21/04/2021
AUDISIO poète, suite. Deux recueils : De ma nature et Poème de la joie...
De ma nature, Rougerie, 1977
Ce qui peut surprendre, en consultant la table, c’est l’amplitude des thèmes et la rigueur de la composition du recueil, les poèmes classés par catégories. Nombreux, alors que le livre n’a qu’un peu plus d’une centaine de pages, car les textes ne dépassent que rarement une page.
Dans l’adresse au lecteur Gabriel Audisio définit ce qu’il entend par nature : "le monde physique", comme le définissent les Anciens, la phusis. Et il dit vouloir interroger "les rapports d’un homme avec la nature", chercher les "analogies" que peut ressentir "ce vivant provisoire" entre vie et mort de l’humain et faits de nature. L’intention, exprimée, est de regarder le monde à la manière de Lucrèce, l’auteur du De natura rerum, De la nature des choses… En quelque sorte il veut faire lui aussi son De natura rerum. Le titre du recueil se calque sur celui de Lucrèce. Mais le possessif remplace l’article : ma nature. Audisio ne rédige pas un traité général sur le rapport des hommes avec cette nature qu’il a toujours aimée. Il implique son ressenti personnel, son regard subjectif, avec cependant une volonté de distance mentale. Et c’est peut-être cela qu’il faut comprendre dans ce qu’il dit de l’attitude qu’il choisit d’avoir : "moins religieuse que lucrécienne". Donc pas d’interprétations métaphysiques, l’observation tel qu’en lui-même présent avec son corps et son âge. C’est son dernier recueil, publié un an avant la mort (dont la conscience affleure souvent). Comme un émouvant testament.
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