Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/07/2020

Poésie. Richard Brautigan, Journal japonais. Ou un voyage initiatique...

1 JOURNAL.gif
 
 
Sayonara
 
Décollant de la nuit japonaise
nous avons quitté l’aéroport Haneda de Tokyo
il y a quatre heures, à 21h30
           le 30 juin
(…) 
Lever de soleil du 1er juillet, 
pour mes amis japonais, je te salue
(…)
                                 
 
 
 
                                  Le 30 juin encore
                                  au-dessus du Pacifique
                                  à cheval sur la ligne
                                  de changement de date
                                   je rentre à la maison en
                                   Amérique, mais mon 
                                   cœur reste en partie 
                                   au Japon.
                                              Richard Brautigan
                              Journal japonais (excipit), trad. Nicolas Richard
 
Quand on lit ce texte, on pense à ce qu’il a dit, dans ce journal-poème, sur le décalage horaire, constatant que de toute façon, insomniaque, il est toujours en décalage horaire… On ne sait pas si c’est vraiment de l’insomnie ou un goût de la nuit, quand il raconte, par exemple, avoir passé la nuit dans un bar à parler sans le pouvoir (obstacle de la langue) et être rentré dormir au petit matin.

Lire la suite

30/06/2020

Javier Vicedo Alós, Insinuations sur fond de pluie, anthologie bilingue

1 Insinuations JVAlós.jpgEchamos fuego al agua…
 
Nous mettons le feu à l’eau
et éteignons la transparence.
C’est ainsi que l’homme brûle la clarté du monde
et l’embrase de silence.
Le tremblement humain du feu,
fracas d’une voix qui s’ouvre,
fait taire toute parole.
Le feu, il lui suffit de brûler.
          Javier Vicedo Alós, Insinuations sur fond de pluie, anthologie bilingue, Fondencre, 2015
          trad. Édouard Pons
          (Début d’un poème dédié à Roberto Juarroz, Hommage vertical).
 
 Ce recueil regroupe des textes provenant de trois des ouvrages publiés en Espagne. (Avec des créations graphiques de Monique Tello). 
 
Insinuations, terme polysémique, et plus encore polysémique, d’évidence, à la lecture des poèmes. C’est, d’abord, un geste mental pour glisser des mots entre le silence de sa musique intérieure et le silence qu’on trouve en ‘scrutant l’infini’.

Lire la suite

29/06/2020

René Char, En trente-trois morceaux

1. Char, 33 m..jpgOiseau jamais intercepté
Ton étoile m’est douce au cœur 
Ma route tire sur sa raie
L’air s’en détourne et l’homme y meurt.
  René Char, En trente-trois morceaux (texte1), 1956, GLM, Gallimard, 1983
 
C’est le premier fragment en vers des trente-trois textes de ce recueil. Poèmes brefs, numérotés, dont le plus long est le dernier, avec neuf vers. On trouve un sizain, le 16, et des quatrains, peu, des tercets, peu aussi. Des fragments de deux ou trois lignes de prose, des poèmes de deux vers. Et des lignes seules, phrases qu’on perçoit comme vers uniques, certaines, ou aphorismes tracés d’un trait.

Lire la suite

28/06/2020

Jean Mambrino, Le Veilleur aveugle

1 Mambrino.jpgAvance,
Corps de soleil et de blessures, 
Le vent des nuits pour seule armure,
Porteur d’une coupe de sang,
Entre tes mains consumées.
Tout l’espace de la guerre
Profonde, les jeux du monde,
Les plaines bleues de haine, la mer
En flamme, fument
Sous la semence du sang.
Le temps ruiné 
S’ouvre au dur amour
Par la bouche enfin fraîche des morts,
Exhalant à travers un visage de larmes,
L’aveu plus ancien que l’aurore,
Une bouffée de lilas blancs.
   Jean Mambrino
   L’Aveu, 1958, poème dédié à Jules Supervielle, premier du recueil, Le Veilleur aveugle, Mercure de France, 1965, rééd. Cahiers bleus/Librairie Bleue, 2002.
 
Le livre est dédié à "À mes Amis connus et inconnus", ce qui signifie, inconnus, ses lecteurs non rencontrés. (Lecteurs dont il sait qu’ils le lisent en empathie, en "profond et silencieux partage", si je reprends la dédicace qu’il posa sur mon exemplaire, avec dans son regard la qualité de cette profondeur aimante d’une amitié inconditionnelle. Je me souviens de ce regard, on en croise peu souvent de tels). 

Lire la suite

27/06/2020

Guy Viarre, Sans un. Poésie...

Nous venons sur les mains
percés
les yeux veufs.
         Guy Viarre, Sans un, éds. Unes, posthume (2004). Incipit
 
1. Viarre, Sans un.jpgJ’ai découvert un jour par hasard, en librairie, ce petit livre, Sans un, (en 8/11, ce qui correspond au désir de l’auteur). Minuscule ouvrage, pas même vingt textes, et au plus quatre vers pour les poèmes les plus longs. Ce recueil de poèmes très brefs (et de lignes aphoristiques) contient pourtant les traces de toute la pensée, je crois, de Guy Viarre. Ses thèmes (la mort, le corps, la solitude). Sa manière, une sorte de brèche ouverte dans les mots et les phrases, comme pour tenter de déchiffrer un sens peut-être impossible à capturer. Et cette impression étrange qu’il ne dit pas tout. Non pas de lui, c’est normal - personne ne le fait, mais de son texte, d’où il vient et quelle est la phrase commençante qu’il a rayée pour ne laisser que celle qui questionne, ouvre des paradoxes. ("Il ne trie pas sa rature / ni il ne l’emporte").

Lire la suite

23/06/2020

Jacques Ancet, Portrait d’une ombre

jacques ancet,portrait d’une ombre,incipit,alexandre hollan,poésie,fragmentsQuelle ombre ?
La vraie, celle qu’on voit ou devine, et la symbolique, celle de l’effacement de soi, de l’autre, du réel. L’ombre  sujet de méditation. Et d’autant plus quand la réflexion sur le regard et la création est à la mesure du sujet. 
L’auteur parle de "bruissement, froissement... murmure, frôlement"... 
Il traite de l'imperceptible de l’être et des choses, et des mots qui peuvent saisir cela. Travail de miniaturiste en écriture, orfèvre qui peint en mots, en face de quelques créations d’ombres du peintre Alexandre Hollan, rêveur messager des arbres (et auteur de notes sur la création, regroupées sous le titre Je suis ce que je vois, éd. Le temps qu’il fait). 

Lire la suite

23/05/2020

POÉSIE. La Beauté Eurydice, Sept Chants de Georges de Rivas

1 RIVAS.jpgEn exergue, Tolstoï, sur la beauté et l’amour. 
Le livre, La Beauté Eurydice, commence par deux "Chants" d’Orphée, grands poèmes en vers, quatre pages l’un, trois l’autre. Et ce n’est qu’à la fin de l’ouvrage qu’on retrouve de nouveau quatre poèmes en vers. À part un texte demandé par Eurydice dans le dialogue, et intégré au centre du livre, "La Rose circumpolaire", pp 47-48. Tout le reste du livre est un dialogue entre Orphée et Eurydice. Pas en répliques comme au théâtre, non, sortes de stances en prose. Mais la structure du livre est organisée en sept parties, dites Chants, qui regroupent dialogues et poèmes. 
Large souffle. Pas étonnant que Georges de Rivas aime Saint-John Perse et Victor Hugo (deux des neuf auteurs étudiés dans un essai publié en 2014, La Poésie au péril de l’Oubli).
J’ai pensé "ample souffle" en lisant les premières pages, et retrouvé cette expression dans un titre et un texte. Car le poète qui écrit est aussi celui qui a conscience de ce qu’est son art, de ce qu’il conçoit comme essence formelle et signifiante de "sa" poésie, de "la" poésie, cet élan du chant.
 
Dès le premier poème on est dans l’univers de l’alchimie dont on retrouve des éléments symboliques. Étrangement c’est l’absence qui est l’athanor. Comme si dans la nuit intérieure un processus  de transformation créait la possibilité de la parole poétique et de la rencontre de la "voix". On est aussi dans le monde de la lecture des signes, celui du mystère qui est à dévoiler et concerne le coeur et l’âme ("l’âme infinie", "l’Âme du monde"), sur une "route pavée d’oracles". Genre assumé de l’oaristys (poème antique du dialogue amoureux).

Lire la suite

21/05/2020

Origine Horizon. Superbe recueil de Stanislas Cazeneuve

1 Origine Horizon.pngautour
avide
un vase
pour les rêves
.
Je suis un cantique plus qu’un visage.
 
Stanislas Cazeneuve, Origine Horizon, La Crypte, 2019
...
Deux parties, dans ce livre. Et deux exergues.
Un vers de Jacques Dupin pour la première, "Visage sans figure", sur le visage absent, l’obscurité née de cela, en soi.
Un fragment d’Héraclite, pour la deuxième, qui lui emprunte son titre, "L’homme dans la nuit se prépare une lampe".
Tout est déjà là. 
Visage insaisissable de la mère, présence abandonnante, dans l’effacement d’elle. 
Puis celui qui écrit, fouillant dans la nuit des douleurs intimes et des questions, mais sachant dans quel processus de mise à jour il est entré. La vraie lampe dans la maison éclaire aussi le lieu de l’écriture "confidence" (il le dit, et ce mot prend une dimension particulière - c’est comme Montaigne nous parlant). La lampe symbolique, elle, s’élabore en écrivant. (On regarde autrement sa lampe, chez soi, en sortant de ce livre…).
Enfin, il y a la lumière, dans les deux exergues. 
La lampe d’Héraclite, donc, polysémique. (Magnifique fragment "recomposé" par Marcel Conche, et noté intégralement, pour introduire la partie où l'auteur se dira "outre-naissant", regardant ses mains comme "deux idéogrammes" à déchiffrer).
Pour Jacques Dupin c’est le titre du recueil qui rejoint le message d’Héraclite et la lumière; "Le corps clairvoyant" de Dupin rencontre cet "éveillé" du matin qui "touche la mort en dormant", et "éveillé"… "touche le dormant". Rimbaud, Voyant, n’est pas loin.

Lire la suite

18/05/2020

POÉSIE. Un recueil de Silvaine ARABO... Arcanes majeurs (sommet abouti)

2 Arabo.jpgSeconde lecture…
 
Arcanes majeurs, éd. Alcyone, 2018
 
La poésie est une mathématique mystique et voluptueuse du feu.
Carl Sandburg, Aphorismes (trad. de l’anglais américain par Alain Bosquet)
Cette définition de la poésie me paraît l’idéale entrée pour la recension d’un livre où le dragon mythique a son blason, et la poésie, par lui, son feu affirmé...
 
Dans le Tarot  de Marseille les vingt-deux arcanes sont des cartes qui représentent des réalités archétypales, personnages ou processus ou parts de l’univers (lune, soleil). Elles renvoient à des réalités intérieures de la psyché, et à des étapes dans un chemin initiatique. Riches de symbolisme, fortes d’une dynamique énergétique, c’est un univers infiniment commenté, dont les figures stylisées offrent un miroir à qui veut s’y interroger. 
Mais Silvaine Arabo a créé son propre référentiel d’arcanes (que la plasticienne Claudine Goux a mis en images).
Ici il n’y a pas vingt-deux arcanes mais quinze. Peu de personnages, trois - le roi, la reine (la mère), le mage. Un animal (l’oiseau). Tous les autres sont des éléments de la nature (vents, forêt, ozone…). C’est un tarot chamanique, commençant et finissant par un Chant.

Lire la suite

17/05/2020

POÉSIE. Recueils de Silvaine ARABO... Au fil du labyrinthe, Le bien-aimé fleurit toujours sous les tonnelles...

1 Arabo.jpgDe  Au Fil du labyrinthe aux Arcanes majeurs, en passant par les Marines résiliences, ce sont deux livres et trois chemins intérieurs tracés par Silvaine Arabo. Et de l’un à l’autre un itinéraire secret se dévoile, autant à celle qui écrit qu’au lecteur. Car ce sont les mots qui mettent au jour ce qui se déroulait en partie inconsciemment. Mais quand je note "inconsciemment", je pense, bien sûr, d’abord, à l’inconscient individuel qui agit en nous, épurant nos émotions, et créant notre identité en nous affrontant à nos douleurs et à nos ombres. Mais aussi à deux autres réalités de ce qu’on nomme "inconscient". Individuel, encore, ce non-su de notre centre le plus haut, ce Soi qui guide et cache sa connaissance, jusqu’à ce que des signes et synchronicités tressent un langage qu’on entend. Et, tel que Jung l’a explicité, autre inconscient, la part collective de nos imaginaires, mythes et savoirs. Le parcours personnel, dans sa réalité la plus noble, est une initiation qui, petit à petit, connecte ces trois espaces et crée une résonance qui va faire sens. Alors le "Je" sait qui il est. C’est à lire cela que Silvaine Arabo invite dans ces livres. Et c’est certainement parce qu’elle pressentait en avoir les clés qu’elle a décidé, des décennies après les avoir écrits, de porter à un éditeur des textes si anciens. Ainsi, ont paru, à un an d’intervalle, deux recueils  séparés par cinquante années.
(La photographie de couverture est de Silvaine Arabo)

Lire la suite

13/05/2020

Lire ERRI DE LUCA. "Europe mes mises à feu", "Le samedi de la terre", et les poèmes...

1. EUROPE De Luca.jpgLes cendres du froid sont dans le feu qui chante le refus.
René Char
Feuillets d’Hypnos (recueil dédicacé à Albert Camus)
 
Voici notre vie pétrie sans levain,
du pain envoyé sur les visages des eaux.
Erri De Luca
Aller simple, 2002, Seghers, bilingue (trad. Danièle Valin, parution du recueil en même temps en Italie)
 
L’univers était liquide, il fut divisé en deux,
un dessus et un dessous d’eaux,
avec le firmament au milieu.
Erri De Luca
Œuvre sur l’eau, 2012, Gallimard, bilingue (trad. Danièle Valin, recueil paru en 2005 en Italie)

Lire la suite

20/02/2020

Jean Sénac, poète majeur, présent sur le site du Printemps des poètes. 2020 : Le COURAGE... / LE LIRE : LIVRES...

1 Sénac.jpgJean Sénac, poète majeur, natif d'Algérie, en 1926 (Béni-Saf), d'origine espagnole (famille ouvrière), vint à Alger en 1946. Il a ouvert le chemin à de nombreux jeunes poètes algériens, car très engagé pour le développement de la création poétique et de sa diffusion. 
2 ART.jpgIl s'intéressait aussi beaucoup à l'art, et il a écrit de nombreuses chroniques à ce sujet. 
(Un livre magnifique, "Visages d'Algérie /  Regards sur l'art", regroupe des textes de lui et des reproductions, ainsi que des documents divers, comme une lettre de René-Jean Clot. Les textes ont été réunis par Hamid Nacer-khodja (qui fit sa thèse de doctorat sur Sénac), et la préface est de Guy Dugas. Cet ouvrage, 2002, est une co-édition France-Algérie : Paris Méditerranée et Edif 2000.)

Lire la suite

06/12/2019

"L'Oeil égaré dans les plis de l'obéissance au vent", Victor Hugo cité et relu par André du Bouchet

1 Hugo .jpgUn livre pour deux géants. Magnifique titre, 
qui reprend une
citation de Victor Hugo à
peine modifiée ("les plis", pour 
"tous ces plis"),
fragment de "Post scriptum de ma vie". 
André du Bouchet a réuni des brisures d'écrits
fragmentaires de Hugo, superbe choix où tout
est offert
du poète, dans la densité et la
profondeur. Hugo, 
notre contemporain ici.

Suit une analyse qui avait été
publiée en revue
en 1951 ("L'infini et l'inachevé"). 
L'ensemble offre cent pages magnifiques.
Un lien (lointain...) qui a l'avantage de donner 
la présentation du livre par l'éditeur, Seghers...
https://www.gallimardmontreal.com/catalogue/livre/oeil-eg... 
Et celui-ci (voisin) avec une brève introduction...
https://www.payot.ch/Detail/loeil_egare_dans_les_plis_de_lobeissance_au_vent_par_victor_hugo_suivi_de_linfini_et_linacheve-andre_du_bouchet-9782232121944 

26/11/2019

Une heure de jour en moins, poèmes de Jim Harrison

1 JIM.jpgJe relis le recueil de poèmes de Jim Harrison. 
Le lisant j'ai un peu l'impression de vivre
ce qu'il dit, lui, de sa lecture de Su Tung p'o.
Il lit un auteur mort et lui parle comme
il parlerait à son père. Je lis Jim Harrison
et je dialogue avec un ami mort (en 2016),
jamais rencontré. Il fait le récit de souvenirs
et de moments présents, il confie des
pensées intimes, des peurs et des joies.
La nature est omniprésente, paisible ou
très sauvage. Les animaux, chiens, oiseaux
(beaucoup...), ours, serpents... Des êtres
rencontrés, des humbles, des auteurs.
Il évoque le zen, avec un regard ironique
sur lui-même et de l'estime et tendresse
pour des maîtres rencontrés.
Et, de page en page, des aphorismes
profonds sont insérés dans le fil de sa parole.
Sa femme est évoquée, discrètement (ainsi par la pensée qu'après
tant de nuits ensemble l'un des deux partira le premier, et par
quelques anecdotes).
Il parle de la vieillesse, de la mort, de la tristesse d'avoir l'impression de ne plus
reconnaître son pays, et de la vie, simplement. Je pourrais beaucoup citer.
Je choisis un fragment : "Finis le vin dans ce champ aéré, retourne au cimetière
dans l'obscurité et tresse entre les pierres la danse lente de ton nom seulement
visible des oiseaux."
https://www.jailu.com/Catalogue/litterature-etrangere/une...

18/07/2019

"Énigmes du seuil". Ou "prendre place dans une part d'infini"...

      rio di maria,l’arbre à paroles,poésie,citations,infini,métaphysique,le capital des mots,patrick lowie,portrait onirique,énigmes du seuilje dessine mon ombre 
     à l’encre de mon corps
chargé de pages d’incertitudes
     à incendier le futur
                    Rio Di Maria
         Énigmes du seuil, L’Arbre à paroles, 2018
(Dans ses dessins, nombreux, un théâtre magique, quelque chose qui fait penser au métissage culturel du continent sud-américain, une hispanité indienne. Mais il vit depuis presque toujours en Belgique, et ses origines sont italiennes, de Sicile. J’ai trouvé, pourtant, une parenté, dans ces dessins, avec la psychomagie d’Alejandro Jodorowsky, éblouissant artiste franco-chilien).  
 
L’épitaphe est une dédicace offerte à ses proches, en forme de message sur la conscience d’être. « Nous ne serons jamais que poèmes inachevés ». C’est très beau. Poèmes inachevés, au pluriel, mais aussi au singulier, donc lui. Éthique de vie. Se construire comme une œuvre d’art en inachèvement perpétuel, comme un corps-conscience imprégné de mots en gestation. « Que » poèmes… Mais écrire cela n’est pas réducteur, c’est mettre l’accent sur la nécessité de savoir ce qui en nous doit se vivre comme présence en devenir. Mise en garde. Ne pas se laisser perdre au mirage, social ou autre, d’une réalisation dont il faudrait se contenter. Et plus loin dans le recueil il écrit que « La vie s’accomplit en multiples métamorphoses. » 

Lire la suite