Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/06/2025

Hommage au poète Jean-Claude Xuereb (1930-2025)

VIdal.jpegLe poète Jean-Claude Xuereb est décédé début avril 2025 à 94 ans. Son dernier texte en revue aura été publié par À L’Index (numéro 49). Il y évoquait des jardins de Malte, pays des ancêtres paternels qu’il avait visité mais dont il ne parlait pas la langue. Deux autres contributions sont à paraître : une préface, rédigée pour la réédition du livre d’un historien qui avait été publié en 1946 à Alger par Edmond Charlot, et une étude sur l’intertextualité dans l’œuvre de Camus (dont il fut un éminent spécialiste), sa participation à un livre collectif écrit par des auteurs majoritairement natifs d’Algérie (et vivant sur les deux rives). Mais de son recueil paru en 2021 aux éditions Rougerie il savait qu’il serait le dernier.

Lire la suite

19/06/2025

Deux livres de Pierre Perrin

FL.jpgDeux livres de Pierre Perrin. Finis litteræ et Des jours de pleine terre.

Prolongeant ma lecture du dossier de la revue Traversées n°108, le parcours de certains des ouvrages mentionnés s’imposait...

Finis litteræ, hors-série Possibles, 2024

J’ai aimé ce titre avant même de lire les textes et d’y voir le sens complet, qui se comprend en découvrant la forme des poèmes, si la fin de la lettre est surtout sa pointe, voulue par l’auteur sonnet. Pointe pourquoi ? (Car on peut définir pointe de la lettre plusieurs formules qui correspondent à des écritures fort différentes, à des pensées de la poésie d’un tout autre ordre, par exemple le fragment, bref et dense). Pour Pierre Perrin c’est le sonnet, et on peut l’interpréter comme choix de la contrainte, exigence de classicisme qu’il associe à la concision. Sonnet, dont il garde exactement la structure. Pour le vers c’est l’alexandrin, mais sans rimes. Une pointe, aussi, l’alexandrin. Il en joue, variant les rythmes. Dans l’entretien avec Étienne Ruhaud (Traversées n°108), il précise les combinaisons utilisées, notant les 3/3/3/3, 4/4/4, 2/4/4/2, et même, dit-il, deux fois le 5/2/5 (oui, j’ai repéré un vers, dans « L’Arbre », que je cite dans l’anthologie, où le poème est un peu différent. La césure n’est donc pas toujours après la 6ème syllabe. Et on peut lire d’autres découpages, comme 6/6, 6/2/4, ou même 3/9. Ce n’est pas un jeu formel car cela permet de mettre en relief certains mots, d’accentuer la force d’une image ou idée (comme, aussi, les enjambements, rejets, contre-rejets, anacoluthes). Pointe, les encres de Christine Lorent, dont celle de la couverture, jouent sur le double sens lettre-terre, et ajoutent (je le vois ainsi) les pointes verticales d’une architecture, comme une cathédrale. Ce qui convient à la dernière partie du livre, « Approche de l’âme », qui fait intervenir la spiritualité, la transcendance. Une encre circulaire figure une planète (on peut y voir cela en pensant aux questionnements de Pierre Perrin portant sur notre réalité commune).

Lire la suite

18/06/2025

Traversées n°109, revue

nc2b0109-2025-i-recto.jpegParcours de la revue Traversées, n°109 (éditeur Patrice Breno). Page 30 je lis un poème de François Teyssandier qui évoque naissance et mort, puisque la renaissance évoquée, imaginaire d’autre identité, rejoint peut-être l’idée orientale du retour, même si ce n’est que métaphore pour traduire un désir d’accord avec le monde de la nature, des réalités sans mental.

« Tu espères renaître un jour feuille

   Ou fruit mûr dans ce jardin abandonné »

 [...]

« Naître est un cri rêvé »

Lire la suite

Traversées n°108, revue, dossier Pierre Perrin

nc2b0108-recto-2.jpeg

Lecture du dossier Pierre Perrin, revue Traversées (Patrice Breno éditeur).

Je connais plusieurs des textes de lui qui sont repris là. Mais ils demeurent forts, qui évoquent des souffrances d’enfance, surtout une, imposée par la mère (et le privant de son animal très aimé, jeune chien), fait dont il dit l’avoir tu trente ans, le refoulant. L’écriture dévoile. Et ainsi s’élabore une conception de l’écriture, sur cette exigence de vérité, de dévoilement. Plusieurs auteurs interviennent, pour des études, des chroniques, un entretien.

Lire la suite

10/06/2025

Possibles, revue, parcours... n°35, 34, 33, 32...

35.jpgJ’ai parcouru d’un même élan ces quatre numéros de la revue Possibles. Sans volonté de lecture exhaustive. L’avantage d’un tel parcours c’est qu’il laisse se faire des choix d’évidence.

Possibles n°35, Chemins d’âmes

(Illustration de couverture de K.J.Djii/JF Mura)

Ce n’est pas un volume à thème. Pierre Perrin a choisi ce titre en évoquant Dante et Emmanuel Godo, dont le livre, Ton âme est un chemin, Artège, 2024, inspire trois textes. Ils précèdent les notes de lecture, à la fin du volume. Mais l’exergue, une citation d’Emmanuel Godo (deux phrases du livre) m’a menée vers ce dossier… « Méditation sur Dante d’Emmanuel Godo », par Stéphane Barsacq, qui montre que ce livre « écrit sur près d’une décennie » est une sorte d’initiation à l’œuvre de Dante, à la signification essentielle du message de Dante, « l’éternité » pensée selon le destin de « l’âme ». Il voit dans l’œuvre de Dante un « miroir », qui « nous permet du plus loin du temps, du plus loin de la nuit, de nous regarder en face dans la plus grande proximité et la plus grande distance ».

Lire la suite

20/05/2025

À L'Index n°51, revue

à l’index,revue,jean-claude tardif,littérature,poésie,silence,paroleLe dernier numéro d’À L’Index offre, en plus des textes, cinq Encres de l’écrivain et plasticien Hervé Delabarre, respirations entre les pages. On a l’impression de percevoir le mouvement du tracé, et, regardant, on voit des mondes, imagine des visages, silhouettes, espaces.

L’éditorial de Jean-Claude Tardif pose « une nécessité de Lucidité » (avec majuscule). Que faire du monde et qu’en dire, quand le présent est si inquiétant ? Critique de la pensée du « à quoi bon ? », qui est renoncement et passivité. Inquiétude devant ce que deviennent culture, édition, commerciale, et langage, appauvri. Si, comme il dit le craindre, la poésie ne « suffira pas » à corriger la bascule sombre, il espère cependant qu’elle puisse aider à revenir « aux valeurs d’humanisme qui la fondent et qui nous constituent ». Donc ne pas se taire. Dans ces pages il a mentionné le malaise des choix sémantiques qui recouvrent de fausseté les mots employés : « Nos mots sont de plus en plus des silences ». Et, alors que le numéro n’est pas du tout un volume à thème, les sujets étant libres et divers, j’ai remarqué que le hasard faisait que le silence était évoqué, diversement, par plusieurs auteurs.

Textes, je fais un parcours de certains poèmes, par choix d’axe, pour illustrer le questionnement.

Lire la suite

18/05/2025

Jacques Boise, Les mots du passant, livre, éd. À L’Index, coll. Empreintes

IMG_6155-734x1024.jpgJacques Boise, Les mots du passant, À L’index, coll. Empreintes, 2025.

Livre collectif sur Jacques Boise, poète (dir., introduction et entretien : Jean-Claude Tardif), avec quelques textes de Jacques Boise, aussi.

J’y ai participé avec plusieurs auteurs. Liste : M. Alloy, C. Baptiste, É. Bouchéty, J-C Bourdet, J-J Camy, M. Lamart, S. Lida, J. Nuñez Teodoro, G. Okoundji, I. Rebreyend,  Ph. Simon, S. Van Der Pas, L. Verle... (et moi, M-C San Juan). Un texte liminaire de Werner Lambersy, introduisant une des plaquettes de Jacques Boise, a été repris.

Dans l’introduction, « Vous avez dit Boise ? », Jean-Claude Tardif évoque d’abord un paradoxe, la difficulté d’entreprendre de présenter quelqu’un qui part beaucoup, disparaît longtemps, n’est « pas des plus faciles à saisir ». Mais il arrive, en partant de ce qu’il perçoit, aidé par des années d’amitié, à nous révéler un être auréolé d’un riche mystère, confirmant ce qui séduit dans ses textes. Et quand il cite une de ses paroles, la conviction que « nous sommes tous liés », mais « l’avons oublié », effet de notre société, je reconnais là une pensée d’intuitif à la sagesse des marcheurs solitaires, qui rejette ce qui limite la vie, la folie du monde. De lui Jean-Claude Tardif sait le regard sur le réel,« au travers de ses yeux, où se mélangent une vive acuité et une tristesse profonde bien que l’homme aime tout ce qu’il regarde ». Ce n’est, nous dit-il, que tardivement que Jacques Boise lui confia ce qu’il appelle ses « notes ». On comprend dans l’entretien qui suit dans quel état d’esprit. Et on se dit que le destinataire de ces papiers était vraiment bien choisi, que parfois le hasard des rencontres est un guide qui mène vers des choix essentiels. Qui pouvait mieux comprendre quel auteur se cachait derrière celui qui ne se voyait pas ainsi, et que ces papiers étaient traces de poèmes ?

Lire la suite

16/05/2025

Diérèse n°92, revue

diérèse n°92,revue,daniel martinez,poésie,écriture,livres,recensionsL’exergue de la page titre intérieure est cette fois de Jon Fosse.

« Écrire, c’est écouter ».

Multiple, l’interprétation qu’on peut en faire. D’abord les sons, pour entendre les assonances et allitérations qui peuvent tant dire, et le rythme. Écouter en soi le silence qui fait émerger ce qui s’élaborait souterrainement, et entendre le bruit du monde, ses voix.

Illustration de couverture, création de Mathieu Gray.

L’éditorial est de Gabriel Zimmermann. « Quels sont les enjeux, théoriques et réels, de la poésie de nos jours ? » Après avoir mentionné que Musset, déjà, interrogeait le rapport de l’art et de la société, le « besoin d’art », il se réfère à Bertolt Brecht qui dénonçait, écrit-il, « l’inconséquence éthérée à faire un texte sur le frémissement des feuilles dans un arbre pendant que des foules se tordent le ventre de faim ». Et, ramenant le questionnement à la violence des guerres, aux angoisses diverses et aux dérives de la communication, il questionne la possible « indécence » de « toute préoccupation esthétique ». Mais, quelle que soit l’époque, pour le poète il y a toujours cet appel de création, sa « nécessité ». Est-ce pour échapper à l’indécence que, comme il le constate, des choix contemporains ont fait rejeter lyrisme et subjectivité, et préférer le minimalisme ? Il y voit le risque « d’assécher l’évocation du réel jusqu’à occulter les horreurs contemporaines. Plutôt, retrouver le feu et le souffle, dit-il, « la part d’incandescence ». Passer, par une « voix assumée », des « murmures » au « cri ».

Cela me fait penser à l’appréciation d’Albert Camus préfaçant en 1947 les Poésies posthumes de René Leynaud, exécuté par la Gestapo : « deux ou trois cris qui suffisent à justifier une œuvre ».

Lire la suite

Diérèse n°91, revue

diérèse n°91,revue,daniel martinez,poésie,écriture,livres,recensionsEn exergue de la revue (page titre intérieure), Paul Valéry :

« L’écrivain est celui qui n’a pas de mots.

    Alors il cherche. Et il trouve mieux. »

Paradoxe apparent, mais les paradoxes interrogent le réel. Écrire n’est-ce pas tenter de nommer ce qui ne l’est pas encore, et de devoir affronter l’insuffisance du langage ? Sur la même page, comme marque iconique de la revue, le dessin d’un serpent lové sur lui-même en un beau cercle sombre. Représentation à interpréter, idée de profondeur, de retrait méditatif en soi, à la recherche des mots absents. Chaque exergue (selon les numéros) donne sa couleur au dessin...

En couverture, création de Pacôme Yerma.

L’éditorial est de Jean-Louis Bernard

« La part du réel en poésie ». Il commence par évoquer la distinction entre réel et réalité, introduisant « la notion d’imaginaire dans la création poétique », « afictionnelle » et       « dans notre intime ». Pour écrire, tenter de saisir ce qui dans le réel échappe justement, en sachant « l’écart entre le langage et le réel ». Il s’appuie sur Héraclite (« harmonie des tensions »), Saint-John Perse (« grands lés tissés du songe et du réel »), Novalis (« que le chaos brille dans chaque poème », et   « force brisante du regard »). Ainsi on peut penser le jeu sérieux du désordre qui ouvre des passages dans ce que la conscience imagine du réel, en recréant des parts de vérité, sans rien trahir. 

Lire la suite

10/05/2025

L'Intranquille n°27, revue

l’intranquille 27,l’atelier de l’agneau,françoise favretto,poésie,traduction,livres,écriture,créationRiche numéro, séquences diverses : entretiens, traductions, (dossiers : traduction, poésie corse), poésie, chroniques critiques...

« Changer d’art, changer d’air » (pp. 3-5), juste titre pour introduire l’entretien de Françoise Favretto avec Francis Coffinet, qui crée dans deux domaines très différents, trois même. Écriture, cinéma, peinture (j’ai vu une de ses expositions). Cinéma, il se sert de son visage (il ajouterait certainement de son corps, comme tout acteur), mais au visage il donne une force de signification particulière, créant des personnages fort loin de celui qui écrit.

Françoise Favretto l’interroge sur son goût de la lecture à voix haute, sur ses « rôles un peu effrayants, impressionnants ». Elle s’intéresse au passage de l’écriture au rôle, de « l’introverti à l’extraverti », et à la chronologie des implications dans ces arts.

Écrivain il aime donc lire ses textes à voix haute. Sa réponse concernant son expérience de lecture mériterait d’être citée intégralement. Noter, au moins, les « mots lancés comme des fléchettes », où il perçoit surtout faire jaillir des « énergies », une transmission palpable, matérielle, semant de quoi faire      « essaimer ». Comme si le poème lui échappait, devenait multiple vibration signifiante, se métamorphosait, en passant par le son dans les consciences d’autrui. Le son, donc la musique. C’est logique qu’il travaille aussi avec des musiciens, pour que se « tissent » des « correspondances » 

Lire la suite

30/11/2024

Mes réponses au questionnaire de Pi [P(oés)i(e)] de Christophe Condello...

questionnaire de pi,poésie,écriture,marie-claude san juan,le réel est un poème métaphysique,unicité,christophe condello,pieds nus dans l’âme,pierre turcotte éditeurEn accueil des pages du site de Christophe Condello, l’exergue suivant : Les arbres sont des êtres qui rêvent, Aristote.

J’aime y trouver cette phrase. Je l’associe au livre de Mario Mercier, L’enseignement de l’arbre-maître, longue méditation, parcours ou pauses immobiles en forêt, la nuit surtout. Rêves des arbres et rêves d’un arbre se mêlant aux siens. Le message de l’arbre est, notamment, que l’homme est un arbre qui marche...

Le questionnaire de Christophe Condello (poète et éditeur au Québec) comporte des questions types, les mêmes pour tous ceux qu’il invite. Mais les pages qu’on lit, résultant de cela, sont très différentes. Car la question déclenche une introspection (pour ce qui concerne le rapport à l’écriture et à la lecture de poésie) et penser les réponses force à entrer dans sa vérité intime, pour arriver à dire sa démarche. S’interroger ainsi, ce qui fait partie dans tous les cas du travail d’écriture, donne l’occasion, inscrivant ce que l’on capte, de saisir encore des parts de soi qui se précisent. Mettre des mots...

Lire la suite

12/11/2024

Un refuge autre que l’exil, de Theombogü. Éditions du Cygne

1couv_theombogu.jpgOuvrant le livre on trouve des pages titrées, qui sembleraient hésiter entre le fragment et le poème. Le poème, oui, même si plusieurs passages affirment le contraire (pp 39, 40, 41). Le mot « dégoût » est même posé comme un rejet total assumé par le personnage d’un court récit qui ressent de l’aversion pour les                       « poéticiens ». Incompris, il détruit ses manuscrits et se débarrasse des ouvrages de poésie contemporaine. Mais l’auteur en question est « un écrivain exilé ». Le sujet ne concerne alors plus les conditions de l’écriture, mais l’écriture de l’exilé. La page qui suit présente le désespoir d’un universitaire qui perd toute foi en son domaine de recherche et d’écriture : « je ne crois plus à rien : ni à cette poésie aphasique, ni à cette philosophie amnésique, ni à cette sagesse angélique, ni à ces religions monomaniaques. ». Pour conclure :            « Aurais-je oublié d’aimer ? » et se résigner « à la solitude ». C’est le portrait de celui qui a pu se laisser piéger par un univers poussiéreux, celui des « poéticiens » critiqués par l’exilé de la page précédente... Et enfin c'est un texte sans personnage extérieur apparent, un narrateur qui dit Je et qu’on pourrait croire être l’auteur. Lui résiste à la poésie :    « Je ne suis pas poète », répète-t-il. Pourquoi ? Car... « Si la poésie était seule, je serais devenu poète. Beaucoup d’ingrats cheminent avec elle durant toute leur carrière, durant toute leur existence. Et j’ai horreur de l’ingratitude. ». Carrière, le mot étranger à toute poésie, et pourtant qui définit certains itinéraires. Alors, personnages loin de l’auteur, ou parlant pour lui, ces trois pages sont un éloge de l’authenticité et le refus des postures formelles, des artifices stériles, négation de la poésie. Par inversion, éloge de ce que devrait être la poésie. D’ailleurs l’ouvrage est dans la collection Voix au poème. Et ce n’est pas par hasard que l’auteur, Theombogü,  fait partie du comité de rédaction de la revue Po&sie.

..........................................................................................................

Lire la suite

13/08/2024

Magie renversée, recueil d’Isabelle Lévesque et Sabine Dewulf

couverture-Magie-renversée-212x300.jpgMagie renversée, poèmes d’Isabelle Lévesque et Sabine Dewulf, peintures de Caroline François-Rubino (préface de Florence Saint-Roch), Les Lieux-Dits, coll. Duo, 2024

Il y a sans doute plusieurs manières d’aborder ce livre. Celle que j’ai envie de choisir serait en marge des approches littéraires destinées à penser un événement-livre. Mais justement celui-ci s’inscrit dans des marges qui autorisent des lectures décalées. Un premier constat concerne Sabine Dewulf. Car quand on lit ce qui s’exprime de son univers on ne peut que remarquer que sa créativité emprunte une voie qui n’est pas que poésie. En créatrice de jeux qui sont des propositions invitant à traverser la frontière des apparences, à accepter de lâcher une rationalité plus conforme pour laisser advenir une attention à des parts cachées du réel et de soi. Elle s’intéresse aux oracles, aux clés qu’ils délivrent afin de voyager dans un autre espace du temps.  Et si ce livre est un dialogue poétique cela permet de supposer que cet aspect de son univers est reconnu par Isabelle Lévesque, et qu’elle-même a ses propres entrées dans ce lieu d’une pensée ouverte à d’autres trajectoires de la conscience, ce que l’ouvrage confirme. Elles entrent donc à deux dans l’aire du regard autre. À trois, car les peintures de Caroline François-Rubino soutiennent ce déplacement du visible à ce qui lui est sous-jacent.

Lire la suite

11/08/2024

Sous l’étoile du jour, recueil de Michel Diaz

M Diaz Étoile du jur.jpgSous l’étoile du jour, Rosa canina éditions, 2023.

Le préfacier, Alain Freixe, choisit de ne pas faire réellement une préface, si c’est orienter la lecture des textes de Michel Diaz. Il propose « quelques notes prises sur cette partition qu’élabore sa pratique poétique. ». Ces textes, comme en marge, ont, comme exergue, une citation de Jean-Marie Barnaud : « Tu marches cependant / tu ne sais où tu vas / dis-tu / tu vas vers ton secret / telle est l’audace / cela suffit pour une joie. » Choix très judicieux, ces  vers, car Michel Diaz aurait pu l’écrire pour lui-même, lui pour qui la marche nourrit la pensée et le geste d’écrire. Et la marche est aussi la représentation d’un processus créatif.

De ces notes je relève un fragment : « C’est toujours la marche en avant. Vers l’impossible salut. À cause de cet appel insensé qui, du fond de notre finitude, nous a fait roi mage de notre vie en quête du vrai lieu. Telle est l’aventure de l’homme cet être des lointains. L’homme dans la poésie de Michel Diaz remonte ses épaules, relève la tête et poursuit. »

Michel Diaz a structuré son recueil en deux parties. Pierre du vent et Sous l’étoile du jour, qui donne donc son titre au livre.

Lire la suite

08/08/2024

Deux recueils de Teo Libardo

D’abord, présenter l’auteur. Teo LIbardo est né en Italie. Passé de l’exil à Lausanne au choix de la France, sud et soleil. Poète, il est aussi peintre et musicien. Et cela se sent dans ce qu’il écrit. Il regarde et écoute.

Ensuite, expliquer le sens du nom de l’édition, Rosa canina. Ce rosier a des racines qu’on croyait guérisseuses de la rage. L’édition évoque d’autres formes de la rage (comme la haine), tout ce qui corrompt l’humanité. Et elle fait ainsi de la poésie un rosier mental qui va tenter de répondre par des propositions donnant sens autrement.

Les deux livres lus sont Là où germent les mots, suivi de Les yeux naufragés (2020) et Il suffira (2021).

Lire la suite