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Et le pataouète… ??? (Journée des langues, suite…). Pages, sites, livres, auteurs… pataouètes. Plus... commentaire pers

Brua.jpgLanly-Andre-Le-Francais-D-afrique-Du-Nord-A LANLY.jpgMazzella.jpgTrésors des racines pataouètes.jpgRabia.jpg

Le 26 au matin, écoutant France-Info, j’apprends que cette date est celle d’une journée européenne des langues, et il est précisé que le but est de valoriser le patrimoine linguistique en tenant compte des langues régionales et des langues des flux migratoires (ce qui est fort bien, si les discours des gouvernants correspondent ensuite aux choix…). On parle aussi de la langue des signes : langue, réellement, et qu’une communauté partage (oui, et elle devrait être enseignée bien plus : voilà l’esperanto auquel on pourrait croire). Mais je pense immédiatement à une autre langue, création collective du métissage linguistique populaire, inventivité mêlant  des idiomes méditerranéens et réussissant à faire entrer l’image et le geste dans le mot. Langue qu’une communauté, aussi, partage, totalement ou par bribes, viscéralement, et notamment pour l’expression des émotions – et quand elle n’est pas « parlée » vraiment, elle est présente souterrainement dans l’inconscient du quotidien linguistique, comme un code, une complicité des affects. Elle demeure dans la mémoire dispersée des mots qui nous reviennent d’instinct, et nous font reprendre l’accent, là où l’arabe, l’espagnol, le maltais, l’italien, se mêlent dans la gorge au français. Elle fait rechercher les textes des chroniques de Jean Brua, les dictionnaires et glossaires, les anthologies, les sites, les livres des auteurs phares du parler pied-noir, littérature dans la littérature. Elle s’écoute en miroir dans le langage des jeunes des quartiers populaires ou des banlieues (délice de voir que quelque chose de familier perdure quand même dans la langue qui s’invente elle-même quand des origines se mêlent) et chez des humoristes ou des acteurs dans des films créés par des descendants d’Algériens ou Maghrébins, ici, ou des films venus d’Algérie, notamment, pour l’écho des langues et la façon dont les gestes appuient les sonorités (et l’emploi d’expressions issues du pataouète, qui semble avoir trouvé ses héritiers sur les deux rives). Mais je me dis que, certainement, rien n’aura évoqué cette langue pataouète dans les diverses activités proposées pour ce jour. Car qui penserait que cette langue est une part légitime d’un patrimoine à préserver ? Langue entre deux rives ? Perdue dans les eaux de l’oubli ? Cela a un goût de mort. Négation d’une culture. Négation d’une communauté?


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Pourtant cette langue est celle qui montrerait le mieux ce qu’est la richesse du plurilinguisme, des cultures qui se croisent, s’entremêlent : elle est ouverte, traversée, produite par les flux migratoires qui ont abouti des rives étrangères de la Méditerranée à la terre algérienne. Ce sont ces immigrés des temps passés qui ont inventé ce langage, en frottant leurs langues à l’arabe et au français, pendant que, lentement ils devenaient des Pieds-Noirs… (Ceux que l’officielle Histoire confond avec l’Etat français : l’un colonisait, les autres traversaient des frontières pour survivre, puis devenaient Français). Mais il y aura au moins une référence pataouète dans ce concert d’hommages aux langues : ma petite note…  ma résistance. Même si je sais bien qu’il n’y a pas de malveillance volontaire dans cette absence, juste un signe, triste.

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Pages, définitions, titres, et CITATIONS :

Pataouète et sabir, librairie-pied-noir.com http://www.librairie-pied-noir.com/content/9-pataouete : Citation (la conclusion de la page) : « Avec le temps, pataouète et sabir se seraient sans doute encore rapprochés pour finir par ne plus faire qu’une seule langue dont la formation aurait certaine­ment été accélérée par la mobilité croissante des per­sonnes et le développement des moyens de commu­ni­cation qui ont marqué la fin du XXe siècle./ Le sabir a, lui aussi, plus modestement toutefois, connu les honneurs de la scène et de la radio avec Ben Ali et ses parodies de fables de La Fontaine ou ses Aventures de Djilalli./ Curieusement, le sabir trouve aujourd’hui une sorte de renaissance dans le parler des « jeunes des ban­lieues » que font connaître des artistes comme Smaïn, Jamel Debbouze ou Gad Elmaleh et l’on peut même se demander dans quelle mesure le langage métropolitain n’est pas en train de se « sabiriser » tant évoluent, sous l’effet de la mode, l’accent et le langage de nombreux jeunes français de tous horizons régionaux et sociaux ! Mais il est vrai que la cuisine française a bien intégré le couscous et les merguez… » (Voir aussi la bibliographie qui complète l’article)

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lecavalierbleu.com  « Ils se reconnaissent à leur accent », extrait du livre « Les Pieds-Noirs » de Jean-Jacques Jordi, éd. Le Cavalier Bleuhttp://www.lecavalierbleu.com/images/30/extrait_212.pdf (pages sur la langue et l’identité) « Plus près de nous, des expressions et des interjections reprises dans les journaux actuels sont attribuées à tort aux « jeunes des banlieues » du Sud de la France principalement, alors qu’elles étaient popularisées en Afrique du Nord : « Se taper un bain », « lui donnerle compte » ou « perdre la figure» (« la honte à la figure j’ava i s, dis, de traverser tout Bab-el-Oued avec les menottes », Albert Camus, Noces, 1957) ont cependant moins de succès que « allez, va » « tu me cherches », « oublie- moi », « dégage, va de là » ou les très connus « va te cacher », « tranquille » (pour peinard) et « c’est trop mortel » employés par Lucienne Favre en 1946 dans Babel-Oued ! »

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bainsromains.com : « Ce qui nous reste, en fait, de plus identifiable de notre passé en dehors de l'accent, c'est ce parler qui faisait sourire le visiteur, ce pataouète avec ses expressions imagées qui affleurent toujours avec plus ou moins de vigueur dans notre langage quelque quarante ans plus tard. »  http://www.bainsromains.com/PagesSensations/Pataouete.html

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babelouedstory.co : « Le pataouète, " ce rameau sur la souche des langues d'oc ", selon l'excellente définition de Gabriel Audisio, continue à forger impétueusement, sur une toile de fond française, sa syntaxe exubérante et son vocabulaire concret empruntant sans complexe ses locutions à l'espagnol - catalan, valencien ou castillan -, aux versions napolitaine et sicilienne de l'italien, au maltais, au provençal, à l'arabe. » http://babelouedstory.com/bab_el_oued_photos/texte_03/texte_03.html

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Le pataouète chez Pataouète, patawet.hautetfort.com : « Le mélange de cultures prend aussi son sens dans le parler algérois :Le pataouète, mélange de plusieurs langues. Espagnol, italien, français, arabe…» http://patawet.hautetfort.com/archive/2009/04/29/le-pataouete.html

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VIDEO. « L’accent de chez nous » : http://www.dailymotion.com/video/x4vwfv_l-accent-de-chez-nous_lifestyle

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GLOSSAIRE (et expressions), par Gérard Lavallée : http://storage.canalblog.com/84/11/281248/57276436.pdf

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BIBLIOGRAPHIE, sur alger.babeloued : http://alger.babeloued.free.fr/contenu/Biblio.html

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TEXTES :

Edmond Brua, portrait de famille, par Jean Brua (et document audio, fable dite par l’auteur, «… fable remontée du passé, et qui vous mettra en bouche un goût, non de madeleine, mais de mouna »), sur esmma.free.fr : http://esmma.free.fr/mde4/brua/EdmondBrua.htm

« Chapeau bas à André Lanly », « L’éminent linguiste qui a fait entrer le pataouète à l’Université », par Jean Brua : http://jp.follacci.pagesperso-orange.fr/Lanly/Lanlypag.htm

Poèmes de Roland Bacri, sur hubertzakine.blogspot.com : http://hubertzakine.blogspot.com/2011/05/petit-poeme-de-roland-bacri.html

Un poème d’Edmond Brua, « Maisons », sur arioul.blog : http://arioul.blog.lemonde.fr/2007/02/24/un-poeme-d-edmond-brua/

« Racines », de Jean Brua, sur arioul.blog : http://arioul.blog.lemonde.fr/2008/01/08/pieds-noirs-2/  

Geneviève Baïlac explique la genèse de sa pièce « La Famille Hernandez », sur babelouedstory.com : http://babelouedstory.com/ecoutes/famille_hernandez/famille_hernandez.html  (texte après les illustrations…). Citation : « Un "homme nouveau" naissait ainsi en dépit des politiques, des différences fondamentales, des heurts de nature, un homme que l'on pouvait rencontrer dans la rue avec son langage pittoresque émaillé d'expressions empruntées à toutes les langues parlées en Algérie, avec son exubérance, sa truculence, son verbe haut et son humour méditerranéen. II me semblait que cet homme devait trouver au théâtre le moyen d'expression le plus adapté à sa nature, et je cherchais donc à le faire vivre sur une scène »

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LIVRES :

Plusieurs ouvrages dans la rubrique « Langue pied-noir » des éditions Gandini, comme « Œuvres soigies » d’Edmond Brua, ou « Fables et contes en sabir » de Kaddour.

Ainsi, « Le pataouète, Dictionnaire de la langue populaire d’Algérie et d’Afrique du Nord » par J.Fuclos, C-A Massa, J. Monneret, et Y. Plevenhttps://editions-gandini.fr/ga02-le-pataouete.html 

« Qué Rabia » de Jean Brua https://editions-gandini.fr/ga103-que-rabia.html 

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« Trésors des racines pataouètes », de Roland Bacri, éd. Belin : http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-tresors-des-racines-pataouetes-6426.php?lst_ref=1  et sur bibliomonde.com  http://www.bibliomonde.com/livre/tresors-des-racines-pataouetes-1565.html

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Le Parler Pied-Noir, mots et expressions de là-bas », lexique établi par Léon Mazzella, éd. Rivages :

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27/09/2011 | Lien permanent

REVUE de PRESSE. Antisémitisme... et antisionisme... (dossier, note 5/5)

 
"Un journal se doit d’opposer les mots à l’ignorance et à l’ignominie."
Éric Fottorino
"Face à l’antisémitisme", LE UN
Dossier  Simone Veil, réédition, 22 février 19
En page Une, "La honte" (sur les tags profanant les portraits de Simone Veil créés par le street artiste C215, Christian Guémy)

PARCOURS... 

Articles de plusieurs journaux, réactions aux actes antisémites récents… et à des controverses. Liens web. (Voir, fin de note, deux réponses à Shlomo Sand, et des précisions sur "l'antisionisme" : ce qu'il n'est pas, ce qu'il est... Et, rappel, des repères pour définir l'antisémitisme selon l'IHRA). 

... Le MONDE12-02-19. Tribune de Delphine Horvilleur, rabbin libéral. "La parole antisémite…"  (Antisémitisme sur les murs et les vitrines... La faute des Gilets jaunes ou rien à voir avec eux ?)

"La réalité est plus complexe, et pour la décrire, il faut sans doute accepter d’énoncer une phrase paradoxale : la libération de la parole haineuse, et plus spécifiquement antisémite, ne dit rien du mouvement des 'gilets jaunes', mais ne lui est pas non plus étrangère." Delphine Horvilleur part de l’inscription sur la vitrine d’une boutique de bagels, ces gâteaux troués. Elle en fait une métaphore intéressante. Le mouvement  des Gilets jaunes a lui aussi, un trou, aspirant tout ce qui peut être charrié dans une dynamique un peu trouble, pas définie ni structurée. C’est cet espace trouble qui fait trou et peut être rempli du pire, aussi.  Donc, dit-elle, "C’est ce défi que les 'gilets jaunes' ont le devoir de relever, faire taire immédiatement et sans ambiguïté les voix qu’ils abritent, s’ils ne veulent être rongés par les forces obscures qui feront de leur mouvement une chambre d’écho ou une vitrine. ». LIEN vers la tribune (et vers d’autres titres insérés dans la page…)… https://lemde.fr/2TOJkw2

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Le MONDE,  21-02-19… "Antisémitisme : au dîner du CRIF, Macron promet des 'actes tranchants’

"La veille, mardi 19 février, place de la République, au cœur de la capitale, 20 000 personnes s’étaient rassemblées à l’appel d’une vingtaine de partis politiques pour protester contre la multiplication des actes antisémites - une hausse de 74% en 2018, soit 541 actes (insultes, tags, menaces, dégradation de bien, violences, agressions, homicide…)" (…) "Le président du CRIF, Francis Kalifat, l’a rappelé : les Français de confession juive représentent moins de 1 % de la population globale du pays et concentrent 50 % des actes racistes commis...". / "Le Président a annoncé "que la France allait adopter dans ses textes de référence la définition de l’antisémitisme validée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), c’est-à-dire élargie à l’antisionisme, 'une des formes modernes de l’antisémitisme', a souligné le chef de l’Etat, sans pour autant 'empêcher ceux qui veulent critiquer la politique israélienne de le faire' ni  'modifier le code pénal', a-t-il précisé."... https://lemde.fr/2XfE2Mn 

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LIBÉRATION. "Contre l’antisémitisme Macron promet des ‘actes tranchants’', 21-02-19

Citations… "Grave et solennel, souvent étreint par l’émotion, Emmanuel Macron a prononcé mercredi soir un discours très volontariste pour convaincre de sa détermination à lutter contre l’antisémitisme. (Et si la critique d’Israël serait toujours possible, la complaisance avec l’appel au boycott, BDS, devrait cesser…). Macron a évoqué, sans plus de détail, la lutte contre la radicalisation et 'la reconquête républicaine’ des quartiers où se déploie 'un antisémitisme fondé sur l’islam radical’." (Il annonce aussi la dissolution d’associations d’extrême droite)." LIEN... https://bit.ly/2Est66s

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Le PARISIEN. "Marron veut bannir la ‘haine’ antisémite.", 21-02-19… "La honte, sur ces sujets, d’urgence, doit changer de camp. Elle ne doit plus ronger les victimes, elle doit accabler les agresseurs, martèle Emmanuel Macron, les yeux rougis, marqué comme rarement."  (…) "Nous sommes chez nous. Nous tous."… LIEN... https://bit.ly/2E9Fw1R

… "Toujours marre de cette haine", titre Le Journal de Paris, pages intérieures du Parisien, 22-02-19 (recensant tous les tags, inscriptions diverses, dégradations, et menaces des jours précédents…). 

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CHARLIE HEBDO, du 20 février, titré en Une "CONTRE  L’ANTISÉMITISME", contient plusieurs articles importants. 

ÉDITORIAL de Riss… "Antisémites à tous les étages"... "Grisés par leur puissance, certains dans la rue semblent ne plus avoir de limites éthiques à l'expression de leur rage, qui se transforme - s'en rendent-ils compte ? - en haine pure et simple."LIEN... https://charliehebdo.fr/edito/antisemites-a-tous-les-etag...

… "Actes antisémites, + 74%, et alors ?". Tribune de Jean-Yves Camus (spécialiste des extrêmes droites), qui dit qu’il ne veut plus ’s’indigner'. "Je veux comprendre et je veux que cela cesse.". (Donc, pour que cela cesse… ?) "Ce serait plus facile si on nommait les agresseurs. Sont-ils musulmans (pratiquants ? ou pas ?), d’extrême droite, antisionistes d’extrême gauche ? On n’en saura rien. Ce qui permet à chacun, selon ses opinions et ses fantasmes, de mettre l’antisémitisme sur le dos de celui qui l’arrange." (Donc,pour que cela cesse…? Il faudrait… Il énonce : arrestations, condamnations, médias informés…). "Ce n’est pas le cas. Et c’est pourtant facile à faire."

… "Déni antisémite", par Guillaume Erner...  Il revient sur l’agression d’Alain Finlielkraut, après avoir abordé les croix gammées sur le visage de Simone Veil et les arbres de l’hommage à Ilan Halimi profanés (Ilan, séquestré, torturé et tué par le ‘gang des barbares’ parce que Juif.). Manifestation des Gilets jaunes, foule, et meute, dont un plus excité. "Tout suintait la haine" (…) la "rhétorique antisémite". Mais, dit-il, "tous ne veulent pas reconnaître l’antisémitisme de cette agression." Or "La haine antitjuive a une histoire, tout comme le refus de reconnaître l’existence de cette haine." (…) "En niant l’évidence s’agit-il de se rassurer ou de justifier cette haine ?" 

… "Politique du bagel", par Yann Diener... Il traite de l’apport de Delphine Horvilleur, rabbin, à la réflexion sur l’antisémitisme. En parlant de son livre, "Réflexions sur la question antisémite", et en se référant aussi à son article sur le bagel et le ‘trou’ du mouvement des GJ. (Cf. ma lecture ci-dessus, pour l’article, et ma note ‘Antisémitisme’, sur les livres, pour son essai). Mais son article est très intéressant justement pour le rapprochement qu’il fait et son insistance sur la dimension psychanalytique de l'analyse de Delphine Horvilleur, qui repère très finement ce qui se joue de l’inconscient individuel et collectif dans l’antisémitisme et cite Freud ("Le complexe de castration est la plus profonde racine inconsciente de l’antisémitisme", "La morgue envers les femmes n’a pas de racine inconsciente plus forte."). C’est très éclairant que cette vision. Misogynie et antisémitisme associés. Ce que, rappel utile, fait dans l'article, le Talmud disait déjà.. (haine des Juifs et refoulé du féminin : le haineux y voit "son manque"). 

(( J’ajoute… Comment ne pas voir le rapport entre la haine antisémite des islamistes (et divers intégristes) et leur sexisme absolu… ? Et les pays dont l’antisémitisme est presque la deuxième religion d’État sont les pays qui oppriment le plus la femme…)) 

En plus, même journal, autres textes, dont la chronique de Philippe Lançon qui continue le récit de sa reconstruction.

SITE, Charlie Hebdo... https://charliehebdo.fr

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MARIANNE… "QUENELLISATION des ESPRITS", du 22 au 28 février 19.

..."Le vrai visage de l’antisémitisme". Dans l’éditorial, Natacha Polony, notant le sursaut du 19 février avec des milliers de présences, dit (à juste titre) que cela n’effacera pourtant pas le silence après la tuerie des enfants de Toulouse par Merah en mars 2012. Elle loue la dignité extrême d’Alain Finkielkraut (lui qui, tout en ayant de la sympathie pour le ‘surgissement’ du mouvement des GJ y avait quand même vu les signes des dérives dès le début. Elle s’intéresse à l’inquiétante ‘jonction entre les publics de Soral et Dieudonné sur fond d’islamisation des banlieues, rencontre entre ressentiment, obscurantisme, et déni, quand il s’agit de nier la dimension antisémite de la fameuse quenelle ’. (Jonction que pressentait Alain Finkielkraut en parlant de "La Défaite de la pensée", livre controversé). "Quenellisation des esprits", titre donc le journal en Une. Elle en donne là des clésÉDITO, LIEN…  https://bit.ly/2H1nMIX

…  "Soral, Dieudonné, et la ‘quenellisation' des esprits", par Martine Gozlan... Article de trois pages, qui fait l’historique des différentes étapes de l’élaboration de cette jonction entre des groupes différents ayant un point commun, l’antisémitisme, construit autour d’une mythologie complotiste où le sionisme est le monstre tentaculaire d’un pouvoir des Juifs sur tout. Au point de créer un parti ‘antisioniste’ regroupant des extrémistes divers, capables de louer les assassins des attentats de 2015, par exemple, de féliciter des dictateurs antisémites. Et d’utiliser le geste de la ‘quenelle’ comme code de regroupement, Face à cela le déni d’une gauche refusant de voir l’antisémitisme de certains milieux musulmans (pas si minoritaires que ça...), et criant au racisme s’il est nommé. Jonction supplémentaire avec certains des GJ, sur la base du refus du ‘système’, mot fourretout. Plus le déni est là plus la haine augmente, BDS (boycott total d’Israël) compris. "Sioniste, l’ensemble du syndrome antisémite s’est attaché à ce mot." explique l’historien britannique Hyam Maccoby, qu'elle cite.  

… "Le boycott d’Israël, nouvelle arme antijuive". Ce  billet en analyse les racines, la signification, et les expansions… (Boycott associé notamment, pour certains instigateurs, à des adhésions fort douteuses, comme la justification des attentats, pour l’un au moins). 

… Un entretien avec Jean-François Barnaba (GJ qui voudrait se mobiliser contre l’antisémitisme mais n’arrive pas à en entraîner d’autres  ) montre les blocages et limitations qui rendent les GJ passifs et complaisants devant cela (ce qui le préoccupe, lui.).  

… "Naufrage sans gilet", par Guy Konopnicki... Naufrage, c’est notamment celui de Mélenchon, qui, oublieux de ce qu’il serait censé connaître, se compromet pour tenter de récupérer… Ainsi, rappelle Guy Konopnicki, pour le mot ‘sioniste’, l’injure lancée (entre autres) contre Alain Finkielkrauit. Ce mot fut celui qui légitima la condamnation et exécution de Juifs (pourtant communistes) à Moscou en 52. (Lire J-J Marie, "L’Antisémitisme en Russie"). 

CITATIONS...  ANTISIONISME… "Cette idéologie s’est formée non contre les injustices de l’État d’Israël, mais comme appui d’un terrorisme déclenché par le refus d’un accord de paix, négocié en 2000 à Camp David par les négociateurs palestiniens et israéliens." (…) "Cet antisionisme que l’on voudrait dédouaner est à l’origine de tous les meurtres de juifs perpétrés en France. Mélenchon et bien d’autres à gauche ne veulent voir que l’antisémitisme d’extrême droite. Celui du bd Montparnasse s’exprimait dans les termes de l’antisionisme islamique, soutenu par la gauche radicale. Les réticences de Mélenchon à le condamner précipitent le naufrage de la France insoumise."

… "Une colère sans fin". Caroline Fourest note la stérilité de la poursuite infinie  (sans revendication ni proposition sauf objectifs aberrants) des manifestations des GJ, et les compromissions (les silencieux, les soutiens cf. LFI). Elle note la convergence (devant l’agression contre Alain Finkielkraut) entre Le Média (LFI…) et… un avocat du Qatar (par exemple…).

SITE, Marianne… https://www.marianne.net

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Le POINT. "LA NOUVELLE FRANCE MOISIE et ses complices" / (Antisémitisme, haine de la,police et des élus, islamisme…)

Tout un DOSSIER,  plusieurs chroniqueurs. A LIRE… attentivement.

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Claire Légat, Nous nous sommes trompés de monde, Encres vives

Claire Légat,   Encres vives .jpgClaire Légat, 492ème Encres vives, 2019
 
Nous nous sommes trompés de monde, extraits d’outre moi-même (recueil en cours d’écriture), et un inédit (murmuration du vide).
Claire Légat, je l’ai découverte grâce à la belle recension de ce numéro d’Encres vives qu’Arnaud Forgeron avait publiée dans la revue À L’Index 41 (j’en parlais dans ma recension). Séduite par la qualité ainsi révélée et par ce qui était mentionné par Laurence Amaury (il citait sa note de lecture, dont j’ai retrouvé un paragraphe en 4ème de couverture d’Encres vives). "Après des décennies de retrait et de silence, Claire Légat nous revient avec un long poème." Arnaud Forgeron, lui, ajoutait une réflexion plus générale, dont je partage complètement le constat (ayant souvent dit regretter ce goût pour l’immédiateté des publications). "Cela a son importance, surtout dans l’engorgement du trafic qui semble sévir en poésie et dans nos sociétés de l’immédiateté." Et il concluait en parlant de cette "voix" et "voie"... "travaillée par le silence". 
Pour moi, immédiate estime. Quelqu’un capable d’attendre, de ne pas publier sans cesse, de choisir le retrait en silence. Et que l’écriture vienne, comme le dit Laurence Amaury (poète aussi), "comme un coup de tonnerre secouant nos accoutumances, notre passivité, notre aveuglement".
Ou des mots posés "à la margelle" d’un "abîme", en tension d’écriture, d’exigence. Conscience sur le fil d’équilibriste, "la corde d’un violon". C’est cela écrire. Corde vibrante, douloureuse de lucidité. Regard et âme tendus pour capter des gouffres. Ce que devrait faire toute poésie, pour nous inscrire dans la brûlure du réel, sa profondeur. Ces abîmes ils sont nous, l’autre. D’abord en surface. Ce que la peau dit de nous, du corps, et de tous ces corps dans le monde présent. Violence et douleur aussi.
"CORPS CONTEMPORAIN
         est-ce le mien
  écartelé jusqu’aux genèses"
Regard de poète qui témoigne, et présence intime de conscience à conscience, si le lecteur veut recevoir, même, le savoir du "bonheur inhabitable".
Car comment habiter le bonheur quand on a en mémoire l’image de l’insupportable ? 
"ah ce bouquet de mains flottant sur la vague
            ce bouquet en quête d’un vase
                    en marge du destin
 de la lumière initiée dans la prunelle de l’orage"
Il reste à prendre le monde "À LA RENVERSE"… 
 
Voilà le sens du titre. Que faire de ce monde qui ne répond pas aux attentes de solidarité ? Elle choisit de garder "la paume restée ouverte". Geste d’écoute et de don, présence à l’autre. Et malgré notre impuissance peut-être pouvons-nous penser que la paume capte au moins la force de pouvoir dire. 
Puisque la main s’ouvre "à la rosée à l’oiseau à la fougère", la nature est source et message. 
Le regard peut préserver de l’indifférence coupable qui fait du monde un lieu de souffrance et de destruction ("l’essentiel : la symphonie patiente des yeux").
À quoi tiennent les vies, leur sens ?
                         "Une erreur
                           un chiffre
         et nos destinées ne se croiseront plus
           nos détresses deviendront inutiles
   nos regards perdront leurs droits sur la forêt"
Hasard, rien, et tout se jouera sur une virgule, dans les signes offerts pour qu’on se rencontre, soi aussi. 
 
Dans ce volume d’Encres vives une mise en page astucieuse (artisanale, certes, mais j'aime ça - et intuitive) permet de laisser aux poèmes leur amplitude, tout en donnant à lire des chroniques, parcours ou recensions, par un montage efficace. 
Ainsi on peut lire l’article d’Albert Ayguesparse, qui rendait compte d’une évolution de la poésie de l’auteur, trouvant dans son livre (en 1966) un élargissement à une forme libérée de toutes entraves, permettant de penser et dire le monde réel, la fraternité. Il voyait en ce cheminement une "ascèse". Et, même page, je vois, dans un poème, deux mots qui résonnent dans ce sens : "solitude", et "visages". Les deux bords de la présence au réel. 
Robert Goffin, autre page, disait n’être touché que par "la musique de transe", qu’il trouvait donc là. Comprendre l’intense et la traversée des frontières de la perception. 
Car Claire Légat est peut-être la "passagère des pays invisibles" dont elle parle. Celle qui choisit "de deux étoiles la noire" ("une pour vivre / une pour mourir"). Qui sait faire "reculer les dimensions de l’ombre", et, "Parce que l’eau enseignait le feu" … être "l’épée qui tranche". Je pense à l’athanor des alchimistes. L’ascèse de l’œuvre en maturation peut être l’étape de l’œuvre au noir, symboliquement (ou plus). Et, écrit-elle, "Il faut boucler la nuit, pour que chante la grande respiration planétaire…" Mais aussi "J’ENTRE DANS LA SECONDE NUIT". 
Ainsi elle crée aussi son style.
"Il est en tout cas impossible de lire un poème d’elle sans y reconnaître son empreinte", écrivait Christian Hubin
Elle a parcouru, dit-elle, "les illusions et la blessure du monde", senti "le poids des siècles".
Siècles. Alors je regarde la couverture et je lis, sous son nom, tracée légèrement, la mention "POÈTE SANS ÂGE". Avec le titre-programme des publications de son mouvement,"POÉSIE DES LIMITES ET LIMITES DE LA POÉSIE." Tout est dit. Car l’essence n’est pas assignable à un moment, l’œuvre d’une vie à un jour de naissance. 
Écho à ma note sur le temps et la création (où je reprends cette expression, la citant et me citant).
Voilà un instant ineffable, insituable.
                      "Pour une fois j’ai tout compris
j’ai compris que les portes existent ou n’existent pas
je vais librement par ce labyrinthe"
 
Dernière page, bibliographie (très présente en anthologies), événements divers. 
En 4ème de couverture des citations d’auteurs commentant trois recueils, dont un encore inédit. Admiration partagée. 
 
J’ai lu aussi le recueil entier, "Nous nous sommes trompés de monde", dont plusieurs poèmes sont dans le volume d’Encres vives.
Ce livre (éd. Pâturages, Belgique, 1966) a une épaisseur, pas en nombre de pages (une soixantaine). En matérialité concrète. C’est très beau. En couverture un poème (gris-blanc sur noir), le titre est au verso, avec le nom du mouvement (Poésie des limites et limites de la poésie).
Une gravure de Marc Laffineur trace l’image de ce monde dur qui révolte celle qui écrit. Un univers gris, de grilles de prison. Un couple comme traversé par les fers (ni dedans ni dehors, prisonnier de ce qui barre l’espoir). La gravure de Marc Laffineur et les questionnements des poèmes évoquent pour moi, ensemble, un passage de l’essai de Marina Tsvetaïeva, Le poète et le temps. Le rapport du poète avec le temps, son temps (avec le monde tel qu’il est quand on vit et écrit) correspond, pour Marina Tsvetaïeva, à "un mariage forcé". Plus loin elle dit que "C’est le même que celui du bagnard avec son fer" (…) "surtout quand on nous impose d’aimer cette violence" (…) "quand ces fers on nous les enfonce encore spirituellement…" Forte rencontre des esprits (un graveur et deux poètes). Une extraordinaire proximité des intuitions. L’image de la gravure rejoint celle de l’essai autant que le sens des poèmes. Les refus de Claire Légat rejoignent ceux de Marina Tsvetaïeva. 
En exergue Albert Camus (Les Justes). Le nom de l’auteur n’est qu’à la fin, comme une signature. En "Avant-dire" les textes préfaces qu’on retrouve en copie dans Encres vives. Une page commence le recueil, avec des fragments en gras, typographie ample, une dimension qui leur donne la force de programmes, de clés. La typographie des poèmes insère des expressions en majuscules, comme des cris, ou des mots épelés pour être bien lus. Affirmations ou refus. Mourir, la mort est présente aussi. Comme une conscience de veille, un vertige entre nuit et aube.
"Chaque nuit ou presque j’ai rendez-vous avec ma mort"
Mort du sommeil, du temps du rêve où l’on perd son identité, ou de l’insomnie et de la proximité troublante de la mort réelle, qui ressemble à l’absence nocturne.
Dans ce livre il y a, effleuré, un désir d’Espagne (cela me trouble), et il y a la neige. Il y a, certainement, une conscience aiguë de l’exigence d’écrire (et c’est un poème "hors siècle").
"J’écris pour rester dans l’équation."
Recueil dans le réel du monde, en fraternité, méditation métaphysique, sur ce qu’est être vivant ici. Et art poétique. 
J’ai relevé une métaphore intéressante pour dire le processus créatif en poésie. 
"CHAMBRE NOIRE :
 je développe un poème"
La ligne précédente explique, "j’approche l’envers des mots".
Comme la chambre noire du photographe inverse ce qui est capturé, le travail sur les mots doit déplacer, transcrire, l’envers de l’apparence de tout, et de soi. Ce qui est "Derrière les miroirs". Ce qui émerge d’une profondeur nocturne. 
 
À noter. J’a rencontré, par Claire Légat, la poésie de Laurence Amaury, et lu Le Musée d’un Futur supposé / ses Poèmes à peindre. Poèmes tableaux, et cependant réflexion sur ce qui est hors du cadre. La "cacophonie" du monde, cet "infini devenue fou", rêves et peur, et ces étoiles "qui se taisent". Belles rencontres venues de Belgique. 
Un livre révèle autre chose de lui, quand on relit. Dans les poèmes de Laurence Amaury, attentive au visuel, avais-je remarqué la présence des animaux ? Araignée, serpent, oiseaux, aigle. Et même des rats. La vie végétale, et la matière. Mais un poème donne une clé (je peux le lire ainsi), Femme-loup. Comme une vision qui fait miroir d’une puissance en soi. 
"J’agite les bras dans l’ombre
 comme une ressuscitée du crépuscule"
Autre univers, en apparence, L’architecte du silence. Mais non, car c’est bien, dans ce poème, le silence qui ouvre l’œil qui voit. Vitraux ou poèmes en seront la traduction lumineuse.
"Il le construit avec patience
 pierre par pierre
 dans sa tête d’abord
 sur le papier ensuite"
 
Architectes du silence, voilà bien ce que sont ces poètes du mouvement initié par Claire Légat, d'après ces êtres qui apparaissent autour d’elle. J’en ai cité certains. 

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Recension © MC San Juan / Trames nomades

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LIENS…

Trois poèmes de Claire Légat à lire en ligne… https://poetesses.blog4ever.com/legat-claire-annees-1960

Page Claire Légat (bibliographie, activités). Sur areaw.behttps://www.areaw.be/legat-claire/

Encres vives 492. Nous nous sommes trompés de monde, sur Recours au poèmehttps://www.recoursaupoeme.fr/encres-vives-n492-claire-le...

Encres vives, Michel Cosem… https://encresvives.wixsite.com/michelcosem/edition

Pour mémoire, ma recension de la revue À L’index, n°41, revue qui contenait la note de lecture d’Arnaud Forgeron sur ce volume d’Encres vives… http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2020/12/10/po...

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31/07/2021 | Lien permanent

Théâtre. El Ajouad, Metteur en scène Kheireddine Lardjam

J’ai vu les deux pièces, Tenir jusqu’à l’aube et L’exploitation à la cool.

Choix d’y aller parce que c’est El Ajouad, la compagnie de Kheireddine Lardjam, dont j’ai aimé tout ce que j’ai vu de ses mises en scène. Je l’avais découvert en apprenant sa création des Justes de Camus en Algérie, il y a des années.  Puis j’avais vu (et revu, tant c’est fort) End/igné, adaptation d’un texte de Mustapha Benfodil sur la tragédie de jeunes Algériens qui s’immolaient en se suicidant par le feu (on a plus su le cas du suicide d’un jeune Tunisien de cette manière). Terrible et superbe texte. Et de même, j’avais été impressionnée aussi, notamment, par la pièce O-Dieux (revue aussi), adaptation d’un texte de Stefano Massinii sur le conflit israélo-palestinien (ce que j’ai vu de plus intelligent sur ce sujet, loin des projections partisanes haineuses et des certitudes militantes). L’humanité réelle et complexe (voir plus bas, citation – texte d’intention - et lien). Hélas je n’ai pas vu La quête de l’absolu (voir citations et liens en fin de note). J’espère que ce sera repris à Paris…

Et que ces deux pièces du programme soient jouées au Lavoir Moderne était un argument de plus. Beau lieu. Murs comme lavés et déchirés par le temps, qui donnent l’impression d’être une création de street art, mais dont les gris favoriseraient un dépouillement pouvant convenir comme décor nu à toutes sortes de pièces.

J’ai consulté le site (la compagnie El Ajouad est dans le Jura), regardé les autres créations, relevé des citations et des liens (à voir en fin de note).

Autres créations récentes (voir en fin de note) : La dernière (Une histoire française) et En pleine France.

C'était donc au Lavoir Moderne Parisienhttps://lavoirmoderneparisien.com/

Par la compagnie El Ajouad… https://elajouad.com/

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Kheireddine Lardjam, le metteur en scène, a adapté le texte de Carole Fives (éd. Gallimard). Seule en scène, la comédienne Céline Hilbich.

Une mère seule avec un tout petit (de ces familles dites monoparentales). Situation précaire et solitude sociale. Épuisement, sensation d’enfermement. Déchirement entre l’énervement causé par la fatigue et la place considérable que prend l’enfant, d’un côté, et l’amour et l’inquiétude, de l’autre. Des émotions contradictoires, des culpabilités et des colères, des désirs d’autre chose, ou simplement de vie normale de femme. 

Cela c’est le texte, le sujet. Portée sociale, interrogation que ces situations renvoient à tous. 

Mais au théâtre il y a le texte et une comédienne, avec sa voix et son corps. Forte présence physique. Une femme qui marche, s’assied, se couche. Et un corps qui exprime la complexité des sentiments en allant jusqu’à la danse. Une danse qui serait murmure. Pas de grands gestes mais une présence qui fait du geste un langage porteur de sens. En voyant la pièce je n’avais pas lu la liste des noms de toute l’équipe, et j’ai pensé chorégraphie (y percevant aussi une marque du metteur en scène, dont j’ai vu plusieurs pièces). Et, oui, une chorégraphe est intervenue, Nedjma Benchaïb. Ce qu’elle a induit est subtil.

La lumière est une aide, quand celle qui joue y trouve un partenaire, une parole visuelle qui porte la parole des mots, marque des silences, appuie des phrases.

Dossier, note d’intention, par Kheireddine Lardjam. CITATIONS : Tenir jusqu’à l’aube est un récit féministe sur une maman monoparentale (ou « maman isolée avec enfant »). […] Mon parti pris de mise en scène sera la sobriété afin de mettre en valeur le texte, mais aussi pour inviter le spectateur dans ce huis-clos entre cette jeune femme célibataire et son fils de deux ans. Le spectateur est collé dos au mur dans cette maison où le destin de deux vies devient cette contemporanéité mise à rude épreuve. […] L’enfant n’a pas de nom ou bien il porte celui de tous les enfants. La mère non plus n’a pas de nom parce qu’elle ne sait plus qui elle est. Elle n’est plus que la mère.

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C’est cette fois un texte de Jules Salé (éd. Stock) qui est adapté par Kheireddine Lardjam. La même précieuse équipe (lumière, son, vidéo, voir page du site lien plus bas). Et toujours la chorégraphe Nedjma Benchaïb dont on sent ce que son travail a ajouté à l’incarnation de la présence du comédien, seul en scène lui aussi, Cédric Veshambre. Rôle très physique, puisque le sujet est la course éperdue des livreurs de repas en vélo. La vitesse pour cumuler les « missions » et gagner un peu plus de quoi vivre. Vitesse, fatigue, danger. Conditions hors droits, irrespect et mécanisation des rapports avec l’invisible hiérarchie. (Depuis j’ai lu dans la presse que des employés de ces entreprises particulières s’étaient regroupés pour créer une sorte de coopérative professionnelle avec des règles conformes au droit du travail. À suivre…). Le vélo est l’objet central, qui sert à toute une gestuelle d’expression, et le sac isotherme complète le cadre. Vélo et gestes porteurs de force symbolique. Le texte rappelle l’insécurité, la peur parfois, les salaires ridicules. Il dit aussi le paradoxe de ces injustices. 

On sait, et on le constate encore, que le metteur en scène veut porter un questionnement sur la société, justice et injustices, douleurs et détresses  sociales. Accidents, et morts (une liste de noms est récitée). Mais aussi hommage à ces êtres un peu trop dans l’ombre. Et interpellation des complices passifs que sont les indifférents, clients pressés de trouver un repas (mauvais, le plus souvent mais tout prêt) porté à domicile.

Dossier d’intention. CitationsLa première intention de ce spectacle est donc de révéler l’envers du décor de ce que l’on nomme l’ubérisation de la société. […] Ce projet artistique offre un espace de réflexions partagées sur la société, sur l’humain, sur la mémoire et les angoisses collectives. Il nous nettoie des images et des bruits qui nous assaillent en permanence et minent notre capacité de réfléchir et de voir. 1 texte, 1 comédien, 1 vélo : le théâtre, dans sa simplicité, est toujours d’actualité. 

LIENS

Kheireddine Lardjam, itinéraire théâtral. Dont la création, en 1998, de la compagnie El Ajouad (Les généreux), nom emprunté à une pièce de l’auteur Abdelkader Alloula, dramaturge assassiné en 1994 par les islamistes… https://elajouad.com/kheireddine-lardjam/

Tenir jusqu’à l’aube. Page où on peut voir les noms de tous les intervenants (lumière, son, chorégraphie, etc.). Sur El Ajouadhttps://elajouad.com/productions/tenir-jusqua-laube-de-caroles-fives/

Sur la page de Babelio, un entretien avec Carole Fives au sujet de son livre Tenir jusqu’à l’aube. Elle ne traite pas d’un vécu personnel mais de ce qu’elle a pu voir vivre d’autres femmes, et porte un regard qui refuse les clichés… https://www.babelio.com/auteur/Carole-Fives/88057

L’exploitation à la coolhttps://elajouad.com/productions/lexploitation-a-la-cool/

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Voir aussi... 

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Citation (présentation) : C’est par un suicide par le feu en Tunisie que les révolutions arabes ont commencé. Geste extrême d’une revendication sociale restée vaine qui se multiplie depuis dans tout le Maghreb, et bien au-delà. Quand Kheireddine Lardjam décide de donner la parole à ces hommes, il s’adresse à Mustapha Benfodil, auteur et reporter-journaliste au quotidien algérien El Watan et témoin de la recrudescence des immolations par le feu dans son pays… https://elajouad.com/productions/end-igne/

De Mustapha Benfodil (texte d’intention), citations : A travers ce texte, j’essaie d’aborder un sujet brûlant : celui des immolations par le feu qui ravagent le corps de dizaines de mes compatriotes. Sujet difficile s’il en est. Extrêmement compliqué à porter sur le plateau. Comme tous les sujets où le background social est fortement présent. [...] Il ne s’agit donc pas ici de se prêter à un « théâtre d’information ». Même si l’actualité est dans les coulisses. Ou l’arrière-scène. D’où la distance. L’Humour. La Fable. Le Cynisme. La Dérision. La Poésie. Même si je n’ai pas le recul nécessaire, temporellement et émotionnellement parlant. La construction du texte est dictée dès lors par cette obsession de « ne pas copier le Réel », de ne pas le transposer brutalement sur scène. […] Problème complexe donc. Problème esthétique. Problème éthique. Pourtant, quand le metteur en scène Kheireddine Lardjam m’a proposé d’écrire quelque chose sur ce sujet, je n’ai pas hésité une seule seconde à dire oui. Surtout que de mon côté, dans ma littérature du moment, il se trouve que ce sujet hantait mon écriture, et j’avais même commis un chapitre dans un roman en cours, intitulé L’AntiLivre, sous le titre : « L’Ind/Igné ». […] Je reste convaincu que le théâtre a aussi pour boulot de dire le monde. Reste à savoir avec quels mots. Pour ma part, j’ai fait le pari de l’intériorité, de l’intime ignition, de la citoyenneté refoulée. Loin de moi le projet d’écrire une sociologie du désastre. Ni un manifeste politique. Même si le politique se profile, est à l’affût derrière chaque hémistiche, s’immisce jusque dans les interstices du silence. Mon propos est simplement de dire : qu’est-ce que/QUI est-ce que le feu a brûlé ? […] D’où l’autopsie. Pas l’autopsie du corps social. Juste celle d’un corps qui a mal. […] Une autopsie poétique donc. Avec pour seule médecine légale la liberté du scalpel... https://elajouad.com/wp/wp-content/uploads/2022/07/dossie...

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Page auteur, Mustapha Benfodil sur le site d’El Ajouadhttps://elajouad.com/auteurs/mustapha-benfodil/  

Page de L’avant-scène théâtre sur Mustapha Benfodil…https://www.avantscenetheatre.com/auteurs/mustapha-benfodil

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O-Dieux

Présentation. Citation : Sous le titre O-Dieux, le metteur en scène Kheireddine Lardjam porte sur les planches un texte inédit de Stefano Massini sur le conflit israélo-palestinien, vu à travers les yeux de trois femmes : Eden Golan, israélienne, professeure d’histoire juive appartenant à la gauche intellectuelle, Shirin Akhras, jeune étudiante palestinienne de Gaza, prête à tout pour s’enrôler comme kamikaze, et Mina Wilkinson, militaire américaine en mission en Israël. Dans une mise en scène et une scénographie qui font la part belle au jeu, une seule comédienne prête sa voix au théâtre-récit de Stefano Massini, incarnant ces trois destins parallèles qui finiront par se percuter dans une collision tragique...      https://elajouad.com/productions/o-dieux/

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Adaptation de textes de Rûmi (sa spiritualité, la rencontre avec son maître Shams, sa poésie)…

Ou la pièce que j’aimerais voir…

Présentation. Citations : Notre spectacle parle du soufisme, de spiritualité et d’Amour. La quête de l’absolu est l’occasion de briser quelques clichés, en rappelant que les mots «arabe», et «islam» renvoient à une civilisation tout entière. / L’actualité a vidé de leur contenu ces termes, en pétrifiant toute une littérature dans un ensemble de règles et d’interdits, asséchant la dimension poétique et spirituelle qui devrait les entourer. […] Rûmi… fut aussi l’un des plus grands poètes mystiques de l’islam et demeure aujourd’hui encore un «maître d’éveil» reconnu par les soufis. / Nous lui devons l’apport à la spiritualité de la notion de beauté, d’art, l’importance de la musique, de la danse et de l’amour…  https://elajouad.com/productions/la-quete-de-labsolu/ 

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03/02/2023 | Lien permanent

Habiter poétiquement le monde, Poesis. Anthologie... / NOTE mise à jour, juin 2022

habiter poétiquement le monde,anthologie,anthologie-manifeste,poesis,hölderlin,frédéric brun,kenneth white,poésie,éthique,spiritualitéRiche en mérites, mais poétiquement toujours, / Sur terre habite l’homme

Friedrich Hölderlin, En bleu adorable, cité dans Habiter poétiquement le monde, Poesis, 2016

(Exergue de l’anthologie-manifeste réalisée par Frédéric Brun, et dont le titre s’inspire de cette pensée d’Hölderlin. Formule, non, bien plus. Fragment d’un poème, et vision-programme.)

...

Il faut, sans innocence et naïveté, certes, dépasser ses doutes pour s’offrir un chemin de résistance.  

Frédéric Brun, Avant-propos, Habiter poétiquement le monde

Dans cet avant-propos de l’anthologie, c'est ce chemin de résistance, qui est proposé, résistance car il n’est pas évident de suivre avec optimisme la formule d’Hölderlin. Le manifeste que veut être cette anthologie, pensée par Frédéric Brun, tient compte des difficultés d’un monde traversé par des laideurs qui peuvent masquer sa beauté, sa possible beauté. Résister par un acte de lucidité, un retour sur soi, une volonté de métamorphose. Pour créer un monde plus juste il faut d’abord se mettre en situation de refus. Résistance contre ce qui doit être refusé, et résistance contre la part amnésique de soi, oublieuse de son essence. Ensuite, alors, créer et agir. Mais comme le pense Michel Deguy (et c'est rappelé là en le citant) ce n'est pas forcément un chemin politique mais une habitation intérieure différente... http://www.poesis-editions.fr/habiter-poetiquement-le-mon... 

...

Cette anthologie, très ample (pas loin de quatre cent pages, 367 exactement) ne donne pas à lire des poèmes (sauf fragments de citations), mais des textes "sur" la poésie. Principalement des écrits de poètes sur leur art, mais pas uniquement : penseurs qui sont proches de la poésie, pour en être lecteurs attentifs, ou pour avoir une conception de leur écriture qui s’en rapproche, et personnalités qui, par leur vision et leur action, tentent de définir ce que peut être habiter poétiquement le monde. Ainsi Pierre Rabhi est présent, au même titre que Gaston Bachelard ou Hubert Reeves

Des poètes présents dans cet ouvrage je retrouve beaucoup de mes propres références. Ainsi, dès l’avant-propos, et dans la table des matières, je vois mentionnés des noms qui sont aussi sur les rayons de ma bibliothèque (mais je ne les citerai pas tous…). Voici : Joubert (celui des Pensées, pour moi coup de foudre absolu,) Baudelaire, Dickinson, Rimbaud, Mallarmé, Rilke, Valéry, Tagore, Pessoa, Tsvetaeva, Artaud, Michaux, Paz, Borges, Neruda, Bonnefoy, Aleixandre, Juarroz, White, Glissant, Adonis, Deguy, Cheng, Midal (dont j’ai apprécié certains textes dans la revue Ultreïa, Bobin (que je retiens aussi, à la mesure des résistances que certains lui opposent au nom d’une fausse rationalité confondue avec l’aveuglement arrogant), et Bianu, Velter, Siméon… et d’autres, tous qui comptent. 

J’aurais ajouté certains noms (Nerval...?!), comme celui de Jabès, par exemple…! Camus manque aussi, et Lorca (son texte sur El duende…!). De même Levis Mano, poète et éditeur génial… Et María Zambrano (philosophe espagnole, qui a écrit des pages magnifiques sur la poésie… et dont certains fragments sont à hauteur du poème). Et Anna Akhmatova ? J’aurais trouvé le moyen de placer Antonio Porchia… Les "trous" dans mon abécédaire idéal peuvent être dus à une volonté de cohérence intérieure, autre que celle que je projette…

Mais ce n’est pas mon anthologie… et elle est d’une telle richesse que je me contente de picorer de temps en temps des citations, pour me faire, en feuilleton, une anthologie mentale miniature…  Ainsi, partager un plaisir de lecture, dans ce considérable travail de lecture et recherche qui a été produit par Frédéric Brun… Il faut être, nous aussi, passeurs de ces messages qui ont un sens politique, bien au-dessus des batailles des égos politiciens. 

Pour Frédéric Brun, dans l'axe de pensée d'Hölderlin, habiter poétiquement le monde définit tout autant une conception de la manière de choisir de vivre sur cette planète pour le temps qui nous est réservé que la manière de concevoir le rôle de la poésie, cette écriture spécifique qui manie les mots mais vient d’un regard particulier d’êtres qui engagent une éthique de vie. Regard, âme, spiritualité, conscience… sont des termes qui peuvent aider à traduire ce qu’est l’expérience poétique, ses liens avec le quotidien banal et la hauteur d’une perception de ce qu’est "être", pas seulement exister. En fait, la mystique (que plusieurs assument en tant que telle pour exprimer ce qu’est leur itinéraire entre ciel et terre) rejoint l’écologie et la politique. Non la politique partisane, mais l’engagement d’un Hugo. Non l’écologie comme une mode sans remise en question profonde, mais une écologie qui est tout autant écologie de soi-même - comme l’affirme Michel Deguy, transformation intime, un pas vers autre chose (lire Pierre Rabhi..)…

L’autre nom majeur, ici, fondateur, en dehors d’Hölderlin, est celui de Kenneth White, car si éthique il y a, c’est bien dans la pensée de ce très grand poète, dont l’ambition n’est pas, pourtant, d’être cela (un "grand poète" reconnu, ou simplement connu) mais d’impulser une pensée du monde, dans le monde, solidaire, une  "géopoétique" d’êtres incarnés, soucieux de leur planète, et conscients de leur place dans le cosmos. 

Consulter ce site : http://www.kennethwhite.org/geopoetique/   

Et celui-ci : http://www.oeuvresouvertes.net/autres_espaces/white.html 

Pour Kenneth White, la poésie commence par un refus radical du monde, le monde tel qu’il est, fait par les hommes, pour l’injustice, la violence et la haine (ou l’ennui). Monde mobile, inachevé, il est là pour qu’on le crée et qu’on se crée en même temps, et ainsi qu’on crée les liens avec les autres humains, à la mesure de notre connexion cosmique, puisque nous sommes part du cosmos et devons nous en souvenir, pour devenir qui nous sommes… 

De Kenneth White j’ai envie de copier un poème du recueil La résidence de la solitude et de la lumière (William Blake and co, 1978). Car il dit une intention principale, sur quels refus se fonde sa démarche essentielle, et donc sur quelle création fondamentale et fondatrice.  

   Travaillant et retravaillant

   les mêmes textes

   jour après jour

   perdant tout sens

   de ‘production’ et de ‘publication’

   toute idée d’une ‘réputation’ à forger

   engagé plutôt dans quelque chose

   — loin de toute littérature —

  que l’on pourrait pertinemment nommer

  un yoga poétique

Sagesse humble, humble du vrai orgueil d’être, qui devrait être méditée par pas mal de gens qui jettent en pâture des écrits trop imprégnés d’une ambition qui suinte entre les mots et les pages, et nous fait remporter  certains livres achetés par erreur, vers des circuits moins exigeants… Car alors l’âme est désertée, il ne reste que le vide un peu trop "littéraire", au très mauvais sens du terme.

Je reviens donc à l’avant-propos de Frédéric Brun (une dizaine de pages).

Après avoir cité de nouveau Hölderlin : Et pourquoi des poètes en temps de détresse ?, il rappelle que l’habitat poétique exige une éthique, pour laquelle l’homme doit cesser de mettre l’économique en première place, et donc changer de priorités pour retrouver l’essence de son existence. Pour cela, notamment, se nourrir de beauté, regarder (s’en inondant l’âme et les yeux). Et il conclut : Cette attitude poétique pourrait, si nous étions plus nombreux à l’adopter ou au moins à en prendre conscience, devenir également un acte politique et écologique qui participerait au changement du monde. 

......................................

Mise à jour, juin 2022

Pour le Marché de la poésie, j'ai l'habitude de faire un exercice de sagesse (pour éviter de charger mon sac de médiocrité, car la médiocrité est aussi présente sur certains stands - et mon exigence me fait ne vouloir lire que ce que je situe dans l'espace de la haute poésie, telle que je la pense et telle que je ne veux l'écrire qu'ainsi, car autrement... stérile occupation d'ego). Donc je programme mes choix, sélectionnant avec mesure. Et je reviens vers les éditions proches (au sens où j'y habite des pages, en affinité) et vers celles où j'ai eu aussi, en lectrice, la joie de grandes rencontres de lecture. Je suis donc revenue, aussi, vers Poesis, et j'ai recherché cette recension, qui date de plusieurs années. Notant d'abord (je n'y avais pas pensé avant) la proximité entre le sujet de mon livre sorti ce mois de juin 2022 (Le réel est un poème métaphysique, éds. Unicité) et les questionnements des pages de l'anthologie. Ma démarche rejoint l'éthique définie par les auteurs.

habiter poétiquement le monde,anthologie,anthologie-manifeste,poesis,hölderlin,frédéric brun,kenneth white,poésie,éthique,spiritualité,citations,livres,le plâtrier siffleur,christian bobinÀ côté de l'anthologie j'avais glissé, dans ma bibliothèque, en 2018, Le plâtrier siffleur de Christian Bobin, ce petit livret publié par Poesis et reprenant l'intégralité d'un texte publié dans la revue Canopée en 2012 (dans l'anthologie la contribution de Christian Bobin est ce texte, par de larges extraits). Relisant, là, je regrette de ne pas l'avoir fait plus tôt, car je tombe sur un passage dont j'extrais une pensée qui aurait pu s'ajouter aux exergues en tête de mon livre. Je vais garder cela en mémoire, le regard sur le réel restant toujours mon sujet, d'une manière ou d'une autre. Définissant sa conception de la poésie, et refusant l'excès technique, ce qui fait grandir une lèpre d'irréel qui envahit silencieusement le monde, il écrit, pour insister sur l'importance de regarder...

La contemplation (...) c'est comme mettre la main sur la pointe la plus fine du réel.

Voilà qui complète la vision qui est l'axe de cette édition, Poesis. Car si, comme le dit Maître Dogen, qu'il cite, l'univers entier est la pensée des fleurs, écrire de la poésie, en voulant habiter poétiquement le monde, c'est, écrit Christian Bobin, tendre le langage au maximum

habiter poétiquement le monde,anthologie,anthologie-manifeste,poesis,hölderlin,frédéric brun,kenneth white,poésie,éthique,spiritualité,citations,livres,le plâtrier siffleur,christian bobinÀ savoir, l'anthologie a été rééditée, version enrichie, "édition revue et augmentée", 2020.

habiter poétiquement le monde,anthologie,anthologie-manifeste,poesis,hölderlin,frédéric brun,kenneth white,poésie,éthique,spiritualité,citations,livres,le plâtrier siffleur,christian bobinMais, exercice de préparation du Marché, et des livres à rechercher plus tard, suite... 

J'ai regardé, sur le site de Poesis, ce qui est dit des publications. Plusieurs livres m'intéressent d'avance, la présentation qui est faite donne assez d'éléments pour permettre de choisir. J'ai très envie de découvrir d'abord l'ouvrage de Jean Onimus, Qu'est-ce que le poétique ? Sur ce livre j'ai lu aussi une recension ailleurs, mais qui dit qu'il oppose prose et poésie. Ce n'est pas ce qui me semble son approche dans ce livre, telle que présentée sur le site de Poesis. Il oppose le poétique et le prosaïque, ce n'est pas la même chose. La prose peut être très étrangère au prosaïque.

Les autres titres que je mentionne feront aussi un programme de lecture décalé...

habiter poétiquement le monde,anthologie,anthologie-manifeste,poesis,hölderlin,frédéric brun,kenneth white,poésie,éthique,spiritualité,citations,livres,le plâtrier siffleur,christian bobinAnthologie, encore (en tout cas livre collectif), un ouvrage sur la notion de beauté. Des auteurs de plusieurs époques... et François Cheng (argument d'achat suffisant pour moi...). 

Mais aussi, La poésie de la terre ne meurt jamais, de John Keats...

J'ai repéré deux livres de Carles Diaz, poète franco-chilien, et historien de l'art. Il entre dans l'univers d'un autre et rend compte de ses rêves

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23/11/2016 | Lien permanent

Saraswati 16. Les saisons en poésie...

Saraswati.jpgen ce crépuscule très bleu d’avril, entre toi et le temps, ces questions : est-ce l’instant qui passe et te traverse ou est-ce toi, poussé toujours au dos, le passant d’un instant immobile ? 
Michel Diaz, Printemps 1
 
Estaciones : eterno horizonte, espejo inmenso que rechaza objetivos
de futuro o los desdobla, los fosiliza, los aumenta
Saisons : éternel horizon, miroir immense qui rejette les buts 
d’avenir ou les dédouble, les fossilise, les augmente
Miguel Àngel Real, Saisons (traduction du poème en français par l’auteur)
 
Dire les incendies
les frimas à venir
les saisons déracinées 
Jean-Louis Bernard
 
(Trois fragments de poèmes publiés dans la revue Saraswati 16, Les saisons)
 
 
Les saisons, rythme de nos vies, respiration visuelle de nos paysages, et thème séculaire de la littérature… Le mot déclenche images et émotions, mémoire de moments et de lieux.
En couverture, sous une création d’Ève Eden (collage de troncs et de branches), une citation d’Albert Camus (de Retour à Tipasa, L’Été). Le hasard fait que c’est justement aussi un exergue d’un de mes poèmes, rencontre de lecture, phrase si forte qu’elle s’impose…
 
 
Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible.

Dans son éditorial Silvaine Arabo, l’éditrice, met l’accent sur le retour cyclique des saisons et renvoie aux notions du Yin et du Yang pour dire ce balancement entre deux polarités qui alternent, l’ombre et la lumière, et développer d’autres correspondances. 

Dans la revue, les poèmes des saisons constituent un ensemble en trois temps. Mais d’autres rubriques enrichissent le tout, pour près de deux cents pages.

L’art est très présent. Autres créations d’Ève Eden, mais aussi pages sur Lionel Balard (peintures, et entretien), Alain Tigoulet (photographies), et une rubrique sur des techniques japonaises, par Claire Berthouin. Ses créations, qui allient textile et végétal, sont très fines, subtiles, et l’on reconnaît l’esprit du Japon passé dans la main et les yeux d’une créatrice occidentale. 

La poésie n’est pas uniquement dans les textes sur les saisons. Présent, notamment, Federico Garcia Lorca, traduit par Annick Le Scoëzec. Suivent des notes de lecture (de Jean-Louis Bernard et Georges Cathalo) et les coups de coeur de Silvaine Arabo (qui m’a offert la joie de recenser Ombres géométriques frôlées par le vent). J’ai repéré des titres dans ces pages, dont deux que je vais mentionner ici.

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Sommaire, suite… 

Je vais d’abord parcourir - et citer - les poèmes des saisons, dans l’ordre. Pour certains auteurs j’évoquerai d’autres œuvres, lues ou à lire, dont un ouvrage découvert dans la revue. Puis je reviendrai en arrière, pour les autres rubriques (art, traductions, aphorismes).

Quelques mentions associées aux citations : deux livres de Michel Diaz, un recueil, Lignes de crête, et un ouvrage sur Ulysse - la note de lecture de Georges Cathalo recensant un ouvrage de Jean-Claude Tardif accompagnant des créations de Jean-Michel Marchetti - la revue de poésie créée par Colette Klein, Concerto pour marées et silence - deux recueils de Francis Gonnet - note sur l’entretien de Lionel Balard avec Silvaine Arabo, ce qu’il dit de sa peinture et du lien avec d’autres arts, dont la poésie, qu’il signe Léon Bralda - regard sur les photographies d’Alain Tigoulet et sur ce qu’écrit Laurent Bayart en marge d’elles - commentaires en marge des citations de Miguel Ángel Real et des traductions d’Annick Le Scoëzec - brève introduction des citations de Silvaine Arabo, aphorismes).

Liens : note qui suit, Lignes de crête, recueil de Michel Diaz  et page de l’édition Alcyone sur ce livre - Miguel Ángel Real, page de Recours au poème et page d’un site en espagnol - Annick Le Scoëzec, page sur une création théâtrale et entretien avec Silvaine Arabo - art, trois liens (Ève Eden, Alain Tigoulet, Lionel Balard). Et TAG (vers notes précédentes) : Saraswati

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Michel Diaz a écrit quatre amples suites en prose, deux sur la fin de l’hiver, deux sur le printemps. Suites est le terme qui m’est venu, car il y a quelque chose de musical dans ces pages fortement terriennes de marcheur.  Regard d’aube, horizon traversé par le passage fugace d’oiseaux, silence à peine habité par un de leurs chants. Après l’aube, le gris du crépuscule. Goût pour l’entre-deux, frontière entre le jour et la nuit, où le regard est plus intense, et, pour qui sait contempler, capable de créer un instant pour "un lambeau d’extase provisoire".

Citations...

"ce que l’on écoute, c’est ce que nous révèle une urgence de l’âme dans l’instant mis à nu, et ce que l’on entend, c’est la nuit qui pose le pied sur son ombre invisible, une forme, couleur, présence, un fantôme échappé du fond de la pensée, comme on sait que de l’autre côté d’une porte le temps s’est arrêté, une porte qui bat sans fin dans les années, et derrière laquelle on sait qu’on nous écoute

et si nous restons là, un goût de sel au cœur, guettant son ineffable tremblement, c’est que nous requiert une flamme, une mince flamme opiniâtre et son espérance, pour vivre, de ce peu de lumière qui peut, jour après jour encore, augmenter la lueur intérieure de nos silences, en nourrir cette absurde tendresse et immense pitié pour ce qui se lève toujours d’eau bleue, cette promesse enguenillée accoudée aux fenêtres de l’aube"

Fin d’hiver II

. et...

"il t’arrive, souvent, de t’asseoir au bord du chemin et de crayonner sur ton calepin ce que tu crois avoir compris de l’enfance du vent, d’épeler la vieillesse des pierres, de pousser ce soupir qui hausse le plafond du rêve, d’épouser pli à pli la vie jusqu’à sentir les jours pendre à tes cils et sonner leurs grelots, y entendre des voix plaintives monter lentement, lentement"

Printemps 1

De Michel Diaz j’avais justement lu, et aimé, son recueil, Lignes de crête (Alcyone, 2019). Magnifique ouvrage, que j’avais déjà l’intention de recenser, je le fais donc, note suivante car l’espace manque ici…

Dans les coups de cœur de Silvaine Arabo, j’ai remarqué la recension d’un autre livre de Michel Diaz, sur le personnage d’Ulysse, Le verger abandonné. Très intéressée et intriguée. Un fil rejoint ma lecture d’Audisio (notes précédentes)…  (J’en parle un peu plus dans la note suivante).

…...

Mes deux poèmes, amples aussi, suivent ceux de Michel Diaz et précèdent une citation de Khalil Gibran puis une création d’Ève Eden, tous voisinages dont je suis heureuse. Deux textes sur l’été, ma saison préférée. Ce qui illumine brûle, et La pluie est un lieu immuable. L’été, mais aussi la mémoire et l’oubli. Et la traversée vers l’autre côté de la conscience.

"L’été est circulaire,

 nostalgique de l’ascension spiralée

 il la prépare en nous,

 la métamorphose en cercles incandescents.

 C’est loin d’être évanescence inventée."

(…)

"Les mains incendient l’énergétique alchimie,

 symbiose du corps kabbaliste.

 Et c’est ce volcan qui le peut, 

 métaphorique été, 

 fuego."

Ce qui illumine brûle

. et… 

"Il pleut, et c’est dehors qu’il faut être.

 Déchirer le voile,

 tirer vers soi ce mur de nuages."

 La pluie est un lieu immuable

  MC San Juan

……

Je poursuis mon parcours par quelques citations

 

"on tresse chaque jour des liens

 avec des hôtes inattendus

 un soleil oublié rutilant de couleurs

 un violent orage d’été"

 Georges Cathalo,  Quotidiennes des quatre saisons

De lui j’ai noté avec intérêt la recension d’un livre de Jean-Claude Tardif, poète et éditeur (À L’Index, revue et plaquettes). Je connais bien son œuvre pour en avoir lu et recensé déjà plusieurs ouvrages, mais pas encore celui-ci, repéré, en attente. Plaquette publiée par Éditinter, Noir, suivi de Métamorphose du corps noir. Les textes de Jean-Claude Tardif accompagnent les peintures de Jean-Michel Marchetti, où le noir domine. Je connais les créations du plasticien, pour sa présence dans les publications d'À L'Index et en avoir vu aussi chez AEncrages. Promesse d’une méditation sur l’absolu de la couleur, ou sa négation, qu’est le noir. Occasion de relire Michel Pastoureau, sur le Noir, nous dit Georges Cathalo.

…...

"Les feuilles dorent et les générations meurent.

 L’azur ne s’émeut pas. Tout lui indiffère.

 Il a vu défiler la houle des humains."

Parme Ceriset, Saisons d’hommes

……

"Les saisons sont comme les étoiles : elles dévoilent rarement leurs secrets. La nuit venue, dans ce village du sud de la France, de vieux sorciers chenus viennent frotter leurs barbes hirsutes sur les feuilles de vigne que la fraîcheur du matin froisse de son cristal."

Jean-Pierre Védrines, Les Saisons

……

"Je te prendrai ma terre

 mon éveillée tranquille

 mon échouée sereine

 ma renouée d’argile

 au cœur de pâquerette"

Arlette Chaumorcel, Chant de la terre rouge

……

"Lilas citadelle

 de bucolique candeur

 te voilà drapé"

Georges Friedenkraft, Printemps (haïku)

……

"pétales de dahlias en flamme

        rouge et jaune d’été

                    feu  

                leur feu"

Maria Quintreau

……

"L’hiver éreintait les chemins et cernait la ferme dans un brouillard presque solide. Dans les aléas d’une levée de brume surgissaient les fantômes."

Daniel Rivel, Hiver au Violet

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Islamisme et idéologie...

1 Courrier intcouv-ok_1.jpgSi l’homme veut se faire Dieu, il s’arroge le droit de vie ou de mort sur les autres. Fabricant de cadavres, et de sous-hommes, il est sous-homme lui-même et non pas Dieu, mais serviteur ignoble de la mort.
                                                                  Albert Camus, L'Homme révolté
 
 
Alors justement il faut vivre.
Patrick Pelloux, Urgences de vivre
 
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Notre horizon est fait aussi de débats sur les pressions idéologiques de courants identitaires islamistes, qui nourrissent le terrorisme. Sur ce dernier sujet ce sont souvent des intellectuels de culture musulmane (croyants ou agnostiques ou athées) qui savent le mieux en parler, ne tombant pas dans le piège de la crainte d’être taxés d’islamophobie. Et connaissant de l’intérieur la culture (dont la pensée des gens simples) ils évitent aussi les projections et rejets. Ils refusent l’amalgame que font les islamistes entre musulmans et islamistes (pour reporter sur toute une communauté le fantasme de stigmatisation quand seuls eux sont dénoncés). Mais hélas la porosité est aussi un fait entre une population attachée à sa croyance et des idéologues qui veulent la capturer. 

Un texte d’Abdennour Bidar. Percutant, nécessaire. Qui exprime sa rage de penser que les auteurs majeurs parlant de l’islam et combattant l’islamisme prêchent dans le désert. Colère contre les aveuglements complices et les confusions haineuses…

Citations : « En collectionnant les figures d’« imams progressistes » chez lesquels il n’y a le plus souvent qu’un effort parfois sincère mais toujours insuffisant d’adaptation de l’islam, nous avons franchi le pas scélérat de la complicité objective avec tout ce qui contredit les valeurs de la République et des droits de l’Homme. En ayant fait de Ramadan un phénomène médiatique (…) c’est en réalité sa starisation qu’on a organisée. » (…)

« Encourager une philosophie critique de l’islam. 

A l’arrivée, c’est le positionnement d’une trop grande partie de nos élites vis-à-vis de l’islamisme qui n’est ni lucide ni clair.» (…)

  « Meddeb est mort, Arkoun est mort, Chebel est mort, après avoir tous crié dans le même désert. C’est indigne de la France. Combien restons-nous désormais à produire une philosophie critique de l’islam ? Une pensée qui nourrisse en chacun les questions spirituelles aussi bien que l’appartenance citoyenne ? Une pensée qui réconcilie les identités, les appartenances, et qui œuvre pour une fraternité qui ne soit pas que de façade ou de fronton ? On pourrait nous compter sur les doigts d’une main » (…)

« Il est grand temps d’arrêter d’être aussi aveugles, complaisants ou lâches face à tout ce qui produit de la radicalité aujourd’hui au quotidien dans notre société. Il faut arrêter aussi, à toutes les échelles, les politiques de complicité avec l’islam politique « http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/11/14/tirons-les-lecons-de-l-affaire-ramadan_5214532_3232.html#1LGXIfxgV5HGqKbv.99

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Autre chronique, cette fois pour questionner le « lieu » idéologique de la parole de Plenel. Analyse excellente qui mérite une lecture intégrale attentive. Décryptage d’un positionnement complaisant qui a des racines politiques précises, des failles de pensée anciennes, des objectifs non dits. Réflexion d’Alain-Jacques Jacot sur son blog…

« Islamo-gauchisme, trotskisme et taqiya. D’où parles-tu, camarade Joseph Krasny? »

Citations (et lien) :

« Il était d’usage en 1968, lorsqu’un intervenant demandait la parole dans une AG, de lui demander « D’où parles-tu camarade? », histoire de savoir quel courant idéologique il réprésentait. Voilà longtemps que des journalistes paresseux ou ignares, représentant de médias complaisants, ne posent plus cette question au camarade Joseph Krasny (son pseudo de journaliste de « Rouge », l’organe de l’ex-Ligue Communiste Révolutionnaire, un certain Edwy Plenel qui depuis 20 ans, agit sous couvert de « recherche de vérité journalistique »! » (…)

« Voilà d’où parle le « camarade » Joseph Krasny-Edwy Plenel . Voilà ses buts, voilà ses méthodes! Il poursuit le même but avec les mêmes méthodes que tout militant trotskiste  » infiltré » dans un milieu ennemi. » (voir, sur la note du blog, la liste, qui précède cette phrase, des « méthodes » trotskistes). (…)

« Il se trouve que cet objectif est exactement le même que celui du prédicateur « frère musulman » Tariq Ramadan. Leurs méthodes également. Dans une répartition de rôles, l’un vise la gauche, l’autre les musulmans; l’un les médias, l’autre l’Université. 

Cette alliance objective, illustrée par la complicité entre Ramadan et Plenel, a été théorisée en 2004… » (…)

 « D’où parles-tu, camarade? .

Je demande aussi aux mêmes journalistes de poser à Tariq Ramadan, prédicateur des Frères Musulmans sous couvert d’islamologie, Islamiste qui veut prendre en otage nos concitoyens musulmans, cette même question. (…)

C’est donc maintenant aux républicains, de droite comme de gauche, à se mobiliser pour sauver l’essentiel : LA REPUBLIQUE FRANCAISE, Universaliste, une et indivisible, sociale et laïque. » https://leblogalupus.com/2017/11/13/islamo-gauchisme-trot... 

......................

A partir de ces questionnements toute intervention peut être située. 

Poser la question du lieu social, idéologique, et politique, d’où quelqu’un s’exprime, peut se faire directement (journalistes… à condition qu’ils aient fait le travail d’information indispensable). Mais il peut se faire (lecteurs, public qui s’informe) indirectement, en cherchant les traces, les sources, les modalités du « dire ». C’est appliquer simplement la règle de lecture qui est enseignée quand on explique ce qu’est l’énonciation, quand s'exprime un locuteur qui est quelque part, ceci ne signifiant évidemment pas seulement un lieu géographique, mais tout ce qui situe l'espace idéologique et intellectuel à partir duquel quelqu'un élabore son discours. « Qui parle? A qui? D’où? » Ce b.a. ba enseigné au collège est souvent oublié par des « intellectuels » négligeant la rigueur…  De plus, à cette triple question il faut ajouter « Comment? ». Les mots choisis, la structure des textes et des phrases, les références et les silences, voilà qui donne des clés. En plus des faits trop souvent occultés (comme ce livre de Plenel, soi-disant en soutien des musulmans, diffusé abondamment par le Qatar, pays auquel Ramadan est lié par des soutiens et engagements, etc.).

Dans un article Médiapart (Plenel) considérait qu’il existe « un islamisme démocrate que représentait Ramadan » (!!!). Et une responsable de Médiapart a déclaré que l’islamisme n’était « pas une chose grave »… La logique complaisante poussée à bout.

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Documents.
Un communiqué du Comité Laïcité République, qui pose les questions adéquates. "Plus de place, dit-il, pour les idiots utiles et les accusations d’islamophobie"…  https://www.laicite-republique.org/face-a-la-barbarie-plu...
 
"Les mots laïques de l'écrivain", de Kamel Bencheikh.  Voir notamment ce qu'il dit de l'islamogauchisme...
Il écrit ceci dans une note introductive : "Tout dire, et le dire à ma façon, voilà ma spécialité. Cette certitude absolue. Difficile d’en démordre quand on a soif de vérité et de liberté."
Voici une parole d'écrivain qui sait que parfois on doit poser d'un côté ses textes littéraires et prendre le temps d'inscrire ce que l'éthique et la raison exigent de soi sur l'autre part du réel, celle qui met en danger justement toute poésie et toute beauté. 
https://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-mots...
De lui aussi, cette chronique sur les pressions antilaïques…
Et "La critique sauve les religions de ce qui les menace", voici ce que dit Rachid Benzine, islamologue… Page FranceInfo… 
Aussi…
Une chronique d’Amin Zaoui, sur Liberté-Algérie (où il publie régulièrement) qui évoque la rupture entre, d'un côté, les fanatiques religieux, et, de l'autre, les trois espaces pour une pensée libre : philosophie, poésie, laïcité.
Éditorial, Liberté-Algérie, par Hassane Ouali, "Gagner la bataille idéologique" (texte écrit après l’attentat de Nice). Ne pas faire l’erreur de cibler les musulmans en tant que tels, dit-il, mais mener la lutte "en amont", "sur le front idéologique".
De Kamel Daoud, "Il faut démanteler l’islamisme". Document audio, et page avec citations…  
Mohamed Adel Mtimet, chercheur, ne considère pas qu'il ne faut pas parler d'islamisme...
"Islam et dissonance cognitive"... Tribune de Maya Ksouri...
Cela date de 2015, et de 2016, mais c'est un témoignage important. D'Ahmed Meguini... 
et sur Huffingtonpost...
 
Entretien avec le préfet Michel Delpuech qui met en garde contre les remplis identitaires et l’islam radical… 
Didier Daeninckx, écrivain :
"Qui aurait pu imaginer que la gauche se déchirerait
à propos d’un délit imaginaire forgé par
des assassins ?"(Et liens vers d’autres articles)…

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Livre, langue océane, de Douna Loup, Atelier de l’agneau, coll. Archi-textes, 2022.

douna loup,langue océane,atelier de l'agneau,livres,citations,poésieEn couverture du livre de Douna Loup, un dessin de Cendres Lavy, où on voit un corps féminin habité – en quelque sorte – par un poulpe-pieuvre, ses bras serpentesques tendus vers elle comme des lianes. Cela traduit très bien l’univers de ces pages, où cet animal apparaît, nommé poulpe ou pieuvre. (Et l’alternance des deux noms du même octopode – le masculin et le féminin - dans les poèmes, correspond à une thématique centrale, du jeu entre féminin et masculin, volonté d’un dire pluriel de la sensualité, désirs et fantasmes).

De Douna Loup, on apprend qu’elle est née à Genève, de parents marionnettistes, a vécu en France, et ailleurs. Un de ses livres, L’oragé, fait revivre un poète malgache trop méconnu en France, interrogeant le rapport à la langue et à l’identité, dans la création. Dans un autre ouvrage, L’embrasure, s’esquisse une parole sur le désir, qui dit une fusion plus que charnelle, un processus d’habitation par une métamorphose (qu’on peut penser animiste et qui se retrouve ici) de lien avec la nature, la forêt). Mais si le sujet de ces poèmes est en gestation dans les ouvrages précédents la langue en est différente. Dans langue océane (pas étonnant que le titre l’annonce) la langue est aussi le sujet, soumise à des secousses, des déchirements, des interversions. (Et des fusions – mais celles-ci, les fusions, sont moins inventées, empruntées à des formes qu’on peut trouver dans des textes littéraires ou journalistiques ou militants. Récupérations qui expriment une volonté de se glisser, en l’adoptant, dans un flux de questionnements qui circulent, n’appartiennent pas qu’à elle). Ainsi, dans ce livre, alternent des pages où la tension vitale s’exprime par un déploiement d’érotisme et de poésie, ampleur océane donc, et d’autres où l’affirmation d’une sorte de volonté inclusive, pour soi, et nommée ainsi dans un texte, rejoint des codes sociaux qui ne disent peut-être pas toujours la même chose.

Est-ce une parole féministe ou simplement féminine ? Lisant, la réponse à cette question n’intéresse plus vraiment. Peu importe. Au-delà du féminin plutôt. On lit une déclaration qui inventerait un panthéisme de l’incarnation, né du sentiment océanique qu’explicita Romain Rolland (sans qu’elle s’y réfère) et qui recherche des images tout en bousculant syntaxe, rythme, et mots, pour créer la langue qui puisse être celle de cette liberté intérieure, comme un aboutissement d’un savoir personnel. Conscience de pouvoir être un(e) avec la réalité (et forêt / je suis), en fusion-dévoration de et avec l’autre, comme démultipliée par l’intensité de la fusion avec un réel de matières et de flux, humains, végétaux, et animaux. Cependant pour mettre cela en mots, dire une conscience « océane », elle pense devoir faire se heurter la langue à l’étranger de la langue, en déformant le vocabulaire, en brisant des syllabes, en trahissant volontairement la nature des mots et leur genre (unE accouchement). Ainsi l’eau devient la leau, comme pour le bégaiement d’une enfance retrouvée, innocence linguistique dans la perception différente du corps.

Trois parties. Naisse / Cosmos / panpluriel

La plus ample. Naisse.

Naisse ? Subjonctif du verbe naître ? (Que naisse… soi ?). Ou invention d’un nom, processus de mise au monde de soi. Ou nasse sans sa lettre i ? (On l’entend, malgré soi, comme on entend laisse, de laisser, quitter, ou pour la laisse, le lien). Nasse, c’est un panier pour pêcher, aller à la pêche (l’eau, donc, et la recherche de quelque chose – mais le poisson y sera prisonnier). Être dans la nasse, une situation difficile. Tous ces échos (que l’inconscient des auteurs pose dans les mots) ne sont pas ici étrangers à ce qui se déroule dans la première partie. La désirante connaît aussi la peur de la perte, même si elle l’évacue ensuite, la transforme en jouissance. Avec une image forte, pour ce sentiment qui n’est pas un sentiment mais qui est une jambe arrachée de te perdre. Elle sait des limites, ce qui ne peut être dit (… ma force (…) je ne peux pas te dire son nom).

Désir de dévoration et refus.

Besoin de nommer et d’être nommée par l’autre. Ainsi, les homophonies, assonances et allitérations, sont une tentative pour se nommer.

elle, sel, celle, rui  sselle, elle, ielle, ciel…

Pour trouver sa langue.

oui me parler encore cette langue à l’intérieur

Qui est aussi celle de l’écriture. Dans un poème du début elle écrivait

je suis voix / et voirée

et ces mots sont dans ma mémoire une future poésie

Supplique du premier poème (presque une supplication), mais invite des autres textes à entrer en noyade dans son monde hypnotique (t’offrir l’océan). Car (perte ?) le dedans ne perd jamais. Le nous cependant…  s’est tu / nous se tait s’effrite (…),

et déchiqueter la liaison ça blesse

Mais

je suis multipliée

Naisse contenant laisse (verbe et nom)… J’avais raison…

je naisse

une accouchement de frontières

de laisse

de mer (…)

et ça brasse bruisse et me laisse  

Cosmos, mot seul sur la page-titre intérieure, au début du livre. Mais en titre de la deuxième partie, cela devient Cosmos en résurgence. Suite de la naissance à soi, même si cela passe par des dé-liaisons.

Détour par les abeilles, leur fécondation particulière, son identification avec leur univers.

je vole avec mes ailes (…) / ça me parle dedans

Et lui parle le rôle de ces insectes assez fabuleux, dans…

la circulation /pollinifère / de l’univers

Résurgence, remontée de cette sensation d’un lien avec tout.

la terre va fruit / feuille pétiole carpelle / j’épelle ces noms sacrés / pour dire / mes homoparentés végétales mouvantes

Se sachant parente (…) de tout ce qui vit vibre / cosmos en résurgence

En titre de la troisième et dernière partie panpluriel se déploie...

Manifesto pan pluriel

Peu de pages, un seul grand poème.

C’est vraiment un manifeste. Expression d’une liberté, le droit d’inventer sa manière de vivre, de se dire traversée par tout ce qui est, de s’affirmer être « avec », et de savoir et dire que rien n’est séparé.

Manifeste pour soi, mais appel à autrui, le « tu » de LÈVE-TOI

pour faire plus grand ce qui vit / vibre.

.

Deux livres pourraient intéresser Douna Loup, qui rejoignent d’une manière ou d’une autre sa problématique et l’interrogent aussi.

Celui de Fabienne Raphoz, publié chez Héros-Limite, Terre sentinelle, 2014. Ode savante à la nature végétale et animale (dont, présentes, les abeilles…), et poèmes aux lettres dispersées sur la page. Abeilles en couverture…

Et celui, fort différent, de Stefan Zweig, écrit en 1925 (publié par lui dans une revue berlinoise) et édité par les éditions Allia, L’uniformisation du monde. L’auteur voit un danger se profiler, contre la complexité du réel et de nos identités (les croisements culturels de la diversité effacés par l’uniformité qui s’impose ou qu’on s’impose, et qui a plusieurs formes). Il écrit ceci… Les visages finissent par tous se ressembler, parce que soumis aux mêmes désirs, de même que les corps… extrait complet sur la page d’Allia…

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Recension © Marie-Claude San Juan

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LIENS…  

Langue océane. La page du livre de Douna Loup sur le site de L’Atelier de l’agneau. Brève présentation et extrait d’un poème… https://atelierdelagneau.com/fr/accueil/261-langue-oceane...

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Et, livres mentionnés ci-dessus, pour leur sujet…

…. Terre sentinelle, de Fabienne Raphoz, Héros-Limite https://heros-limite.com/livres/terre-sentinelle/

… L’uniformisation du monde, de Stefan Zweig, Alliahttps://www.editions-allia.com/fr/livre/895/l-uniformisat... 

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19/07/2022 | Lien permanent

Michel Lamart, Cligner des yeux voir le monde autrement. Photo-poèmes

michel lamart,cligner des yeux voir le monde autrement,éditions unicité,unicité,poésie,photographie,regard,art,philosophieLe livre porte sur la photographie, parcours érudit d’un auteur qui y a beaucoup réfléchi, pensant philosophiquement les questions de l’art (interrogation présente, aussi, peut-on parler d’art ? – mais le livre répond). Le titre montre clairement que le questionnement concerne le regard. En quoi photographier c’est regarder autrement, changer le rapport au regard (peut-être regarder plus, regarder vraiment).

Cligner des yeux voir le monde autrement

Sous-titre, Photo-poèmes

 

L’introduction, titrée Déjà-vu ? est un texte très dense, qui donne des clés fort utiles pour entrer dans cette méditation de connaisseur, cet essai proposé en poèmes. Que fait donc la photographie, l’appareil photographique, de notre regard ?

Il n’existe aucune photographie de rêve. Voilà un constat, avec cette première phrase, qui dépasse l’évidence. Logique absurde, volontairement inscrite pour introduire une hypothèse qui ferait de la chambre noire, camera obscura, le lieu d’une alchimie capable de transposer, ou de faire émerger, cette réalité onirique que rien ne peut saisir (et qui pourtant existe). Comment, alors, penser la photographie autrement qu’en métaphore, cherchant à déjouer le mystère de la chambre noire ?

Peut-être en la pensant doublement, dans un même geste mental. Philosophiquement en étudiant ce que cela permet de capter peut-être métaphysiquement, dans ce que dit l’image en noir et blanc, par les traces qu’elle révèle, du rapport à la mort, ou, plus, de ce que la réalité de la mort dit à l’être humain, par la photographie - et le temps présent comme sujet permanent de toute photographie.

La mort, le réel, le temps. Trilogie photographique…

(Comment, pour moi, ne pas retrouver un écho avec les pages de Georges Didi-Huberman dans Écorces ? Si la mort est présente, c’est bien là, par les images et par la méditation).

Mais j’ai dit... la pensant doublement. Donc en cherchant aussi chez les penseurs de la photographie ce qui rejoint ou pas son approche, et déplace le questionnement de l’ontologie à l'esthétique (photographie et peinture…).

Cependant il faut ajouter une mention centrale, qui contient philosophie et esthétique, qui est l’intention-racine du livre, et qui lui donne sa forme. Michel Lamart dit vouloir (et il le souligne, après d’autres avant lui – mais sans doute pas de cette manière) suggérer un parallèle entre la photographie et le poème, ajoutant L’un étant l’autre - et vice versa.

Camera obscura… C’est bien plus qu’une réalité technique. La source du processus photographique est mentale autant que technique, nourrissant l’imaginaire de métaphores, comme toute pensée sur l’ombre et la lumière.

L’objet de l’auteur est la photographie argentique, car l’histoire de la photographie naît là et que le sens même en est différent. Il insiste sur le fait que ce n’est pas un goût du passé qui lui fait faire ce choix, mais la nécessité de porter l’étude sur ce qui est au contraire refusé (pense-t-il) dans l’usage de la photographie numérique et ses couleurs. Penser l’effacement (l’argentique l’autorise) et son refus, la mort regardée (le noir argentique l’invite) ou projetée dans l’impensé, écartée, masquée par la couleur.

C’est un point de vue très intéressant (et légitimement argumenté : il faut le lire…), même si on peut le discuter, si on voit dans le numérique une fragilité, finalement, au risque de la disparition, et si la couleur peut parfois signifier symboliquement un autre rapport à la conscience de la mort, autre certes, mais pouvant saisir le tragique comme le fait le peintre ou le cinéaste.

De toute façon on ne peut nier la force visuelle de la photographie argentique, qui ne se réalise que par la maîtrise du génie artisan des grands fondateurs (ou des grands successeurs, car il en est). Puissance de leurs noirs.

Deux parties structurent l’ouvrage.

La première, Photographèmes, explore la question de l’identification de la photographie au poème.

La seconde, Photo-génies, propose un parcours, les portraits des photographes qu’il admire.

Tout cela en poèmes.

Paradoxe que cette énonciation assez théorique, matière d’un essai, en langage de poète ? L’auteur en est conscient. Mais d’une part il l’affirme comme la volonté de dépasser la platitude du siècle nouveau empêtrée dans la « poésie » du quotidien, donnant ainsi une autre dimension à la poésie. Et d’autre part cela est adapté à son sujet, penser poésie et photographie ensemble, et le réel autrement. ll est bon d’en interroger « l’ombre portée », écrit-il, reprenant une expression de Jean-Christophe Bailly.

C’est dire le refus du mensonge que peut être la poésie quand elle n’est pas capable d’interroger l’ombre portée de ce réel alors fantasmé, édulcoré. Et je reprends en plein accord son terme de platitude, car on trouve cela souvent dans des jeux formels qui ne font pas penser. Mentir, la photographie aussi peut le faire. Comme le démontrent en le dénonçant autant Georges Didi-Huberman (Écorces), que Win Wenders (Emotion pictures).

Photographèmes… Trois parties. De la photo. Du photographe. Trait pour trait.

De la photo… D’abord, l’absence, triple. Celui qui regarde une photographie est l’étranger du moment. Le photographe était là, pas lui. Mais autre absence, ce moment, qui n’est plus. Hier ou il y a un siècle, ce n’est plus. Quelque chose / A eu lieu. Et enfin, cet espace saisi n’existe plus, lieu sans lieu.

Triple absence. Peut-être plus.

L’image / Porte le deuil / Du mot

Cependant cette absence, lisant, je la trouve vraie aussi pour la poésie.

Celui qui écrivit n’est plus là, même vivant, même se relisant lui-même.

Celui qui lit n’a plus que les mots, rien du geste d'inscription dans un lieu.

Et la pensée inscrite échappe au temps mobile.

Donc interrogation philosophique pour penser le rapport au réel, pensé en vérité ou pas, sans perte, aussi, de la conscience historique. Il y a un passage très riche où la dimension signifiante de la photographie est appliquée non seulement à l’image mais à soi se pensant comme cette image et son négatif, pas uniquement la trace de son corps sur une photographie mais hors image la conscience présente et l’absence qu’on porte ou qu’on sera.

Dimension analytique, aussi.

Inconscient du cliché

Refoulé photographique

Pulsion de mort

Car la photographie capture l’inconscient, même quand elle cherche à le repousser. Mais elle peut aider à fuir ce qui ne veut pas être vu, du réel et de ses tragédies.

Quand et comment se croisent la photographie et le poème ?

Alchimie du verbe

Chimie de l’image

Du photographe… La question première, pourquoi Le désir de photo ?. Qui en rencontre une autre, car sans photographie il y a cependant le regard.

Que saisit / L’œil du photographe / Quand / Il ne photographie pas ?

Questions, toujours. Que crée le photographe (et crée-t-il ?). Y a-t-il un style ? (Ou pas ?). C’est quoi son talent ? Et que veut-il donc révéler ?

Que croit-il pouvoir révéler que d’autres ne sauraient pas, avec son Don Quichottisme ?

Trait pour trait… Le portrait dit-il le vrai de soi-même ou une fausse apparence ?

Ne serait-ce que le Masque d’un / Masque… ?

Et si on faisait le portrait de la page blanche ? Revoilà l’écriture…

Photo-génies… Pour cette grande partie je vais citer des fragments des poèmes consacrés à quinze grands photographes, maîtres de l’argentique. Un art et des destins…  J’ajoute (entre parenthèses) avant les citations, les dates de naissance et de mort, le pays, et un élément qui situe, ou deux, ou plus. Aide à la lecture des poèmes, et ici des citations. En ligne il est possible de voir des photographies de ces grands artistes, souvent pionniers (et en bibliothèque…). Il faudra lire ce livre en aller-retour entre lui et des sites et des livres, enrichir sa connaissance de ces artistes et revenir au texte pour en comprendre mieux le point de vue et les questionnements.

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Nicéphore Niépce (1765-1833. France. L’inventeur de la photographie, du procédé dit héliographique.)

Au commencement

« La table mise »

Alentour (1822)

Une des premières

Photos

(…)

L’œuvre

Au noir

Du noir

Et blanc

.

Félix Tournachon (1820-1910. France. Connu sous le nom de Nadar. Il est aussi dessinateur et caricaturiste (portrait de Balzac…). A réalisé la première photographie aérienne (d’un ballon dirigeable, et la première photo sous-marine). Portraitiste, a photographié de nombreuses personnalités, dont Baudelaire, Renoir, Sarah Bernhardt. Autoportraits, aussi.)

Pour Tournachon

N’est d’art en photo

Que via la peinture

(…)

Regard intérieur

Que la photo

Révèle

(…)

Dans ce cimetière

De papier glacé

Aux tombes creusées

Au plus profond

De la nuit du Temps

Nous cherchons

Notre propre visage

Sous les traits

De la Mort

.

Émile Zola (1840-1902. France. Connu surtout comme écrivain, et pour sa défense de Dreyfus, son « J’accuse… ! », il est passionné par la photographie et photographie sa vie familiale).

Le sujet

Rien que le sujet

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POÉSIE. À L'INDEX - espace d'écrits, N° 40...

INDEX couv n°40.jpgL’introduction de Jean-Claude Tardif rappelle les publications récentes hors revue, dont plaquettes de poésie, comme celle de Werner Lambersy. Il insiste aussi sur la place donnée aux traductions. Il regrette l’invisibilité générale de la poésie, qui a cependant les revues pour refuge (elles-mêmes survivant parfois difficilement).
Après mon parcours de lecture (sélectif et subjectif) je reprendrai mes commentaires antérieurs du frontispice d’Yves Barbier et du texte de Jean-Pierre Chérès en 4ème de couverture (repères permanents qui disent une conception de la poésie).
Publications bilingues… Justement, les poèmes de Mascha Kaléko (1907-1975), traduits de l’allemand par Jean-Marc Couvé. Textes choisis dans plusieurs recueils, dont un posthume. L’amour, le temps, l’exil (avec le Monologue de l’émigrant). Exil qu’elle a vécu, en 1938, en fuyant l’Allemagne nazie (famille juive venue de Russie). Dans ce poème elle parle de patrie perdue, "Bouffée par la peste, engloutie sous la tempête". C’est elle, c’est tout exilé pour cause de guerre ou de désastre totalitaire. Je remarque aussi un titre de recueil : Dans mes rêves l’orage fait rage
 
Des poèmes de Jacques  Nuñez-Teodoro je note déjà la présence d’exergues. (J’aime que les poètes tissent des liens avec les auteurs qu’ils lisent, dont les phrases posées disent quelque chose de leur langage, de leur éthique). Il cite Henri Krea (pour Poèmes en Forme de Vertige - quel beau titre !), Robert Nash (Maine), Juan Agustin Goytisolo (Palabras para Julia), Catherine Ribeiro (La petite fille aux fraises), Jean L’Anselme : "Je suis du côté des cognés plutôt que de celui du manche". Et ceux qui souffrent sont présents. Ainsi les migrants qui meurent en mer, évoqués dans un poème. Les sentiments personnels sont mêlés à l’amertume née de la conscience des menaces qui guettent la planète, ou nées d’ombres passées.
Citations...
Parler de bonheur  (…) / c’est voler à l’oiseau ses ailes de lyre
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Il y a des villes de l’autre côté du silence
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Il fait froid dedans mon cœur / un vieux frisson d’enfance mutilée
(…) Des flots féroces noient déjà des enfants / Des eaux glacées s’avalent déjà des îles entières
(…) ll fait froid dedans mon cœur / un frisson de rêve en morceaux
 
Du poème de Gabriel Mwènè Okoundji, je retiens, comme trace pour l'ensemble, quelques vers et fragments, une parole de conscience...
Citations... 
Récit venu d’un rêve d’une nuit
(…) il disait : / - si tu te reconnais homme témoin de l’homme, c’est assez.
(…) Parle-nous ta langue mbéré ouvre en elle tes paupières.
(…) Cette terre n’a aucune borne voyante dans l’histoire du Congo. Nous ses natifs, nous sommes beaucoup de fleurs et peu de fruits, beaucoup de noix, peu d’amandes, beaucoup de vacarme, peu de parole, et nos rivières coulent toutes à l’envers des fleuves…
 
J’ai beaucoup aimé les textes (en prose) de Fabien Sanchez, et notamment celui, superbe, qu’il consacre à Abdelkader Djemaï. Récit d’un après-midi passé avec lui, magnifique portrait qui traduit l’évidence d’une présence forte. Estime, admiration. Mais à travers ce partage de rencontre on lit indirectement l’autre présence, celle de celui qui admire, qu’on devine, en surimpression. J’ai lu attentivement, aussi, ce qu’il dit sur ses lieux d’enfance, ce que l’on perd ou veut perdre, pour de multiples raisons. Et j’ai aimé aussi ce qu’il dit, autre texte, du rapport avec soi-même, la perception qu’on a de soi, du corps et de l’esprit-âme s’y sentant parfois prisonnier, des paradoxes de la conscience extrême. J’y vois une grande profondeur lucide et une grande sensibilité. (Je me sens en affinité avec cet univers de pensée, de "vivre"…).
Et il y a enfin le grand texte d’évocation d’un été de 1993 habité par la lecture d’Anaïs Nin, en prolongement de celle d’Henry Miller. (Tiens, moi aussi j’ai lu l’une après l’autre). Il peint, dans ce texte, des moments un peu glauques, et un personnage qu’il connaissait, glauque encore plus, décrit des hommes perdus avec des désirs sans amour. Certains passages pourraient faire grincer la féministe en moi. Mais non. Il y a trop de lucide vérité pour ça. Profondeur du regard, encore. 
Citations...
J’incline à dire ceci : Abdelkader Djemaï a l’épaisseur humaine que j’aime ; il fait le poids. (…) Tout ce qu’il dit fait écho à ce que je cherche en cette vie, la liberté par les mots.  (…) L’homme qui me parle côtoie les nuées lyriques et métaphysiques qui font la jonction entre l’art de vivre et l’art d’écrire, c’est-à-dire entre la poésie et l’être. (…) Il a le beau visage d’un homme dont les rides du temps soulignent plus profondément la douce gravité qu’il confère au présent.
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L’envie me prend de me défaire de moi-même, sans savoir par quel bout commencer. (…) Heureusement que tout est voué à l’impermanence, et que ce que je prenais aujourd’hui pour un trouble vigoureux, demain s’atténuera, transporté de célestes douceurs.
 
Et, justement, suit un grand poème d’Abdelkader Djemaï, Vivantes pierres. Et c’est tout à fait comme l’a dit Fabien Sanchez, le texte d’un écrivain qui a en lui une grande beauté d’être. Les pierres ne sont pas choses vues mais élément d’un univers concret faisant partie du réel comme nous. Il invoque des présences multiples (végétales, animales), et les éléments (sable, argile, vent…). Animaux qui perçoivent quand les hommes n’entendent pas ce qui guette. C’est un lieu, un moment, mais des lieux, des moments. Le temps au-delà du temps, la terre et la réalité d’un fragment de cosmos. C’est comme un parcours métaphorique de l’histoire humaine, un appel à la conscience de nos limitations intérieures. Présence et disparition de l’humain sur terre. Grand texte, grand poète.
Citations...
Les pierres sont vivantes / Comme la chair d’un figuier / La pulpe d’un agave, le cœur d’un palmier   
(…) Les corps sont au tracé de la faille / À la déchirure de la page / À l’évaporation de l’encre
(…) Oui, les pierres sont vivantes / Et nous sommes morts / Sous nos paupières de schiste / Nous sommes morts / Sans avoir connu la neige / L’éternuement des nuages  / Et les pleurs de la pluie // Nos souvenirs en miette / Ne sont que les cailloux du gué / Qu’il faudra emprunter / Pour vivre à cru / À fleur d’image / À fleur de peau 
 
De Jean-Claude Tardif il y a une nouvelle. Moi qui ai du mal avec les nouvelles, j’aime celle-ci. C’est dans sa veine un peu fantastique, le mystère proposé par petites touches. Création de l’atmosphère d’un lieu, d’un moment, avec le goût pour la pluie, peut-être pour l’univers de brume qui sert le propos. Un personnage va vivre une sorte de métamorphose, à partir d’une double rencontre. Une femme entrevue sous l’averse, puis une silhouette qui semble se dissoudre dans le tronc d’un arbre. Et un jeune homme irréel qui a le visage d’un saint d’un autre temps. La transformation du personnage peut être interprétée comme le symbole d’une interrogation métaphysique ou d’un questionnement sur l’opposition entre raison et croyances.
 
Fantastique, aussi, le récit de Pierre Mironer. Un lieu qui mêle art, mort, mémoire et dérision. L’amoureux d’une morte hante sa tombe, dans ce qui n’est pas vraiment un cimetière.  
 
Je lis ensuite les fragments de Dominique Sampierro. Le beau titre intrigue (et c’est bien pour un titre), Neuf fragments de la lettre à l’emmuré dans son murmure. L’emmuré, c’est l’auteur, qui s’enferme avec la promesse des mots à inscrire sur un carnet. Méditation sur l’écriture, le processus qui y fait entrer : gestes, objets concrets et sens métaphorique. Le monde de l’écriture comme "un jardin sans clôture". Et ce qui attend, "au fond de mon silence comme au fond d’un puits". Le carnet qu’il ouvre est "fenêtre", "seuil ?". Et paradoxalement ce qui permet l’émergence de l’écrit c’est le "passage de la vacuité". Le vide "au cœur de la langue" ouvre le plein de la voix intérieure.
Citations...
L'impression que tout est là, à attendre de naître, sans contour, dispersé dans le souffle recueilli du papier.
(...) Car écrire c'est rester assis ici dans le lieu étrange d'une rencontre dont nous ne décidons rien à part notre juste présence. J’ouvre un cahier et j’ouvre mes mains en fait. Mon souffle. Mon regard du dedans.
(...) Un besoin de page blanche va succéder à cet envol de révoltes et d'abîmes, ouvrant loin derrière les yeux une frontière intime, insoupçonnée.
(...) La page blanche est le rêve de chacun d'effacer toute sa peine, toute sa douleur, de danser avec ce qui nous invente, réveillant toutes les mémoires anciennes et celles à venir aussi, les caresses les plus secrètes de l'invisible sur notre âme (...).
 
J’ai lu avec attention les textes de Kamel Bencheikh dont je connais d’autres publications. Il y a d’abord un grand texte sur une double mémoire amoureuse. D’autres lecteurs le préféreront sans doute à ce qui suit, pas moi (tout en appréciant cependant). J’ai aimé surtout les deux poèmes de colère et la Lettre. J’y retrouve son combat contre le fondamentalisme, contre les intégristes. Pour l’égalité des femmes et des hommes. J'y retrouve l'élan d'une force intérieure.
Citations...
Que la tempête s’acharne sur ceux qui égorgent la poésie, / Que la bourrasque souffle sur leur inhumanité galeuse, / Que le tonnerre balafre toute trace mortifère des ténèbres.
(…) Ils ont emprisonné les cheveux des filles de la Kahina dans une serpillière
(…) Il est grand temps pour l’oranger et le citronnier de mûrir 
(…) Et que mon peuple carbonise les servitudes hivernales
(…) Rien de ce qui est religieux n’est spirituel 
 
En lisant le récit de Michel Lamart j’ai tout de suite pensé à Maupassant, pour cette peinture réaliste, ces portraits cruels de vérité et d’ironie. Et, tournant les pages, j’ai vu qu’il le mentionnait... Confirmation de proximité.
 
Poèmes bilingues, de nouveau. De Wilfred Owen (1885-1918), traduits par Philippe Pasquet Radenez. Textes contre l’horreur de la guerre. Forts.
 
Enfin les poèmes d’André Prodhomme. Un souvenir d’enfance, le Monopoly, revu avec les yeux et la conscience de l’adulte. Puis un texte sur l’alternance des états d’âme, et, surtout (ma préférence)un poème sur une photographie d’enfant kurde sur les épaules du grand-père.
Citations...
C’est plus qu’une photographie / C’est au-delà d’une plainte 
(…) De quel imaginaire d’humanité commune / Témoigne cet instant recueilli / D’amour sublime entre un grand-père et une enfant 
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Le frontispice d’Yves Barbier, en couverture. Comment je le déchiffre… (reprise du texte d'une recension antérieure).

Cette vignette est une absolue réussite, car elle donne matière à interprétation et vaut manifeste. Dans un rectangle, qui peut figurer une page, une silhouette androgyne pousse une spirale, en dansant, ou la suit en courant, à moins qu’elle ne lui résiste, reculant. Spirale monde ou temps, centre d’écriture déroulé ou centre en construction, perspective cosmique, si je veux le voir ainsi, et c’est ainsi que je le lis. Il ne pourrait y avoir meilleure traduction de ce qui est offert en poésie. Une part de jeu et de danse avec les mots, mais dans un contexte d’ancrage réel dans le monde tel qu’il est. J’y vois le poète qui trace ses signes, en alphabet archaïque, originel, et qui les déchiffre (ou déchiffre en lui ce qui émerge de lettres et de mots). Signe spirale ou Terre, lien avec le monde, cette planète ronde et son feu central, et nous dans ce circulaire cosmos des galaxies, dont Hubert Reeves dit que nous sommes "poussières d’étoiles". La main touche la surface. La silhouette danse un peu, le cercle est peut-être aussi un cerceau, celui du jeu, pour garder l’esprit d’enfance et faire de la poésie une divinité intérieure "qui saurait danser" (Friedrich Nietzsche…). Ou c’est un fil lancé comme un lasso pour attraper mots et sens, ou s’attraper soi-même, et faire naître la possibilité d’accepter ce qui peut advenir, secousses de conscience. Je vois aussi une surimpression de O, cercle symbole de ce qui fait chercher et créer un centre (de soi, d’un texte, d’une oeuvre visuelle)... Mais aussi l’immense et lourde pierre que Sisyphe pousse jusqu’au sommet qu’il doit atteindre, et inlassablement recommence encore à gravir, encore et encore. Car si l’élan est là, qui fait créer, si la page est tracée, encore faut-il qu’elle sorte du rectangle. Et si la "présence au monde" (Jean-Pierre Chérès) fait s’impliquer celui ou celle qui écrit, et se sait "embarqué" (Albert Camus), il peut désespérer devant son impuissance. Désespoir, quand l’obscurantisme et la violence règnent, qu'on sent que ce qui ressemble au fascisme guette, et que cela menace toute possibilité d’entrer dans le silence de l’intériorité. On tend d’aller vers le sommet de soi-même, et tout bouscule et ramène aux réalités triviales. Redescendre, reprendre l’ascension.

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Ma lecture du très beau texte de Jean-Pierre Chérès, La Poésie, qui sert de manifeste permanent, paragraphe dense de la quatrième de couverture… (Reprise, ici, du texte d'une recension antérieure).
Citations...
"Préserver le présent dans sa respiration" et "se donner corps et esprit à la présence du monde", "être possédé par le monde, ouvrir en permanence ses antennes sensibles à l’univers".  
Et, donc, mon commentaire. Comment je le lis...
L’humain. L’humain d’abord. Dans la réciprocité du regard, dans l’inscription de tous les sens. L’autre, différent ou étranger, l’autre respecté. Ethique d’une poésie qui se soucie peu de fariboles superficielles. Beaucoup de ceux qui écrivent ainsi sont dans un permanent grand écart entre l’implication (qui ne peut être "que" d’écriture) et la création. Engagement non doctrinaire. Au contraire, liberté rebelle de la pensée critique, recherche en profondeur de sa propre authenticité, loin de la volonté dogmatique de possession du monde et de la pensée d’autrui. La poésie réelle est une clé contre le fanatisme.
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recension © MC San Juan
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