l’édition du  Mutus liber : "Le "livre muet de l’initiation" ouvre des voies de lecture où le silence, grâce à l’enluminure, redevient Parole primordiale."
 
recension © MC San Juan
 
LIENS...
Publication de 2004, éd. Albin Michel… https://www.albin-michel.fr/ouvrages/le-maitre-de-lumiere... 
Réédition, Dervy poche, 2009, et autres livres de lui… http://www.dervy-medicis.fr/jean-luc-leguay-auteur-2279.h... 
Note d'un BLOG, sur une conférence de 2018… http://www.jlturbet.net/2018/05/glnf-le-trace-de-l-enlumi... 
SITE, Illuminator (biographie, vidéos, diaporamas, bibliothèque d’enluminures, dont La Divine Comédie de Dante, expositions, dont Eleven Beatus, New York (dédiée aux victimes du 11 septembre)… 
 
Note brève, même livre, posée le 20 avril, en relation avec l'incendie de Notre-Dame...   http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2019/04/20/le-maitre-de-lumiere-livre-de-jean-luc-leguay-danseur-chore-6145329.html
 
MC San Juan

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01/05/2019 | Lien permanent

Poésie. Deux recueils de François Mocaër. ”On écrit avec le corps dès le signe d'un basculement vers la douleur”. Et ”Le

F Mocaër On écrit.jpgJ’ai inventé la nuit
qui gênait nos rumeurs
La fragilité d’un arbre
me donne espoir
p. 23. François Mocaër, On écrit avec le corps dès le signe d’un basculement vers la douleur, L’Harmattan, 2003
 
Dans une poussière
il y a le monde
p. 16 
Nous sommes pauvres
près de cette folie qui fait de nous
ces hommes débarquant
au cœur du dernier sursaut
p. 17
avant que nous disions oui
à l’immense
dont chacun de nous porte le mystère
p. 43
F. M., Le don du silence est le diamant du vide, Unicité 2020 
 
Essaie de répondre à la question  
qui suis-je
sans te référer à ton moi
qui se projette constamment dans le futur
François Mocaër, S’abandonner à la plénitude, Accarias l’Originel, 2010
p. 65, rééd. Unicité, Définitions de Dieu/Le chant de l'éveil, 2020 (2ème partie du volume Le don du silence…)
……
Deux volumes, trois recueils (dont une réédition). Le livre de 2020 est suivi de la reprise d’un ouvrage publié en 2010, et qui est tout à fait dans le même esprit. L’un éclaire l’autre. Mais lire l’ouvrage de 2003 fait de l’itinéraire une évidence, tant pour la dimension personnelle des vécus tels qu’ils sont partagés (vécus émotionnels, interrogations métaphysiques, questions éthiques) que pour la démarche d’écriture. Rien d’ancien, qui serait dépassé, dans la publication de 2003. Les textes demeurent, évidemment, avec toute leur force. Mais on suit, en poésie, dix-sept ans de maturation (2003-2020), avec une étape, donc, en 2010. Cela pour les publications. Car la poésie, elle, est présence permanente, et c’est de ce lieu qui demeure qu'elle provient. Peu de livres dans une vie de poète. Et quelques romans, peu nombreux, qui ne sont pas étrangers au domaine poétique. Ainsi À l’aube d’un dimanche raconte l’histoire d’une femme qui fait dire ses poèmes, pour la voix, par un homme qui va découvrir ainsi le pouvoir de la poésie. Le poème est rare quand il est méditation. En 2020 on retrouve des thématiques présentes en 2003, mais avec le détachement de qui a pris la mesure de l’essentiel, sachant lâcher l’inessentiel. 
 
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F Mocaër On écrit.jpgOn écrit avec le corps dès le signe d'un basculement vers la douleur
 
Ce recueil a été publié en 2003. Chez l’éditeur, L’Harmattan, la version papier est épuisée. Mais on peut télécharger la version numérique. Je n’ai découvert ce livre qu’en consultant la liste des publications antérieures de François Mocaër, page Du même auteur, dans le dernier recueil, 2020.  
Déjà, le titre. Il ouvre au questionnement, tant sur l’écriture que sur les conditions de l’écriture, dans les moments divers de nos vies, bascule entre plénitude et souffrance. On ne sait pas de quelle douleur il s’agit. Physique ? Émotionnelle ? Deuils ? Corps source de difficultés ou corps refuge contre les difficultés ? Et c’est bien qu’on ne sache pas. Le titre est fait pour nous offrir de pénétrer dans un univers, son mystère. En comprenant, avant d’ouvrir les pages, que la conscience de ce qu’est écrire sera un enjeu de la lecture.
Puis on a la quatrième de couverture, lisible aussi sur le site de l’édition : 
"La vocation du poète est d’exprimer ce qui est au-delà du sens, c’est-à-dire de notre conditionnement. Le poème convie alors l’être à rentrer dans son intime. Dans ces textes, la folie devient sagesse mais l’inverse est aussi possible. Quête de Dieu ou soumission à la vie dans sa transcendance, l’écriture ose ici un saut dans le vide où l’aventure s’accomplit à travers tous les possibles."
Conception de la poésie qui va avec la rareté, car "exprimer ce qui est au-delà du sens" et sortir pour cela "de notre conditionnement" ce n’est pas une démarche qui ferait noter trop facilement un flux poétique narrant et décrivant les petites choses du quotidien (qui peuvent certes avoir leur charme) et glissant facilement de la main au papier. L’exigence est autre. Oser, est-il écrit, "un saut dans le vide". 
C’est un autre basculement dont il s’agit là. Et ce sont les dédicaces qui donnent une autre clé.
Le livre est dédié à Michel Camus et Swami Prajnanpad. Pour lui, des passeurs, ceux qui "ont ouvert la porte". Pourquoi Michel Camus ? Laissons notre intuition le deviner en consultant, notamment, les titres de la fiche wikipedia (voir liens ci-dessous).
Swami Prajnanpad ? De même, si on ne sait pas qui il est (était) des pages permettent de s’informer. Comme les sites qui lui sont dédiés (liens). Un maître spirituel contemporain, à la sagesse parfois déroutante, qui contredit des croyances, défait des clichés. 
 
Les deux premiers vers peuvent être compris comme prémices du saut dans le vide mentionné. Car y a-t-il plus extrême saut que l’affrontement de la pensée de la mort, de soi, d’autrui ? Non, si c’est cette abrupte évocation. "Tu descends vers le froid / que hante la mort". Et l’aube est alors "clarté écorchée vive". Le deuxième poème situe ce que fait l’écriture de cet affrontement. "Mon langage refait les toiles / d’une araignée crépusculaire". Voyage intérieur dans l’ombre. Mais parallèlement présence de la "lumière", nommée, et de "l’or". La vie est double, et l’écrire, aussi.
Poèmes courts. Strophes brèves. Vers seuls, et distiques ou tercets, fréquents, quelques vers au plus. Des espaces pour le silence, la respiration, et l’arrêt du lecteur sur les mots. Pas de ponctuation.
Poursuite de l’interrogation. Poser le regard sur nos "certitudes" et sur "la mort qui nous ronge". Les poèmes disent souvent "tu", laissant un peu de mystère sur le visage qui est derrière ce tu. On peut interpréter (le lecteur co-crée…) et voir en ce "tu" plusieurs réalités. Quelqu’un, intime parole (c’est plus évident encore dans certains poèmes au cours du recueil, avec des inquiétudes - masculines - au sujet de l’amour et du désir). Soi, car l’écriture installe une distance entre celui qui ressent et celui qui trace. Et une transcendance supposée. Mais les trois peuvent se fondre en Un. Celui qui écrit est Un avec le visage du dialogue, et avec ce qu’il cherche à dévoiler en lui, cette part sacrée qu’un maître (Prajnanpad, par exemple) peut aider à extirper de l’inconscient, et qui rencontre alors le troisième "tu". Oui. "Alors est apparue / une autre essence". Mystère du corps, de tout le corps, "énigme". 
Celui qui plonge dans les différentes énigmes de l’humain est-il irrationnel ("Maintenant une parole irrationnelle / écrase aussi nos rites"), fou, ou passé du côté de la rationalité des anges ? 
"On dit que je suis fou / on dit ça des anges / échappés de nos mystères"
Traverser la "solitude", le "silence". Et découvrir la raison concrète de la matière. "Je ne crois qu’en l’idéologie / de la pierre qui se consume". Est dit un cheminement ouvert ("un rêve est entré en moi") qui élabore un autre rapport au langage. 
"J’accède peu à peu à la vie 
 comme à des mots souterrains
 que je sais pouvoir
 comprendre"
C’est comme un retour. Car "J’ai été très loin / dans mes transfuges". Écrire… Ou faire "de la lumière / des mots un antre sonore". Sont-ils "un seul naufrage", les humains ? Mais Prajnanpad dirait peut-être qu’il n’y a de naufrage qu’illusoire. L’auteur le pressent déjà, qui écrit, page 23… 
 
"Nous signons à perpétuité
 les raisons qui nous enlisent
 dans la douleur
 
 Nous inventons des tragédies
 et des hommes partout se battent
 dans les théâtres"
 
Et…
"Je suis sur un non-retour
 de la tragédie
 
 J’essaie de surprendre 
  la lumière dans chaque acte"
 
(Et plus tard lui aussi dira, page 50 "l’illusion que tous les hommes / sont un seul naufrage" - et je reviens le noter après ma relecture de la page 50...).
Même si des remous demeurent qui secouent la conscience. Vacillement entre "ombre" (même révélée en lumière) et "magnificence" (que pourtant "l’échafaud du regard /ébranle").
 
Peu importe. Car "Je ne suis que gestes fluides / vers la liberté". Et "tout renaît en moi". Acceptation, aussi des paradoxes, de ce partage entre un vertige vers "la mort" et en soi "la joie fulgurante", même si elle est des "nerfs".
 
Peu importe. On sent l’ébauche intérieure (ou plus) d’un savoir de cette possibilité de bascule "hors du temps". Délivrance possible de notre enfermement dans ce temps qui nous englue dans une fausse perception de qui on est. Même si de nouveau ce sont des inquiétudes et des souffrances qui reviennent, ces "dunes de la douleur", cette "discordance avec le réel", ces "larmes brisées", ce "précipice" en soi, le "silence". Matière humaine des doutes alternant avec leur contraire. Oui, "je me contredis"…
 
Pourtant le silence n’est pas que d’angoisse et de solitude. Il est aussi le moment d’une rencontre de ce qui est vaste, positivement vaste.
 
"Ici loin des arbres
 Présence d’une fleur que contemple
 le souffle vivant d’une étoile
 
 Un homme s’agenouille en lui-même
 son cœur bat pour ne pas rompre
 pour vivre de la beauté d’un pétale
 qui au printemps éclatera 
 dans l’acte d’une parole méditative"
 
Promesse. 
"Que mes doigts jaillissent du flot
 et la source pure
 sera infinie"
 
Dernier vers.
"Le sang est prodigieux dans le silence"
 
L’écriture aussi, quand elle choisit d’être rare et de toucher ce silence.
////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
 
F Mocaër Le don.jpgLe don du silence est le diamant du vide
 
La dédicace, cette fois, est offerte "à tous les êtres". Le titre du recueil aide à comprendre dans quel sens. Car il nous invite à entrer dans un itinéraire d’ordre spirituel. Spirituel, le mot n’est peut-être pas tout à fait adéquat, s’il risque de faire croire à un parcours religieux alors que c’est tout à fait autre chose, mais il est juste si on l’utilise en le comprenant comme indication d’une démarche mystique. Et la dédicace dit aussi le désir du partage d’un message qui ne doit pas se confondre avec celui des prophètes des Églises (quelles qu’elles soient). L’idée centrale est simple. Tout humain porte en lui la capacité de trouver ce "diamant du vide", un centre où il rejoint son essence. Et tout humain en a le moyen. Le silence. Se poser, être à l’écoute de ce qui, en soi, est hors du temps, loin des bruits du mental et des agitations sociales. Enfin, la poésie est capable de rejoindre ce silence, de le traduire, si elle sait effacer les mots en trop… Dédicace à tous, car "l’amour est non-peur".
 
La brève préface de Philippe Tancelin est superbe, d’une subtile densité. Tout de suite ce dont il parle, c’est d'un défi. Celui de la poésie quand elle aborde de tels sujets. "Comment sauver quelque respiration, laisser pénétrer la lumière au lieu-dit d’une parole qui si souvent en tisse ses habits de trahison ?" (…) "Pour cela François Mocaër n’appelle pas au poème, il l’offre en méditation (…) sur le long chemin de quête d’un au-delà du sens enfin détaché, libéré du vacarme des nominations qui voudraient le former, le formuler et aussitôt le clore. / Grâce au poème (…)". Et il nomme Maître Eckhart, situant la poésie de François Mocaër dans le même registre de hauteur, mettant une majuscule à Écriture, pour ces poèmes qu’il introduit. Ce texte est d’un lecteur qui est entré dans la compréhension du livre, et de la démarche, de telle manière qu’on sait, le lisant, qu’il parle en familier de "l’informulé des profondeurs" (les derniers mots de sa préface…). Cela donne envie de le relire, lui aussi. je pose donc un lien vers un de ses recueils… Philippe Tancelin, je l’avais découvert à partir de la lecture de sa sœur, Geneviève Clancy, dont j’aime particulièrement un recueil, Aphorismes. J’ajoute donc un lien vers ce livre. Sur le site de l’édition L’Harmattan on trouvera d’autres publications, (d’elle, avec elle, et sur elle).
 
Dès le premier vers du recueil de François Mocaër, distance prise avec le piège (commun à tous) de la souffrance. "Pourquoi toujours sombrer". Pas de point d’interrogation, puisque la ponctuation est absente, mais la question nous est posée, ouvrant l’hypothèse du choix que nous faisons peut-être de sombrer, quand nous entrons en douleur. Dans cette page, ce poème, le regard traverse les écrans des formes, des éléments. L’énigme n’est plus celle d’une sourde inquiétude sur le mystère de nos propres ombres mais plutôt de ce que les yeux perçoivent quand ils savent ne pas être prisonniers des apparences. 
"L’énigmatique océan 
 est une forme pure" 
Le silence, de nouveau. Mais peut-être un autre. Celui qui est vraiment "au-delà du sens", comme le dit Philippe Tancelin dans sa préface. 
Y a-t-il "peur du vide", "du silence", à "conjurer", comme c’est écrit au début de la préface ? Je ne sais pas s’il faut le formuler ainsi, je ne crois pas. C’était présent dans le recueil de 2003 peut-être, c’est différent dans celui-ci. Le silence est accepté comme une dimension de l’être et du monde. ("Le silence est aussi / en dehors de l’homme"). Et il nous délivre de l’excès mental, de l’agitation conceptuelle, des limites du temps. 
"Parce que sans le silence
 nous ne serions
 que des érudits contradictoires"
 
Si la perception du temps est autre on peut aborder "l’instant pur". Détachement fait d’acceptation de ce qui est. Cela passe aussi par l’écriture, si elle se libère d’une dépendance "des formes", si le poème "cherche la vérité / au-delà des formes", pour donner sens. Alors cela équivaut à cette prise de distance avec ce qu’on apprend et désapprend de soi. 
"Alors que c’est soi-même 
 qu’il faut comprendre
 avant que tout ne s’achève".
Et ce n’est pas pour se complaire dans une attention à soi, mais au contraire pour lâcher ce qui encombre.
 
Océan, poussière, étoiles, dans tout "il y a le monde". Et "la beauté", aussi, dans tout. Dans le vivant, humain ("une bouche"), ou animal ("l’oiseau").
Alors le silence signifie ce que cette perception révèle, "ce deuxième silence / qui est l’œil de

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01/05/2021 | Lien permanent

Camus et le FLN, essai de Tarik Djerroud. Publication en France et en Algérie

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Pour commencer, l'incipit (qui me servira d'exergue). La première phrase de l'introduction (quatre pages, qui mériteraient un tiré à part ) : Sous la voûte céleste, sur la terre des hommes et des femmes, chaque siècle déverse son lot de frayeurs, rendant la condition humaine souvent tragique.

Sujet brûlant, s’il en est… Et traité avec la justesse de ton qu’il fallait. Livre important, la position d’Albert Camus étant souvent mal comprise car mal connue. Or l’essai se base sur des documents et informe.

Déjà, les trois exergues sont un programme : choix de lucidité, refus des pièges idéologiques, goût du débat. (Georges Clémenceau, sur le mensonge. Malek Haddad, pour la difficulté de vivre l’Histoire et de l’étudier en même temps. Dudley Field Malone, et l’utilité du débat contradictoire…)

Puis l’introduction. Quatre pages (pp. 9-12) qui définissent l’intention de déconstruire les manipulations de ceux qui utilisent l’Histoire pour leurs stratégies et non pour rechercher la vérité des faits.  Donc expurger la démesure, cette fille de la peur, de l’ignorance et de la haine ou du calcul intéressé ! Et commencer par des questions : Mais de prime abord, qui était vraiment Camus, enfant de la terre algérienne ? Qui était vraiment le FLN ? La méthode est exposée, en quatre points : approche mémorielle, puis choix d’un angle analytique contradictoire et rejet des lectures dogmatiques, et enfin volonté d’évacuer tout tribunal sacralisant ou manichéisme infantilisant. Pour saisir les vérités des uns et des autres.

Démarche qui suivra la chronologie de l’Histoire. Du Centenaire de 1930 (avec ses paradoxes), vécu si différemment par les uns ou les autres, jusqu’à la mort de Camus en janvier 1960, puis l’indépendance de 1962 et les suites (autre pouvoir, autres tensions).

Constat : l’eau tiède de l’histoire laissait flotter à sa surface un Camus pluriel et un FLN multiple.

 

Et en conclusion de ces quatre pages : En fait, la recherche d’une sagesse, par temps de paix comme par temps de guerre, est la plus belle ambition de cet ouvrage.

 

En fin de note, lien vers la page des Éditions Erick Bonnier. Et trois notes de lecture de cet essai (citations et liens) : page du site Mare Nostrum (par Robert Mazziotta), chronique du journal Le Matin d'Algérie (par Kamal Guerroua), note de blog de Jean-Pierre Ryf (le créateur et administrateur principal du groupe Facebook Les Amis d'Albert Camus - fréquenté sur les deux rives).

Lisant, on voit que l’auteur allie littérature et Histoire, sans sacrifier l’une ou l’autre, sans que la seconde trahisse la première. Les citations d’Albert Camus sont très nombreuses. C’est un authentique lecteur de Camus qui écrit.

Son parcours de la biographie de Camus est un fil qui guide la compréhension : les origines, la misère, les épreuves (dont la tuberculose) ou obstacles, les bonheurs aussi. La rencontre d’Edmond Charlot est mentionnée, l’importance de cet éditeur dans le parcours d‘Albert Camus. Mais aussi les voyages, et l’Italie.

On constate, à relire bien des textes de Camus journaliste (et beaucoup cités dans cet ouvrage), à quel point il fut proche de la pensée de certains courants nationalistes, ces militants du début, qui espéraient une République algérienne libérée du statut colonial mais pouvant s’allier avec une France qui saurait la respecter en tant que telle. On lit aussi que certains auraient cherché (comme Camus) à inventer des formules permettant de définir une algérianité n’excluant personne, dans une société qu’ils désiraient démocratique. Idéal pluriel et fraternel que d’autres combattraient en définissant la nationalité à venir à partir de visions ethniques et en faisant de l’appartenance religieuse un critère d’identité nationale. Deux options adverses. On sait que Camus ne pouvait adhérer à cette seconde option, et que, de plus en plus, il eut la prescience de ce que serait le courant dominant (qui élimina effectivement ses adversaires, par l’assassinat ou l’exil). Et il ne le pouvait, alors qu’il dénonçait fortement les injustices d’un système bloqué dans son aveuglement. (Il le faisait plus qu’on ne l’a dit souvent, ne connaissant pas tous ses textes). Camus n’écrivit pas seulement dans Alger républicain, en Algérie, mais aussi dans des journaux de militants créés par ceux dont les positions seraient de plus en plus indépendantistes : il écrivit notamment dans L’Entente de Ferhat Abbas). Tant que l’indépendance était un rêve qui pouvait être pluriel Camus pouvait suivre. Si elle devenait ce qui faisait de lui et de sa communauté des étrangers, il ne le pouvait plus. Et la situation évoluant vers la guerre (avec toutes ses violences réciproques, dont celles de l’armée française), l’utilisation du terrorisme contre les civils fut le mur infranchissable.

Beaucoup de noms sont mentionnés, dans tout ce parcours, comme ceux de Messali Hadj ou Aziz Kessous.

Les rapports de Camus avec le PCA (sous l’influence du PCF) sont étudiés de près. Car si Camus y adhéra par souci de justice sociale il finit par en être exclu, pour avoir souhaité que le PC prenne la défense des militants anticolonialistes qui avaient des ennuis avec l’administration française ou étaient emprisonnés. Camus défendit cette position, ne put convaincre, et dut partir. (Cependant il commençait déjà à mesurer les divergences idéologiques et aurait sans doute fini par rompre). Lire les pages 72-74 qui exposent cela, et les pages 75-78 qui prolongent cette thématique en étudiant la question des rapports de Camus avec le nationalisme algérien, car c’est lié. Il est rappelé son article d’Alger républicain titré Il faut libérer les détenus politiques indigènes (mention page 74). Et de nouveau, même sujet dans la revue Méditerranée-Afrique du Nord (voir page 75). Plus loin, évocation, pages 113-114, du dossier Crise en Algérie, qui prolonge les constats de Misère de la Kabylie en les actualisant. 

Autre sujet, le reportage fait en Kabylie, alors que Camus est un très jeune journaliste, et qui, publié dans Alger républicain donnera la série Misère de la Kabylie. C’est traité dans un chapitre qui commence page 79, mais qui a un titre contestable (L’inquiétude du conquérant). J’y vois (et dans la suite conforme au titre) une interprétation discutable. Car si les pages qui suivent disent bien à quel point Camus est scandalisé par les constats qu’il fait, et comme il voudrait faire changer la situation, il y a cette idée que Camus veut ainsi préserver la présence française. C’est en contradiction avec d’autres passages du livre qui montrent, eux, sa dénonciation du système. Camus, né par hasard en Algérie, déjà colonisée, n’est en rien un conquérant, pas plus que sa mère espagnole miséreuse. Et cela ne correspond en rien à son éthique.  Le chapitre veut signifier aussi que le message de Camus se heurte à des limites dans sa prise de conscience : Camus ne faisait guère allusion au lien entre colonialisme et misère sociale (p. 84). Car ce n’était pas l’objet de son reportage, qui était de révéler une situation concrète. Les critiques il les faisait et les fera dans d’autres textes.

Les attentats du FLN ne sont pas oubliés (pas tous, le massacre d’El Halia est rappelé, mais certains le sont, comme, il me semble, le massacre du 5 juillet 1962 à Oran : de ceux qui, justement, pensaient plutôt rester). Et certains assassinats, comme celui de Cheikh Raymond (dont le meurtre fut justifié par des rumeurs diffamantes) : assassinat qui est comme le triste miroir (en infamie) de l’assassinat de Mouloud Feraoun par l’OAS. Faits (cet assassinat de Raymond et le 5 juillet 62) qui firent partir beaucoup de gens. Les crimes des ultras aussi sont mentionnés. Et de l’OAS (apparu tardivement, influence métropolitaine, car création métropolitaine - violence criminelle… extrême droite et haine, mais aussi réaction à la peur). La bombe du Milk bar, en septembre 1956, qui fit des morts et des blessés (dont des enfants amputés) est évoquée, comme attentat FLN. Et en note l’auteur mentionne le livre de Danielle Michel-Chich, victime à cinq ans, Lettre à Zohra D.

J’ajoute qu’elle avait  interpellé la poseuse de bombe (présente alors à Marseille, conférence, et que celle-ci n’avait pas daigné répondre : violence supplémentaire). Danielle Michel-Chich a refusé la haine, et c’est ce qu’elle a rappelé dans une lettre aux victimes de l’attentat du Bataclan, leur disant de ne surtout pas être dans la haine, que cela les détruirait. Une autre victime de ce même attentat enfant, Nicole Guiraud, artiste plasticienne, a fait le même parcours de refus de la haine. Engagée à la fois contre le terrorisme et pour le dialogue fraternel elle fit réaliser par son galeriste, Peter Herrmann, en Allemagne où elle vivait, une exposition titrée Alger, Oran, Constantine, avec deux artistes algériennes, chacune représentant sa ville natale, Alger pour Nicole Guiraud. Et elle aussi a témoigné.

Comme ces enfants pieds-noirs, des enfants dits alors indigènes, en distinction d’origine, furent victimes.  Comme ce fut le cas (rappel fait dans le livre) en août 1956, bombe à la Casbah, rue de Thèbes. (L’attentat de la rue de Thèbes est un des exemples du terrorisme des ultras dans l’ouvrage). Là ce sont les ultras de l’ORAF qui sont les poseurs de bombes : mort de dizaines de civils dont des enfants comme  Yacef Omar, 13 ans (mentionné page 231)... Et en quelque sorte co-responsables de l’attentat du Milk Bar, la terreur engendrant la terreur. Alger dans les deux cas. Chaîne de violence, les groupes de l’ORAF étaient censés réagir aux massacres de 1955 dans la région de Constantine (avec des motivations politiques et des alliances de cet ordre : gaullistes et armée française).

Des deux côtés il y a des héritages pervers (Algérie, et France). Algérie, ce questionnement sous-tend le livre, pour ce qui concerne les choix politiques et les questions idéologiques.

Héritages… Je fais un double constat pour ma part.

Le terrorisme du FLN combattant pour l’indépendance (et le courant dominant pour le pouvoir…) a produit des « héros » qui ont peut-être légitimé par avance la masse des crimes atroces de la décennie noire (d’autant plus que la religion avait été associée par le FLN, et déjà l’option politique radicale - ce qui a été encore accentué par les islamistes des années 90).

En France les nostalgiques de l’OAS et du statut antérieur de l’Algérie nourrissent une idéologie extrémiste qui peut rejoindre des options fascisantes. Et ils renforcent des opinions partisanes extrêmes. Mais dans la population des Pieds-Noirs exilés ils sont plutôt minoritaires (plus bruyants cependants).

Cependant un chapitre est particulièrement important, concernant les rapports de Camus avec le FLN (contre le FLN pour certains aspects, avec s’il s’agit de dialogue pour arrêter la violence des uns et des autres). C’est celui qui est titré Le rêve d’une trêve (pages 165-189), qui expose les tentatives de Camus pour rendre possible une trêve. Rencontres, écrits, conférence. ET réactions (Camus menacé de mort par l’extrême droite).

Les autres engagements de Camus sont mentionnés. Camus contre l’utilisation de la bombe atomique, sa réaction au sujet des bombardements sur des villes japonaises, Hiroshima et Nagasaki (voir pages 207-208). Contre la torture (page 213). Contre la peine de mort (pages 219-221). Et, évidemment, contre le terrorisme visant des civils, ce qui fut un des désaccords majeurs avec les méthodes du FLN. Cela est évoqué à plusieurs reprises. (À ce propos il est important de se souvenir que son aversion pour le terrorisme n’a pas empêché Camus, cohérent avec lui-même, d’intervenir pour éviter l’exécution de militants du FLN – puisque la peine de mort n’était pas encore abolie en France : il le faisait discrètement, mais le révéla lors de l’altercation avec un étudiant à Stockholm, pour montrer à quel point les attaques étaient injustes).

Les engagements de Camus pour des causes judiciaires sont rappelés.

Je vois page 284 la mention de l’angoisse de Camus au sujet de l’indépendance. Ce n’est pas tant l’indépendance qui causait son inquiétude, c’est ce qu’il pressentait qu’elle serait, sachant quel courant du FLN dominerait, annonçant dogmatisme ethnique et vision totalitaire. Quant à ce qui est perçu comme une impossibilité de savoir comment faire cesser la colonisation, je ne trouve pas cela très juste, Camus ayant tenté de faire comprendre en quoi il dénonçait le système : il espérait dans la raison, et ce n’est pas sa faute s’il ne fut pas entendu, et si le pouvoir français fut aveugle, lui (pas Camus).  Et ce n’est pas non plus sa faute si le courant du FLN qui dominerait (comme il le pressentait) était ce qu’il était.

L’auteur ne sépare pas Camus journaliste du Camus écrivain. Ainsi sont cités des passages de Noces, des Carnets, du Premier homme, des divers essais, de pièces de théâtre, etc.

L’attention au choix des mots par Camus journaliste est décryptée. Comme l’utilisation, deux fois, du « si » dans un article d’Alger républicain, et du conditionnel. Cela, explique l’auteur, ne peut être interprété que comme distance prise, dénonciation de la colonisation en tant que telle. (Lire cette analyse fouillée pages 92-94, prolongée page 95.).   

La phrase de Camus sur le terrorisme (prononcée lors d’une conférence à Stockholm) est notée exactement page 237. Ce qui répond aux reprises erronées servant des procès répétés et infondés de détracteurs qui rejettent Camus, ses positions, ses écrits. Mais, page 241, après avoir mentionné une lettre de Camus qui ne contredit pas la pensée de la phrase en question mais affirme toujours le refus du terrorisme, l’auteur met en italique la pensée résumée (donc tronquée) en la trouvant provocante. Ce n’est pas écrit par Camus, donc l’italique est inadéquat, là, et qualifier cette phrase (ce résumé) de pour le moins provocatrice sinon maladroite… n’a pas de sens : ce n’est pas ce qu’a écrit Camus. Ni dit ni écrit. On ne peut attribuer de maladresse ou provocation à un auteur pour une phrase qui n’est pas de lui.

Ceci annule la mention correcte de la page 237. Un lecteur qui connaît peu Camus pourra reprendre les stéréotypes et les lectures dogmatiques suspicieuses que l’introduction promettait de dynamiter (p. 11). Ce qui a pourtant été fait dans pas mal de pages, dans ce livre. Mais pas là.

Enfin, une phrase m’a choquée, page 280, à propos d’une anecdote troublante, la prédiction que fit en 1942 Max Jacob à Camus d’une mort tragique. Il est noté ceci : un astrologue, Max Jacob, poète à ses heures. Quelle idée !!! C’est justement le contraire. Poète s’intéressant aussi à l’astrologie. Et pas n’importe quel poète. Un grand, celui que l’immense auteur Edmond Jabès admire (Max Jacob correspondit avec Jabès, qui, jeune alors, attendait de lui des conseils, qu’il reçut).

Ceci dit, les quelques désaccords sur des points particuliers ne changent rien au bilan de lecture. Livre important, nécessaire. À lire et faire rire.

À la fin du livre il y a une riche bibliographie, dont on retrouve des titres dans les notes de bas de pages. (On est gêné cependant par l’ordre alphabétique qui se fait par les prénoms (pas par les noms), ce qui rend la recherche des références plus difficile. Mais j’ai apprécié que les références ne se limitent pas aux textes et livres sur Camus (abondantes bien sûr) mais que soient indiqués aussi des ouvrages qui concernent l’Histoire de l’Algérie, la guerre, les tragédies des terrorismes, les conflits entre courants idéologiques et politiques, des témoignages. 

Pourtant je formule deux regrets.

Les livres d’Albert Camus mentionnent les éditions auxquelles l’auteur se réfère pour ses citations, ce qui est effectivement nécessaire. Mais les dates des publications originelles ne sont pas indiquées, sauf certaines. Or, même si dans l’essai la chronologie des écrits se replace dans la biographie de Camus, il est important de la rendre visible sur cette page qui est une photographie de l’œuvre, en quelque sorte. (Pour les lecteurs qui connaissent moins Camus, et les lycéens ou étudiants). Les Carnets, par exemple, mentionnent dans le titre complet, les dates des fragments pour chaque tome, ce n’est pas repris. Et si on peut lire Le Mythe de Sisyphe dans une édition de 2013, ce n’est pas la date de la publication pendant la vie de Camus.

L’autre regret est l’absence de certains livres qui apporteraient des informations complétant ou contredisant celles de certains titres qui ont servi de référence pour des sujets où d’autres regards auraient été plus que nécessaires.

Ainsi, au sujet des Pieds-Noirs restés en Algérie, la référence Pierre Daum n’est pas la plus adéquate (et de loin). Car son livre est purement idéologique, occultant ce qui dérange son point de vue. Il n’a pas rencontré ceux qui, vivant en Algérie, avaient à dire ce qui ne correspondait pas à sa vision dogmatique (volonté de démonstration et de culpabilisation des Pieds-Noirs partis, dans le refus de reconnaître les raisons légitimes).

Bien plus juste, le témoignage de Dominique Cabrera, elle qui est retournée en Algérie pour rencontrer les Pieds-Noirs qui y vivaient encore et qui a élaboré son documentaire sans présupposés, dans l'écoute des paroles. Sa perception n’est pas celle de Daum. (Daum dont j’ai pu constater - lors d’une conférence, qu’il refusait même de l’entendre. Conférence où j’avais été très choquée par le rôle d’un dessinateur, ami de Daum, qui, pendant que celui-ci parlait, projetait des dessins qui se voulaient humoristiques, dignes des caricatures des nazis : j’avais envoyé alors à Daum une lettre ouverte, sans réponse évidemment).

Dominique Cabrera a publié Rester là-bas (éds du Félin, 1992) et a réalisé le film éponyme : https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/38...

Sur ce même sujet, Jean Pélégri, l’auteur des Oliviers de la Justice (livre, 1959, et film, réalisé avec James Blue en 1962), a témoigné, dans un très beau livre, de ce qui le faisait souffrir, dans les suites de 1962, où il avait pu constater qu’il n’avait pas réellement sa place en Algérie (Ma mère l’Algérie, Laphomic, Algérie, 1989, puis Actes Sud 1990, rééd. 2003). Lire les pages 76 à 83 (sur les promesses trahies), pages qui suivent un autre constat, celui de l’ostracisme métropolitain.

Et puisque Jean Sénac est donné comme e

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19/02/2023 | Lien permanent

Présidentielle 2022 (état des lieux...). Mise à jour, 07-04-22

PRÉS. Courrier int.jpgLe contexte de cette présidentielle est triple.

Sortie d'une crise sanitaire, la pandémie, et ses effets économiques et sociaux.

Présence accentuée de l'extrême droite, associée souvent aux courants complotistes (antivax et complotistes niant même la réalité de la pandémie...)

Guerre provoquée par l'agression de l'Ukraine par le dictateur Poutine (qui veut recréer la grande Russie), guerre qui force le président à un engagement total sur la scène internationale, dans son double rôle de président du pays et de l'Europe. Et guerre dont la barbarie a tant choqué les Français que des poutiniens longtemps fascinés par le dictateur du Kremlin tentent de masquer leurs positions antérieures. Ainsi, j'ai entendu (le 06-04-22) M. Le Pen du FN/RN (car ne pas oublier les racines de ce parti, ne pas tomber dans les pièges des masques...) dire qu'il fallait rappeler l'ambassadeur de France en Russie, être "fermes" (!). Elle qui avait été financée par une banque russe, forcément avec l'aval de Poutine (rien ne se fait en Russie sans cela), qui fut reçue par Poutine, soutenue par la propagande russe (RT, Sputnik, trolls russes, etc.) en 2017... et qui accumula les déclarations de sympathie pour le système autoritaire de Poutine. Elle qui au début de la guerre fut très tiède et lente à réagir... L'Ukraine défend la démocratie contre le totalitarisme. Et le programme du RN prévoit de détruire la démocratie. Comme celui de Zemmour, les extrêmes droites nationalistes visent un totalitarisme.

Présidentielle... Que faire contre l'extrême droite...? 

Comment réagir aux propagandes de l'extrême droite en temps de présidentielle ? Et ne pas lui laisser le traitement des sujets régaliens et la lutte idéologique contre l'islamisme. Alors que des idéologues confus ou complaisants (notamment à l'extrême gauche) veulent faire croire que poser certaines questions ou aborder certains problèmes "fait le jeu de l'extrême droite".

Mais l'autre danger (et les autres masques) sont à l'extrême gauche. Mélenchon et son vote "utile" qui prend au piège des gens qui acceptent d'être aveuglés. Lui qui veut cacher sa complaisance (affinité même) au sujet de Poutine (mais qui a quand même dit qu'élu il refuserait de livrer des armes à l'Ukraine...). Lui qui trouvait bien ce que faisait Poutine en Syrie, reprenant son narratif (pendant que Poutine bombardait Alep et que ses mercenaires torturaient autant d'opposants à Assad que de terroristes ou supposés tels). Mélenchon et son indulgence pour divers dictateurs. Lui qui ne vota pas la résolution parlementaire condamnant les persécutions du PCC contre les Ouïghours. (Manifestation avec les islamistes du CCIF en France, entre autres engagements similaires, et indifférence aux souffrances de musulmans en Chine - pas électeurs en France, eux...). Mélenchon nie avoir dit ce qu'il a pu déclarer sur Poutine. Mais les traces sont là. Voir, plus bas, la vidéo qui fait un montage de ses paroles et négations. Mélenchon par lui-même. À part ça, programme économique digne du Venezuela... 

 

Que penser ? Que faire ?

Sophia Aram, excellente, aborde un questionnement particulièrement d'actualité... quand l'extrême droite (au pluriel - le pluriel signifiant ici deux et demi...) se veut présidentiable. Et que d'autres, avec la même ambition, lui laissent des questionnements qui la légitiment. Idéologie woke et extrême gauche complaisante, d'un côté, contre dérives aux marges fascisantes, de l'autre. 

Non, démontre-t-elle, défendre la démocratie ce n'est certainement pas en attaquant le seul candidat de gauche (Fabien Roussel) qui ait affirmé clairement sa solidarité avec une journaliste menacée de mort (ainsi qu'un jeune témoin), sous prétexte qu'en plus il ose rendre hommage à Charb et... aimer le fromage ! (Même si, fromage mis à part, on peut - il faut - garder son esprit critique, pour certains points mineurs et majeurs... mais saluer ce qui est respectable, et qui est respectable..)... Seul candidat vraiment de gauche qui ne soit pas dans la course à une conformité factice (et idéologiquement vide ou toxique). Seul candidat de gauche ayant nommé le terrorisme "islamiste" en s'exprimant au sujet des assassinats antisémites de Toulouse en 2012. Dommage pour l'héritage matriciel du PCF qui laisse des traces dans le parti, et encore chez lui (regard positif sur Castro, critique très limitée, regard mitigé sur Staline - comme on l'a vu dans une émission devant une classe - hésitant où classer Staline - camarade ou pas - et le laissant entre deux, les enfants ayant dit qu'ils le voyaient plutôt comme un criminel...) . Ceci dit, ce parti dans les cités c'était plutôt un 'plus', et il serait souhaitable que des députés PC parlent du social plutôt que les charlatans LFI. Sa campagne présidentielle pourrait aider dans ce sens.. pour plus tard. Sans risque de pouvoir PC national...  (Car cela, c'est voué à dérive...). Mais lui aussi ne fournirait pas d'armes à l'Ukraine. Pacifisme erroné qui tue la paix et laisse tuer des civils par des envahisseurs.

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Billet de Sophia Aram, lien. "Faire le jeu de l'extrême droite ?"... https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-sophia-aram/le-billet-de-sophia-aram-du-lundi-31-janvier-2022

Justement, la démocratie... C'est le sujet d'un passionnant entretien du Monde des Livres, daté 4 février (malheureusement pas lisible intégralement en ligne, mais on peut trouver des informations sur l'auteur et le livre). Avec Jan-Werner Müller, universitaire allemand qui enseigne au New Jersey (théorie politique et histoire des idées). Il publie un essai intitulé Liberté, égalité, incertitude. Lecteur du philosophe Claude Lefort, il étudie la crise de la démocratie. L'incertitude étant pour lui non à évacuer mais à renforcer. Alors que les courants populistes se veulent légitimes (avec leurs certitudes...). Le titre de l'article est la citation d'une de ses réponses. ("Le vide politique laisse un espace béant pour l'extrême droite"). Il évoque l'éthique et les fausses analyses au sujet de choix de "ligne dure en matière d'immigration" (Danemark, mais on peut penser à certains partis en France...). Et il rappelle une leçon de l'Histoire : "Il est parfois nécessaire pour la démocratie de se défendre contre ses ennemis."  Ainsi apprécie-t-il que certaines lois françaises marquent "des limites à ne pas franchir".

La question de la démocratie, c'est l'essentiel qui est en jeu...

Et j'ajoute que l'actualité (Ukraine) en fait une démonstration...

L'article du Monde... ENTRETIEN...  https://www.lemonde.fr/livres/article/2022/02/03/jan-werner-muller-auteur-de-liberte-egalite-incertitude-le-vide-politique-laisse-un-espace-beant-pour-l-extreme-droite_6112234_3260.html

Humour de Sophia Aram, visant les complaisances antilaïques de certains idéologues ou militants islamisto-compatibles...

Questionnement rigoureux d'un penseur de la démocratie.

Tout se rejoint. Et, pour nous, grand écart mental entre des RISQUES parallèles qui se nourrissent réciproquement et qu'il nous faut évaluer et dénoncer... Extrême droite, donc, islamisme (celui dont on voit les effets dans les théocraties : Arabie saoudite, Iran, Afghanistan etc.), et totalitarisme qui guette (et sait agresser !), celui des dictatures "communistes" (Russie, Chine, etc.) avec lesquelles toute complaisance est criminelle.

Et... Un certain effet retour de la guerre s'est fait sentir (peu durablement) sur les candidats qui faisaient l'éloge de Poutine (Zemmour et Le Pen à l'extrême droite et LFI à l'extrême gauche). Le Pen, malgré ses compromissions dans ce sens, a su masquer... Et les effets ne se sentent plus trop dans les intentions de vote, sauf pour un qui est allé assez loin dans l'abject au sujet des réfugiés, Zemmour.

L'effet devrait atteindre l'extrême gauche Mélenchon, au lieu de le laisser se poser en "vote utile", si ses électeurs éventuels réfléchissaient au sens de ses positions et de ce que cela dit contre la démocratie. Pour notre choix de vote, la manière dont les candidats considèrent le dictateur Poutine et refusent ou adoptent sa propagande doit être un critère. Les poutiniens sont un danger pour la démocratie. Tous. 

Sur les deux d'extrême droite... Opinion internationale,  26-02-22, édito de Michel Taube...https://www.opinion-internationale.com/2022/02/26/linvasion-de-lukraine-un-mauvais-coup-pour-zemmour-et-le-pen-ledito-de-michel-taube_105140.html

Voici aussi une analyse assez juste de Patrick Pilcer,  avec humour en plus, sur les errements des trois candidats extrémistes suivistes de Poutine... Opinion internationale, 24-02-22... https://www.opinion- internationale.com/2022/02/24/ et-dire-quil-y-a-encore- quelques-heures-melenchon- zemmour-et-le-pen-soutenaient- poutine-et-pestaient-contre- les-etats-unis-et-lotan_ 105082.html

 

Et Mélenchon par lui-même,  sur Poutine... cela suffit pour savoir... https://m.youtube.com/watch?v=qGLtvVN4OEk

LES CANDIDATS...

Le Figaro, 08-03-22... https://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/presidentielle-2022-la-liste-des-pretendants-pour-la-course-a-l-elysee-20211004

Comparateur de programmes... https://comparateur-programmes.lefigaro.fr/

PRÉS Le Temps.jpgLa guerre en Ukraine a forcé Emmanuel Macron à ne pas entrer dans la campagne aux dates prévues. Marianne, 25-02-22...

(Et j'ajoute qu'il a choisi de limiter sa campagne, d'une part, très pris par d'autres enjeux, guerre, et qu'il ne débattra pas au premier tour avec les autres candidats, ce que je trouve plutôt normal - répondre en 5 minutes aux critiques d'une dizaine d'opposants, dont certains de très mauvaise foi.... De toute façon les débats ont lieu indirectement et le contexte nous fait réagir autrement)... Marianne... https://www.marianne.net/politique/lrem/presidentielle-2022-la-candidature-de-macron-bousculee-par-poutine

Soutiens du président candidat... 

Divers, comme une volonté d'union nationale autour d'un centre alliant des élus de droite et gauche centristes, et centre  réel, dans un contexte difficile...

Des exemples, parmi bien d'autres...

Ainsi, Chevènement...https://www.lefigaro.fr/politique/presidentielle-jean-pierre-chevenement-soutient-macron-20220226

Édouard Philippe, ex-premier ministre, qui défend le bilan, ajoutant que c'est en partie le sien, qu'il assume. Pas parfait, dit-il, car rien ne l'est.

François Rebsamen, ex-ministre PS... Qui dit que Macron a l'envergure nécessaire... https://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/presidentielle-2022-l-ex-ministre-ps-francois-rebsamen-votera-pour-macron-20220305

À gauche, le Printemps républicain a décidé de soutenir Emmanuel Macron. (C'est un mouvement issu de la gauche PS dont il s'est écarté du fait des complaisances antilaïques de ce parti souvent allié aux Verts dans certaines municipalités...). Ils militent pour la défense de la laïcité et luttent donc contre l'islamisme. Soutien pour ce qui a déjà été fait, le président candidat ayant évolué sur ces questions depuis 2017. Et même s'ils mesurent que les prises de conscience doivent encore être renforcées.

Très laïque, aussi, Manuel Valls le soutient aussi. Mesurant de même le bilan (loi sur le séparatisme, décisions fermes).

Et (autre tendance...) Renaud Muselier... https://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/presidentielle-2022-renaud-muselier-annonce-son-soutien-a-emmanuel-macron-20220226

PRÉS Le Figaro.jpgLes opposants. Un point de vue. "Nuls"  dit Marianne, 27-02-22, journal qui pourtant aime bien jouer l'opposition radicale... (Nuls, les opposants ? Avis que beaucoup partagent)... Nuls, ou pas, il est un critère qu'il ne faudrait pas oublier. Celui qui concerne la laïcité (pas la fausse des Zemmour et Le Pen) et la lutte contre l'islamisme (mais pas contre les musulmans, nuance). Donc déjà deux de supprimés (plus ceux qui leur ressemblent, et peut-être un souffleur ailleurs, deux et demi). Et encore un, qui se rêve vote utile. Le LFI islamisto-compatible, qui a manifesté avec le CCIF et eut bien des positions ou postures dans le prolongement de ce choix. Mais les Verts ce n'est pas mieux, avec leur idéal de hijabeuses qui se croient féministes. Même si Jadot semble se détacher des excès du parti. Et sur un sujet qui doit être aussi un critère il est plutôt au-dessus du lot : la manière de réagir à l'agression de l'Ukraine par Poutine - comme à l'ensemble de ses exactions, Syrie notamment, mais aussi Crimée.

'Nuls' ou pas 'nuls'... ? Certains, vraiment, nuls... ils le sont : on voit vite qui. Mais d'autres non, même si on formule des critiques...  https://www.marianne.net/politique/macron/pecresse-hidalgo-jadot-pas-que-macron-soit-genial-mais-ses-opposants-sont-nuls

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MISE À JOUR, 30-03-22... Des précisions, des appels, des nuances

Patrimoine des candidats... https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/03/10/p...

Candidats extrémistes et antivax... https://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/presid...

UOSSM (Raphaël Pitti). Appel aux candidats au sujet de la Syrie et de l’Ukraine, une tragédie (Syrie) annonçant l’autre… https://www.uossm.fr/ukraine_syrie_reminiscence_d_une_tra...

Crack. Lettre de collectifs parisiens aux candidats... https://www.lefigaro.fr/actualite-france/crack-la-lettre-...

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09/03/2022 | Lien permanent

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