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14/03/2015

Fraternité et résistance... Penser la tension en soi, choisir la vie, la « spiritualisation de nos vies »...

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Teilhard de Chardin, cité par Abdennour Bidar

Mon cœur est devenu capable / d’accueillir toute forme.

(...) Car l’amour est ma religion et ma foi.

Ibn Arabi, cité par Abdennour Bidar 

Deux livres, dont l’un précède l’autre de plusieurs années, trois auteurs, et des expressions récentes répondant à l’actualité (entretiens, articles, tribunes, éditoriaux, émissions). Ce qui est proposé c’est de faire l’effort de penser la réalité en prenant du recul par rapport aux émotions d’abord traversées, en se remettant dans la rationalité de l’exigence fraternelle. Il y a le NON du refus du terrorisme. Mais il y a le OUI de l’engagement qui concerne chacun. Abdennour Bidar nous dit (Albin Michel, 2015) qu’il faut passer des luttes CONTRE aux actions POUR. Sortir du négatif. C’est au citoyen en chacun qu’il s’adresse dans son Plaidoyer, texte indispensable qui répond à l’urgence d’agir (la nôtre, implication concrète, individuelle).
 
Ghaleb Bencheikh et Antoine Sfeir s’adressaient  (en 2008, éd. Bayard) aux islamistes, pour une parole autre, pour dénoncer les pièges. En 2015 le message est toujours valable, mais il est complété, enrichi par leur expression récente : textes divers éclairants.

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12/03/2015

FEMMES... Retour sur le 8 mars. Et permanence des questions : droits, création, monde...

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Je suis survivante / parfois tortue millénaire / parfois oiseau de proie

J’irai encore, de Myriam Montoya, poème intégral (bilingue) sur le site de Terres de femmes http://terresdefemmes.blogs.com/anthologie_potique/myriam...

Couverture d’une anthologie de poésie pour revenir sur une journée a-poétique... Mais c’est ainsi que s’ouvre (exergue, page titre) et se ferme, presque, cette note ( parmi les derniers liens choisis : une question sur les femmes caricaturistes, et choix – limité - de références poétiques... Car c’est aussi par l’écriture, et précisément aussi par l’écriture de poèmes, comme par la trace inscrite sur des pages dessinées, que les femmes peuvent prendre part au débat sur ce que doit être le monde, et leur place dans ce monde. Libres traits, d’encre et de mots. Ce que je propose de lire, ce sont quelques pages d’informations (l’état des lieux, des manques, des atteintes aux droits...). Et de voir, des visages (Afrique, Haïti...). Puis, encore, infos, l’histoire du 8 mars, et la poésie, Quelqu’un plus tard se souviendra de nous. Car laisser sa trace c’est aussi un droit : agir au point que cela reste en mémoire, ne serait-ce que pour une page, un poème, un dessin. Et, donc, pouvoir désirer s’inscrire ainsi dans le monde, en avoir la force, le pouvoir, la liberté... 

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08/03/2015

HUMOUR...? Humoristes. Dessins et vidéos. LIENS...

humour,dessins,caricatures,dessinateurs,caricaturistes,humoristes,charlie hebdo,vidéos,cartoonsNote en deux parties. Réflexion personnelle, un peu, pour commencer. Et liens, ensuite, pour sourire, rire, s’émouvoir, s’informer, penser...

Humour, satire, ironie, autodérision, critique, caricatures, blagues, second degré... Moyen de supporter des situations intenables, de lutter contre la censure et la répression, de se révolter contre la violence, d’aborder autrement l’actualité et la critique politique, de poser des questions existentielles ou, même, métaphysiques, l’humour est présent partout. Il est aussi réprimé souvent, et victime de pressions : censure, autocensure... Détournement des clichés et rejet des stéréotypes, il fait réfléchir... Bien sûr (on a eu l’occasion de s’en rendre compte avec des humoristes devenus complotistes et racistes), l’humour peut être dévoyé. De même il peut s’adresser à la paresse vulgaire de spectateurs, dans des blagues grasses de bas niveau, sexistes et malsaines... Mais souvent le rire fait appel à l’intelligence subtile. On rit, on sait qu’on a besoin de rire, que cela nous fait du bien, mais on ne sait pas toujours pourquoi, réellement, on rit (ou sourit). Est-ce le miroir de ce que l’on reconnaît de nos ombres, de nos ridicules, ou est-ce la représentation inversée de ce qui nous angoisse ? Ou, parfois, une scène fictive rassurante, qui permet le lien au lieu de provoquer la séparation... et cela fait rire, parce que c’est décalé par rapport aux tensions de la réalité...

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07/03/2015

Raif Badawi, Arabie saoudite. Informations et pétitions (plus intro...)

raif badawi,badawi,ensaf haidar,arabie saoudite,prison,torture,exécutions,décapitation,apostasie,liberté d’expression,liberté de conscience,blogs,blogueurs,droits humainsDes gens sont privés de soleil et d’espoir pour avoir osé penser, et, pire, avoir osé l’écrire, revendiquant ainsi la liberté d'expression, la liberté de conscience... C’est le cas de Raif Badawi, blogueur, écrivain (prison, torture, menace d’un procès d’apostasie – dans son pays, l’Arabie saoudite, on en meurt). Lui vit ce martyre. Ses trois enfants et sa femme, réfugiés au Canada, vivent son absence et l’angoisse permanente.

L’Arabie saoudite enferme et exécute, et donne ainsi l’exemple à ceux qui en font leurs spectacles de terreur. Elle le fait notamment pour défendre un islam de terreur, car non critiquable, et croyance obligatoire sous peine de mort... Mais ce pays est lié au nôtre par des alliances commerciales et un aveuglement idéologique (le silence sur ce qui devrait être condamné et devrait justifier des ruptures) aveuglement commandé par les lois du marché, une raison d’Etat mal pensée...

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27/02/2015

Revue A L'Index, dernier numéro paru

Cela remonte de sous le sol / la terre parle la terre chante / des mélopées calcaires avec des raucités archaïques / lourdes comme les pierres des temps anciens / qui sonnent des peurs emprisonnées / contre les parois des igues » (...) «En ces temps mutilés /où l'on ne pense qu'à crédit  / il est des jours des nuits aussi / comme des livres ouverts / il suffit juste d'oser déchiffrer / l'alphabet du passé de la terre / pour savoir d'où et quand viendra l’orage

Jacques Nuñez-Teodoro, Un jour sur la terre II, À L’Index n° 27.

Lire la poésie c'est surtout relire. Feuilletant de nouveau le numéro 27 de la revue je redécouvre les poèmes de Jacques Nuñes-Teodoro comme si je ne les avais jamais lus. 

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23/02/2015

ROGER HANIN. HOMMAGE...

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03/02/2015

Parler du fascisme tapi dans l'islamisme...(MAIS...). Lectures... Courrier international...

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31/01/2015

Contre le négationnisme, vigilance

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Primo Levi, Si c’est un homme (poème liminaire)

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Paul Celan, Grille de parole

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Charlotte Delbo, Aucun de nous ne reviendra 

Et cependant malgré les témoignages et le travail de mémoire, d'histoire, il suffit de faire des recherches sur Internet pour tomber par hasard sur des blogs négationnistes, et sur des pages négationnistes sur des sites qui n’ont rien à voir avec l’Histoire, même factice. On croise des rumeurs sur des forums, du complotisme dans des commentaires de vidéos ou d’articles, du mensonge et du mensonge... Donc, oui, il est nécessaire de lutter, tous, contre cela : la Toile ne doit pas être le domaine de la propagande négationniste et haineuse. La menace (qui sévit sur les sites complotistes) est réelle, réagir est nécessaire. 

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13/01/2015

MÊME PAS PEUR !!! 11 JANVIER 2015, MARCHE HISTORIQUE...

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Quelques traces en images, titres, articles... d’un fait immense...  

Des citations...  

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10/01/2015

Jours sombres. Résister...

LIBE RESISTER.jpg

 

La mort, encore. Assassinats. Encore la haine... Résister... Résister à la peur, à la haine, aux divisions...

 

 

 

 

Attentat antisémite porte de Vincennes, Libération, 09-01-15. « Quatre otages sont morts » : http://www.liberation.fr/societe/2015/01/09/prise-d-otages-dans-une-epicerie-casher-a-la-sortie-de-paris_1176953

Communiqué de la LICRA, 09-01-15 : Hommage rendu à toutes les victimes : "Les premiers ont été exécutés parce qu'ils étaient libres, les seconds parce qu'ils étaient juifs, les troisièmes parce qu'ils étaient les symboles de la République, mais c'est le même fanatisme qui les a frappés." 

09/01/2015

Charlie Hebdo. Hommage de la presse...

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Charlie en UNE, partout..

Solidarité.

Quelques exemples...

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07/01/2015

Terrorisme. « Il n’y a rien à négocier avec les fascistes », Charb, 2012

terrorisme,obscurantisme,fascisme,terreur,assassins,barbarie,charlie hebdo,journalistes,dessinateurs,policiers,ibn arabi,je suis charliePeins un Mahomet glorieux, tu meurs. / Dessine un Mahomet rigolo, tu meurs. / Gribouille un Mahomet ignoble, tu meurs. / Réalise un film de merde sur Mahomet, tu meurs. / Tu résistes à la terreur religieuse, tu meurs. / Tu lèches le cul aux intégristes, tu meurs. / Prends un obscurantiste pour un abruti, tu meurs. / Essaie de débattre avec un obscurantiste, tu meurs. / Il n’y a rien à négocier avec les fascistes.

Charb, 2012

Non, rien à négocier... Mais toujours tout à dire, et, toujours, totalement affirmer le refus. Sans confusion, sans amalgame.

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23/12/2014

« A L’INDEX » N° 27, revue, « espace d’écrits » (poésie, fiction, écritures de soi, voix d’ailleurs, notes de lecture...)

INDEX 27.jpg

« Ce matin j’ai écrit deux poèmes. / Je ne me demande pas pour l’instant quel sens / possède ou non ce travail obscur. / Simplement c’est une autre façon, possible, d’être vivant. » («... No me pregunto ya por el sentido / que tiene o no tiene este oficio oscuro...”) 

Luis Benitez, poète argentin (A L’Index n° 27, traduction de Françoise Laly), pp. 114 à 123.

 Ce choix en exergue : hommage, pour des textes (il y en a plusieurs dans la revue 27) que j’apprécie particulièrement...  

En quatrième de couverture je remarque une définition de la poésie (ou plutôt une conception de la poésie...) qui me convient assez, moi qui ai le goût du monde ouvert, du regard sur les pays proches ou lointains, intérieurs-extérieurs. D’ailleurs ce fragment pourrait sans doute atterrir dans la liste de mes exergues de blog (mon manifeste, ici)... C’est un paragraphe de Jean-Pierre Chérès, dont je relève ce passage: « Etre poète, c’est se donner corps et esprit à la présence du monde, c’est être possédé par le monde, c’est ouvrir en permanence ses antennes sensibles à l’univers... ». Mais si ce texte se trouve en « quatrième », mis ainsi en évidence, c’est bien aussi parce qu’il correspond à l’esprit de la revue, tel que veut l’impulser Jean-Claude Tardif, l’écrivain-éditeur. Les gens qui se retrouvent à publier là des textes (poèmes – vers ou prose – ou récits) semblent avoir en commun un sens d’âme nomade. Certains parce qu’ils ont traversé des frontières, d’autres parce que les frontières traversées sont plutôt des origines et des langues tissées en eux, d’autres encore parce que leur regard est hanté par l’horizon d’un ailleurs réel ou imaginaire.

Et cela s’inscrit dans les mots. Pas seulement pour les « Voix d’ailleurs », comme les pages bilingues de Luis Benitez, poète argentin, ou l’étude de Claire Lajus sur la poésie turque contemporaine (« poésie méconnue », note-t-elle avec raison en sous-titre). Non, pas seulement. Claire Sicard-Dumay, elle, interroge ses voyages intimes, « morceau d’Espagne » ou « bout de la jetée à Zurich ». En écho, malgré la différence de démarche et d’écriture, la « mémoire lavée au vitriol » de Jacques Nunes-Teodoro, dans « Saudade », poème qui interroge un « siècle furieux » et « l’ambition de nos ombres » (ambition perdue ?). Un autre de ses textes rend un hommage croisé à Primo Levi et Giacometti, un autre encore à son père, immigré et ouvrier. Et ses pages vont vers un océan qui n’est pas de rêve mais de réel, dur...  Gérard Lemaire, lui, cherche en creusant le centre d’un or solaire : « or de l’esprit », « lueur », « incendie » éventuel, possible, pas sûr : souffle, en humilité.

Je n’ai pas encore lu le dossier sur l’œuvre d’Yves Martin (à plusieurs mains). Je le ferai plus tard...  D’ailleurs je n’ai pas tout lu. Mais comment est-ce que je lis une telle revue ? Comme je lis toujours n’importe quel regroupement de textes (et même les recueils d’auteurs), exactement comme je commence à lire debout en librairie ou bibliothèque (pour voir si cela vaut le coup soit d’acheter soit d’emprunter). Cela ferait peut-être hurler des puristes (ou des hypocrites qui ne mesurent pas le temps de leurs lectures et font semblant de tout vouloir..) ou ceux qui pensent qu’il faut chercher la valeur d’un écrit avec lente attention. Pas moi... La lenteur je la garde pour les relectures (et je relis beaucoup, une fois que le test premier a fait garder l’ouvrage). Ma méthode est la lecture transversale (en bibliothèque, debout, pages tournant à toute vitesse : cela accroche ou pas – et si ce n’est pas le cas aucune lenteur ne me fera aimer ce que l’œil rapide n’a pas capté. Après tout, pour moi (en ce même domaine : la poésie) la méthode est le ciseau d’exigence : pourquoi n’aurais-je pas la même rigueur pour autrui ?

Eh bien, là, beaucoup de textes ont déjà passé le cap du rayon transversal... et donc mérité la relecture lente. Les pages ne s’ouvrent pas par hasard, elles viennent chercher l’œil. Si je n’aime pas tout de suite je n’aimerai pas plus tard. Et si j’aime vite des vers, j’aimerai en lenteur. (Je cherche d’abord la poésie, vers ou prose).

La préface (de Jean-Claude Tardif) interroge la discrétion qu’on reproche parfois à la revue. C’est vrai qu’une telle qualité mériterait plus d’envergure... avec ces pages qui font vivre du  contemporain.

J’ai parcouru aussi des notes de lecture. Ces regards qui vont donner l’envie d’aller vers un ouvrage, un auteur. Et j’ai lu avec attention, particulièrement, les deux textes qui parlent d’auteurs que je connais (pour ce que je ne connais pas je reviendrai...). Etonnée de voir Omar Khayyâm, comme si souvent (malgré l’intérêt qu’il suscite, et l’hommage authentique qui est rendu à son art), victime d’un malentendu répétitif : le vin, l’ivresse : portrait d’un épicurien qui deviendrait presque une sorte de matérialiste, athée militant (j’exagère...). Or Khayyâm doit, je pense, être lu à la lumière du contexte de son temps (codes d’écriture et de vie comme portes de liberté, provocations aussi, pour sauver sa solitude intérieure). Mais surtout à l’aide des clés que la symbolique soufie donne pour entrer autrement dans cette œuvre, et la déchiffrer....   Mais ce lecteur aime l’auteur qu’il évoque et le fréquente, preuve que les œuvres riches se donnent diversement à qui veut faire le pas vers elles. Ma lecture sera différente, avec ce vin où les soufis, qui savent une autre dimension du poète, voient la traduction d’une saveur (important cette notion de saveur dans cette voie) qui révèle une aventure, une expérience difficilement traduisible autrement. Le portrait de Shams de Tabriz que fait Elif Shafak dans le roman « Soufi, mon amour » (10/18) croise la figure de Khayyâm, d’une certaine manière. Personnages qui échappent à tous les cadres. Vin réel et vin symbolique ont droit de cité, et rôle... pour eux. Lire, ainsi, une autre introduction à l’œuvre, pourra prolonger la découverte qui est proposée dans la revue « A L’Index » (par quelqu’un qui fréquente son œuvre depuis longtemps). Autre lecture : http://kulturica.com/k/litterature/les-quatrains-d-omar-khayyam/ (Citation : « De ce fait, pendant des siècles, Omar Khayyam est passé pour un païen qui s’adonnait à la boisson et à d’autres jouissances diverses, un "libre penseur" proche de l’hérétisme aux yeux des religieux, des occidentaux et… du reste du monde. Il a échappé aux yeux des profanes que les termes de "vin", "taverne" ou "ivresse" pouvaient avoir un sens mystique très éloigné du sens premier. Mais, pour les esprits sensibilisés à la mystique soufie, Khayyam a toujours été un maître. »)

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Une autre note de lecture concerne Jean Sénac, œuvre de mon panthéon personnel (et bien plus, œuvre d’ancrage, d’identité). Poète frère (« frère(s) de terre » comme la page d’un site algérien nomme les natifs du pays de toutes communautés – de terre et d’esprit). Native hispanité algérienne...  (Dans mon poème « 36 choses à faire avant de mourir », chez pré#carré, je choisissais de terminer ainsi : « 36. Envoyer un télégramme à Jean Sénac, pour qu’il me tende la main, juste à la fin. »). J’apprécie qu’on le propose aux lecteurs : c’est un immense auteur (lui qui « signe d’un  soleil »). Mais, non, Sénac n’était pas « amoureux des » Algériens : il était, il est, un Algérien majeur. La formule en fait un étranger et cela me déconcerte, me blesse. Sans carte nationale, oui, ce du fait des règles ethniques et religieuses, choix d’un régime politique à vision univoque, et de la démarche qu'il aurait dû faire de demande de la nationalité algérienne pour l'obtenir. Or il considérait qu'il n'avait pas à la "demander", que c'était un droit de naissance et d'engagement. Sur l'assassinat de Sénac, il faut lire "Assassinat d'un poète" de Jean-Pierre Péroncel-Hugoz... et on apprend alors beaucoup sur la fin de la vie de Sénac, en éclairant la vie entière. Et sur toute la souffrance de l’indépendantiste voyant son pays se perdre... 

Mais l’essentiel est de donner à lire (ou envie de relire encore) et Khayyâm et Sénac, ce qui fut le but des contributeurs... et qu’ils ont, dans le fond, réussi, je crois...

MC San Juan

Pour en savoir plus, A L’INDEX : http://lelivreadire.blogspot.fr/

18/12/2014

« Portrait du poète en soufi ». Lire Abdelwahab Meddeb, conscience éclairante...

 

SOUFI.jpgIncipit : "Ô souffle ô voix / ô saveur ô parfum / l'eau que la bouche donne et reçoit / la fleur qui dans l'oreille bruit / le jardin où les mains sont fleurs / le nombril que l'œil boit "  (1, p.7)

Citations :" que serait l'aurore / sans le noir de la nuit? "   (deux vers du fragment '54', p.47)

"matière soufie dense infinie en perpétuelle / découverte dire encore et toujours et à jamais / sur la voie inventer ses haltes ses points de fuite / et reprendre le chemin de logis en maison / où se vit et s'entend la jouissance autre / parfois sur le pré de désolation ou à son bord / ou à l'ombre de la maison de contrition / ailleurs ça peut être sur les rives de la jubilation / en mouvement sans cesse sans s'arrêter / porteur d'un feu qui..." (...) // (début du poème '97', p.107)   

"Portrait du poète en soufi", coll. L’Extrême contemporain, éd. Belin, 2014 (155 poèmes comme fragments de méditation).

J'admire depuis fort longtemps cet auteur, brillant intellectuel né en Tunisie, qui, au-delà de ses dons de poète, de lecteur, de penseur, avait une faim du monde, un désir d'universalité, une grande exigence spirituelle. Force éthique exprimée dans la douleur du constat que nous sommes forcés, tous, de faire, devant la lâcheté hypocrite des enfermements complaisants dans la bêtise et la haine (dans la bêtise de la haine...). Dénonciation des murs dressés par les fausses croyances identitaires, par une sorte de goût mortifère du conflit avec l'Autre qu'on croit autre, ce goût de la mort contre la vie... Il le dit, notamment, cela, avec rage et souffrance, en humaniste profond, dans le texte "Pornographie de l'horreur". Voix perdue, l'immédiate : il est décédé en novembre 2014. Mais ses livres demeurent : la voix porte, à la fois intemporelle - par sa dimension spirituelle - et intensément dans le temps de nos vies, temps de ce monde qu'il pensa.  

J'ai choisi trois pages pour introduire cette lecture : la présentation du livre sur le site de l'édition, le portrait que fait Nicolas Truong de l'écrivain, un texte de lui sur le conflit israélo-palestinien.

Fiche éditeur : ("Pensées d'un néo-nomade" : "Le poète, soufi d'un nouveau genre en quête de la poésie globale de notre temps, trouve sa matière en réinventant sa patrie dans un nomadisme à l'horizon du monde" / (...) "Abdelwahab Meddeb, tunisien de culture française, est une personnalité importante du monde culturel. Il est écrivain, poète, philosophe et universitaire. Il produit et anime chaque vendredi sur France Culture l'émission "Cultures d'islam". Il a enseigné aux universités de Yale, Genève et Nanterre. Il a été lauréat en France de plusieurs prix littéraires.") :http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-portrait-du-poete-en-soufi-23819.php

PORTRAIT « Mort de l’essayiste et romancier Abdelwahab Meddeb (1946-2014) », Le Monde, 06-11-2014, par Nicolas Truong : http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2014/11/06/mort-de-l-essayiste-et-romancier-abdelwahab-meddeb-1946-2014_4519799_3382.html (CITATIONS : «Poète, islamologue, essayiste et romancier, né en 1946 à Tunis, Abdelwahab Meddeb est mort à la clinique Bizet, à Paris, mercredi 5 novembre, d’un cancer du poumon. Grand érudit, pétri de culture musulmane et occidentale, il plaidait sans relâche pour un Islam des Lumières, un dialogue des civilisations face au choc des nations, des images et des représentations. / « Passionné par la littérature la plus exigeante, ce sont les attentats du 11 septembre 2001 qui conduisirent ce poète et romancier franco-tunisien à descendre dans l’arène des débats. « Si, selon Voltaire, l'intolérance fut la maladie du catholicisme, si le nazisme fut la maladie de l'Allemagne, l'intégrisme est la maladie de l'islam », écrivait-il en ouverture à La Maladie de l’islam (Seuil, 2002), son ouvrage-phare, dans lequel il invitait le monde musulman à balayer « devant sa porte » et à rompre avec la spirale de la violence et du ressentiment. Il ne cessa de combattre l’islamisme radical, tout comme le mépris ignare pour les musulmans dans lequel se complaisent certains intellectuels français.  / « Une position singulière, qui lui valut d’avoir des adversaires dans chaque camp. Mais aussi de nombreux amis et soutiens, tels... » (... voir l’article...). » / (...) «"Je porte en moi la maladie de l’islam’’ », disait-il encore alors qu’il luttait contre son cancer. » / « Pour lutter contre le littéralisme et l’intégrisme, séparer le politique du théologique, il propose de chercher dans la tradition du soufisme d’Ibn Arabi (1165-1240) notamment, la voie d’un islam ouvert à la pluralité des mondes. Cette préoccupation est au cœur du Portrait du poète en soufi, son dernier ouvrage. ») 

Cette remarquable ouverture de conscience se voit dans ce texte qui met dos à dos les violences et la terreur dans le conflit Israël-Palestine : « Pornographie de l'horreur », A.Meddeb, Le Monde, 12-01-2009 : http://www.lemonde.fr/idees/article/2009/01/12/pornographie-de-l-horreur-par-abdelwahab-meddeb_1140741_3232.html

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Autre note (sur un article et des liens), 07-11-2019... http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2019/11/07/ab...

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MC San Juan

21/11/2014

ALBERT CAMUS, relire « Noces », et « Retour à Tipasa »… citations...

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NOCES

INCIPIT (« Noces à Tipasa », premières phrases de « Noces »…) : « Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. A certaines heures la campagne est noire de soleil. Les yeux tentent vainement de saisir autre chose que des gouttes de lumière et de couleurs qui tremblent au bord des cils. »

EXCIPIT  (« Le Désert », dernières phrases de « Noces »…) : « Florence ! Un des seuls lieux d’Europe où j’ai compris qu’au cœur de ma révolte dormait un consentement. Dans son ciel mêlé de larmes et de soleil, j’apprenais à consentir à la terre et à brûler dans la flamme sombre de ces fêtes. J’éprouvais… mais quel mot ? quelle démesure ? comment consacrer l’accord de l’amour et de la révolte ? La terre ! Dans ce grand temple déserté par les dieux, toutes mes idoles ont des pieds d’argile. »

CITATIONS (Noces) : http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/albert-camus-noces-2065.php?citations

« RETOUR à TIPASA » (« L’Eté »)…

INCIPIT : « Depuis cinq jours que la pluie coulait sans trêve sur Alger, elle avait fini par mouiller la mer elle-même. « 

EXCIPIT : « Mais peut-être un jour, quand nous serons prêts à mourir d’épuisement et d’ignorance, pourrai-je renoncer à nos tombeaux criards, pour aller m’étendre dans la vallée, sous la même lumière, et apprendre une dernière fois ce que je sais. »

Extrait(texte) : http://amorysparadise.tumblr.com/post/72781146963/lete-de-albert-camus-extrait-du-retour-a-tipasa

Très intéressants sont les EXERGUES  choisis par Camus pour nous faire entrer dans ces deux livres, ou certains chapitres, par le sens qu’ils affirment, la force de cette lutte entre ombre et lumière, en soi pour cet accord que cherche Camus entre révolte et amour, et, dehors, entre regard sur la part sombre et mortifère du réel (créé par l’homme, le hasard ou une éventuelle transcendance peut-être présente dans ce que les paysages disent du monde) et la splendeur lumineuse du monde naturel. Pas d’athéisme affirmé chez Camus mais une sorte de mysticisme agnostique déchiré. Exergues, donc. Pour « Noces » c’est Stendhal (La duchesse de Palliano) et la mort du Cardinal Carrafa étranglé par le bourreau : « Le bourreau étrangla le Cardinal Carrafa avec un cordon de soie qui se rompit : il fallut y revenir deux fois. Le Cardinal regarda le bourreau sans daigner prononcer un mot. » La mort, le crime, l’horreur… Pour « Retour à Tipasa » c’est une citation extraite de Médée : « Tu as navigué d’une âme furieuse loin de la demeure paternelle, franchissant les doubles rochers de la mer, et tu habites une terre étrangère ». Echo, dans « La mer au plus près », qui suit « Retour à Tipasa » dans « L’Eté » : « J’ai grandi dans la mer et la pauvreté m’a été fastueuse, puis j’ai perdu la mer… ».  Cependant  l’exergue de l’ensemble est une citation de Holderlin : « Mais toi, tu es né pour un jour limpide… ». La lumière, encore… Le choix d’un exergue c’est part intégrante de l’écriture, tissage entre lire et écrire.