11/07/2022
Des recueils d’Éric Desordre. Poésie, éds. Unicité
Poésie et photographie...
Le chemin derrière l’étoile, 2020, éds. Unicité
Ce que je regarde d’abord, dans un livre d’Éric Desordre (après le titre), ce sont les photographies. L'argentique, où, dans cette série de huit clichés, pour ce livre, domine le gris. Abstraites, laissant le regard y trouver le réel qu’il déchiffre, elles correspondent exactement à ce qui est dit dans sa bio.
Guetteur d’inaperçu, ayant le goût de décrire l’inobservé.
Les titres des photographies peuvent donner l’impression d’une volonté de représentation figurative, illustrant le parcours (France ou Népal) du voyageur gardant des traces. Mais pas du tout. L’œil cherche bien au-delà de ces apparences.
Et c’est pareil pour le titre du recueil, Le chemin derrière l’étoile, et la photographie en couverture. L’image nous donne-t-elle à voir un vrai chemin ou le pli d’une peau ? Veut-il nous faire regarder autrement les paysages qu’il parcourt (et dont il ne reste rien de la notion de paysage dans ce qui est donné à voir) ou bousculer la perception, pour délivrer une saisie qui ne soit pas induite.
Donc je regarde, avec la liberté proposée.
19:17 Publié dans Recensions.livres.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : éric desordre, le chemin derrière l'étoile, le feu au gorille, rebelles, poésie, photographie, livres, citations, éditions unicité, unicité
07/07/2022
Michel Lamart, Cligner des yeux voir le monde autrement. Photo-poèmes
Le livre porte sur la photographie, parcours érudit d’un auteur qui y a beaucoup réfléchi, pensant philosophiquement les questions de l’art (interrogation présente, aussi, peut-on parler d’art ? – mais le livre répond). Le titre montre clairement que le questionnement concerne le regard. En quoi photographier c’est regarder autrement, changer le rapport au regard (peut-être regarder plus, regarder vraiment).
Cligner des yeux voir le monde autrement
Sous-titre, Photo-poèmes
L’introduction, titrée Déjà-vu ? est un texte très dense, qui donne des clés fort utiles pour entrer dans cette méditation de connaisseur, cet essai proposé en poèmes. Que fait donc la photographie, l’appareil photographique, de notre regard ?
19:22 Publié dans Recensions.livres.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel lamart, cligner des yeux voir le monde autrement, éditions unicité, unicité, poésie, photographie, regard, art, philosophie
Lettres d’hivernage, éd. LaKainfristanaise. Revue littéraire (poésie).
Une nouvelle revue littéraire naît, quand d’autres disparaissent.
Lettres d’hivernage… Le titre est emprunté à Senghor, pour dire une dette et une intention, en plus de rendre simplement hommage, comme l’indique le créateur de la revue, Stève Wilifrid Mounguengui, dans son introduction.
Ainsi, cohérente avec la force que Senghor donne à la possibilité d’aimer, la revue se définit dans l’affirmation d’une éthique, faire pont, ouvrant les pages à une pluralité de voix. Et parcourant les pages on voyage dans les continents et les pays, selon les sujets et les origines. (Afrique, Québec, Haïti, Corée du Sud, Liban, Inde, Vietnam, France, suisse, Tunisie).
Ce premier numéro a pour axe les lieux (de vie ou de naissance).
Deux phrases de l’introduction me retiennent surtout, car elles traduisent impeccablement l’essence du rapport au lieu, en relation avec l’écriture…
Naître ou écrire, c’est advenir et avancer dans l’intimité des lieux qui précèdent et façonnent l’expérience que nous avons de l’existence. Les lieux, antérieurs au langage, inscrivent une trace, c’est comme une empreinte sur le corps et les sens, l’esprit et la mémoire.
19:16 Publié dans Recensions.REVUES.poésie.citations.©MC San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la kainfristanaise, lettres d'hivernage, lieux, ancrage, exil, identité, poésie, art, humanisme, stève wilifrid mounguengui, prajna yun, sarah combelles
29/06/2022
Deux recueils. Obscur éclat, de Carolyne Cannella. Et À feu tenu, de Michel Cassir, éds. Unicité
Ce qui me fait rapprocher ces deux ouvrages c’est la proximité de la démarche, d’une part, une volonté d’aller au-delà des apparences, d’accepter le mystère. Et, d’autre part, le constat de l’influence du métier (quand il est vécu en profondeur) sur l’écriture. Carolyne Cannella est musicienne et écoute le réel autant qu’elle le regarde, et Michel Cassir est chimiste et riche de plusieurs univers culturels, ce qui fait que son savoir professionnel, devient, quand il écrit, une porte vers la surréalité où chimie est seuil d’alchimie.
Enfin il y a, dans ces deux livres, une conscience du rapport avec ce qui englobe tout, qu’on l’appelle Un ou autrement. Et le thème de la mort est présenté dans ces pages avec une dédramatisation qui remplace le tragique par un accès à l’imaginaire du réel. Mais il y a aussi un lien par la musique, comme le dit un article sur Michel Cassir (agendaculturel), notant qu’il explore depuis de nombreuses années les voies de l’oralité et de la musique.
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18:28 Publié dans Recensions.livres.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : obscur éclat, carolyne cannella, à feu tenu, michel cassir, saad ghosn, éditions unicité, poésie, mexique
Poésie, deux recueils. Les jours suffisent à son émerveillement, d'Anne-Lise Blanchard. Et Seule, Biskra, d'Henri Touitou, éds. Unicité
Deux recueils différents mais qui ont en commun le rapport avec le temps, la recherche, dans la mémoire, de la confrontation avec des souvenirs de joies, de bonheurs passés. Parfois des instants fugitifs, parfois des moments plus intenses, ou même des périodes. Voyage dans des lieux d’autrefois, retour vers des visages, des émotions. En lisant on retrouve un même trouble, car cela invite à prolonger la page avec ses propres confrontations avec ce qui fut. On part dans un ailleurs qui a du mal à être vraiment ailleurs car l’ancrage de mémoire est une identité.
Différents car le regard n’est pas le même, quand il vient d’une source féminine ou d’une nostalgie masculine. Même si ce qui concerne l’enfance rejoint encore un autre espace. Le style n’est pas le même non plus, bien sûr, mais il y a une proximité des univers par ce qui est dit de certaines expériences et par une dimension éthique (qu’on peut nommer autrement, peut-être, mais c’est l’intention qui contient cela), et c’est pourquoi j’ai eu envie de les associer. Et je crois qu’ils pourraient aimer se lire…
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21/06/2022
L’homme aux ailes bleues. Livre collectif d’hommage à l’éditeur François Mocaër, Unicité
Pablo Poblete, natif du Chili, poète et directeur d’une collection à Unicité, Poètes francophones planétaires, y a publié un hommage à l’éditeur, celui qui a créé cette édition il y a une dizaine d’années (en 2010 précisément), François Mocaër. Avec un groupe d’amis, auteurs ou artistes, il a initié et réalisé ce projet, qu’il préface pour faire le portrait de celui qu’il estime particulièrement, en insistant sur la passion pour la poésie de celui qui en a écrit aussi (même s’il se consacre totalement maintenant à publier celle des autres). Pablo Poblete note son humanisme et la générosité de son engagement d’éditeur. À lire certains textes on comprend que le projet a été lancé et commencé pour les dix ans de l'édition, le temps qui a suivi correspond à la mise en forme de l'ensemble.
Poésie francophone et pas seulement française, car effectivement dans la liste de ceux qui ont offert un poème pour cette anthologie, on voit apparaître bien des horizons, certains lointains.
L’homme aux ailes bleues… Pourquoi ce superbe titre ?
On le comprend page 48, en lisant le poème de Pablo Poblete, dont c’est le titre. Magnifique texte, écrit dans un souffle d’émotion (celle du cœur), on le sent. Mais j’y reviendrai ensuite. Car les textes sont classés en suivant l’ordre alphabétique des noms des auteurs (que des pages présentent après les textes, certains que je connais, d’autres pas du tout).
Le titre, donc. Bleues, les ailes, sans doute pour rappeler l’horizon océanique breton originel, dit le poème. Mais on peut y voir plus, en acceptant le symbolisme de cette couleur et les clés qu’en donne Pablo Poblete dans son texte. Les ailes représentent beaucoup aussi. Envol qui élève, valeur spirituelle, espace protecteur de celui qui embrasse, de son regard sur les mots des autres, un large pan de la poésie (on imagine les bras métaphoriques écartés). Et, comme écrit aussi, des ailes-antennes d’intuition qui servent à capter…
La photographie de couverture, portrait, est de Woytek Konarzewski.
18:47 Publié dans Recensions.livres.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'homme aux ailes bleues, françois mocaërpablo poblete, éditions unicité, poésie, écriture, humanisme, édition, éditeur, laurence bouvet, francis coffinet, éric desordre, éric dubois, christiane peugeot, rui prazeres, philippe tancelin, mario urbanet, kitty holley, woytek konarzewski
17/06/2022
Leo Zelada, Transpoétique. Anthologie poétique et inédits, éds Unicité
esprit de la nuit
esprit de la nuit
conduis-moi sur le chemin du feu
qui dévore et purifie tout
Machu Picchu, Transpoétique, p.20
Maître, comment atteindre la sagesse ?
Brûle le papier, la plume et le bâton
Koan de l’illumination, Transpoétique, p.34
Le monde regorge de signes pour qui veut voir. Mais c’est un brouillard si épais ce soir…
Dark Poetry, Transpoétique, p.59
Leo Zelada, Transpoétique. Anthologie poétique et inédits, éds. Unicité, 2022. Trad. Laura Magro Peralta et Maggy de Coster
Transpoétique, de Leo Zelada . Intéressant, ce titre de l’anthologie (qui reprend celui d’un des recueils de l’auteur), car suggérant étymologiquement une traversée de l’œuvre au-delà du poétique, et vers le poétique authentique, il dit aussi autre chose de la démarche du poète, dont l’écriture est une incessante traversée, en aller-retour intérieur, d’un continent à l’autre. Parcours intime de l’identité ancrée dans une mémoire et nostalgique d’une langue effacée, d’une culture trahie.
19:35 Publié dans Recensions.livres.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leo zelada, transpoétique, anthologie, poésie, pérou, espagne, exil, langue, journal du dragon, éditions unicité, unicité
13/06/2022
Les yeux du dragon, Anthologie, Petits poèmes chinois...
Ils mettent le feu au ciel, en vain ils s’épuisent
J’entends justement comme si je buvais une douce rosée
Soudain dissous, purifié, disparaître dans l’impensable
Hsüan Chüeh, Chant de la Voie 4, Témoignage du bonheur éternel (Anthologie Les yeux du dragon, Petits poèmes chinois (traduction et présentation, Daniel Giraud, calligraphies de Long Gue. Le Bois d’Orion 1993, Coll. Points poésie, poche, 2009, et réédition juin 2022).
La présentation de ce précieux livre par Daniel Giraud ne prend que quatre pages. Texte dense d’un connaisseur imprégné de la connaissance de ces poèmes, et, aussi (c’est essentiel) de la philosophie qui les sous-tend, cette sagesse subtile qui allie, dit-il l’inspiration bouddhiste à celle du taoïsme à travers le Ch’an, pour nombre de poètes, moines ou laïcs, dits zen. Il nous dit proposer une sorte de florilège paradoxal où la quête de l’absolu se réalise par-delà les dogmes (du syncrétisme religieux ou du monolithisme politique, précise-t-il). On ne peut effectivement lire et comprendre (ou tenter de comprendre) l’univers de ces poèmes sans en percevoir la dimension philosophique, je dirais supra-philosophique. (Poèmes. Seul le Hsin Hsin Ming n’est pas tout à fait un poème, plutôt un texte totalement témoignage de métaphysique vécue).
Le dragon est un animal qui a une place importante dans la culture chinoise. C’est une image de pouvoir bénéfique. Le titre de l’anthologie, Les yeux du dragon, vient d’un récit presque mythique que relate l’auteur (p.10). Des dragons peints restaient sur le mur à condition que leurs yeux ne soient pas dessinés. Les yeux peints les dragons s’envolèrent. Si on interprète on peut y voir deux sens. La force de l’art, d’une part, capable d’insuffler la vie. Et l’importance énergétique et spirituelle des yeux, par lesquels peut advenir un changement de statut de l’être.
19:35 Publié dans POÉSIE, Recensions.livres.poésie.citations©MC.San Juan, SPIRITUALITÉ.sagesses.mystique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : daniel giraud, anthologie, les yeux du dragon, poèmes chinois, tao, poésie, citations, ivre de tao, être sans être, embrassant l'entre-deux, le poids des nuages, all to no-thing, le passager des bancs publics, révolution intérieure, spiritualité, mystique, éveil, sagesses, éditions du contentieux, éditions libertaires
Une inquiétude (Le Quatuor), d’Hervé Bougel, ou un livre en marge des siens, qui précèdent ou suivent…
je suis un caillou
une concrétion grise
friable
au fond de l’eau
dérangée par aucun bruit
j’arrive
au sein de mes os
au cœur
de mon cœur
Hervé Bougel, Une inquiétude (Le Quatuor), éds Mazette, 2019, pp.21-22
Après avoir été longtemps l’éditeur de pré#carré, avec des volumes ou des feuillets créés artisanalement comme des objets précieux, tout en menant travail professionnel (dans les livres, en bibliothèque, à Grenoble) et écriture personnelle, Hervé Bougel a interrompu ces publications pour se consacrer d’abord à sa propre œuvre (voir la note posée en lien ci-dessous). Mais la passion éditoriale est revenue aussi, après son départ à Bordeaux, par un goût pour la typographie et la création d’une petite édition de créations où les mots pourront s’associer au pictural. Les Éditions de l’Estey, du nom d’un ruisseau près de chez lui.
19:04 Publié dans POÉSIE, Recensions.livres.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hervé bougel, une inquiétude, poésie, théâtre, livres, citations, éditions mazette
31/05/2022
Mon AGENDA en poésie... Juin 2022, Marché de la Poésie, Place St-Sulpice, après Quartier du livre, Paris 5ème
Programme chargé.
On commence le 31, Mairie du 5ème, pour fêter le soir le lancement du Quartier du livre (1er au 8 juin), avant l'ouverture du lendemain, pour cette "librairie éphémère" qui réunit plusieurs éditions...
Dont Unicité... (Mes Ombres géométriques frôlées par le vent, ce livre créé à deux, avec Roland Chopard, et qui a l'importance, pour moi, d'une mise en mots de ce qu'est ma démarche photographique - donc une écriture sur le regard, surtout, posée en avant-propos (que je titrais La photographie, expérience initiatique...). Le livre suivant je le mentionne plus bas, car il devrait sortir de l'atelier de l'imprimeur pour le Marché de la poésie - j'ai le volume du bon à tirer et je pose ci-dessous copie de la couverture : il sera inscrit sur le site de l'édition avec un petit décalage...). Il y a donc Unicité (François Mocaër éditeur) et plusieurs éditions... Dont L'Atelier de l'agneau de Françoise Favretto, avec ses livres et sa revue, L'Intranquille (trace ici, recensions, livres et revue, dont celle sur les animaux, avec mon poème Je me souviens du mystère. Tags). Livres Unicité, tags aussi, pour des recensions.
Quartier du livre, Festival Vivre-Lire de Paris 5ème. Voir, haut de la marge droite du blog, liste Agenda, le lien, en 1. Informations précises...
Ombres géométriques frôlées par le vent, en marge gauche du blog, deux liens, tout en haut. Un lien vers l'édition Unicité (une vignette qui s'ouvre vers des informations en cliquant sur image ou légende-titre). Un lien vers une note de présentation que j'avais faite pour dire la genèse du livre...
Et, marge droite du blog, 3ème liste, Pages données au vent, lien 1, la superbe recension de Michel Diaz, qui a perçu totalement ce qui était en jeu. Bienfaitrice page de poète magicien, posée sur son site.
(D'autres lectures reçues ou publiées ne sont pas lisibles en ligne. Coup de cœur de Silvaine Arabo dans Saraswati, note de Jean-Claude Bourdet dans À L'Index, lettres en affinité de certains auteurs, dont la belle rencontre - par le hasard de lectures croisées, de Claire Légat, poète belge...). Les livres sont des lettres - bouteilles à la mer - et qu'elles soient reçues, c'est un cadeau pluriel.
Je serai présente au Quartier du livre, table Unicité le vendredi 3 juin (17h-18h). Et je passerai à divers autres moments...
Ombres... Je vais me citer, pour un paragraphe de la quatrième de couverture, approche du regard. Une clé... "Ainsi est dit le mystère de l'ombre, ce tableau d'immédiateté, cette éphémère sculpture de surface. Traduction du fugace passage d'un sens capté dans l'instant, fugace et léger comme le vent. Mais aussi correspondance précise avec le geste mental de la création, où se forge dans la conscience un espace vide de concepts, une présence de regard intense qui voit mais ne pense pas. Seul le corps énergétique sait. Concentration extrême et retrait mental : la meilleure métaphore de cet état intérieur serait le vent qui frôle. La photographie est une métaphysique sans mots. Photographier ainsi est une expérience aporétique : totalement là, et pas du tout. Saisie ontologique du réel, du Tout, mais à travers le "presque rien"." (Le "presque rien" renvoyait à une citation de Gilbert Lascault, posée en exergue). En relisant ce passage je prends conscience, encore plus que je ne croyais, du lien entre ce premier livre et le suivant. Prolongement de la réflexion-méditation sur ce qu'est regarder, et créer. Questionnement du rapport au réel. Et je remarque que le mot "métaphysique", présent là, est revenu s'imposer dans le vers d'un poème que j'ai voulu pour titre... (Le réel est un poème métaphysique). Sur le site, ce livre est classé dans Actualité, juin 2022, et à mon nom, rubrique Auteurs.
01:20 Publié dans LIVRES, bibliographes, anthologies, LIVRES, MC San Juan.(récents), POÉSIE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : quartier du livre, vivre-lire, marché de la poésie, éditions unicité, unicité, françois mocaër, éditions oxybia, oxybia, carole carcillo mesrobian, jeudi des mots, marilyne bertoncini, des mots de paix et d'espérance, marie-claude san juan, ombres géométriques frôlées par le vent, le réel est un poème métaphysique, michel diaz, silvaine arabo, poésie, livres, art, création, regard, photographie, écriture
30/05/2022
Progressions, de Roland Chopard, Bruno Guattari Éditeur, 2021
nous reli(s)ons parfois
pour la traduire – tout en la trahissant –, la portée rétive de la langue, afin que les rémanences succèdent peu à peu aux mutismes originels.
Roland Chopard, Progressions (p. 13)
(…) tant d’efforts pour détruire toutes les contradictions entre vice et vertu, tendresse ou violence, pour qu’in fine rien de ces émotions ne perce, car l’essentiel est ailleurs.
Roland Chopard, Progressions (p. 62)
Progressions ? Pour comprendre la démarche de Roland Chopard, peut-être faut-il lire d’abord les deux livres qui précèdent, deux premiers volets d’un ensemble, qui correspondent à cette écriture. Car tout ce qui s’écrit là commence par une réponse à un incendie qui a détruit manuscrit et traces. Sous la cendre entamait une recherche, en fouillant dans la mémoire, pour extraire des braises des fragments qui surnagent ou sont enfouis Parmi les méandres (deuxième livre) de ce qui demeure du vu et pensé, un inconscient scriptural. (Recensions, ici, voir liens ci-dessous).
Progresser ? Aller vers. Mais sans hâte et même avec des difficultés, en contournant ou affrontant des obstacles. Lenteur et extension ne sont pas contradictoires.
Avec des jets de mots qui marquent des paliers dans une lecture intérieure à soi. Des fragments s’inscrivent sans peut-être tout inscrire de ce qu’ils contiennent déjà en germe. Progressions-germinations. Le peu contient son amplitude comme un possible virtuel. Des mots lancés ainsi que des graines.
En quatrième de couverture quatre lignes de lui présentent l’écriture comme une activité obsessionnelle à laquelle on ne s’arrache pas. Et… fixation méthodique et minutieuse sur les pages, note-t-il.
18:54 Publié dans POÉSIE, Recensions.livres.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roland chopard, progressions, écriture, bruno guattari éditeur, roger laporte, yi king, citations
24/05/2022
Quelque part la lumière pleut, de MICHEL DIAZ. Poésie (Alcyone, 2022, collection Surya)
tu savais que le temps se cachait dans le battement de tes cils, mais ne pouvais que demeurer ainsi, et enclos en toi-même, comme un arbre veillant le silence de ses blessures
Michel Diaz, Quelque part la lumière pleut, p. 13 (le titre vient d’un poème de Silvaine Arabo)
on n’écrit rien avec le rien, même en lisant dans son miroir ce vide qui s’étonne, ni rien non plus avec ce qui s’épuise à lutter contre l’ombre
Quelque part la lumière pleut, p. 25
mais surtout j’écoute le vent, j’écoute les murs, j’écoute les âmes
Quelque part la lumière pleut, p. 71
Je regarde d’abord l’encre de Silvaine Arabo qui introduit le livre (juste après un texte avant-signe). Je la regarde avec la même liberté intérieure que celle que j’ai devant les affiches déchirées que je cherche dans le métro, en capturant du regard des fragments pour recréer un autre imaginaire que peut-être personne n’aurait vu. Évidemment, là, nulle affiche déchirée, mais une création pensée, structurée, de l’art.
Cependant je sens que je réinvente peut-être l’œuvre (après tout c’est ce que l’œuvre veut aussi, toujours).
18:56 Publié dans POÉSIE, Recensions.livres.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : michel diaz, quelque part la lumière pleut, éditions alcyone, alcyone, collection surya, surya, silvaine arabo, albert camus, jack kerouac, jean-pierre siméon, françois cheng, duende, lorca, citations
20/05/2022
Capter l'indicible, de Silvaine Arabo. Poésie (Rafael de Surtis, 2021, collection Pour une Terre interdite)
Dans l’eau bleue du temps
Je reconnaîtrai les signes
Silvaine Arabo, Capter l’indicible, éd. Rafael de Surtis, 2021, page 58
(…)
Ah ! Capter l’indicible
Dans l’avancée du vent
Et les soliloques des marées !
Capter l’indicible, page 65
Capter l’indicible… Beau titre, qui dit à la fois un programme et un itinéraire, vers un savoir déjà intégré mais toujours en devenir. C’est bien plus que l’histoire d’un livre, et l’écriture (la poésie car ce ne peut être que par elle) est ici un chemin de déchiffrement et traduction. Saisir par les mots ce qui est déjà présent, affleure à la conscience, mais doit traverser un écran encore, advenir comme une subtile part du monde perçu à partager. Ce qui est su, profondément, intuitivement, il faut le poser en phrases, et ce ne peut être que poème. Comment transmettre à la fois un monde intérieur et le réel du dehors, nature-terre et cosmos (celui que dit l’oiseau), quand la dimension est celle d’une initiation à la part sacrée de soi-même ?
Avant même de lire le recueil (mais connaissant déjà bien la démarche de Silvaine Arabo) j’ai associé ce titre à celui d’un ouvrage qui est un dense partage d’expérience, celui de Marigal, Voyage vers l’insaisissable. Car c’est bien cela qui est en jeu, dans ce livre de Silvaine Arabo, et les précédents, voyage que celui d’une vie, parcours sachant voir au-delà des apparences, trajet du regard acceptant le mystère de ce qui peut-être restera en partie esquissé, laissant au lecteur à poursuivre ce déchiffrement. Car beaucoup est déjà donné.
18:24 Publié dans POÉSIE, Recensions.livres.poésie.citations©MC.San Juan | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : silvaine arabo, capter l'indicible, rafael de surtis, pour une terre interdite, poésie, patrice cauda, terre, lumière, citations
14/05/2022
Poésie. Jeudi des mots. Retour sur le projet de livre solidaire...
19:33 Publié dans Poèmes © MC SanJuan, POÉSIE, Ukraine, actualité et culture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jeudi des mots, recours au poème, marilyne bertoncini, carole mesrobian, oxybia éditions, mots de paix et d'espérance, poésie, solidarité, consuelo jiménez, marie-claude san juan, citations
À L’Index N°44, revue, poésie…
Ce numéro est dédié par Jean-Claude Tardif à l’ami Werner Lambersy (1921-2021), décédé en octobre dernier (mais présent dans le numéro 43, cité dans ma note précédente). Il lui consacre d’abord un texte poétique sur la mort et la poésie, mort qui arrête son souffle avec celui qui part, et crée une perte (sue ou pas) pour chacun. Mais, dit-il... « Un poète a rejoint ses poèmes jusqu’à ne faire qu’un avec eux, n’être plus que son verbe et le grandir encore. » Et il cite un fragment du poète, comme un testament murmuré…
« Quand je serai mort, je serai un poème et vous n’en saurez rien. »
Et de nouveau il parle de lui, dans le texte introductif de ce numéro. Une page sur Werner Lambersy poète. Un hommage à l’écrivain, pour son exigence. Et un éclairage qui met l’accent sur l’éthique et le rapport au monde qu’avait celui qui écrivait, comme en rend compte Jean-Claude Tardif : "Résister par les mots, les actes ; faire de l’anarchie une bonté.". Créer des livres qui sont « des actes de résistance où la beauté le dispute au sens et à sa profondeur ». Mais, comme il a noté que les écrits de Werner Lambersy étaient pour lui « des textes d’initiation, de fortification » il aborde ensuite l’écriture telle qu’il la vit, prolongement logique de ce qui est dit de l’amitié vécue avec le poète, un processus de rencontre. « On ne peut pas écrire sans l’autre. » C’est donc un partage qui demande un double mouvement, intérieur et d’ouverture vers autrui.
Je vais suivre l’ordre des pages, cette fois. Je lis des poèmes ou essais, en lecture subjective, gardant mon axe... (toujours peu lectrice de nouvelles…).
18:05 Publié dans POÉSIE, Recensions.REVUES.poésie.citations.©MC San Juan | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : à l'index, poésie, le livre à dire, jean-claude tardif, werner lambersy, catherine baptiste, myette ronday, emma hourcade, omer massem, claire légat, christine busta, michel lamart, dylan thomas, philippe pasquet radenez, roxana artal, vladimir claude fisera, cachemire, claude vancour, résister, éthique, citations