18/06/2025
Traversées n°109, revue
Parcours de la revue Traversées, n°109 (éditeur Patrice Breno). Page 30 je lis un poème de François Teyssandier qui évoque naissance et mort, puisque la renaissance évoquée, imaginaire d’autre identité, rejoint peut-être l’idée orientale du retour, même si ce n’est que métaphore pour traduire un désir d’accord avec le monde de la nature, des réalités sans mental.
« Tu espères renaître un jour feuille
Ou fruit mûr dans ce jardin abandonné »
[...]
« Naître est un cri rêvé »
23:54 Publié dans Recensions.REVUES.poésie.citations.©MC San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : traversées, patrice breno, poésie, écriture, citations
10/06/2025
Possibles, revue, parcours... n°35, 34, 33, 32...
J’ai parcouru d’un même élan ces quatre numéros de la revue Possibles. Sans volonté de lecture exhaustive. L’avantage d’un tel parcours c’est qu’il laisse se faire des choix d’évidence.
Possibles n°35, Chemins d’âmes
(Illustration de couverture de K.J.Djii/JF Mura)
Ce n’est pas un volume à thème. Pierre Perrin a choisi ce titre en évoquant Dante et Emmanuel Godo, dont le livre, Ton âme est un chemin, Artège, 2024, inspire trois textes. Ils précèdent les notes de lecture, à la fin du volume. Mais l’exergue, une citation d’Emmanuel Godo (deux phrases du livre) m’a menée vers ce dossier… « Méditation sur Dante d’Emmanuel Godo », par Stéphane Barsacq, qui montre que ce livre « écrit sur près d’une décennie » est une sorte d’initiation à l’œuvre de Dante, à la signification essentielle du message de Dante, « l’éternité » pensée selon le destin de « l’âme ». Il voit dans l’œuvre de Dante un « miroir », qui « nous permet du plus loin du temps, du plus loin de la nuit, de nous regarder en face dans la plus grande proximité et la plus grande distance ».
14:11 Publié dans Recensions.REVUES.poésie.citations.©MC San Juan | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : possibles, poésie, écriture, pierre perrin, livres
18/05/2025
Jacques Boise, Les mots du passant, livre, éd. À L’Index, coll. Empreintes
Jacques Boise, Les mots du passant, À L’index, coll. Empreintes, 2025.
Livre collectif sur Jacques Boise, poète (dir., introduction et entretien : Jean-Claude Tardif), avec quelques textes de Jacques Boise, aussi.
J’y ai participé avec plusieurs auteurs. Liste : M. Alloy, C. Baptiste, É. Bouchéty, J-C Bourdet, J-J Camy, M. Lamart, S. Lida, J. Nuñez Teodoro, G. Okoundji, I. Rebreyend, Ph. Simon, S. Van Der Pas, L. Verle... (et moi, M-C San Juan). Un texte liminaire de Werner Lambersy, introduisant une des plaquettes de Jacques Boise, a été repris.
Dans l’introduction, « Vous avez dit Boise ? », Jean-Claude Tardif évoque d’abord un paradoxe, la difficulté d’entreprendre de présenter quelqu’un qui part beaucoup, disparaît longtemps, n’est « pas des plus faciles à saisir ». Mais il arrive, en partant de ce qu’il perçoit, aidé par des années d’amitié, à nous révéler un être auréolé d’un riche mystère, confirmant ce qui séduit dans ses textes. Et quand il cite une de ses paroles, la conviction que « nous sommes tous liés », mais « l’avons oublié », effet de notre société, je reconnais là une pensée d’intuitif à la sagesse des marcheurs solitaires, qui rejette ce qui limite la vie, la folie du monde. De lui Jean-Claude Tardif sait le regard sur le réel,« au travers de ses yeux, où se mélangent une vive acuité et une tristesse profonde bien que l’homme aime tout ce qu’il regarde ». Ce n’est, nous dit-il, que tardivement que Jacques Boise lui confia ce qu’il appelle ses « notes ». On comprend dans l’entretien qui suit dans quel état d’esprit. Et on se dit que le destinataire de ces papiers était vraiment bien choisi, que parfois le hasard des rencontres est un guide qui mène vers des choix essentiels. Qui pouvait mieux comprendre quel auteur se cachait derrière celui qui ne se voyait pas ainsi, et que ces papiers étaient traces de poèmes ?
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16/05/2025
Diérèse n°92, revue
L’exergue de la page titre intérieure est cette fois de Jon Fosse.
« Écrire, c’est écouter ».
Multiple, l’interprétation qu’on peut en faire. D’abord les sons, pour entendre les assonances et allitérations qui peuvent tant dire, et le rythme. Écouter en soi le silence qui fait émerger ce qui s’élaborait souterrainement, et entendre le bruit du monde, ses voix.
Illustration de couverture, création de Mathieu Gray.
L’éditorial est de Gabriel Zimmermann. « Quels sont les enjeux, théoriques et réels, de la poésie de nos jours ? » Après avoir mentionné que Musset, déjà, interrogeait le rapport de l’art et de la société, le « besoin d’art », il se réfère à Bertolt Brecht qui dénonçait, écrit-il, « l’inconséquence éthérée à faire un texte sur le frémissement des feuilles dans un arbre pendant que des foules se tordent le ventre de faim ». Et, ramenant le questionnement à la violence des guerres, aux angoisses diverses et aux dérives de la communication, il questionne la possible « indécence » de « toute préoccupation esthétique ». Mais, quelle que soit l’époque, pour le poète il y a toujours cet appel de création, sa « nécessité ». Est-ce pour échapper à l’indécence que, comme il le constate, des choix contemporains ont fait rejeter lyrisme et subjectivité, et préférer le minimalisme ? Il y voit le risque « d’assécher l’évocation du réel jusqu’à occulter les horreurs contemporaines. Plutôt, retrouver le feu et le souffle, dit-il, « la part d’incandescence ». Passer, par une « voix assumée », des « murmures » au « cri ».
Cela me fait penser à l’appréciation d’Albert Camus préfaçant en 1947 les Poésies posthumes de René Leynaud, exécuté par la Gestapo : « deux ou trois cris qui suffisent à justifier une œuvre ».
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Diérèse n°91, revue
En exergue de la revue (page titre intérieure), Paul Valéry :
« L’écrivain est celui qui n’a pas de mots.
Alors il cherche. Et il trouve mieux. »
Paradoxe apparent, mais les paradoxes interrogent le réel. Écrire n’est-ce pas tenter de nommer ce qui ne l’est pas encore, et de devoir affronter l’insuffisance du langage ? Sur la même page, comme marque iconique de la revue, le dessin d’un serpent lové sur lui-même en un beau cercle sombre. Représentation à interpréter, idée de profondeur, de retrait méditatif en soi, à la recherche des mots absents. Chaque exergue (selon les numéros) donne sa couleur au dessin...
En couverture, création de Pacôme Yerma.
L’éditorial est de Jean-Louis Bernard
« La part du réel en poésie ». Il commence par évoquer la distinction entre réel et réalité, introduisant « la notion d’imaginaire dans la création poétique », « afictionnelle » et « dans notre intime ». Pour écrire, tenter de saisir ce qui dans le réel échappe justement, en sachant « l’écart entre le langage et le réel ». Il s’appuie sur Héraclite (« harmonie des tensions »), Saint-John Perse (« grands lés tissés du songe et du réel »), Novalis (« que le chaos brille dans chaque poème », et « force brisante du regard »). Ainsi on peut penser le jeu sérieux du désordre qui ouvre des passages dans ce que la conscience imagine du réel, en recréant des parts de vérité, sans rien trahir.
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10/05/2025
L'Intranquille n°27, revue
Riche numéro, séquences diverses : entretiens, traductions, (dossiers : traduction, poésie corse), poésie, chroniques critiques...
« Changer d’art, changer d’air » (pp. 3-5), juste titre pour introduire l’entretien de Françoise Favretto avec Francis Coffinet, qui crée dans deux domaines très différents, trois même. Écriture, cinéma, peinture (j’ai vu une de ses expositions). Cinéma, il se sert de son visage (il ajouterait certainement de son corps, comme tout acteur), mais au visage il donne une force de signification particulière, créant des personnages fort loin de celui qui écrit.
Françoise Favretto l’interroge sur son goût de la lecture à voix haute, sur ses « rôles un peu effrayants, impressionnants ». Elle s’intéresse au passage de l’écriture au rôle, de « l’introverti à l’extraverti », et à la chronologie des implications dans ces arts.
Écrivain il aime donc lire ses textes à voix haute. Sa réponse concernant son expérience de lecture mériterait d’être citée intégralement. Noter, au moins, les « mots lancés comme des fléchettes », où il perçoit surtout faire jaillir des « énergies », une transmission palpable, matérielle, semant de quoi faire « essaimer ». Comme si le poème lui échappait, devenait multiple vibration signifiante, se métamorphosait, en passant par le son dans les consciences d’autrui. Le son, donc la musique. C’est logique qu’il travaille aussi avec des musiciens, pour que se « tissent » des « correspondances »
02:44 Publié dans Recensions.REVUES.poésie.citations.©MC San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l’intranquille 27, l’atelier de l’agneau, françoise favretto, poésie, traduction, livres, écriture, création
08/12/2024
Boualem SANSAL. Répondre aux accusations, soutien
Ma conviction est que nous devrons toujours refuser de nous incliner devant les événements, les faits, les circonstances, la richesse et le pouvoir, l’histoire comme elle procède, le monde comme il va.
Albert Camus, La crise de l’homme, Conférence, 1946, Columbia Université, NRF, 1996, p. 25. Conférences et discours 1936-1958, Folio, 2017.
J'ai un goût très vif pour la liberté. Et pour tout intellectuel, la liberté finit par se confondre avec la liberté d’expression.
Albert Camus, Carnets II, Gallimard, 1964, pp. 141-142
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Pour « une solidarité sans faille » ...
Kamel Bencheikh, Boualem Sansal : un ami, un esprit des Lumières, un homme en danger, Le Matin d’Algérie, 22-11-2024.
Citations : « Boualem Sansal est bien plus qu’un écrivain franco-algérien d’exception. Sa plume, empreinte de laïcité, d’universalité et d’un profond humanisme, incarne l’héritage des Lumières. / Boualem Sansal est, à mes yeux, une figure lumineuse de notre époque, portant haut les valeurs de liberté, de vérité et de justice, même dans un contexte qui les étouffe. » (...) « C’est pourquoi son sort actuel m’alarme profondément. » (...) « Cette arrestation, qui ne peut être vue que comme une tentative de museler sa voix libre et critique, me bouleverse et m’indigne. » (...) « ...Cette fois-ci, c’est à nous de répondre à son courage par une solidarité sans faille. »… https://lematindalgerie.com/boualem-sansal-un-ami-un-esprit-des-lumieres-un-homme-en-danger/
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Littérature et liberté, SITE. Textes, livres, actualité, soutien : https://www.litterature-liberte.org/
17:23 Publié dans Boualem SANSAL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : boualem sansal, sansal, écriture, solidarité, soutien, libération, liberté, valeurs, courage, liberté d’expression, algérie, humanisme
05/12/2024
Boualem SANSAL. Lire et relire, pour mesurer l'importance de l'œuvre et des questionnements
Il est des lieux qui font du temps un chemin de calvaire sans retour. (...) La nuit est une prison dans la prison.
Boualem Sansal, incipit, L’Enfant fou de l’arbre creux
Au tout début de cet ouvrage on est déjà dans l’univers de la prison, au moment, fin du jour où l’ombre avance et où brusquement le cri du muezzin étreint la ville... Ces pages sont révélatrices du lieu et de ce qui dépasse aussi ce lieu, métaphoriquement, dans la force de l’écriture de l’auteur. De même, autre métaphore, l’enfant fou qui donne son titre à l’ouvrage, habitant d’un arbre creux (qu’un hibou maléfique a quitté). Mystère, l'inexplicable, qui est en soi un rejet de la raison. Relisant ce passage, et pensant à Boualem Sansal prisonnier, c’est comme la représentation symbolique de la solitude des consciences libres que j’y vois aujourd’hui, quand la raison ne permet plus de saisir le sens de faits irrationnels, comme l’arrestation de l’écrivain. Et, dans l’anxiété de penser à cette situation si injuste, pour celui qui est entouré des murs qui enferment et des murs des mensonges projetés par ceux qui veulent faire de lui un portrait destructeur, j’ai une phrase (de 2084. La fin du monde) qui revient et tourne en moi, comme une question sourde : Pour des gens qui ne sont jamais sortis de leur peur, l’ailleurs est un abîme. Or celui qui pense en lucidité et amour mêlés, comme il fait, est un ailleurs et un abîme à la fois pour ces gens dont la peur, le ressentiment, l’idéologie, mettent des masques qui voilent le sens des paroles, des pages, des livres de Boualem Sansal. Lui dont toute l'œuvre est une lettre d'amitié envoyée à l'Algérie (d'amour alors plutôt), et au monde (de désir de paix, donc). Comme le dit un de ses titres... Le soutenir c’est aussi le faire lire. Que tous puissent reconnaître la puissance de l’œuvre d’un humaniste à dimension universelle.
MC San Juan
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Donc lire, relire, proposer de lire.
Tous ses livres sont publiés par Gallimard, et beaucoup repris en Folio. (Sauf texte dans un livre collectif, 2003). Voir, 2025, coll. Tracts Gallimard, Discours de 2011 (prix de la Paix).
Un SITE. Littérature et liberté : https://www.litterature-liberte.org/
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23:45 Publié dans Boualem SANSAL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : boualem sansal, sansal, livres, écriture, éthique, liberté, valeurs, lucidité, complexité, algérie, monde, paix, respect, humanisme
30/11/2024
Mes réponses au questionnaire de Pi [P(oés)i(e)] de Christophe Condello...
En accueil des pages du site de Christophe Condello, l’exergue suivant : Les arbres sont des êtres qui rêvent, Aristote.
J’aime y trouver cette phrase. Je l’associe au livre de Mario Mercier, L’enseignement de l’arbre-maître, longue méditation, parcours ou pauses immobiles en forêt, la nuit surtout. Rêves des arbres et rêves d’un arbre se mêlant aux siens. Le message de l’arbre est, notamment, que l’homme est un arbre qui marche...
Le questionnaire de Christophe Condello (poète et éditeur au Québec) comporte des questions types, les mêmes pour tous ceux qu’il invite. Mais les pages qu’on lit, résultant de cela, sont très différentes. Car la question déclenche une introspection (pour ce qui concerne le rapport à l’écriture et à la lecture de poésie) et penser les réponses force à entrer dans sa vérité intime, pour arriver à dire sa démarche. S’interroger ainsi, ce qui fait partie dans tous les cas du travail d’écriture, donne l’occasion, inscrivant ce que l’on capte, de saisir encore des parts de soi qui se précisent. Mettre des mots...
12/11/2024
Un refuge autre que l’exil, de Theombogü. Éditions du Cygne
Ouvrant le livre on trouve des pages titrées, qui sembleraient hésiter entre le fragment et le poème. Le poème, oui, même si plusieurs passages affirment le contraire (pp 39, 40, 41). Le mot « dégoût » est même posé comme un rejet total assumé par le personnage d’un court récit qui ressent de l’aversion pour les « poéticiens ». Incompris, il détruit ses manuscrits et se débarrasse des ouvrages de poésie contemporaine. Mais l’auteur en question est « un écrivain exilé ». Le sujet ne concerne alors plus les conditions de l’écriture, mais l’écriture de l’exilé. La page qui suit présente le désespoir d’un universitaire qui perd toute foi en son domaine de recherche et d’écriture : « je ne crois plus à rien : ni à cette poésie aphasique, ni à cette philosophie amnésique, ni à cette sagesse angélique, ni à ces religions monomaniaques. ». Pour conclure : « Aurais-je oublié d’aimer ? » et se résigner « à la solitude ». C’est le portrait de celui qui a pu se laisser piéger par un univers poussiéreux, celui des « poéticiens » critiqués par l’exilé de la page précédente... Et enfin c'est un texte sans personnage extérieur apparent, un narrateur qui dit Je et qu’on pourrait croire être l’auteur. Lui résiste à la poésie : « Je ne suis pas poète », répète-t-il. Pourquoi ? Car... « Si la poésie était seule, je serais devenu poète. Beaucoup d’ingrats cheminent avec elle durant toute leur carrière, durant toute leur existence. Et j’ai horreur de l’ingratitude. ». Carrière, le mot étranger à toute poésie, et pourtant qui définit certains itinéraires. Alors, personnages loin de l’auteur, ou parlant pour lui, ces trois pages sont un éloge de l’authenticité et le refus des postures formelles, des artifices stériles, négation de la poésie. Par inversion, éloge de ce que devrait être la poésie. D’ailleurs l’ouvrage est dans la collection Voix au poème. Et ce n’est pas par hasard que l’auteur, Theombogü, fait partie du comité de rédaction de la revue Po&sie.
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01:36 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : un refuge autre que l’exil, éditions du cygne, theombogü, exil, écriture, poésie, po&sie
11/08/2024
Sous l’étoile du jour, recueil de Michel Diaz
Sous l’étoile du jour, Rosa canina éditions, 2023.
Le préfacier, Alain Freixe, choisit de ne pas faire réellement une préface, si c’est orienter la lecture des textes de Michel Diaz. Il propose « quelques notes prises sur cette partition qu’élabore sa pratique poétique. ». Ces textes, comme en marge, ont, comme exergue, une citation de Jean-Marie Barnaud : « Tu marches cependant / tu ne sais où tu vas / dis-tu / tu vas vers ton secret / telle est l’audace / cela suffit pour une joie. » Choix très judicieux, ces vers, car Michel Diaz aurait pu l’écrire pour lui-même, lui pour qui la marche nourrit la pensée et le geste d’écrire. Et la marche est aussi la représentation d’un processus créatif.
De ces notes je relève un fragment : « C’est toujours la marche en avant. Vers l’impossible salut. À cause de cet appel insensé qui, du fond de notre finitude, nous a fait roi mage de notre vie en quête du vrai lieu. Telle est l’aventure de l’homme cet être des lointains. L’homme dans la poésie de Michel Diaz remonte ses épaules, relève la tête et poursuit. »
Michel Diaz a structuré son recueil en deux parties. Pierre du vent et Sous l’étoile du jour, qui donne donc son titre au livre.
20:38 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel diaz, sous l’étoile du jour, rosa canina éditions, poésie, écriture, exigence, mémoire, exil, parole, marche, monde, arbre, citations, livres
02/08/2024
Diérèse n°90, revue de poésie
En exergue de ce numéro, António Ramos Rosa : « J’écris peut-être pour maintenir l’ouverture de la source, même si je ne peux pas la découvrir ». Doublement intéressant. La raison d’écrire portée à haute exigence, loin des certitudes. Source ? Celle de l’écriture en soi, dont on ne sait pas le lieu du surgissement ? Celle des racines de ce qui est ? Ou l’écriture comme questionnement total sur la conscience et le langage. Le « même si » accentue la force de la démarche. D’ailleurs il avait écrit ceci : « La construction du poème c’est la construction du monde » (Respirer l’ombre vive). Et, dans Le dieu nu : « J’écris en essayant d’entendre la rumeur de l’inconnu ». J’ai envie de relier cela au serpent lové dessiné par Pacôme Yerma (page 1) et à son sage aux yeux clos (page 75).
L’éditorial d’Alain Fabre-Catalan, L’utopie du poème, peut être lu comme un prolongement de la pensée d’António Ramos Rosa. L’exergue est de Michel Deguy : « Donnant / Donnant est la formule ». Si la poésie veut à la fois dire le monde malgré l’obstacle de cette « extériorité radicale » qu’il offre, et aller « au fond de l’inconnu » au sens de Baudelaire, « comment réconcilier l’existence ordinaire et l’ouverture infinie que suppose la poésie ? ». L’utopie est double. Concevoir les poèmes comme « projets d’existence », ainsi que le nota Paul Celan, cité. Et vouloir la rencontre, celle du lecteur et celle du poète avec lui-même.
23:34 Publié dans Recensions.REVUES.poésie.citations.©MC San Juan | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : diérèse, poésie, daniel martinez, citations, livres, écriture, regard
31/01/2023
Entretien. Parole de poète, Éric Dubois
L’écriture de poésie est ce qui émerge de l’itinéraire d’un auteur et devient trace de son cheminement intérieur, le produit d’une maturation. Ce qu’il fait de ses épreuves et de ses joies, dans un travail sur le langage. Bien sûr cela commence par des lectures, des affinités et des admirations. Mais cela peut se prolonger aussi en partage de plus que sa propre écriture, quand celui qui écrit est aussi attentif aux autres et au monde.
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22/11/2022
Qui écrit habite des frontières. (Ma participation au projet Frontières de Jeudi des mots - impulsé par Marilyne Bertoncini)
C'est le thème du Printemps des poètes 2023. Marilyne Bertoncini (poète et revuiste) l'a saisi pour un projet collectif de Jeudi des mots, revue en ligne (voir liens, en fin de note)... Partant de mon vécu des frontières j'ai voulu utiliser le concept pour penser l'écriture...
Qui écrit habite des frontières…
Je m’en vais d’où je viens
Et je viens d’où je suis
Paul Valet, La parole qui me porte
Née près d’une frontière, ayant vécu sur une autre, et traversé la troisième pour aboutir où je suis, c’est un sujet qui me concerne, vital, intime. C’est peut-être pour cela que je pense la frontière comme un concept fondateur. Pas un mur, mais un bord, un tissage, un réseau de sens, une ouverture. Quand on est au bord on saisit un double espace, on est traversé par ce qu’on traverse, riche de l’avant et de l’après.
Et quand on écrit, si on cherche l’authenticité à la racine de notre parole c’est cela qu’il faut retrouver, en prenant le risque de la perte. Accepter d’habiter comme une absence de lieu, fréquenter intérieurement à la fois la force du silence de ce qui s’efface et l’excès du bruissement de ce qui veut être dit. Double flux. Peut-être imprégné de cette inquiétante étrangeté pensée par Freud. Affronter cela et vivre l’expérience d’écrire comme une sorte d’état-limite qui frôle de possibles abîmes. L’essentiel justement. Comme le dit encore Paul Valet (Que pourrais-je vous donner / De plus grand que mon gouffre)… Et malgré cela garder repère de rationalité.
23:31 Publié dans JE.écrire/écrire sur écrire © MC San Juan, WEB..LIENS.sites.presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : frontières, printemps des poètes, jeudi des mots, marilyne bertoncini, paul valet, hubert reeves, trinh xuan thuan, val del omar, marie-claude san juan, écriture, qui écrit habite des frontières, freud
21/06/2022
L’homme aux ailes bleues. Livre collectif d’hommage à l’éditeur François Mocaër, Unicité
Pablo Poblete, natif du Chili, poète et directeur d’une collection à Unicité, Poètes francophones planétaires, y a publié un hommage à l’éditeur, celui qui a créé cette édition il y a une dizaine d’années (en 2010 précisément), François Mocaër. Avec un groupe d’amis, auteurs ou artistes, il a initié et réalisé ce projet, qu’il préface pour faire le portrait de celui qu’il estime particulièrement, en insistant sur la passion pour la poésie de celui qui en a écrit aussi (même s’il se consacre totalement maintenant à publier celle des autres). Pablo Poblete note son humanisme et la générosité de son engagement d’éditeur. À lire certains textes on comprend que le projet a été lancé et commencé pour les dix ans de l'édition, le temps qui a suivi correspond à la mise en forme de l'ensemble.
Poésie francophone et pas seulement française, car effectivement dans la liste de ceux qui ont offert un poème pour cette anthologie, on voit apparaître bien des horizons, certains lointains.
L’homme aux ailes bleues… Pourquoi ce superbe titre ?
On le comprend page 48, en lisant le poème de Pablo Poblete, dont c’est le titre. Magnifique texte, écrit dans un souffle d’émotion (celle du cœur), on le sent. Mais j’y reviendrai ensuite. Car les textes sont classés en suivant l’ordre alphabétique des noms des auteurs (que des pages présentent après les textes, certains que je connais, d’autres pas du tout).
Le titre, donc. Bleues, les ailes, sans doute pour rappeler l’horizon océanique breton originel, dit le poème. Mais on peut y voir plus, en acceptant le symbolisme de cette couleur et les clés qu’en donne Pablo Poblete dans son texte. Les ailes représentent beaucoup aussi. Envol qui élève, valeur spirituelle, espace protecteur de celui qui embrasse, de son regard sur les mots des autres, un large pan de la poésie (on imagine les bras métaphoriques écartés). Et, comme écrit aussi, des ailes-antennes d’intuition qui servent à capter…
La photographie de couverture, portrait, est de Woytek Konarzewski.
18:47 Publié dans Recensions.LIVRES.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'homme aux ailes bleues, françois mocaërpablo poblete, éditions unicité, poésie, écriture, humanisme, édition, éditeur, laurence bouvet, francis coffinet, éric desordre, éric dubois, christiane peugeot, rui prazeres, philippe tancelin, mario urbanet, kitty holley, woytek konarzewski