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09/11/2012

UN LIVRE, une somme. S’informer, questionner, penser l’histoire de l’Algérie de 1830 à 1962

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Pourquoi noter, justement là,  ce livre paru déjà depuis plusieurs mois ? Parce que sa lecture (qui n’en exclut pas d’autres...) invite à s’éloigner des tensions passionnelles et inutiles pour aborder réellement les faits, les questions, et s’inscrire dans la pensée raisonnée et raisonnable. On peut utiliser les différentes entrées pour chercher des réponses précises sur un sujet précis, on peut relier des thèmes traités séparément en passant d’un chapitre à l’autre. J’ai choisi des pages d’articles parus en France ou en Algérie, presse ou sites autres. Les citations mettent l’accent sur la démarche, les objectifs, la méthode, les enjeux. 

« Histoire de l'Algérie à la période coloniale ». Sous la direction d’Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Ouanassa Siari Tengour, Sylvie Thénault. Coédition La Découverte / Barzakh. Ouvrage publié avec l’aide du Centre National du Livre (CNL). Août 2012.

Fiche éditeur, La Découverte  http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Histoire_de_l_Algerie_a_la_periode_coloniale__1830_1962-9782707173263.html  (« … Ouvrage collectif destiné à un large public...   Or, depuis les travaux pionniers de Charles-André Julien et Charles-Robert Ageron, malgré la multiplication des publications, on manquait d'une vaste fresque synthétique de cette histoire, rendant compte des travaux les plus récents. Ce livre, écrit principalement par des historiens (algériens, français et d'autres nationalités), a donc pour but de mettre à disposition des lecteurs une histoire partagée et critique de cette période historique, qui tienne compte des interrogations actuelles des sociétés sur ce passé. » 

Fiche éditeur, Barzakh : http://www.editionsbarzakh.dz/index.php?option=com_parution&view=parution&id=130&Itemid=3

« Long temps de la colonie – La fresque partagée de l’Algérie française (1830-1962) », Libération, 08-11-12, par Dominique Kalifa : http://www.liberation.fr/livres/2012/11/07/long-temps-de-la-colonie_858849  (CITATION : "Tout en mobilisant plus de 80 spécialistes (français et algériens pour l’essentiel, mais aussi nord-américains, britanniques, allemands), il offre une «vaste fresque... » (…). « Cet essai d’histoire imbriquée de deux nations dont l’une – à l’exception d’une poignée d’ ‘algérianistes’ isolés – voulut ignorer l’autre, constitue un instrument remarquable et marque une étape importante dans l’historiographie. On peut seulement regretter que la période qui suit 1962 ne fasse l’objet que d’un court épilogue. » (…) « ‘En 2012, un Français sur six a un lien direct avec l’Algérie.’’ ».) 

« Quand l’Algérie était la France. ‘’Histoire de l’Algérie à la période coloniale’’. 1830-1962 », Le Monde des livres, 30-08-12 ‘’ : http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/08/30/histoire-quand-l-algerie-etait-la-france_1753077_3260.html   (« Pendant plus d'un siècle, selon le mot du ministre de l'intérieur en 1954, le jeune François Mitterrand, "l'Algérie, c'est la France". Avec ce que cela implique de traces et de mémoire partagée »)

Même page du Monde, note sur l’édition La Découverte. CITATIONS. « … Une difficulté : les compétences et la bonne volonté requises pour un travail de cette exigence ne sont pas légion dans les universités algériennes où, selon François Gèze, PDG des éditions La Découverte, "l'espace d'expression pour une histoire non officielle est réduit à la portion congrue. "Faute de recrue, c'est l'éditeur Abderrahmane Bouchène qui s'est associé aux trois autres chercheurs, » (…) « L'un des points forts de l'ouvrage est d'avoir mis en avant l'importance des travaux des chercheurs étrangers, notamment britanniques ou américains - autre façon de désenclaver cet épisode particulièrement douloureux de l'histoire nationale. »)

« Histoire de l’Algérie à la période coloniale : une fresque de 132 ans »,  Le Matin.dz, 13-09-12, par Kassia G-A : http://www.lematindz.net/news/9482-histoire-de-lalgerie-a-la-periode-coloniale-une-fresque-de-132-ans.html (CITATIONS. « On ne pouvait s’attendre à mieux. » (…) « A travers plusieurs séquences historiques qui ont marqué pour certaines l’histoire algérienne, les auteurs interrogent, dépouillent, expliquent et vont au fond des événements avec une lecture claire, impartiale et novatrice. » (…) » Mettre à perspective les rapports complexes de la période coloniale qu’a vécue l’Algérie pour les expliquer est sans doute l’essence de cette fresque historique. » (…)   « "Comment centre-trente deux-années d'une colonisation sans équivalent à l'époque contemporaine, dont ce livre à plusieurs voix tente de retracer l'histoire, ont-elles marqué la société algérienne et française ?" … interrogation... « dans une postface lumineuse »)

Sur Algeria-Watch (site sur les droits humains en Algérie), « Pour une histoire partagée et critique de la période coloniale », août 2012 :  http://www.algeria-watch.org/fr/article/div/livres/histoire_algerie_coloniale.htm  (« À l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, les Éditions La Découverte (Paris) et les Éditions Barzakh (Alger) ont fait  le pari de réaliser un ouvrage collectif ambitieux, qui met à la disposition d'un très large public, dans les deux pays, un ensemble exceptionnel de connaissances sur l'Algérie à la période coloniale (1830-1962), nourri de nombreux travaux historiques peu connus produits ces dernières années. » (…) « Une histoire sans tabous, particulièrement indispensable à l'heure où la permanence des mémoires blessées et des récits biaisés, de part et d'autre de la Méditerranée, entretien toujours des tensions mutuelles qui doivent enfin pouvoir être dépassées.. »

Initiales, groupement de libraires, par Philippe, Librairie Gwalarn, à Lannion , 04-10-12 : http://www.initiales.org/Histoire-de-l-Algerie-a-la-periode.html  (« Un demi-siècle après les accords d’Evian, il est possible d’avoir connaissance de ce que fut la guerre d’Algérie. Son histoire est maintenant bien documentée grâce aux travaux des historiens. Pourtant cette guerre soulève encore de très nombreuses passions tant les traumatismes qu'elle a laissés sont importants, avec pour conséquence une assez large méconnaissance de sa réalité, et cela malgré les dizaines de livres, films, documentaires télévisuels … » (…) « Pour l’ensemble de l’histoire coloniale de l’Algérie (1830-1962), c’est encore pire, car cette histoire a été passée sous silence dans les deux pays et est donc très largement ignorée des deux populations.  Il n’existait que très peu d’ouvrages sur cette période. » (…) « Ce « gros » livre, découpé en quatre grandes périodes, regroupe de nombreux articles écrits par des dizaines d’historiens français, algériens et anglo-saxons. » (…) « Ce livre est tout simplement indispensable à qui s’intéresse à l’histoire de la France et de l’Algérie coloniale. Il n'est pas question ici de vaine repentance ou de concurrence mémorielle mais juste de dire l'histoire. »)

Le site de l’association Harkis-Dordogne http://chs.univ-paris1.fr/spip.php?article42 publie la couverture en mentionnant la publication, et renvoie aux sites de la FNAC et d’EVENE et à la fiche de Sylvie Thénault (avec une bibliographie abondante et précise de ses travaux) : http://chs.univ-paris1.fr/spip.php?article42

« Dépasser la guerre d’Algérie », sur Non Fiction, 30-09-12, par Benjamin Caraco :  http://www.nonfiction.fr/article-6113-depasser_la_guerre_dalgerie.htm  (« Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Ouanassa Siari Tengour et Sylvie Thénault soulignent ainsi dès l'introduction leur "volonté de dépasser les polarisations nationales" avec ce livre, "exercice de reconnaissance réciproque et de mise à distance d'un passé conflictuel", qui ne cherche pas pour autant à vainement "réconcilier les mémoires" »  (...)  «  Ce n'est que dans la postface que l'histoire en vient à éclairer le présent avec un essai sur les relations franco-algériennes.  (...) Pour les auteurs le contentieux mémoriel n'est pas encore soldé. »)

« L’ Encyclopédie indispensable »,  El Watan, 16-10-12, par Rémi Yacine :  (« Et si c’était le livre qu’on attendait sur la guerre d’indépendance ? Mieux, sur l’histoire franco-algérienne, une relation imbriquée ? » (…) « …rares sont ceux qui ont entrepris une œuvre aussi titanesque. » (…) « Objectif du livre : «mettre à disposition des lecteurs une histoire partagée et critique de cette période historique, qui tienne compte des interrogations actuelles des sociétés sur ce passé». Objectif dépassé. Un livre indispensable. »

 Sur une conférence de Sylvie Thénault , en juin 2012, à l'Institut français d'Alger. (Questionnement sur la manière de travailler sur la période coloniale, question des archives, etc.) http://www.if-algerie.com/alger/agenda-culturel/ecrire-lhistoire-de-l2019algerie-a-la-periode-coloniale.-en-france-quels-apports-quelles-limites

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Repères chronologiques, fiche wikipedia : Histoire de l’Algérie  Période de l’Algérie française : http://fr.wikipedia.org/wiki/Alg%C3%A9rie_fran%C3%A7aise

04/11/2012

« HAÏR C'EST ENCORE DEPENDRE ». Réflexion à partir d'un texte de Daniel Maximin citant Césaire (texte à méditer...)

Des récupérations idéologiques et politiques ont cours en ce moment, là ou ailleurs, à propos de la reconnaissance des crimes du 17 octobre 1961 (déguisée par certains - qui y sont hostiles - en « repentance » : ce qui attise les passions, remue les émotions, les colères, les rancoeurs - ce qui, aussi, autorise la mauvaise foi…). Dans ces heurts où les mémoires et souffrances s’opposent (et intimement dans les questionnements personnels identitaires que ces débats réactivent) parfois la haine affleure (ou déborde). Haine et haines d’autant plus dangereuses que, dans un contexte de crise, des groupes politiques (des mouvances, des partis) instrumentalisent mémoire et Histoire pour, dans l’actualité sociale, introduire des thématiques discriminatoires, des divisions entre les communautés qui composent le pays, provoquer la peur (de l’autre, forcément). Et quand, en plus, la commémoration en hommage aux victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie entraîne une lutte de dates qui recouvre un conflit mémoriel plus important... on ne sait plus qui va crier le plus fort.

Il est donc peut-être nécessaire de relire certains textes qui proposent de prendre recul, de faire un peu silence en soi avec ces remuements douloureux sur un passé individuel et collectif. Qu’est-ce qui libère et qu’est-ce qui entrave ? Penser dans la solitude permet de retrouver son autonomie de pensée, de réfléchir autrement, sans influence politicienne ou communautaire (ce qui ne veut pas dire reniement d’appartenances : mais il y a plusieurs manières d’appartenir – en se faisant piéger par un enfermement idéologique et passionnel univoque, ou en acceptant de constater la complexité des regards sur la réalité et la complexité des communautés humaines elles-mêmes).Ce qui ne veut pas dire non plus renoncement à l'expression, ni même aux revendications justes... 

Daniel Maximin, à propos de la commémoration de l’esclavage, se pose les mêmes questions. On remplace « esclavage » par guerre d’Algérie, colonisation, décolonisation, et on a de quoi méditer sur les choix possibles (quels positionnements?) à ce sujet. (« On »  renvoie à des « mondes », divers : Pieds-Noirs et Harkis, oui - personnes, communautés, et associations - mais aussi Algériens sur les deux rives, Franco-Algériens, anciens appelés, métropolitains, pouvoirs, partis, médias… Mais c’est d’abord un appel à la conscience individuelle… exigence qui interfère… (Et c'est valable pour d'autres conflits passés et actuels...).


« La commémoration a un sens si elle n'est pas déviée. Car, plus important que le devoir de mémoire, il y a le droit à l'Histoire. Il faut que toute l'Histoire soit dite: pas seulement celle des douleurs, mais surtout la plus cachée, celle des résistances. La mémoire doit autant privilégier la parole des opprimés que la condamnation du discours de l'oppresseur. Elle doit montrer que l'esclavage a perdu, qu'il n'était pas fait pour fonder des sociétés, des cultures. Donc il ne doit y avoir ni ressentiment, ni resserrement, ni posture victimaire. Césaire disait : "Attention, haïr, c'est encore dépendre." » Evidemment, d'un lecteur du texte à l'autre l'opprimé et l'oppresseur auront des visages différents. Peu importe : ce qui compte surtout c'est la mise en garde... Attention...
 

Le sens du mot  « dépendre » peut être compris diversement. Ceux qui ont dépendu de l’autorité politique des autres, subi des oppressions (colonisation, esclavage), doivent se libérer du lien qui demeurerait avec la colère et la haine, et les maintiendrait dans une sorte de paradoxale dépendance, intérieure surtout, inconsciente. Mais les situations sont parfois plus complexes, autres, l’oppression avoir des formes très diverses, camouflées, les contraintes être de l’ordre de la manipulation (manipulation d’opinion, aussi, comme le montre et le dénonce Jean Pélégri dans son livre « Ma Mère l’Algérie » : comment la métropole – avec ses pouvoirs – a construit une image collective des Pieds-Noirs, en faisant de cette communauté un bouc émissaire). Et cependant, dans tous les cas, prolonger les luttes passées, ne rien remettre en question de ses croyances antérieures, rester dans la douleur des exils, quels qu’ils soient, cela aussi crée dépendance, autrement. Collectivement il faut travailler à une résilience libératrice, en déconstruisant les manipulations passées et présentes, en refusant les injonctions qui font jouer un rôle, créent une fausse identité, piègent dans de fausses valeurs (qu’on croit siennes et qui sont étrangères profondément). Bien sûr, parler de résilience (Algériens, Pieds-Noirs, Harkis, Appelés, Métropolitains) est plus difficile quand on évoque les plus terribles traumatismes (victimes du terrorisme, enfants de disparus ou de victimes d’assassinats ciblés, survivants d’un massacre, témoins de meurtres, de tortures, nés d’un viol, victimes de viol). C’est là que les communautés peuvent avoir un rôle apaisant ou au contraire aggravant (en croyant même parfois accompagner – mais en réactivant les souffrances, les colères, en les figeant dans un éternel passé, quand le présent est déjà assez dur). Attention aux héros qu’on se crée, aux icônes qu’on fabrique : certains masques peuvent être dévastateurs… Le défi est de ne pas choisir ce qui dévaste… Quand ceux qui haïssent ne dépendent pas seulement (encore…) de ceux qui les ont opprimés ou agressés (ou, c’est pareil, rôles inversés, de ceux qu’ils ont opprimés ou méprisés), mais dépendent aussi (et c’est peut-être la pire prison) de la part la plus sombre d’eux-mêmes, de l’ombre intérieure qui les hante et qu’ils projettent sur le monde, pour une vision manichéiste… 

L'entretien complet est à lire sur le site de L’Express. « Haïr, c’est encore dépendre », Daniel Maximin, 07-05-2009 : http://www.lexpress.fr/culture/livre/daniel-maximin-hair-c-est-encore-dependre_823480.html

Autre entretien, éclairant aussi. « Il faut arrêter d’être esclave de l’esclavage », Daniel Maximin, décembre 2006, L’Internaute : http://www.linternaute.com/histoire/magazine/interview/daniel-maximin/retranscription-daniel-maximin.shtml  (CITATIONS :« La volonté d'oppression est constitutive d'une partie de chacun d'entre nous. C'est le désir de mort pour soi ou pour l'autre qui s'oppose en permanence au désir de vie ou de faire vivre. » (…) « Il reste nécessaire de pratiquer "l'auto-surveillance" dont vous parlez (il répond à une question) vis-à-vis de chacun de nous et vis-à-vis des autres. Il n'est pas utopique de penser que la mort et le mal existeront toujours mais que la Résistance à leur empire est aussi permanente dans l'histoire des hommes. »)

C’est une leçon de lucidité.  Ne risquons-nous pas, nous, tous, en effet, d’être esclaves des attachements à la condition d’exilé (par exemple), quand nous ne sommes ici que de passage? (Ce peut être aussi le contraire, avec les pièges de l'ancrage local, ou des visions ethnicistes, à la façon des Identitaires ou des Indigènes de la République...). Ne sommes-nous pas, tous, souvent, dans l’illusion de l’innocence intime, communautaire, ou nationale, quand personne n’a échappé, en réalité, aux choix les plus mortifères. Ne serait-ce que par contagion. Ne serait-ce qu’en se taisant… 

19/10/2011

Le 17 octobre 1961. Crime ? Oui. Crime d'Etat ? Oui. La mémoire, oui. Mais... toute la mémoire ?

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Lire pour s’informer. Mais aussi se poser quelques questions…

ARTICLES

Le Monde (deux grandes pages). Titre papier : « 17 octobre 1961, Toute une Histoire », titre sur le site : « Les plus faibles, ils les achevaient jusqu'à la mort » (reprenant une parole citée). 17-10-2011 : http://www.lemonde.fr/culture/article/2011/10/17/17-octobre-1961-toute-une-histoire_1587334_3246.html

L’article du Monde donne beaucoup d’informations, et il est donc à lire, mais on peut lui reprocher, d’abord, de ne pas donner assez le contexte de ce jour précis.

« Ce jour-là, les "Français musulmans d'Algérie" manifestaient à l'appel de la fédération de France du FLN contre le couvre-feu qui leur avait été imposé par le préfet de police de Paris,Maurice Papon.  Cantonnés habituellement aux bidonvilles de banlieue, plus de 20 000 hommes, femmes et enfants défilent alors pacifiquement dans les rues du Quartier latin, sur les Grands Boulevards, aux abords des Champs-Elysées. La violence policière est inouïe. »

(Et j’ajouterai un autre reproche : il participe du déséquilibre de la mémoire, non par ce qu'il est, mais par les manques qui lui font face. Aura-t-on en mars deux pages sur le 26-3-62 ? Aura-t-on en juillet deux pages  sur le 5-7-62 ? Et sans amalgames ? Pas sûr… Mise à jour années suivantes : non, pas de pages...).

 Pour bien comprendre le drame, réel, de ce jour du 17 octobre il faut que nous ayons en mémoire qui est ce Maurice Papon, alors préfet de Paris : « Homme politique et haut fonctionnaire français, condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour des actes commis alors qu'il était secrétaire général de la préfecture de Gironde entre 1942 et 1944, sous l'occupation allemande. » Et «Préfet de police en mars 1958, il a également été impliqué dans la répression sanglante de la manifestation organisée par le FLN, et dans celle du 8 février 1962, organisée pour protester contre l'O.A.S., connue sous le nom de l'affaire de la station de métro Charonne. ». C’est un  rappel minimal, fiche wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Papon  (Par contre sur wikipedia les chiffres donnés pour le 17 octobre ne sont pas très fiables).

Si le 17 octobre a mis beaucoup de temps à entrer dans la mémoire collective, signe d’une résistance à assumer certaines réalités de l’Histoire, et n’a pas la reconnaissance officielle que certains demandent, il est des drames similaires qui souffrent encore d’une longue amnésie, française ou algérienne : 26 mars 62 (Alger), 5 juillet 62 (Oran). (Quand, donc, deux grandes pages dans Le Monde pour le 5 juillet ?). Et, pire, ils sont l’occasion, quand l’amnésie fait une pause, d’une stigmatisation supplémentaire, déformations des faits, amalgames divers.

Oui, le 17 octobre, à Paris, était une manifestation à l’appel du FLN. Mais les manifestants, désarmés, ne devaient sans doute pas être tous des militants du FLN, et de loin (il y avait même des enfants !)… D’ailleurs tous les représentants du GPRA ne l’avaient pas approuvée. Et, oui, de même, les manifestants du 26 mars à Alger n’étaient pas des activistes de l’OAS (la plupart arrêtés ou enfuis…). Désarmés, de même : familles pacifiques parties au secours d’un quartier (et des enfants, aussi… !). Mais l’armée a tiré sur eux, et, là aussi, des blessés ont été achevés. Et le 5 juillet 62 ? Des criminels, ces Oranais ? Méritant un massacre que l’armée française a l’ordre de laisser se perpétrer sans intervenir ?

Et si les manifestants du 17 octobre qui sont morts sont effectivement les victimes d’un crime qu'il faut dénoncer, le FLN, qui appelait à cette manifestation, en avait déjà commis beaucoup, et en commettrait bien d'autres.

Donc, 17 octobre 1961, LISONS… REVUE de PRESSE (très nombreuses références) sur bdic.fr : http://www.bdic.fr/pdf/periodiques_17_octobre.pdf?9c91740d9bfb80d546734817b6e5c348=dba13e62d4b493063af1d8b1b0bd09cb   On tombe d’abord sur une page noire… Mais en cliquant  sur l’icône représentant deux feuillets pour un fichier (en haut  à gauche) la page s’ouvre sans problème…

Des FILMS ?

Je note, d’abord, UN film, car… je ne le vois mentionné nulle part. Et pourtant le 17 octobre 1961 y est largement évoqué… !(Mais l’occulterait-on parce que, dans un autre film, le réalisateur traite aussi du 5 juillet 1962 ? Fort possible… et révélateur de ce qu’est la mémoire des faits de l’Histoire, pour certains commentateurs et acteurs de commémorations. Victimes… ET victimes… On fait des cases, on tue deux fois les uns, croyant servir les autres, et enfermant tout le monde dans les frontières de la haine.).

« Algérie, mes fantômes », documentaire  de Jean-Pierre Lledo, 2004. Long passage sur le 17 octobre, avec des documents et des témoignageshttp://www.filmsdocumentaires.com/films/524-algeries-mes-...

« Chaque personnage témoin d'une blessure, est un fantôme opérant dans le travail de deuil, mais aussi pièce du puzzle d'une Algérie "imaginaire" dont il faut recoller les fragments éclatés, à partir de quoi peut s'élaborer une nouvelle identité… ». C’est ainsi que ce film est présenté sur Africultures : http://www.africultures.com/php/index.php?nav=film&no=762

Le 5 juillet 1962, c'est dans « Algérie, histoires à ne pas dire, 2007, 3ème volet d’une trilogie commencée avec Un rêve algérien, 2003. Deux liens : https://www.youtube.com/watch?v=g8NPraqczuo  et http://www.lemonde.fr/cinema/article/2008/02/26/algerie-h...  

Autres FILMS sur le 17 octobre 1961 : Trois documentaires, et un drame  « Ici on noie les Algériens », 2011, de Yasmina Adi ; «17 octobre 1961 : dissimulation d'un massacre », de Daniel Kupferstein, 2001; « Octobre à Paris »,de Jacques Panijel, 1962. Le drame : « Nuit noire, 17 octobre 1961 », d’Alain Tasma, 2004.

17 octobre 61, les films vus par Le Monde, 14-10-2011 : http://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/10/14/octobre-a-paris-et-ici-on-noie-les-algeriens-le-17-octobre-1961-la-justice-se-noya-dans-la-seine_1587857_3476.html  

Une bande dessinée, Octobre noir, de Daeninckx et Mako, 2011 : http://www.bedetheque.com/serie-29903-BD-Octobre-noir.html

Une ASSOCIATION, « 17 octobre 1961 : contre l’oubli » : http://17octobre1961.free.fr/pages/association.htm

Et une autre… « Au nom de la mémoire ». Mémoire qui, là, semble très partielle et partiale, à mon sens, quand on voit les objectifs et les projets :  http://www.africine.org/?menu=fichedist&no=3026

Lesquels, parmi ceux qui réclament la reconnaissance du drame d'octobre 61 seraient d'accord pour remémorer les tragédies du 26 mars et du 5 juillet 1962 (dates censées être… après la fin de la guerre…) ? Certains, peut-être oui, d’autres sûrement pas : il en est pour qui il y a victimes et victimes…

Mais, de même, tous ceux qui commémorent, à juste titre, aussi, le 26 mars et le 5 juillet 1962, seraient-ils prêts à dénoncer avec la même force ce crime du 17 octobre?

C'est à ce prix, un partage des mémoires, si difficile que cela puisse paraître parfois, que le dialogue sur l'Histoire et la mémoire pourra véritablement s'instaurer entre les différentes communautés qui ont dû vivre des drames épouvantables, mal compris, oubliés ou occultés (et... objets de projections idéologiques et politiques, ou d'instrumentalisations diverses, par les uns ou par les autres). C'est ce travail sur soi-même, individuellement et collectivement, qui pacifiera les esprits. Cela commence par l'information, pour un regard vers l'autre débarrassé des miasmes de l'ignorance (méconnaissance qui va avec toutes les formes de la haine).

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17 octobre 61... Le FLN, qui appelait à cette manifestation, mais il était en proie à des divisions et luttes pour le pouvoir. Une partie était déjà en train d’éliminer ceux dont il ne voulait pas pour un partage du pouvoir après l’indépendance, par des assassinats ou par des manœuvres politiques.  Cette manifestation a peut-être été utilisée par un courant contre l'autre. Et le fait qu'un livre qui parlait de la répression du 17 octobre ait été censuré, effacé, par la volonté du FLN, est un signe (voir note du 09-11-11, lien ci-dessous, en bas de cette page). Mais pour ceux qui ont participé, appelés à protester contre les injustices de cette guerre et, concrètement contre le couvre-feu et le système très répressif de Maurice Papon c'était autre chose qu'un éventuel piège : l'expression d'une réelle révolte. Ceci dans le contexte du refus du pouvoir français d'accepter l'indépendance, pourtant inéluctable, mais retardée par les blocages politiques et idéologiques...  refus inséparable de la répression.

Le FLN, lui, autre face de cette tragédie, avait commis nombre de crimes, et allait en commettre d’autres, juste après l’indépendance et bien après. Voici un regard très acide sur les multiples commémorations qui se font en France, en oubliant toujours de mentionner la nature du FLN (nature que l’Algérie a payé très cher), et dans l’oubli de dates qui ne correspondent pas à la grille de lecture associée à une certaine vision de l’Histoire : http://ecrivainsmaghrebins.blogspot.com/2011/10/massacre-du-5-octobre-1988.html (Post sur <ecrivainsmaghrebins.blogspot>.« Massacre du  5 octobre 1988 ». Citation : « Pour ceux qui célèbrent le 17 Octobre à grande pompe, spécialement les Français, je précise que ces MILITANTS FLN INTÉGRISTES ont fait un triple CRIME contre leur propre Jeunesse en 1988, et d’autres après l’indépendance… »).

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Oui, police et armée de ce temps, il y a des CRIMES à dénoncer (armée, police, FLN, OAS). Mais…TOUS ! 17 octobre 1961, 26 mars 1962, 5 juillet 1962 (pour ne citer que ces trois dates, et malheureusement il y en  a bien d'autres…). Ces gens assassinés sont tous natifs de la même terre, Frères de terre, Frères de Rive...S. Tous victimes des erreurs et crimes de l’Histoire… 

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Ne pas oublier…

Deuils en partage. Meurtres en partage. L’horreur de la haine aveugle, de la bêtise criminelle.

Cheikh Raymond Leyris. Assassiné à Constantine, en juin 61. Infos : http://judeoandalouse.free.fr/cheikhraymond.html et http://www.constantine-hier-aujourdhui.fr/LaCulture/malouf.htm  

Mouloud Feraoun. Assassiné en mars 62. Lire : http://mouloudferaoun.free.fr/biographie.html et http://felina.pagesperso-orange.fr/doc/alg/feraoun.htm  (avec un texte de Germaine Tillion).

Jean Sénac, assassiné bien plus tard... Lire « Assassinat d’un poète », de Jean-Pierre Péroncel-Hugoz. http://www.decitre.fr/livres/assassinat-d-un-poete-978286...  

Voir aussi le film d’Abdelkrim Bahloul, « Le Soleil assassiné », sur Jean Sénac... Fiche wikipedia sur le film ... https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Soleil_assassiné  Et fiche sur AlloCiné (synopsis, bande-annonce, critiques presse...)... http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=44858.html

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Voir aussi, NOTE suivante, du 09-11-2011 http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2011/11/09/17... 

20/03/2011

Le 19 mars 62, Algérie. Cessez-le-feu et feu. Une fin de guerre sans date… ?

Comme exergue, j’emprunte la citation qui introduit la rubrique « Histoire » du site rapatries-gauche.org :  « Il y a deux histoires : l’histoire officielle, menteuse, puis l’histoire secrète où sont les véritables causes des évènements. »  Honoré de Balzac : http://rapatries-gauche.org/spip.php?rubrique18

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Pour commencer, un questionnement. « Quelle date pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie ? » : http://felina.pagesperso-orange.fr/doc/alg/19mars.htm  (source : Libération, page ldh).

Et des liens, pour quelques infos :

Le 19 mars. Histoire sur herodote.net : http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19620319  (Cessez-le-feu, Algérie 1962, et morts du 26 mars, à Alger)

Rubriques du Cercle algérianiste (histoire, mémoire, culture). Certains positionnements peuvent nécessiter nuances, questionnements, et réflexions contradictoires (notamment sur  les injustices de la réalité coloniale, qu'on ne peut occulter, mais qui est le résultat d'un système créé par la France, métropole, et imposé autant aux communautés arabo-berbères qu'aux populations méditerranéennes immigrées qui ont produit le métissage pied-noir : Espagnols, Italiens, Maltais, Gitans, etc.). Mais on trouve des informations et questions qui ne sont pas présentes ailleurs (vérités des témoignages, mémoires d'une communauté humaine assez ostracisée, les clichés diffusés en France masquant la réalité des êtres). Et le souci du lien avec l'Algérie actuelle se manifeste par l'organisation de rencontres avec des auteurs algériens, par exemple : ceux qui reconnaissent en eux, Pieds-Noirs, des Algériens légitimes) : http://www.cerclealgerianiste.fr/

Autre regard, assez antinomique, de Pieds-Noirs qui ont créé une association en 2008, pour exposer une autre manière d'analyser l'histoire et l'actualité, ce qui est légitime : "Les Pieds-Noirs progressistes". Mais   là aussi, autrement, il sera nécessaire de nuancer, questionner. Car pour s'opposer aux nostalgiques du passé colonial (si minoritaires...) on peut reprocher la tendance à évacuer les critiques nécessaires quand on évoque le FLN (idéologie, terrorisme, choix antidémocratiques, instrumentalisation de la religion devenant élément de la dimension nationale, refus d'une pluralité de l'algérianité, arabisation forcée éliminant longtemps le berbère, répression des incroyants ou convertis, etc.). Ce reproche s'impose parfois quand on voit certaines réactions ou certains silences. Mais on trouve aussi la possibilité de lire une analyse de gauche sur une histoire commune, sans reniement de l'identité partagée, et avec un souci réel de conscience du présent, dans l'intérêt porté à l'Algérie contemporaine. Lien : http://rapatries-gauche.org

Des adhérents du PS avaient, plus anciennement, créé aussi une association (accueillant des Harkis, des Pieds-Noirs, des Algériens ou Franco-Algériens, dans le but de trouver une paix des mémoires) : l'Araprem. Le site existe toujours (on voit un engagement-programme qui se déroule, phrase à valeur de charte). Mais le site n'est plus mis à jour, la communication ayant, pour les responsables, migré sur Facebook, en réseau informel. Lien : http://www.araprem.asso.fr  

Commémoration du 5 décembre, quai Branly. Colère de JP Rondeau en 2005, à titre de document : http://www.babelouedstory.com/thema_les/5_decembre/822/822.html    [ On pourra trouver que ce texte, avec ses excès (billet d’humeur, de conviction), fait des généralisations sans distanciation, d’une part, et que, d’autre part, il s’inscrit dans une démarche revendicative installée dans la perspective d’une histoire subjective, nostalgique, attachée à des conceptions  associées à une certaine vision de l’histoire  de l’Algérie et des natifs de ces anciens départements – devenus pays indépendant. Mais il exprime cependant des émotions légitimes que beaucoup ressentent devant les négations de leurs souffrances, les projections, les ignorances, les approximations, le mépris et le déni. Pour les ressentir aussi tous ne partagent cependant pas les mêmes analyses au sujet du 5 décembre et du Quai Branly.]

 Le 19 mars, lui, reste très mal vécu, certainement, aussi, par les Harkis rapatriés. Comment reconnaître la fin d’une guerre dans  une date qui, même si elle symbolise un cessez-le-feu officiel, est suivie de massacres ?  26 mars (Alger, armée qui tire sur une foule pacifique), semaines et mois qui suivent, 5 juillet (Oran, massacre de civils, et armée française laissant faire), abandon des Harkis et très nombreux morts...  http://www.harkisetverite.info/ 

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Mais comment inscrire dans les mémoires une histoire qui ait du sens pour tous ?

Il faudrait déjà soustraire la question à l’idéologie combattive. Faire entrer la complexité et la conscience dans la pensée.

Que cesse la permanence de la guerre dans le regard sur les peuples ou sur les communautés. Algérie française vue sans nuances et colonisation passée idéalisée, par les uns, diabolisation des mêmes réalités, par les autres, terrorisme sanctifié, par certains, qui fabriquent alors des héros discutables.

Le pire, c’est ce que j’ai lu, par hasard, dans un article de l’Humanité, il n’y a pas si longtemps. Rappelant le drame de Charonne, qui fit quelques morts (sur lesquels, cependant, on n’a pas tiré) l’auteur entraîne son sujet vers le… négationnisme. Qui sont les négationnistes ? Les Pieds-Noirs, bien sûr. (Qui n’étaient pourtant pas là).  Mais ce n’est pas grave, en parlant de « leurs » morts PN, qu’ils veulent honorer (est-ce crime?), l'article passe de ces victimes de Charonne à celles du 26 mars, en ramenant à l’histoire du Quai Branly : ces noms de victimes civiles, associées aux morts militaires. Scandale ! Pour l’Humanité… OAS ! Eh bien, ils font exactement, à l’Huma, comme les extrémistes qui voient un islamiste derrière chaque musulman : eux voient l’OAS derrière chaque Pied-Noir.  [« Bientôt 45 ans que nous avons été "Rapatriés d’Algérie" et toujours cette même querelle sur notre mémoire, Pieds noirs = colons = OAS. » 16-09-08, citation tirée d'un article du site des Pieds-Noirs progressistes.  

 Et s’il est mort, ce Pied-Noir, c’est qu’il devait mourir… car, forcément, il était OAS… !!! (D’ailleurs les stèles sont forcément « à la gloire de l’OAS », même quand rien de tel n'est noté. Le 26 mars, les victimes, malgré les documents, les vidéos, les témoignages, pour le PCF c’est toujours la mort justifiée de méchants activistes. Donc, si on compare, deux manifs se finissent mal, et il y a des morts (nombreux à Alger). Mais pour le PC il y a morts et morts… Et les Pieds-Noirs sont tous des fascistes. Ignorance. Et… négationnisme, au bout du compte, mais à l’inverse de ce qui était annoncé : celui de l’auteur, celui du PCF. Massacre occulté. Le PC trouverait-il normal qu’on tire sur une foule pacifique (qui portait secours à un quartier populaire victime d’une sorte de blocus) ? Sous prétexte que cette foule aurait eu des idées contestables (au sens de l’auteur) ? Dans l’article, le nom des victimes civiles de la rue d’Isly inscrites au Quai Branly, cela signifie « le terrorisme de l’OAS qui continue ». Délire. http://humanite.fr/09_02_2011-charonne-%C2%AB-le-n%C3%A9gationnisme-un-danger-permanent-pour-la-m%C3%A9moire-%C2%BB-464693 (09-02-11)   Ces projections  qui faussent la perception réelle des faits à leur juste mesure, comme elles sont permanentes, renouvelées à de multiples occasions, là ou là, ont des effets problématiques, pernicieux : on accule autrui ainsi. 

« …nostalgiques de l’Algérie française, fascistes et racistes ». Là, même article, ce sont ceux qui ont cru bon de montrer leur désaccord avec le film Hors-la-Loi (contestation de données du film qui ne correspondent pas aux chiffres réels, selon les protestataires, qui ont vu, là aussi, un déni d’Histoire…). Oui, heurts de mémoires, et totale maladresse (je serais presque tentée de dire « bêtise ») de ceux qui ont manifesté pour cela. Si parmi eux  certains pouvaient être des « nostalgiques » et peut-être, pour une petite frange mêlée aux autres, des gens à situer à la droite extrême (il y a bien un Breton célèbre et, malheureusement, sa blonde fille : il y en a forcément aussi parmi les rapatriés...) ce n’était sans doute pas un ramassis de fascistes et de racistes : plutôt des écorchés vifs un peu trop militants... (Mais pour le PC, apparemment, tout « rapatrié », terme que je n’aime pas, est un « fasciste raciste ». PC qui, pourtant, a vu ses électeurs se sauver pour se jeter dans les bras du FN, et qui, donc, devrait commencer par balayer devant sa porte : qu’est-ce que cette idéologie qui peut laisser faire une telle bascule ?). 

Peut-être parce qu’ils sont passés d’une « vérité » à une autre ? Car, parlant d’Histoire, l’auteur oppose des « vérités ». « La vérité est pourtant à l’opposé », dit-il, craignant de « voir double ». Mais justement, c’est voir double qu’il faudrait : voir la vérité des uns et la vérité des autres. (Et ne plus parler de vérité, à mon sens, mais de faits : laisser les certitudes pour les questionnements devant ces faits). Voir, d’une part, les Algériens luttant pour l’indépendance, aux  combattants encouragés par Sartre à tuer ceux qu’il définit tous comme des « colons » (préface au livre de Fanon). Et voir les natifs d’Algérie issus d’un melting pot de gens simples (et qui n’ont pas su se défaire des puissants, ceux-ci plus « Français » qu’eux, et pas de la meilleure manière). Souffrances des uns et des autres. Tous victimes d’un système qu’ils n’avaient pas créé. (Car les immigrés espagnols chassés d’Andalousie par la misère n’ont pas décidé, eux, la colonisation de l’Algérie : pour donner un exemple. Non, ce sont les ancêtres des autres, restés en France métropolitaine, qui l’ont fait). Une certaine frange politique de la France se débarrasse de son héritage historique sur une communauté chargée de tous les crimes. Et si certains « rapatriés » revendiquent, eux, cet héritage, par désir d’appartenance et traumas d’exilés, cela ne les rend pas pour autant ontologiquement plus coupables (si coupables il y a…).

L’Histoire sera faite par les historiens (et par les historiens algériens aussi). Mais cette Histoire aura besoin des archives de la mémoire. Le déni que ressentent ici des Pieds-Noirs, blessés par ces histoires de dates, pourrait être corrigé par un peu d’humanité : l’humanisme contre les constructions idéologiques. A condition de « voir double » (au bon sens du terme). Cette humanité  vient parfois bien plus de l’autre rive que de celle-ci. Elle est aussi présente dans le dialogue de rive à rive des natifs dispersés, diasporas dialogiques. 

Et dans le contexte actuel, plutôt que de viser des cibles imaginaires, de fantasmer sur des ennemis à combattre (là où il n’y a, au pire, que des errants perdus), voir plutôt les  vrais risques actuels dans ce délitement de la raison qui transforme une extrémiste « faite maison », et pas du tout « rapatriée » en blonde icône du racisme médiatique, se rêvant présidente…

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Dates d’après le 19… qui expliquent les refus de cette date, le malaise...

Le  26 mars 62. Histoire. Le massacre, sur L’Internaute : http://www.linternaute.com/histoire/categorie/evenement/49/1/a/48077/massacre_de_la_rue_d_isly_a_alger.shtml

Enterrés clandestinement : http://www.babelouedstory.com/thema_les/26_mars/902/902.h...

Dossier : http://www.babelouedstory.com/thema_les/26_mars/00_accuei...

Fiche wikipedia (voir aussi les liens externes, documents, dont films)  https://fr.wikipedia.org/wiki/Fusillade_de_la_rue_d%27Isly

Vidéos sur le 26 mars : http://www.dailymotion.com/video/x5c27e_fusillade-du-26-mars-1962-rue-d-isl_news#from=embed  (documents et témoignages)

Vidéos INA : http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/CAF90005855/algerie-les-evenements-du-lundi-26-mars-1962.fr.html 

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Après le 19 mars, aussi, massacres de harkis. Voir sur harkis.com (Ajir pour les harkis) : http://www.harkis.com/article.php3?id_article=25

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5 juillet 62 sur herodote.nethttp://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19620705

Fiche wikipediahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_du_5_juillet_1962

Georges Marc Benhamou, sur le 5 juillet 62 et un livre de Jean Monneret , « La tragédie dissimulée » :http://nice.algerianiste.free.fr/pages/benamou12.html

Témoignage, 5 juillet : http://nice.algerianiste.free.fr/pages/bouq_com/monneret3.html

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19 mars ? Les cessez-le-feu des guerres ne sont-ils jamais vraiment la fin de la mort ? Et les dates ne sont-elles pas  toujours le déni de ce qui les suit, la promesse de mensonges, une faille ouverte aux crimes occultés ?

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MEMOIRE… HISTOIRE… REFLEXIONS… vers la fin de la concurrence mémorielle  (qui n’est peut-être pas tant entre des communautés humaines impliquées qu’entre des courants idéologiques qui veulent instrumentaliser les émotions et les douleurs des uns et des autres).

Conflit de mémoire et de chiffres : http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1830

 La mémoire meurtrie de Mohamed Harbi : http://www.mafhoum.com/press4/114P57.htm (Le Monde, 11-10-02)

Une vie debout, Mémoires politiques. M.Harbi : http://www.lematindz.net/news/81-Mohamed-Harbi--une-vie-d...

Texte de l’historien Mahfoud Kaddache (pour la fin du clivage Histoire coloniale/Histoire nationaliste, vers le dialogue scientifique) : http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2006/08/03/2403201.html