13/08/2025
Lecture de La maison loin de la mer, de France Burghelle Rey
France Burghelle Rey a publié des recueils de poésie, surtout, et a notamment mené des recherches sur Cocteau, la théorie de la création, et Huysmans. Ce livre appartient (selon l’esprit de la collection La diagonale de l’écrivain des éditions Douro) à sa pratique périphérique (donc en marge des autres publications, mais parfois ce qui est périphérique devient une marque importante de l’univers d’un auteur). Ouvrage qui interroge, fait penser, force aussi à entamer une réflexion sur le genre où le classer, et partant d’une approche (en suivant le sous-titre) découvrir autre chose de très intéressant.
La Maison loin de la mer, Fragments I, Éditions Douro (coll. La diagonale de l’écrivain), 2021.
Ce qui m’a attirée vers cet ouvrage, est son sous-titre, Fragments... Mais j’ai ensuite remarqué autre chose, concernant aussi le titre : en référence des hauts de pages « loin » devient « près ». On doit donc supposer que la question du lieu est posée avec le signe de l’incertitude et que la mer devient un élément, réel et symbolique, central. Feuilletant, en commençant par la fin j’ai vu qu’un Index des noms d’auteurs mentionnés dans le livre prenait deux pages pour une longue colonne. Cela renvoie à de nombreuses citations, définissant sa pratique comme du glanage, se référant à Varda...
12/08/2025
Deux recueils de Christophe Condello (dont un hommage à Leonard Cohen...-
Christophe Condello a publié plusieurs recueils dans diverses éditions : il dirige une collection de poésie pour Pierre Turcotte Éditeur (Québec), anime un blog personnel où il invite régulièrement des auteurs pour des « Questionnaires de Pi », [P(oés)i(e]], rédige des recensions, et organise des événements pour la promotion de la poésie.
J’ai lu ses deux derniers recueils.
10/08/2025
Un recueil de Monique Marta, L'Opacité du ciel, éd. Unicité
On est toujours seul face au Seul. Les voix du Seigneur sont impénétrables à notre entendement et les voix d’accès qui mènent à Lui sont innombrables. Le prophète Élie qui chercha Dieu dans le tonnerre, la foudre, les volcans, finit par le trouver dans le silence qui succède à la tempête.
Joseph Macé-Scaron, « Le goût de Dieu », éditorial du Magazine littéraire, février 2012.
(Il rend compte du livre de Franz-Olivier Giesbert, Dieu, ma mère et moi, Gallimard, 2012, et mentionne les références du parcours fait par l’auteur en évoquant aussi d’autres écrits éclairant la démarche. L’ouvrage a été édité ensuite en Folio, 2013... ).
Si tu portes en toi le non-dit
cela qui te brûle et te lie,
confie-le au plus dru du silence
car lui seul sait le dire.
Aco Sopov, poète macédonien, Anthologie personnelle, Unesco/Actes Sud, 1994.
Par-dessus tout le silence, la cristallisation de l’âme endormie loin de l’époque dans la paix [...] la suave taciturnité qui laisse s’élever la mélodie intérieure.
Camille Mauclair, L’art en silence, 1890. (Citée dans Le petit Journal des grandes expositions, RMN, pour Musiciennes du silence, 1982.)
Ces exergues se sont imposés car le thème du silence est très présent dans le recueil. Et même si le terme « Dieu » n’est pas utilisé dans mon vocabulaire (on peut penser et nommer autrement ce qui serait transcendance) les textes qui l’utilisent, eux, sont littérature mystique, riche souvent, et toujours évoquant le silence.
00:38 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : monique marta, l’opacité du ciel, éditions unicité, poésie, métaphysique, spiritualité, mystique
07/08/2025
Un recueil d'Armand Segura
Le Belvédère des temps, d’Armand Segura, éd. Jacques Flament (coll. Paroles de poètes), 2022.
Le titre... Belvédère, surplomb donc, ai-je dit en communiquant avec l’auteur (ajoutant ceci : « pour penser autrement même de simples choses du quotidien – et je fais un lien avec le judo, parce que cet art du corps – que l’écrivain pratique – enseigne cette exigence de surplomb »). Mais surplomber non "le" temps mais "les" temps, qu’est-ce que cela signifie ? Le temps, question ontologique, les temps, interrogation historique ou d’espèce. Dans les deux cas la pensée du destin, et le rapport mêlé de la joie d’être et de sentir avec la mort.
23:00 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : armand segura, le belvédère des temps, jacques flament, le pouls du corail, vericuetos, poèmes
06/08/2025
Publications de Jean-Claude Bourdet. Parcours...
Je connaissais l’écriture de Jean-Claude Bourdet par notre voisinage dans la revue À L’Index, et lu ses deux recueils de poèmes publiés dans la collection Les Plaquettes, La Peintre le sait-elle ? (2021) et Le lointain (2023), livre assez fondateur, car il est une plongée dans la mémoire et l’absence de mémoire d’un ancrage marocain créé par la naissance, même si l’oubli a effacé les images et odeurs captées par le très jeune enfant, dans une situation de fragilité particulière (voir sur son site ce qu’il en dit). L’alliance de ses poèmes avec les œuvres plastiques de Ly-Thanh Huê (qui écrit aussi, et est, comme lui, psychiatre et psychanalyste) renforce le sens de la démarche, car elle aussi est entre deux lieux de mémoire (Entre Loire et Mékong est un de ses titres) Ses tableaux, insiste-t-il, ne sont pas illustrations des textes mais ont accompagné la genèse de l’écrit. Il n’y a pas d’exergues, mais des citations (Bible, Coran) en dernière page, comme des points de suspension posés pour ouvrir la suite de la réflexion à partir du poème, qu’il définit comme « une tentative de reconstitution d’une origine perdue, il est à la fois un roman des origines et un rêve comme le répète le refrain ». La dernière mention du rêve commençait ainsi : « J’ai rêvé d’une colline ambrée / d’un livre des justes et des faibles ».
Depuis j’ai découvert (avec autant d’intérêt) ses publications sur le site-magazine Les Cosaques des Frontières, le recueil Épars publié en ligne par les éditions QazaQ, et les volumes de nouvelles (livres papier) des éditions Az’art.
01/08/2025
Poésie de Raymond Farina : Les Grands Jaseurs de Bohême, suivi de L'Oiseau de paradigme
Le poète Raymond Farina est l’auteur de nombreux recueils, dont, au début, plusieurs publiés par les éditions Rougerie, autres éditions pour les plus récents. À son art il faut ajouter la traduction (pour plusieurs langues). Né en Algérie il évoque dans certains textes des mémoires associées aux vécus présents, souvenirs concrets de choses perçues dans l’enfance, la beauté du vivant et de la nature, même celle qui entre en effraction dans les villes, et bien sûr la présence des oiseaux, qui font partie de son univers à l’égal de la poésie des livres. De formation philosophique il a enseigné cette démarche vers la sagesse qu’est la philosophie authentique. Transmettre, il le poursuit, en traduisant et en donnant à lire des textes qu’il aime. Après avoir enseigné dans divers pays il vit entre La Réunion et la Bretagne.
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31/07/2025
Vers d'ultimes (im)pulsions, livre de Roland Chopard
Ce livre de Roland Chopard poursuit une démarche singulière, commencée par l’exploration menée dans Sous la cendre, réflexion, ou plongée dans les profondeurs du mystère de ce qu’est la genèse de l’écriture quand il s’agit de retrouver les bribes d’un manuscrit perdu (dans un incendie). Travail de deuil et paradoxalement venue à l’écriture autrement, naissance à une expérience d’écrire révélée par cet événement. Il a continué cette enquête de scripteur dans les ouvrages suivants (Parmi les méandres. Cinq méditations d’écriture et Progressions, voir en fin de note les liens vers les recensions précédentes). La seule pause fut le livre que nous avons réalisé ensemble, où le sujet était le regard, à partir de mes photographies, pratique qu’il mène parallèlement puisqu’il est aussi plasticien (ce qui intervient d’ailleurs dans ce qu’il réalise en tant qu’éditeur à AEncrages).
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29/07/2025
Vie à vie, Feraoun & Giono, essai de Lucrèce Luciani
Lucrèce Luciani, qui vit entre Kabylie et France, a publié plusieurs essais, certains au Cerf, d’autres à La Bibliothèque, et deux aux éditions Frantz Fanon, Tizi-Ouzou (Bibliobled ou Vous êtes un livre, 2018, repris par Marsa en 2023, et Les Yeux d’Alger, 2021). Parmi les sujets qu’on peut repérer d’après les titres de sa bibliographie, il y a des études concernant le christianisme (« de saint Paul à Lacan »), la psychanalyse (Lettre à Lacan, collectif), les livres, l’Algérie (Kabylie particulièrement).
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Vie à vie, Feraoun & Giono, essai, Éditions Petra (coll. Méandre), 2024.
Le superbe incipit de cet ouvrage sur Mouloud Feraoun et Jean Giono mérite citation intégrale : « Je suis arrivée en Kabylie avec mes yeux. Tous mes yeux. La paire qu’on voit dans le visage, la mienne est bleue, accordée ou pas au ciel kabyle souvent pluvieux, parfois neigeux. Et puis l’œil dans chaque main, ouvert dans le cœur, échappé des bras qui s’écartent soudainement de joie. / Une girandole de z-yeux. / Dans ce pays feuillu, feuilleté je n’ai vu que ses livres. Même les gens sont des livres où chacune et chacun vous ouvre ses pages, il suffit de le vouloir. »
22:37 Publié dans ALGERIE/Algériens.hist.mémo.culture, Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lucrèce luciani, vie à vie feraoun & giono, petra, kabylie, algérie, mouloud feraoun, jean giono, livres, les vraies richesses, edmond charlot, emmanuel roblès
28/07/2025
Les Chemins dérisoires, recueil de Jean-Claude Tardif
Jean-Claude Tardif est écrivain et éditeur (revue littéraire À L’index, et collection Les Plaquettes). Il a publié de nombreux recueils de poésie, surtout, de nouvelles, aussi, et contribué à des ouvrages collectifs. Sur lui on peut lire la monographie réalisée par Jacques Basse, Portraits de Jean-Claude Tardif, Rafael de Surtis, 2012.
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Les Chemins dérisoires, Éditions Petra (coll. Pierres écrites / L’Oiseau des runes), 2024.
La dédicace du livre est pour Jean-Claude Pirotte, décédé dix ans avant, en mémoire des « chemins vicinaux » parcourus ensemble (un des poèmes lui est dédié aussi, p. 75, mémoire de partages conviviaux qui ne sont plus).
En exergue, une citation de Georges Perros : « La poésie, pour moi, c’est le temps durant lequel un homme oublie qu’il va mourir ».
22:50 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-claude tardif, les chemins dérisoires, petra, poésie, fraternité, valeurs, j
20/07/2025
Trois livres d'Éric Desordre...
Trois livres d'Éric Desordre, 2023, 2024, 2025...
Des catégories différentes. Notes de mémoire sous l’ombre éclairante de Perec, fragments pour évoquer le voyage en sommets, Asie, et entretiens regroupés, pour découvrir des êtres avec lesquels il reconnaît une affinité, et des univers de liberté qui répondent à ses aspirations.
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J’ai arraché la dernière page, Éditions Unicité, 2023, 132 pages.
Livre dédié à Jean-Luc Maxence et Danny-Marc, éditeurs du Nouvel Athanor (et de la revue Les Cahiers du Sens, jusqu’à 2020), fondateurs du magazine Rebelle(s) dans lequel Éric Desordre joue un rôle important. En exergue Emil Cioran et Yves Bonnefoy, deux citations sur la mémoire, ce qui peut être compris comme une première traduction du titre. La dernière page est peut-être le dernier souvenir, et la mémoire ce qui arrache, rejetant aussi (ou au contraire, arracher pour garder). En quatrième de couverture Brigitte Gins-Cohen utilise le terme de Journal pour qualifier cet ensemble, et note l’humour « souvent caustique ». De son texte je copie la dernière phrase que je trouve éclairante : « À la croisée de la prose poétique, du journal intime et des paraboles ironiques, la résurgence savamment désordonnée et chaotique de la mémoire exprime pour le monde, ceux qui y vivent et ceux qui y ont vécu, une immense tendresse. »
23:42 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : j’ai arraché la dernière page, unicité, les ferrailleurs de l’everest, le nouvel athanor, portraits rebelles, douro, éric desordre, salah al hamdani, alejandro jodorowsky, étienne ruhaud, mattéo vergnes, catherine pont-humbert, poésie, liberté, valeurs, spiritualité, jean-luc maxence, danny-marc, brigitte gins-cohen, georges perec
19/06/2025
Deux livres de Pierre Perrin
Deux livres de Pierre Perrin. Finis litteræ et Des jours de pleine terre.
Prolongeant ma lecture du dossier de la revue Traversées n°108, le parcours de certains des ouvrages mentionnés s’imposait...
Finis litteræ, hors-série Possibles, 2024
J’ai aimé ce titre avant même de lire les textes et d’y voir le sens complet, qui se comprend en découvrant la forme des poèmes, si la fin de la lettre est surtout sa pointe, voulue par l’auteur sonnet. Pointe pourquoi ? (Car on peut définir pointe de la lettre plusieurs formules qui correspondent à des écritures fort différentes, à des pensées de la poésie d’un tout autre ordre, par exemple le fragment, bref et dense). Pour Pierre Perrin c’est le sonnet, et on peut l’interpréter comme choix de la contrainte, exigence de classicisme qu’il associe à la concision. Sonnet, dont il garde exactement la structure. Pour le vers c’est l’alexandrin, mais sans rimes. Une pointe, aussi, l’alexandrin. Il en joue, variant les rythmes. Dans l’entretien avec Étienne Ruhaud (Traversées n°108), il précise les combinaisons utilisées, notant les 3/3/3/3, 4/4/4, 2/4/4/2, et même, dit-il, deux fois le 5/2/5 (oui, j’ai repéré un vers, dans « L’Arbre », que je cite dans l’anthologie, où le poème est un peu différent. La césure n’est donc pas toujours après la 6ème syllabe. Et on peut lire d’autres découpages, comme 6/6, 6/2/4, ou même 3/9. Ce n’est pas un jeu formel car cela permet de mettre en relief certains mots, d’accentuer la force d’une image ou idée (comme, aussi, les enjambements, rejets, contre-rejets, anacoluthes). Pointe, les encres de Christine Lorent, dont celle de la couverture, jouent sur le double sens lettre-terre, et ajoutent (je le vois ainsi) les pointes verticales d’une architecture, comme une cathédrale. Ce qui convient à la dernière partie du livre, « Approche de l’âme », qui fait intervenir la spiritualité, la transcendance. Une encre circulaire figure une planète (on peut y voir cela en pensant aux questionnements de Pierre Perrin portant sur notre réalité commune).
22:23 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : finis litteræ, des jours de pleine terre, pierre perrin, étienne ruhaud, livres, citations, poésie, valeurs, spiritualité
12/11/2024
Un refuge autre que l’exil, de Theombogü. Éditions du Cygne
Ouvrant le livre on trouve des pages titrées, qui sembleraient hésiter entre le fragment et le poème. Le poème, oui, même si plusieurs passages affirment le contraire (pp 39, 40, 41). Le mot « dégoût » est même posé comme un rejet total assumé par le personnage d’un court récit qui ressent de l’aversion pour les « poéticiens ». Incompris, il détruit ses manuscrits et se débarrasse des ouvrages de poésie contemporaine. Mais l’auteur en question est « un écrivain exilé ». Le sujet ne concerne alors plus les conditions de l’écriture, mais l’écriture de l’exilé. La page qui suit présente le désespoir d’un universitaire qui perd toute foi en son domaine de recherche et d’écriture : « je ne crois plus à rien : ni à cette poésie aphasique, ni à cette philosophie amnésique, ni à cette sagesse angélique, ni à ces religions monomaniaques. ». Pour conclure : « Aurais-je oublié d’aimer ? » et se résigner « à la solitude ». C’est le portrait de celui qui a pu se laisser piéger par un univers poussiéreux, celui des « poéticiens » critiqués par l’exilé de la page précédente... Et enfin c'est un texte sans personnage extérieur apparent, un narrateur qui dit Je et qu’on pourrait croire être l’auteur. Lui résiste à la poésie : « Je ne suis pas poète », répète-t-il. Pourquoi ? Car... « Si la poésie était seule, je serais devenu poète. Beaucoup d’ingrats cheminent avec elle durant toute leur carrière, durant toute leur existence. Et j’ai horreur de l’ingratitude. ». Carrière, le mot étranger à toute poésie, et pourtant qui définit certains itinéraires. Alors, personnages loin de l’auteur, ou parlant pour lui, ces trois pages sont un éloge de l’authenticité et le refus des postures formelles, des artifices stériles, négation de la poésie. Par inversion, éloge de ce que devrait être la poésie. D’ailleurs l’ouvrage est dans la collection Voix au poème. Et ce n’est pas par hasard que l’auteur, Theombogü, fait partie du comité de rédaction de la revue Po&sie.
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01:36 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : un refuge autre que l’exil, éditions du cygne, theombogü, exil, écriture, poésie, po&sie
13/08/2024
Magie renversée, recueil d’Isabelle Lévesque et Sabine Dewulf
Magie renversée, poèmes d’Isabelle Lévesque et Sabine Dewulf, peintures de Caroline François-Rubino (préface de Florence Saint-Roch), Les Lieux-Dits, coll. Duo, 2024
Il y a sans doute plusieurs manières d’aborder ce livre. Celle que j’ai envie de choisir serait en marge des approches littéraires destinées à penser un événement-livre. Mais justement celui-ci s’inscrit dans des marges qui autorisent des lectures décalées. Un premier constat concerne Sabine Dewulf. Car quand on lit ce qui s’exprime de son univers on ne peut que remarquer que sa créativité emprunte une voie qui n’est pas que poésie. En créatrice de jeux qui sont des propositions invitant à traverser la frontière des apparences, à accepter de lâcher une rationalité plus conforme pour laisser advenir une attention à des parts cachées du réel et de soi. Elle s’intéresse aux oracles, aux clés qu’ils délivrent afin de voyager dans un autre espace du temps. Et si ce livre est un dialogue poétique cela permet de supposer que cet aspect de son univers est reconnu par Isabelle Lévesque, et qu’elle-même a ses propres entrées dans ce lieu d’une pensée ouverte à d’autres trajectoires de la conscience, ce que l’ouvrage confirme. Elles entrent donc à deux dans l’aire du regard autre. À trois, car les peintures de Caroline François-Rubino soutiennent ce déplacement du visible à ce qui lui est sous-jacent.
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11/08/2024
Sous l’étoile du jour, recueil de Michel Diaz
Sous l’étoile du jour, Rosa canina éditions, 2023.
Le préfacier, Alain Freixe, choisit de ne pas faire réellement une préface, si c’est orienter la lecture des textes de Michel Diaz. Il propose « quelques notes prises sur cette partition qu’élabore sa pratique poétique. ». Ces textes, comme en marge, ont, comme exergue, une citation de Jean-Marie Barnaud : « Tu marches cependant / tu ne sais où tu vas / dis-tu / tu vas vers ton secret / telle est l’audace / cela suffit pour une joie. » Choix très judicieux, ces vers, car Michel Diaz aurait pu l’écrire pour lui-même, lui pour qui la marche nourrit la pensée et le geste d’écrire. Et la marche est aussi la représentation d’un processus créatif.
De ces notes je relève un fragment : « C’est toujours la marche en avant. Vers l’impossible salut. À cause de cet appel insensé qui, du fond de notre finitude, nous a fait roi mage de notre vie en quête du vrai lieu. Telle est l’aventure de l’homme cet être des lointains. L’homme dans la poésie de Michel Diaz remonte ses épaules, relève la tête et poursuit. »
Michel Diaz a structuré son recueil en deux parties. Pierre du vent et Sous l’étoile du jour, qui donne donc son titre au livre.
20:38 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel diaz, sous l’étoile du jour, rosa canina éditions, poésie, écriture, exigence, mémoire, exil, parole, marche, monde, arbre, citations, livres
08/08/2024
Deux recueils de Teo Libardo
D’abord, présenter l’auteur. Teo LIbardo est né en Italie. Passé de l’exil à Lausanne au choix de la France, sud et soleil. Poète, il est aussi peintre et musicien. Et cela se sent dans ce qu’il écrit. Il regarde et écoute.
Ensuite, expliquer le sens du nom de l’édition, Rosa canina. Ce rosier a des racines qu’on croyait guérisseuses de la rage. L’édition évoque d’autres formes de la rage (comme la haine), tout ce qui corrompt l’humanité. Et elle fait ainsi de la poésie un rosier mental qui va tenter de répondre par des propositions donnant sens autrement.
Les deux livres lus sont Là où germent les mots, suivi de Les yeux naufragés (2020) et Il suffira (2021).
23:13 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : teo libardo, là où germent les mots, les yeux naufragés, il suffira, rosa canina, poésie, vie, paradoxes, livres, citations