17/06/2018
Poésie. Les Cahiers du Sens 2018. La voie / La voix...
La réflexion poétique nous incite à cultiver l’intuition cosmique
(…) Nous défendons en pratique la démarche même d’une universalisation du coeur altruiste.
Jean-Luc Maxence, texte introductif, La voie du futur commence mal.
(En fin de note, à lire : citations, ma subjective sélection, douze poètes, de c. ou d. à v. ou z...).
Discrètement présente dans l’anthologie 2018 (comme l’an dernier, dans la revue 2017). De la thématique j’ai surtout choisi le questionnement de la voie (ce voyage intérieur vers soi ou loin du « moi »), mais qui a forcément un lien avec la voix, celle de l’écriture (mais aussi celle des voix lues, qui, quand on adhère au sens porté, aident à trouver ce qui peut être sa voie, ou une voie, si ce n’est « la » voie… En exergue j’avais posé deux citations, J-L Borges et Etty Hillesum.
C’est émouvant que ce partage déclenché par les éditeurs (Jean-Luc Maxence et Danny-Marc). Un thème, et chez quelques dizaines d’auteurs qu’ils ont sollicités se lève une réflexion commune, un déclenchement d’écriture. Ce sujet, voie et voix, est finalement assez intime, faisant plonger au centre de ce qui nous « meut », et quand on reçoit la revue achevée, on entre dans le secret des autres qui écrivent, on trouve des échos, des fraternités. Parole du « je », mais aussi questionnement collectif sur ce qu’est le monde et ce qu’on accepte ou refuse, ce que l’écriture peut faire et défaire.
De mon texte (une grande page) je retire, pour ici, quelques vers (exercice nécessaire, m’entraîner à mettre « dehors », plus que je ne le fais naturellement, et donc extirper la pudeur d’écriture, ce frein).
Deux fragments…
Voici...
« Dans le rêve je sais.
Je sais qu’il faut chercher sans chercher
et comment se défaire de l’illusion d’une porte à franchir
qui s’éloigne à chaque pas.
Se défaire des voies qui croient être « la » voie
fascinante. »
Et, plus loin…
« Danser est possible
sur ces sons que l’oreille n’entend pas, mais la peau, oui.
Ils chantent l’éloge du vide, du « nada » des sages. »
MC San Juan (« Voyage intérieur, simple écart d’un pas »)
A la fin, cependant, j’évoque « l’ombre des colères, révoltes, doutes ».
.
L’exercice d’égoïsme fait, parlons des autres...
Dans ces pages je retrouve certaines voix amies, mais aussi des écritures lues sans avoir croisé les visages. Ce qui compte ce sont les textes que j’apprécie.
La revue est structurée en trois espaces.
Des réflexions ou méditations sur le thème.
L’anthologie des poèmes (inspirés par la thématique, de manière proche ou lointaine);
Des lectures.
Des transcriptions de voyages (grand éloignement ou marche dans ses lieux, textes solidaires, aussi, avec « ailleurs »).
A noter, un hommage (plusieurs poèmes donnés à lire) rendu à Jean-Marie Berthier, mort accidentellement juste après avoir offert une préface à un ouvrage d’Annie Coll, publiée par l’édition Le Nouvel Athanor (collections et revue).
J’ai été particulièrement attentive, sur voie et voix (première partie) aux pages de... Jean-Luc Maxence (texte d’inquiétude, sur la marche du monde, et d’espoir cependant, par l’évocation du « coeur altruiste »), Gaëtan de Courrèges (qui ose « convoquer » Tintin, et c’est passionnant), Bojenna Orszulak, Marie-José Christien (dense écriture de ses "Éclats de voix", aphorismes, et un bel hommage rendu à l'écriture de Guy Allix dans un des fragments), Monique Leroux Serres (j’aime beaucoup comment elle relie la voie du Tao à ses démarches créatives, même devenir essentiel dans son cheminement : voie des fleurs, du haïku, du pinceau - je ne peux qu’adhérer à cela, création par les mots, les mains, le regard, car c’est le même geste qui conduit à soi et plus que soi) , Guy Allix, Claire Dumay (de tout ce que j’ai pu lire d’elle, je crois que ce sont ces pages que je préfère, et j’ai l’impression, d’ailleurs, d’une transmutation dans son écriture, ici : voile déchiré, traversée d'une frontière...), Robert Liris, Jean-François Migaud, Giovanni Dotoli.
Des poèmes de l’anthologie je préfère (première lecture, premier parcours) ceux de Danny-Marc, Gérard Engelbach, Christian Ganachaud, Lionel Gerin, Jean-Luc Maxence, Gérard Mottet, Bernard Perroy, Jean-Yves Vallat, Jacques Viallebesset, Patrice Zahn.
Des lectures, livres parcourus, recensions, tout est intéressant. On retrouve notamment Guy Allix, Marie-Josée Christien, Monique Leroux Serres, Jean-Luc Maxence. Et je note que le livre d’Annie Coll a retenu Marie-Josée Christien et Jean-Yves Vallat, double présentation qui fait sens. Ouvrage à inscrire sur les listes en attente, « N’avez-vous pas vécu ? ». Je l’avais déjà repéré, et je n’attendrai pas trop. Voici ce qu’en dit Jean-Yves Vallat (je prends une phrase de ses deux pages…) : « Dans ces paroles d’une minéralité de quartz, existe une lumière réfractée venue de grandes profondeurs. »
.
CITATIONS, poèmes, fragments… (et marges des poèmes, pour certains choix)...
.
« C’est le Tao qui m’a amenée au « do » : à la voie des fleurs, à la voie du haïku, à la voie du pinceau. »
Monique Leroux Serres (« Cheminant et devisant »)
.
« De même que notre voix nous est inaudible, la voie que nous prenons nous est invisible. »
Marie-Josée Christien (« Eclats de voix »).
.
« Cette nuit j’ai largué le monde
et pour quelques heures
lui ai demandé le silence »
Danny-Marc (« Le miracle de vivre »)
.
« Marcher sur tes brisées, cosmos »
Gérard Engelbach (« Ramer, la mer »)
.
« Vêtu de poussière d’os,
j’ai appris,
lettre après lettre,
à me vider
pour un nouveau silence. »
Christian Ganachaud (« Le testament d’un ange »)
.
« Ne rien retrouver jamais
Mais voir tout renaître »
Lionel Gerin (« L’or de midi »)
.
« L’eau a des relents de pétrole
Au rendez-vous du futur
L’apocalypse est annoncée avec la pénurie
Des longs déserts intérieurs
Traversant le désespoir »
Jean-Luc Maxence (« De quelle source parle-t-on ? »)
.
« En chacun de tes pas
il y a un chemin possible
que tu n’emprunteras pas »
Gérard Mottet (« En chacun de tes pas »
.
« à la recherche des clairières intimes
ou du vaste horizon… »
Bernard Perroy (« La vie s’avance »)
.
« Consens à la pierre pour son immobilité de veilleur »
Jean-Yves Vallat (« Consens »)
.
« Marcher vers l’ultime frontière
Avec du sang sous les paupières. »
Jacques Viallebesset (« Exil »)
.
« Mal à l’âme à la vie
où même la lumière ralentit »
Patrice Zahn (« Après Fukushima »)
..............................................................
Le Nouvel Athanor. Et Les Cahiers du Sens. Voir les publications sur le site de Soleils diffusion...
Dépôt de livres, librairie L'Autre livre...
00:56 Publié dans Recensions.REVUES.poésie.citations.©MC San Juan | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : les cahiers du sens, la voie-la voix, voie, voix, poésie, poètes, anthologie, le nouvel athanor, jean-luc maxence, danny-marc, jean-marie berthier, gaëtan de courrèges, bojenna orszulak, marie-josé christien, monique leroux serres, guy allix, claire dumay, robert liris, giovanni dotoli, gérard engelbach, christian ganachaud, lionel gerin, gérard mottet, bernard perroy, jean-yves vallat, jacques viallebesset, patrice zahn, annie coll, marie-claude san juan, jean-françois migaud
Commentaires
Je remercie de tout coeur mon amie Marie-Claude qui m'a fait l'honneur de m'inscrire à ces pages portant amplement les beautés de la création, et les délicates et inspirantes quêtes poétiques, j'y rencontre et voyage comme dans une merveilleuse forêt oû le vert tendre du couvert verdit le regard, le murmure perpétuel des ruisseaux offre une divine fraîcheur à l'esprit. Aussi, j'admire et fais miens les engagements dans les causes justes , la défense des auteurs ou autres personnes violentées injustement comme en Arabie saoudite. Bravo ! ces pages rajeunissent et revigorent la conscience.
Écrit par : ouachrine | 27/06/2018
Les commentaires sont fermés.