03/10/2013
« Le doux parfum des temps à venir… »
« … La poitrine ouverte par une blessure qui recommençait à saigner, l’inconnu ne savait pas du tout vers quoi il courait, seulement à quoi il essayait d’échapper. »
Preuve vivante, John Harvey
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« Garde tes filtres pour ta route. / Et souviens-toi qu’une femme libre est maîtresse de son parfum. »
Et
« Pour ce qui te concerne / que tu fasses serment de désobéissance à tout obstacle / ou convention / qui t’éloignerait de ton essence. »
Ou
« Danse / cueille / restitue. »
Le doux parfum des temps à venir, Lyonel Trouillot
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Deux livres empruntés à la bibliothèque Mouffetard / Mohamed Arkoun...
Cet homme inconnu qui court, blessé, au début de ce roman policier, m’a paru la métaphore de l’état du monde actuel, et c’est pour cette phrase, lue en ouvrant l’ouvrage au hasard, que j’ai choisi de le prendre. Violence, fuite, course qui ne dit pas son sens…
Mais le poème, qui aborde pourtant la violence et la douleur à travers le récit d’une femme à son enfant, offre un message d’espoir. Le parfum est aussi symbole d’« utopie », aura de signification, trace et promesse d’un monde à construire, pas seulement trace olfactive ou symbolique des traumatismes. (« Tu leur diras : cherchons ensemble »). Tout n’est pas perdu, car « toute chose vivante n’est pas définitive. » Magnifique ouvrage… qui rentrera vite dans ma bibliothèque… (Mise à jour, 10-10-13 : c'est fait...!) Voir, Actes Sud, fiche auteur : http://www.actes-sud.fr/contributeurs/trouillot-lyonel
Et page (Actes Sud) sur le livre... http://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/le-doux-par...
01:36 Publié dans CITATIONS.exergues.incipit.excipit, POÉSIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : parfum, essence, utopie, john harvey, lyonel trouillot, roman policier, poésie, culture, citations, valeurs, livres
15/10/2012
Contre la peine de mort. Journée, congrès, appels, associations, SITES…
Tant que la peine de mort ne sera pas abolie nous serons collectivement monstrueux. Qu’est-ce qui nous fait vivre dans l’acceptation de cette inhumanité ? En quoi participons-nous à ce qui la fait perdurer? Et comment, indépendamment des pétitions et luttes, pouvons-nous, au quotidien, changer ce qui, dans nos consciences, est complice ? Interrogations nécessaires… Ce qui suit l’est, nécessaire, en premier plan : dire, savoir, agir.
23:53 Publié dans ACTU/MÉMO.valeurs.idées, WEB..LIENS.sites.presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peine de mort, droits humains, abolition, worldcoalition.org, amnesty international, acat, humanité, humanisme, e.c.p.m., ensemble contre la peine de mort, a.c.a.t, valeurs
17/04/2011
Sur l’assassinat de Juliano Mer-Khamis, tragédie récente (Cisjordanie, avril 2011), et sur trois autres meurtres : Hrant Dink (Turquie, 2007), Shahbaz Bhatti (Pakistan, mars 2011), Vittorio Arrigoni (Gaza, avril 2011)
Une des plus tristes nouvelles du début du mois a été ce message entendu à la radio, puis repris et commenté par la presse : le 4 avril, assassinat de Juliano Mer-Khamis (Le Monde, dans sa page « Disparitions » du 07-04-11, titre, avant son nom « Acteur et réalisateur arabe-israélien… ». Même si l’article mentionne sa mère juive et dit bien l’itinéraire et l’action de l’homme, le titre est réducteur. Car un arabe israélien c’est quelqu’un dont l’identité est d’être arabe d’origine (et cela peut être de mère et de père) et israélien de citoyenneté. Richesse identitaire, aussi, mais pas la même.
100% Juif, 100% Palestinien. C’est ainsi que ce militant pour la paix, acteur et metteur en scène, se désignait lui-même, revendiquant sa double appartenance (mère juive israélienne, Arna Mer, et père palestinien de Nazareth, Saliba Khamis). Sans contradictions ni conflits intérieurs. Etre, tout simplement, militer pour la paix, notamment en animant un théâtre (Le Théâtre de la Liberté), et en suivant ainsi des jeunes. Sa manière d’intervenir à Jénine (camp de réfugiés au nord de la Cisjordanie), ne tenant pas compte des menaces des extrémistes, gênait les intégristes (qui ne supportaient pas sa façon de transgresser d’évidence les codes plus que normatifs des fondamentalistes). Cette liberté avait entraîné des menaces, et il avait été déjà agressé. Craignait-il alors pour sa vie ? Sans doute : en tout cas il la prévoyait. Mais rien ne lui fit renoncer à ce nécessaire investissement. Son désir d’une lutte par la culture, d’un renversement des valeurs qui aboutisse à la paix s’appuyait sur la conviction qu’étaient déjà présents les germes de cette construction d’une génération libre. Malgré le désespoir, malgré le drame de certains destins. Voir Les Enfants d’Arna, le film sur sa mère et son action avec les enfants de Jénine : http://www.dailymotion.com/video/x596fh_palestine-les-enfants-d-arna-julian_news (vidéo 1/6 : les autres vidéos sont en marge sur la même page, pour le film complet, documentaire sous-titré qu’il faut regarder complètement pour en saisir tout le sens…).
L’acteur-réalisateur a été abattu de cinq balles. « Un symbole israélo-palestinien assassiné à Jénine » titre le blog de Gilles Paris, journaliste au Monde : http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2011/04/04/un-symbole-israelo-palestinien-assassine-a-jenine/ Non, pas le symbole, l’homme, dit un commentaire. Effectivement : serait-ce comme si sa vie n’avait plus la même portée, le même sens ? L’homme a été tué, c’est tragique, terrible, mais le symbole demeure, ses traces feront leur œuvre plus ou moins souterrainement. Cependant on peut comprendre le titre autrement : le symbole vivant qu’était cet homme n’est plus là, ce qui ne veut pas dire que le sens en soit enfui. Jacques Benillouche, journaliste israélien, titre aussi sur son blog, « La mort d’un symbole » : http://benillouche.blogspot.com/2011/04/la-mort-dun-symbole-djenine.html
On ne sait pas encore qui l’a tué (un suspect semble avoir été arrêté : voir ce commentaire de Tahar : http://parolededemocrate.blogspot.com/2011/04/hommage-juliano-mer-khamis.html?showComment=1302349577889#c2133088452089068243 ). Son frère Spartacus soupçonne le Hamas (qui avait menacé déjà leur mère), mais ce pourrait être aussi le crime d’autres courants radicaux (dans les tensions entre certains courants palestiniens). Qui assume sa double réalité, identité, culture (et veut la paix), dérange tous les extrémismes, dérange tous ceux qui revendiquent des identités closes et choisissent de faire perdurer la haine et la guerre. Et voici ce que Juliano Mer-Khamis déclarait en 2009, après des menaces émanant de religieux hostiles à son travail, sur cette page : http://www.france-palestine.org/article11685.html Oui… « Malgré le soutien de Zubeidi, l'institution culturelle avait essuyé les critiques d'extrémistes et subi deux incendies. Les islamistes, par exemple… » est-il écrit sur Rue 89 : http://www.rue89.com/2011/04/04/lacteur-israelien-juliano-mer-khamis-assassine-a-jenine-198569 (pour la suite…). Et espérons qu’une enquête aboutisse…
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Articles (presse ou blogs, sélection):
RFI : http://www.rfi.fr/moyen-orient/20110405-cisjordanie-juliano-mer-khamis
juif.org : http://www.juif.org/defense-israel/148965,meurtre-de-l-acteur-mer-khamis-son-frere-accuse-le-hamas.php (et les commentaires)
saphirnews : http://www.saphirnews.com/Hommage-au-juif-palestinien-Juliano-Mer-Khamis_a12421.html (hommage)
Fiche Wikipedia, Juliano mer-Khamis : http://fr.wikipedia.org/wiki/Juliano_Mer-Khamis
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Pour conclure, à propos de ce crime. CITATION : « Je rêve du jour où je pourrai appeler tout le Proche-Orient, comme j’appelle le Liban et la France et l’Europe, « patrie », et « compatriotes » tous ses fils, musulmans, juifs et chrétiens de toutes dénominations et de toutes origines. », Amin Maalouf, « Les Identités meurtrières ».
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Responsabilités ? « Nous sommes tous responsables de tout et de tous devant tous, et moi plus que les autres. » Dostoïevski, cité par Emmanuel Lévinas, dans « Ethique et infini ».
Ce n’est pas à entendre comme une banalisation du crime ou la pensée d’une sorte d’innocence imaginaire des meurtriers et des terroristes. Mais c’est un questionnement sur la violence que l’humanité porte et crée en elle-même. Comment lutter ? Juliano Mer-Khamis, lui, pensait que la culture serait porteuse de paix (et sa mère le dit dans le film « Les Enfants d’Arna »). On sait que des peuples fort « cultivés » - Histoire - ont généré des violences atroces (nazisme…), mais était-ce la même culture que celle dont il parlait ? L’actualité, elle, voit des générations cultivées revendiquer la démocratie… et la fin de la violence.
23:55 Publié dans Israël-Palestine/tisseurs.de.paix | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juliano mer-khamis, cisjordanie, juif palestinien, israël, palestine, théâtre de la liberté, les enfants d’arna, gaza, assassinat, identité, amin maalouf, citations, éthique, théâtre, dostoïevski, emmanuel lévinas, humanisme, fraternité, valeurs, terrorisme