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30/11/2015

BRUNO HADJIH... METAPHORA, Le REGARD qui répare...

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(Emmanuel Lévinas, Ethique et infini)

"Tu as pensé aussi / qu’on te laisserait / rejoindre l’arbre, / les pierres… / Reprendre ta place / parmi eux" (Jean-Louis Giovannoni, Au fond de l’air)

"Nul arbre. Le désir. Et la mort / qui regarde / Une absence innommable des choses" (Roger Giroux, L’autre temps)

"Bruno Hadjih est un magnétiseur qui fait oeuvre de sismologue." (…) "A équidistance d’un désastre natif et d’une possible catastrophe terminale, Bruno Hadjih n’a pas d’autre visée alors, s’il veut transfigurer la nuit profonde de notre présent aveugle, que celle de la lucidité consistant, comme le souligne Walter Benjamin, à ‘organiser le pessimisme’." (Saad Chakali)... Superbe écriture, texte, exposé, qui fait une lecture de l’oeuvre en rapport avec l’origine du monde, y voyant éléments et signes qui viennent de très loin dans le passé, dans un questionnement inquiet, car lucide, de l’avenir de notre univers… et donc le nôtre.

En exergue à l’exposition, une citation de Walter Benjamin (sur le seul discours que tient une oeuvre, "…Celui qu’elle tient aux autres oeuvres, et qui ne se déploie pas dans le domaine du langage. Celui de l’engagement.")

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METAPHORA, titre de l’exposition…

C’était le 14 novembre. L’artiste et la galerie avaient décidé de maintenir le vernissage (pour ne pas offrir un renoncement aux terroristes), et nous, nous avions décidé d’y aller.

Regarder des photographies, dans ces conditions, c’est entrer dans un espace du regard qui transcende toute approche ‘technique’, et même peut-être ‘esthétique’. Nous avions besoin de consolation et nous nous sommes mis sous les mains photographiées par l’artiste. Voir les reflets de nos corps sous la lumière de ces mains si humaines, à la peau presque palpable, grandes mains sombres aux doigts puissants, protecteurs, cela pouvait mettre les larmes aux yeux.

J’ai photographié ce reflet, et d’autres où deux espaces se mêlaient, nous ici à Paris, dans le cocon de la galerie, et plus loin d’autres lieux, d’autres êtres.

Nous sommes encore dans la sidération du 13 au soir, et là nous nous heurtons à une autre sidération, double.

La beauté. Le silence. La peau, les yeux. Et le bois, la matière. 

Nous entrons dans une expérience particulière, difficile à définir. Comme si la démarche était archéologique, pour une part. 

mms_img-1017221335.jpgmms_img-655907459.jpgFouiller dans la profondeur d’un visage, aux rides comme de la terre, et lui associer les signes du temps d’un arbre. Ces yeux nous regardent, et le cercle associé (la photographie accolée, installée dans le même cadre) fait venir ce regard de très loin, du fond du temps (tant passé que futur). Terre destinée à la terre, l’humain qui meurt. Visage seul, dont on ne sait rien de la vie. Être humain interrogeant le sens d’être là, sa destinée à lui, ses questions à lui. Peut-être son désespoir. Ou peut-être pas. Juste la question du rapport à cet univers du temps

mms_img-818883163.jpgLe bois, encore (je crois), mais vertical, pour accompagner un visage plus jeune.  Ascension, humanité. Et ce même regard qui interroge, qui semble interroger. Qui suis-je? Et, nous dit-il, qui es-tu? Toi qui regardes, qui?. Est-ce aussi la question du photographe? Quelles identités se rencontrent? 

Metaphora… Métaphore. Ne restez pas, nous dit le titre, à la surface d’une apparence. Allez plus loin. Percevez. Voyez votre propre métaphore, si vous voulez - votre représentation, humains. 

Voici un photographe qui est aussi un reporter, avide d’humanité ‘juste’. Il montre donc des beautés (visages, mains, corps, couleurs, lieux) et des réalités douloureuses, pour dénoncer des scandales. Ainsi certaines photographies (et un documentaire) nous font tomber, choc sur choc, sur un double secret d’Etat. Secret car tout n’est pas su, et beaucoup est tu. Les bombes, le nucléaire, espaces sacrifiés, le vivant sacrifié, Sahara… Visages du grand sud brûlé… Brûlé, ce sud, au sens plus fort que celui de l’impact du soleil, puisque Bruno Hadjih photographie aussi des êtres irradiés, et leurs descendants (un diaporama reprend des séries qui correspondent à un travail systématique de défrichement. Sahara : l’ordinateur est là, pour voir les êtres et le bleu de leurs vêtements, et celui du ciel, comme le voit Bruno Hadjih, un bleu intense).mms_img1535058292.jpgmms_img880101725.jpg

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Ce regard répare. L’art répare. La conscience ici  trouve sa densité. Présence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rien de doucereux dans cette ‘réparation’. Gifle, plutôt. Justement, c’est cela qui répare : nous avons besoin de lucidité. Kafka le dit pour les livres, c’est vrai pour les photographies aussi : la hache qui brise la glace… et le 14, le froid émotionnel nous faisait trembler et trembler ne suffisait pas à défaire le gel figé… Les visages sur les murs, oui, ils pouvaient. Et le cercle, et le bois, et l’ombre.

Texte © MC San Juan. Photographies de l'exposition prises par MCSJuan.

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SITE de la GALERIE Mamia Bretesché, page Bruno Hadjih... http://www.mamiabreteschegallery.com/?p=1361 

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BRUNO HADJIH. Éléments complémentaires

 

BIO, et travaux, dont la dernière exposition, Algériades : http://www.algeriades.com/bruno-hadjih/article/bruno-hadjih 

BIO, Africultures (pas mise à jour… mais des éléments complémentaires)  http://www.africultures.com/php/index.php?nav=personne&am...

LIVRE. « Avoir 20 ans à Alger », avec Aziz Chouaki, éd. Gallimard... http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Alternatives/...

Article de La Dépêche sur le documentaire d'Élisabeth Leuvrey , d’après les photographies de Bruno Hadjih, sur les essais nucléaires français de 61 à 66, Sahara), At-h-ome : http://www.ladepeche.fr/article/2015/06/03/2117283-cinema-jeudi-at-h-ome-en-presence-de-bruno-hadjih.htmlmms_img-1110822157.jpgmms_img2066377143.jpg

Commentaires

MERCI , Merci pour ce magnifique texte sur l'exposition de Bruno Hadjih.
Les photos prises de cette exposition sont d'un regard inspiré, des anges passent ...
MERCi
MB

Écrit par : MAMIA | 08/12/2015

JE VIENS DE RECEVOIR UNE ALERTE DE haut et fort , c 'est super

Écrit par : bretesche | 10/12/2015

Les commentaires sont fermés.