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15/07/2022

Deux recueils de Bruno Thomas, et une sélection d’autres titres du Nouvel Athanor (anthologies collectives ou personnelles, et recueils)…

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Les deux recueils de Bruno Thomas en suivent deux autres, plus anciens, publiés chez le même éditeur, Le Nouvel Athanor, en 1993 et 1999. Les deux derniers sont séparés par plusieurs années aussi, 2003 puis 2014. Lente maturation de la création, choisie. Mais dans un de ces deux livres il parle justement de l’écriture (temps volé à celui du travail professionnel) quand on n’écrit pas (et qu’en fait il y a autrement écriture).

Entre l’ombre, 2003, s’ouvre avec Paul Celan en exergue. Citation dont je reprends les deux derniers vers.

Il est temps qu’il soit temps.

Il est temps.


Or à la fin du recueil deux poèmes répondent, différemment, à cette injonction faite à soi-même.

    Page 73… (il n’a pas encore tiré

                    le vin de sa vigne

                    il n’a pas encore posé

                    le pain sur sa planche…)

     Et, page 74 (… la lumière de ce moment

                           comme partie d’un tout

                           qui ne saurait

                           que croire)

Interrogation sur le processus d’être, penser, créer, ce devenir dont on ne sait pas tout le mystère et les commencements.

L’avant-dire est de Colette Seghers, qui mentionne ce qui la touche dans cette écriture (pudeur, vérité, attention portée aux souffrances, beauté).

Je remarque qu’alternent des poèmes composés de trois tercets aux vers courts, et des poèmes un peu plus amples, aux vers posés comme un bloc d’une dizaine de lignes, sans majuscules, et entre parenthèses. (Comme les deux textes déjà mentionnés). J’interprète ces mises entre parenthèses comme la trace de passages mis en marge du poème, même s’ils sont poèmes. La pensée en train de se dérouler, de noter les émotions, les réalités, cette pensée qui est écrite ici mais qui était celle de la maturation, de l’avant d’écrire. Des moments différents de la conscience et de l’écriture. Et, en relation avec le titre, une manière de rendre visible, lisible, un espace entre ombre et ombre, ombre et lumière.

(comme si la lumière

 allait en renaître)

Le titre est la reprise du premier vers d’un tercet.

Entre l’ombre

où s’épuise

l’espoir

Ce "où" qui va commencer plusieurs vers des tercets, litanie en anaphore, comme un pied qui heurte le sol, pour appuyer la portée de ce qui est listé des manques ou blessures du dehors et du dedans.

Entre l’ombre… On peut lire cela de deux manières, mais les deux se complètent, et le jeu de cette ambiguïté a du sens. Entre, verbe, et c’est l’ombre qui vient. Entre, préposition, et c’est l’ombre qui est un espace double et un temps partagé. Espace de mélancolie, et temps de solitude et d’attente. Solitude de tous, manque dans l’humanité.

personne

ne sait

Et la recherche de plus de sens est incertaine dans un monde

Où peut-être

l’étoile

est le leurre

Et encore des tercets au premier vers titre.

Entre l’ombre / à peu près / vertical

Et… Entre l’ombre / comprenne / qui est

Vertical, au masculin. C’est lui, le vertical à peu près. Lui, et tout humain, entre (et là, préposition d’évidence) des espaces de l’ombre (dehors dedans)…

Enjeu, avec l’ombre, de son devenir (comprenne / qui est). On peut penser, alors, laissant la thématique de la mélancolie, au sens jungien de l’ombre. Et « entre » l’ombre peut sous-entendre « entre » l’ombre et la lumière. Et même s’il y a, dans le même poème le mot « agonie » (mais l’agonie ce peut être aussi la mort de l’ancien en soi, donc une période d’épreuve transformatrice) je peux y lire la prise de conscience de l’obscur, dont parle Jung (ainsi dans L’Âme et la vie). Et comprenne / qui est ce serait le processus d’individuation où on sait devenir qui on est. C’est l’entreprise dont rend compte ce livre. Mais entreprise qui se joue aussi dans son rapport à l’écriture. 

C’est l’aventure du Nomade / aux pieds / muets

Dont un poème (page 69) résumerait le sens de l’itinéraire d’écriture (telle que vécue avec cette profondeur de mise à nu de soi).

Entre / peau / et papier

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bruno thomas,entre l'ombre,pardon pour l'aurore,le nouvel athanor,les cahiers du sens,poésie,sacré,spiritualité,livres,citations,anthologiesPardon pour l’aurore, 2014…

Demande-t-on pardon pour l’aurore, sauf à en être le créateur, ou pour en avoir jouissance, et s’en vouloir, quand d’autres ne vivent que crépuscules (réels ou symboliques) ? Ou pardon pour trahir l’aurore, mais comment ? L’exergue, citation de Pierre Reverdy, donne une clé. Car c’est dans l’obscurité qu’est révélée une ombre aimée « plus douce que toi-même ». (L’ombre, encore…). Donc, pardon pour l’aurore, si, dès l’exergue, c’est l’ombre qui ouvre la porte de la rencontre (de soi, de l’autre). Mais le premier texte, Ciel de silence, en prose, explique autrement la démarche, en parlant du « défi » que toute écriture aspirant encore à surmonter l’azur se lance à elle-même. C’est ce défi (surmonter l’azur…) qui fait peut-être devoir demander pardon pour l’aurore

Dans sa préface, Matthieu Baumier relie poésie et sacré, profondeur exigeante et risquée, alchimie (pour le processus d’écriture, qui transforme, ses constantes métamorphoses, un travail).

La structure formelle du livre est différente de celle du recueil précédent. Alternent prose et vers, pour des textes plus amples. Le deuxième texte semble vouloir répondre à la citation en exergue dans le livre de 2003, Celan. Mais le pas encore de l’autre livre devient ici, à l’inverse, il est l’heure encore, l’heure de la sagesse (…) l’heure du risque. Même si, dit-il, parfois les mots me sortent par les yeux.  Et, le temps… Seul me compte le temps qui va.

Écriture. Il peut y avoir une rage intérieure dans le rapport de soi-même à son écriture, tant l’exigence peut être lourde et tant ce peut être inconfortable que se mesurer avec elle, dans… le temps.

Pas le temps d’écrire plus, pas le temps d’écrire mieux, juste le temps de fendre le fer de la chaîne, le temps peut-être de lâcher la corde de l’encre.

Et l’écriture n’est pas que le moment de la trace sur la page, mais une expérience plus totale, plus permanente.

C’est quand je n’écris pas (…) que je me sens le plus entièrement, le plus totalement écrivain.

Pour le dire autrement, quand je n’écris pas je tremble à l’idée d’écrire encore, et quand j’écris il me semble écrire de surcroît…

Écriture. Vient un grand texte, comme un récitatif. J’écris… Liste de sujets, de raisons, de modalités, de lieux d’écriture (même imaginaires ou métaphoriques), de refus.

Et… J’écris pour l’homme plus haut que l’homme.

Il y a du souffle dans ces textes, dans les longues phrases de tout un paragraphe. Que ce soit pour dire « je », ou « nous », ou « il ». Jusque dans les deux pages sur la colère, où elle est synonyme d’éthique, dans l’intranquillité des mots.

La phrase pour ouvrir la voix

Les vers pour la respiration

Et son lieu c’est Là où vivre a l’épaisseur de la soif

Ce sont les derniers mots du livre.

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Présent depuis le début des Cahiers du Sens il y a suivi tous les thèmes, avec ses textes. Et il est de toutes les anthologies… (et aussi dans celles publiées par Jean-Luc Maxence aux Presses de la Renaissance).bruno thomas,entre l'ombre,pardon pour l'aurore,le nouvel athanor,les cahiers du sens,poésie,sacré,spiritualité,livres,citations,anthologies

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Le Nouvel Athanor (Soleils diffusion/Librairie L’autre livre)…(Les Cahiers du Sens, Les Riverains du feu, L’Athanor des poètes, Poètes québécois et français)…

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LIENS… (Mais, notes précédentes, voir... livres de Danny-Marc et Jean-Luc Maxence - Le Nouvel Athanor, et D'Éric Desordre - présent dans Les Cahiers du Sens...).

Entre l’ombre, page sur Decitrehttps://www.decitre.fr/livres/entre-l-ombre-9782907069427...

Pardon pour l’aurore, page sur L’Autre livrehttps://www.autre-rive.com/livre/9782356230430-pardon-pou...

Les livres du Nouvel Athanor, Soleils Diffusion, dont les anthologies publiées par l’édition…http://www.soleils-diffusion.com/id_athanor.php

Les Cahiers du Sens, recension, ici, du numéro 30 (et tag Cahiers du Sens pour les recensions précédentes)… http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2020/08/26/po...

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UNE SÉLECTION DE QUELQUES TITRES, Catalogue Le Nouvel Athanor…  pages de Soleils diffusion, pour les couvertures, la disponibilité, et certaines présentations (mais commandes par librairies, dont L’Autre livre)… http://www.soleils-diffusion.com/id_athanor.php

Souviens-toi que tu es vivant/ Memento vivere, d’Yves Vaillancourt (témoignage, Québec), 2022…http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

Jean-Pierre Rosnay, poésie (par Jean-Luc Maxence), 2016… http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

Alain Breton, poésie (par Jean-Luc Maxence), 2012… http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

Anthologie, poésie 1985-2006. De Christophe Dauphin, Le gant perdu de l’imaginaire, préface d’Alain Bretonhttp://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782907...

Le plain chant des hautes terres, de Claude Legrand (peinture) et Jacques Viallebesset (poésie), 2019… http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

Guy Allix, poésie, anthologiehttp://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

Gérard Pfister, poésie, anthologie (actuel éditeur d’Arfuyen), 2009… http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

Le poème est mon seul courage, de Guy Allix, 2004… http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782907...

Laisser venir les mots, poésie, de Michel Cazenave, 2014… http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

L’instant si fragile, de Jean-Pierre Boulic (Avant-dire de Gérard Bocholier)… http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782907...

En marchant contre le soleil, de Lionel Gerin, 2022…  http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

S’il fallait dire pourquoi si loin, Chants nomades, de Lionel Gerin, préface de Jean-Yves Vallat, 2019…  http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

Une lumière s’accorde, de Martine-Gabrielle Konorski (préface d’Angèle Paoli, postface de Claudine Bohi), 2016… http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

Je te vois pâle… au loin, de Martine-Gabrielle Konorski (préface de Jean-Luc Maxence), 2014…http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

Ce qui est épars, de Jacques Viallebesset, 2016… http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

Lunes mendiantes, de Frédérique Kerbellec, 2017… http://www.soleils-diffusion.com/article.php?isbn=9782356...

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