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05/04/2022

Ukraine, regards russes... Entre propagande, complaisance complice, et refus engagés (Russes contre la guerre)...

russes contre la guerre,russie,expression,artistes,georges nivat,oxxxymiron,oulitskaïa,baryshnikov,loznitsa,boutcha moscou,stoczkowskiLa lecture de fragments du long entretien de Georges Nivat dans Le temps, Suisse, le 12 mars 22, permet d'introduire les questionnements sur la réaction des Russes à la guerre. On sait que la presse est verrouillée mais que les milieux intellectuels arrivent à s'informer quand même, sous un régime qu'ils subissent ou acceptent.
À la question sur ce que peuvent "les voix discordantes" malgré la répression, et ce que sont ces voix, Georges Nivat, doutant qu'elles soient audibles, cite  le metteur en scène Lev Dodine, le cinéaste Kirill Serebrennikov, pensant qu'il y en a plus qui protestent.
 
(( Oui, j'ai vu des textes collectifs circuler sur des comptes Facebook d'artistes, les signatures s'accumulant, contre la guerre et contre Poutine. Les artistes disant ne pas vouloir faire hériter leurs enfants de la honte de ces crimes. "Se taire est criminel" écrivait une artiste pour introduire son partage avec sa signature. Et la presse française a parlé de textes de scientifiques, nombreux, d'universitaires. On a su qu'il y avait des manifestations, et des arrestations, plus de 15000. On a vu des images de Russes trouvant des moyens de protester en portant les couleurs de l'Ukraine, en posant des fleurs devant l'ambassade d'Ukraine, etc. On a su, vu, un jeune rappeur protester publiquement, vidéo, contre la guerre. Et des Russes expatriés s'expriment et s'engagent.))
 
Georges Nivat cite la lettre de protestation ("incroyable", dit-il, "très courageux") "de 600 étudiants du MGIMO, soit l’Institut des relations internationales qui forme les journalistes, ceux de l’agence Tass notamment, les diplomates essentiellement." 
(...)
Les Russes, collectivement ? La question de la responsabilité, de la culpabilité...? Georges Nivat a un regard qui tient compte de la complexité, mais sans complaisance.
Sur Soljenitsyne il note la double image (nationaliste ou traître). Alors, dit-il, qu'il a "obstinément dénoncé l’impérialisme russe". Et qu'à Toronto, en 1981, lieu d'émigration ukrainienne, il exprima son rejet  de tout "conflit russo-ukrainien", son refus d'y participer "en aucune circonstance"
Puis il cite Natalia Gorbanevskaya, poète "héroïne de la dissidence soviétique" :.
"Je n’ai sauvé ni Varsovie ni Prague
C’est moi, moi coupable
Et ma faute est inexpiable."
De Pouchkine il rappelle les contradictions (chanter la liberté et l'Empire), s'appuyant sur le travail de l’historien émigré Pavel Fedotov." (...) Et il ajoute : 
"Les Ukrainiens ont appris à vouloir la liberté sans l’Empire, tandis que grosso modo, en face, on veut l’Empire – quitte à perdre la liberté."
Mais il désire que, malgré la géopolitique on n'oublie pas "la liberté intérieure qui se niche chez chaque être humain", y  compris en Russie....
...Au sujet du sentiment anti-russe il relativise (...) disant : 
"Il ne faut pas inverser les choses." (...) "Ces histoires d’artistes me paraissent secondaires. Les gens sont sous les bombes, et les bombes sont russes."
(...) L’impensable est arrivé. (...)
Mais il est heureux de traduire  "le poète ukrainien Vasyl Stus, mort au goulag en 1985, et devenu deuxième poète national de ce pays martyr – après Chevtchenko au XIXe siècle", pour "contribuer à la réconciliation future des deux langues, des deux poésies, des deux peuples. Mais c’est aujourd’hui une «vue de l’Esprit»."

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