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02/02/2019

Manifestations en jaune... Constats et questions.

"Les actes sont des murmures comparés aux rêves."

       Alison Jean Lester, La vie de Lillian. mode d'emploi

GILETS JAUNES, un MOUVEMENT…

Je reprends dans cette note, des posts que j’ai publiés sur Facebook, petit à petit, avec, forcément, des éléments contradictoires. Entendre, comprendre, mais ne pas adhérer, être dans l’état de vigilance, voyant, du dehors, des signes que ceux qui participent ne voient pas (sauf ceux qui justement en sont les stratèges).


Chance ou malchance, ce qui se produit peut donner le meilleur (une transformation de la démocratie vers plus de démocratie, une recherche de plus de justice sociale) et le pire (une manipulation politique vers une évolution de plus en plus extrémiste, avec une alliance entre les extrêmes à la manière du pouvoir italien, et/ou un pouvoir sous la coupe de Bannon et/ou Poutine, le pire du chavisme associé au pire du FN…). Les deux possibles y sont agissants, l’un utilisant l’autre. Pour donner le meilleur il faudrait que les acteurs factieux soient éliminés par les acteurs démocrates (qui se font menacer quand ils disent leurs choix) et que les manifestations s’arrêtent (avec tous les problèmes qu’elles causent) pour passer à des actions dans un cadre conforme aux possibilités d’une démocratie. (Alors que certaines figures de ce mouvement parlent de dictature : une dictature paradoxale, qui ne les opprime pas et les laisse continuer – au Venezuela ils auraient eu l’armée qui tire sur eux et en Russie quelques meneurs auraient été victimes « d’accidents »… comme ce fut le cas de certains dissidents).

RÉFLEXION. Au commencement, des impressions contradictoires et des questions.
"Les actes sont des murmures comparés aux rêves..." J'avais relu cette phrase d'Alison Jean Lester, et depuis j'y pensais en relation avec ce qui se passait en France.

Elle signifie que ce qu'on désire dit plus sur nous que les actes par lesquels on tente de réaliser nos désirs et rêves. Nous sommes ces rêves, et leur inscription dans le réel est déjà plus loin de nous.
Quels rêves se mêlent dans les manifestations où se croisent des gens si différents ? Les révoltés en détresse, créateurs de possibles, les radicaux haineux, les manipulateurs stratèges. Rêves de démocratie plus juste, rêves de démocratie détruite. Et nous, observateurs impliqués, partagés entre l'empathie réelle (un intérêt, une estime, un espoir ?) et la vigilance critique. Sur un fil, assumant les deux. Collectivement qu'est-ce que cela produit ? Car il y a, en plus, souterrainement, ceux qui agissent par la propagande, diffusant intox et suspicions complotistes. Un égrégore trouble, dont nous sommes part. Part qui résiste ou agit autrement.

Une partie de moi pensait que peut-être ce qui se passait était un événement plus considérable qu'on ne le disait, qui donnerait raison à Jean Ziegler, penseur analysant les méfaits de la mondialisation et d'un capitalisme violent. Il voit la solution dans ce qui se profile à travers Internet, la force de la société civile, partout. Oui. Mais (pensait l’autre part de moi) cela peut prendre des directions diverses. Un pacte social autre, plus juste, négocié, et une métamorphose des rapports de pouvoir. Ou une dérive vers des choix autoritaires, totalitaires, dictatoriaux (nationalisme et xénophobie). Tout est ouvert. Et cela dépend de nous tous.

En 2015, Abd Al Malik écrivait ceci au sujet de ce qui pouvait être une forme de révolution, de changement émancipateur : " Non violente, pacifique, fondée sur un retour pragmatique et clairvoyant à une acceptation de l'homme qui reconsidère sa dimension spirituelle." Et il ajoutait qu'il nous fallait être guidés par la mémoire et l'histoire de la France, mais aussi, disait-il, par "cette part de lumière intime et universaliste qui brille au coeur du peuple français." ("Place de la République"). 
Leila Anvar parle, dans une chronique ("L'âme du monde"), d'écologie éthique, "fondée sur une vision spiritualiste du monde ", et se référant aux sagesses des chamans des peuples premiers. Voies proposées qui impliquent prises de conscience et autre conception de ce qu'est le politique.
On peut donc penser qu'il faut, pour que le monde change positivement, que l'humanité commence à vivre une transmutation intérieure. Au-delà des conceptions venues de l'intellect seul.

Et ce n’est pas ce qui se produit quand la colère guide.

FRACTURES. C'est bien le mot. Ceux qui expriment une vraie détresse et ne se sentent pas entendus. Ceux qui instrumentalisent des colères. Pas illégitimes, elles, mais eux, oui. Ceux qui, ultras (extrême droite, extrême gauche) cherchent à utiliser politiquement, idéologiquement, les révoltes des autres. Ceux qui, déconnectés, sont loin des réalités vécues par ceux qui crient la souffrance. Il aurait fallu écouter le pragmatisme des propositions de la Cfdt, notamment, et remettre de l'écoute dans le dialogue social... Mais il y a des noeuds de refus de tout dialogue. Il y a, parallèlement aux gens réels pensant à mieux vivre, ceux qui ne veulent que déconstruire et obtenir un chaos qu'ils croient "révolutionnaire" (et qui refuse de réformer). Avec un vocabulaire et des objectifs loin d'être démocratiques. Et, paradoxe, les "souverainistes nationalistes" consomment la propagande complotiste fabriquée en Russie ou par Bannon, et se laissent manipuler par des trolls étrangers.

DÉRISION, HUMOUR. Sophia Aram n’a pas joué la compassion molle. Elle a démonté les aveuglements complaisants. « La magie de Noël et celle du gilet jaune »… https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-sophia-...

La HAINE… Réflexion sur cet aspect passionnel très présent dans les slogans et déclarations de manifestants GJ…

« POINT DE VUE. Pourquoi Emmanuel Macron suscite tant de haine ». Par Dominique Schnapper, sociologue et politologue. Elle distingue cette haine de celle d’autres présidents. Elle la caractérise comme « démocratique », ne voulant pas dire par cela qu’elle soit légitime mais expliquée par les effets des attentes que la démocratie, accentuée, provoque. Attentes donc déceptions, et ressentiments. L’autre facteur tient au rôle des réseaux sociaux qui permettent la diffusion de désinformations non vérifiées. Et enfin l’aisance intellectuelle même du Président, sa jeunesse, provoque des jalousies, l’intelligence étant prise pour de l’arrogance (chaque maladresse étant utilisée comme argument, et des phrases tirées de leur contexte amplifiant cela).

On est devant un phénomène en partie irrationnel, oui.

Et des politiques irresponsables soufflent sur les braises, excusant même la violence. Et des intellectuels le font aussi, à force de se vouloir (ou de se croire) solidaires des revendications populaires (qui ne le serait pas pour réclamer plus de justice sociale et moins de précarité ?)... 

L'article pointe des choses justes. Mais il y a aussi le fait d'arriver à la fin d'un cycle, sans doute, avec perte d'espoir dans la démocratie telle qu'elle fonctionne. Et des maladresses qui accentuent le ressentiment, des erreurs symboliques qui font associer un visage aux réalités qui ne sont plus acceptées... https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-ja...

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MISE à JOUR, 20-03-19. Le peuple ? (Sur la violence). 

https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0600...

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