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09/12/2017

Hommage populaire... Johnny.

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Ceci, qui précède, c’est ma première réaction, posée en post sur Facebook. Parce que cette mort m’a émue un peu comme ces foules. D’abord j’entendais le « ding ding dong… salut les copains ! » rappelé par les radios, symbole d’un commencement, d’espoirs et révoltes mêlés. Et je sentais que des choses disparaissaient avec lui, Johnny, de chacun de nous et de l’histoire de ce pays. Car ce n’est pas rien qu’un élan qui part de la musique et de la danse pour faire émerger plus tard une révolution de moeurs. Le rock lancé par un jeune qui bouge autrement et qui énerve la génération précédente, peut-être inquiète d’un mouvement dont on ne sait pas ce qu’il fera de la société et des destins. Rien de politique, en apparence, dans ces chansons de « l’idole des jeunes », dans les mélodies berçant des slows avec des mots. 


 

RESTER.jpgÉmouvant itinéraire qui suit les vies des uns et des autres, quand il se marie, et d’autres de même, divorce, et d’autres aussi. Miroir de nos fêlures, questions. Et énergie qui transcende. Donc il y a du sens. Et justement, lui, transforme sa vie en destin, qui parfois rejoint la tragédie, parfois se perd apparemment dans des galeries de glaces, mirages des grands, des fuites, d’autre chose, des souffrances et peurs qui remontent. 

Sauf qu’il rebondit. Et ceux qui l’écoutent avec lui (beaucoup de ses « fans » témoignent de passages de leurs vies où ses chansons, sa voix, les ont aidés, contre le désespoir ou même l’envie de mourir, ou simplement pour supporter un quotidien lassant ou trop solitaire, avant de retrouver un équilibre et de changer). 

Énergie. On aime cela, l’énergie de chanteurs ou acteurs (de ces artistes les plus populaires) qui font capter quelque chose de cette énergie corps-conscience qu’on sait tous avoir en soi : la voir ainsi transfigurée renvoie un écho. C’est peut-être cela, un mystère capté, qui fascine et fait aimer. Et des connexions d'inconscient à inconscient (individuel et collectif).

Lui en a plus que bien d’autres, de l’énergie. Et cela passe par un corps sensuel (donc une beauté de cet ordre), par des yeux au regard intense, un visage qui vieillit avec le temps (comme tous) mais qui, marqué, intensifie son expression. Ses visages successifs se superposent, puisque tous sont connus, et il est l’enfant blessé et l’ami contemporain ou même le père, tout cela.

Donc j’étais émue et j’écoutais plutôt avec plaisir les chansons passées et repassées (radio, télé). « Retiens la nuit », « Marie », etc. Diverses car paroliers divers suivant les époques, et de très bons. Des paroliers qui savent tous saisir (avec lui, donc par lui) ce que sa voix portera le mieux de lui, de son histoire même. Dont le rôle de ses femmes (les trois plus importantes). 

Émue, et énervée par des réactions stupides de certains snobs (comment dire autrement?), qui, réseaux sociaux, voulant montrer à quel point ils ne sont pas de la même engeance que cette populace, protestent contre les chansons qu’ils entendent de force (pourquoi ne pas fermer radio et télé dans ce cas?), contre l’hommage, indû (n’est-ce pas?), ces foules émotives et, même, les personnalités qui disent leur peine. Commentaires agacés sous les articles ou posts contraires à leur malaise. Mais ceux qui assument d'apprécier ce chanteur "populaire" assument d'abord leur appartenance à autre chose qu'à des élites sociales se reconnaissant entre elles et balisant des frontières. Même s'ils sont très diplômés, et créateurs autrement. Sans doute conscients de racines sociales humbles, et d'une proximité avec leurs "pareils", dans le fond... 

Mais, quand j’ai vu les images du défilé menant le convoi funéraire à la Madeleine (ou de groupes, ailleurs, rendant hommage en chantant dans d’autres villes), j’ai aimé cette foule capable de tant d’amour, pour avoir reçu, longtemps, des chansons. Je regardais les visages, écoutais. En me disant que ce pays était spécial, d’être capable d’un tel ensemble dans le chant ou le grand silence, élan de foule sans le désordre passionnel des foules (comme pour la marche silencieuse après les attentats : ou pour écouter Johnny Hallyday chanter ensuite ce dimanche de marche, à République). Et que ces gens me plaisaient, somme d’individualités sympathiques, soudées par le partage. Je me demandais quelle impression cela pouvait faire de l’étranger (nous trouvera-t-on ridicules ou touchants ? étranges ? remarquables à notre façon ?). Peu importe. Symbole fort que la place du chant, de la musique, des foules sans peur, dans le contexte actuel des haines intégristes de la musique et des menaces terroristes. 

Un enfant, dix ans peut-être, interrogé par un journaliste (étonné de le voir, ému, chanter avec les autres, connaître les paroles comme les adultes) répond : « Bien sûr qu’on peut aimer Johnny quand on est un enfant. Il n’y a pas d’âge pour aimer Johnny ! ».

Un jeune homme dit être venu de Hong Kong et repartir le lendemain. Trop important pour lui. 

D’autres, la génération du chanteur, ont l’émotion de la mémoire d’adolescence, lointaine… La peine de la mort de ses jumeaux d’âge… prescience de la sienne. Et l'empathie pour ses intimes (quatre enfants, femme, ex-épouses,amis), tout le monde sachant les deuils. 

Philippe Labro, parmi ceux qui ont parlé devant les proches et les moins proches, a évoqué (enregistrement, télé, émission spéciale) Nietzsche, le citant, pour rappeler que l’homme (l’humain…) est « une corde tendue au-dessus de l’abîme »). Oui, je le pense, Johnny Hallyday en était une figure, tendue au point de craquer parfois, s’étant brûlé aussi. Et finalement, emporté par la maladie , comme bien d’autres. Mais artiste jusqu’au bout, pour affronter l’abîme, ou lui présenter un visage sans renoncement.

J’ai écouté (émission spéciale, télé, encore) le sociologue Michel Fize, qui, reprenant la formule d’Emmanuel Macron (qui a réussi son hommage) dit préférer le terme « héraut » à « héros » pour Johnny. Car, expliqua-t-il, porteur d’une parole de liberté, la chanson devenant une thérapie qui guérit (preuve : des témoignages). La variété, a-t-il ajouté, est un genre noble. D’où le « merci » exprimé par beaucoup (et inscrit sur la tour Eiffel…). 

C’est donc un jour particulier, un événement riche de sens, même si nous sommes, pour la plupart, plus observateurs qu’acteurs présents dans la foule. Par l’émotion à la nouvelle de la mort du chanteur. Et par la manière dont cela a été exprimé et porté de la foule anonyme aux personnalités connues (politiques aussi, sauf M. Le Pen, refusée par la famille), jusqu’au pouvoir, président actuel et présidents récents… Tous touchés vraiment. Effet d’onde.

Populaire, marque d’une certaine vérité, pour l’art. Les gens ne viennent pas aux concerts par hasard, pas parce que la pub est bonne (cela ne dure pas), et ils n’achètent de disques que pour les écouter… Tous avec … « Quelque chose de Tennessee », dans l’oreille et symboliquement.

Et ce malgré la distance qui fait qu’on apprécie de loin, sans connaître plus que son art, un grand chanteur, d’une génération mais pour plusieurs… Distance mais perception de pans de vie, autre connaissance malgré tout. Et un visage peut suffire à capter beaucoup.

VOIX… Une voix, et c’est beaucoup. On sent inconsciemment que c’est plus que ce qu’on croit, une voix. Cela vient d’un corps et de beaucoup plus qu’un corps. Cette voix traduisait une énergie d’amour, c’est cela que les gens sentaient, et ils savaient que l’énergie circulait, trouvait en eux le point dense qui répondait. Le peuple (simple et divers, peu lettré ou très cultivé, mais dans tous les cas instinctif) a des intuitions pour reconnaître un mystère qui lui parle de chacun. Un peuple, cela peut devenir une foule haineuse, si des meneurs la manipulent, des autocrates avec du charisme. Si le peuple n’est que foule il peut être très bête. Mais là, justement, les foules aimant Johnny Hallyday, et lui rendant hommage, n’avaient de collectif que le partage, et restaient une somme d’individualités. Visages devant un visage. 

MUSIQUE… Une cérémonie de deuil qui laisse la joie d’être passer. Et la joie de la musique. Rock, bien sûr, chansons, et le rappel (par La Quête, pour clore la cérémonie) de ce que Jacques Brel représentait pour Johnny Hallyday.

LIENS… 

SITE officielhttp://johnnyhallyday.com 

Fiche wikipediahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Johnny_Hallyday  

Paroles des chansonshttps://www.paroles.net/johnny-hallyday 

Écoute, sur Deezerhttp://www.deezer.com/fr/artist/1060  

Articles… Le Monde, 06-12-17, « Notre seule rock star »…http://lemde.fr/2AGM1Ht   

Parcours de vie, Le Monde, 06-12-17…http://lemde.fr/2BDm36W 

Revue de presse interne, Libérationhttp://bit.ly/2nM4OON 

Évocation d’un attrait pour des questions métaphysiques, Le Figaro, « Un désir d’au-delà », 08-12-17… http://bit.ly/2jleIp8  

L’hommage populaire, Le Monde, 09-12-17… http://lemde.fr/2B6SCxt

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MISE à JOUR, 11-12-17, et autres liens...

Déjà, je recopie ce message trouvé sur la page Facebook dédiée à Camus… (car... Johnny, Jean-Philippe Smet enfant, chez Camus… !)... https://www.facebook.com/AlbertCamusAuthor/ ...  "Alors que nous apprenons la triste nouvelle de la mort de Johnny Halliday, nous nous souvenons avec émotion que le petit Jean-Philippe Smet fit ses tout premiers pas sur scène en 1949, à l'âge de 5 ans, non pas en tant que chanteur mais comme figurant dans une mise en scène de "Caligula" d'Albert Camus à Londres. Or, il est avéré que Camus assista à la première de la pièce le 8 mars 1949. L'histoire ne dit pas si c'était le petit Jean-Philippe qui était sur scène ce soir là. En ce jour particulier, nous nous plairons à le croire. »

L’éditorial du Parisien, le 10-12-17, par Frédéric Vézard, titré « Un ange est passé » caractérise ce que Johnny Hollyday produit chez les gens, une force pour aimer. Et insiste sur la « bouleversante communion en musique ».

Hervé Gattegno (« Une idole et son peuple », JDD, 10-12-17) dit la même chose de cette ferveur (« La foule vibrait, chantait ») et de la musique.(« On attendait l’hommage, ce fut un concert »). Il justifie la grandeur de l’hommage que les Français ont voulu, eux, car, dit-il, le rebelle de la jeunesse a touché toutes les générations, en étant capable de se renouveler. Et aimé tel qu’il fut, imparfait donc humain, « fort et fragile comme un homme, simple et grand comme la France ». Il évoque Jean d’Ormesson, uni à lui par la date de leur mort (« l’aristocrate devenu populaire et le fils du peuple devenu un seigneur »). Texte fort, dommage qu’il ne puisse être lu en ligne… 

Johnny, vu d’Algérie. Un très bel hommage, ample, vibrant. Texte de Kacem Madani, Le Matin, 09-12-17, « Nos années d’or à Alger : Oh Johnny si tu savais ! ». Comment l’art d’un chanteur aide à vivre, donne l’élan pour se trouver. Texte nostalgique, car l’élan a été étouffé ensuite par un contexte dur. Mais en soi, ce qui vibre est toujours là…  http://www.lematindalgerie.com/nos-annees-dor-alger-oh-jo...

Autre hommage, venu du sud, lui, même sincérité. Traduction d’un itinéraire… Et comment ce qu’on aime ne se dit pas toujours, car les codes et les normes nous imposent de jouer des rôles, de rester dans les cadres qui s’imposent à nous… Dans Libératon, 06-12-17, Magyd Cherfi raconte son rapport avec les chansons de Johnny, d’abord aimé en cachette, en conflit de soi à soi. Et maintenant assumé totalement, intensément. « Johnny, plus qu’une voix »… http://www.liberation.fr/debats/2017/12/06/johnny-plus-qu...

... Mise à jour, 16-12-17… (Courrier international)

L’hommage vu de l’étrangerhttps://www.courrierinternational.com/article/vu-de-letra...   

Et particulièrement, côté anglais… https://www.courrierinternational.com/article/hommage-qua...

Johnny Hallyday symbole de « la résistance culturelle française » (il chantait en français, notamment). Point de vue d’un chroniqueur : « Johnny Hallyday était pourtant bien plus qu’une rock star, affirme ce chroniqueur britannique. Il était un trésor national. Et un sacré bon chanteur. »… https://www.courrierinternational.com/article/johnny-symb...

... Mise à jour 18-12-17... Le Point. Dossier…  http://www.lepoint.fr/dossiers/culture/johnny-hallyday-un...

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