Après la recension, voici un parcours de citations, en suivant l’ordre des pages de la revue
Saraswati n°10. C’est un deuxième parcours, car dans la recension elle-même j’ai complété mes commentaires en citant des éléments des réponses et en reprenant des citations d’auteurs qui y figurent.
Je commence par les citations hors textes, choix de l’édition qui dit une orientation (éthique, esthétique, philosophique, spirituelle). Ces phrases d’auteurs sont des signes posés entre les différentes parties (les onze chapitres des réponses aux questions), séparées aussi par des poèmes. C’est un peu une discrète réponse indirecte aux questions par l’éditrice, Silvaine Arabo. J’en retiens ce à quoi j’adhère plus (parfois je ne copie qu’un fragment d’une citation plus longue…).
Je remets les couvertures d’autres numéros de la revue, en lien visuel entre ces deux notes.
L’exergue de l’ensemble, donc, sur la couverture, est de
Charles Baudelaire :
"Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c’est son génie."
Et j’ai mentionné, note précédente,
la citation de Jean-Pierre Siméon (dans l’éditorial de Silvaine Arabo).
Suivent, citations hors textes…
On peut lire ces phrases comme un programme sacré…
Arthur Rimbaud : Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Pierre Reverdy : Rien ne vaut d’être dit en poésie que l’indicible.
Octavio Paz : La création poétique est d’abord une violence faite au langage. Son premier acte est de déraciner les mots.
Charles Baudelaire : Qu’est-ce qu’un poète si ce n’est un traducteur, un déchiffreur ?
Victor Hugo : Au reste, le domaine de la poésie est illimité.
Stéphane Mallarmé : Il doit toujours y avoir une énigme en poésie.
Paul Éluard : Toutes les paroles seront sacrées.
Paul Valéry : Le poème, cette hésitation prolongée entre le son et le sens.
Saint-John Perse : Poète est celui-là qui rompt avec l’accoutumance.
Nathalie Sarraute : La poésie dans une œuvre, c’est ce qui fait apparaître l’invisible.
Platon : Ce n’est pas l’art, mais une force divine qui leur inspire leurs vers.
Stéphane Mallarmé : Un poème est un mystère dont le lecteur doit chercher la clef.
René Char : Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver.
…………………………...
Quant aux
poèmes (qui font anthologie), en voici des bribes (dans l’ordre des pages)… Sans aucun commentaire. Simplement des textes donnés à lire…
"LA BEAUTÉ, DISAIT-IL, te tombe des yeux. Elle ouvre sa lueur dans l’échancrure de la pierre, répand son bleu dans les rafales des feuilles, trace ses chemins dans le désordre du jour. La beauté est le contour de feu qui cerne chaque chose, la consume et la transfigure." (…)
"Elle n’est, éblouissante, que l’ombre portée de ton désir. Elle est ton désespoir."
Jacques Ancet
.
Une étrange chamade s’empare des barrières nues de l’absence, comme une prémonition d’Être derrière le voile. Tout mot est obsession d’autre chose qui tourne en sa jubilation première. (…)
Cela aime. On ne sait plus qui, quoi…
(…)
Aimante-toi. Regarde le Nord.
Silvaine Arabo, Nord
.
L’envol du corps
cette gangue
sonore
sous ses épines
depuis désertée
Anne-Lise Blanchard
.
Il crut s’impliquer dans ses livres.
C’est un autre qui lui parlait.
Jacques Canut, Gravillons
.
On a fouillé tous les hasards on a
repeint les mots
(…)
Que reste-t-il à la splendeur sinon ces pieds levés
ces oiseaux fous chargés de rythmes et d’effrois
Jean Chatard, La houle des hasards
.
clairvoyance
entrevue
plus loin que l’horizon
de la raison
Marie-Josée Christien, Présence de Guy Allix
(en exergue une citation de Guy Allix :
"Pour preuve d’exister (…)
Une feuille prête à tous les vents")
.
Combien de silence
à chercher la parole
Et combien de paroles
errantes dans le silence
Jean-Louis Clarac, Filigranes du silence
.
Il y a là un mur blanc
granulé comme une peau
travaillé par le soleil et la neige
assoiffé comme un désert
ou une transhumance
Michel Cosem, Les confins ensemble
.
J’étais dans la caverne
là où l’ermite et l’arpenteur lisent dans les ombres
et peignent sur les parois le bestiaire de l’avenir
Jean-Pierre Crespel, Le chant des isthmes
.
Existe-t-il en moi des lieux inexplorés
Un lopin, vierge encor, qu’il faut que je défriche ?
Terra incognita qui peut me rendre riche
De sagesse, savoirs et talents ignorés ?
Louis Delorme, L’inachevée, Journal en Pointillés
.
Il est un monde sans choix
où l’on va simplement parce qu’il faut
aller,
il suffit d’avancer, la route se trace ;
avant, elle n’existait pas ; après, elle
disparaîtra.
Paule Domenech, Recherche
.
- Un autre nom donné aux poètes : les insomniaques -
(…)
Pour le droit (‘devoir’ serait présomptueux)
de veiller,
j’écris.
Chantal Dupuy-Dunier, Mille grues de papier
.
Pour dire la naissance il faudrait un recommencement dans l’espoir d’un dess(e)in. Pour dire la naissance il faudrait le biffer.
Jean-Paul Gavard-Perret, Faubourg Reclus
.
Verttiges
De ce qui dans l’invisible
Nous écrit.
Bruno Geneste, Expérience atlantique des lisières
.
Ce qui s’achève a goût d’étoiles
filantes dans la nuit
et paroles d’écume
(…)
Ce qui s’achève ne cesse pas
Ne cède pas
Colette Gibelin
.
Un masque pour toi,
Que tu traces ta légende
Sur sa page d’écorce
Puis le cèdes à la mort
Emmanuel Hiriart
.
L’absolue routine
ramène la vérité
comme la poussière des greniers
éveille l’image de l’ancêtre
Gilles Lades
.
Sages ou délurées
fées et nymphes ne peuvent
traverser l’invisible
limite qui nous cache
l’Autre-Temps l’Outre-Monde.
Michel-François Lavaur
.
Je défiais vent debout mes désespérances
(…)
Et tout recommençait de l’orgasme du monde
Dans l’éblouissement soudain des blocs de neige
Jean-Luc Maxence, Histoire de fjords
.
Il ne manque rien à rien. Que pourrait-il manquer à ce jeu nu de fictions et d’artifices ? Même l’absence n’est pas manque, mais songe ajouté au songe, et celle de Dieu, vertige ajouté au vertige. Tout est là, et qu’on le veuille ou non, il faut tout prendre et tout nous prend : les galets comme les rivières, les routes comme les villes, les dieux comme les fleurs.
Christian Monginot, Textes, Voix inverse
.
Irréfutable
Désert Désert Désert
(…)
même pas l’os blanc
ni le sable
tout juste la cendre
du silence
Martine Morillon-Carreau
.
Alors l’Arbre Ancestral devient vitrail
feuilles en éclats de couleurs
Ses reflets dispersés sur les herbes humides
proclament la Vie réconciliée
Roland Nadaus, Le grand Hêtre/Le grand Être
.
lire le monde
n’oblige en rien
le regard seul suffit
au mot unique
étranger à lui-même
Ludmilla Podkosova
.
(…) Je suis là-bas
vers le cap du figuier
Je suis là-bas et pourtant ici,
dans un autre port, un autre gué sableux, en partance
et pourtant arrivé depuis longtemps déjà.
Jean-Claude Tardif
.
Paupières scellées aux confins de dunes improbables
La lumière incontinente serpente les lézardes de l’oubli
Olivier Verdun, Au gré des regs contondants
.
Des feuillets étoilés accrochés
à mon rêve
vibrent
(…)
à travers l’espace
vers une constellation imaginaire
de feuillets étoilés suspendus
à un mot
Dany Vinet, Feuillets étoilés
.
Je me souviens précisément
précisément
d’un instant de ce jour
où rien n’avait lieu
que d’être un jour comme les autres
Serge Wellens, Précisément ou presque
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Note précédente, la recension…
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Si on veut découvrir les éditions Alcyone où Silvaine Arabo poursuit son travail éditorial, voici le lien…
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