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06/02/2024

Israël, Gaza, et le Hamas. Le 7 octobre et après… Israël-Palestine ?

Le 1 Israël.jpegMais on ne sème pas le mensonge, il prolifère, il occupe l’étendue qu’il doit constituer lui-même peu à peu, ce qui lui est facile quand tous les moyens sont prêts pour cela. Et pendant ce temps, la vérité enterrée germe.

María Zambrano, Sentiers (trad. Nelly Lhermillier), éd. des femmes 1992.

La Basilique de l'Annonciation expose mosaïques et vitraux de la vierge Marie selon l'imagerie d'une trentaine de nations différentes. Dans les circonstances actuelles ces images rappellent que la chose que nous devrions sacraliser au-dessus de tout est la vie humaine. Albert Cohen disait que ce qui nous rend frères c'est notre sort commun, la mort prochaine. Ces figures de mères et d'enfants revêtent aujourd'hui une importance particulière. Qu'aucun de nous n'endurcisse jamais son cœur au sort d'un camp ou de l'autre. Nous sommes semblables par notre désarroi.

Joann Sfar, post Facebook public, 15-12-2023.

Les lucioles sont partout dans le monde. Le jour, elles disparaissent ; la nuit, elles dissipent le doute et la peur et orientent les humains./Voici ma conviction : la révolte dépourvue de tout désir de paix n’est qu’un vacarme de train rouillé en partance pour le néant.

Karim Akouche, Les lucioles de l'espoir, extrait d’un texte, post Facebook public, 3-11-2023.

À ceux qui... à Paris, Tel-Aviv, Gaza ou ailleurs… se relèveront de la haine et sauront être des bougies dans le noir.

Delphine Horvilleur, fragment de la dédicace du livre à paraître (le 21-02-2024). Comment ça va pas ? Conversations après le 7 octobre, Grasset. (Citations supplémentaires, voir dossier de liens, "Livres").

Aider la Palestine ou aider à la paix, c'est créer des lieux de dialogue. Si vous pensez qu'importer la guerre va sauver quiconque vous êtes des clowns. Gloire à celles et ceux qui au milieu de ce concours mondial de barbarie parviennent à maintenir la discussion, l'écoute, l'espace nécessaire pour que chacun apprenne à faire évoluer son narratif.

Joann Sfar, post public, 14-03-24

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J’étais dans l’esprit de Hanouka et Noël, deux fêtes célébrant différemment la lumière, et exprimant le besoin humain de créer du sens et de l'espoir, et j’ai trouvé le message de Joann Sfar, posé le 15 décembre, particulièrement juste. (Mais pour en saisir toute la force lire l'ensemble de ses posts, sa solidarité profonde avec les victimes du 7 octobre, avec l’angoisse des familles pour les otages, mais aussi sa compassion pour les souffrances causées par la guerre pour la population de Gaza, victime d’ailleurs autrement du Hamas). Il s'adresse, sans déni mais sans haine, à ceux qui se savent "semblables" par leur "désarroi". D’autres préfèrent guerroyer en lançant des mots et des certitudes (et des arguments et références pour confirmer ces certitudes...). Écho aux messages fraternels de Joann Sfar, la page d'un metteur en scène, Ismaël Saidi, qui, comme lui, dénonce les faiseurs de haine, l'antisémitisme, le terrorisme, et diffuse des messages de fraternité, d'humanisme, sans concessions.

 

(Après un TEXTE introductif, un DOSSIER de citations et liens... / Et, après les liens, un texte en CONCLUSION (questionnement et citation...)

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13/10/2015

"Une bouteille à la mer", film de Thierry Binisti, le 13-10-15, sur la 3

israël,palestine,israéliens,palestiniens,gaza,films,cinéma,culture,une bouteille à la mer,humanisme,dialogue,identité,identités,thierry binistiLe film est repris sur la 3, ce soir, à 23h10. Voici l’occasion de sortir du manichéisme…  Certains critiques ont voulu absolument parler de  «bons sentiments», préférant sans doute des visions plus dures, la séparation des regards. Ce n’est pas, à mon avis, avec le goût des ressassements pessimistes qu’on peut faire évoluer les esprits, ici et ailleurs, sur l’histoire et l’actualité, qu’on parle d’Israël et de la Palestine, ou de la France et de l’Algérie (par exemple). Evidemment cela nous demande de tenter de nous échapper des certitudes, d’accepter de porter attention aux faits dérangeants, de faire un effort sur nous-mêmes pour sortir des cages identitaires qui nous emprisonnent (et cela ne veut en aucun cas trahir ses appartenances et ses ancrages : l’identité n’est pas une idéologie), et, enfin, d’avoir la force, non de renoncer à ressentir des émotions (tristesse, colère, révolte, etc.) mais de prendre le temps de les examiner en soi (car elles sont effectivement là) pour en savoir la source réelle et les transmuter… Nos pensées sont aussi des bouteilles à la mer, et le filet que nous lançons induit ce qu’il ramasse... 

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17/04/2011

Sur l’assassinat de Juliano Mer-Khamis, tragédie récente (Cisjordanie, avril 2011), et sur trois autres meurtres : Hrant Dink (Turquie, 2007), Shahbaz Bhatti (Pakistan, mars 2011), Vittorio Arrigoni (Gaza, avril 2011)

Une des plus tristes nouvelles du début du mois a été ce message entendu à la radio, puis repris et commenté par la presse : le 4 avril, assassinat de Juliano Mer-Khamis (Le Monde, dans sa page « Disparitions » du 07-04-11, titre, avant son nom « Acteur et réalisateur arabe-israélien… ». Même si l’article mentionne sa mère juive et dit bien l’itinéraire et l’action de l’homme, le titre est réducteur. Car un arabe israélien c’est quelqu’un dont l’identité est d’être arabe d’origine (et cela peut être de mère et de père) et israélien de citoyenneté.  Richesse identitaire, aussi, mais pas la même.

100% Juif, 100% Palestinien. C’est ainsi que ce militant pour la paix, acteur et metteur en scène, se désignait lui-même, revendiquant sa double appartenance (mère juive israélienne, Arna Mer, et père palestinien de Nazareth, Saliba Khamis). Sans contradictions ni conflits intérieurs. Etre, tout simplement, militer pour la paix, notamment en animant un théâtre (Le Théâtre de la Liberté), et en suivant ainsi des jeunes. Sa manière d’intervenir à Jénine (camp de réfugiés au nord de la Cisjordanie), ne tenant pas compte des menaces des extrémistes, gênait les intégristes (qui ne supportaient pas sa façon de transgresser d’évidence les codes plus que normatifs des fondamentalistes). Cette liberté avait entraîné des menaces, et il avait été déjà agressé. Craignait-il alors pour sa vie ? Sans doute : en tout cas il la prévoyait. Mais rien ne lui fit renoncer à ce nécessaire investissement. Son désir d’une lutte par la culture, d’un renversement des valeurs qui aboutisse à la paix s’appuyait sur la conviction qu’étaient déjà présents les germes de cette construction d’une génération libre. Malgré le désespoir, malgré le drame de certains destins. Voir Les Enfants d’Arna, le film sur sa mère et son action avec les enfants de Jénine : http://www.dailymotion.com/video/x596fh_palestine-les-enfants-d-arna-julian_news  (vidéo 1/6 : les autres vidéos sont en marge sur la même page, pour le film complet, documentaire sous-titré qu’il faut regarder complètement pour en saisir tout le sens…).

L’acteur-réalisateur a été abattu de cinq balles.  « Un symbole israélo-palestinien assassiné à Jénine » titre le blog de Gilles Paris, journaliste au Monde : http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2011/04/04/un-symbole-israelo-palestinien-assassine-a-jenine/   Non, pas le symbole, l’homme, dit un commentaire. Effectivement : serait-ce comme si sa vie n’avait plus la même portée, le même sens ? L’homme a été tué, c’est tragique, terrible, mais le symbole demeure, ses traces feront leur œuvre plus ou moins souterrainement. Cependant on peut comprendre le titre autrement : le symbole vivant qu’était cet homme n’est plus là, ce qui ne veut pas dire que le sens en soit enfui. Jacques Benillouche, journaliste israélien, titre aussi sur son blog, « La mort d’un symbole » : http://benillouche.blogspot.com/2011/04/la-mort-dun-symbole-djenine.html

 On ne sait pas encore qui l’a tué (un suspect semble avoir été arrêté : voir ce commentaire de Tahar : http://parolededemocrate.blogspot.com/2011/04/hommage-juliano-mer-khamis.html?showComment=1302349577889#c2133088452089068243 ). Son frère Spartacus soupçonne le Hamas (qui avait menacé déjà leur mère), mais ce pourrait être aussi le crime d’autres courants radicaux (dans les tensions entre certains courants palestiniens). Qui assume sa double réalité, identité, culture (et veut la paix), dérange tous les extrémismes, dérange tous ceux qui revendiquent des identités closes et choisissent de faire perdurer la haine et la guerre. Et voici ce que Juliano Mer-Khamis déclarait en 2009, après des menaces émanant de religieux hostiles à son travail, sur cette page : http://www.france-palestine.org/article11685.html   Oui… « Malgré le soutien de Zubeidi, l'institution culturelle avait essuyé les critiques d'extrémistes et subi deux incendies. Les islamistes, par exemple… » est-il écrit sur Rue 89 : http://www.rue89.com/2011/04/04/lacteur-israelien-juliano-mer-khamis-assassine-a-jenine-198569  (pour la suite…). Et espérons qu’une enquête aboutisse…

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Articles (presse ou blogs, sélection):

RFI : http://www.rfi.fr/moyen-orient/20110405-cisjordanie-juliano-mer-khamis

juif.org : http://www.juif.org/defense-israel/148965,meurtre-de-l-acteur-mer-khamis-son-frere-accuse-le-hamas.php  (et les commentaires)

saphirnews : http://www.saphirnews.com/Hommage-au-juif-palestinien-Juliano-Mer-Khamis_a12421.html  (hommage)

Fiche Wikipedia, Juliano mer-Khamis : http://fr.wikipedia.org/wiki/Juliano_Mer-Khamis

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Pour conclure, à propos de ce crime. CITATION : « Je rêve du jour où je pourrai appeler tout le Proche-Orient, comme j’appelle le Liban et la France et l’Europe, « patrie », et « compatriotes » tous ses fils, musulmans, juifs et chrétiens de toutes dénominations et de toutes origines. », Amin Maalouf, « Les Identités meurtrières ».

 

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Responsabilités ? « Nous sommes tous responsables de tout et de tous devant tous, et moi plus que les autres. » Dostoïevski, cité par Emmanuel Lévinas, dans « Ethique et infini ».                                            

Ce n’est pas à entendre comme une banalisation du crime ou la pensée d’une sorte d’innocence imaginaire des meurtriers et des terroristes. Mais c’est un questionnement sur la violence que l’humanité porte et crée en elle-même. Comment lutter ? Juliano Mer-Khamis, lui, pensait que la culture serait porteuse de paix (et sa mère le dit dans le film « Les Enfants d’Arna »). On sait que des peuples fort « cultivés » - Histoire - ont généré des violences atroces (nazisme…), mais était-ce la même culture que celle dont il parlait ? L’actualité, elle, voit des générations cultivées revendiquer la démocratie… et la fin de la violence.